Bienvenue dans ce nouveau voyage...

Avec des « si », on mettrait Poudlard dans une chope…

Quelque part dans l'Angleterre profonde, celle où les moutons paîtrent dans les pâturages, celle où la brume de la fin d'été et bien plus consistante que le brouillard du Connemara, celle à qui la guerre n'a pas réussi à faire changer la beauté verdoyante…

Dans cette Angleterre donc, côté sorcier, un enfant de onze ans s'éveille doucement dans une chambre pas plus grande qu'un placard à balais.

Ses yeux remuent légèrement, pour tenter de faire sortir tout le sommeil accumulé durant la nuit, et ses mains cherchent en tâtonnant ses lunettes cassés.

Harry Potter est un enfant comme les autres, ou presque. Car il est un sorcier.

Les lunettes posées sur son nez, il ne peut s'empêcher de regarder le calendrier sur lequel il a coché une à une les cases le séparant de ce jour là : Premier du mois de septembre 1991.

Puis soudainement, une démangeaison se fait ressentir à hauteur de son front. Sa main s'y porte avec confusion, tapotant une cicatrice présente là depuis des années déjà.

Un soupir sort de sa bouche pâteuse tandis que ses doigts lissent avec difficultés ses cheveux rebelles, pour venir les coller sur son front.

Au moins, ça lui évitait d'avoir à observer la marque en forme d'éclair à chaque fois qu'il se regardait dans le miroir.

Difficilement, il tenta de sortir de son lit, sans se cogner au plafond bien bas de ce qui était sa chambre. Bien sûr, il lui arrivait de se plaindre de cette situation, mais temps que ses pieds ne touchaient pas le mur opposé quand il était dans son lit, il estimait qu'il n'avait pas à se plaindre. Et puis, c'était un mal pour un bien, ça lui permettait au moins d'avoir un espace bien à lui.

Il s'engagea dans le couloir mal éclairé de la petite maison, et s'avança vers la salle de bain sur la pointe des pieds. Il s'arrêta pour reprendre son souffle lorsqu'il se vit aux abords de la seule véritable chambre de la chaumière, et tendit l'oreille pour être certain que tout le monde dormait à poings fermés.

Alors, il se sentit autorisé à rejoindre la pièce d'eau, faisant couler le robinet d'eau froide, et portant à sa bouche sa brosse à dents en forme de dragon.

Puis, ses yeux se levèrent vers le reflet que lui offrait le miroir brisé de la salle de bain.

Il avait eu onze il y a un mois. Pourtant, sa silhouette semblait bien frêle. Et pour tout arranger, il ne portait jamais que des vêtements bien trop grands pour lui. Et puis à quoi bon porter des beaux habits lorsque l'on ne peut pas sortir de chez soi ?

Il cracha sa salive dans un bruit venant du fond de la gorge et passa un peigne sous l'eau pour tenter d'aplatir ses cheveux. Seulement, il avait beau faire, ceux-la ne semblaient pas prêts à se laisser modeler à sa guise. Alors comme à chaque fois, il abandonna, plissant ses yeux émeraude comme pour se promettre à lui-même que la prochaine fois, ça ne se passerait pas comme ça.

Seulement pour le moment, il avait un petit déjeuner à préparer.

Il descendit dans l'étage du dessous, toujours en tentant de ne pas faire le moindre bruit et, comme un automate, sortit une poêle et des œufs.

Tous ses gestes étaient rôdés. Pour causes, il les connaissait par cœur pour les avoir fait jours après jours ces dernières années. Il avait beau être un petit garçon, il savait faire bien plus de choses dans la maison que certains adultes. Mais cela ne le gênait pas… Il ne le faisait pas par contraintes.

Il ouvrit l'armoire ou se trouvait la vaisselle et sembla hésiter un moment. Finalement, il ne sortit qu'une seule assiette qu'il posa sur la table. Enfin, il prit du pain, le fit toaster, et hésita un petit moment avant de reposer le beurre là où il était. C'était un fait, ils ne pouvaient pas se permettre une telle folie.

Au-dessus de sa tête, un petit carillon lui fit remarquer que le temps avançait. Alors, il se servit un œuf et sortit le reste de la poêle. Il ne savait pas à quelle heure ils allaient se lever et il était donc inutile de leur faire cuire plus longtemps leur petit déjeuner.

Enfin, il s'installa à la table de la cuisine, déplia la journal de la veille, et lu la première page d'un œil sérieux. Tout ce qui était écrit là, allait tracer à la lettre sa vie des prochains jours.

Il avait beau n'avoir que onze ans, il savait qu'il y avait un nom qui ne pouvait être prononcé sans punitions. Il n'avait beau avoir que onze ans, il savait que nul n'était certain de son destin. Seulement, le fait d'avoir onze ans, lui permettait de garder en lui une joie de vivre qui avait aujourd'hui un Leitmotiv principal : son entrée à la prestigieuse école de sorcellerie de Poudlard.

Rien qu'à y penser, un sourire vînt déformer son visage. Dans quelques heures, il serait dans un endroit sûr, et son absence retirerait un poids dans cette maison.

Il avait à peine enfourné sa dernière bouchée d'œufs que quelqu'un vînt à frapper à sa porte. Il sursauta d'abord, par habitude, avant de sentir son cœur s'emballer au fur et à mesure que l'idée germait dans sa tête. Enfin, le moment était arrivé.

Il s'approcha de la porte et murmura :

- Qui est là ?

- Remus Lupin, lui répondit une voix grave.

Enfin, c'était lui. Il ouvrit la porte à la volée avant de se faire rattraper par le regard sérieux de son hôte.

- Harry, le mot de passe !

- Désolée oncle Remus… j'ai oublié.

- Ca va pour cette fois… mais tâche d'y penser, c'est une question de…

- … de vie ou de mort… je le sais oncle Remus. Je vais chercher mes affaires.

L'homme au regard étrange regarda s'éloigner son neveu, le sourire aux lèvres. Il lui faisait tellement penser à son père. Si vif…

A cette pensée, son visage se referma instantanément alors que ses yeux parcouraient la maison. Harry semblait être encore seul, c'était devenu une habitude semble-t-il.

Justement, le voilà qui apparaissait au haut des escaliers, tirant à grandes peines une lourde valise. D'un geste vif, le dénommé Remus leva sa baguette et fit léviter le bien de l'enfant jusque devant lui.

- Tu n'as rien oublié ? Lui demanda-t-il.

- Moi ? Non…

Harry tendit sa main vers l'homme, et attendit, le bras raidit.

- Oh, tu attends donc quelque chose de moi ? Quelque chose de long ?

L'enfant acquiesça d'un signe de la tête.

- Laisse moi deviner… en bois ?

- Tu le sais très bien…

- Avec par exemple, une plume à l'intérieur ? Une plume de… phénix ?

L'enfant sembla se figer tandis que ses yeux s'arrondissaient tel des soucoupes.

- C'est vrai ?

Pour toutes réponses, l'homme lui tendit un écrin de bois dans lequel se tenait une baguette magique. Sa première baguette.