Tout son corps était lourd et refusait de se réveiller. A croire qu'il retournait en apprentissage et que son maître venait de lui faire passer le plus rude entraînement qui soit. Ca, ou lors de la lutte des Douze maisons.

- ...valier !

Une voix féminine appelait. Athéna ?

- Chevalier ! Chevalier des Gémeaux, réveillez-vous !

Saga parvint enfin à ouvrir les yeux. Sa vue, trouble, ne distinguait que des formes vagues ainsi que la silhouette blanche d'une jeune femme. Il s'était attendu à la voir accompagnée d'une chevelure violette pourtant aucune trace de cette couleur n'entrait dans son champ de vision.

Il geignit et bougea lentement ses membres engourdis. Son esprit ne parvenait pas à retrouver ses derniers souvenirs. Le chevalier parvint tout de même à se redresser, sentant la main ferme mais douce de la jeune fille à ses côtés l'aider à se redresser.

- Vous allez bien ?

- Je… crois…

Sa vision redevint normale bien qu'éblouie par le soleil. Un soleil qui inondait de ses rayons le Sanctuaire…

Le Sanctuaire…

Ce domaine athénien qui semblait étonnement neuf, comme s'il n'y avait jamais eu de combat. Pourtant, dans les rares souvenirs qui lui revenaient, le chevalier des Gémeaux se rappelait avoir tenté d'arrêter cinq chevaliers de bronze.

Il se retourna pour mieux évaluer les alentours et remarqua qu'il se trouvait en réalité à l'entrée de son propre temple, intact lui aussi. Confus, le jeune homme en armure posa enfin son regard sur la jeune fille. Son visage lui semblait très vaguement familier et sa tenue, modeste, lui laissa penser qu'elle devait venir de Rodorio.

- Que s'est-il passé ? Demanda t-il.

- Mh… Ce matin à l'aube, nous avons ressenti de fortes secousses, comme un tremblement de terre. Lorsque nous avons levé nos yeux vers le Sanctuaire, celui-ci était inondé de lumière et quand cette lumière finit par disparaître, tous les temples étaient redevenus comme avant, comme avant la dernière guerre sainte contre Hadès.

- Gn…

- Chevalier !

Au nom « Hadès », le crâne du Chevalier des Gémeaux fut percé par une douleur aiguë tandis que sa mémoire lui revenait d'un coup. Hadès, la guerre sainte, sa prétendue trahison envers Athéna, son combat contre Shaka, Athéna qu'il avait lui-même… tué…

- Je vais bien… finit-il par dire, rassurant la demoiselle sincèrement inquiète à ses côtés.

- Je suis désolée si mes mots ont ravivé de douloureux souvenirs… Cela fait quelques mois qu'Athéna est revenue des Enfers, tout le monde avait péri… Personne ne se serait attendu à vous voir.

Saga plongea son regard dans celui de l'inconnue tandis qu'il assimilait les nouvelles.

- Comment sais-tu tout cela ?

- Je… *la jeune femme déglutit sous le regard perçant du chevalier d'or* Je suis une des servantes de la Déesse. Son Altesse nous a chargé de lui tenir compagnie en attendant que le Sanctuaire se remette des dernières guerres. J'étais au village lorsque le tremblement de terre a eu lieu. J'ai voulu courir jusqu'au Palais pour m'assurer que tout allait bien mais je suis tombée sur vous, inconscient.

L'histoire était crédible et elle portait en effet la tenue des servantes du Palais, voilà sans doute pourquoi son visage lui avait semblé familier. Saga remarqua alors qu'à côté de la jeune fille accroupie, se trouvait son casque. Il s'en saisit et se leva pour regarder en direction du Palais.

- Tu n'as rencontré aucun autre chevalier ?

- Aucun…

Le jeune homme en armure était perplexe. Si tout était réel, cela signifiait alors qu'il avait été ramené à la vie ? Etait-ce seulement possible ? Sans compter qu'il portait l'armure d'or, et non celle des Enfers… Une autre divinité qu'Hadès pouvait-elle ramener leurs âmes ? Athéna aurait-elle pu les ressusciter ?

Il lui fallait ces réponses, et savoir s'il était réellement le seul chevalier de la déesse à être revenu. Casque sous le bras, Saga prit donc la direction de son temple puis du Palais. La servante, silencieuse, le suivit. Il ne dit rien, si elle disait vrai, elle était au départ venue s'assurer que la déesse allait bien. Et si elle mentait, alors il l'aurait directement sous la main pour lui faire avouer la vérité.

L'ascension fut rapide et surtout, sans aucune rencontre. Pourtant, plus il s'approchait du Palais, plus de puissants cosmos irradiaient. Et pas n'importe quels cosmos, il ne s'agissait pas de cosmos malveillants, tout au contraire… Le plus irradiant était l'énergie d'Athéna, entourée par celles de…

- Saga !

L'interpellé et la servante se retournèrent pour tomber sur le chevalier du Cygne, Hyôga.

- Toi aussi tu… tu es revenu ? Demanda t-il presqu'innocemment.

- Moi aussi ?

- Comment j'ai pu te louper… Les autres sont à l'intérieur, viens !

Le jeune homme dépassa l'ex-Pope usurpateur pour ouvrir les portes du Palais, ne prêtant pas attention à la demoiselle en retrait. Les confrères s'engouffrèrent dans l'édifice jusqu'à arriver dans la salle du trône d'Athéna.

Dans cette salle, Saori Kido, Athéna de cette génération, se tenait debout en haut des marches, vêtue de ses apparâts de déesse, et conversait gaiement avec sa chevalerie. Sa chevalerie d'OR. Aphrodite, Deathmask, Camus, Shura, Shaka, Mü, Aldébaran, Ailoia et Aiolos… Sans compter les cinq anciens chevaliers de Bronze, tous étaient là. Même d'autres chevaliers qu'il n'aurait pas pensé voir ici… Dohko, Shion, Kanon…

- Athéna ! Ils sont bel et bien tous revenus.

La voix du Cygne recouvrit temporairement les conversations pour attirer l'attention vers lui. La déesse leva les yeux vers lui puis vers Saga qui déglutit en se sentant percé par le regard de la princesse.

Celle-ci, étonnée au premier abord, laissa vite apparaître un visage radieux. Tous les visages des autres personnes présentes se tournèrent vers lui également.

- Saga des Gémeaux, chantonna la déesse, tu étais le seul que nous ne trouvions pas. Quel bonheur de te voir parmi nous !

- Altesse ! Je…

- J'ignore moi aussi pourquoi vous êtes tous là Chevaliers, coupa la jeune fille qui avait deviné les pensées de son Gémeau. Peut-être que Zeus, ému par votre sacrifice à tous et votre dévotion, a décidé de vous accorder une autre vie. Quelle que soit la raison, je suis ravie de votre retour.

Un léger brouhaha s'éleva à nouveau parmi les serviteurs d'Athéna. Certes cette chance n'était pas à refuser mais n'y avait-il pas anguille sous roche ? Tel était le sentiment commun partagé par tout le monde.

Saga chercha la servante du regard et la vit à l'écart, à côté de quelques autres domestiques observant la scène. Son attention fut ensuite vite captée par l'arrivée de son jumeau, Kanon, ex-Marina de Poséidon et porteur -en intérim?- de l'armure des Gémeaux.

- Une armure pour deux, il va falloir qu'on se batte à nouveau pour savoir qui l'armure préfère ?

- Content de te revoir aussi Kanon.

- Mh ? Vraiment ? Aurais-tu ressuscité avec un nouvel amour fraternel ?

- Je suis sincère, libre à toi de ne pas me croire.

Les deux hommes se fixèrent avant que l'ex-Marina laisse apparaître un sourire. Il donna une forte tape sur l'épaule de son jumeau.

- Si j'te crois, mais t'y habitue pas trop. Par contre faudra que tu m'héberges, je doute qu'Athéna accepte de laisser dormir un homme célibataire sous son toit.

L'ex-Pope allait répliquer lorsque la déesse parla à nouveau.

- Mes chers Chevaliers, je ne vais pas vous retenir plus longtemps ici. Vous vous êtes sacrifiés afin d'assurer la survie de la Terre, profitez désormais de cette ère de paix. Retournez à vos temples, enlevez vos armures et reposez vous. Toute l'Olympe sait que vous l'avez mérité. Tous vos pèchés, quels qu'ils aient été, sont pardonnés. Sachez également qu'afin de me guider, et pour retrouver une organisation stable au Sanctuaire, Shion laissera à nouveau l'armure du Bélier à Mü pour revêtir la toge de Pope. Maintenant allez.

Ainsi congédiés, les chevaliers s'inclinèrent devant Athéna et prirent la direction de la sortie du Palais. Les conversations étaient bien entendues tournées vers les derniers combats dont ils se souvenaient mais tous semblaient soulagés de s'être retrouvés. Au début de leur vingt ans, et malgré leur entraînement, tout être humain cherche à profiter de sa vie et avec cette résurrection, hors de question qu'ils échappent à la règle.