A/N : Premier chapitre du troisième volet des aventures de l'Ombre comme promis! J'espère que ça vous plaira autant que les deux premiers!^^

Bien sûr, je ne suis propriétaire d'aucuns des personnages et/ou situations dévrites dans cette nouvelle, sauf ceux que j'ai créés.

Vent de Tempêtes

Une nouvelle aventure de l'Ombre

Chapitre 1

Tiana appris, deux semaines après qu'elle eut envoyé son petit message à l'Empereur, que l'Éclair avait été presque tué pour avoir donné ses codes, bien que ce fut sans le vouloir. Il était ressortit de son « entrevue » avec l'Empereur très amoché et passablement fumant, plus que bien cuit, en fait. Elle fut heureuse de savoir que l'Éclair serait hors service pendant encore quelques jours au moins. Pour le moment, elle se considéra comme satisfaite du petit effet que son message avait provoqué. On l'avait envoyée sur Hoth pour une vérification de routine des systèmes de sécurité et elle s'y rendait dans une petite navette banalisée, qui ne contenait qu'elle-même, un pilote et un co-pilote. Khaled et Arisa étaient déjà sur place et elle les rejoignaient maintenant. Au moment où ils sortirent de l'hyperespace, le vaisseau fit une embardée qui la jeta au sol. Elle se releva et courut jusqu'à la cabine de pilotage pour voir ce qui se passait. Elle arriva au moment où le commandant parlait à l'autre vaisseau, un destroyer impérial, avec un ton tendu et un peu secoué :

- Et la priorité de passage, crétins, c'est pour les nuls? Où avez-vous obtenu votre brevet de pilote, dans une boite de céréales? Faut être inconscient pour se planter devant la sortie d'une route hyperspatiale!

- C'est vous qui avez jailli de nulle part! Nous étions là les premiers, je vous signale!

- Peut-être, mais ça ne vous donne pas le droit de vous stationner devant la sortie de la route hyperspatiale. Un poil plus près et on vous fonçait dedans, et ce n'est pas votre énorme vaisseau qui en aurait souffert!

- Il n'y a pas eu d'accident, votre vaisseau est intact et votre honneur est sauf. Circulez, maintenant!

Sur le vaisseau impérial, Vador écoutait avec intérêt l'échange entre les deux pilotes tout en se disant que le pilote de la navette n'avait peut-être pas tort. Il ferait changer son vaisseau de place dès que possible. Alors qu'elle s'éloignait, il sentit quelque chose dans la Force, une perturbation, qui venait de l'intérieur de la navette. Peut-être était-ce Skywalker, peut-être pas. Il décida de l'arraisonner car, même si ce n'était pas le jeune Luke qui était dans cette navette, c'était tout de même intéressant. Il se tourna alors vers le Commandant du destroyer et ordonna que la navette soit arraisonnée.

Dans la navette, Tiana ressentit un courant froid qui descendait le long de son épine dorsale. Une peur soudaine s'empara d'elle et elle dit au Commandant :

- Je vous suggère de quitter la zone immédiatement, Commandant. Nous n'avons que trop tarder.

- À vos ordres, monsieur.

Au moment où la navette quitta la zone, le radar indiqua que le destroyer faisait demi-tour et qu'il venait dans leur direction. Une voix surgit du système de communication et ordonna qu'ils s'arrêtent pour une vérification d'identité. Le Commandant fit alors les manœuvres d'évasions qu'il avait appris et entreprit de partir en grande vitesse. Il se tourna vers l'Ombre et dit :

- Monsieur, je vous conseille d'aller vous harnachez dans la cabine, ça risque de secouer un peu. Je ne voudrais pas que vous soyez blessé.

- Très bien, Commandant. Dit l'Ombre.

Tiana quitta précipitamment le poste de pilotage et alla se harnacher sur le siège le plus proche. Elle venait à peine de terminer quand la navette fut brassée et secouer dans tous les sens. Son harnais tint le choc et elle se dit qu'elle allait finir par être malade si ce séisme ne s'arrêtait pas. Les secousses cessèrent soudainement et elle soupira de soulagement. Être malade alors qu'elle portait ce brouilleur n'était pas une bonne idée. Elle ferma les yeux et attendit quelques secondes que son estomac cesse de tanguer et daigne reprendre son calme. C'est alors que le Commandant entra en courant dans le compartiment, l'air désespéré. Il se mit au garde a vous et annonça d'un ton grave :

- Le vaisseau impérial nous tiens dans son rayon tracteur, Monsieur, impossible de nous en défaire. J'ai bien peur qu'il ne nous faille nous défendre à la pointe du blaster, l'Ombre…

- Vous avez raison, Commandant. Nous ne nous rendrons pas sans combattre. Où est votre co-pilote?

- Il efface nos données hyperspatiales afin que les impériaux ne sachent pas où nous nous rendions.

- Excellente initiative, Commandant. Nous déguiser et tenter de nous faire passer pour des voyageurs serait long et nous n'avons pas tout ce temps devant nous.

Au moment où elle disait ces mots, une secousse ébranla le vaisseau et le co-pilote leur annonça dans le haut-parleur qu'ils avaient maintenant appontés sur le destroyer. Elle lui dit de venir les rejoindre pour ne pas séparer le groupe, ce n'était pas nécessaire au point où ils en étaient. Elle pensa aux petites dormeuses dissimulées dans le col de son uniforme mais quelque chose lui souffla qu'elle avait encore une chance de s'en sortir. Elle espéra que cette intuition lui venait de la Force et qu'elle s'avèrerait juste. Dans le cas contraire, elle ne donnait pas cher de sa peau…

*

**

Au moment où le vaisseau s'amarra dans le hangar du vaisseau impérial, les Rebelles s'apprêtèrent au combat. Dans la petite navette, la tension était palpable et Tiana s'approcha d'un des hublots pour voir ce qui se passait à l'extérieur. Elle se raidit alors et ses compagnons lui demandèrent ce qui se passait. Elle poussa un juron et dit alors que Vador venait de pénétrer dans le hangar. Elle ajouta :

- Le combat sera plus rude que prévu, je crois…

- Alors, on reste là et on attend sagement que Vador vienne nous chercher, Monsieur? On ne va quand même pas lui faciliter les choses!

- Bien sur que non, Commandant! Préparez vos blasters et voyons voir si le Seigneur Vador sait aussi éviter les coups de blaster… En attendant, ne laissons entrer aucunes troupes impériales, messieurs. En position!

Le premier Commando qui pointa son nez dans la navette fut promptement descendu et dévala la rampe plus vite qu'il ne l'avait montée. Il eut cependant le temps de lancer que les occupants de la navette étaient des Rebelles avant de succomber. À l'intérieur, les trois assiégés tenaient leurs positions avec entêtement, ne cédant aucun pouce de terrain aux impériaux. L'Ombre ne se laisserait pas capturer aussi facilement, serait-ce par Vador lui-même. Après qu'une vingtaine de Commandos se soient faits abattre en tentant de pénétrer dans la navette, le Sergent responsable des soldats vint trouver le Seigneur Vador et lui dit qu'il était impossible de pénétrer dans la navette. Les Rebelles campaient fermement sur leurs positions et ne semblaient pas prêt à sortir. Il ajouta :

- Si vous tenez vraiment à les capturer vivants, la meilleure solution serait d'utiliser une grenade paralysante, mon Seigneur. Ils seront tous au moins étourdis pendant quelques minutes.

- Faites donc, Sergent. Rappelez-vous, je les veux vivants et intacts. S'ils meurent, vous aurez affaire à moi, compris…

- Ne vous inquiétez pas, mon Seigneur, je connais mon métier. Ils seront en parfaite santé, croyez-moi.

Dans la navette, les trois Rebelles commençaient à s'inquiéter de l'apparent silence qui régnait maintenant depuis quelques minutes à l'extérieur. Tiana se dit que les impériaux devaient sans doute préparer un coup tordu et elle en fit part à ses compagnons. Ce fut à ce moment qu'elle entendit un léger bruit provenant du sas et que le pilote l'avertit qu'il y avait une grenade paralysante qui venait d'être lancée. Elle se jeta derrière le plus proche fauteuil en espérant qu'il le protègerait de la décharge alors que la grenade explosait. Elle ne fut donc qu'étourdie par la décharge mais elle avait maintenant du mal à distinguer clairement les choses car sa vue était brouillée, c'est pour cela qu'elle rata la plupart des impériaux qui entrèrent alors dans la navette, mais en toucha quand même deux, par pure chance, pensa-t-elle par après. Un tir paralysant l'atteignit cependant et elle tomba, pas vraiment inconsciente mais bien incapable de remuer un muscle. On la sortit alors de la navette et elle fut amenée devant Vador, un peu plus assurée sur ses jambes, cependant, et elle vit que ses deux compagnons étaient eux aussi amenés hors de la navette, apparemment inconscients. Elle voulut s'en assurer mais ne put s'approcher suffisamment. Vador était en conversation avec un de ses officiers supérieurs, qui ouvrit de grands yeux abasourdis en la voyant sortir de la navette, supportée par deux Commandos, et lança :

- Ça alors, je n'en crois pas mes yeux!

Vador se retourna alors et vit qui était leur prisonnier. Il en fut très satisfait et se dit qu'il avait réussi là où l'Éclair avait lamentablement échoué, grâce aux renseignements de toute évidence justes d'un informateur au sein même de la Rébellion. Il eut un rictus en songeant que l'informateur, qui qu'il soit, aurait bien du mal à expliquer son geste quand les Rebelles apprendraient que leur meilleur agent avait été capturé. Il était venu investiguer sans grand espoir de trouver quoi que ce soit, en fait, songeant plutôt qu'il devait s'agir d'un piège. Il était assez satisfait de constater que non et il regarda l'Ombre de toute sa hauteur avant de dire :

- Hé bien, comme nous nous retrouvons, l'Ombre. Cette fois-ci, je compte bien vous garder.

- Trêve de bavardages, Vador. Je sais très bien que vous n'êtes pas ici par hasard. Vous ne faites jamais rien sans raison. Vous saviez, d'une façon ou d'une autre, qu'une navette Rebelle passerait par ici. Et d'ailleurs, ne comptez pas me garder très longtemps, je n'ai pas l'intention de m'éterniser ici. Ce ne sera pas la première fois que je glisserai entre vos mains…

- Ne soyez pas si sûr de vous, l'Ombre. Votre témérité pourrait vous valoir des ennuis. Il laissa planer sa menace dans l'air quelques instants mais elle n'eut apparemment aucun effet sur l'Ombre. Il ajouta cependant : Mon informateur anonyme m'a transmit les coordonnées de votre sortie hyperspatiale alors qu'il travaille au sein même de l'Alliance. Vous avez des traîtres dans vos propres rangs, l'Ombre…

Il sentit alors une vive et froide colère émaner de la silhouette en cape verte, tout aussi rapidement réprimée. Il crut ensuite entendre les rouages de ce cerveau prodigieux se mettre en mouvement comme une machine bien huilée alors qu'il réfléchissait. Au bout d'un moment, il dit :

- J'y mettrai bon ordre. Cet informateur a donné sa dernière information.

Le ton sur lequel il dit ces mots était d'une telle froideur qu'il égalait presque celui de l'Empereur lui-même et Vador se dit une fois de plus qu'il avait devant lui un adversaire honorable et digne de lui. Il lui fit alors remarquer qu'il la tenait pour l'instant entre ses mains, et l'Ombre répondit que c'était un détail insignifiant qu'elle résoudrait avant peu. Il ordonna alors qu'on conduise les trois Rebelles dans leurs cellules, mais dit cependant, avant de les laisser quitter le hangar :

- Aucun de mes hommes n'aurait jamais osé me tenir tête de la sorte. C'est assez… rafraîchissant.

- C'est que vos hommes n'ont rien dans le pantalon, Seigneur Vador. Au fait, vous transmettrez mes vœux de prompt rétablissement à l'Éclair. C'est l'un des seuls adversaires de valeur que l'Empire m'ait opposé. Non pas que vous n'êtes pas un adversaire de valeur, Seigneur Vador, mais vous manquez quelque peu de subtilité et de temps. Pour ce qui est de l'Éclair, il ne m'a guère impressionné jusqu'à maintenant mais je laisse sa chance au coureur. Il fera mieux la prochaine fois, j'espère.

Elle se fit alors amener un peu brutalement, en fait, vers le bloc de détention et fut carrément jetée dans une cellule et serait tombée si elle ne s'était pas rattrapée au mur. Elle se releva et se retourna vers la porte maintenant close en se mettant à songer à un plan d'évasion.

Sur la passerelle, Vador ordonna qu'on mette immédiatement le cap sur Coruscant pour y déposer leur « invitée ». Il ne voulait pas que l'Ombre lui échappe à nouveau, ce ne serait pas du tout à son avantage.

*

**

Pendant ce temps, sur un autre pont du destroyer, un jeune Lieutenant revenait à ses quartiers pour se reposer et dormir un peu. Son compagnon de cabine était dans tous ses états, venant lui aussi de revenir de son service. Il semblait surexcité et son ami lui demanda s'il avait eu une promotion. Il répondit :

- On a capturé L'Ombre!

- Quoi? La vrai Ombre, celle dont tout le monde parle? Celle qui donne de l'urticaire à notre service de renseignement?

- Elle-même! Et je peux même te dire qu'elle a mit le Seigneur Vador en boite en moins d'une minute, un record! Et quand le Seigneur Vador a rétorqué qu'elle avait beaucoup de cran de lui parlé sur ce ton, elle a dit que c'était parce que ses hommes n'avaient rien dans le pantalon.

L'autre lâcha un sifflement admiratif puis reprit :

- Où est-ce qu'elle est maintenant?

- Ben, en cellule, qu'est-ce que tu crois! On ne va pas la laisser se balader sur tout le vaisseau!

Le jeune Lieutenant se mit alors à songer qu'il tenait peut-être sa chance de prendre sa revanche contre l'Empire pour la destruction de son monde natal, Alderaan. Il avait tenu secrètes ses affinités avec les Rebelles depuis trop longtemps maintenant et il était temps que cesse cette comédie pénible. La fuite de l'Ombre lui vaudrait sûrement la mort, mais lui permettrait aussi de prendre une revanche éclatante sur l'Empire. Il sortit de ses pensées et dit :

- Je vais me chercher un petit quelque chose à manger. Je reviens dans une heure, environ.

- Ok, mais essaie de ne pas faire de bruit en revenant, je vais me coucher.

Le Lieutenant Allan connaissait ce vaisseau comme sa poche, ce qui était normal puisqu'il faisait partie de l'équipe technique. Il connaissait des tunnels et des passages qui normalement, étaient utilisés pour faire l'entretien des équipements du vaisseau, ce qui lui donna une idée quand à la marche à suivre pour la suite de l'opération. Avant tout, il devait découvrir où l'Ombre et ses deux compagnons étaient emprisonnés. Pour ce faire, il se rendit discrètement dans une des salles informatiques situées près des hangars de proue, près de l'endroit où il travaillait le plus souvent. Il n'eut pas vraiment de difficulté à récupérer ces informations car il était devenu, depuis qu'il pratiquait ce genre d'activité, un véritable expert en informatique et en récupération de données cryptées. Il entra ensuite dans l'un des conduits de maintenance et se dirigea vers le bloc de détention 2.

Dans sa cellule, Tiana commençait déjà à élaborer un plan pour s'échapper. Elle pensait utiliser la méthode assez usée mais toujours très utile des conduits de ventilations, mais quelque chose lui souffla qu'elle devrait attendre encore un peu. Elle se dit que peut-être son intuition lui disait que le garde, devant la porte, risquait d'entendre. Elle ne serait d'aucune utilité si Vador décidait de la droguer pour la faire tenir tranquille. Elle attendit donc un moment où le garde serait absent, lors de la prochaine relève, dans quelques heures. Quinze minutes plus tard, environ, des bruits étranges commencèrent à se faire entendre au-dessus de sa tête et Tiana leva les yeux vers le plafond avec une expression un peu surprise. Une ouverture fut pratiquée dans le plafond et elle vit la tête de son Commandant apparaître dans l'ouverture, ce qui finit de la stupéfier. Elle ne le croyait pas aussi compétent dans le domaine de l'évasion, en tout cas! Il lui fit signe de monter, ce qu'elle fit sans hésiter, ne souhaitant pas s'attarder plus que nécessaire dans cet endroit. Dans le conduit, elle regarda son Commandant et dit :

- Vous êtes plus rapide que je ne le croyais, Commandant. Vous avez réussi à me stupéfier, je dois dire.

- Ce n'est pas à moi que le mérite en revient, Monsieur, mais à ce jeune Lieutenant. Il désignait alors un troisième homme qui se tenait un peu en retrait derrière les deux autres.

- Et vous êtes…?

- Lieutenant Allan, Monsieur. Je suis très honoré de vous rencontrer.

Au moment où il prononça ces mots, il se sentit comme scanné par le regard de l'Ombre et sut pourquoi on le considérait comme le meilleur agent des renseignements Rebelle. Ce regard le mettait très mal à l'aise et il détourna un peu les yeux. Après tout, cette personne n'avait-elle pas la réputation d'en faire voir de toutes les couleurs aux services de renseignements de l'Empire, et ne laissait pas la plus petite trace de son passage dans les dossiers? Elle prit ensuite la parole, de sa voix métallique si particulière :

- Ne sommes-nous pas supposés être dans des camps ennemis, Lieutenant? À moins que les choses n'aient changées sans qu'on ne m'en ait avertie…

- Heu… Enfin, pour être honnête, je viens d'Alderaan et vous n'êtes pas les premiers prisonniers que j'aide, d'une manière ou d'une autre… Il reprit contenance et ajouta : Si nous ne faisons pas vite, nous poursuivrons cette petite discussion dans des cellules. Dépêchons-nous!

Il les conduisit rapidement jusqu'à un poste de largage des capsules de sauvetage et leur fit signe de monter rapidement à bord de celle qu'il venant d'ouvrir. Une fois que les deux hommes furent montés à bord de la capsule, l'Ombre se tourna vers le jeune Lieutenant et lui dit :

- Venez avec nous, Lieutenant Allan. Si vous restez ici, Vador vous trouvera rapidement et alors, ce que vous pourriez espérer de mieux, c'est qu'il vous tue tout de suite. Malheureusement, je sais que cela n'est pas dans ses habitudes… Elle le regarda avec gravité avant d'ajouter, sur un ton assez sombre : Êtes-vous sûr de vouloir rester pour découvrir de quoi il est capable? Croyez-moi, ça ne vous plaira pas…

Le jeune homme constata avec stupeur que l'Ombre, l'agent Rebelle que tous les agents des services de renseignement de l'Empire redoutaient, cet agent qui défiait ouvertement l'Empereur lui-même, avait peur. Oui, il semblait avoir peur et ses paroles étaient teintées d'une minuscule pointe d'appréhension, à peine perceptible. Il en fut un peu secoué et se dit qu'il devait savoir de quoi il parlait pour l'avoir lui-même vécu, ce qui ne rassura nullement le jeune Lieutenant. Il se rendit cependant compte qu'il avait peur pour lui, ce qui le troubla encore davantage. Il ne laissa cependant rien paraître de cette réflexion sur sa physionomie avant de répondre :

- Quelqu'un doit rester ici pour éjecter la capsule et je resterai pour le faire. J'ai été honoré de vous rencontrer, dommage que je ne puisse discuter plus longtemps avec vous, l'Ombre. Vous êtes vraiment fascinant…

Sur ces paroles, il l'attrapa et la poussa dans la navette tout en refermant la porte derrière elle. Ses hommes la rattrappèrent et l'empêchèrent ainsi de s'étaler par terre bien peu cérémonieusement. Son chronomètre lui apprit qu'il ne restait que dix secondes avant le passage en hyperespace et il attendit encore cinq secondes avant d'appuyer sur le bouton d'éjection. Il regarda la navette quitter le plot d'éjection puis vit les étoiles se changer en traînées bleue et blanches alors que le vaisseau passait en hyperespace.

Il se dépêcha alors de quitter la zone et prit plusieurs raccourcis pour gagner d'abord les toilettes et ensuite la cantine, où il prit une légère collation avant de retourner se coucher. Il eut l'impression de ne dormir que depuis cinq minutes quand les alarmes retentirent et le tirèrent de son sommeil. Il sentit un choc sous lui et entendit un « Aie! » qui venait de la couchette du dessous. Il se pencha par-dessus le bord de sa propre couchette et dit, sur un ton moqueur :

- Tu t'es encore cogné la tête, Mallik? T'es vraiment impayable!

- Qu'est-ce qui se passe, tu crois?

- J'en sais rien… Pourquoi tu me demandes ça à moi?

- Comme ça…

- Comment tu veux que je sache ce qui se passe à l'autre bout du vaisseau? Recouches-toi, Mallik…

Sur ce, les deux amis éteignirent la lumière et se rendormirent au bout de quelques minutes. Quelques heures plus tard, le réveil sonna et Mallik se cogna la tête sur le fond de la couchette d'Allan. Ce dernier leva les yeux au plafond en poussant un soupir de résignation. Il lui dit aussi que, s'il voulait changer de couchette, il n'avait qu'à le demander. Les deux hommes se levèrent et se préparèrent pour prendre leur service, quand leurs deux autres compagnons de chambre entrèrent dans la cabine. Mallik, toujours aussi curieux à propos de l'alerte qui avait été donnée la nuit précédente, leur demanda :

- C'était quoi, cette alerte, la nuit dernière?

- Un prisonnier qui se serait échappé, d'après ce que j'ai cru comprendre. Répondit le plus jeune des deux. Il ajouta, sur un ton un peu impressionné : Pas n'importe quel prisonnier, d'ailleurs, mais l'Ombre en personne!

- C'est vrai, je travaillais dans le coin du bloc de détention 2, cette nuit. J'ai vu le Seigneur Vador y entrer en coup de vent et, quelques minutes plus tard, le corps du Commandant Stile, en charge de l'endroit, en a été sorti. Il avait la tête qui formait un angle bizarre avec son corps… Renchérit le second avec un léger frisson.

- Il lui a brisé la nuque? Juste comme ça? Mallik eut un frisson avant de poursuivre :

Hé bien, ce n'est pas génial…

En entendant ces paroles, le Lieutenant Allan eut un léger frisson intérieur et pria de tout cœur pour que Vador ne le découvre pas de sitôt, du moins, pas avant qu'il ne se soit un peu calmé.

*

**

Dans ses quartiers, Vador fulminait littéralement. L'Ombre lui avait échappé pour la deuxième fois! Encore heureux qu'il n'en ait pas encore informé l'Empereur, il n'était pas d'humeur à donner des explications! Il avait déchaîné sa colère sur le Commandant Stile, qui s'occupait de la surveillance de l'Ombre, surtout parce que cet incompétent n'avait pas suivi ses instructions à la lettre. Il lui avait ordonné de faire poster un garde à l'intérieur de la cellule avec l'Ombre, ce qu'il n'avait pas fait! D'ailleurs, il n'aurait plus l'occasion de commettre ce genre de bêtises. Il songea que l'Ombre n'avait pas put s'échapper aussi vite sans aide extérieure et qu'il devait donc rechercher un traître à l'intérieur même du vaisseau. Il décida de méditer un moment avant d'entreprendre son enquête car il voulait avoir l'esprit parfaitement clair.

Quelques heures plus tard, il commença ses recherches. Bien que pas vraiment aussi compétent que l'Ombre pour ce genre de tâche, Vador se débrouillait très bien, surtout parce que personne n'osait lui cacher quoi que ce soit. Il savait comment l'Ombre s'était échappée, dans une capsule de sauvetage, à peine cinq secondes avant l'entrée en hyperespace. Cela voulait dire que le traître savait quand le vaisseau devait entrer dans l'hyperespace et avait calculé son plan avec soin et précision.

Après quelques jours, il se rapprochait du traître. Il savait maintenant qu'il avait utilisé les conduits de maintenance pour se rendre jusqu'aux cellules et qu'il en avait tiré les prisonniers au nez et à la barbe des soldats, ce qui dénotait une certaine expérience en la matière. Il chercha donc dans l'historique du vaisseau et vit que celui-ci avait le pire score de l'Empire pour ce qui avait trait à la garde ou à la survie de ses prisonniers, mais seulement depuis la destruction d'Alderaan. Il comprit alors le possible motif du traître. Il chercha donc qui étaient les membres d'équipage du vaisseau qui étaient originaire de cette planète et en trouva trois. L'un d'entre eux était pilote et sa famille n'était pas sur Alderaan lors de sa destruction; le second, un technicien, était un orphelin et n'avait donc pas de famille; le troisième, aussi un technicien, avait perdu toute sa famille lors de la tragédie. Les deux premiers étaient donc hors de cause, ne restait donc que le dernier, un Lieutenant nommé Allan. En tant que technicien, il connaissait les conduits de maintenance et avait accès aux codes des capsules de sauvetage. Malheureusement, cela ne prouvait encore rien et il ne voulait pas accuser un innocent, ce qui donnerait une bien mauvaise publicité à l'Empire.

Il poussa alors les recherches sur les caméras de surveillance et tomba sur quelque chose d'intéressant. Il vit un Lieutenant pousser l'Ombre dans une capsule de sauvetage, fermer la porte derrière elle et regarder son chronomètre avant de lancer l'éjection. Même éclaircie, l'enregistrement ne prouvait rien de plus car on ne voyait l'homme que de dos. Ça n'allait pas du tout! Il lui fallait une preuve irréfutable!

Il alla ensuite interroger les collègues et les amis du jeune Lieutenant pour reconstituer la séquence des évènements qui s'était déroulés la nuit où l'Ombre s'était évadée. Il apprit que le Lieutenant Allan avait quitté sa cabine à 2h et qu'il avait dit aller à la cantine manger un morceau. Il savait que, pour faire le trajet entre sa cabine et la cantine, il fallait au plus 20 minutes, et il en avait mit trente, arrivant à 2h30. Il y était resté quinze à vingt minutes et était retourné se coucher, très certainement. Il y avait donc dix minutes de blanc dans son récit, ce qui ne constituait encore qu'une preuve circonstancielle. Il décida quand même que le moment était venu de confronter le suspect et demanda au Capitaine de venir le retrouver à ses quartiers. Il commençait à trouver le jeu assez amusant et comprenait pourquoi l'Ombre y était tellement attaché!

Le Capitaine Pratt arriva quelques minutes plus tard, passablement nerveux et inquiet, car il connaissait bien la réputation que son vaisseau avait au sein de la flotte impériale. Il entra dans la pièce quand il y fut autorisé et se mit au garde à vous devant Vador, qui semblait l'attendre avec une certaine impatience. Il se tourna vers lui et lui dit :

- Capitaine, je crois avoir réussi à identifier votre traître. Quelqu'un, dans votre équipage, s'amuse à libérer vos prisonniers Rebelles et ce, depuis près de deux ans et demi.

- Quoi?! C'est impossible, mon Seigneur, seul un agent Rebelle aurait put perpétrer de telles actions! J'ai toute confiance en mon équipage!

- « Capitaine, il arrive qu'un homme change d'opinion au cours de sa vie… Des circonstances particulières peuvent emmener ce genre de changement. Une tragédie, par exemple… Réfléchissez, quelle tragédie, qui a eu lieu il y a près de deux ans et demi, aurait put amener un de vos hommes à changer sa façon de penser? »

Le Capitaine réfléchit quelques minutes. La lumière finit cependant par se faire dans son esprit et il ouvrit de grands yeux en constatant cette évidence. Bien sûr, c'était la seule chose qui pouvait expliquer un revirement d'attitude aussi brusque et amener un homme à trahir. Il ne savait cependant pas qu'un natif d'Alderaan se trouvait sur son vaisseau. Il dit cependant, sur le ton de l'évidence :

- La destruction d'Alderaan, bien sûr… Qui est l'homme que vous soupçonnez, mon Seigneur?

- Un jeune Lieutenant des services techniques, un homme qui s'appelle Allan. Toutes les preuves que j'ai réussi à amasser m'amènent à croire que ce jeune homme est celui qui a libéré l'Ombre il y a quelques jours et qu'il est aussi, très certainement, responsable des autres évasions qui ont eu lieux ces deux dernières années. Cette activité s'est somme toute avérée très stimulante, et je commence à comprendre pourquoi l'Ombre semble y être si attachée.

- Vous voulez que nous allions appréhender le suspect, Seigneur Vador?

- Bien sûr… De plus, il ne s'attendra certainement à cela. Comme il n'a pas été démasqué depuis tout ce temps, il doit avoir une trop grande confiance et lui et croire qu'il pourra continuer ses activités en toute impunité… Suivez-moi, Capitaine. Postez aussi une dizaine de soldats autours de la zone, mais qu'ils ne se fassent pas voir. Il partit à grandes enjambées, suivi par le Capitaine Pratt. Il ajouta, comme pour lui-même : Voyons voir comment ce jeune homme saura s'en sortir…

*

**

Quand ils arrivèrent dans le hangar, ils découvrirent une scène pour le moins surprenante. Un pilote se faisait vertement tancer par un jeune technicien, qui ne mâchait pas ses mots pour lui dire sa façon de penser concernant les « modifications » qu'il avait tenté d'apporter à son chasseur. Il disait :

- La prochaine fois, laisse ces manipulations aux professionnels! Si tu veux te suicider, c'est le meilleur moyen d'y arriver! Maintenant, va donc te doucher, peut-être que ces mauvaises idées seront lavées en même temps que la saleté, on peut toujours l'espérer!

À ces mots, tous les techniciens et les pilotes présents éclatèrent de rire et commencèrent à charrier le pauvre pilote, qui s'en allait d'un air assez contrit sous les quolibets de ses camarades. Vador et le Capitaine pénétrèrent alors dans la pièce et tous les rires se turent et le silence se fit. Le pilote contrit en profita pour quitte la pièce sans se faire davantage remarquer. Le Capitaine Pratt, quant à lui, prit un air autoritaire et dit :

- Ce genre de comportement est peut-être accepté sur les bases Rebelles, mais pas ici. Vous êtes des Officiers impériaux, messieurs, pas des enfants! Je ne tolèrerai pas un tel comportement de cour de récréation! Maintenant, retournez au travail! Que ceux qui n'ont pas affaire ici partent immédiatement!

Trois pilotes, les autres membres de l'escadrille du jeune pilote qui venait de se faire réprimander, partirent en chuchotant et ricanant entre eux vers la même porte que leur camarade avait emprunté. Quant aux autres techniciens, ils retournèrent à leurs occupations et s'activèrent. Le jeune Lieutenant qu'ils venaient voir retourna lui aussi vers le chasseur qu'il devait réparer en pestant contre l'incompétence des apprentis techniciens à qui on devrait interdire de s'approcher d'une boite à outils. Lorsque Vador approcha, il put saisir la fin de la phrase, dans laquelle le jeune technicien disait, d'un ton passablement découragé :

- Ça va me prendre des heures pour réparer ce foutoir! On a pas idée de…

Il continua alors à marmonner de façon inintelligible d'un air de plus en plus sombre. Il s'acharna alors sur un boulon particulièrement rouillé et des plus récalcitrants quand une main gantée de noir passa devant lui et saisit le manche de la clé, dévissant le boulon coincé d'un seul coup. Le Lieutenant sursauta violement et se cogna la tête sur le bord de l'aile du TIE tout en se retournant et en tentant de se mettre au garde à vous en même temps. Le tout ne fut pas une grande réussite, mais il réussi tout de même à ne pas tomber par terre et se mit finalement au garde à vous, l'air contrit et surprit en même temps. Il dit, sur un ton un peu tremblant :

- Seigneur Vador, Capitaine Pratt, je ne vous avais pas entendu approcher! Il prit un ton plus rigoureux pour continuer : Lieutenant Allan, à vos ordres!

- Repos, Lieutenant. Dit le Capitaine avant d'ajouter, sur un ton tout aussi autoritaire : Veuillez nous suivre, jeune homme. Nous voulons vous poser quelques questions.

Pensant qu'ils voulaient peut-être seulement le questionner dans le cadre de l'enquête que le Seigneur Vador menait concernant l'évasion de l'Ombre, il les suivit docilement. Faire le contraire aurait parut suspect et il voulait conserver son innocence le plus longtemps possible. « Il se peut qu'ils ne me soupçonnent même pas, en fait… De toute façon, je n'ai pas le choix… », songea Allan en sortant du hangar, encadré par Vador et le Capitaine Pratt. Ils le conduisirent seulement dans une pièce vide, pas très loin du hangar où il travaillait, ce qui le réconforta un peu plus. On ne le conduisait pas en cellule, après tout, ce qui était un bon point! Ce fut le Seigneur Vador qui prit la parole le premier, et ses mots glacèrent le jeune homme jusqu'au cœur :

- Je tenais à ce que nous ne soyons pas dérangés, jeune homme. Depuis quand aidez-vous des prisonniers Rebelles à s'évader?

Il était démasqué! Il devait maintenant réfléchir à toute vitesse pour tenter de sauver sa peau sinon il finirait devant un peloton d'exécution avant d'avoir même put y songer. Il prit donc un air légèrement surprit pour répondre, sur le ton de l'incompréhension :

- Je ne comprends pas de quoi vous voulez parler, Seigneur Vador.

- Ha non? Répondit Vador sur le ton de la conversation, avant d'ajouter, plus durement : Expliquez-moi alors les dix minutes manquantes dans votre emploi du temps, la nuit où l'Ombre a été libérée.

Encore une fois, le jeune homme se retrouva dans l'obligation de penser rapidement et de trouver quelque chose à répondre qui ne pourrait laisser croire qu'il ne disait pas la vérité. Sa réflexion ne prit que quelques secondes et il n'en laissa rien paraître sur son visage, qui demeura impassible et légèrement surprit. Il dit donc, sur un ton posé :

- Je me suis arrêté à la salle de bain, mon Seigneur.

- Y a-t-il quelqu'un qui puisse confirmer ce que vous dites?

- Malheureusement non, mon Seigneur, il n'y avait personne quand je m'y suis rendu, et personne n'est entré pendant que j'y étais. À cette heure de la nuit, c'est plutôt normal…

- Piètre alibi. Avez-vous autre chose à proposer?

- Mon Seigneur, ce n'est pas ma faute si personne n'est passé pendant que j'y étais! On était au beau milieu de la nuit!

Vador lui donna alors des renseignements sur les preuves qu'il avait réussi à amasser, en laissant aussi sous-entendre qu'il y en avait d'autres. Cependant, il dut bien admettre que le jeune homme s'en sortait plutôt bien. Il répondit que ces preuves étaient seulement circonstancielles et qu'il ne pouvait pas l'accuser. Il n'était pas certain que c'était bien lui le traître. Il ajouta :

- Je ne suis pas le seul Alderaanien à bord, mon Seigneur. Je connais deux autres personnes qui en sont aussi originaires. Ce peut très bien être l'un d'entre eux!

- Ils ont déjà été interrogés et ils sont hors de cause. Ce ne pouvait pas être eux car ils ont tous deux un alibi imparable pour la nuit où l'Ombre a été délivrée et des témoins peuvent le confirmer. Vous seul ne pouvez prouver vos dires, Lieutenant Allan.

- Vous n'avez pas songé qu'il pouvait y avoir un agent Rebelle infiltré à bord, Seigneur Vador? Ce pourrait être lui qui l'a libéré. Quant à moi, je n'ai rien à ajouter, mon Seigneur, si ce n'est que vous vous trompez de personne.

- Cela aussi a été vérifié. Aucun agent Rebelle ne resterait plus de deux ans sur un vaisseau qui a aussi peu d'importance stratégique au sein de la flotte. Il n'y en a aucun à bord en ce moment, je puis vous l'assurer.

- Puis-je retourner travailler, mon Seigneur? Je suis sûr que vous finirez par trouver votre traître, mais ce n'est pas moi, je vous l'assure.

Il sentit alors que Vador commençait à concentrer son esprit sur lui et entreprit une retraite stratégique vers la porte, mais Vador l'attrapa par les épaules et l'attira à lui, lui broyant presque les bras au passage. Il sentit une intrusion forcée dans sa mémoire et tenta – vainement – de lui résister. Il avait la tête en feu et croyait qu'elle n'allait pas tarder à exploser. Quoi que Vador soit en train de faire, cela était en train de le tuer! Il sentit sa mémoire comme… épluchée couche par couche et comprit alors que Vador saurait avec précision tout ce que lui-même voulait désespérément lui cacher. Il hurla de douleur, incapable de penser tant son cerveau semblait à vif, puis tout disparut brusquement et il tomba sur le sol comme une poupée de chiffons. Le Capitaine se pencha sur le jeune homme et vérifia qu'il était encore en vie, ce qui était le cas. Vador dit alors, sur un ton triomphant :

- Je savais que je ne me trompais pas, Capitaine. C'est bien lui notre traître. Emmenez-le en cellule et faites-le examiner par un médic. Il faudra qu'il réponde quand même à quelques autres questions…

- Bien, mon Seigneur.

*

**

Pendant ce temps, Mallik, le compagnon du Lieutenant Allan, se demandait pourquoi Vador et le Capitaine Pratt voulaient lui parler. Il s'inquiétait de ne pas le voir revenir et en était presque arrivé à la décision de partir à sa recherche quand il vit passer devant les portes du hangar quatre Commandos qui portaient un brancard, sur lequel son ami était couché. Il en lâcha presque ses outils et se cogna la tête en se redressant trop brusquement, s'en rendant à peine compte tant il était saisi. Il vit aussi le Seigneur Vador passer, suivant les soldats, et il décida de les suivre un moment, sans se faire remarquer. Il réussi a s'éclipser et sortit dans le couloir pour suivre les soldats lui aussi. Il ne réussit cependant pas à les filer très longtemps car Vador sembla vite se rendre compte qu'on le suivait et se retourna brusquement, laissant à peine le temps à Mallik de se dissimuler dans un réduit. Tout ça ne lui disait rien qui vaille et il voulait découvrir pourquoi son meilleur ami semblait à moitié mort et ce que Vador lui voulait. Pour le moment, cependant, il ne pouvait rien faire et il retourna au hangar au pas de course. Il retournerait aux renseignements plus tard.

*

**

Deux heures plus tard, Allan retrouva partiellement conscience, avec le pire mal de tête qu'il n'ait jamais eu de sa vie. Il était couché sur une surface inconfortable et ouvrit les yeux lentement pour tenter de voir où il se trouvait, mais dut y renoncer quand des lames de feu semblèrent s'enfoncer dans sa tête dès qu'il entrouvrit les paupières. Il se dit cependant qu'il ne devait pas être dans sa cabine car, quoi que Vador lui ait fait, il était persuadé que maintenant, il savait hors de tout doute que c'était bien lui qui avait libéré l'Ombre. Il poussa un gémissement intérieur en se disant que ses ennuis ne faisaient qu commencé car Vador ne s'arrêterait certainement pas là, d'après ce qu'il en savait. Il était cependant si étourdi qu'il ne tarda pas à retomber dans les pommes. Durant les heures qui suivirent, il eut vaguement conscience que plusieurs personnes entraient et sortaient de la pièce, et qu'on lui prenait la température et divers autres examens. Il entendait des voix mais ne parvenait pas à distinguer les mots, qui se perdaient dans une sorte de brouillard épais qui enveloppait son cerveau. Il perdit encore conscience et, après un temps indéterminé, eut l'impression de flotter dans un liquide. Quand il se réveilla, il était couché dans un lit de l'aile médicale et un médecin était penché sur lui. Il dit :

- Hé bien, mon garçon, il était temps que vous émergiez enfin! Nous commencions à nous inquiéter.

- Merci. Qu'est-ce qui m'est arrivé, au fait? Tout ce dont je me rappelle, c'est d'une conversation avec le Seigneur Vador et le Capitaine Pratt, puis d'un horrible mal de tête.

- Hum… Je crois que le Seigneur Vador pourrait mieux vous renseigner que moi, jeune homme. Il arrivera dans quelques minutes.

- Je pense que j'aurais préféré rester dans les pommes. Vous ne pourriez pas lui dire que je me suis rendormi?

Une voix qu'il reconnu immédiatement se fit alors entendre depuis l'entrée de la pièce et Allan se rencogna dans ses oreillers, comme pour s'y fondre. Vador répondit d'un ton froid :

- Je ne crois pas, Lieutenant. Il se tourna vers le médecin pour poursuivre : Quand sera-t-il prêt, docteur?

- Demain matin, mon Seigneur. Il doit encore se reposer et reprendre quelques forces.

Le jeune Lieutenant se retourna dans son lit et tenta de se faire oublier, du moins pendant quelques heures encore. Cependant, Vador s'adressa à lui et il dut se remettre sur le dos pour le regarder en face.

- Vous avez de la chance de pouvoir bénéficier d'une nuit de plus pour dormir, Lieutenant. Ce n'est qu'une question de temps avant que vous ne me disiez tout ce que je veux savoir…

Le pauvre garçon se ratatina quelque peu sous le regard intense de Vador et se dit qu'il était cuit. Il ne lui laisserait cependant pas le plaisir de le voir craquer immédiatement et le laisserait mariner un peu. Il savait cependant qu'il était préférable pour lui de ne pas pousser trop loin sa chance et il lui dirait a terme tout ce qu'il voulait savoir. Il était assez résistant pour sauver les apparences et ne commencer à parler que quand lui le déciderait. Il n'était pas fou d'enthousiasme à l'idée de ce qui l'attendait mais il ne voulait pas perdre la face, non plus. Vador se retira alors et Allan se rencogna dans ses oreillers, prêts à se rendormir.

Le lendemain matin, il fut transféré dans une cellule mais n'y resta pas très longtemps, car Vador vint le chercher seulement quelques minutes plus tard. Il fut alors conduit dans une pièce qu'il reconnut comme étant une salle d'interrogatoire, avec ses divers instruments, tous plus rébarbatifs les uns que les autres. On l'attacha solidement à une table et il se détendit autant qu'il le pouvait, dans une position aussi inconfortable, puis attendit la suite avec une certaine tension et une pointe de peur logée dans ses tripes. On commença par le droguer pour qu'il offre moins de résistance et soit plus loquace, et aussi pour exacerber ses sensations, de sorte que le moindre affleurement était douloureux, mais ce n'était qu'un début, bien sûr. Pendant la première heure, il réussit à serrer les dents pour ne pas crier et se fit violence pour éviter de se débattre trop violement. Cependant, plus le temps passait et plus les techniques utilisées par Vador devenait rudes et le jeune homme lâcha son premier cri au bout de près d'une heure quinze. Par la suite, il ne put plus vraiment retenir ses réactions et hurlait de plus en plus souvent. Il résista cependant à cette première séance et fut ramené dans sa cellule au bout de trois heures, à moitié conscient et assez épuisé. Il raconta tout à Vador à la fin de la deuxième séance, qui avait duré près de quatre heures. Il ne pouvait plus résister et préférait déballer son sac maintenant plutôt que de jouer les martyrs encore un jour de plus. Il fut ensuite ramené à sa cellule et eut droit à un repas pour la première fois depuis deux jours, qu'il avala lentement pour ne pas se rendre malade. Il reçut la visite de Vador tard ce soir-là et dit, d'un ton las et résigné :

- Vous ne m'avez pas encore assez torturé, Seigneur Vador? Je vous jure que je vous ai dit tout ce que je savais…

- Je n'en doute pas une seconde mais ce n'est pas pour cela que je suis venu, jeune homme. Votre sentence a été prononcée et il a été décidé que vous seriez transféré dès demain dans un camp de travail impérial.

- Alors, non content de me briser physiquement, vous me condamnez à l'esclavage? Ça ne me surprend pas du tout de votre part, mon Seigneur…

- Mesurer vos paroles, mon garçon. Je pourrais très bien décider de vous exécuter sur le champ…

- Je n'en doute pas une seconde mais, comme je n'ai plus rien à perdre, ce qui peux m'arriver maintenant m'importe peu. Exécutez-moi, si ça vous fait plaisir. Il n'y a plus rien qui me retienne ici depuis que ma famille a été détruite par votre Étoile Noire.

Il sentit alors comme une poigne invisible mais très puissante se refermer sur sa gorge et il commença à suffoquer. Il voyait des points noirs devant ses yeux et ses oreilles bourdonnaient mais il entendit très clairement les paroles de Vador, dites d'un ton venimeux et glacé :

- Votre vie vous importe peut-être peu mais je peux trouver d'autres moyens que la mort de vous faire regretter votre insolence. Ne faites pas l'erreur de me sous-estimer ou de présumer de mes réactions.

Allan sentit la pression se relâcher sur sa gorge à ce moment et il retomba sans force sur le dos, le souffle court et les joues rouges. Il entendit la porte de sa cellule s'ouvrir et Vador quitter la pièce à grands pas, puis il se retrouva seul. Il était encore assez affaibli et avait des courbatures dans tout le corps, mais il sentait une intense colère brûler dans sa poitrine, qui lui redonnait des forces. Il essaya de se rendormir en chassant de son esprit ses idées noires quant à son avenir, mais un bruit provenant du plafond l'en empêcha. Il leva les yeux et vit une plaque du plafond se déplacer sur le côté et le visage de Mallik s'encadrer dans l'ouverture nouvellement créée. Il en fut si stupéfait qu'il en resta bouche bée, ce qui fit bien rire le jeune technicien qui se glissait par l'ouverture et se laissait tomber au sol.

- Mallik!?! Mais qu'est-ce que tu fiches ici? Tu vas avoir des ennuis si tu te fais attraper!

- Voyons, j'ai toujours des ennuis, tu le sais bien, Allan! Plus sérieusement, il ajouta, l'air inquiet : Qu'est-ce qu'ils t'ont fait, Al? Tu as l'air d'un zombie…

- Les interrogatoires de Vador sont loin d'être une partie de plaisir, Mallik… Une ombre de souffrance passa sur son visage alors qu'il poursuivait : La torture est un moyen de persuasion très efficace…

- Tu as été torturé? Mais pourquoi, enfin! Dis-moi que ce n'est pas vrai que tu es un traître, qu'ils se trompent…!

- Ils ne se trompent pas, Mallik. L'interrompit le jeune homme d'un ton las. Il ajouta : C'est vrai, j'ai aidé des prisonniers Rebelles à s'évader depuis plus de deux ans, maintenant. Ou je leur ai donnés le moyen de se suicider pour éviter la torture. Il regarda son meilleur ami dans les yeux pour conclure, d'un ton extrêmement sérieux : Je SUIS un traître, Mallik, rentres-toi bien ça dans la tête.

Comme frappé par une gifle, le jeune homme fit un pas en arrière et se raidit, l'air déboussolé, avant de dire, sur un ton plein d'incompréhension :

- Comment as-tu put faire une chose pareille, Allan? Je croyais bien te connaître mais je vois que je me trompais. Il poussa un soupir et son regard se durcit. Il poursuivit, sur un ton plus froid : Quoi qu'il t'arrive maintenant, Allan, je ne peux plus t'aider. Bonne chance, mon ami.

Sur ces paroles, il remonta dans le conduit de ventilation et repartit vers les hangars. Allan le regarda partir, des larmes dans les yeux. C'était sans doute pire que les séances de torture qu'il avait dut subir et il se sentait maintenant plus que seul. Son meilleur ami venait de l'abandonner à son sort et lui avait tourné le dos. Il n'avait plus que lui-même et devait affronter son sort sans aucun soutien de l'extérieur. Il avait espéré recevoir au moins de la compréhension de la part de Mallik, pas cet accueil froid et dur. Lui aussi avait crut le connaître mais s'était de toute évidence trompé sur son compte. Demain, il partirait vers un camps de travail, sur une planète dont il ne connaissait même pas le nom, pour y devenir un esclave dont personne ne se préoccuperait. Personne ne viendrait lui donner de quoi mettre fin à son calvaire et il se laissa doucement sombrer dans un état de résignation et de morosité, dans lequel il était encore quand on vint le chercher le lendemain matin pour le conduire vers sa future résidence, et une vie morne d'esclave, sans espoir et sans soutien.