Titre : Epidermique.
Auteur : Nandra-chan
Disclaimer : Les personnages de cette fic appartiennent à CLAMP
Note : Allez, je me lance, c'est ma première. Pour me taper dessus, on clique sur reviews !!
La princesse s'approche de moi et me demande si je ne veux pas retirer mon manteau. Je me tourne dans sa direction et je plisse les yeux pour mieux la voir. Elle a le soleil dans le dos et je ne distingue que sa silhouette qui me domine un peu. C'est amusant, elle debout et moi assis, nos têtes sont presque à la même hauteur. Elle se penche vers moi, les poings sur les hanches, un air soupçonneux sur son adorable petit visage.
Eh oui, c'est vrai qu'elle est mignonne avec ses grands yeux verts, et ses drôles de mèches de cheveux qui dépassent de sa frange. Je ronchonne, je lui dis que ça va. Mes grognements ne l'impressionnent plus depuis longtemps. Je crois que j'ai perdu mon aura de guerrier ténébreux aux yeux de cette gamine.
Elle insiste : il fait chaud et je vais attraper une insolation à rester comme ça. Je répète que ça va. Elle finit par céder, mais je sens bien qu'elle n'est pas convaincue. Toujours à s'inquiéter. Il y a des choses qui ne changeront jamais. Enfin, elle a raison sur un point : il fait vraiment très chaud. Heureusement qu'on a trouvé cet endroit. Il a quelque chose de paradisiaque avec cette canicule. C'est le gamin qui l'a découvert.
Qui aurait cru qu'il y avait de tels lieux au milieu du désert ? Au début, on a juste vu un amoncellement de roches rouges, et on espérait juste avoir un peu d'ombre, mais en s'approchant, on a eu la surprise de découvrir une sorte de gouffre circulaire, et au fond de ce cirque, un lac, et une cascade. L'eau surgit d'un trou dans la paroi pour se jeter dans une grande vasque de pierre. Et elle est glacée.
Les enfants étaient si contents qu'ils ont bien failli avoir un accident en descendant trop vite le long du petit chemin escarpé. L'ahuri et moi, on les a suivis plus posément. Je me suis dit qu'il était étrangement calme aujourd'hui. Peut-être qu'il ne supporte pas la température. Ce serait normal, c'est un enfant du froid.
Depuis quelques jours, il trouvait que le gamin n'avait pas vraiment le moral, aussi, dès qu'on est arrivés en bas, il s'est occupé d'y mettre bon ordre. Il n'est peut-être pas doué quand il s'agit d'exprimer ses sentiments, mais pour deviner ceux des autres et pour savoir comment les aider, c'est un vrai génie, il faut bien le reconnaître. Même moi, je me suis laissé surprendre plus d'une fois. C'est qu'il n'a pas ses yeux dans sa poche… ni sa langue.
Alors en voyant ce petit paradis, il a sauté sur l'occasion. Il a proposé de prendre un bain. Moi, je me suis posté sur un rocher pour les regarder tout en faisant le guet. C'est en plein soleil, mais j'aime bien le soleil. Et puis, sur mon perchoir, je suis à l'abri de ses extravagances. Enfin, je crois… Il ne pourra plus me surprendre, c'est sûr. Pas ici, pas aujourd'hui.
C'était plutôt drôle, comme scène. Le gosse est devenu tout rouge en voyant la princesse ôter sa robe pour se baigner en sous-vêtements, et carrément écrevisse quand il a fallu qu'il se déshabille à son tour. Il n'a pas osé quitter son pantalon, et il a fait comme le mage, il s'est contenté de retirer son haut et ses chaussures. Finalement, les garçons, c'est peut-être encore plus pudique que les filles.
Oui, je sais, j'ai rien à dire, moi qui me suis volontairement éloigné, sous prétexte de monter la garde, pour ne pas avoir à participer à ces ablutions ridicules. C'est moi qui suis un peu ridicule je crois.
Enfin, ce n'est pas que je n'aime pas jouer avec eux, mais je n'aime pas qu'ils sachent que j'aime ça. Je crois qu'ils ne sont plus dupes depuis longtemps. En revanche, j'aime bien regarder. Je suis heureux quand ils ont l'air heureux.
Ils ont vite trouvé une activité amusante. Ils ont nagé en s'éclaboussant avec des cris et des rires, et ensuite ils ont décrété que Blanche Neige ferait un bon ballon, et ils ont commencé à se faire des passes. La princesse est un peu maladroite, mais les deux autres sont suffisamment habiles pour ne pas lui faire sentir, ils lui envoient des tirs précis et pas trop puissants, et ça tombe pile au creux de ses toutes petites mains. J'ai passé un bon moment à les observer.
C'est bon, de temps en temps, d'oublier la quête, les plumes, les dangers et les complots, et de se consacrer à de petits plaisirs simples. Puis j'ai senti mes paupières s'alourdir, et j'ai dû à m'assoupir. Je ne me suis pas aperçu qu'ils sortaient de l'eau et qu'ils venaient s'asseoir pas loin de moi. C'est la gamine qui m'a fait revenir à la réalité en me parlant.
On a mangé, et on a décidé de passer le reste de la journée et la nuit là. Tout le monde est un peu fatigué, et c'est un bon endroit. Et puis, il n'y a personne ici, je crois qu'ils sont contents qu'on se retrouve un peu entre nous. C'est rare. Ça se savoure. Après une courte sieste, les deux petits sont retournés se baigner.
Le magicien s'est endormi juste à côté de moi. Il est allongé sur le ventre, la tête entre les bras, il respire profondément. Il est resté torse nu. Il a la peau vraiment claire. Il faudrait que je le fasse lever, que je lui dise de se mettre à l'ombre, qu'il va prendre un coup de soleil, mais je n'ai pas le cœur à le réveiller. Il a l'air bien, là.
Tiens, finalement, il n'est pas si maigre qu'il y paraît. En le voyant comme ça, je me rends compte qu'il est n'est même pas maigre du tout. Il est musclé, une musculature fine et longue, nerveuse, faite pour l'endurance et la rapidité. Ça me fait sourire. Il est tout le temps en train de tirer sa flemme, une vraie couleuvre, et il a l'air tout mou, mais il ne faut pas s'y fier. Depuis le temps, je devrais le savoir pourtant, que c'est un combattant. Même s'il n'aime pas ça.
Moi, j'aimerais bien faire lui lancer un défi. Juste une fois, pour jauger sa véritable force, l'obliger à sortir tout ce qu'il a. J'ai envie de savoir jusqu'où il peut aller. Peut-être que l'adversaire que je cherche, c'est lui. Peut-être que ce type énervant est plus fort que moi… Il l'a bien dit, un jour, qu'il était capable de me battre. C'était sans doute juste pour me provoquer, mais je n'en suis pas certain.
Ce que j'ai ressenti à ce moment là, c'est qu'il était sérieux, qu'il pensait vraiment pouvoir le faire, et pendant un tout petit instant, j'ai douté de moi. Je me suis dit qu'il avait raison. Alors je veux essayer.
Mais comment l'obliger à m'affronter sérieusement ? Il fera tout pour esquiver, je le connais. Pourtant, quand je me remémore les batailles où il a bien voulu participer au lieu de nous laisser, le gamin et moi, faire tout le boulot, que je me rappelle sa rapidité, son agilité, la puissance de ses coups, ça me donne vraiment, vraiment envie.
Et puis je suis sûr que ça me ferait du bien de lui taper dessus, avec tout ce qu'il me fait subir : ses moqueries incessantes, ses plaisanteries débiles, ses surnoms invraisemblables, mais surtout tout le reste. Il a un caractère impossible, toujours à tout garder pour lui comme ça, c'est plus qu'énervant. Si je pouvais le vaincre, peut-être qu'il comprendrait enfin qu'il peut me faire confiance, que je n'ai pas besoin d'être protégé et que je peux le protéger. S'il comprenait ça, alors peut-être qu'il arrêterait de faire des cauchemars et de se réveiller en sursaut, le souffle court, au beau milieu de la nuit.
Il doit penser que je ne m'en suis pas aperçu… il se croit toujours très malin. Il est très malin. Mais il n'est pas le seul.
Tiens, voilà les petits qui ont fini leur baignade et qui viennent nous rejoindre, tout dégoulinants. Le gosse me dit que ça fait du bien, je devrais vraiment faire comme eux. Mais moi, les bains…
Une goutte tombe de sa chevelure, accroche l'éclat du soleil, et capture mon regard. Elle se pose sur l'épaule du magicien. Un instant, je crois qu'elle va rester là, nichée dans un petit creux. Elle tremblote, hésite, puis glisse doucement, laissant un fin sillon humide sur sa peau blanche. Une peau lisse, douce sûrement. Un frémissement, infime, et la perle d'eau espiègle scintille. Elle poursuit son chemin avec une lenteur calculée, louvoie autour de son omoplate et s'amuse sur ses côtes. Il frissonne légèrement. Est-ce qu'il va se réveiller ? Je guette sa réaction, mais il ne bouge pas.
Elle ralentit un peu en passant une bosse, un muscle qui fait une petite boule. Il doit avoir une contracture à cet endroit, une tension. Je note qu'il a de très fines cicatrices un peu partout sur le dos. Elles sont presque invisibles avec son teint clair, et je ne les avais encore jamais remarquées. Ce sont des blessures anciennes, adoucies, estompées par le temps. A mon avis, elles remontent à l'enfance. Elles se sont étirées pendant sa croissance. Je voudrais bien avoir une petite conversation avec le salaud qui lui a fait ça.
Le soleil s'accroche sur la perle irisée, la fait briller comme un diamant. Cet éclat me rappelle à elle, elle ne veut pas que je l'oublie tandis qu'elle se coule dans la gouttière de sa colonne vertébrale pour une descente vertigineuse en direction de ses reins. Elle s'abandonne à la gravité et glisse jusqu'à la zone lombaire. Il a la peau plus fine à cet endroit, et plus sensible aussi. Il se contracte légèrement sous cette caresse fluide, qui ne fait pourtant que l'effleurer en poursuivant sa route vers son pantalon qui bâille un peu. La courbe est plus prononcée ici et la course plus rapide vers son bassin. Elle va le faire. Si elle continue, elle va…
Je retiens mon souffle. Je veux qu'elle s'arrête, je ne veux pas qu'elle s'arrête, je ne sais plus ce que je veux et elle se moque de moi, elle poursuit son chemin, silencieuse et déterminée, imperturbable et fascinante. Elle entre dans l'ombre de sa ceinture, là où le lit où elle s'amuse se fait visiblement plus profond et se perd sous son vêtement. Ici, son cours remonte un peu et elle ralentit, mais elle a pris de l'élan, elle ne renoncera pas. Elle progresse inexorablement, avec une lenteur exaspérante. Je crois qu'elle me nargue. Elle veut retarder l'instant d'entrer dans sa cachette, prolonger le jeu, peut-être qu'elle aime se promener sur cette plaine brûlante.
Le soleil joue une dernière fois avec elle pour la faire scintiller, et j'ai l'impression qu'elle me fait un clin d'œil avant de se faufiler dans un endroit où je ne peux plus la voir. Je ne peux qu'imaginer. Non ! Je ne vais rien imaginer du tout.
Il se réveille. Est-ce que c'est ça qui l'a tiré du sommeil ? Une minuscule goutte d'eau sur sa peau ? Presque rien... presque. Il s'assied, il me sourit. Il a les yeux encore embrumés par la sieste qu'il vient de faire, et une expression enfantine sur le visage. Nos regards se croisent et je lis de l'étonnement dans le sien. Je dois faire une drôle de tête, parce qu'il penche légèrement la sienne, il est intrigué.
- Quelque chose ne va pas ?
L'air revient dans mes poumons et je me rends compte que j'ai retenu mon souffle trop longtemps. J'ouvre la bouche pour répondre, mais j'ai du mal à parler. Je parviens à articuler un « ça va » rauque et peu convainquant. Je me lève. Je sens ses prunelles fixées dans mon dos. Je descends du rocher et je me dirige vers le lac. J'ai besoin de quelque chose de très froid. Tout de suite. Il m'a surpris, finalement.
