(Dernière mise à jour : 11 novembre 2018)

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Moins de 24 heures entre le premier mot et la parution. Présentation volontairement épurée. En ce qui me concerne, un record.

Suite en préparation, mais comme toujours, tes impressions sont les bienvenues, cher lecteur.

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Disclamer : « Miraculous Ladybug » et ses personnages ne m'appartiennent pas.

Warning : rating T - âmes sensibles s'abstenir.

Bonne lecture…

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Source d'inspiration – à écouter en boucle pour parfaire l'immersion : « Hurts like hell » - Fleurie

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Blanc. Rouge. Noir.

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2017.

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Blanc. Le blanc d'un flocon dans la lumière éblouissante. Le blanc de la neige éparse sous mon corps engourdi, sous ma joue glacée.

Rouge. Le rouge de ma main gantée, posée devant mes yeux vacillants.

Noir. Le noir du bitume sur lequel je suis étendue. Le noir de son masque, à lui.

Tout est calme. Tout est silence. Rien ne bouge. Il dort, recroquevillé sur le côté. Le visage détendu.

Il dort, comme moi à l'instant.

Et puis je frissonne, je bats des paupières. Mon souffle revient. Ma pensée repart, erratique.

- …Chat Noir.

Je n'entends rien, pas même ma propre voix. Soudain, j'ai mal. Je n'arrive pas à savoir où.

- Chat… ?

Il dort toujours. Il n'y a pas que les flocons, pas que la neige qui soient blancs. Sa peau aussi est blanche, visible à travers les trous, les brûlures, les lacérations de sa combinaison.

Je tends la main vers lui. Mais il est trop loin. Et la douleur monte. Encore. Et encore.

Je contemple mon bras tremblant. Il n'y a pas que ma tenue qui soit rouge. Ma peau aussi. Le sol aussi, la neige aussi, autour de moi, autour de lui. Et ça grandit. Le rouge grandit.

Un sifflement me vient, sourd, désagréable. Il n'y a pas que le bitume qui soit noir. Il n'y a pas que son masque qui soit noir. Les cendres aussi. Cendres qui tombent, tombent en silence et se mêlent aux flocons blancs et rouges. Cendres qui couvre ses cheveux d'or et son visage gris.

- Chat… !

Il dort encore. J'ai peur. J'ai mal. Le sifflement enfle.

Réveille-toi. Réveille-toi, Chat. Regarde-moi. Parle-moi. Souris-moi.

Un souffle de vent. Le noir s'efface, balayé. Le noir de son masque, le noir de sa tenue déchirée, le noir de ses oreilles dans ses mèches dorées, tout disparaît. Reste le noir de son T-shirt, le noir de la cendre. Le noir de ses cernes. Le noir de son anneau d'argent, carbonisé.

Le grondement effréné de mon cœur rate un battement.

- A… Adrien… ?

Un autre souffle de vent. Un frisson, comme un arrachement au plus profond de moi-même. Je gémis. Le froid me submerge, la douleur aussi, plus mordants encore. Et sans prévenir, le rouge disparaît, le rouge de ma tenue. Mais reste le rouge sur ma peau, le rouge sur sa peau à lui, le rouge sur la neige. Le rouge qui coule et qui s'étend sous ses cheveux, sous sa chemise, lentement, paisiblement. Le rouge qui envahit et fait fondre la neige.

Réveille-toi. Réveille-toi… !

- …Adrien… !

Ma voix est étouffée, assourdie. Je n'entends rien aux alentours. Rien que ce sifflement, rien que mon cœur qui bat à tout rompre, rien que mon souffle qui racle et gronde dans ma gorge, laborieux.

Des mains sur moi. Je sursaute. Des mains sur mes épaules, sur ma carotide. On me retourne, on me palpe. Je m'en fiche, je n'arrive pas à le quitter du regard.

Des mains le saisissent. Il retombe sur le dos. Il dort encore. Il dort toujours.

On me soutient la tête, on me parle, on cherche mon regard. Je frémis, malade de douleur. Pétrifiée d'angoisse. Mes joues me brûlent, ma vision se brouille. Je lis sur les lèvres plus que je n'entends.

- Ça va aller, petite. Ça va aller, les secours arrivent. Comment tu t'appelles ?

Je veux parler, répondre. Mais la douleur devient intolérable. Le sifflement aussi.

- Ne bouge pas. Il y a eu une explosion. Tu es blessée. On s'occupe de toi.

Je supplie du regard, impuissante. Oubliez-moi. Aidez-le, lui. Aidez-le. Peu importe qui vous êtes, aidez-le !

Dès qu'on me lâche la nuque, je renverse ma tête sur le bitume glacé, je le cherche des yeux. Il repose sur le dos, les bras le long du corps, baignant dans son sang, blanc comme la neige. On lui ouvre les yeux de force, on agite une lumière devant ses iris, sans résultat. Des mains appuient sur son torse, un masque à oxygène couvre sa bouche silencieuse. Ses paupières demeurent entrouvertes malgré les flocons qui tombent sur ses joues, fondent déjà sur ses cils.

- Adrien !

Il ne bouge pas. À sa tempe, le reste de son masque noir s'effrite, disparaît. Le sifflement est omniprésent. La douleur aussi.

- C-Chat… !

Il ne se réveille pas.

Il ne se réveille pas…

- S'il te plait… ! S'il te plait ! Debout !

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« Chat Noir, réveille-toi ! »

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