Note : Une suite arrivera normalement prochainement et désolé pour la courte longueur de ce texte.
C'était un matin d'août, quand Edmund avait appris le départ de Peter et Susan. Il n'avait pas été étonné, à la grande surprise de Lucy après tout, il s'y attendait, silencieusement et puis il faut dire que Peter n'est pas spécialement discret non plus : depuis quelques temps il le voyait rassembler vêtements et livres, il était aussi beaucoup plus attentionné à son égard, lui murmurait souvent des « je t'aime », Peter avait aussi le regard lointain, les sourcils froncés, il lui demandait de promettre des choses insensées, tellement insensées qu'il n'avait pas mis si longtemps que cela à découvrir le subterfuge. Alors, parce qu'après tout il était juste, il avait simplement promis, en croisant comme un enfant les doigts derrière son dos. Il lui avait souris, lui avait dit « je t'aime », de toute les façons possible, inimaginable. A chaque étreinte, il le serrait si fort, car la fin était proche, car il allait partir.
Et, il était parti. Un matin d'août, il c'était faufilé entre ces bras, avait planté un baiser sur son crâne et il c'était volatiliser, comme un voleur, comme un roi de Narnia que ses sujets attendaient. Mais cette fois, c'était l'Amérique qui l'attendait, l'Amérique qui l'appelait, l'Amérique qui le réclamait. Et, peut-être que c'est ce qu'Edmund aurait dû faire, il aurait dû le réclamer, faire plus de crise de possessivité, après tout n'était-il pas son grand frère ? N'aurait-il pas dû être présent pour lui ? N'était-ce pas la dernière figure masculine qu'il lui restait ? Edmund n'était-il pas plus important que l'Amérique ? A Narnia, à Cair Paravel, il était plus important que leur ses sujets, même de cinq minutes, même les soirs où il n'avait pas envie de danser, même au repas lorsqu'il n'avait pas faim. Que possédait l'Amérique que lui n'avait pas ?
Mais, Edmund Pevensie n'avait jamais rien dit, il l'avait laisser faire comme bon lui semblait. Peter était un homme libre après tout et puis, il y avait bien longtemps qu'il n'était plus sur Narnia, qu'il ne régnait plus sur Peter, qu'il ne régnait plus tous deux sur cette chose. Alors, il s'était juste contenté de lui rédiger une lettre, avec son écriture la plus soignée, avec ces mots les plus sincères, avec son honnêteté et son sarcasme permanent mais surtout, avec justesse. La veille, Edmund l'avait discrètement glissée dans la sacoche de son frère, entre deux lignes, avec un « Pete », lisible sur la face. Il priait désormais pour qu'il la lise maintenant, et peut-être aussi pour qu'il lui revienne finalement, parce qu'Edmund trouvait qu'il c'était beaucoup battu pour lui, pour eux, pour un nous et aussi parce que Peter avait un certain nombre de promesses à respecter. Il n'avait qu'à pas assurer à Ed, qu'il les tiendrait toutes, en jurant sur Aslan.
En entrant dans sa chambre la réalité de la chose le frappa, et il ne put empêcher quelques larmes de couler. Parce qu'au fond, personne n'est jamais préparer à cela. Alors non, Peter n'est pas mort, non Peter n'est pas sur le point de mourir ou de passer sa vie dans un état misérable. Il avait sûrement fait pire : il avait offert leur relation sur un plateau doré à cette chose, et elle s'en délectait, jusqu'à ces propres larmes. Après tant de temps, elle osait pointer le bout de son nez, venir réclamer son dû, quémander ce qui lui revenait de droit. Ce qu'Edmund avait tellement redouté, était enfin là, présente sur cette table de chevet, le narguant, le prenant de haut.
D'une main tremblante, il l'attrapa et la serra fort contre lui. Elle lui coupait la respiration, rougissait ces yeux, saccadait les battements de son cœur. Un morceau de papier avait tant de pouvoir. Et ces yeux qui n'en finissaient pas de pleurer, d'évacuer cette souffrance, cette haine, ce désespoir. Que pouvait-il bien faire de plus ? Préparer ou pas, rien ne changeait. Anticiper pour mieux régner, pour mieux être maître de la situation ne servait visiblement pas à grand-chose.
− Stupide Peter, stupide lettre, stupide monde, pesta-t-il oralement.
S'armant de courage dans toute cette tempête de sentiment, il crocheta la lettre et tira la feuille de papier à lui. Comme il aurait aimé régner sur Peter, avec justesse. Comme il aurait aimé que Peter lui appartienne définitivement. Comme il aurait aimé que son cheval ne soit jamais fatigué. Comme il aurait aimé qu'Aslan leur propose de rester une deuxième fois, sans moyen de retour par inadvertance. Comme il aurait aimé tellement de chose pour garder Peter à lui.
L'enveloppe tomba. Le papier se déplia. Les larmes d'Edmund roulaient une à une, chutant dans son cou, pour se perdre sur le reste de son corps il ne pouvait les contenir comme il ne pouvait contenir Peter.
Le regard voilé par les larmes, la tête en arrière, il laissa un sourire fleurir sur ses lèvres, prêt à croire aux dires de son frère, prêt à croire à un futur, prêt à croire qu'un jour cette fatalité, ensemble ils pourraient la vaincre. Prêt à croire en l'incertitude d'un lendemain.
« A bientôt Ed. »
