Je me tiens si haut. Mes pieds me paraisse si lointain. Et le sol inaccessible. Je me retourne une dernière fois. Je vois leur visage tendu. Je sens une amertume dans ma gorge. Je sens mes yeux me picoter. La douleur ronge mon cœur. Je fais un dernier sourire. Il faut maintenant y aller.

Sans élan, je me jette. La chute est longue et le temps pour penser infini. Je revois les visages un à un. Tous d'abord ma famille. Mes parents, si fiers de moi, sans jamais le monter. Mes frères. Ma sœur, ai-je réussi à te protéger ? Mes professeurs qui ont tenté de faire quelque chose de moi. J'entends les conseils.

Puis viennent mes amis. Harry. Toi, mon meilleur ami, mon frère. Neville. Merci pour ta présence. Mes compagnons de chambrée. Les Griffondors. Tous ce courage rassemblé. Rien ne peut le battre. Pourquoi y suis-je aller ? Moi. Le courage ne m'étouffe pas. Puis vient enfin ton visage. Resplendissant. Magnifique. Tes lèvres que je n'ose goûter. Ton corps que je rêve de frôler. Tes cheveux où je veux me perdre. Tes critiques que je feins d'ignorer. Tes critiques qui seul savent m'attendre. Tes conseils que je ne veux suivre. Tes conseils qui sont toujours justes. Ta voix si douce. Tes yeux où je me noie. Ces larmes que je provoque. Ces chagrins que je ne sais t'épargner.

La chute est lente et je me surprends à l'apprécier. Le vent caressant ma peau. Cette sensation de liberté. Ce pouvoir que je détiens.

La guerre vient gâcher mes pensées. Les horreurs qu'elle provoque. Mes larmes qui fuit mes yeux. Les morts qui me font si peur. Ces combats que j'ai peur de perdre. Et toujours toi, qui vient m'envahir. Je veux tout te dire. Je ne veux que ton rire. Mais c'est tes larmes qui viennent quand je parle. C'est des sanglots et non pas tes rires. La guerre revient à la charge. Me rappelle que l'on peut tout perdre. Mon choix est le plus simple.

La chute ne dure pas. Juste quelques secondes. Une éternité pour penser. Réaliser son erreur. Revoir toute sa vie. Penser aux erreurs. Pas si graves finalement. La liberté de la chute. L'angoisse de la fin. Quelques secondes de bonheur. Quelques secondes d'horreur.

Puis vient le moment du choc. Le moment de la fin. Tout mon corps vibre au diapason de l'élastique. L'élastique qui me sauve. Le fil de ma vie. Tout reprends sa place. Je vais rattraper mes erreurs. Je vais tout avouer. Je vais devenir invincible.

Ça plutôt qu'un vrai saut.