Chapitre 1 Poussière d'argent

Le soleil resplendissait sur la rue Privet Drive. Étant l'été, le voisinage fourmillait d'activité. Les enfants jouaient au ballon; les adultes parlaient autour d'une table, sur le patio, en préparant le barbecue; les adolescents flânaient dans la rue. Bref, tout le monde se réjouissait des vacances estivales qui avaient si bien débutées. Derrière la porte du numéro 4, maison de la famille Dursley, on entendait un mystérieux bourdonnement. Harry, revenant d'une promenade solitaire dans les rues bondées de gens, poussa la porte et entra.

Bien qu'il habitait chez les Dursley depuis la mort de ses parents, aucun membre de cette merveilleuse famille ne l'appréciait. Ni son oncle Vernon, ni sa tante Pétunia et encore moins son cousin Dudley. Celui-ci, qui était du même âge que Harry, ressemblait à un porcelet blond. Ce n'était pas tant sa couleur rosée qui faisait qu'on pouvait le confondre avec un petit cochon, mais plutôt sa rondeur bien prononcée. Dudley était un enfant gâté, un bébé pourri. Le mois dernier, pour son anniversaire, il avait reçu, outre ses 43 autres cadeaux, un tout nouveau système de son qui crachait littéralement les chansons des CD que Dudley y introduisait. Bien évidemment, le mystérieux bourdonnement qu'on entendait en arrivant devant le 4, Privet Drive était son fameux système de son qu'il faisait jouer à tue-tête. Après avoir monté le volume de trois coches encore, Dudley descendit les marches en trombe et bouscula Harry sur son passage.

- Harry! Va prendre le courrier! lui cria l'oncle Vernon.

- Je l'ai déjà fait papa, répondit Dudley avec un sourire narquois.

- Ah! Mais quel bon garçon tu es Duddy! s'exclama la tante Pétunia du haut de son cou de girafe.

Harry se rendit dans la cuisine où il trouva le courrier déposé sur la table. Il parcourut les lettres du regard pour constater qu'aucune ne lui était adressée. Il sortit dans la cour arrière; on y entendait toujours la musique de Dudley. Harry s'assit sur le banc et contempla le ciel en imaginant que c'était celui de la Grande Salle de Poudlard. Il aurait tant aimé être encore là-bas avec ses amis plutôt qu'ici avec les Dursley qui ne lui témoignaient pratiquement aucun intérêt.

Quoi qu'il en soit, il attendait impatiemment une lettre d'un de ses amis, d'autant plus que son anniversaire approchait à grands pas. Soudain, parmi les rayons de soleil qui l'aveuglaient presque, Harry aperçut la silouhette de sa chouette Hedwidge. Aussi étonnant que cela puisse paraître, l'oncle Vernon lui avait permis de la laisser libre de voler tout l'été durant s'il le voulait. Peut-être cette permission était due au vacarme qu'Hedwidge avait mené les années passées lorsqu'on l'a condamnait à oisir dans sa cage. Elle vint se poser juste à côté d'Harry et lui tendit une enveloppe en parchemin avec son nom en écriture dorée dessus. Les lettres bien formées et le style penché révélaient la destinateure : Hermione. Harry caressa la tête de sa chouette et celle-ci lui mordilla affectueusement l'oreille en guise de réponse. Harry prit l'enveloppe et l'ouvrit.

Cher Harry,
Comment vas-tu? J'espère que tout ce passe bien avec ta famille. De mon côté, c'est le parfait bonheur. Ma mère nous a annoncé hier qu'elle était enceinte. Le bébé serait prévu pour Pâques. Quand la mère de Ron a appris la nouvelle, elle s'est empressée de tricoter un petit bonnet pour l'offrir à mes parents. Je crois qu'elle est aussi excitée que ma mère à l'idée de l'arrivée d'un nouvel enfant. Quand j'y pense.
Depuis une semaine déjà j'essaie de convaincre mes parents de t'héberger pour une partie de l'été. Devine quoi? Ils ont finalement accepté. Tout est déjà prévu, mon père passe te prendre dans trois jours avec toutes tes choses et tu viens passé deux semaines chez moi. Ensuite, avec l'approbation de Mme Weasley, on ira tous les deux chez Ron pour le reste des vacances. C'est merveilleux, n'est-ce pas? J'ai hâte de te voir.

À dans trois jours!!!

Hermione xxx

Harry referma la lettre. Dans trois jours seulement il serait enfin débarrassé des Dursley! Il courut jusqu'à la porte et entra précipitament dans la cuisine. La musique de Dudley était rendue tellement forte que le sol en tremblait. Il escalada les marches quatre à quatre et fit volte-face avec son cousin manquant de près de rebondir sur son ventre proéminent. Il essaya de le contourner, mais Dudley l'empêcha de passer.

- Pourquoi tu te sauves? T'as peur que je te frappe? Je me demande qui est le plus peureux entre toi ou mon hamster? lui lança le garçon-cochonnet.

- Et moi je me demande qu'est-ce qui fait le plus de bruit : quand tu fais jouer ta musique ou quand tu marches? lui rétorqua Harry.

En voyant l'air interlocuté de son cousin, Harry sut immédiatement que celui-ci n'avait pas compris. Dudley semblait avoir troqué son cerveau pour une caisse de kilos en trop. Ne pouvant rien répondre d'intelligent, il poussa Harry et retourna dans sa chambre, donnant l'impression que le plancher allait s'effondrer chaque fois qu'il faisait un pas. Curieusement, on n'entendait plus la musique de Dudley, peut-être son système de son était-il brisé? Harry entra également dans sa chambre et prit soin de refermer la porte. On entendit Dudley descendre l'escalier en pleurnichant; son système de son était bel et bien brisé. Harry alla s'étendre sur son lit en relisant la lettre.

Au moment même où il finit de la lire, il entendit un bruit sourd venant de sa commode. Il se leva, intrigué, et s'en approcha. La commode commença à s'agiter, et tout d'un coup un tiroir s'ouvrit. Un petit homme de la grosseur d'un biblot en sortit. Il avait des ailes argentées et la peau orange vif. Ses yeux d'un bleu d'azur fixèrent Harry avec amusement. À peine eut-il le temps de faire un geste, qu'Harry n'apercevait déjà plus le petit homme ailé qui s'était volatilisé sous un nuage de poussière de la même couleur argentée que ses ailes. À cet instant, la porte s'ouvrit d'un coup sec. L'oncle Vernon apparut dans le cadre et dit d'un ton soupçonneux :

- Qu'est-ce que tu mijotes petit voyou?

Essayant tant bien que mal de dissimuler le nuage de poussière derrière lui, Harry regarda son oncle droit dans les yeux. Devait-il lui annoncé maintenant qu'il allait partir pour tout le reste de l'été? Son silence fut vraisemblablement trop long pour l'oncle Vernon qui grogna :

- Alors???

- Je euh.

- Tu serais supposé faire tes bagages en ce moment.

Harry le regarda, stupéfait. Il était donc déjà au courant? Mais son rêve fut rapidement chassé lorsque l'oncle Vernon ajouta :

- J'espère que tu n'as pas oublié que tu allais chez Mme Figg durant nos vacances chez tante Marge.

Oui, il l'avait oublié. Mais alors, comment pourrait-il se rendre chez Hermione? Feignant de commencer à remplir la valise que M. Dudley venait de lui apporter, Harry regarda son surveillant du coin de l'?il, guettant le moment où il partirait. Après ce qui parut une éternité, le garde finit par quitter l'étage pour retourner se prélasser dans son fauteuil en lisant le journal. Harry referma la porte en vitesse et se jeta dans son garde-robe pour y trouver un parchemin, une plume et de l'encre qu'il cachait précieusement sous une pile de boîtes de vieux jouets de Dudley. Son oncle et sa tante lui interdisaient tout accès à son matériel scolaire durant l'été, mais Harry avait réussi à en garder dans son garde- robe sans que personne ne puisse s'en apercevoir. Il s'installa donc sur son lit et commença à rédiger une lettre.

Cher Hermione,
Merci pour ta lettre. J'aimerais énormement me rendre chez toi dans trois jours, mais je crois que nous avons un problème. Demain, à 10h, mon oncle ira me porter chez Mme Figg. Depuis presque 14 ans, elle est ma gardienne. Comprendras-tu qu'à mon âge on me fasse encore garder? Bon, le problème est : lorsque ton père viendra me chercher, je ne serai pas ici, mais bien au 358 rue Farton. Alors, si vous pouviez m'aider Ron et toi. Je ne veux pas subir encore la torture de l'album de chats. Je t'en prie, réfléchis Hermione.

Harry

P.S. Toutes mes félicitations à tes parents pour la bonne nouvelle!

Il plia le parchemin, le mit dans une enveloppe faite du même papier et cacheta l'enveloppe. Comme si Hedwidge pouvait communiqué avec Harry par la pensée, elle arriva à la fenêtre de la chambre du jeune sorcier et attendit que Harry lui donna l'enveloppe. Il la lui tendit et lui murmura :

- C'est pour Hermione. Fais vite Hedwidge.

Elle partit en un coup de vent. Harry retourna faire ses bagages, mais il les fit avec bien plus d'enthousiasme; il savait qu'Hermione comprendrait et qu'elle viendrait le chercher avant demain matin 10h, ou qu'elle se rendrait chez Mme Figg. Harry sortit de leur cachette ses effets scolaires et lorsqu'il alla chercher ses vêtements dans sa commode, il se souvenut de l'apparition subite du petit homme orange. Il regarda à l'intérieur du tiroir duquel le visiteur inattendu avait surgi et y découvrit une bille scintillante avec des reflets argents. Il la prit dans sa main. La bille était chaude et on pouvait entendre une légère musique lorsqu'on l'approchait de son oreille. Harry l'observa avec plus d'attention. La bille ressemblait étrangement au Vif d'Or. Il la déposa sur le dessus de la commode et la regarda encore de plus près. Durant une fraction de seconde, il crut voir deux petites ailes. Non, ça ne se pouvait pas, c'était tout simplement impossible. Mais la bille s'éleva dans les airs et Harry eut la confirmation qu'elle possédait deux minuscules ailes d'une éclatante blancheur. Rêvait-il ou était-ce un Vif d'Argent?