Ca fait maintenant un an que maman est décédée, mais je ressens son absence dans les moindres recoins de cette immense maison dans laquelle je me sens si peu à ma place. Elle avait le don rare de tout rendre chaleureux, de détendre l'atmosphère par sa seule présence dans une pièce… Tout mon contraire. Quand par hasard il m'arrive de croiser Kimitaka, mon demi frère aîné, dans les couloirs, ou bien il m'ignore ostensiblement ou bien j'ai droit à des remarques blessantes diverses et variées. Je sais qu'il n'a jamais accepté le remariage de son père avec ma mère, qu'il considérait comme une intrigante prête à tout pour mettre la main sur la fortune familiale… et même pire. Et je sais aussi qu'il me met dans le même sac. Mais ça me blesse parce qu'autant maman que moi, on a aucune mauvaise intention. Tout ce qu'elle voulait, c'était qu'on la laisse aimer papa et moi… je voudrais juste que mon frère m'aime rien qu'un peu. Je sais, c'est puéril, mais je n'ai que vingt-deux ans aussi, alors c'est normal de souhaiter ça je pense.

Un lourd soupir m'échappe alors que je me dirige vers ma chambre et une voix familière se fait immédiatement entendre près de moi, comme chaque fois que, pour une raison ou pour une autre, je n'ai pas le moral.

- Pourquoi ce soupir de si bon matin, Takahisa-sama ? Les soupirs font fuir le bonheur vous savez.

- Koyama…

Un doux sourire flotte sur ses lèvres, comme chaque fois qu'il me parle et derrière ses lunettes, son regard posé sur moi est plein de bonté.

- Vous avez vu mon frère ce matin ?

- Kimitaka-sama est parti pour le bureau très tôt. Etre le successeur du groupe Yokoyama est une très lourde charge pour quelqu'un d'aussi jeune que votre frère.

- Je sais… Et moi je suis parfaitement inutile au groupe et à la famille…

- Ne dites pas ça, c'est tout à fait faux.

Il est gentil de le dire, mais je sais que ce n'est pas vrai. Mes études ne font pas de moi quelqu'un d'utile et Kimi nii-chan le sait très bien. C'est pour lui une raison de plus de me haïr.

- Allons, venez déjeuner. Les choses semblent toujours moins dramatiques quand on a l'estomac plein.

Je le suis en traînant les pieds jusqu'à la salle à manger, cette pièce bien trop grande et imposante pour que seules quatre personnes (enfin trois maintenant) y mangent et m'assois. Il m'a fallu tellement de temps pour m'habituer à être servi comme un prince par un majordome. Surtout aussi stylé que Koyama. Maman et moi ne venons pas du tout du même milieu que papa et nii-chan, alors il a fallu nous adapter. Heureusement, papa n'est pas du tout l'archétype du riche arrogant qui méprise les plus pauvres que lui. Au contraire même, il est très chaleureux et amical avec tous sans distinction de classe sociale. C'est ce qui fait qu'il est si apprécié des employés du groupe.

- Quelle mine sombre dès le matin, mon cher Takahisa, fait alors une nouvelle voix familière près de moi.

- Oncle Masahiro…

- Tu te fais encore du souci pour l'attitude de Kimitaka envers toi, pas vrai ?

- Hum…

- Mon cher neveu, je pense que tu accorde trop d'importance à ce que ton frère peut bien penser de toi, dit-il en prenant place sur la chaise à côté de la mienne pendant que Koyama s'active silencieusement autour de nous.

- Je sais mais je ne peux pas m'en empêcher. J'ai toujours voulu avoir un frère et maintenant que j'en ai un, il…

- Je sais mon petit, je sais… dit-il en me tapotant la cuisse. Ta position n'est pas simple, mais je pense qu'elle s'arrangera avec le temps. Tu as vu Takuya ce matin ?

- Non. Je pense que papa et nii-chan sont au même endroit, donc au bureau. Ils passent leur temps là-bas ces derniers temps avec cette histoire de fusion…

- Ah oui la fusion. C'est à ce sujet qu'il faut que je parle à mon frère d'ailleurs. Bien je vais te laisser. Koyama, prenez bien soin de mon cher neveu, je compte sur vous.

- Certainement, répond immédiatement l'interpellé en s'inclinant aussi bas que le lui permettent les assiettes qu'il tient. Je vous souhaite une excellente journée.

Sur ces mots, mon oncle se lève et quitte la pièce, me laissant seul avec notre majordome. Un nouveau soupir m'échappe.

- J'ai fais les pâtisseries que vous préférez ainsi que votre thé favori, Takahisa-sama.

- Pas faim…

- Vous en êtes sûr ? Vous ne voulez même pas y goûter ?

Je secoue la tête et quitte la pièce à mon tour, une boule dans la gorge. Quand maman a épousé papa, je me doutais que nii-chan ne nous accueillerait pas à bras ouvert, mais je ne m'attendais pas à une telle hostilité. Il s'est toujours abstenu de la montrer devant papa par contre, il s'est toujours contenté d'allusions fielleuses quand maman était dans les parages. Et maintenant qu'elle n'est plus là, que j'ai perdu mon seul allié…

- Tiens tu es encore là toi…

Ce ton froid et coupant, plein de dédain comme si j'étais un vermisseau indigne de se retrouver en sa présence, plein d'étonnement aussi comme s'il s'attendait chaque jour à ce que j'ai quitté la maison… Je relève la tête. Kimitaka est devant moi. Superbe de prestance et de charisme dans son costume sombre d'une grande marque de luxe. Moi à côté, je fais bien pâle figure.

- Nii-chan…

- Je t'ai déjà dis mille fois de ne pas m'appeler comme ça. Tu es sourd en plus d'être inutile ? me demande-t-il, glacial.

Je déglutis de nouveau péniblement et trouve soudain fascinant le magnifique carrelage du hall.

- Tu… venais chercher quelque chose ?

- Mêle-toi de tes affaires, ça ne te regarde pas. Et ne me parle pas si je ne t'adresse pas la parole, ça aussi je te l'ai déjà dis mille fois.

Sur ces mots, il s'éloigne d'une démarche élégante mais rapide et disparait de mon champ de vision. C'est une réaction enfantine, mais j'ai envie de pleurer, parce que ce schéma se répète indéfiniment. Au moindre pas que j'essaye de faire dans sa direction, je suis renvoyé dix mètres en arrière. Jamais il ne m'acceptera, jamais il ne m'aimera même un peu. Pour lui, ma simple existence est aussi gênante qu'un caillou dans sa chaussure. J'ai l'impression d'être Cendrillon qui est détestée par ses demi-sœurs. Sauf que je me retrouve pas boniche.

Je retourne donc dans ma chambre, me préparer pour ma bouffée d'oxygène quotidienne : mon départ pour la boutique de fleurs où je travaille à temps partiel depuis quelques mois. Tout le monde est gentil avec moi là-bas, surtout Murakami-san, mon patron. Y passer six heures, quatre jours par semaine me permet d'échapper à l'atmosphère pesante qui règne à la maison malgré la présence réconfortante de Koyama à mes côtés.

- Koyama, j'y vais ! m'écrié-je en descendant quatre à quatre l'imposant escalier à double révolution pour courir vers la porte.

- Takahisa-sama attendez, je vous emmène en voiture, riposte-t-il en apparaissant près de moi comme d'habitude.

- Pas la peine, je prends le bus ! A ce soir !

Je sais que je ne me comporte pas du tout avec la distinction attendue du fils cadet du PDG d'un aussi colossal groupe que Yokoyama Ltd, mais à la base je suis le fils d'un instituteur et d'une coiffeuse moi, alors les chichis et autres trucs du même genre… Déjà, je ne me suis habitué que très récemment à me faire servir, alors le reste…

A mon arrivée à la boutique, Murakami-san est caché derrière un bouquet tellement énorme qu'il le dissimule presque entièrement et qu'il croule presque sous son poids. Qui a pu commander une aussi grosse composition ? Ca doit coûter une fortune.

Je le rattrape au moment où homme et arrangement floral vont s'écraser sur le sol.

- Ouf… Merci de votre aide, qui que vous… commence-t-il avant de sourire en apercevant ma tête sur le côté. Oh Masuda-kun c'est toi. Tu es tombé à pic, merci.

- J'ai vu ça, dis-je en riant. Vous auriez du attendre que j'arrive pour le déplacer. Et si vous vous étiez blessé ? On aurait été bien ennuyés vous savez.

Un sourire chaleureux fleurit sur ses traits. A mon avis, personne ne trouve Murakami-san véritablement beau, mais son sourire lui donne énormément de charme et comme il est également gentil et charismatique, je pense que ça ne doit pas laisser les femmes indifférentes. Sans oublier qu'un homme de trente-cinq ans célibataire dans ce quartier, ce n'est pas courant. Tout ça mit bout à bout explique donc probablement pourquoi le carnet de commandes de la boutique ne désemplit pas.

- Ce bouquet est à livrer ?

- Oui. D'ailleurs, si toi et Tegoshi-kun pouviez vous en charger, ça m'arrangerait beaucoup. Je dois réceptionner la livraison de camélias et de giroflées.

- Très bien on s'en occupe. Où est Tesshi ?

- A l'étage. Il plie les tabliers propres.

- D'accord.

Je fausse donc compagnie à mon patron et rejoins Tegoshi Yuya, mon collègue, aussi devenu mon ami depuis.

- Salut Tesshi.

- Oh Massu, t'es déjà là ? s'étonne-t-il en suspendant le geste de pliage amorcé. Il est dix heures ?

Oui, lui ne m'appelle jamais par mon prénom. Il a un jour sorti de nulle part ce diminutif de mon nom de famille et c'est resté. Et je ne me rappelle pas du tout pourquoi je l'appelle Tesshi mais je trouve que ça lui va bien.

- Non, à peine neuf heures et quart en fait. Mais je suis parti plus tôt, l'ambiance chez moi était pesante.

- Ca s'est pas arrangé avec ton frangin alors ? demande-t-il en terminant ce qu'il faisait.

Je secoue la tête.

- Et bah mon vieux…

- Heu Murakami-san veut qu'on aille livrer un giga bouquet de roses pendant qu'il s'occupe de la réception.

- Oh, ok.

Il pose les tabliers qu'il tenait encore et retire le sien pour aller chercher les clés de la camionnette. En général, même s'il est un peu plus jeune que moi, c'est lui qui conduit parce je suis un vrai danger public. Et lui préfère que j'assure les livraisons parce que, je cite "avec ma bouille toute chou, les gens ont plus confiance". J'ai toujours supposé que c'était un compliment dans sa bouche, même si avoir une "bouille toute chou" pour un homme de vingt-deux ans, ça craint un peu.

A deux, nous transportons l'énorme bouquet dans la camionnette, puis je retourne chercher l'adresse de livraison auprès de Murakami-san. Adresse que je ne peux pas manquer de reconnaitre : c'est celle du siège de Yokoyama Ltd. Il doit y avoir une réception ce soir. Réception à laquelle, bien sûr, je ne serais pas invité, parce que je suis une honte pour nii-chan.

J'ai du pâlir malgré moi, parce que mon patron s'inquiète aussitôt.

- Masuda-kun, ça ne va pas ?

Il ne sait rien. Et Yuya non plus. Comme j'ai gardé le nom de famille de mon père biologique (même si je ne l'ai pas connu) malgré le remariage de maman, je ne m'appelle pas Yokoyama, du coup personne n'est au courant de mon identité de fils cadet de ce grand groupe. Et honnêtement je n'ai pas envie de leur dire parce que je ne veux pas voir leur comportement naturel envers moi changer brusquement s'ils apprenaient la vérité.

- Si si ça va. Je… On y va alors. A tout à l'heure.

Mais repris par la vérification des chiffres de la commande, il ne m'accorde plus d'attention, ce qui me fait vaguement sourire. Murakami-san est un homme très consciencieux.

Je rejoins donc Tesshi et entre l'adresse dans le GPS, puis le laisse démarrer. Après dix minutes de silence absolu, mon collègue et ami se décide à reprendre la parole.

- Qu'est ce que t'as ? D'habitude tu parles sans arrêt quand on part en livraison. C'est encore ces histoires avec ton frangin qui te tracassent ?

Je ne peux pas lui dire la vérité, je me contente donc d'acquiescer à sa question.

- Tu sais, je pense que tu te prends trop la tête à son sujet. Il est complètement crétin, c'est pas sa faute.

- Nii-chan n'est pas crétin, il est très intelligent ! le défends-je immédiatement malgré moi.

- Bah excuse-moi, mais te traiter comme il le fait est pas du tout un signe d'intelligence. Je crois que tu te bousille le moral pour un gars qui en vaut pas la peine. Et en plus c'est même pas ton vrai frère. Oublie-le Massu, contente-toi de faire ce qu'il veut à savoir juste lui répondre quand il te parle, mais pas plus.

- Je ne peux pas…

- Alors t'es maso.

- Peut-être bien…

Le silence retombe dans l'habitacle et c'est toujours en silence qu'on arrive au building tout de verre et d'acier.

Un sifflement admiratif échappe à mon compagnon dès que nous sortons du véhicule.

- Et bah ma parole si ça sent pas le luxe à plein nez ce bâtiment… Pas étonnant pour un groupe comme Yokoyama Ltd.

- Bon, dépêchons-nous de faire cette livraison.

- Ouais ouais il y a pas le feu quand même nan ?

Oh si… Tu n'as même pas idée à quel point. Je tremble à l'idée que quelqu'un à l'intérieur me reconnaisse et trahisse mon identité devant lui. Je n'ai qu'un seul ami et je veux le garder en étant sûr qu'il me parlera toujours franchement.

On récupère donc le bouquet géant à l'arrière de la camionnette et on le porte avec précaution jusqu'au bâtiment dont les portes automatiques s'ouvrent heureusement devant nous.

- Murakami Fleurs ! clamé-je pour me faire entendre parce que je ne sais pas du tout quelle distance nous sépare de l'accueil. Nous venons livrer le bouquet commandé !

- Oh vous étiez très attendus. Suivez-moi je vous prie, fait alors une voix féminine dont je suis incapable de repérer la propriétaire parce que je ne la vois pas.

Bénissant la taille de la composition qui me dissimule à tous les regards, je me prépare à le suivre, quand soudain :

- Takahisa ?

La voix de mon père… Il ne manquait plus que ça, je suis cuit.

- Mais oui c'est bien toi, il me semblait avoir reconnu ta voix, reprend-il en s'approchant de moi. Alors c'est chez Murakami Fleurs que tu travaille… Je ne l'aurais pas cru. Enfin tu tombe très bien : j'ai longuement parlé avec Kimitaka et il me semble important que tu sois présent à la réception de ce soir. Sois donc ici à vingt-et-une heures précises et en smoking. Nos partenaires commerciaux doivent enfin faire la connaissance de mon fils cadet.

Sur cette bombe, larguée sans avertissement préalable, il pose une main sur mon épaule et s'éloigne avant que j'ai pu prononcer le moindre mot. Quelque part je suis content qu'il veuille me présenter (même si je doute fortement que nii-chan ait accepté ça de gaité de cœur) mais de l'autre... il n'aurait pas pu choisir pire timing pour m'inviter.

- Massu… c'était quoi ce discours à l'instant ? régit immédiatement Tesshi, stupéfait. Tu… T'es le fils du big boss de Yokoyama Ltd ?

- Heu… Est-ce qu'on peut en parler quand on aura posé cet encombrant bouquet et qu'on sera revenus à la camionnette ?

Ce qui me donnera le temps de réfléchir à ce que je vais lui répondre, même si là, je ne peux pas tellement nier. Merci papa…

Comme des automates, on se débarrasse donc de notre fardeau puis, dans un silence gênant, on regagne l'habitacle. Une fois là, mon ami se tourne vers moi et me fixe. Je ne peux plus reculer.

- Oui c'est vrai. Ma mère a épousé le PDG de Yokoyama Ltd il y a deux ans et je suis donc devenu son fils cadet, avoué-je.

- Donc, ton frère qui te hait…

- Est le vrai fils de mon père et le successeur de l'entreprise. Moi je n'ai rien à voir là-dedans et nii-chan me le fait bien sentir dès que je pose des questions sur le groupe. J'aimerais pourtant pouvoir aider, mais je n'ai aucune compétence qui leur serait utile et je n'ai pas non plus fait les études adéquates.

Un sifflement lui échappe.

- Et bah la vache, tu parle d'une histoire… Mais pourquoi tu m'as jamais rien dit ? Et Murakami-san, il est au courant de ton identité ?

- Non et je préférerais qu'il ne l'apprenne pas.

- Pourquoi ?

- J'aurais peur qu'il change de comportement envers moi.

- C'est pour ça que tu m'as rien dit à moi non plus ?

- Hum…

- Et pour ce soir tu vas faire quoi ? Tu vas y aller ?

- He ? Tu n'es pas fâché ?

- Bah… ça me vexe un peu que tu aie cru que j'allais changer de façon de faire avec toi alors qu'on est amis mais d'un autre côté, je pense que je comprends aussi pourquoi tu as agi comme ça. Si j'étais toi, je pense que moi aussi je voudrais qu'on me parle pour moi et pas pour ce que représente ma famille.

Ce mec est génial. Je l'adore.

- Et donc la réception de ce soir, tu vas y aller ?

- Je n'ai pas tellement le choix. Ca ressemblait à une invitation, mais en fait c'était plutôt un ordre.

- Peut-être que ce sera plus amusant que tu pense.

- Une réception mondaine, amusante ?

- Va savoir.

Il est vingt-heures cinquante et me voilà devant le building où m'a déposé Koyama, habillé d'un smoking de marque qui avait certainement coûté l'équivalent de quatre ou cinq des salaires de ma mère et plus mal à l'aise que jamais. Mais maintenant je ne peux plus reculer, je suis obligé d'y aller. Espérons simplement que je puisse m'esquiver rapidement.

D'un pas absolument pas assuré (rien à voir avec la démarche conquérante de nii-chan), j'entre dans le bâtiment en évitant de penser qu'à côté de la prestance de papa et nii-chan, je vais faire piètre figure et me fait conduire par une employée (qui elle aussi me donne du –sama maintenant…) jusqu'au salon de réception qui grouille déjà de monde.

Le premier, nii-chan me repère et fond littéralement sur moi comme un fauve sur sa proie.

- Toi… Sache que tu n'es là ce soir que parce que papa le voulait, crache-t-il entre ses dents. Et ne te fais aucune illusion, tu n'as aucune importance et n'auras jamais rien à voir avec le groupe, je m'en assurerais. Alors garde bien ça en tête… "petit frère".

Dans sa bouche, ces deux mots ne sonnent pas du tout affectueux bien au contraire et je me sens misérable qu'il les ait employés. Ce dont il semble parfaitement se rendre compte étant donné le petit sourire triomphant qui a étiré ses lèvres.

- Kimitaka, à qui est ce que tu… fait alors la voix de notre père avant de m'apercevoir. Oh, Takahisa ! Tu es très élégant, mon fils, je t'ai à peine reconnu ! Mesdames et messieurs, votre attention s'il vous plait ! s'exclame-t-il alors d'une voix de stentor qui fait s'arrêter toutes les conversations et converger tous les regards dans notre direction. Vous connaissez déjà Kimitaka, mon fils aîné et futur successeur du groupe Yokoyama, mais je vous présente ce soir Takahisa, mon fils cadet, qui commence dès demain comme secrétaire de son frère !

Un brouhaha stupéfait parcours l'assistance, mais pas aussi stupéfait que l'exclamation qui franchit à l'unisson les bouches de nii-chan et la mienne :

- Secrétaire ?! Demain ?!