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Je descendais dans la cuisine. Maman venait tout juste de s'asseoir, et Emmett ouvrait la boîte en carton de quick.

- Vous m'avez pris quoi ? demandais-je en baillant.

- Tiens sœurette, tu es réveillée ! dit Emmett. T'inquiète, on t'a pris comme d'habitude.

- Ok.

- Tu as dormi longtemps, s'étonna maman. Je sais que tu es une lève-tard, mais en général la musique de Emmett suffit à te réveiller.

- Ouais, mais je me suis couchée super tard, ajoutais-je en un nouveau bâillement.

- Tu te couche tard quasiment tout le temps ma chérie.

- C'est pas faux.

Emmett mis mon menu nuggets et mon coca devant moi.

- Ah, soupirais-je. Je suis heureuse qu'il y ait des fast-foods même dans les petits villages.

- Eh ! Ce n'est pas un si petit village non plus, s'indigna maman.

Je ris.

- Donc maman, je te disais, est-il possible de faire un peu le ménage dans la chambre d'amis ? demanda mon frère.

- Mais oui bien sûr. Je peux te demander pour qui ?

- C'est pour Edward. Il revient vivre ici, mais il n'y pas vraiment de maison, étant donné qu'ils l'ont vendue en partant. Et c'est pourquoi il lui faudrait quelqu'un pour l'héberger.

- Pas de problème. Il a déjà une maison en vue où… ?

- Ben non, justement en fait c'est ça le petit problème. Il ne sait pas quand il pourra partir. Mais t'inquiètes, je l'aiderais si tu veux, pour qu'il parte plus vite.

- Mais non ne t'en fais pas, je demandais comme ça. Il peut rester autant de temps qu'il le veut.

- Merci maman ! s'exclama-t-il en lui sautant au cou.

- Il arriva quand ? demanda-t-elle en riant.

- Demain normalement. Il avait trouvé quelqu'un chez qui loger, mais ce quelqu'un a changé d'avis.

J'étais occupée à manger, et à siroter mon coca pour bien me réveiller. J'avais entendu la conversation, mais je n'avais pas encore assimilé tous les mots. C'est pourquoi ce n'est qu'à la fin de leur conversation que je réagissais.

- De quoi ? Edward ?

La nuggets avait glissé entre mes doigts gras et était retombée dans le paquet. Je venais tout juste de comprendre. Ce n'était pas un ami de mon frère, pas juste un parmi d'autres, son meilleur ami.

- Bah oui pourquoi ? s'étonna Emmett.

- Ah non, me repris-je, pour rien.

Je replongeais la tête dans mes nuggets et mes frites. Edward. Edward Cullen. Monsieur Canon, comme l'appelaient toutes les filles du lycée. Enfin, quand il allait encore au lycée. Maintenant, il est… Il est quoi d'ailleurs ? Il est sans doute un canon de vingt-deux. Ou alors un laideron. J'aimerais que ce soit un laideron. Ça arrangerait bien mes affaires. Mes amies et moi arrêterions de l'appeler Monsieur Irrésistible les très rares fois où l'on parlait de lui – eh, je n'ai jamais dit que je ne le trouvais pas beau – et peut-être que je ne serais pas désespérément éprise de lui. Enfin, peut-être que même s'il est encore beau, avec un peu de chance, je confirmerais mon idée selon laquelle ce n'était qu'un béguin, je ne serais plus amoureuse.

La journée passa bien vite. Le lendemain, dans l'après midi, on sonna. Emmett alla ouvrir, maman se précipita presque sur l'homme qui était entré, et moi je passais la tête par l'encadrement de la porte du salon pour voir de qui il s'agissait. Un homme plutôt grand se tenait dans l'entrée, il faisait au moins la taille de Emmett. En me voyant, il sourit, et lança de sa voix suave et envoûtante un salut. Jusqu'à ce moment, je me disais que je ne l'aimerais sans doute plus. Mais alors plus du tout. Plus de cette façon du moins.

Eh bien je crois que je m'étais trompée…