Disclaimer : les personnages et presque tout est à Pratchett. A part le délire, que je revendique. Enfin, que j'assume…
Et il vaut mieux avoir lu Mascarade.
Erratum : merci Bu… j'ai effectivement squizzé (comment ça s'écrit ?) la note 4, qui est malheureusement tout à fait anodine. La mise à jour est donc uniquement pour cette « heure du thé » inexpliquée.
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Redoutable heure du thé.
Un jour comme un autre à Ankh-Morpork. L'après-midi touchait à sa fin et les Morporkiens se préparaient au rituel marquant inévitablement ce moment-là de la journée.
Les Alchimistes cessèrent de déblayer les gravats de leur ex-nouvelle guilde, les Voleurs de voler, les Assassins d'assassiner et les Mages de manger.
Bref, le Temps resta un moment suspendu. (1)
Le Palais du Patricien n'échappait pas à la règle.
Sur le coup (2) de cinq heures, un domestique entra dans le Bureau Oblong, porteur d'un plateau pourvu de tasses, théière, sucres et cuillères. Et biscuits.
« Monseigneur…
- Hum ? Ah, l'heure du thé (4). Faites, faites. »
Le Patricien et son secrétaire continuèrent à compulser leurs dossiers pendant le service.
Alors que le domestique allait s'éclipser discrètement, Lord Vétérini lança :
« Ces biscuits… ils sont nouveaux, n'est-ce pas ?
- Oui monseigneur. Une recette inédite de la cuisinière, monseigneur.
- Et le goûteur…
- A survécu, monseigneur.
- Hum. Je suppose que c'est bon signe. Ce sera tout. »
L'homme sortit et ferma la porte.
Vétérini invita du geste Tambourinoeud à prendre une tasse et à se servir en biscuits. Il attendit quelques minutes et, son secrétaire semblant toujours vivant, se servit à son tour.
Ils continuèrent leur travail sur les comptes alambiqués de la Guilde des Avocats, tandis que la ville reprenait son train-train vespéral. Une explosion lointaine retentit : sans doute les Alchimistes qui avaient, une fois de plus, réussi à faire sauter leur théière.
C'est ¼ d'heure plus tard que les choses se corsèrent.
Le secrétaire commença à se dandiner sur sa chaise. Et à rougir. Visiblement, il avait chaud. Très chaud. Voyons voyons. Ce n'était pourtant pas sur le dossier des Couturières qu'il travaillait. Et même… Tambourinoeud, un garçon si posé…
Peu après, le Patricien comprit. Sa main droite se crispa légèrement sur sa plume.
Tambourinoeud commençait à suffoquer. Des mesures s'imposaient.
« Mon garçon, vous avez suffisamment travaillé pour aujourd'hui. Vous pouvez disposer. »
Tambourinoeud parvint à gargouiller un « Merci monseigneur » avant de se diriger d'un pas raide vers la sortie.
Lord Vétérini resta seul dans le Bureau Oblong, le soleil couchant soulignant ses traits acérés(5).
Au bout de 10 minutes, il maîtrisait suffisamment sa main gauche pour saisir un feuillet vierge dans la pile de papiers. Et rédiger une note d'une écriture presque ferme.
Cela fait, il voulut aller chercher le dossier abandonné par son secrétaire, mais il aurait fallu se lever. Il renonça. Les comptes de Baiseux euh Biaiseux attendraient.
Il relut une dernière fois la note avant d'appeler un domestique pour la faire exécuter :
« Interdire aux cuisines la lecture des Plaisirs de la Chère de Gytha Ogg. »
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Bon, c'est très court, pas fabuleux, mais je me suis amusée à l'écrire (rappel, ou si vous n'avez pas lu Mascarade: le bouquin de Nounou Ogg est un livre de recettes aphrodisiaques très efficaces).
Une review ferait toujours plaisir…
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Notes :
(1) Avant de se casser la figure, rattrapé par les Lois de la Gravitation.
(2) Les rhétoriciens ont longuement débattu pour déterminer si l'image était acceptable : qui donnait un coup à qui dans cette affaire ? De débats en batailles, les coups avaient commencé à pleuvoir (3) et les rescapés avaient finalement décidé que puisque parler de coups (même pour l'heure) provoquait des coups réels, la métaphore était valable.
(3) Lors d'une séance suivante, un rhétoricien avait remis en cause la validité de l'image «faire pleuvoir des coups». Un poète présent, avec un sourire plein de dents, avait proposé une démonstration concrète. La controverse s'était arrêtée là.
(4) Vétérini n'a pas l'air préoccupé ni un poignard à la main, il s'agit donc bien de « l'heureux duté » avec muffins et potins, et non pas notre ami (?) porchericide bardé d'instruments tranchants et d'idées tordues. (bôh, si vous comprenez pas, c'est pas grave. Enfin, ça veut dire que vous n'avez pas lu le Père Porcher. Ben qu'est-ce que vous attendez ?)
(5) Un rhétoricien étranger avait émis des doutes sur le qualificatif. Les autres, Morporkiens de pure souche, l'ont regardé d'un drôle d'air. L'un d'eux a fini par préciser que Lord Vétérini cachait suffisamment de machins acérés dans son Bureau, ses manches et ses discours pour que l'adjectif soit recevable.
