Disclaimer : Albator, Clio, Doc, les marins de l'Arcadia, Warius et son Karyu, Toshiro, Mayu, Eméraldas, l'équipage de Big One, Mi-Kun et Tori-San appartiennent à leur créateur, M. Leiji Matsumoto.
Les autres personnages sont à bibi
1.
Après avoir passé deux semaines au ranch de Warius et de Marina, leurs trois enfants présents, et avoir écumé avec eux les lieux de distractions, Aldéran était revenu à son Lightshadow, mais ne lui avait pas fait directement prendre la direction de Ragel.
Il avait encore vingt jours de congé et il entendait bien en profiter.
Mais surtout, il avait rendez-vous et Aldéran tenait toujours ses promesses.
Bruce J. Speed tendit une cannette de lait fraise au visiteur qui était passé de son vaisseau cerise et argent au Big One de SDF auprès duquel il s'était rangé.
- Je constate que tu vis toujours aussi dangereusement, Aldie, remarqua Schwanhert Bulge qui était ravi de revoir le grand rouquin balafré.
Ce dernier eut un petit rire.
- Au moins, cette fois, je n'ai pas un hématome de la taille d'une balle de golf dans la tête ! Dommage quelque part, Cassiopée a des doigts de fée.
- Oh, si ce n'est que plaie et bosse qui vous manquent, je peux y remédier, assura Manabu Yuuki.
- Toujours prêt à en découdre, je vois, s'amusa Aldéran à l'adresse du jeune homme.
- Ai-je entendu quelqu'un dire que j'avais des doigts de fée ? lança la blonde doctoresse androïde en posant au milieu de la table un gâteau de taille respectable.
Les prunelles bleu marine pétillèrent.
- Avec quelques mois de retard : bon anniversaire, Aldéran, fit Bruce.
- Hum, ce n'était pas vraiment nécessaire, grogna Aldéran. Je me suis suffisamment fait chambrer début novembre !
- Non, sans blague, s'amusa franchement Bruce, surprenant ses équipiers par son inhabituelle jovialité. Ce n'est vraiment pas un drame !
- Si, un peu, rit alors Aldéran en considérant le chiffre « 45 » en sucre glace sur le gâteau.
- Ta famille et tes amis t'ont fait tourner en bourrique ? insista Bruce alors que Cassiopée découpait les parts et les posait sur les assiettes, Lise emportant la sienne et celle de Wilson avec qui elle était de garde dans le wagon de contrôle de Big One.
- C'est peu de le dire. Ca a duré une semaine entière avant mon anniversaire, et une de plus après. Et comme Ayvi et les gamins étaient déchaînés, j'ai dégusté du lever au coucher !
Tous éclatèrent de rire et Aldéran préféra engloutir une grosse bouchée de gâteau pour ne pas envoyer une réplique qui n'aurait fait qu'aggraver son cas.
Le Lightshadow et Big One avaient volé deux jours côte à côte, Aldéran demeurant la plupart du temps à bord du train qui revenait d'une de ses missions de sauvetage.
Le dernier après-midi, c'était Bruce qui était venu sur le Lightshadow, toujours ravi par la puissance tranquille du vaisseau.
- C'est agréable qu'il n'y ait pas d'urgences, remarqua-t-il, debout sur la passerelle, Aldéran confortablement installé dans le grand fauteuil blanc près de la barre que le clone mémoriel de l'Ame de l'Arcadia manoeuvrait délicatement.
- Oui, ça fait effectivement quelques mois que tout est relativement calme, approuva Aldéran. Que ce soit au boulot ou en famille. Ca ne devrait pas durer, ça ne dure jamais !
- Quel optimisme confondant, se moqua gentiment Bruce.
- Et venant d'un spécialiste, l'appréciation vaut son pesant de cacahuètes ! s'amusa Aldéran.
- Vous n'êtes pas loin de mon niveau pour ce qui est de l'ironie, assura le membre de la SDF.
Les deux amis échangèrent un sourire. Ils se croisaient peut-être rarement, mais les liens se recréaient aussitôt, et ils profitaient pleinement de ces trop brèves retrouvailles.
- A un de ces jours, Aldéran, et prenez bien soin de vous, fit Schwanhert depuis Big One.
- Vous aussi, veillez bien sur votre équipe.
- Soyez heureux, Aldie, ajouta Bruce. Et encore bon anniversaire !
Aldéran lui tira la langue et mit fin à la communication alors que Toshiro faisait, assez brutalement au demeurant, virer le Lightshadow.
- Toshy ! protesta-t-il. Tu as de la chance que j'étais assis sinon je volais à travers toute la passerelle.
- Je viens de capter un SOS.
- Et alors, nous ne sommes pas un vaisseau de dépannage, grinça encore le grand rouquin balafré. Laisse faire les professionnels !
- Non, ça me touche directement.
- Je ne comprends pas ? fit plus doucement Aldéran.
- L'appel vient de Mayu.
- Qui ?
- Ma fille.
- Je me souviens… Eméraldas m'avait parlé d'elle alors que nous errions au Royaume des Ombres. En revanche, papa n'a jamais desserré les lèvres à son sujet ! ajouta-t-il alors que le clone mémoriel avait poussé les réacteurs à leur vitesse maximale.
2.
Trois jours auparavant, l'Astrophysicienne Mayu Oyama Tuldish était arrivée à l'Observatoire Cendoth, en compagnie de Valkon l'aîné de ses fils, alors qu'elle effectuait une tournée de relevés galactographiques à la source même.
Sommité dans son domaine, la veuve de Priem Tuldish avait eu accès à tous les dossiers de l'Observatoire et avait téléchargé tout ce qui l'intéressait pour ses projets à venir.
Cartographe, Valkon assistait sa mère depuis une vingtaine d'années, fusionnel avec elle au possible et ne la quittant que pour vivre des relations généralement brèves avec l'amant du moment.
Une fois ses renseignements engrangés, Mayu et Valkon avaient profité du voyage que leur offrait l'Observatoire mobile qui rejoignait sa base d'ancrage à la station spatiale PY-12.
Et cela avait été dans la nuit du troisième jour que le principal système de propulsion était tombé en panne, et les appareillages de survie avaient grillé dans la foulée.
Aldéran avait eu beau presser de questions le clone mémoriel qui dirigeait son Lightshadow, il n'avait pas eu plus d'infos que celles dont il avait disposé depuis sa rencontre avec la capitaine du Queen Eméraldas.
Debout face à la colossale colonne de l'Ordinateur, à quelques heures de croiser l'Observatoire Cendoth, il avait encore tenté d'obtenir quelques renseignements.
- Je résume : Eméraldas et toi avez eu Mayu, quand Eméraldas a disparu a son tour après avoir croisé le Sell, mon père a respecté sa parole envers vous et l'a arrachée à son aimante famille d'accueil pour la conduire dans ce sordide orphelinat sur la planète poubelle Terre… Que s'est-il passé par la suite pour qu'il n'en parle jamais, que cette Mayu ne se soit jamais manifestée non plus ? Elle aurait dû garder le contact, présenter ses enfants à son parrain. Tout comme avec Warius, nous aurions dû former une famille vraiment élargie !
- C'est compliqué. Ce sont les aléas de la vie, soupira Toshiro. Ton père a été fidèle à son serment, il a protégé ma fille autant qu'il l'a pu, mais sa crise d'adolescence a été infiniment pire que la tienne. On va dire que Mayu a choisi sa voie, s'est mariée très vite, et depuis il n'y a plus le moindre contact entre ton père et elle.
- Il n'a pas cherché à la revoir ? Il n'a pas voulu savoir si elle avait eu des enfants ?
- Non.
- Et c'est tout, l'histoire se termine ainsi ? Non, Toshy, c'est forcément plus compliqué !
- Cela regarde ton père et ma fille. Si tu veux en connaître plus, c'est à lui que tu dois t'adresser !
- Comme s'il avait jamais répondu à mes questions une fois qu'il avait décidé que ne dirait rien ! grinça Aldéran en tapant du pied. Et c'est toi que j'interroge !
- Je ne te dirai pas ce qui relève de la vie privée entre ton père et Mayu. Il a accepté sa décision, sachant avoir sa part de torts dans l'histoire. Et depuis il ne s'est plus consacré qu'à sa propre famille.
- Mais, et toi, il s'agit de ta fille !
- Je suis une machine. Je ne pouvais rien lui apporter. Mayu a sa famille, c'est tout ce qui importe.
- Il faudra quand même bien que l'un de vous se décide à tout me raconter, maugréa Aldéran en repartant vers la passerelle.
Sortant d'un saut spatio-temporel, le Lightshadow s'était rapproché de l'Observatoire en perdition.
- Un vaisseau pirate ! glapit Valkon.
- Drapeau pirate, bannière de l'Union Galactique et étendard Militaire, le capitaine de ce vaisseau ne fait pas dans la demi mesure, niveau infos contradictoires, grommela sa mère. Je me demande bien quel énergumène peut bien s'amuser à cela ! ?
Yadrom Shar, le directeur de l'Observatoire, fit se reculer l'Astrophysicienne, hors de l'angle de vue de la caméra de communication.
- Ici l'Observatoire Cendoth. Veuillez vous identifier et exposer les raisons de votre présence.
- Je réagis à votre appel de détresse, répondit un grand rouquin balafré dont le visage apparut sur l'écran de la salle. Je m'appelle Aldéran Skendromme.
A sa vue, Mayu tressaillit violemment et serra les poings.
« Ainsi donc, parrain, tu as fini par fonder ta famille. Oh oui, cet homme ne peut qu'être de ton sang ! Mais lui, je doute qu'il sache grand-chose de moi… ».
