Un Saut raté

Résumé : Jaina, Jacen et Anakin, accompagnés de leurs amis, se voient investir d'une mission vitale pour la survie de la galaxie : saboter l'Etoile Noire avant la destruction d'Alderaan. Seulement, le saut dans le passé ne se passe pas comme prévu et ils se retrouvent juste avant le commencement de la Guerre des Clones !

Notes : Bonjour à tous ! Je me surnomme Cirix, j'écris des histoires pour m'amuser. Cependant, rien qui n'ait un rapport avec une fanfiction. D'un autre côté, j'ai lu des fanfictions de Harry Potter sur ce site, avec quelques-unes de Star Wars.

J'ai remarqué le peu d'histoires de voyage temporel dans ce dernier. Dommage, je trouve qu'il y a de quoi s'amuser, l'univers de Georges Lucas regroupant une période de plusieurs générations.

À propos de l'histoire elle-même : Vous le remarquerez sûrement en lisant, un ou deux faits historiques de l'univers étendu ne se sont pas déroulés de la même manière. Cette fiction devrait être

classée « Univers Alternatif » ? Peut-être. Ce dont je suis certain, c'est que c'est une histoire de voyage temporel, voire « bazar » temporel... Quand on peut s'amuser, je ne me retiens pas !

Sans rentrer dans les détails et sans spoiler, j'indique seulement que les Yuuzhan Vong n'ont PAS perdu la guerre ! Ceux qui ne sont pas aussi loin dans les romans Star Wars, ce n'est pas grave, cette différence historique n'est pas vitale à la fiction. Il ne s'agit que d'un élément déclencheur à l'histoire et ce que vous devez savoir sera expliqué.

Avant que je n'oublie : je ne suis pas George Lucas, rien de Star Wars ne m'appartient.

Bon, je coupe mon blablatage, j'espère seulement que vous trouverez ici de quoi vous amuser !

Bonne lecture !

Prologue

Quatre mois d'entrainement intensif.

Quatre mois entre les mains des meilleurs instructeurs, à se former aux cotés des commandos impériaux de l'amiral Palleon, de Jedi tels que Maitre Skywalker ou Maitre Katarn – pour ne citer que les vétérans –, ou même de maitres-d'armes d'Hapes.

Quatre mois depuis que six Jedi avaient été désignés par la Force elle-même pour sauver la Galaxie avant qu'il ne soit trop tard. Même si au départ réticents, les vestiges de l'Empire et la Nouvelle République ont mis tous leurs moyens pour les préparer à cette tâche. Aussi, des gouvernements indépendants tel que Hapes ont joint leurs efforts.

Il n'y avait pas trop à les pousser, car une race extra-galactique, les Yuuzhan Vong, se tenait aux portes de la galaxie, prête à déferler sur eux dans une guerre sainte contre tous ceux qui utilisaient la technologie. Sans la Force pour les prévenir, ils auraient été pris de court. Malheureusement, le seul moyen qui aurait pu empêcher les Yuuzhan Vong d'attaquer avait été détruit plus de vingt ans auparavant avec la planète Alderaan.

La seule façon de préserver la galaxie était d'empêcher cette destruction. A cette fin, un petit commando serait envoyé à travers le temps et l'espace.

La Force aurait-elle choisi des personnes telles que Leia Organa Solo, diplomate expérimentée, ou simplement un commando d'élite, les gouvernements auraient compris la logique. Diable ! Même Han Solo comme élu aurait été mieux pris, cela montrait bien l'étonnement de tous.

La mission des six élus était ardue. Ils seraient envoyés dans le passé pour apparaître en plein coeur de l'Etoile Noire. Ils devraient secourir un autre voyageur temporel, puis saboter le superlaser. Ensuite, il fallait trouver un certain artefact sur Alderaan et l'activer. Selon les informations transmises par la Force, les Yuuzhan Vong sentiraient sa mise en marche et fuiraient la queue entre les jambes.

Ainsi fut planifiée la mission. Les six élus étaient prêts.

Ce qui n'était pas prévu, c'était que la Force avait un sens de l'humour unique.

Chapitre 1

Pilotant un chasseur NS-2, Padmé Naberrie, Sénatrice de Naboo, escortait la forme étincelante et élancée du croiseur nubien qui officiellement la transportait. Le vaisseau diplomatique et ses trois chasseurs d'escorte pénétraient l'atmosphère de Coruscant, alertes de tous les dangers possibles.

Avant le départ de Naboo, sa dame de compagnie Cordé avait revêtu ses habits de sénateur pour leurrer un éventuel assassin. Déjà sur Naboo, on avait attenté plusieurs fois à sa vie. Padmé en était arrivée à se déplacer qu'en présence de gardes royaux normalement dédiés à la Reine.

La com s'alluma. Les aiguilleurs du ciel de la capitale les dirigeaient vers une plate-forme d'atterrissage qui semblait suspendue dans les airs entre deux buildings.

Le croiseur se posa en douceur sur ces trains pendant que son escorte se déposa sur des emplacements dédiés, des plots d'amarrage. Son casque toujours sur elle pour cacher son identité, Padmé ouvrit la verrière du cockpit et sauta sur le sol métallique de la plate-forme. Le croiseur baissait sa rampe d'accès.

Le capitaine Typho qui pilotait un des chasseurs s'approcha d'elle en enlevant son casque.

- On y est arrivé, dit-il avec soulagement. Je me trompais. Il n'y avait aucun risque.

Soudain, alors que Cordé descendait la rampe avec des gardes royaux, une déflagration les aveugla. Le coeur de Padmé stoppa alors qu'elle se sentit projetée à terre. Le grand vaisseau nubien se désintégrait de l'intérieur. Elle se précipita vers son amie, le capitaine Typho sur ses talons. Elle enleva son casque à la hâte.

Les corps des gardes jonchaient parmi les débris fumants. Padmé trouva son amie Cordé. Elle s'agenouilla à ses côtés et l'aida à se retourner sur le dos.

- Cordé.

La dame de compagnie qui lui ressemblait tant ouvrit les yeux.

- Madame... Pardon. J'ai failli à ma mission.

Leur regard se croisa une dernière fois avant que Cordé ne ferme les yeux pour toujours. Typho posa une main sur l'épaule de Padmé :

- Vous êtes toujours en danger ici.

- J'ai eu tort de revenir.

- Ce vote est très important. Vous avez fait votre devoir. Cordé a fait le sien. Venez.

Padmé ne pouvait quitter des yeux le corps de Cordé. Elle sentait la tristesse et la culpabilité la prendre à la gorge.

Un lointain toussotement se fit entendre au dessus des flammes qui consumaient le croiseur. Le coeur de Padmé fit un bond.

- Quelqu'un est encore vivant !

Elle allait se précipiter dans la fumée noire et opaque qui sortait de l'accès comme d'une cheminée, mais le capitaine la retint par-derrière.

- Ce n'est pas à vous d'y aller ! Laissez les secours s'en charger ! Je dois vous mettre en sécurité !

Soudain, une forme couverte de suie vola de l'accès jusqu'au bas de la rampe où elle finit en une longue roulade non loin d'eux. Padmé et Typho se précipitèrent vers le rescapé.

Alors qu'ils la mettaient sur le dos, ils furent surpris de découvrir que c'était une petite fille de sept ou huit ans aux cheveux d'un roux éclatant bien que terni par la fumée. D'un seul coup d'oeil, Padmé sut qu'elle était spéciale. À sa ceinture pendait un objet cylindrique qu'on ne devait pas trouver sur quelqu'un d'aussi jeune. Cette fillette portait un sabrolaser. Bien que couverts de suie, ses vêtements étaient communs, sinon trop grands et mal taillés.

- Elle n'a pas de blessure visible, fit Typho qui menait un rapide examen médical sur l'enfant.

Lui aussi avait remarqué l'arme Jedi, car il la dégrafa pour le dissimuler dans sa poche. Padmé lui lança un regard interrogateur.

- Je suis sûr qu'elle ne faisait pas partie du voyage. Je lui rendrais cette arme quand je pourrais lui poser quelques questions.

La fillette toussa bruyamment et ouvrit les yeux, des yeux d'un gris magnifique. Son corps se tendit brusquement et elle se redressa vivement.

- Doucement ! ordonna Padmé.

Elle mit son bras autour de ses frêles épaules.

- Les secours arrivent...

- Je ne suis pas blessée, ça va, coassa difficilement la fillette.

Doucement, elle se mit sur ses pieds. Elle regarda autour d'elle d'un air perdu.

- Coruscant ? murmura-t-elle, bien que Padmé l'entendit. C'est impossible !

Puis elle sembla se souvenir de quelque chose et arbora un visage fier. Son équilibre revenait vite, on aurait cru qu'elle n'avait pas été au coeur de l'attentat. Padmé prit une décision. Elle prit la main de la jeune Jedi et lui fit un sourire rassurant. Typho les guida vite hors des lieux.

Ils devaient aller à son appartement sénatorial se préparer avant de rencontrer le chancelier Palpatine. Le petit groupe empruntait des chemins détournés mais sûrs. L'enfant lui tenait toujours la main et ne semblait pas vouloir la lâcher.

- Votre Excellence, est-il prudent d'emmener cet enfant avec vous ?

- Nous avons peu de temps pour l'instant pour nous occuper d'elle. Suivons notre agenda, rencontrons le Chancelier, ensuite nous verrons. Elle nous accompagnera donc. De plus...

Marchant d'un pas rapide, elle jeta un oeil à la petite fille noire de suie.

- … Un débarbouillage ne lui ferait pas de mal.

L'enfant lui lança un mince sourire. Elle avait l'air secouée, mais sinon bien portante. C'était un miracle qu'elle ait survécu. L'explosion avait pris tout le croiseur. Peut-être était-ce une intervention de la Force ? Mais d'abord, que faisait-elle dans le vaisseau ? Était-elle une passagère clandestine ?

Le Sénateur Padmé Amidala se rendit compte de l'étrangeté de la situation. Une enfant de moins de dix ans portant un sabrolaser était passagère clandestine d'un vaisseau diplomatique sous escorte... et elle survivait à un attentat dévastateur... Si elle n'avait pas été si jeune, on l'aurait accusée d'avoir posé la bombe.

Padmé se rendit compte qu'elle ne connaissait même pas son nom. Tout son être voulait protéger cette enfant innocente, mais qui était-elle ?

- Allana, fit une petite voix à côté d'elle.

Padmé se tourna vers elle, surprise. La fillette tordait ses mains comme si elle avait fait quelque chose de mal.

- Pardon ? demanda poliment Padmé, bien qu'elle se doutait de ce qui venait de ce passer.

- Allana Chume'Da Solo. C'est mon nom. Pardon, vous criiez votre question. J'ai n'ai fait qu'entendre.

Une manière douce et enfantine de dire qu'on a lu dans son esprit. Allana savait que c'était irrespectueux. Pour Padmé, cela lui rappelait un certain petit Anakin sur une planète désertique. De plus, elle venait d'avoir la confirmation qu'elle était sensible à la Force.

Tout en marchant, Padmé la rassura d'un sourire.

- Je ne pense pas que tu l'as fait exprès. Seulement, ne le refais pas, d'accord ? Allana ?

- Oui, madame, Allana répondit poliment. Et vous, qui êtes-vous ? Vous êtes pilote ?

Padmé portait encore sa tenue de pilote de chasse de Naboo et son casque sous le bras. Elle souffla pour qu'elle seule entende :

- Je suis Padmé Amidala, je suis le Sénateur de Naboo.

Allana fronça les sourcils.

- Je ne connais pas Naboo. Ça ressemble à quoi ?

Étrange question. Si elle était à bord du croiseur, alors elle n'avait pu qu'embarquer sur Naboo. Elle secoua la tête. Le moment n'était pas aux enquêtes. Elle verra cela plus tard. Elle savait au fond d'elle que cette fille n'était pas un danger.

Ils arrivèrent dans l'appartement par le turbolift. Allana n'avait pas l'air émerveillé d'Anakin lors de son premier voyage à Coruscant. Elle connaissait la planète. Le riche style de l'appartement sénatorial la laissait aussi de marbre.

Le capitaine Typho entra en premier et effectua une inspection complète du logement. Padmé entra, Allana collée à elle comme pour protéger l'enfant contre une menace. La petite jetait des regards inquiets dans tous les recoins.

- Je ne sens rien de spécial. On n'a rien a craindre ici.

Padmé la crut sur parole, elle avait depuis longtemps appris à faire confiance au sixième sens des Jedi, même des moins formés. Typho revint disant que l'appartement n'avait aucune faille de sécurité.

Padmé envoya Allana se laver dans la salle de bain pendant qu'elle ouvrait son dressing à la recherche d'une robe présentable pour un meeting et d'un vêtement de la taille d'Allana. Elle viendrait avec elle, il n'était pas question de laisser une enfant livrée à soi-même dans l'appartement, pas après les évènements récents.

Chum'da Où avait-elle entendu ce nom ? Était-ce seulement un nom ? C'était une question qu'elle devrait lui poser le temps venu.

Elle trouva pour elle un ensemble convenable à un Sénateur et après quelques fouilles, elle dénicha une tunique très ajustable en taille. Brune et droite, pour Padmé elle descendait avec peine aux genoux, ce qui la rendait importable. Cependant, pour une petite fille, l'ensemble était très propre et bien habillé, presque aussi sobre qu'une tenue Jedi.

Elle vint toquer à la porte de la salle de bain.

- Allana ? appela-t-elle au travers de la porte. Je vais entrer pour te donner de nouveaux vêtements !

Elle entendit la douche s'arrêter un instant, puis repartir après que la fillette ait crié « D'accord ! ».

Padmé entra, échangea les vêtements fatigués avec la tenue, puis ressortit aussi vite. Revenue dans la chambre, elle inspecta le vêtement. Il était rugueux mais solide. Il était coupé aux membres et des ourlets étaient visibles pour ajuster la taille. C'était à l'origine un vêtement d'adulte. Elle porta le vêtement à ses narines. La fumée imprégnait le tissu, cela elle s'y attendait, cependant une autre odeur ressortait. Une odeur cuivrée et électrique. L'odeur laissée par des tirs de blaster.

Après la reprise du Palais de Theed, lors de la crise de Naboo, sa tenue portait la même odeur.

Cette fille sortait d'une bataille récente. De plus, elle trouvait des traces noires typiques des tirs de blaster. Elle secoua la tête, c'était incompréhensible. À part l'explosion, il n'y avait eu aucun échange de laser.

Padmé se pinça les lèvres, hésitante. Mais elle se résolut à fouiller ces poches. Elle tomba vite sur un holo statique. Elle l'alluma pour découvrir une jeune femme aux cheveux roux portant une tenue en peau de lézard et portant une discrète couronne de diamants. Elle avait le maintien d'une personne royale. Une reine peut-être. Mais de quelle planète ? L'image holographique fut remplacée par un jeune homme aux cheveux bruns entre vingt-cinq et trente ans. L'image changea de nouveau pour la première. C'est alors qu'elle remarqua un cylindre à la ceinture de la reine. L'image changea. Un cylindre similaire aussi chez l'homme.

Un homme, une femme aux cheveux roux. Deux Jedi. Et Allana qui était rousse en plus d'être sensible à la Force.

Pas besoin d'être Yoda pour comprendre qu'elle regardait en cet instant les portraits des parents de la fillette. Elle éteignit le miniprojecteur et le mit sur le drap du lit.

Le Code Jedi proscrivait toute forme d'attachement, tout le monde le savait. Là, dans son appartement était la preuve que le code avait été violé par deux Jedi. Pire, pour garder un portrait d'eux sur elle, Allana avait l'air attaché à ses parents.

Elle se souvint d'Anakin après la victoire sur la Fédération du Commerce. Il y avait de grandes chances qu'il ne soit pas accepté dans les rangs des Jedi, simplement parce qu'il était trop vieux et aimait sa mère. Le fait qu'il soit « l'Elu » d'une prophétie avait dû peser beaucoup sur la balance.

Padmé voyait déjà les Maîtres du Conseil Jedi grincer les dents en voyant Allana. De plus, ses parents seraient certainement radiés de l'Ordre pour un tel écart.

Mieux vaut rester discrète sur elle. Elle et ses parents pourraient avoir de graves ennuis.

Elle devrait trouver ses parents et les contacter discrètement. Elle ne voulait pas être la responsable de l'éclatement d'une famille.

La porte de la salle de bain s'ouvrit, révélant une Allana propre et prête à sortir. Padmé remarqua qu'il manquait l'étincelle dans son regard, il y manquait l'innocence qu'elle retrouvait dans chaque enfant.
Elle avait vu beaucoup. Padmé eut soudain un mauvais pressentiment quant à ses parents. Elle posa le vêtement sur le lit et lui sourit gentiment.

- C'est bon ? Tu as fini ? Je crois que c'est à mon tour d'y aller.

Allana sourit faiblement, avec une trace de gratitude.

- Pardonnez ma question, Madame Amidala, mais puis-je connaître la date d'aujourd'hui ?

- Bien sûr, nous sommes le Datunda Kelona de l'an 13 après la Grande Resynchronisation.

Les yeux d'Allana devinrent ronds comme des soucoupes.

- Merci, murmura-t-elle.

Elle était choquée. Comment une date pouvait-elle choquer ? Mais parler de date rappela à Padmé que l'heure tournait. Elle se précipita dans la salle de bain et en ressortit dix minutes plus tard. La fillette rangeait l'holo-image dans sa poche comme prise sur le fait. Ses yeux étaient plus tristes qu'avant. Padmé remarqua qu'elle avait attaché ses cheveux avec un de ses rubans noirs qui trainaient.

- Allana, appela Padmé. Je ne veux pas te laisser ici, alors tu vas m'accompagner chez le Chancelier. Rien de ce qui s'y passera ne te concerne, alors tu devras simplement rester en arrière et te faire oublier. C'est d'accord ?

Elle hocha la tête. Satisfaite, elles allèrent retrouver le capitaine Typho dans le salon.

- Votre Excellence, Mademoiselle, accueillit Typho.

Il remarqua la tenue de la petite fille.

- Dois-je en conclure qu'elle nous accompagne ? Est-ce sage ?

- Plus sage que de la laisser ici. De plus, si le besoin se fait sentir, Jar Jar sera enchanté de la surveiller.

Typho leva un sourcil au nom de Jar Jar.

- Le Représentant Binks ? Responsable ?

- Il s'est beaucoup assagi depuis, fit remarquer Amidala.

Typho frémit à la pensée de ce à quoi avait dû ressembler le Gungan par le passé.

Le Sénateur Amidala, le capitaine Typho et la petite Allana prirent le premier speeder pour le Sénat où les bureaux du Chancelier se situaient. En chemin, ils furent rejoints par Dormé et Jar Jar Binks, ainsi que d'autres conseillers.

Dormé se vit expliqué la situation d'Annala avec laquelle elle sympathisa.

La fillette se laissait porter par les évènements. Son jeune esprit tentait de faire le tour de sa situation. Elle était sur Coruscant, un monde mort pour elle, dont elle avait seulement vu des holos. Elle ne devrait pas être là. Plus que cela, elle ne devrait pas être là seule. Sa tante – qui était aussi son Maître - Jaina Solo devrait être avec là. Mais elle n'était pas apparue.

Annala était apparue dans un vaisseau en flamme, heureusement posé à terre. Elle avait réussi s'échapper. Ensuite, cette gentille Sénatrice l'avait prise sous son aile.

Elle devait apparaître dans l'Etoile Noire avec son Maitre et changer l'Histoire. Pourquoi était-elle apparue avant ? Elle ignorait quand exactement la Grande Resynchronisation avait opéré, mais elle savait que c'était bien avant la Bataille de Yavin !

Que pouvait-elle faire ? Elle ne savait rien de cette période. Elle connaissait seulement les grandes lignes grâce aux leçons de sa grand-mère Leia Organa Solo.

Elle ne savait pas quoi faire ! Par les Sith, elle n'avait que huit ans ! C'était les grands qui prenaient les décisions à sa place, pas elle ! Elle, elle n'était bonne qu'à désobéir à ces décisions !

Elle repassait dans sa tête les évènements qui l'avaient conduite à l'envoyer dans le passé. Son Maitre se battant farouchement, les Yuuzhan Vong, les lasers qui fusaient autour d'elle... Les larmes commençaient à couler le long de ses joues. Sans interrompre la procession qui montait vers les bureaux, Dormé se pencha sur la fille.

- Qu'est-ce qui ne va pas ? demanda-t-elle en essuyant les larmes avec un mouchoir en tissus.

Allana secoua la tête pour chasser les larmes et frotta ses yeux avec ses mains.

- Rien, fit-elle pas très convaincante. Ça va mieux.

Elle se recomposa comme ils arrivaient à la grande porte qui menait au bureau Sénatorial. Elle regarda les gardes sénatoriaux étrangement.

Ce ne sont pas des stormtroopers, remarqua-t-elle. Alors, elle n'était pas dans l'Empire. C'était un soulagement, elle savait ce que l'Empire faisait aux Jedi comme elle, on tirait à vue. Alors, elle était dans l'Ancienne République ?

Les bureaux du Chancelier étaient ronds. Une estrade triangulaire portait quatre fauteuils qui faisaient face à un grand bureau noir. Quatre personnes vêtues de bures parlaient au à vieil homme aux cheveux blancs habillé tout de noir. Un des invités était grand, noir et chauve et arborait une expression stricte, bien que soucieuse, certainement causée par le sujet abordé avec le Chancelier. Un autre était plus grand encore avec une forme crânienne imposante. Allana ne connaissait pas l'espèce, mais ce n'était pas comme si elle connaissait toutes les espèces de la galaxie. Sûrement 6PO aurait pu lui dire.

Le dernier Jedi était petit, plus petit qu'elle, vert et ridé. La vue du petit être éloigna ses pensées de ses problèmes. La façon dont il parlait au Sénateur Amidala était apaisante :

- Sénatrice Amidala, cette tragédie sur la plate-forme... Épouvantable ! Vous revoir en vie me réchauffe le coeur, disait-il d'une voie profonde et râpeuse.

- Savez-vous qui a fomenté cet attentat ?

- On soupçonne des mineurs d'épice sur les lunes de Naboo.

La Sénatrice déclara :

- Je pense que c'est le comte Dooku.

- C'est un politicien idéaliste, fit le Jedi au haut front. Pas un assassin.

- Vous savez qu'il a été Jedi, remarqua le noir. Il n'assassine pas. Cela ne lui ressemble pas.

- Quoi qu'il en soit Sénatrice, en grand danger vous êtes.

Le Chancelier qui était resté éloigné à contempler la circulation par la large baie vitrée, intervint de la où il se tenait :

- Maître Jedi, je propose que la Sénatrice soit placée sous la protection de Vos Excellences.

- Est-ce bien raisonnable ? fit un des hommes qui accompagnait la Sénatrice.

Ce n'est pas un conseiller, c'est un Sénateur, pensa Allana.

- Je ne pense pas que la situation..., commença Padmé.

- … Soit si grave ? fit le Chancelier.

Quelque chose n'allait pas avec ce chancelier, remarqua Allana intérieurement. Elle sentait un froid venant de lui par vagues. C'était si déplaisant qu'elle se mit à frémir. Elle sentait de la sueur se former sur sa peau. Elle se rendit vite compte qu'elle claquait des dents.

Allana se sentait sans défense, nue. Comme si elle était seule face à un Yuuzhan Vong. Non, elle était face à pire.

Elle entrevit le Maitre Jedi à la peau noire lever un sourcil à elle.

Où est mon sabre ? pensa-t-elle soudain. En vérité, ce n'était pas le sien, elle était trop jeune. Mais la guerre contre les Yuuzhan Vong avait forcé ses aînés à armer les plus jeunes le plus tôt possible, pour se défendre. Au cours d'une cérémonie très privée, Allana avait reçu le sabrolaser de sa défunte grand-mère, la femme qui l'avait élevée pendant quelques années après la mort de ses parents. C'était le sabre de Leia Organa Solo.

Le chancelier avait fini de parler, quelque chose ayant à voir avec un Kenobi qui protégerait la gentille Sénatrice. Maintenant, il la fixait. Et Allana répondait à son regard par une terreur sans nom. Elle cherchait frénétiquement dans la Force la présence de son sabre.

La fillette le sentit. Dans une poche intérieure de la veste du capitaine Typho.

Le chancelier reprit la parole, disant combien la perte de Padmé lui serait insupportable et qu'elle devrait accepter l'aide des Jedi. Sa voix puait le mensonge et la manipulation. Allana ne croyait pas à son ton faussement inquiet. Comment les autres, les grands, ne pouvaient pas le voir ! Ces Jedis devraient le sentir à plein nez !

- Mon enfant, qui a-t-il ici qui pourrait te mettre dans un tel état ? demanda le Chancelier d'un ton faussement inquiet.

Padmé se tourna pour voir la fillette et se réprimanda d'avoir emmené cet enfant ici.

Allana sentit la main réconfortante de Dormé sur son épaule, mais cela ne l'apaisa pas. Désormais, elle sentait son corps trembler de la tête aux pieds.

Mon sabre. À travers la Force, elle agrippa son sabre et d'une franche décision mentale appliqua une des leçons de Maître Jaina. À l'étonnement de tous, même des Maitres Jedi, toutes les personnes virent la petite fille terrifiée tendre vivement la main vers le capitaine nubien, comme pour attraper quelque chose d'invisible.

Maitre Yoda avait vu la terreur monter en la fillette, mais n'avait pas pensé que c'était son problème. Elle n'était pas sensible à la Force. Pendant qu'il parlait à la Sénatrice, il se concentra pour toucher son jeune esprit et apaiser gentiment les craintes de l'enfant, quelles qu'elles soient. Il fronça imperceptiblement les sourcils. Où était cet enfant ? Dans le monde physique, elle était là, en face de lui. Pourtant, elle n'apparaissait pas dans la Force. L'emplacement où il s'attendait à la trouver était remplacé par le néant. C'était comme un cocon vide que la Force approchait, mais contournait soigneusement.

C'était inédit. Jamais dans sa longue vie n'avait-il rencontré un pareil cas. Même les Ysalamari sur Myrkr, qui avaient l'unique faculté de repousser la Force, n'avaient pas un tel effet.

Et la terreur de la fille s'approfondissait à vue d'oeil. Elle fixait le Chancelier Palpatine. Pourquoi ? C'était un politicien. Il était d'accord qu'un politicien pouvait être effrayant dans un certain point de vue, mais un enfant ne comprenait pas encore les dangers de la politique.

Soudain, la détermination remplit les yeux gris de la fillette ainsi qu'un éclat purement guerrier. Puis, elle étendit la main franchement vers le capitaine Typho dans un geste bien connu des Jedi. Les yeux de Yoda s'écarquillèrent en voyant la forme cylindrique d'un sabrolaser quitter la veste du capitaine pour s'envoler droit vers la petite main.

Une grande lame d'un orange étincelant se matérialisa dans les airs. Les non-Jedi s'écartèrent d'effroi à la vue de l'arme mortelle. Certains poussèrent des petits cris apeurés. Le Chancelier Palpatine s'était collé à la baie, viscéralement effrayé.

Mace Windu avait son propre sabre à la main, déjà activé et prêt à se battre.

- Assez ! cria Yoda, ce qui calma la vague de peur, mais ne fit rien à la petite fille qui restait clouée sur place dans une pose défensive basique, mais ferme.

Il fit geste à Windu de ne rien faire de ce qu'il avait en tête, ce qui n'était visiblement pas au niveau d'une jeune apprentie dans la Force complètement terrifiée.

Yoda fit un pas en avant. La fille fit un pas en arrière en faisant un mouliné très souple avec le sabre, montrant qu'elle avait un minimum de savoir dans son maniement. Cela impressionnerait des camarades Jedi du même âge. Pour une enfant, elle connaissait le combat, le danger, ses coups d'oeil à la dérobée le montraient clairement.

- Qui es-tu, jeune apprentie ? demanda-t-il avec douceur.

La fillette détourna les yeux un instant de Palpatine pour regarder le petit Maître, mais revint vite vers Palpatine.

Étrange. Cette fille ne semblait pas considérer quatre maitres Jedi comme une menace ? N'aurait-il pas été un Jedi, il aurait été offensé

- Apeurée par quoi, es-tu ?

- Lui, fut une simple réponse, en désignant du menton le Chancelier.

En même temps qu'il posait ces simples questions, Maitre Yoda cherchait à percer cette étrange protection qui dissimulait sa présence dans la Force. Après une plus profonde inspection, il remarqua que le cocon était comme érodé. Il était prêt à tomber.

Un Jedi de haut niveau avait placé cette défense autour de l'esprit de la jeune fille. Il plaça toute sa puissance dans une attaque mentale. Mais avant qu'il ne se décide d'agir, le cocon s'ouvrit, tels les pétales d'une fleur, découvrant une lumière aveuglante. Le choc de la manifestation dans la Force fit vaciller les Jedi de Coruscant. Personne, sauf Allana, ne vit le Chancelier grimacer, puis sourire d'une manière carnassière, avant de reprendre une face effrayée.

La fillette était enfin visible dans la Force, et elle aveuglait.

Soudainement, elle tomba sur ses genoux. Le sabre tomba et se désactiva. Elle se recroquevilla au sol, comme frigorifiée.

Yoda sentait le phare lumineux qu'était la fillette vaciller dramatiquement. Il sentit la peur, la solitude transpirer d'elle. L'obscurité qui semblait omniprésente dans la Force et qui embrumait tout semblait vouloir la dévorer.

Il vit la Sénatrice Amidala se précipiter vers elle. D'un geste maternel, elle engouffra la petite fille dans une embrasse protectrice et la berça en lui souffla des mots de réconfort dans l'oreille. La présence de la jeune fille sembla alors se stabiliser, s'adoucir. Il sourit face à cette image. La compassion de la Sénatrice Amidala montrait ici toute sa force.

- Étrange son comportement est. Au courant, vous étiez ? De sa pratique de la Force ? demanda-t-il en s'approchant.

Padmé parla doucement, comme pour ne pas perturber la fillette dans ses bras :

- Je l'ai deviné avec le sabrolaser qu'elle portait. Elle était à bord du croiseur lors de l'attentat, elle en est la seule survivante. Je ne sais comment un enfant a pu se faufiler dans l'équipage, peut-être grâce à ses talents de Jedi. Nous n'avons pas encore eu le temps de trouver les réponses.

- Son nom, vous savez, déclara fermement le Maitre.

Padmé soupira discrètement, elle aurait voulu protéger cette information. Mais c'était trop tard. Le Mynock étant sorti de la grotte, elle ne pouvait faire marche arrière.

- Elle dit s'appeler Allana Chum'Da Solo.

Les yeux de Mace Windu s'écarquillèrent alors.

- Chum'Da ? En êtes-vous certaine ?

- C'est ce qu'elle m'a dit, fit-elle inquiète de ce que cela pouvait signifier. Est-ce un titre ?

Palpatine s'avança et annonça :

- En effet, et c'est une surprise. Si ce qu'elle prétend être est la vérité, alors cette enfant est non seulement sensible à la Force, mais est surtout l'héritière du Consortium de Hapes.

La nouvelle empêcha tout le monde de parler pendant quelques secondes, jusqu'à ce que Padmé balaye la nouvelle.

- J'en doute. La ressemblance entre son nom et le titre n'est sûrement qu'une coïncidence. Que ferait-elle aussi loin de la royauté ? Et seule ? Et...

A cet instant, l'holo lui revint en mémoire. Une femme portant une couronne et un sabrolaser.

- Maître Yoda , demanda-t-elle soudain. Est-ce que la famille royale de Hapes comporte des Jedi ?

- Pas d'après mes plus récentes nouvelles en provenance d'Hapes, ce qui revient à deux ans. Pourquoi ?

Elle se pencha sur Allana qui s'agrippait fermement à sa robe.

- Allana ? Est-ce que je peux t'emprunter un instant l'holo que tu portes sur toi.

Confiante, mais pas totalement éveillée, la fillette fit signe qu'elle était d'accord. Padmé glissa la main dans sa poche et en sortit le dispositif qu'elle tendit à Yoda. Le vieux Maitre Jedi s'approcha d'une console pour incruster l'objet. Alors, au milieu de la pièce apparut l'image en trois dimensions de la Reine.

Tous l'étudièrent un moment. Padmé leva les yeux vers la représentation translucide taille réelle de la jeune femme. Les détails étaient plus élevés et l'image donnait plus de renseignements.

- Je ne reconnais pas cette femme, confia Mace Windu.

- Ni moi, confirma Yoda. Cependant, Jedi, elle est. Son sabrolaser ici, vous voyez.

Il pointa de sa cane la grande dent qui servait de poignée au sabre.

Le Sénateur Bail Organa qui était resté dans l'ensemble silencieux et en retrait pianotait sur la console de projection.

- Le fichier est marqué : Tenel Ka Chum'Ta Djo

Yoda lança un regard perplexe au Sénateur.

- Difficilement croyable, cela est. Reine Taa' Chume, sur le trône on trouve aujourd'hui. Cette femme porte les marquages et les vêtements d'une guerrière de Dathomir.

- Une Sorcière de Dathomir ?

- L'autre holo, plus montre-t-il ? coupa Yoda, non désireux d'aborder le sujet de ces autochtones sachant manier la Force.

L'image passa à l'autre. Comme Padmé si attendait, c'était le jeune homme brun. Un sourire en coin, presque taquin, éclairait son visage. Comme la Reine, il portait un sabre, bien que d'apparence plus classique.

- Il s'appelle Jacen Solo, glissa Bail Organa

Il s'agissait sans conteste d'un Jedi. Cependant, il portait non pas une robe Jedi traditionnelle, mais un uniforme militaire.

- Regardez les écussons sur l'épaule.

Deux écussons étaient patchés dessus, le premier était immanquable, il représentait l'ordre Jedi, un sabrolaser étincelant entre deux ailes déployées. L'autre représentait un tricorne rouge orienté vers le haut.

- Certainement ses parents, posa Yoda.

Ayant vu ce qu'il voulait, Yoda se désintéressa vite des holos pour ramasser le sabrolaser laissé par terre. Il l'étudia sous toutes les coutures.

- Sénateur Organa, voir ceci vous devriez, intima-t-il en tendant l'arme au Sénateur.

L'homme prit l'arme et s'exclama :

- C'est impossible ! Je ne connais aucune raison qui justifierait que le blason de la famille Organa soit sur ce sabre ! À ce que je sache, aucun Organa n'est jamais entré dans l'Ordre Jedi.

- Peut-être devrions-nous demander à Mademoiselle Solo quelques explications ?

Allana était debout, bien que faible sur ses jambes. Padmé se tenait derrière elle et avait ses deux mains sur ses épaules en signe de réconfort. Elle lança un regard inquiet à Palpatine, mais elle se calma. Elle parla d'une voix fatiguée, cependant ferme :

- Il s'agit bien de mes parents.

Elle attira son miniprojecteur holographique hors de la console grâce à la Force et le glissa dans sa poche. Elle s'adressa au Sénateur Organa :

- Le sabre que vous tenez, Monsieur, appartenait à ma grand-mère paternelle, qui était une Organa. J'ai hérité de son arme après son décès.

Les mains de la Sénatrice sur ces épaules la rassurèrent, elle continua son récit. Elle donnait des informations au compte-goutte, cependant.

- Ma famille m'a appris à écouter la Force et à manier le sabre.

- Ils ne faisaient pas partie de l'Ordre ? demanda Windu.

- Dans un certain point de vue, ils l'étaient.

Cette réponse plus que vague en irrita plus d'un, dont Yoda qui n'arrivait pas à perçait les défenses naturelles de la fillette. Cependant, Allana sentit de l'amusement chez Padmé et Bail Organa. Du noir chancelier, elle ne sentait plus rien. C'était étrange. C'était comme s'il se cachait d'elle.

- Pourquoi as-tu réagi aussi brusquement ? Qu'a donc fait le chancelier Palpatine ?

Palpatine ! La couleur quittait son visage. Elle connaissait ce nom, un nom haï, le nom d'un Seigneur Sith, d'un empereur. Le vilain des histoires que lui racontait sa famille avant de s'endormir. Était-ce la même personne ?

- Noir... Tromperie... bredouilla-t-elle de confusion. Je ne sais plus.

Elle recommençait à trembler. Palpatine était dans la pièce et feignait la parfaite innocence.

- Les questions suffiront pour aujourd'hui, déclara fermement Padmé. La journée à était rude pour tout le monde. J'attendrai Maître Kenobi dans mes appartements.

- Un instant, Sénateur, interrompit Bail Organa.

Il tenait encore le sabrolaser. Il passait son doigt sur le dessin incrusté qui représentait sa famille.

- Que va-t-il se passer pour la jeune Allana ?

- Au temple Jedi, nous l'emmenons. Testée, elle sera.

Padmé sentit Allana se tendre d'inconfort à cette idée et se décida à agir.

- Et ? demanda Padmé. Ce qui était valable il y a dix ans avec Anakin Skywalker l'est encore aujourd'hui : elle est trop vieille pour être formée. Elle ne domine pas sa peur, ensuite elle aime trop ses parents, donc elle a trop d'attachement. Vous le savez déjà. Maitre Kenobi avait déjà décidé de le former, avec ou sans votre consentement, c'est ce qui vous a forcé à l'accepter dans l'Ordre.

Aucun des Maitres Jedi ne répondit. La Sénatrice Amidala avait réussi la prouesse de faire manquer de mots trois maitres Jedi en même temps. Elle continua :

- Au pire, elle sera séquestrée au Temple, sous constante surveillance, sous peur qu'elle ne se laisse aller au côté obscur.

- La décision doit être prise en Conseil, rien n'est encore joué, fit Ki-Adi-Mundi, le Jedi au grand front. Et surtout pas entre nous.

- Mais le reste du Conseil des Jedi suivra vos décisions. De plus, que direz-vous au trône d'Hapes si vous gardez leur royale héritière enfermée au Temple ? Que direz-vous à ses parents quand ils viendront la chercher, sachant qu'ils sont Jedi mais n'ont pas à obéir à vos décisions ? Je vous rappelle que le Consortium d'Hapes ne fait pas partie de la République. Diplomatiquement, c'est un terrain très dangereux. Légalement, vous n'avez aucun droit sur cette enfant.

Bail Organa prit une grande inspiration, comme s'il avait pris une décision majeure. Il s'avança pour rendre le sabre à la fillette. Mais quand elle agrippa la poignée de l'arme, il ne lâcha pas la garde. A la place, il s'agenouilla à sa hauteur et plongea ses yeux bruns dans ceux de l'apprentie Jedi :

- Allana Solo, je vais te poser une simple question et tu devras y répondre sur ton honneur.

Elle hocha la tête, comprenant l'importance du moment. La Force lui soufflait que sa vie prenait un tournant.

- Es-tu membre de la famille Organa ?

- Oui, je le suis, dit-elle avec sincérité, les yeux dans les yeux sans ciller.

Bail sourit. Il se redressa et parla à l'assemblée.

- Moi, Prince Bail Organa, Premier Secrétaire et Vice-roi d'Alderaan, de par les lois qui régissent la maison royale, prend sous ma tutelle légale et temporaire Allana Chum'Da Solo, jusqu'à ce que ses parents ou premiers tuteurs viennent la récupérer. Qu'il en soit ainsi.

Il relâcha le sabre qu'elle clipsa à la ceinture. Mace Windu s'éclaircit la gorge.

- Sénateur Organa, je vous demande solennellement de reconsidérer votre décision. Elle a commencé à manier la Force et peut devenir dangereuse si elle est séduite par le côté obscur.

- Avec tout le respect que je vous dois, Maitre Windu, fit le nouveau tuteur d'Allana, elle n'a que neuf ans et la situation n'est que temporaire. Nous pourrons discuter de ce détail plus tard.

Le Chancelier clappa dans ses mains, il arborait un large sourire à la limite de l'enfantin.

- Bien, mes amis, après cet incident réglé, la journée se termine et je pense que chacun de nous espère prendre du repos. Je vous souhaite une agréable soirée.

Puis il tourna son attention vers la fillette qui se tendit malgré la présence rassurante de Padmé dans son dos.

- Princesse Allana, ce fut une surprise, mais je vous souhaite un agréable séjour dans les territoires de la République. Je ferais en sorte que vous ailliez sous peu l'immunité diplomatique à la hauteur de votre position.

À ces derniers mots, Maitre Windu se tendit et Maitre Yoda fit plisser ses rides. En quelques minutes, la jeune fille avait été mise hors de portée du Conseil. La puissance que dégageait la fillette était aussi forte, sinon plus, qu'Anakin Skywalker. C'était inquiétant.

Le monde prit congé.

Allana ne quittait pas Padmé et Bail d'une semelle. Elle savait qui était cet homme. Sa fille adoptive sera Leia Skywalker, sa grand-mère. Ce qui faisait de lui – elle chercha un instant le bon terme – son arrière-grand-père adoptif ! Elle était heureuse d'avoir trouvé de la famille, même éloignée. C'était comme une ancre qui apparaissait dans une mer déchainée.

Son jeune esprit décida de lui dire la vérité sur elle. Non, leur dire la vérité à tous les deux. Elle savait qu'elle n'arriverait pas à garder le secret longtemps sans aide. Maitre Jaina n'étant pas là, elle avait besoin d'aide d'adultes. Et au plus profond de son coeur, elle avait confiance en Padmé et Bail.