Pairing : Siwon x Leeteuk
Disclaimer : Evidemment, aucun des Suju ne m'appartient, ni les personnages secondaires (MBLAQ, 2NE1, DBSK, etc...). Le scénario est de moi, en revanche. Et les paroles des chansons viennent du site nautiljon.
Song : No other - Super Junior
Petite précision : De retour avec une autre fiction, un peu plus longue ! Mais pas forcément très régulière ! J'espère que vous apprécierez ! Kissu
Les enfants étaient probablement un ensemble de contradictions, et le plus impossible à comprendre. Comment pouvaient-ils être aussi agaçants, tout en étant à ce point adorable ? En tout cas, Park Jungsu ne pouvait pas apporter de réponse, alors que sa fille le regardait avec l'air le plus innocent qui soit. L'air innocent, alors qu'il venait de remarquer qu'elle avait tâché son haut avec la soupe qu'il lui avait préparé le matin même. Et bien sûr, il s'en rendait compte devant l'école, ça allait de soit, à cinq minutes de l'appel en classe.
À genoux devant la petite, Jungsu sortit un mouchoir, et tenta d'essuyer, mais rien à faire, ça avait séché :
- Hye-Ri ! Comment as-tu fait ton compte ?
- Je sais pas, je l'avais pas vu !
- Tu pourrais tout de même faire attention, soupira son père avant de ranger le mouchoir.
Trop tard, elle devrait rester comme ça. Tant pis, peut-être que personne ne le remarquerait d'ici le déjeuner, et que la tâche passerait pour une trace du repas. De toute façon, même si la petite aux cheveux mi-longs d'ébène avait l'air sage, tout le monde savait qu'elle avait une attitude de sauvageonne par moment, alors ça n'étonnerait plus personne.
Tout en restant à genoux, le jeune homme tapota les épaules de sa fille. D'environ une trentaine d'années, cheveux noirs, ses yeux en amande étaient d'une couleur noisette, le ton clair s'accordant parfaitement avec ses lèvres charnues et roses. Clairement, on aurait presque pu le prendre pour une vedette de cinéma, s'il n'avait pas un look aussi négligé. Ses cheveux courts étaient mal coiffés, de belles cernes profondes ornaient ses yeux, et il n'était vêtu que d'un jean troué avec un pull rouge, le tout recouvert d'un imperméable beige assez atroce, mais suffisamment chaud pour le couvrir par cette fraîche matinée d'automne.
Et de toute façon, il se fichait complètement de l'image qu'il pouvait avoir. Tout ce qui comptait, c'était que sa fille, habillée d'une petite jupe avec des collants blancs, ainsi que d'un blouson bleu marine, rejoigne sa classe sans problème :
- Bon, tu me promets d'être sage ?
- Mais tu me le demandes tous les jours !
- C'est pour que tu n'oublies pas. Regarde, tu viens d'oublier que tu étais tête en l'air.
- C'est pas vrai !
Jungsu eut un sourire amusé. Oui, Hye-Ri était sûrement la petite fille la plus adorable qu'il lui ait été donné d'avoir, il ne l'échangerait pour rien au monde.
Doucement, le jeune homme serra son enfant dans ses bras :
- Allez, le bisou de papa.
Hye-Ri s'exécuta, posant ses petites lèvres sur la joue de son père, puis se dégagea pour courir vers l'école. Jungsu soupira, au moins, c'était fait, même s'il détestait être séparé de son bébé ne serait-ce que pour la journée. Mais bon, d'un autre côté, il pouvait s'adonner à d'autres activités, une fois rentré.
De retour à la maison, le jeune homme enleva son imperméable, ainsi que ses chaussures, puis s'approcha du vieux canapé, afin de s'y allonger et s'y assoupir. À chaque fois, il veillait très tard pour avancer l'écriture de ses romans, mais se levait aux aurores afin de s'occuper du repas de sa fille de sept ans, de lui préparer ses vêtements, et de l'accompagner jusqu'à l'école. Et tout de suite après, en rentrant, il rattrapait sa nuit, sur ce canapé.
Bien sûr, ce serait sûrement plus simple qu'il écrive en journée, et se couche tôt. Mais pour être honnête, Jungsu se sentait plus créatif la nuit, sentant l'inspiration lui venir avec facilité. Et puis, dormir en journée lui permettait de faire passer le temps plus vite, alors il n'allait pas s'en plaindre. Son héros attendrait bien avant de mourir.
Oui, la plupart des histoires de Jungsu finissaient mal. Et pourtant, l'humour noir présent au sein de chacun de ses romans était apprécié de ses lecteurs. Bien sûr, l'écrivain n'avait jamais publié de best-seller, et il ne s'en vanterait pas. Néanmoins, il avait assez de succès pour gagner correctement sa vie et s'occuper de sa fille. Alors tant que ça marchait, il continuait.
Il continuait, et s'en servait comme défouloir. Peut-être comme tous les autres auteurs, après tout ? Il extériorisait juste son malaise, ses problèmes, en se glissant dans une histoire qui n'était pas la sienne. Ça lui faisait du bien.
Il ne voulait pas y renoncer, et s'endormit sur cette idée.
Tout en s'extirpant de son sommeil, Jungsu s'étira, avant de regarder sa montre. 14h ? Il était déjà si tard ! Il n'avait même pas mangé... L'écrivain poussa un soupir, et se frotta la tête, à peine réveillé. Bon, la nuit dernière, il n'avait dormi que trois heures, alors il compensait. À ce rythme, il allait vraiment se changer en chouette, ça n'allait pas du tout. Et puis, si jamais Hye-Ri faisait un malaise à l'école ? Bon, pas de soucis, le téléphone le réveillerait sûrement, mais au cas où, il devrait augmenter la tonalité.
Jungsu se plaça en position assise, puis se mit à réfléchir. Il avait encore deux bonnes heures devant lui avant d'aller chercher sa fille. La première chose à faire, c'était d'aller manger.
Se laissant guider par ses jambes jusqu'au réfrigérateur, le jeune homme soupira, puis l'ouvrit. Il n'y avait rien, juste un reste de riz, et un peu de soupe. Bon, tant pis, il s'en contenterait, et ferait un bon repas ce soir. Mais pour cela, il faudrait sûrement faire des courses.
Après avoir terminé son maigre déjeuner, Jungsu alla enfiler ses chaussures et son imperméable. Le temps s'était un peu réchauffé, mais il ne voulait prendre aucun risque. Et s'il tombait malade, hein ? Certes, la route jusqu'à la supérette n'était pas vraiment longue, mais c'était toujours au moment où l'on s'y attendait le moins qu'une bonne grippe vous tombait dessus.
Bien vite, le jeune homme arriva devant le magasin, et prit un panier. À cette heure-ci, il n'y avait que des femmes au foyer, et elles étaient plutôt rares. De ce fait, le jeune caissier semblait mortellement s'ennuyer. Vêtu d'un tablier, il avait presque l'air d'un adolescent exploité par un patron un peu trop profiteur, à cause de son visage enfantin entouré de mèches noires surplombant ses yeux marrons. Ses lèvres pulpeuses, elles, étaient occupées à faire des grimaces pour porter un stylo.
Jungsu se mit à sourire, et s'approcha du jeune garçon :
- Tu travailles dur, on dirait, Sungmin.
Le concerné fit tomber son stylo, et se redressa, comme s'il était prit en pleine bêtise. Cafouillant quelques mots d'excuses, il se rendit compte qu'il ne s'agissait que de Jungsu, et poussa un soupir de soulagement :
- Ah, c'est toi !
- Tu avais peur que ce soit ton boss ? plaisanta le jeune homme.
- Hm... Pas du tout, mais avoues que ce n'est pas très classe de se faire surprendre avec une bouche en poulpe.
- Pourtant ça t'allait bien, tu étais mignon avec.
- Arrête, j'en ai ras-le-bol qu'on me dise ça !
Jungsu éclata de rire, puis salua le caissier, avant de traverser les rayons, afin de prendre ce qu'il manquait. Passant à côté des ramyuns, le jeune homme hésita, mais en prit quelques uns. Il faudrait juste empêcher Hye-Ri d'en réclamer à corps et cris, parce que c'est ce qu'elle risquait de faire en apprenant leur existence, et ça le fatiguait d'avance.
Après être passé près du stand des fruits et légumes frais, le jeune homme osa s'aventurer du côté des gâteaux, et se décida à faire au moins plaisir à sa fille en prenant un paquet de Peppero. Et puis, lui aussi aimait ces bâtonnets de chocolat, après tout.
Une fois à la caisse, Jungsu laissa Sungmin passer les articles, lorsqu'une douce mélodie lui parvint aux oreilles. Tournant la tête, il remarqua qu'elle venait de l'extérieur, et en reconnu sans problème le propriétaire. Un violon. Joué par un jeune homme qu'il connaissait un peu, et qu'il appréciait :
- Ah, le revoilà, fit Sungmin.
- Il t'embête ?
- Non, pas du tout. Ça me distrait. Parfois, quand il y a personne, je viens le voir, mais juste quelques secondes.
Évidemment, il ne pouvait pas laisser la caisse sans surveillance trop longtemps, on ne savait jamais. Mais Jungsu comprenait pourquoi. Le pauvre Sungmin n'avait pas un métier très intéressant, mais n'avait que ça pour l'instant. Il lui avait néanmoins avoué un jour qu'il aspirait à autre chose, comme le dessin. Alors, pendant son temps libre, il gribouillait, et améliorait son art, mais ne montrait jamais ses œuvres, un peu effrayé par la critique.
« Je les montrerai quand je serai prêt ».
En attendant, il restait caché, aux yeux de tous, et l'écrivain trouvait ça bien dommage, parce qu'il était sûr que le jeune garçon avait du talent, ayant aperçu quelques unes de ses esquisses, avant qu'il ne les range. Mais bon, il serait patient.
Remerciant Sungmin, Jungsu prit ses sacs de courses, et sortit pour retrouver enfin le propriétaire du violon.
Ce dernier était juste en face de la vitrine, son étui ouvert au sol afin d'accueillir la monnaie qui lui serait généreusement donnée. Son visage était résolument concentré, et ses sourcils froncés, tandis que ses cheveux bruns courts semblaient voleter à cause du mouvement. Vu comme ça, il avait presque l'air d'un professionnel, et pourtant, sa petite taille et ses joues de hamster lui radoucissait les traits, donnant une allure d'adolescent.
Tout d'abord, Jungsu ne fit que l'écouter, encore admiratif. Le jeune garçon face à lui s'appelait Henry, et était un étudiant canadien, d'origine chinoise. Pour arrondir ses fins de mois, tout en suivant ses études, il lui arrivait de jouer du violon par ici, et son talent l'aidait à avoir quelques admirateurs.
Son emploi du temps, un peu moins.
Mais sortant de ses réflexions, l'écrivain eut un sourire, et sortit un billet qu'il déposa dans l'étui. Remarquant enfin sa présence, Henry eut un sourire, et stoppa sa musique, avant de regarder le jeune homme :
- Thank you.
- Tu ne devrais pas venir maintenant, il n'y a presque personne.
- C'est vrai. Mais je n'y peux rien, c'est ma seule tranche libre dans l'emploi du temps. Et puis, ça n'a pas servit à rien, puisque tu es là.
Jungsu eut un sourire amusé, mais regarda une nouvelle fois le violon du jeune étudiant :
- Fais attention. C'est vrai que le quartier n'est pas trop mal fréquenté, mais on ne sait jamais sur qui on peut tomber.
- Je ne suis pas fou, je ne joue pas aux horreurs qui suck.
- « Horaires », corrigea Jungsu. Je suis bien d'accord, mais prends juste soin de toi.
- Merci, mais de toute façon, c'est pas bien grave, fit Henry. Il faut se méfier des apparences.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Bah... C'est pas important. Hye-Ri va bien ?
En repensant à sa fille, l'écrivain regarda sa montre, puis répondit :
- Un ange. Mais là, il faut que je rentre, je dois être devant son école dans moins d'une demi-heure, et il faut que je range les courses.
- Pas de soucis, fit le canadien. Good bye !
Puis il reprit son activité. Jungsu eut presque l'impression qu'il le saluait avec la mélodie de son violon, et se demanda s'il n'était pas en train d'interpréter Automne de Vivaldi. Mine de rien, l'écrivain avait un minimum de culture, et s'en félicita presque.
Activant le pas, les bras chargés, le jeune homme, toutefois, voyait à peine devant lui. Tant pis, il connaissait le chemin par cœur, il n'y avait presque pas de voiture, et si c'était le cas, il l'entendrait venir.
Néanmoins, Jungsu n'avait pas prévu que ce serait contre une personne qu'il entrerait en collision. Suite au choc, tous ses sacs se retrouvèrent au sol, les ramyuns éparpillés, et le paquet de riz faillit s'ouvrir. Un peu paniqué, l'écrivain se mit aussitôt à quatre pattes pour tout ranger, mais heureusement, la personne fit de même :
- Excusez-moi, fit-elle d'une voix grave.
- Ce n'est rien, je ne regardais pas devant moi.
Jungsu ne résista toutefois pas à l'envie de lever la tête, et ce qu'il vit lui coupa le souffle. Devant lui se tenait un homme. Un très bel homme. Ses traits du visage étaient virils, ses yeux noirs perçants, et ses cheveux courts corbeaux lui donnait une allure encore plus charismatique. S'il n'était pas habillé avec un jean serré et un pull en col V blanc sous sa veste noire, l'écrivain aurait presque pu le prendre pour un prince.
Une vraie muse :
- Vous avez perdu ça.
- Hein ?
L'inconnu était en train de tendre le sac de légumes, et Jungsu le prit maladroitement, réalisant qu'il avait dû remarqué qu'il le détaillait du regard depuis cinq minutes. C'était vraiment gênant. Et pourtant, il ne sembla pas s'en formaliser. En fait, il faisait presque de même, ce qui mit le jeune homme mal à l'aise. Lui n'était pas aussi élégant, alors il se demandait pourquoi on le regardait de cette façon. Avec son pull rouge sous son imper beige, il faisait presque tâche dans le décor, et le regrettait un peu.
Pourtant, une nouvelle expression naquit sur le visage de ce bel inconnu. Une expression de surprise.
Voire même de choc :
- … Leeteuk ? Vous êtes Leeteuk ?
Jungsu se figea immédiatement. Paralysé, comme si on venait de l'insulter, ou de le choquer. Blanc, il se mit presque à trembler, et rangea tout ce qu'il put dans les sacs pour se relever, mal à l'aise.
- Jungsu...
- Vous êtes Leeteuk ? répéta l'inconnu.
- Non... Non...
- Jungsu. La voiture de Sora est tombée dans un fossé.
Jungsu avait envie de faire taire ce souvenir dans sa tête. Il en avait envie, mais n'y parvenait pas, et ses bras chargés ne l'aidaient guère. Ça, et cet homme qui insistait auprès de lui pour savoir si la personne qu'il était auparavant était toujours présente.
Non ! Non ! Il était mort et enterré avec elle ! Leeteuk était avec la mère de Hye-Ri, il n'était plus là :
- Vous faîtes erreur, souffla Jungsu.
- Non, je ne peux pas me tromper, fit l'inconnu avec un ton sûr. Je suis un de vos plus grands fans.
L'écrivain aurait pu serrer les poings, s'il n'était pas chargé. Que pouvait-il bien savoir ?! Et que voulait-il ?! Un autographe ? Ha ! La belle affaire ! Qui en voudrait, maintenant ?
Si Jungsu s'était installé dans cette banlieue de Séoul, c'était pour avoir la paix ! Alors pas question qu'un crétin vienne tout gâcher.
Aussi, le jeune homme prit son courage à deux mains... Et passa devant l'inconnu sans lui adresser un regard, l'ignorant superbement, afin de prendre la direction de sa maison.
Bon, certes, ce n'était pas une réaction très glorieuse, mais Jungsu s'en moquait. Il voulait juste qu'on le laisse tranquille, et pour ça, il était prêt à se montrer malpoli. Et d'ailleurs, où avaient été ses fans, le jour où il avait révélé l'existence de Hye-Ri, hein ?! Il pouvait parler, ce type !
Poussant un soupir, le jeune homme ne se retourna pas une seule fois, et arriva enfin devant chez lui, puis déposa ses sacs pour ouvrir la porte. Lorsqu'il fut à l'intérieur, il posa les sacs de courses sur la table, et poussa un profond soupir avant de se laisser retomber sur le sol, ravalant difficilement ses larmes.
Il ne voulait pas repenser à cette vie qu'il avait eu. Pas alors qu'elle n'était plus là. C'était trop dur. Non, maintenant, il avait Hye-Ri, et c'était sa seule raison de vivre. Il ne voulait pas qu'une bande de vautours viennent détruire la petite sphère de bonheur qu'il avait réussi à construire pour sa fille.
Tout en inspirant profondément, Jungsu tenta de se calmer. Il ne devait pas céder à la panique, ce serait stupide. Ce type penserait sûrement qu'il s'était trompé, et s'en irait. Oui, voilà, il partirait, et tout redeviendrait comme avant.
Un rapide aperçu de l'heure lui indiqua qu'il devait vraiment s'activer pour tout ranger, et le jeune homme s'exécuta. C'était bientôt la fin de la classe pour la petite, et il devait aller la chercher.
N'ayant même pas ôté ses affaires, Jungsu termina rapidement de s'occuper du rangement des courses, puis sortit de la maison, fermant à clé derrière lui.
Sans s'attendre à tomber une nouvelle fois sur cet inconnu, adossé au mur qui longeait le voisinage. Jungsu aurait presque pu en tomber à la renverse :
- Mais que... Vous m'avez suivi ?!
- Vous m'avez ignoré, répondit l'inconnu en haussant les épaules.
- Parce que vous vous attendiez à une réponse en particulier ? ironisa Jungsu. « Oui, bien sûr, c'est Leeteuk, le chanteur-acteur qui a mit fin à sa carrière suite à un scandale ».
- Donc vous reconnaissez bien être Leeteuk.
Le jeune homme se mordit la lèvre. Sale type :
- Bien, okay. Oui, c'est moi. Et après ? Vous êtes venus vous moquer ?
- Je vous ai dit que j'étais un fan.
- Ha ! Vous n'étiez pas vraiment là quand j'ai eu besoin de vous. Je suppose que vous étiez déçu en me voyant avec un bébé dans les bras, pas vrai ?
- Non, j'avais de la peine pour vous et votre compagne.
Jungsu écarquilla les yeux, s'attendant à tout, sauf à cette réponse. Lorsqu'il avait révélé l'existence de Hye-Ri, ainsi que le fait qu'il s'était secrètement marié avec sa manager, il avait été hué, traîné dans la boue. Et ce type venait lui balancer qu'il avait de la peine ?
- Vous vous moquez de moi ? Alors c'est de la pitié que vous avez ressenti ? En me voyant chuter ?
- Non.
Il n'ajouta rien de plus, ce qui fit soupirer l'écrivain. Bon, il n'avait pas que ça à faire non plus, même si cet homme qui l'avait suivit jusque chez lui l'inquiétait un peu :
- Qu'est-ce que vous voulez, alors ? Qui êtes-vous ?
- Je m'appelle Choi Siwon. Il y a huit ans, j'ai vu votre premier film, Une pluie d'automne sur un arbrisseau. Et depuis, j'ai vu tous les autres, et j'ai tous vos CDs. J'ai même assisté à certains de vos concerts.
- Très peu alors, ricana Jungsu, amer. Et alors ?
- Je n'en reviens pas de vous rencontrer ici.
- Tu veux un autographe, c'est ça ? Excuse-moi, mais je n'ai pas envie de repenser à cette période de ma vie, je marche vers l'avenir, maintenant, et avec ma fille.
Le dénommé Siwon sembla désolé, mais secoua la tête, avant de répondre :
- Je... Je ne sais pas, mais...
- Bon, maintenant, si vous pouviez m'excuser, j'ai ma fille à aller chercher, alors laissez-moi tranquille.
Ce n'était sûrement pas un journaliste, et de toute façon, son histoire n'était pas intéressante. Jungsu ne cachait plus l'existence de Hye-Ri, et en était même fier. De plus, ce type n'avait pas l'air dangereux, loin de l'image du fan complètement fou qui pourrait le harceler.
Enfin, il l'espérait.
Tournant le dos au jeune homme, l'écrivain reprit la route de l'école. Oui, lorsqu'il retrouverait sa fille, sa bonne humeur reviendrait avec.
Tout ce qu'il voulait, c'était son enfant. Et pourtant, il était déjà en retard.
Une fois devant l'école primaire, Jungsu s'aperçut que Hye-Ri l'attendait, mais étrangement, elle n'était pas seule. À ses côtés, un homme, un peu plus petit que lui, avec des cheveux bruns réunis à l'aide d'une pince, et des grands yeux noisettes, attendait. Son visage innocent semblait chercher quelqu'un, et en repérant le père de la petite, eut un sourire timide :
- Monsieur Park.
L'écrivain reconnu Lee Donghae, le professeur de sa fille, et s'approcha. C'est alors qu'il remarqua que la petite avait le visage un peu crotté, et que son collant était à moitié déchiré, ce qui l'inquiéta subitement :
- Mon Dieu ! Hye-Ri !
Que s'était-il passé pour que sa petite fille soit en si mauvais état ?! Une lueur de panique apparut dans les yeux, et Jungsu prit son enfant dans ses bras, alors que cette dernière posait ses petites mains sur son épaule :
- Que s'est-il passé ? demanda le jeune homme au maître d'école, qui semblait d'ailleurs mal à l'aise. Qui a osé brutaliser ma fille ?
- Hem...
Le professeur Lee sembla mal à l'aise, mais répondit aussitôt :
- Disons plutôt que c'est Hye-Ri qui a infligé une sévère correction au petit Seung-Ji.
- Pardon ?!
Jungsu regarda sa fille, alors qu'elle montrait les faibles muscles de ses avants-bras :
- Je lui ai mis la pâtée !
- Non, Hye-Ri ! gronda Donghae. Je t'ai déjà dit, on ne tape pas les autres élèves. Tu aurais pu lui faire mal. Heureusement que je suis arrivé à temps.
- Mais pourquoi se sont-ils battus ?
- Apparemment, il lui a dit qu'elle était « jolie », et je ne sais pas pourquoi, elle n'a pas apprécié.
L'écrivain arqua un sourcil, et Hye-Ri gonfla les joues, semblant faire une moue boudeuse. Puis elle murmura d'une petite voix, afin que son professeur ne l'entende pas :
- C'est pas vrai, il a dit autre chose.
- Qu'a-t-il dit ? chuchota Jungsu.
- Que le professeur, il était pas beau, et stupide.
Bon, là, Jungsu l'avait comprit, depuis le temps. Interdiction de dire du mal du professeur Lee Donghae. Lui même avait l'impression que s'il s'amusait à le descendre, il ne s'en sortirait pas vivant.
Même les gamines de sept ans pouvaient être terribles.
Surtout Hye-Ri.
En tout cas, le concerné, lui, ne sembla rien remarquer, et afficha un sourire bienveillant, avant de venir ébouriffer les cheveux emmêlés de la petite :
- Ne fais plus de bêtises, d'accord ? Je n'aime pas quand tu fais ça, et tu as abîmé tes jolis collants.
Hye-Ri fit cette fois sa timide, et enroula ses bras autour du cou de son père, tel un koala, avant de cacher son visage dans son cou, ce qui fit soupirer ce dernier. Bon, d'un autre côté, il était ravi de voir qu'elle allait bien, même s'il fallait lui expliquer un peu plus de chose sur la vie. Mais Donghae ne s'en formalisa pas :
- Au fait, monsieur Park...
- Oui ?
- Avec l'école, nous organiserons un petit spectacle d'ici quelques semaines. Nous avons eu des thèmes différents par classe, et pour la mienne, ce sera une comédie musicale.
- Vraiment ? Laquelle ?
- Elisabeth.
Jungsu fut dubitatif. La comédie musicale n'était pas très facile, et surtout, elle n'était peut-être pas très appropriée pour les enfants. Mais Donghae, conscient du malaise, le rassura :
- Ne vous inquiétez pas, ce sera une adaptation.
- Oh, vous me rassurez.
- Mais Hye-Ri n'a pas l'air ravie de son rôle.
Pourquoi donc ? Avait-elle reçu un rôle mineur ? Bon, tant qu'elle ne jouait pas un arbre dans le fond, ce n'était pas si grave, et même ainsi, ça lui suffisait :
- Lequel a-t-elle eu ?
- Celui de l'ange de la mort.
Jungsu écarquilla les yeux. C'était sûrement l'un des rôles les plus importants, le héros caché. Et elle n'était pas satisfaite ? Bon, d'accord, c'était sûrement moins intéressant, à son âge, que de jouer la princesse Elisabeth :
- Il est très bien, ce rôle, ma chérie.
- Non, j'aime pas !
- C'est mon personnage préféré dans la comédie musicale, pourtant.
Immédiatement, Hye-Ri tourna la tête, et regarda son professeur avec de grands yeux surpris :
- C'est vrai ?
- Bien sûr, c'est le plus intéressant.
- … Mais je sais pas chanter...
- Je t'apprendrais, ne t'en fais pas, la rassura son père. On répétera ensemble, d'accord ?
Jungsu frotta son nez contre celui de sa fille, qui eut un petit rire, avant de hocher la tête, semblant être d'accord. Rassuré, Donghae croisa les bras :
- Bien, le problème me semble...
- Mais qui voilà ?
Une voix les interpella tous les trois, et chacun tourna la tête, afin de voir un jeune homme élancé, aux cheveux bruns, une casquette recouvrant ces derniers, s'avancer vers eux, alors que ses yeux malicieux observaient le trio. Jungsu le reconnut aussitôt, et poussa un soupir, tandis que Donghae grinçait des dents :
- Tiens, ne serait-ce pas le prof le plus incompétent de cette école, Lee Hyukjae ? ironisa-t-il.
- Marrant, j'allais te retourner le compliment, fit le dénommé Hyukjae.
L'écrivain les observa tous les deux. Ces deux professeurs étaient sûrement les plus grands rivaux de l'école, et personne ne savait d'où cela venait. Mais ils se battaient sur tous les domaines. Que ce soient les réussites scolaires des enfants, les compétitions de sport, ou même qui avait le moins de chance de perdre un petit pendant une sortie, ils s'affrontaient pour n'importe quoi :
- Alors, commença Hyukjae sur un ton provocant, tu as réussi à trouver ta comédie musicale ringarde ?
- Tu la catalogues, alors que tu ne sais même pas ce que c'est.
- Tu vexes le professeur que je suis.
- Tu n'as rien d'un prof, à part le nom, soupira Donghae. Tu vas effrayer les parents, on dirait un ado avec cette casquette ridicule.
- C'est vrai que je n'ai pas tes allures de beau gosse à petit cul.
Écarquillant les yeux, Jungsu voulut protéger les oreilles innocentes de sa fille, et fusilla Hyukjae du regard, qui leva les mains pour s'excuser :
- Pardon, les tics de langage reviennent hors de l'école. Mais à l'intérieur, je reste très propre sur moi, hein.
- Ça reste à prouver, grinça son collègue. Et toi, alors ? Qu'est-ce que tu nous prépares ?
- Un spectacle de hip-hop, répondit fièrement le professeur Hyukjae. Après notre passage, ma classe aura tellement marqué les esprits qu'ils ne remarqueront même pas tes mises en scène.
- Tu veux parier ?!
Les éclairs que se lançaient ces deux-là étaient presque visibles, s'affrontant du regard. Jungsu comprit qu'il était temps pour lui de rentrer, et surtout, de faire prendre un bon bain à sa fille. Dire qu'il lui avait acheté cette jupe il y a peu de temps :
- Je vous laisse, alors. Au-revoir.
Le jeune homme s'inclina, et les deux professeurs lui rendirent son salut, avant de reprendre leur querelle là où elle s'était arrêtée. Parfois, Jungsu se demandait comment il était capable de laisser sa précieuse fille entre leurs mains.
Toutefois, il ne se posa pas la question plus longtemps. Hye-Ri étant toujours dans ses bras, il la serra plus fort contre lui en s'apercevant que quelqu'un l'attendait sur le chemin. Une silhouette élégante.
Choi Siwon.
Cette fois, son sang ne fit qu'un tour :
- Vous êtes encore là, vous ? ragea-t-il.
Ignorant l'air interrogateur de Hye-Ri, Jungsu laissa Siwon s'approcher d'eux. S'il pouvait le massacrer, tiens... ça le défoulerait bien :
- Oui, je sais ce que je veux, maintenant.
- Ah parce que vous ne saviez pas, avant ? demanda l'écrivain avec sarcasme. Vous pensez que je suis un génie, ou quoi ?
- S'il vous plaît...
Cette fois, Siwon était vraiment proche, et Jungsu se sentit soudainement gêné. Même vu d'aussi près, il était magnifique, et le jeune homme se mit à déglutir. Pourquoi est-ce qu'il le mettait aussi mal à l'aise, cet imbécile ?
Soudain, la main de l'inconnu agrippa son bras :
- S'il vous plaît, donnez-moi des cours de théâtre !
- Pardon ?!
