Note de l'auteur :Je sais, je n'ai même pas terminé de publier Butterflies and Hurricane. Mais ces deux fics seront un travail de longue haleine et je tenais à commencer la publication de celle-ci avant la sortie de la saison 2 de à tous ceux qui me joignent dans cette aventure qui promet d'être colossale
Disclaimer : Une fois n'est pas coutume, rien n'est à moi.
Prologue :
Lady Arryn regarda la jeune femme s'approcher d'elle. Elle était sublime – trop, peut-être. Elle portait une robe noire, comme la couleur de son âme. Elle ne semblait pas marcher, mais flotter au-dessus du sol souillé par le sang qu'elle avait elle-même versé. La robe traînait sur les pierres, et se gorgeait du sang des soldats au service des Arryn. Ses cheveux tombaient librement sur ses épaules presque dénudées – des cheveux sombres, épais, qui contrastaient avec sa beau albâtre.
Un corbeau.
-Je pourrais vous faire voler, murmura la jeune femme à l'oreille de Lady Arryn. Je pourrais vous faire vraiment voler.
Envoûtant et dangereuse comme une sorcière.
Elle lui tourna autour. Lady Arryn n'avait pas les mains liées, elle aurait pu courir, tenter quelque chose, mais elle se trouvait incapable de faire un simple mouvement.
Un soldat – grand, vêtu de noir, la moitié du visage brûlé – apporta à la femme l'épée de Lord Arryn.
-C'est une belle arme.
Sa voix – du velours – résonna dans le palais plein de cadavres. Il y eut un moment de silence. Elle se plaça en face de Lady Arryn, à plusieurs mètres de distance. Et elle écarta les bras, embrassant la salle entière.
-Je ne suis pas un monstre, vous savez. Pas plus que les autres. Je suis ce qu'on a fait de moi. Je comprends la souffrance mieux que quiconque.
Elle secoua la tête.
-Nous sommes plutôt semblables, en réalité. Je prends votre place à la tête du Val pour la même raison que vous n'avez pas envoyé un seul soldat pour sauver Eddar Stark. Pour la même raison que les Stark restent terrés chez eux en ce moment-même.
Elle s'approcha un peu, et Lady Arryn ne put empêcher son corps de se raidir.
-Que voulez-vous ? Demanda la femme. Votre fils ? Vous le voulez en sécurité ?
Son fils. Son doux fils. Le dernier des Arryn. Elle déglutit et hocha la tête. Puis, après un temps, elle demanda :
-Qu'allez-vous faire de lui ?
Les yeux de l'inconnue s'assombrirent. Elle secoua la tête, comme pour chasser une pensée indésirable. Elle fit signe au soldat, qui était resté dans la salle, d'amener une chaise, et il fit signe à Lady Arryn de s'assoir. Elle même s'assit sur le rebord du Trou, et quelques secondes plus tard, une servante – une servante qui lui avait amené à boire alors qu'elle était encore maîtresse de Arryn quelques heures plus tôt – apporta de l'eau. Lady Arryn attendit que l'inconnue prît la première gorgée avant de boire à son tour. Elle avait soif, elle sentait la sueur couler le long de son dos, et pourtant elle était gelée. Instinctivement, elle savait que la femme en face d'elle était différente, mais elle n'aurait pas su dire en quoi, comme si son esprit se refusait à le lui dévoiler.
-J'ai vu mon père, commença la femme.
Elle fit une pause, comme si elle cherchait les termes exacts.
-J'ai vu mon géniteur tuer des dizaines d'enfants simplement parce qu'ils avaient eu le malheur d'être nés. Je peux faire beaucoup de choses, mais je ne ferai pas cela.
Elle sourit.
-Je peux pas vous promettre que vous aurez la même chance, cependant.
Ce n'était pas grave, pensa Lady Arryn. Tant que son fils était sauvé, ce n'était pas grave. La pensée même d'être séparée de lui la tuait déjà, mais si l'un d'eux devait survivre, c'était lui, son petit, son cher bébé, sans aucun doute.
-Qui êtes vous ?
Les mots avaient quitté la bouche de Lady Arryn sans même qu'elle s'en aperçût. L'inconnue n'en sembla pas offusquée.
-Je ne suis pas d'ici. En fait, c'est même totalement un hasard que je sois devant vous aujourd'hui. Vous n'avez simplement pas eu de chance, Lady Arryn. Je suis une bâtarde venue d'un monde dont vous n'avez même pas entendu parler, fille d'un Roi cruel et d'une femme sans honneur. Le trône sur lequel mon frère est assis en ce moment, c'est à moi qu'il revient de droit.
Elle s'arrêta un instant, tendit son verre à la servante, qui vint le récupérer. Puis elle répéta, comme un murmura :
-Vous n'avez vraiment pas eu de chance.
Elle secoua la tête.
-Vous savez, il y a bien longtemps que je ne peux plus dormir paisiblement. Soyez sûre que la vision de votre mort hantera mon esprit, comme chaque mort.
C'était donc ainsi que cela se terminait. La jeune femme se leva, et Lady Arryn fit de même. L'arme était brillante dans les mains de la femme et Lady Arryn se rendit compte qu'elle ne connaissait même pas le nom de celle qui usurpait ce qui revenait à son fils de droit.
Elle la regarda s'avancer vers elle et tout lui sembla brusquement avoir perdu toute réalité. Elle crut apercevoir un éclair de pitié dans les yeux de l'inconnue, mais, alors qu'elle se positionnait juste devant elle, Lady Arryn fut frappée par la froideur de ses pupilles. Un regard glacial, dur.
-Mon fils …
-Sera envoyé chez les Starks.
Elle ne la vit pas bouger l'épée. Mais elle ne put ignorer la douleur qui traversa son estomac. Instinctivement, elle recula d'un pas et porta les mains à son ventre – elle sentait déjà le sang chaud couler entre ses doigts. Sa vision s'obscurcit, soudainement, mais elle put tout de même voir l'épée couverte de rouge dans la main de l'inconnue. Une Arryn tuée par une épée de Arryn.
Elle resta debout. Elle tenta de ne pas bouger. Elle savait que c'était terminé, mais elle voulait rester ainsi, égale à égale avec l'usurpatrice.
-Qui …
Sa bouche était pleine de sang.
-Je suis née Morgana Pendragon, mais il est dit que Morgana Le Fay marquera l'histoire. C'est donc qui je suis. Lady Morgana Le Fay.
Elle tomba à genoux, finalement. Elle avait tellement mal, tellement. Elle pensa à son fils, elle se rattacha à ce fil ténu, pensant que si elle y songeait assez fort elle oublierait la douleur.
A travers le voile de brume qu'était devenue sa perception, elle sentit le métal froid de l'épée sur son cou. La lame disparut, et elle voulut dire assez s'il vous plaît mais elle n'eut pas le temps. Le tranchant de la lame fut au côté de son cou et ce fut tout.
