Albus Dumbledore tapotait nerveusement sur son bureau, en jetant des coups d'œil suspicieux aux anciens portraits assoupis autour de lui... L'horloge trottait sinistrement d'un tic tac exaspérant, seul bruit de la scène hormis la pluie qui tapait contre la vitre et Fumseck qui rôtissait doucement de lui même sur un pique à brochette.
Une petite sonnerie retentit, brisant l'ennuyeuse méditation de Dumbledore, le silence macabre, et la si peu festive ambiance de ce vendredi soir. D'un geste vif ses yeux se portèrent sur l'horloge d'où un petit coucou venait de jaillir. Il était l'heure !
Le directeur se leva avec empressement, un grand sourire sur le visage, il se dirigea à grand pas vers la cage de Fumseck armé d'une petite fourchette qu'il venait de sortir avec jubilation de sa robe de chambre à frou-frou. Hélas, trois fois hélas, la bestiole n'était pas cuite! Dumbledore pesta un instant en jetant violemment la fourchette par terre où elle rebondit avec un tintement sonore. Il fit quelques pas en rond puis s'arrêta brusquement. Un sourire venait d'éclairer ses traits, d'abord illuminé puis sardonique, ses yeux se portèrent vers une petite armoire.
"C'est une idée intéressante...", murmura t-il dans sa barbe avant de se précipiter vers son âtre où il jeta une poignée de poudre verte avant de se rendre compte qu'il s'agissait de son médicament pour les rhumatismes. Toutefois cette erreur ne parvint pas à déconcentrer le directeur qui balaya la difficulté d'un geste agacé de la main. Il prit une poignée de la vrai poudre et la lança dans la cheminée de toutes ses forces où un grand feu explosa avant de ronronner avidement, reflet des pensées salaces d'Albus.
"Minerva ! J'aimerai vous voir tout de suite dans mon bureau, c'est urgent. J'ai...des choses à vous montrer."
La communication se rompit tandis que le feu se dissipait doucement. Dumbledore retourna s'asseoir, et fixa la porte avec insistance, un léger sourire aux lèvres.
Quelque part dans sa poubelle, une bouteille de cognac était vide...

"Vous m'avez demandée Albus ?" demanda l'austère Minerva en arrivant quelques minutes plus tard. "Vous aviez l'air assez empressé... Mais !"

Elle se précipita vers la cage de Fumseck, l'air horrifié.

"Que lui avez-vous fait Albus ? Votre phénix !"

"Oubliez ce sale poulet !", hurla Dumbledore en lui lançant une fourchette, "et venez plutôt regarder mes incroyables talents" !

Minerva se retourna lentement, un air suspicieux assombrissant ses traits austères. Elle jeta un coup d'œil mêlant désapprobation et incompréhension à la fourchette plantée dans son chapeau. La porte se referma d'un coup avant de se verrouiller magiquement. Et enfin, la professeur de métamorphose pu voir l'horrible spectacle qui s'offrait à elle...

Albus Dumbledore, le plus grand sorcier de sa génération, le seul qui avait su inspirer de la crainte au seigneur des Ténèbres, était allongé, alanguit sur son bureau, un sourire coquin aux lèvres, relevant lentement le bas de sa robe de chambre, révélant des membres malingres couverts de portes-jartelles élimés et d'impressionnantes chaussures à talon rouges vifs. Une musique suave et entêtante retentit d'un vieux tourne-disque caché dans un coin. Dumbledore fit fi de McGonagall qui venait de reculer jusqu'au mur, figée par l'abomination qui paradait lascivement devant elle. Il tendit une main couverte de bagues en plastique vers elle et lui marmonna :
"Oh Minerva, c'est un moment tellement merveilleux..."

"Albus ! Comment...qu'est-ce que...qu'est-ce qui vous prend ?"
Dumbledore éclata de rire, se leva d'un bond et commença à faire claquer sur le bois ses talons aiguilles dans une danse effrénée dont lui seule connaissait la technique. Petit à petit, à la plus grande horreur de la vice-directrice, son supérieur hiérarchique souleva lentement sa robe de chambre et la fit voltiger au dessus de sa tête en se déhanchant. De sa main valide il fit sortir un martinet de derrière son dos. Mais toutes ses actions en même temps lui firent perdre l'équilibre et il s'écroula sur le sol dans un amoncellement de colliers de perles et d'autres verroteries.
Minerva avança hésitante vers Dumbledore, l'air interdite.
"Heu... vous allez bien ?"

"Enfin !", cria t-il l'air victorieux.
Il se leva, en se tenant légèrement courbé, les yeux fixés vers Minerva avec une lueur concupiscente dans le feu de ses prunelles. Puis il poussa soudain un grand cri aigu avant de se précipiter vers sa petite armoire, simplement vêtu de ses chaussures, de ses colliers, de ses portes-jartelles et d'une vieille culotte de grand-mère.
Il arracha la porte de l'armoire, balança par la fenêtre son inutile pensine qui l'encombrait plus qu'autre chose, et qui emporta la bonne moitié du cadre dans sa chute. Albus farfouilla un peu fébrilement avant de revenir vers son bureau où Minerva n'était plus. Celle-ci en effet essayait désespérément d'ouvrir la porte pour s'enfuir mais en vain. Mais pourquoi avait-elle laissé sa baguette sur son bureau ? Elle vit Dumbledore s'approcher vers elle, un petit paquet dans les bras, elle s'empara du pique à brochette faisant tomber Fumseck sur le sol où il crépita joyeusement et se mit en garde.
"Reculez pauvre malade sénile ! Vous n'êtes pas dans votre état naturel ! Reculez ou je vous envoi rejoindre votre dindon !"

Dumbledore la regarda d'un air supérieur et murmura d'une voix doucereuse :
"Vous ne pouvez pas partir...Vous allez avoir l'honneur de découvrir ma plus grande richesse !"

Il brandit alors un vieux Monopoli miteux comme si il venait de faire la découverte du siècle. Minerva, abasourdie, en fit tomber son pic à brochette, et resta plantée bouche bée.
"Tant d'années Minerva," murmura t-il en s'avançant, "tant d'année où j'essayait de vous faire comprendre, mais maintenant vous allez voir de vous même. Jouons !"

Albus se mit à disposer, en chantonnant les pièces rouillées et les billets décrépits avant de s'installer dans son fauteuils, une jambe par dessus l'accoudoir. Il désigna une chaise à la professeur de métamorphose :
« Je vous pris… C'est vous qui commencez ! »

Les portraits des anciens directeurs regardaient la scène d'un air fasciné par le suspense… Fumseck prit une teinte brunâtre pendant que ses chairs calcinaient ; et Minerva McGonagall, sous la pression générale, avança d'un air résigné vers la chaise du purgatoire et le vieillard sous influence qui babillait derrière…