Salut tout le monde ! Cette fois-ci, je m'attaque au fandom de Kingdom Hearts avec une fanfiction qui se passe après les événements du Kingdom Hearts II et Kingdom Hearts Re : Coded. J'espère que ça vous plaira, il y aura sans nul doute du Yuri et j'essayerais d'y intégrer du Yaoi (je pense déjà à quelques couples potentiels mais il me faudra peut-être les concrétiser dans une autre fic). Rassurez-vous, je n'oublie pas ma fanfiction Apocalypse. J'ai juste besoin d'un peu de temps pour trouver de l'inspiration afin de finir le prochain chapitre, il me manque quelques pages. J'espère que ça vous plaira, j'ai essayé de différer un peu du style des fanfics où des OC se retrouvent avec une Keyblade...Je pense que mes lecteurs et lectrices reconnaîtront l'esprit d'Epidemia et d'Apocalypse, bien que mon perso principal diffère totalement d'Ambre. J'espère que ça vous plaira ! Bonne lecture !
Oh, dernière précision : le monde de l'héroïne est semblable au nôtre, excepté que Final Fantasy et Disney n'y existent pas (quel monde pourri ^^).
Un bruit se fit entendre. Je me forçais à ouvrir les yeux, presque éblouie par le blanc, seule couleur qui m'environnait depuis bientôt un an. J'avais même fini par la détester, cette foutue teinte...
Le même bruit se répéta. On devait toquer à la porte. J'eus un petit rire. Il s'attendait à quoi ? A ce que j'aille lui ouvrir ? Quel con...Je ne pouvais même pas me gratter le c.. avec cette camisole qu'ils m'avaient fichu.
Une nouvelle fois. Je lançai un regard désabusé à cette porte qui me séparait de la liberté. Fallait vraiment pousser l'absurde jusqu'au bout...
« C'est ouvert, ducon ! Lui hurlais-je avec un grand rire. »
La porte finit enfin par s'ouvrir. Ben tiens, un nouveau...Sa tête me disait rien. Il avait l'air assez jeune par rapport aux autres médecins, peut-être la trentaine tout juste. La plaque sur sa veste m'informa qu'il était visiblement psy. Le regard sceptique et blasé que je lui renvoyais ne parut pas entamer sa bonne humeur. C'était vraiment incongru. Comme si un crétin avait décidé de foutre Bozo le clown en divertissement lors d'un enterrement...
'Fin bon, ça me faisait un peu de visite. Je n'avais vu personne depuis plus de six mois...
« Stéphane Blair ? Quel nom de merde. Commençai-je pour ouvrir la conversation. »
Il toussota à cette remarque, visiblement peu à l'aise. Un léger sourire se dessina sur mes lèvres tandis que le sien commençait à se faner. J'avais besoin de me défouler un peu et il était parfait pour ça. J'espérais juste que cela ne dégénérerait pas trop...Je ne savais que trop ce qu'il pourrait arriver en pareil cas.
Il referma la porte et il s'assit à mes côtés. J'haussai un sourcil, déconcertée. Il ne semblait pas trouillard, lui...
« Et vous, c'est...? Me répondit-il, comme si j'avais engagé le débat de la plus courtoise des manières.
-Vous le savez déjà, c'est écrit sur la porte. »
Nouvelle grimace. Nouveau sourire de ma part.
« J'aimerais tout de même que vous vous présentiez. C'est la meilleure manière pour apprendre à se connaître, non ? »
Je poussai un soupir. J'adore les blablatages de psy...Une merveilleuse perte de temps.
« Anna.
-Anna comment ? »
J'étais tombée sur le chieur de service...La chaaance !
« Anna Glover. Mais si vous préférez, vous pouvez m'appeler « Sorcière » ou « Monstre » comme ne se privent pas de le faire vos petits camarades en manteau blanc.
-Anna, j'aimerais vous aider. Sincèrement. Mais je ne pourrais pas le faire si vous n'acceptez la main que je vous tends. »
J'éclatai de rire. Le psy de service sursauta. Il ne devait pas s'attendre à ce genre de réactions...Le pauvre bichon était encore un peu trop sensible ?
« Voyez-vous, Steph, il se trouve que je suis trèèèèès attachée à cette camisole, donc pour ce qui est de vous tendre également la main... »
Me voilà repartie dans une nouvelle crise de fou rire. Si j'étais encore saine d'esprit quand j'étais arrivée ici, cette période était désormais totalement révolue.
« Anna...S'il vous plaît, écoutez-moi. »
Mon rire finit par se calmer. La compagnie me rendait vraiment cinglée. Cela faisait trop longtemps que je vivais dans une solitude presque totale...
« J'ai lu votre dossier. »
Un sourire triste s'étira sur mes lèvres :
« Tout le dossier ?
-Oui. »
Je ne répondis pas à cette affirmation, me contentant de détourner le regard. Je n'avais plus du tout envie de rire. Ni de m'amuser à ses dépends.
« Vous avez réellement besoin d'aide, Anna. Une aide qu'eux ne pourront pas vous offrir.
-Quel genre d'aide comptez-vous m'offrir ? A moins que vous ne me révéliez être le saint esprit, je vois difficilement ce que vous pourriez faire, Stephy. Vous ne pourrez pas effacer les pêchés que j'ai commis.
-Contrairement à ce qu'ils pensent, je suis sûr que cela n'était pas de votre fait. »
Je fermais les yeux, le cœur partagé entre soulagement et tristesse. J'avais tellement espéré entendre ces mots...Mais il était trop tard. Il ne pouvait plus me persuader du contraire.
« Je ne partage pas votre certitude, Stéphane. Je suis réellement au centre de tout cela. Si vous aviez vraiment lu mon dossier, vous le sauriez.
-Je l'ai lu. Et ce que j'y ai trouvé ne m'a pas entièrement convaincu. Je suis sûr qu'il s'est passé autre chose. »
Il s'approcha de moi. Instinctivement, je m'efforçais de reculer. Il ne devait pas s'approcher de moi...Surtout pas.
« Il reste de nombreuses zones obscures. Par exemple... »
Son regard se leva quelque peu, détaillant le haut de mon crâne. Malgré moi, j'en fus presque gênée.
« Pourquoi avoir rasé votre chevelure ? Pourquoi tous ces tatouages sur votre tête ? »
Je ne répondis pas. Il ne pourrait pas comprendre. Moi-même, j'avais encore du mal à saisir l'impulsion qui m'avait poussé à une telle extrémité...Quelques mots, que je devinais sibyllins, s'échappèrent de mes lèvres :
« J'imagine que je cherchais à me cacher, d'une façon ou d'une autre.
-Je vois... »
Mouais. Je ne me sens pas immensément convaincue par cette réponse-là, je ne saurais dire pourquoi.
« Dites donc, comme psy, vous n'êtes pas très doué. Je croyais qu'ils pouvaient lire en nous comme des livres ouverts ! »
Stéphane eut un rire gêné.
« Peut-être nous surestimez-vous un peu...
-Ou peut-être que vous ne faites pas honneur à votre profession. Lâchai-je d'un coup, un peu agacée par ce dialogue qui tournait en rond.
-Comment ? »
Mmh...Il avait l'air en colère, même si sa voix s'efforçait de rester calme. Je devrais peut-être me maîtriser aussi...Ou faire en sorte qu'il soit juste assez énervé pour se barrer d'ici pour un bon bout de temps. Ce type était en train d'essayer de nous tourner un remake des Choristes version hôpital psychiatrique, je n'étais pas sûre d'apprécier le rôle qu'il voulait m'attribuer.
« Anna, pourquoi cette haine ? Pourquoi cette agressivité envers tout ce qui vous entoure, tout ce qui cherche à vous soulager ?
-La seule chose que vous cherchez à soulager est votre conscience, Stéphane. Et de bien mauvaise manière, je peux vous l'assurer. »
Je le vis serrer les poings. Mauvaise idée. Il ne fallait surtout pas qu'il me touche... Je me traînais plus loin avant de le prier de s'en aller.
« Je ne compte pas le faire avant d'avoir obtenu une réponse satisfaisante de votre part.
-A quoi ça servirait ? Je pourrais vous répondre tout et n'importe quoi, je resterais toujours une cinglée à vos yeux...et un monstre aux leurs. Je ne sais pas vraiment ce que je préfère, en vérité.
-Je ne vous vois pas de cette façon, Anna. Vous êtes une personne perdue que l'on a besoin de remettre sur le bon chemin.
-Et si je n'avais pas envie que cela arrive ? Murmurai-je si bas que je doutais qu'il m'eût entendu. »
Cette impression fut confirmée lorsqu'il reprit, comme si de rien n'était :
« Si vous me faites confiance, il y a de grandes chances que vous puissiez sortir d'ici rapidement. Retourner à votre précédente vie... »
Je ne sus ce qui me prit exactement à ce moment-là. Je lui envoyai un coup de pied, l'envoyant valser contre les murs molletonnés. C'est que j'étais plus forte que ce que ma frêle carrure laissait croire...
« Vous ne comprenez donc rien ? J'ai pas besoin de vous, foutez le camp d'ici !
-Anna, s'il vous plaît...
-BARREZ-VOUS ! Ne m'approchez pas ! »
Mais il refusait de m'écouter, le bougre ! Complètement con, ce type !
« Très bien, faites ce que vous voulez. Squattez ma cellule si ça vous arrange. Mais ne me touchez pas. Restez loin de moi. »
Mais que fait un psy quand on lui demande quelque chose ? Oui, mesdames, messieurs, vous avez deviné...L'exact contraire ! Quel débile !
Le voilà qui s'approche de moi. Il m'accule carrément contre un des murs. Hé, minute...Est-ce qu'un psy ferait vraiment une chose pareille ? Déjà que squatter ma cellule me paraissait déjà zarb, mais là...En plus, son visage me disait quelque chose...Un souvenir sorti des méandres de ma conscience...
« Je me rappelle de toi, p'tit con. T'es bien le fils du directeur, hein ? »
Il parut surpris d'avoir été percé à jour. Pas étonnant. Même une tarée avec une mémoire aussi perturbée que la mienne aurait pu le démasquer. Pas très élaboré, le costume. Une paire de lunettes et une blouse de médecin...
« Ta pute t'a quittée et tu viens tirer un coup ? T'as choisi la mauvaise personne, crois-moi. »
Il cessa de jouer le jeu du gentil docteur tout candide et arbora le visage de pervers qu'il dissimulait jusqu'ici sous son masque. Dégoûtant...
« Je ne vois pas pourquoi. A part aux heures de repas et une fois le dimanche, personne ne vient jamais te voir, Anna. Ils ont une foutue trouille de toi à cause des rumeurs stupides qui circulent sur ton compte.
-Alors le fait que tu n'y crois pas n'était pas simplement un mensonge de ta part ?
-Je ne crois pas à ces fariboles. Une fille capable de pousser à la dépression ou au suicide à sa vue et à son contact ? Laisse-moi rire, ce sont juste de stupides croyances de médecins superstitieux. Tu n'es rien d'autre qu'une cinglée parmi d'autres. Plutôt mignonne, je dois l'avouer. »
Il me plaqua contre le mur, un léger filet de bave s'échappant de sa bouche. Je ne pus retenir une grimace de dégoût. Des frissons me parcoururent. Je tentais de me retenir. C'était justement ce qui les excitait, ces timbrés !
Je ne devais pas me rebeller...Adopter une attitude passive...Ne pas crier, ne pas me défendre...Juste le miner. Le rabaisser. Je devais toucher son ego si profondément que ce pauvre crétin se révélerait incapable de bander...Si tel n'était pas le cas, je n'aurais plus d'autre alternative que celle qui m'horrifiait profondément. J'espérais ne pas avoir à en arriver là...
« Eh ben, l'idée d'être violée n'a pas l'air de te rebuter plus que ça, cinglée.
-Il faudrait déjà que tu y arrives, mon chou. Si tu es aussi bon au lit que tu l'es en tant que comédien, je n'ai pas vraiment de souci à faire. »
C'était presque trop facile...Ses yeux brillaient déjà de rage. Je n'avais toutefois pas envisagé l'idée qu'il puisse sortir un couteau et l'appuyer contre ma gorge.
« Tu ne t'attendais pas à ça, sale chienne ! Comme si j'aurais pris le risque de venir désarmé dans la cellule d'une folle à lier ! »
Je sentais le froid de la lame sur ma peau. Il n'avait qu'à appuyer un peu plus...Tout s'arrêterait. Enfin...je n'aurais plus à souffrir, ni à faire souffrir. Je serais...libérée.
Le sang qui s'écoula alors qu'il appuyait toujours plus m'enivra littéralement les sens. La douleur m'apparut comme jouissance. La chaleur de cette hémoglobine mêlée au froid glacé de la lame m'emplissait d'une étrange sensation. Mon cœur s'était mis à battre plus vite. De façon totalement irrégulière...Ce fut à cet instant que je sus exactement ce qu'il fallait que je fasse.
Je relevai mes yeux vers les siens. Un sourire gourmand apparut sur mes lèvres.
« Eh ben, le soi-disant Don Juan, quand est-ce que tu comptes te lancer ? Ça va faire un an que j'ai pas goûté à la présence d'un homme...A la réflexion, même un type comme toi me plairait... »
La pique ne parut pas le vexer. Totalement excité, et visiblement follement inconscient, il retira ma camisole, admirant ma peau laiteuse, rendue presque cadavérique par l'absence total d'un contact avec le soleil. Je devais ressembler à une de ces aliens que les geeks pervers de son genre trouvaient tellement sexy dans leurs films à la noix...
Puis ce qui devait arriver arriva. Il posa ses mains sur mes épaules. A l'instant même, il se figea net. C'était presque toujours la même chose. Ils cessaient de bouger, puis leur peau se couvrait de sueur et leur regard se perdait dans un vide profond...J'agrippai sa main de la mienne. Mon contact agita son corps de spasmes frileux. Je profitai de sa catalepsie pour lui dérober ses vêtements et fourrer son couteau dans la poche de ce qui était à présent mon manteau. Puis je lui enfilai la camisole, légèrement petite pour lui, et lui balançai le faux badge Stéphane Blair dans la figure. La douleur parut le réveiller et il poussa un véritable hurlement. Des pas se firent entendre et plusieurs gardiens arrivèrent à ma porte.
Mauvais calcul...Songeais-je alors qu'une alarme se mettait à retentir.
Sentant que foncer dans le tas était devenue ma dernière chance, j'appliquai immédiatement ce procédé. Cette année recluse n'avait que faiblement entamé mon agilité de gymnaste et ce fut sans grande difficulté que je parvins à me frayer un chemin parmi eux, à renfort de couteau lorsque cela fut nécessaire. J'en vis deux tomber au sol, inertes. Je les avais peut-être tué...Peu importe. Le fils de ce dirlo était déjà condamné, alors un de plus ou un de moins, à présent...Ça n'avait plus réelle importance.
J'enjambai une fenêtre, bénissant le destin d'avoir placé ma cellule au premier étage de l'hôpital, et me laissai tomber, une cuisante douleur m'envahissant les jambes lorsque mes pieds rencontrèrent le sol. Je m'étais sans doute foulé quelque chose. Pas le temps de m'apitoyer sur mon sort. Ils arrivaient...
Faisant fi de la souffrance, je repris ma course, escaladant tant bien que mal les murs de ce qui avait jusqu'ici été ma prison.
Ils ne me suivirent pas, mais nul doute sur le fait qu'ils aient appelé la police. Peu importe. Même si cela ne devait être que pour un très court instant...J'étais libre.
Je trouvais refuge dans une ruelle sombre, échangeant volontiers les fringues de ce docteur contre celles d'un SDF, apparemment ravi de pouvoir s'habiller dans quelque chose de plus propre et plus chaud que les guenilles qu'il me refila, de même qu'il ne sembla pas mécontent de pouvoir me mater allègrement alors que je me changeai. Il ne me toucha pas, ce n'était donc pas la peine d'en faire toute une montagne...
Un frisson me saisit mais je pris le parti de n'en avoir cure. Le ciel étoilé que mes yeux rencontraient de nouveau me comblait suffisamment pour que je ne me préoccupe pas d'une chose aussi futile. La vue d'une lune pleine brillant de mille feux me tira quelques larmes de joie. Si j'avais cru en un quelconque dieu, je n'aurais pas manqué de le remercier pour cette magnificence qu'il m'avait accordé. Mais la vérité était que je ne devais ma liberté qu'à moi-même...et à la stupidité du fils du directeur de l'asile.
Mon cœur s'alourdit quelque peu à sa pensée. Il était peut-être déjà mort...
Je savais qu'il le méritait, bien sûr. Mais lui, contrairement à moi, était vraiment fou. Peut-être que s'il avait pu bénéficié d'un traitement, les choses auraient été différentes...
Un miaulement se fit entendre dans la pénombre nocturne. Un chat de gouttière, visiblement peu nourri, vint se blottir contre moi. Je le caressai, heureuse de cette présence qui soulageait ma solitude. Sa chaleur me protégea un peu du mordant froid qui s'était répandu dans la nuit. Je sentis sa langue râpeuse contre mon cou et je me rappelai alors être toujours blessée. J'effleurai la plaie du bout de mes doigts : cela n'avait pas l'air d'être profond, mais cela continuait à saigner, à petites gouttes. Je laissai faire le chat. Cela pouvait sembler dégoûtant, mais cela ne me perturbait pas vraiment. Le fait de me savoir utile à quelqu'un, aussi modeste puisse-t-il être, achevait de me réjouir. D'autant plus que mon contact ne semblait pas déplaire à ce chat décidément bien confiant...Il n'avait pas l'air affecté comme l'avait été ce pervers...
Je l'entourais de mes bras. Il se laissa faire, ronronnant doucement. Je ne sus exactement à quel moment je me décidai enfin à fermer les yeux. Mais, malgré le froid et l'appréhension de voir les flics débarquer, cette nuit fut pour moi la plus belle et sereine de toutes les nuits que j'avais connu jusqu'ici.
Du moins, jusqu'à un certain moment. Si le chat n'avait pas planté ses griffes dans ma peau à cet instant précis, je serais morte et enterrée. Laissant deux belles griffures sanguinolentes sur mon bras droit, l'animal s'enfuit tandis que je me relevais, évitant de justesse l'assaut de...de quoi, au juste ?
La vue de mes assaillants me tira une exclamation. Des créatures sombres, dotées de griffes capables de m'arracher la tête au moindre contact, aux yeux d'un jaune lunaire, mais d'une lueur bien moins rassurante que celle que l'astre m'avait inspiré, au crâne surmonté de deux antennes. Leurs pieds battaient en un étrange rythme, une danse morbide. Trois de ces créatures étaient en face de moi et je doutais sérieusement que leurs intentions fussent amicales. Je commençais à m'enfuir, faisant la sourde oreille à mes chevilles douloureuses, mais je fus prise d'un doute au bout de la ruelle. Et si...si on me reconnaissait ? Si j'étais de nouveau menée là-bas...
Non. Ce n'était pas une hypothèse que je pouvais envisager. Pas une seule seconde. Je préférais encore en mourir !
Je me décidai à retourner là où ces bestioles avaient surgi, mais il semblait qu'elles avaient disparu. Le souffle court, je me demandai si je n'avais pas eu affaire à une hallucination. L'enthousiasme qu'avait généré en moi cette soudaine liberté pouvait très bien avoir cristallisé mes peurs et leur donner une forme illusoirement matérielle...
J'en étais là, dans mes considérations psychologiques à deux balles, quand une sourde douleur s'imprima dans mon ventre. Un véritable filet de sang s'en échappa alors que ces créatures étaient réapparues de nulle part et que l'une d'entre elles en avait profité pour me taillader le bide. Mes genoux se dérobèrent sous moi, tandis que j'étais complètement submergée par la souffrance et l'épuisement. Je vis l'un de ces monstres lever une de ses pattes griffues, prêt à l'abattre sur moi. Fermant les yeux, je fis de mes bras un bien maigre rempart, attendant avec terreur qu'une nouvelle douleur se fasse sentir.
C'était trop stupide...J'étais enfin libre, prête à commencer une seconde vie et à oublier la précédente, et voilà que ces bestioles qui semblaient issues du trip d'un drogué allaient tout arrêter. J'aurais voulu me battre...Avoir la force de lutter...Pouvoir buter ces ordures contre lesquelles mon étrange aptitude était inoffensive...
La souffrance ne vint pas. Du moins, pas de la manière que je l'attendais. Une chaleur brûlante se propagea dans mon corps et j'eus l'impression que mon sang sortait littéralement de mes veines. Je me forçai à ouvrir les yeux et ce qui se présenta à ma vue acheva de m'abasourdir. Le coup que la bestiole avait voulu me porter avait été paré par l'une des choses les plus bizarres que j'avais eu l'occasion de voir de ma vie, hormis ces monstres, bien entendu. C'était une sorte d'épée, à la forme plus qu'étrange, puisqu'elle m'évoquait vaguement celle d'une clé. Elle était encore fumante, d'un rouge très évocateur, et elle dégoulinait de sang. La première pensée qui me vint à l'esprit me fit frémir d'effroi :
Ce sang...C'est le mien ?
Mes blessures paraissaient soudainement bien plus profondes. Mais, paradoxalement, je me sentais plus vivante, plus forte que jamais. La douleur me galvanisait et les traînées sanglantes qui se formaient sur mon corps m'envahissaient d'une rage jouissive. Je me jetai sur la première créature, avec une technique fort grossière que je nommerais « bourrinage », mais suffisamment efficace pour me permettre de la vaincre. Elle disparut dans une surprenante volute d'ombres. Une des autres bestioles me blessa au dos, mais cela ne m'affaiblit pas, ou du moins très peu. Mon arme devint plus fumante et le sang qui s'en écoulait plus conséquent. Lorsque je frappai la deuxième créature, quatre coups au lieu de six suffirent à l'achever. Visiblement, mon arme paraissait se renforcer au fur et à mesure que je m'affaiblissais...Vraiment zarb.
Le danger et l'adrénaline que celui-ci me procurait m'excitaient à un point inimaginables. Je rugis d'une voix emplie d'une joie brute :
« A qui le tour ? »
Je regrettai aussitôt mon audace. Dix autres de ces bestioles apparurent alors et toutes m'encerclèrent. Merde...A onze contre un, la donne n'était plus la même. La force que me procurait cette arme ne suffirait pas à combler la faiblesse qui s'emparait désormais de mon corps. Mes mains se mirent à trembler et je sentis mon arme s'évanouir peu à peu alors que les créatures se jetaient sur moi.
Pourquoi le destin avait décidé de ne pas tuer ce jour-là, je l'ignore...Toujours est-il que celui-ci, en auteur peu inspiré, adopta ce qui me semble aujourd'hui encore être la ficelle la plus grosse, absurde et ridicule qui puisse être utilisée dans une histoire.
J'ai été sauvée par...une souris, un canard et un clebs. Non, à cette époque, je ne délirais pas, même si j'étais persuadée du contraire.
Une espèce de souris géante avait jailli avec une arme assez proche de la mienne, quoique moins dégoulinante et plus lumineuse, et m'avait tiré de là, tout en combattant les autres bestioles qui semblaient avoir décidé de se multiplier. Un canard blanc dans une robe de magicien se joignit à lui et entreprit d'enflammer, glacer, électrifier et j'en passe, toutes ces petites charmantes créatures tandis que le chien, perché sur deux jambes énormes, m'avait éloigné du champ de bataille, un sourire niais collé à son visage ingrat.
« Euh...Merci. Avais-je bredouillé, pas totalement sûre d'avoir encore l'esprit sain. »
Faut me comprendre aussi...Tu sors d'un asile, y a des créatures bizarres qui se pointent devant toi pour te tuer, une espèce de clé géante qui se nourrit de ton propre sang qui se matérialise dans tes mains, puis une souris géante, un canard boiteux (enfin, pas vraiment, mais c'était la première expression qui m'était venue à l'esprit en le voyant) et un labrador bipède viennent te sauver de tout ce bordel. Voilà. J'avais compris. L'haleine de ce clochard était tellement chargé d'alcool, et je ne le lui reprochais pas, que j'en étais devenue complètement bourrée ! C'était sûr !
...Mouais, à la réflexion, ça collait pas. Le plus probable, c'était que je sois vraiment devenue tarée à cause de mon séjour dans cet asile infernal. Ça devait être ça.
« Tout va bien, ahyuk ? T'as pas l'air en forme... »
Je levais un regard ahuri vers ce labrador sur pattes. J'étais couverte de sang, en plein bad trip et lui, qu'est-ce qu'il me disait ?
« Ahyuk ! Laissai-je échapper avec une expression parfaitement stupide. »
Par chance, il ne parut pas m'avoir entendu...Ou alors, il n'avait pas compris. Ce qui n'était pas exclu, vu l'intelligence qu'il semblait manifester.
Pendant ce temps, les deux autres zigotos en avaient fini avec toutes les bestioles apparues. Ils étaient plus efficaces que moi, tiens...
Ils se dirigèrent vers nous, visiblement inquiets.
« Ça va ? Me demanda le canard dans un français difficilement compréhensible.
-Je me porte comme un charme. Répondis-je ironiquement. »
Ma réaction parut le rendre furieux, mais je ne parvins pas à le trouver effrayant. Ça faisait quand même bizarre de voir un canard géant, dans une tenue de magicien, en pleine colère...Cela m'intriguait plus qu'autre chose. Je perçus tout de même dans ses paroles qu'il aurait voulu que je leur montre de la gratitude.
« Elle m'a déjà remercié, ahyuk !
-Elle peut très bien le faire pour tous. Asséna le canard en me foudroyant du regard tandis que je murmurais un « ahyuk » sarcastique.
-Ça va, pas la peine d'enrager. Merci de m'avoir sauvé la vie. Je ne sais pas ce qui se serait passé sans vous...
-Ils auraient pris ton cœur et tu serais devenue semblable à eux : une sans-cœur. Me répondit le canard. »
Ça, c'était une précision que j'aurais vraiment préféré ignorer...Je déglutis à cette idée...
« Tu devrais faire disparaître ta Keyblade. J'ai le sentiment que tes blessures se refermeront après cela. Me conseilla la souris. »
Je m'apprêtai à lui obéir quand la réalité de la situation parvint finalement à mon cerveau. Malgré moi, un sourire s'étira sur mes lèvres et je me mis à rire. Non, je ne riais pas simplement. Je rigolais comme une hystérique, des larmes roulant sur mes joues agitées de mouvement convulsifs. Aucun d'eux ne parut comprendre la raison de ma subite hilarité. Ha ha, putain, c'est pas croyable...
« Comme je disais, reprit la souris avec un air intrigué, tu dois... »
Et c'était reparti de plus belle ! Non, mais non, me faire sauver par une souris qui a, en plus, une voix de castré, comme s'il avait avalé un ballon d'hélium à sa naissance...C'était plus que ce que mon pauvre cerveau pouvait supporter.
Alors que je continuais malgré moi à m'époumoner, les trois compères s'étaient adressé un regard affligé.
« Euh...Majesté, vous êtes sûr que c'est elle qu'on cherche ? Demanda le labrador à la souris castrée.
-Ahyuk ! M'écriai-je d'une voix étranglée, plongeant de nouveau dans le fou rire. »
Tandis que le roi de pacotille hochait la tête, une décharge parvint à me calmer. Visiblement, le canard avait perdu patience...
« Donald ! S'écria la souris d'une voix indignée. »
Ne pas rire...Ne pas sourire...Respirer fort, juste respirer...Ouf, je pouvais me maîtriser. Donc le canard s'appelait Donald...J'allais voler dans les plumes de cet enfoiré qui avait osé m'électrocuter ! Euh...Comment avait-il fait ça, d'ailleurs ?
« Enfin, Majesté, on ne peut pas se laisser insulter de cette manière ! Elle riait de nous, c'est évident ! »
Difficile de faire autrement...
« Il faut nous faire à l'idée que son monde est mentalement sous-développé. Enfin... »
Hé, je rêve ou cette connasse de souris venait à demi-mot de me traiter de demeurée ? J'allais me la...
« Je suis le roi Mickey. Et voici Donald et Dingo, mes plus fidèles amis.
-Honorés d'être au service de sa majesté ! S'exclamèrent-ils à l'unisson, ce qui parut gêner la souris. »
Je retins tant bien que mal le « Ahyuk » qui menaçait de sortir de mes lèvres et me présentai moi-même :
« Je m'appelle Anna Glover. Euh... »
Je ne savais pas trop par où commencer. J'avais trop de questions qui se bousculaient dans ma tête.
Le rongeur...euh, Mickey, me sortit de l'embarras.
« Tu dois faire disparaître ton arme. Pour cela, tu n'as qu'à avoir cette simple pensée en tête.
-Ouais, d'accord. »
Donald et Dingo parurent offusqués par mon manque de manières. Ça va, ils avaient dû se rendre compte que j'étais pas non plus une princesse ! Bon...
Euh...disparais ! Allez, du balai ! Fous le camp !
Je ressentis une douleur cuisante sur le crâne alors que ce qu'ils appelaient une Keyblade me le frappait, comme vexée par mes pensées, avant de finalement se volatiliser.
Donald éclata de rire. Celui-là, j'allais bientôt en faire des confits, il ferait moins le fier...
Je constatai alors que mes blessures, du moins celles qu'avaient provoqué ces sans-cœurs, cicatrisaient et disparaissaient, comme si elles n'avaient jamais été faites. Encore un truc bizarre...Je les accumulais, ce soir.
Tous trois me regardaient, paraissant attendre une parole de ma part. Je me contentai de les observer à mon tour, me demandant si mon contact les affecterait comme cela le faisait pour la plupart des êtres humains qui m'entourait. J'acceptai la main secourable que m'offrit Mickey, mais mon contact ne parut pas le troubler. C'était perturbant...et tellement soulageant. Je posai alors ma propre main sur Donald, qui parut ahuri par mon initiative, puis sur Dingo, dont l'expression me laissait dubitative. Rien du tout.
« Vous...Vous allez bien ?
-C'est à toi que nous devrions le demander. Répliqua Donald en levant les yeux au ciel.
-Quelque chose te préoccupe, Anna ? Me demanda Mickey. »
A part toutes les bizarreries qui me sont arrivées ? Nooooon, rien du tout, tout baigne !
Je remarquai toutefois que sa voix ne me faisait plus vraiment rire. Il semblerait que je me sois très vite habituée à cela...Ce n'était pas un mal. Devenir hystérique à chacune de ses paroles était un peu problématique...
« Je ne comprends rien à ce qui se passe. Ces...Ces sans-cœurs apparus de nulle part qui m'attaquent, cette Keyblade, vous...et... »
J'hésitai à le dire, mais, maintenant que j'étais lancée...
« Vous n'avez pas l'air de souffrir de mon contact.
-Pourquoi on devrait faire ça, ahyuk ? »
Ça, par contre, je ne m'y habituerai jamais...Ahyuk.
« Nous devrions discuter de cela plus tard. Il nous faut partir. Conseilla Mickey. »
Il me semblait que d'autres paires d'yeux venaient de faire leur apparition, semblant nous surveiller. Je déglutis, ne me sentant pas en état de me battre.
Mickey, Donald et Dingo m'entraînèrent à leur suite, jusqu'à un terrain vague désertique. Enfin, désert...Il y avait quand même la chose la plus débile que j'avais jamais vu de ma vie...
Un vaisseau spatial construit en legos. La quatrièèèèèème dimensiooooon...
« C'est un vaisseau gummi ! M'informa Donald. »
Ahein...Le nom était presque aussi ridicule que l'appareil.
« Et c'est pour faire quoi, si je ne suis pas trop indiscrète ?
-Pour rejoindre notre monde, ahyuk ! Me répondit Dingo d'une voix candide. »
Bien sûr...Où avais-je la tête ?
Dans ton c...
Non, ne réponds pas à cette question. Mais plutôt à celle-ci : je fais quoi, moi, dans tout ça ?
« Eh, les gars, c'est sympa de m'avoir sauvé, mais... »
Tous trois se tournèrent vers moi, intrigués.
« Euh...Vous voulez vraiment que je vous accompagne ?
-Les mondes ont besoin de toi. M'asséna Mickey. »
Hmm...
Mais moi, j'ai besoin de persooooooonne en Harley David... !
Une gifle mentale calma mon esprit défectueux. Pas le moment de passer pour une cinglée.
« Ouais, si on veut. Mais pourquoi ?
-Tu possèdes la clé ! Répondirent-ils tous ensemble. »
Après les legos, voici Fort Boyard ! On applaudit bien fort Passe-Partout, Passe-Temps et Passe-Montagne ! Youhou !
Enfin, en même temps, les poulets ne risqueront pas de te retrouver si t'es dans un autre monde...
Solution un peu extrême, mais qui a le mérite d'exister.
« Ouais, bon, je vous suis. Décidai-je finalement sur un coup de tête. »
Je ne savais pas dans quelle histoire je m'engageais, mais je sentais la galère venir...
« Au fait, il faut qu'on te prévienne ! M'arrêta Donald.
-Quoi ?
-Notre vaisseau carbure aux sourires ! Alors, souris !
-Ahyuk !
-Ha ha ! »
Je crois que ce fut le rire de Mickey qui m'acheva...J'avais beau m'être un peu habituée à sa voix, ce rire qui monte avec tant de puissance dans les aigus me plongea dans une hilarante hystérie.
« On va dire que ça ira. Conclut Donald, pas sûr des sentiments qu'il devait entretenir à mon égard. Bon, monte. »
Je le suivis, pliée en deux.
Tout ça avait beau être dangereux et complètement absurde, ça promettait aussi d'être particulièrement...désopilant. Et Dieu seul savait depuis combien de temps je n'avais pas eu l'occasion de rire de cette façon...
Fin de ce chapitre !
Bon...pour commencer, pour ceux qui se le demandent, j'adore Kingdom Hearts et si j'incendie certains points du jeu de cette manière, c'est simplement parce que je me mets d'un point de vue à peu près rationnel et que j'essaie d'exprimer de la manière la plus réaliste possible (en tenant compte de l'état mental d'Anna) les réactions que peuvent susciter ce genre de situation.
Ensuite, je prie pour que cela ne vous soit pas venu à l'esprit, je pense qu'Anna n'a rien d'une Mary-Sue. Le fait qu'elle ait une Keyblade pourrait tendre à prouver le contraire, mais, à mon sens, elle n'est ni une projection idéalisée de moi-même (bien loin de là ^^), ni parfaite (oh non ^^) et j'espère en avoir fait un personnage assez original pour qu'elle ne soit pas stéréotypée. Après, c'est peut-être prétentieux de ma part...D'autant plus que je ne sais pas trop ce que vous pourriez penser du fait qu'elle ait le crâne rasé et des tatouages ésotériques dessus...J'espère que l'idée vous plaira.
Cette fanfiction aura un rythme de parution un peu chaotique, bien que je sache où je me dirige, mais j'espère que cela vous plaira tout de même. N'oubliez pas les reviews (je carbure désespérément à ça, et encore plus dans cette période de concours blanc, puisque je ne suis pas ENCORE en vacances ^^) !
A très vite, j'espère ! (Si Mélain me lit, je voudrais savoir où en est son idée de BD pour ma fanfic les Trois élues, je suis très curieuse).
J'oubliais : le doublage amateur français de Birth By Sleep est sorti sur Youtube et je serais très flattée si vous passiez le voir. Cherchez le nom CoeursdeRoyaume et vous le trouverez. J'y joue le rôle de Blanche-Neige (pauvre de moi ^^), Javotte et Anastasie ! A plus tard !
