Bon... me voici avec une nouvelle fic... je sais, je n'ai toujours pas continué les autres. S'il vous plaît, ne me le rappelez pas. Je ne suis franchement pas d'humeur en ce moment. Elles sont toujours en cours, mais disons... que j'ai pris une 'petite' pause. Pour me faire pardonner voici une nouvelle histoire, complètement différente des autres. J'espère qu'elle vous plaira.

Aussi, j'ai remarqué quelques trucs. En vérifiant les stats de mes fics, j'ai pu constater d'un grand nombre de visites sur mes différentes histoires. Je remercie ceux qui ont pris la peine de me lire. Mais j'aimerais bien avoir vos commentaires, qu'ils soient positif, ou négatif, je suis preneuse de tout du moment que c'est constructif (ou alors pas constructif mais positif lol). Vous pouvez me faire part de vos impressions dans une review ou alors par MP. Cela me ferait vraiment plaisir. Merci beaucoup. Pour tout vous avouer je perds de plus en plus le goût d'écrire en ce moment. Mais vos avis me sont vraiment précieux pour la suite.

Je ne dis pas ça pour avoir des reviews, non. Je voudrais que ce soit clair é_è

Disclaimer : L'histoire m'appartient, mais pas les personnages. Injuste n'est-ce pas ?

Je remercie Paracetamol pour la correction de ce chapitre. Et également pour être là quand j'ai besoin d'aide.


C'était un jour comme les autres dans les Terres Crépusculaires. Depuis des générations, ce royaume avait été envié par ses voisins pour la beauté et la richesse de son environnement, ainsi que pour son doux climat, alors que la tyrannie et la misère régnaient chez eux.

Vu du ciel, le royaume apparaissait absolument féerique. Son ciel de couleur orangée, dérivant sur un dégradé de rouge et bleu, était tacheté de plusieurs petits nuages blancs flottant paisiblement en altitude. A cette époque de l'année, l'air était chaud et sec, mais la légère petite brise qui se manifestait de temps à autre venait adoucir le climat, amenant un peu d'air frais aux habitants du royaume.

Certains d'entre eux, comme les chasseurs, s'étaient aventurés dans la profonde forêt en compagnie de leurs chiens. A plusieurs distances de là, sur la grande place des fêtes, animée par les commerçants et différents spectacles, une estrade avait été dressée, sur laquelle plusieurs artistes se produisaient, tandis que les passants jetaient quelques munnies en fonction de leur impression sur leurs performances. Cependant, il arrivait souvent que certaines personnes ne reçoivent rien en échange, si l'on faisait abstraction des projections de tomates et autres légumes que quelques malheureux avaient la malchance de recevoir. C'était le cas de l'un d'eux, qui, lorsqu'il reçut une première tomate, se cacha le visage à l'aide de son bras, et fit passer son instrument de musique sur son épaule, avant de descendre de l'estrade sous les huées des spectateurs.

Une fois bien éloigné de la place des fêtes, le jeune homme retira son béret, révélant une chevelure blonde coiffée en brosse.

Demyx soupira en s'asseyant, s'appuyant contre un mur.

« Quand les gens comprendront-ils enfin la beauté de ma musique ? » grogna t-il en pinçant discrètement quelques cordes de son sitar.

« Ne vous inquiétez pas... Même s'ils ne le montrent pas, il y en a certains ici qui apprécient beaucoup votre musique. »

Le jeune homme sursauta au son de cette voix. Il leva les yeux pour les planter dans ceux céruléens d'un adolescent à la crinière dorée en bataille. Il regarda un peu sur le côté, et remarqua qu'un petit animal s'était niché sur l'épaule du blondinet. Il s'agissait d'un petit volatile aux plumes jaunes, avec de grands yeux bleus et aux pattes arrières assez développées. L'animal sursauta légèrement quand il sentit le regard de Demyx sur lui, et se cacha dans le col du bliaud du jeune garçon, qui rit un peu quand il sentit l'oiseau lui chatouiller le cou.

« Du calme... » chuchota le petit blond en caressant la tête de son animal. Puis, il ouvrit une petite sacoche en étoffe accrochée à sa ceinture sous sa veste, et en sortit quelques munnies qu'il déposa dans la main de Demyx.

« Qu- quoi ? »

« Tout travail mérite salaire, non ? Et puis j'ai vraiment aimé. »

« Oui mais- »

Le jeune blond sentit son petit volatile s'exciter bruyamment. Il leva la tête et vérifia l'heure sur la grande horloge de la ville, avant de pousser une exclamation de surprise.

« Ça va bientôt être à moi ! » s'écria t-il en sursautant. Son petit oiseau remonta sur son épaule et battit des ailes pour presser le jeune garçon. « Au plaisir de vous revoir bientôt ! »

Puis Demyx le vit s'enfuir en vitesse en direction de la place des fêtes.

Il cligna des yeux plusieurs fois, et regarda le contenu de sa main droite.

Elle y contenait de quoi s'acheter à manger pour les deux jours à venir. Il n'aurait pas à voler chez les commerçants pour se nourrir aujourd'hui.

Le jeune homme soupira tristement et rangea son argent dans sa poche, à l'abri de tous les regards.

Dire qu'il n'avait même pas eu le temps de le remercier...


Une fois arrivé devant l'estrade peu de temps après la fin du précédent numéro, le petit blond s'arrêta quelque temps pour reprendre son souffle. Sur son épaule, le volatile battit une nouvelle fois des ailes pour lui dire de se dépêcher s'il ne voulait pas être en retard. En voulant monter sur l'estrade, il se fit bousculer par l'un des artistes, qui sourit sournoisement lorsque l'adolescent se retrouva le postérieur contre le sol.

« Regarde un peu où tu vas. » ricana l'artiste.

Le jeune garçon fronça les sourcils mais ne dit rien, habitué à se faire traiter de la sorte à cause de sa petite taille. A la place, il eut un sourire en coin et mit son pied sur le passage de l'homme masqué. Ce dernier trébucha et se retrouva face contre terre, sous les gloussements de plusieurs jeunes femmes qui passaient par là. Irrité, il attendit que les demoiselles et les autres passants s'éloignent, pour prendre le jeune blond par la main et l'emmener dans une ruelle sombre.

« Ça t'amuse, peut-être, de me ridiculiser ainsi ? » cracha t-il en plaquant le garçon contre le mur.

« Je pourrais vous retourner la question. » répondit le blond, l'air impassible.

Se rendant compte qu'il n'arrivait pas l'intimider, les traits de l'homme se durcirent, et il exerça une pression sur les épaules de l'adolescent, qui poussa un petit cri lorsqu'une vive douleur lui parcourut les bras. Incapable de faire le moindre geste, le blondinet commença à paniquer et déglutit. Il tenta de donner un coup de pied à l'adulte, mais celui-ci avait calé sa jambe entre celles du plus jeune, l'empêchant de faire tout mouvement.

Le blond sentit son petit volatile remuer à ses côtés. Ce dernier sauta de l'épaule de son jeune maître et atterrit sur le bras de l'agresseur, qui le regarda curieusement. L'oiseau s'avança en courant et donna quelques coups de becs sur son visage, l'obligeant à lâcher le jeune blond, qui se dégagea de son emprise une fois libéré.

Le garçon recula légèrement et regarda la scène avec amusement. Son jeune oiseau était en train d'assommer à lui tout seul, et à coups de bec qui plus est, un être humain faisant vingt fois sa taille. Le petit animal à plumes s'arrêta soudainement, et se posta sur le dos de l'homme, pour ensuite siffler bruyamment, le bec largement ouvert.

Le jeune adolescent écarquilla les yeux.

Pas ça...

« Phoenix, arrête ! » cria le garçon en tentant de stopper l'animal de compagnie dans son action.

Mais il était trop tard : en un rien de temps, la ruelle déjà sombre s'obscurcit davantage, et l'on pouvait observer, perchés sur le haut des deux murs formant le passage, plusieurs dizaines de corbeaux, leurs yeux jaunes brillant dans l'obscurité...l'air menaçant. Le petit blond tourna la tête de tous les côtés, se demandant s'il avait attiré l'attention des passants aux alentours. Malheureusement pour lui, il vit non loin de là des soldats à cheval s'approcher de la petite rue. Juste à ce moment précis, l'homme qui l'avait agressé poussa un cri strident, alors que les corbeaux s'acharnaient sur lui, lui donnant des coups de becs, de pattes, et lui déchirant sans ménagement la peau. Même si le visage de l'homme était caché par les oiseaux, l'adolescent vit avec horreur du sang gicler à chaque morsure ou griffure. Il leva la tête un peu plus haut et aperçut deux autres corbeaux, plus massifs que les autres, au corps luisant et aux yeux perçants, posés sur un toit. Complètement dépassé par la tournure des événements, le garçon fut tenté de prendre la fuite. Mais il ne pouvait pas partir maintenant. Phoenix était toujours parmi les dizaines de corbeaux tueurs, et de plus, s'il s'échappait maintenant, il risquerait d'éveiller les soupçons...

Il ne fallait surtout pas que sa véritable identité soit révélé au grand jour...

« Jeune homme ! Pourriez-vous m'expliquer la situation ? » l'interpella un soldat en le voyant. Il descendit de sa monture et s'avança vers le jeune blond, qui chercha en vitesse une explication à tout ceci.

« Euh...je... »

« C'est LUI !!! » entendit-on hurler à côté.

L'adolescent et le soldat se retournèrent pour voir la main de l'agresseur sortir faiblement de la foule de corbeaux qui s'étaient abattus sur lui. Sans plus attendre, plusieurs hommes allèrent lui porter secours, et chassèrent les oiseaux à coups d'épée. Étrangement, en les voyant s'approcher, les corvidés ne s'attaquèrent pas à eux, mais s'envolèrent tout simplement au loin, comme si rien ne s'était passé. Le petit blond vit Phoenix s'approcher et de lui en sautillant. Il s'accroupit et attendit à ce qu'il grimpe sur son épaule pour se relever et lui caresser affectueusement le cou, le remerciant de l'avoir sauvé.

Cependant, le jeune garçon grimaça quand il jeta la vue sur le corps de son agresseur. Il était recouvert de plaies et de coupures par lesquelles le sang coulait en grande quantité. Et quand il le vit tousser, un liquide s'échappa de ses lèvres, alors que le sol se teintait de rouge. Le blond ne put s'empêcher de se sentir coupable, il n'avait jamais voulu en arriver là. Ces oiseaux étaient allés beaucoup trop loin.

« Arrêtez-le ! » cria l'homme en luttant contre la douleur, tout en pointant l'adolescent du doigt. « Il m'a attaqué sauvagement alors que je me promenais dans les environs ! »

Quoi ? Pensa le blond, interloqué. A côté de lui, Phoenix poussa un sifflotement tout en battant des ailes, l'air mécontent.

« Est-ce vrai ? » demanda le soldat en baissant les yeux sur le garçon aux yeux céruléens, les sourcils froncés.

« Je... mais... »

« Ha ! » rit sournoisement son agresseur alors que des soldats l'aidaient à s'asseoir contre le mur. « Regardez, il ne nie même pas ! »

En un rien de temps, l'un des soldats attrapa les deux bras du jeune garçon et les maintint dans son dos.

« Non ! Lâchez-moi ! » hurla t-il en se débattant.

Sentant son jeune maître en danger, Phoenix fit la même chose qu'avec son précédent agresseur et asséna quelques coups de bec sur le visage du soldat. Mais ce dernier ne se laissa pas perturber et raffermit sa prise sur le petit blond, qui gémit quand ses épaules commencèrent à le faire souffrir.

« Je n'ai rien fait ! » se défendit le jeune garçon en se mordant la lèvre. « Vous n'avez aucune preuve ! »

« Les blessures sur le corps de cet homme ne sont-elles pas assez ? Comment as-tu invoqué ces oiseaux ? Quel genre de magie pratiques-tu ? » reprit le soldat en essayant d'immobiliser son captif.

« Ce doit être de la magie noire. » déclara un autre garde en s'approchant de son collègue.

« Elle est interdite au sein de notre royaume... tout comme ces monstres qui la pratiquent... »

Le jeune garçon plissa les yeux à l'entente de ces paroles. Ils n'étaient pas des monstres... Il dut contenir toute la rage en lui afin d'éviter de la faire exploser en appelant lui même une centaine de corbeaux supplémentaires. Ces rustres n'auraient alors même pas le temps de crier de douleur lorsqu'ils leur déchiquetteraient la peau. Il tourna la tête sur le côté pour cacher son visage marqué par la colère.

« Ton silence te trahit, jeune homme. »

« C'en est assez. »

Roxas cessa de se débattre au son de cette voix, alors que l'homme qui le maintenait desserra sa prise sur ses bras. Tous se retournèrent et virent à quelques mètres de là, la forme d'un jeune homme grand et mince, s'avançant à pas de loup. Il leur était très difficile de voir son visage, car ses traits étaient cachés par une ample capuche d'un long manteau noir, qui soulignait sa fine silhouette.

« Qui es-tu ? Reste en dehors de tout ça, cela ne te concerne pas. »

« Surveille tes paroles. » rétorqua le jeune homme.

Le ton ferme de sa voix permit tout de suite au soldat de deviner l'identité de la jeune personne en face de lui. Quand il s'en rendit compte, il poussa une légère exclamation de surprise, les yeux grands ouverts. Puis il relâcha sa prise sur son jeune captif, avant de poser un genou au sol pour ensuite baisser la tête docilement.

« Toutes mes excuses, mon prince. »

Roxas sentit sa gorge se dessécher et déglutit difficilement.

'Mon...prince ?'

Afin d'éviter de s'attirer des ennuis, le jeune garçon imita le soldat et posa à son tour un genou au sol, pour saluer le prince des Terres Crépusculaires.

« Redressez-vous tout de suite et levez la tête. »

Le petit blond frissonna à son air catégorique et menaçant. Il entendit les cinq soldats à ses côtés se relever rapidement. Avec hésitation, l'adolescent redressa lentement la tête. Mais au moment où il fit un geste pour se remettre sur ses deux pieds, l'un des soldats lui assena un coup de pied dans le mollet pour le forcer à rester au sol. Roxas grinça des dents lorsqu'il sentit l'emprise de la main de l'homme en armure dans ses cheveux, l'obligeant à rester la tête penchée.

Il ne s'était jamais senti aussi humilié. Le jeune blond avait l'impression de se faire traiter comme un animal.

Il y eut un petit moment de silence pendant lequel aucun des soldats n'osa ouvrir la bouche.

Quand le jeune garçon entendit des pas se rapprocher, il essaya de redresser la tête sans se faire réprimander par le soldat, mais ce dernier s'en rendit compte et maintint une pression plus forte sur lui, se servant de sa main libre pour appuyer sur son cou.

« Qui t'a donné l'ordre de faire cela ? » demanda le prince, d'un ton cassant.

Roxas remarqua alors que les mains du soldat se mirent à trembler au son de la voix du jeune homme. Il semblait tellement angoissé, que le garçon était capable de l'entendre avaler sa salive.

« Euh... personne mais- »

« Alors lâche-le. »

« Mais, votre Altesse, il était en train- »

« Je n'aime pas me répéter. »

En soupirant discrètement, le soldat relâcha lentement son captif et se recula.

« Veuillez accepter mes excuses. » dit-il en faisant une révérence.

Le jeune homme ne lui prêta même pas attention et s'accroupit devant Roxas, qui n'osait pas faire le moindre geste.

« Tiens. » dit le prince en lui tendant la main.

Choqué, le petit blond redressa les pupilles et rencontra le regard bienveillant du jeune homme. Roxas sentit alors sa respiration se couper.

Ces yeux... il ne savait même pas comment les décrire. Ses iris étaient d'un vert si brillant. Ni le jade, ou même l'émeraude n'aurait suffit à définir leur beauté. Ils étaient si pétillants, si perçants, que Roxas était sûr que le jeune prince pouvait voir au plus profond de son âme. Il se sentait mis à nu. Le jeune blond se retrouva incapable d'aligner un mot à la suite de l'autre sans bégayer, alors il décida de rester muet, ses yeux toujours rivés sur la main qui lui avait été tendue.

« Réponds au prince lorsqu'il t'adresse la parole ! » le réprimanda l'un des soldats en tapant du pied, faisant sursauter le jeune garçon.

Celui-ci vit alors le fils du souverain redresser la tête et lancer un regard glacial en direction du soldat.

« Qui t'a dit d'ouvrir la bouche ? »

Surpris, l'homme en armure haussa les sourcils, puis se racla la gorge pour tenter ensuite une nouvelle approche.

« Sauf votre respect votre Altesse, mais nous étions sur le point d'arrêter ce jeune homme. »

« Oh...? Et pour quelle faute ? » demanda le prince, l'air faussement curieux.

« Il est fort possible qu'il soit celui qui ait sauvagement agressé cet homme. »

Il pointa du doigt vers l'homme en question, dont le masque était tombé lorsque les corbeaux l'avaient attaqué. Le prince prit la main de Roxas pour le remettre sur ses pieds, et s'avança devant l'homme blessé, toujours au sol. Il l'observa longuement, devant les regards craintifs des soldats, craignant encore de voir le jeune prince se mettre en colère.

« Venez un peu par ici. » dit-il en faisant un geste de sa main, invitant les soldats à le rejoindre. Les hommes en armure s'exécutèrent sans hésitation.

La 'victime' fronça les sourcils. Tout cela ne lui disait rien qui vaille.

« Regardez bien son visage. Il ne vous rappelle pas celui de quelqu'un ? »

Les soldats firent ce qu'on leur dit tandis que Roxas vit le visage de son agresseur se crisper légèrement, et cela ne semblait pas être dû à la douleur qu'il ressentait.

Alors que les hommes en armure tentaient encore de reconnaître le visage du blessé, le petit blond vit le jeune prince se retourner vers et lui adresser un sourire confiant.

« Tu peux partir, je les retiens. » lui chuchota t-il discrètement en plaçant une main près de ses lèvres pour étouffer légèrement sa voix.

Bien qu'étonné par une telle indulgence de la part du fils du roi, Roxas tourna les talons, remerciant silencieusement le prince, et sortit de la ruelle en courant vers l'estrade où l'organisateur de la fête était sur le point d'annoncer le prochain artiste.


« Voilà une bonne chose de faite. » souffla le prince Axel en se frottant les mains, comme pour se débarrasser de la poussière imaginaire qui les salissait.

Avec satisfaction, il regarda les soldats attacher à l'aide d'une corde les mains du criminel, qui clamait toujours son innocence. Cependant le roux n'était pas dupe, il avait très bien vu l'homme masqué attaquer ce jeune garçon. Il avait juste attendu le bon moment pour intervenir. Ses parents lui avaient toujours dit d'être prêt en permanence à aider son peuple. De plus cet homme était un malfaiteur qui avait été longuement recherché à travers tout le royaume, que personne n'avait été en mesure d'apercevoir, étant donné qu'un masque recouvrait son visage en permanence, depuis sa fuite.

Le jeune homme avait également été témoin de cet étrange phénomène : il avait réussi à observer, tout en restant caché, l'apparition de ces étranges corbeaux dans la ruelle. Les soldats lui avaient d'abord affirmé qu'il s'agissait de magie noire, mais ils manquaient de preuve pour donner de la crédibilité à leur propos.

Même si Axel avait clairement vu la scène, il n'avait pu se résoudre à arrêter ce jeune garçon. Non seulement parce qu'il savait le petit blond n'avait jamais eu l'intention d'agresser cet homme -même si ce dernier le méritait- mais également parce que le prince avait toujours été fasciné par la magie, qu'elle soit bienfaitrice ou destructrice. Et si les soupçons des soldats s'avéraient être exacts, si ce garçon était bien une sorte de mage, alors il était pressé de retrouver l'adolescent pour en savoir plus.

« Je vous défends de dire à mes parents que vous m'avez vu ici. Me suis-je bien fait comprendre ? » avertit-il les soldats, d'un air autoritaire.

Les hommes hochèrent vivement la tête, se sentant incapable d'aller à l'encontre des décisions et des désirs du prince. Ces soldats étaient en rapport direct avec la famille royale. A l'heure actuelle, le prince était censé être au château pour dîner avec sa famille au sujet du titre de roi des Terres Crépusculaires et la passation de pouvoir entre son père et lui. Cette conversation tombait à chaque repas, et Axel commençait à se lasser.

Le jeune homme ajusta sa capuche et marcha silencieusement dans les rues du quartier, ignorant les regards curieux de certains passants, qui se demandaient qui pouvait être cet étrange individu vêtu de noir.

Alors que le jeune homme réfléchissait à l'excuse qu'il pourrait donner à sa famille quand il rentrerait au château, sa réflexion fut interrompue quand il arriva sur la place des fêtes. Il regarda un peu autour de lui, pour voir que tous les passants, et y comprit les commerçants, qui avaient d'ailleurs laissé leurs étalages sans surveillance, s'étaient regroupés à proximité de l'estrade pour assister à la représentation.

Plus il se rapprochait dudit lieu, plus il arrivait à distinguer parmi les exclamations de joie des habitants, une entraînante mélodie jouée à la flûte. Le jeune prince entendait les hommes et les femmes, adultes et enfants, taper dans leurs mains sous le rythme effréné de la musique. Un petit peu plus loin, mais toujours proche de la foule, Axel vit un petit groupe d'enfants danser ensemble, bras dessus bras dessous, un énorme sourire graciant leur petites frimousses. Le prince se surprit lui-même à clapper des mains, ayant été inconsciemment entraîné par l'euphorie des habitants du quartier.

Curieux, le jeune homme s'aventura dans la foule, poussant quelques passants, qui ne s'en rendirent même pas compte, trop absorbés par le spectacle.

Une fois arrivée devant la scène, Axel leva la tête, puis sentit sa respiration se bloquer au niveau de sa gorge.

Sur l'estrade, dansait joyeusement sur l'entraînante mélodie, un jeune volatile à plumes jaunes, pas plus grand qu'une coupe de vin. A ses côtés, le roux put voir le jeune garçon qu'il avait aidé un peu plus tôt, une flûte portée sa bouche, une expression sereine sur le visage, les yeux fermés, alors que ses jambes bougeaient elles aussi sous le rythme rapide de la musique, tandis que ses pieds frappaient fermement contre le sol en bois de l'estrade, faisant office de percussion. Le visage du prince s'illumina d'un large sourire. Il se sentait retomber en enfance, à l'époque où ses parents invitaient les meilleurs musiciens du royaume à venir jouer au château, sous les regards naïfs et émerveillés des enfants qu'étaient le prince Axel et la princesse Kairi en ce temps.

Au son de la flûte du petit blond s'ajoutèrent les sifflements enjoués de son petit oisillon, qui battit des ailes quand un de ses compères, tout aussi petit que lui, mais aux plumes noir de jais, vint le rejoindre tout en sautillant joyeusement.

Malgré toute sa simplicité, il s'agissait sûrement du meilleur spectacle qu'il lui avait été donné de voir. Ce jeune garçon n'avait pas besoin de grand chose pour faire quelque chose de beau et de plaisant. Sa performance respirait la bonne humeur, la fraîcheur et l'innocence. C'était si attendrissant...

« C'est vraiment merveilleux... » souffla t-il, toujours stupéfait.

Lorsque le spectacle prit fin, et que le garçon salua la foule, Axel lâcha un grognement désapprobateur, prêt à admirer cette représentation encore de longues heures durant.

Plusieurs vagues exclamations de joie retentirent dans toute la place, alors que les spectateurs se pressaient de récompenser le petit flûtiste et ses deux associés en jetant en leur direction des sacoches remplies de munnies tandis que les enfants lancèrent des fleurs et des confettis. Bien décidé à montrer à quel point la performance lui avait plu, le prince sortit de la poche intérieure de son manteau une sacoche contenant tout ce qu'il avait pris sur lui, avant son escapade en dehors du château. Il allait devoir rentrer chez lui, et de toute façon, il n'avait rien à acheter. De plus, Axel tenait vraiment à récompenser le jeune garçon comme il se devait, il le méritait.

Roxas était heureux.

Il avait présenté cette petite performance juste pour l'argent, cependant il était ravi de voir que son spectacle avait plu, et il se sentait prêt à présenter quelque chose d'autre, juste pour le plaisir, même s'il n'y gagnerait rien. Mais il se faisait tard, et il ne désirait pas inquiéter davantage son frère, qui devait sûrement se demander où il était passé. Il ramassa, avec l'aide de son petit volatile jaune, l'autre étant reparti discrètement, les sacs de munnies que les citadins lui offraient généreusement. Certains les lui donnaient en mains propres; il s'agissait surtout de jeunes enfants à qui les parents avaient confié leur argent pour leur 'faire l'honneur' d'aller lui donner eux-mêmes. Il vit une petite fille brune aux grands yeux verts monter sur l'estrade avec l'aide de ses deux amis, et s'avancer timidement vers lui, les mains derrière le dos. Curieux, l'adolescent s'accroupit pour se mettre à sa taille et inclina la tête sur le côté, souriant.

« Bonjour... euh... »

« O-Olette ! » fit l'enfant d'une petite voix, le rouge montant à ses joues.

« Oui, Olette. Tu as quelque chose à me dire ? »

Il la vit piétiner légèrement sur place, et regarder au sol. Puis, en se mordant un peu la lèvre, elle se décida enfin à lui montrer ce qu'elle cachait derrière son dos.

« P-pour toi ! »

Et elle lui dévoila un petit bouquet de fleurs colorées, composé de plantes assez diverses, mais tout aussi jolies les unes que les autres.

L'attendrissement fut général.

Les passants éclatèrent de rire, mais pas par moquerie. Si Axel ne tenait pas à garder son identité secrète au reste de la ville, il serait lui aussi monté en haut de cette estrade pour aller féliciter le jeune garçon.

Touché par cette délicate attention, Roxas accepta le bouquet de fleurs tout en passant une main dans les cheveux de la petite Olette, qui rit nerveusement en rougissant. Le jeune blond pouvait entendre de là où il était, l'un des deux amis de sa jeune admiratrice pester contre lui.

« C'est pas juste ! Moi aussi je peux faire de la flûte si je veux ! » grogna un petit blond en croisant les bras, une moue boudeuse sur les lèvres, alors qu'il lançait un regard assassin à Roxas, qui ne se sentit absolument pas offensé, juste amusé par cet élan de jalousie.

« Mais oui Hayner, mais oui... » rit son ami en posant une main sur son épaule.

« Arrête de te moquer, Pence ! »

Axel vit la petite fille descendre de l'estrade, le rouge toujours aux joues, alors que le petit garçon du nom d'Hayner la prit par la main pour l'éloigner le plus loin possible de l'estrade, suivis de près par le jeune Pence, qui peinait tout de même à les rattraper.

Décidant de prendre son courage à deux mains, le prince hocha la tête pour lui-même, et ajusta un peu plus sa capuche. Il attendit, le temps que tous les citadins présents s'éloignent de l'estrade, pour laisser le jeune garçon quitter la scène tranquillement. Quand le public s'éparpilla, Axel se rapprocha du petit escalier de bois que le jeune blond descendait calmement.

« Excuse-m- »

Avant même qu'il ne puisse hausser un peu la voix, il vit quelqu'un s'approcher du jeune garçon. Il s'agissait d'une grande jeune femme dont les longs cheveux d'ébène, ornés d'un foulard de couleur rose, lui arrivaient jusqu'au bas du dos. Sa peau était mate, et sa silhouette fine et élancée était vêtue d'une longue robe chamarrée, dont le haut blanc formait un chemiser, tandis que sa taille était de couleur verte, puis violette pour le reste de la robe. Elle n'avait pas de chaussures, mais portait au niveau de sa cheville droite un bracelet de couleur or, identique à ceux à ses poignets. Autour de sa taille avait été accroché un foulard violet, orné de quelques grelots. Elle était vraiment élégante. Le prince remarqua qu'elle était accompagnée d'une petite chèvre, qui se frotta au jeune blond dés qu'elle le vit.

« Bonjour, Esméralda. » dit Roxas en souriant chaleureusement à la jeune femme.

Cette dernière lui rendit son sourire et croisa les bras.

« Et bien Roxas ! Je me disais bien que ta prestation allait être un succès, mais tu m'as véritablement volé la vedette. »

« Je suis bien loin de t'égaler malheureusement. »

« Oh arrête, tu vas me faire rougir. » rit-elle, tout en caressant énergiquement les cheveux de Roxas, qui la laissa faire.

Esméralda était une jeune femme que Roxas avait rencontrée il y a quelques mois. Elle était une artiste errante, qui se produisait de temps en temps sur la place des fêtes, ou tout simplement dans le coin d'une rue. Lorsqu'il l'avait aperçue pour la première fois, le petit blond avait tout de suite deviné qu'elle ne provenait pas de ce royaume. Il n'avait jamais pensé à lui demander ses origines. Mais après tout, cela ne le regardait pas vraiment. Le blond avait été surtout impressionné par ses prestations. Ses dons en danse et en musique lui avait permis de gagner correctement sa vie. Admiratif, Roxas lui avait demandé des conseils, et s'était finalement décidé à se produire sur scène à son tour. Cette méthode était beaucoup plus juste, il ne pouvait plus se permettre de sortir et voler chez les commerçants pour se nourrir.

« Bon... Je n'ai plus rien à t'apprendre, il semblerait. Je crois que je vais pouvoir partir. » annonça t-elle, souriant tristement.

« Tu vas partir ?! » cria Roxas, les yeux écarquillés. « Mais...mais- »

« Ooh ! Je plaisante, enfin ! Bon sang, quel naïf tu fais ! Tu es vraiment trop mignon ! » fit-elle en serrant le jeune blond dans ses bras, lui coupant la respiration.

« Nngh... »

« Tu as quelque chose à dire ? »

« Tu...m'empêches de..respirer... » parvint à marmonner le petit blond, qui s'étouffait.

« C'était le but. » rit la jeune femme, en relâchant le garçon, alors que ce dernier peinait à reprendre son souffle.

Les deux jeunes gens continuèrent à discuter de choses diverses pendant un moment, tandis que le petit chocobo et la chèvre d'Esméralda se dégourdissaient un peu les pattes à proximité, en compagnie de jeunes enfants qui s'étaient approchés des deux animaux pour jouer avec eux.

A un moment, Esméralda se pencha légèrement, posant une main sur l'épaule du jeune blond, puis pointa quelque chose du doigt pour attirer son attention.

« On dirait que tu as un admirateur secret... » dit-elle, un sourire malicieux aux lèvres.

« Hein ? »

« Lève les yeux. »

Le jeune flûtiste obéit et observa les alentours, jusqu'à ce que son regard croise celui émeraude d'une personne habillée d'un long manteau noir.

« C'est...le prince. » murmura Roxas à l'oreille d'Esméralda, à qui le sourire s'élargit considérablement.

« Eh bien, eh bien ! Quel honneur ! » s'exclama t-elle en donnant quelques légères claques dans le dos de son jeune ami.

« Oui... je suppose... » répondit-il en baissant la tête, sentant toujours le regard brûlant du prince.

Comprenant où son ami voulait en venir, la jeune femme grimaça légèrement en se mordant la lèvre.

« Tu n'as pas l'intention d'aller le voir ? » demanda t-elle ensuite.

« Mais tu sais très bien que je ne peux pas ! Et si... et s'il... »

« Laisse-moi reformuler ma question. » reprit-elle en souriant. « Veux-tu aller lui parler ? »

Roxas resta muet, nerveux. Il savait que son silence le trahissait.

« Alors vas-y. »

« Mais je- »

« Chuuut. » Elle posa son index contre les lèvres du jeune blond, lui coupant la parole. « Qui ne tente rien, n'a rien, comme on dit. Si tu souhaites vraiment le connaître, alors n'hésite pas ! Si tu fais attention, je suis sûre que tout se passera bien ! »

Encore réticent, l'adolescent réfléchit quelques instants. Si par malheur le prince venait à découvrir son secret, il ne saurait pas du tout ce qu'il ferait. Esméralda était la seule personne à qui il avait révélé son identité, car en discutant avec elle, il avait senti qu'il pouvait lui faire confiance, et il eut raison.

Avec le prince, tout était différent. Il ne le connaissait pas vraiment, de plus, il faisait parti de la famille royale... le fils du roi et de la reine, ceux qui ne pouvaient pas supporter la vue des individus de son espèce...

Mais son amie avait raison. Roxas ne souhaitait plus rester dissimulé dans l'ombre. Et puis... il avait ressenti quelque chose d'étrange en présence du prince, et il voulait en avoir le cœur net.

« D'accord. » dit finalement le jeune garçon après une longue réflexion. « Je vais...essayer. »


« Prince. »

Axel sursauta, et regarda autour de lui, légèrement paniqué, se demandant si quelqu'un avait découvert son identité.

Mais quand il se retourna, le prince ne rencontra que le visage étonné du jeune garçon blond qu'il avait longuement observé.

« Oh ! Bonjour... euh... »

« Roxas. » fit le garçon en hochant la tête.

Le jeune chocobo sur son épaule siffla et tendit une aile, comme pour se présenter, ce qui fit rire le prince.

Les deux jeunes gens se fixèrent des yeux quelques instants, avant de détourner le regard, quelque peu gênés par l'atmosphère beaucoup trop silencieuse à leur goût. Ils ne savaient pas quoi se dire, cependant ils ressentaient tous les deux cette force étrange qui les avaient attirés l'un vers l'autre.

« Vous désiriez me parler ? »

« Oui, mais pour commencer, cesse de me vouvoyer. » demanda le prince avec un léger soupir.

« Pardon ? Mais je pensais- »

« Au secours, à chaque fois qu'on me vouvoie, je me sens plus vieux que d'habitude. Je ne suis pas tellement plus âgé que toi, tu sais. » rétorqua Axel, avec un sourire amusé.

« Je m'en doute bien !... Mais vous êtes le prince... et je ne souhaite pas avoir davantage de problèmes... » répondit le jeune blond, les sourcils froncés, repensant au moment où les soldats l'avaient injustement arrêté.

« Je n'aime pas trop les formalités. Donc je te prierai de me tutoyer et de m'appeler 'Axel', tout simplement. » Ce n'était pas un conseil, mais un ordre. Cependant, il n'avait pas employé ce ton si autoritaire avec lequel il s'était exprimé pour parler avec les soldats. Remarquant ce contraste, Roxas ne put s'empêcher de sourire d'un air penaud.

« Vos désirs sont- » Il vit Axel se renfrogner. « Euh.. je veux dire, d'accord, Prince Axel. »

« Axel tout court. » corrigea le jeune homme, les bras croisés, alors qu'il tapait du pied au sol de manière impatiente.

« Oui...Axel. » Sentir le prénom du prince s'échapper de ses lèvres d'une telle manière provoqua une sensation plaisante chez le petit blond, qui rit silencieusement. Phoenix lui lança un regard curieux, voyant des rougeurs apparaître sur les joues de son jeune maître. « Axel je- »

« Par contre, il faudrait éviter d'utiliser trop souvent mon nom en ville... je n'ai pas très envie de me faire repérer... » Il attrapa la main du petit blond et se mit à courir. « Allons ailleurs pour discuter. »

Surpris, Roxas n'eut même pas le temps de protester et se laissa donc guider par le jeune homme, qui avait l'air de savoir où il allait, ce qui était logique, maintenant qu'il y réfléchissait. Le petit blond lança un regard confus à Esméralda, qui l'attendait toujours près de l'estrade. Mais la jeune femme sourit et lui fit un clin d'œil, avant de tourner les talons pour partir de son côté en compagnie de sa petite chèvre, qui la suivit en courant.

« Axel... » commença l'adolescent en un murmure.

« Hm ? » lui répondit le prince, sans se retourner.

« Je voudrais vous... enfin te remercier pour tout à l'heure. Je ne m'attendais pas du tout à ce que le prince en personne vienne m'aider, pour tout t'avouer. »

A ces mots, il entendit le garçon aux yeux émeraudes rire à gorge déployée. Roxas ne voyait vraiment pas ce qu'il y avait de drôle.

« Ce n'est rien... j'ai toujours eu pour habitude de défendre la veuve et l'orphelin ! » lui répondit-il, ses rires se calmant un peu.

Le jeune flûtiste sourcilla, étonné.

« Comment sais-tu que je suis orphelin ? »

« Ce n'est qu'une expression Rox- » Il s'arrêta subitement, comprenant enfin où le jeune garçon voulait en venir. « Attends un peu...tu es...? »

Le blond hocha la tête, les yeux rivés vers le sol.

« Je suis désolé. » s'excusa Axel, en s'arrêtant un peu.

« Mais je ne vis pas seul ! Et puis- »

« Cela ne me regarde pas... mais j'ai moi aussi perdu quelqu'un de ma famille, alors je peux comprendre. » avoua le prince en recommençant à avancer, en marchant cette fois-ci.

Son compagnon inclina la tête sur le côté.

« Qui as-tu perdu...? » demanda t-il doucement, ayant peur d'être indiscret.

Axel ne se retourna pas vers lui pour lui répondre, et se contenta de murmurer :

« Ma sœur aînée. »

Roxas lâcha un petit 'oh' et pinça les lèvres quand il sentit la main tremblante du prince se serrer fortement sur la sienne. Bien qu'un peu maladroitement, il posa doucement son autre main sur celle du jeune homme encapuchonné, essayant de lui apporter un peu de réconfort. Le prince n'eut pas l'air de s'en rendre compte, vu qu'il continua sa route comme si de rien n'était. Mais le blond ne lui en tint pas rigueur, car cela lui permettait de cacher ses joues légèrement empourprées dans le col de sa veste.

Cependant, le prince avait bien senti cette petite main caressant calmement la sienne. Il ferma lentement les yeux et frissonna. Ce doux contact provoquait une sensation étrange en lui...

Comme un sentiment d'apaisement...

...mais surtout de familiarité.

Instinctivement et inconsciemment, le prince caressa du pouce le dos de la main de Roxas, tout en continuant d'avancer en silence.


« Hum... »

« Un problème ? » questionna Axel en tournant la tête vers le jeune garçon, qui paraissait mal à l'aise.

« Et bien quand tu m'as dit que tu souhaitais discuter un peu plus loin, je pensais que tu nous emmènerais dans un endroit reculé de la ville... »

« C'est ce que j'ai fait, pourtant... »

« En quelque sorte oui... » admit Roxas, un sourire nerveux aux lèvres. « Mais je ne m'attendais pas à ce que nous nous retrouvions à deux cents mètres au-dessus du vide... »

Axel éclata de rire et profita du fait qu'ils soient suffisamment éloignés du reste de la ville pour retirer sa capuche, dévoilant une crinière de longs cheveux roux coiffés en pics.

Mais le jeune flûtiste n'était pas amusé : le prince avait décidé de les faire monter tout en haut de l'horloge, en plein centre de la cité. De là où ils étaient assis, il leur était possible d'apercevoir toute l'étendue de la ville.

Cependant, aussi magnifique que la vue puisse paraître, le garçon n'était pas rassuré. Que ferait t-il si jamais il tombait ?

« Et bien tu n'auras qu'à- »

Non !! Surtout pas devant le prince ! Il ne pourrait pas se résoudre à faire ceci en sa présence. C'était beaucoup trop dangereux, pour lui, tout comme pour sa famille. Il secoua négativement la tête, se refusant à agir comme le lui dictait cette voix dans sa tête...

« Quel est le problème ? Il te suffira de le laisser tomber dans le vide et de le regarder s'écraser lourdement au sol. Il ne mérite que ça, de toute façon. »

La garçon cessa un moment de caresser les plumes de son jeune chocobo, les mains crispées sur ses cuisses.

Jamais... jamais il ne pourrait...

« -xas... »

Non... jamais il ne ferait une telle chose.

« Roxas ! »

Le petit blond sursauta, reprenant enfin ses esprits, et réalisa que son compagnon criait son nom depuis déjà plusieurs minutes.

« Pardon. J'avais la tête ailleurs. »

« Oui, je vois ça. » rit Axel.

« De quoi désirais-tu me parler ? »

« En fait je voudrais avoir une petite précision. » pointa le jeune homme, en repliant une de ses jambes, laissant l'autre pendre.

Roxas lui lança un regard interrogateur, forçant le roux à continuer sur sa lancée.

« Voilà, je souhaiterais savoir si tu t'y connaissais un peu en magie. »

Il vit les yeux bleus du petit blond s'agrandir considérablement.

« Euh... mais... m-mais pourquoi me demandes-tu une chose pareille, à moi en particulier ? » demanda le jeune blond sur la défensive, l'air paniqué.

« Je t'ai vu, tu sais. »

« Pardon ? »

« Tout à l'heure, dans la ruelle. J'ai vu ton... euh... ta petite volaille... »

« Volatile. Phoenix. » corrigea Roxas, les sourcils froncés.

« Oui, peu importe. » Il vit le blond afficher une petite moue boudeuse, mais l'ignora. « Je l'ai vu en train d'invoquer ces corbeaux. Je suppose qu'il n'a pas appris ça tout seul... » continua t-il en fixant le blond droit dans les yeux.

Ces derniers étaient écarquillés, et Axel sut alors que les soldats avaient vu juste.

« Mais non, voyons ! Pourquoi saurai-je utiliser la magie ? Tu sais très bien qu'elle est interdite ici. Et les seuls êtres la pratiquant sont- »

« Oui. Mais cela ne répond pas à ma question. T'y connais-tu en magie, oui ou non ? »

Un voile de cheveux blond vint cacher les yeux du jeune garçon, qui hocha la tête.

Il était pétrifié et terrifié. Il ne s'était absolument pas attendu à ce que le prince lui pose cette question. Axel n'était pas censé être au courant ! C'était un secret qu'il s'était juré de garder !

Mais maintenant que le prince savait... il...

« Es-tu en contact avec les Al Bhed ? » demanda le rouquin en plissant les yeux.

Bien que s'étant attendu à cette question, le jeune flûtiste releva la tête et se renfrogna.

« Non !! Bien sûr que non ! » se défendit-il, faisant tout son possible pour calmer ses tremblements.

« Tant mieux. »

Roxas se mâchouilla la lèvre inférieure.

« Je regrette que ces viles créatures soient les seules à avoir une connaissance approfondie de la magie noire et celle en général. Nous autres humains, ne connaissons que les sorts de guérison. Elle est la seule autorisée dans ce royaume...mais elle ne m'intéresse pas vraiment. »

Viles créatures...

Roxas serra les poings.

« Pourquoi... » commença-il, les yeux rivés sur ses mains tremblantes. Le roux le regarda, attendant la suite. « Pourquoi... détestez-vous à ce point les Al Bheds...? »

Il n'osa pas relever la tête.

Axel l'observa curieusement, surpris par une telle question de la part du petit blond.

« Te rends-tu seulement compte de ce que tu me demandes ? » demanda t-il, les sourcils froncés. « Ces êtres sont de véritables abominations. »

« Parce qu'elles ne sont pas complètement humaines ? » murmura son compagnon.

« Il y a de ça. » répondit le prince en regardant l'horizon. « Mais il y a une autre raison. »

« Laquelle est-elle ? »

« Oh pitié, Roxas ! Tu n'es pas ignorant à ce point là, quand même. A moins que tu ne sois pas né dans ce royaume ! » dit le prince, exaspéré.

Le jeune flûtiste ne répondit rien.

En vérité, il savait exactement pourquoi tout le royaume détestait les Al Bhed.

Les gens ont souvent peur de ce qui est différent...

Comme il l'avait dit plus tôt, ces êtres n'étaient pas complètement humains. La nature les avait gracié de plusieurs caractéristiques bien communes à ce peuple. A savoir une paire d'ailes aussi blanches que celles d'une colombe, des yeux perçants, dont les pupilles étaient entourées d'un halo de couleur vert pâle. A cela s'ajoutait une marque noire tatouée sur leur peau. Leurs yeux avaient ce qu'il y avait de plus intriguant. Les Al Bheds avaient comme particularité d'avoir les pupilles spiralées. Cependant, cette marque caractéristique passait presque inarperçue pour l'oeil humain, contrairement aux Al Bheds, dont la vision était aussi précise que celle d'un faucon. Chez certains d'entre eux, et en particulier chez les Al Bheds aux iris couleur vert émeraude, ce trait était beaucoup plus visible que pour d'autres.

Les Terres Crépusculaires avaient banni toutes formes de magie, (à l'exception des sorts de guérison), car considérées comme trop dangereuses. Mais son utilisation était une tradition chez les Al Bheds, qui la pratiquaient depuis des millénaires. Roxas comprenait parfaitement pourquoi les habitants du royaume craignaient ce peuple. Ils redoutaient sûrement que les Al Bheds finissent par les attaquer un jour où l'autre.

« Mais...pourquoi n'essayez vous pas de discuter avec eux ? » demanda ensuite Roxas d'une voix hésitante. « Vous les détestez parce qu'ils sont différents. Cela me semble assez injuste. Ils sont peut-être pacifiques ! »

« Je te l'ai dit, ce sont des montres ! » rétorqua fermement Axel, faisant sursauter Roxas.

« Mais... »

« J'ai l'impression que tu essayes de les défendre. Tu es vraiment en contact avec eux ? »

« Mais non je- »

« Alors pourquoi ?! »

Le jeune blond ne comprenait absolument pas pourquoi le prince se mettait dans un tel état. Axel avait les sourcils froncés, les dents serrés, et ses épaules semblaient trembler de colère.

« Monstres... monstres... qu'ont-il fait de si abominables pour être traités ainsi ? » reprit le jeune blond, se refusant à hausser la voix.

« Tu dois vraiment vivre coupé du monde pour ne pas être au courant de ça. » lâcha Axel, en riant. Il vit le visage de Roxas se durcir.

« Oui je vis coupé du monde. Mais j'ai mes raisons. D'ailleurs, si notre cher roi se souciait un peu plus de son peuple, personne ne vivrait coupé du monde, comme tu le dis si bien... » cracha le flûtiste, bien décidé à ne pas se laisser faire.

Le prince fut pris de court par ces paroles. Il ne s'était pas attendu à ce que le jeune blond parle de son père avec une telle froideur. Le roux savait parfaitement que la réputation du royaume n'était pas méritée. Certains le considéraient comme un endroit utopique, où il faisait bon vivre... Mais si l'on grattait un peu la croûte, on se rendait compte que la misère était omniprésente, moins que dans d'autres royaume, mais tout de même là. Tandis que les autres rois faisaient tout leur possible pour la faire disparaître, le Roi Éric ne mettait rien en œuvre pour l'éradiquer, la considérant comme minoritaire. C'était l'un des points qu'Axel reprochait à la politique de son père. Mais il ne lui avait jamais rien dit.

Le prince se sentit subitement coupable.

« Roxas... »

Le jeune garçon tourna la tête sur le côté, refusant de le regarder.

Le rouquin tiqua, mais comprenait parfaitement. Cependant il s'en voulait de l'avoir blessé. Il aurait dû répondre à sa question simplement, sans en rajouter.

« As-tu... » reprit-il à voix basse. Il vit Roxas tourner lentement la tête vers lui. « As-tu déjà entendu parler des 'Maudits' ? » demanda t-il, peu sûr de lui.

Le jeune blond secoua négativement la tête, les yeux toujours fixant toujours le visage du prince.

« Il s'agit des Al Bheds aux ailes noires. »

Roxas acquiesça, et continua de regarder son compagnon, attendant qu'il continue.

« Un jour, quand j'étais enfant, un garde est rentré dans la salle du trône complètement paniqué. Mon père et ma mère se demandaient ce qu'il s'était passé pour qu'il se mette dans cet état. Son visage était pâle et il arrivait à peine à former une phrase sans bégayer. Après s'être calmé un peu, il nous a expliqué la situation. »

« Et ? » fit Roxas, intrigué.

« Il... il nous a dit que... que plusieurs séries de meurtres avaient été commis dans tout le royaume. »

Roxas s'humecta les lèvres et hocha la tête, invitant Axel à continuer.

« Mon père s'est rendu sur les lieux... et constata de l'ampleur du massacre. En une nuit, dix personnes avaient été tuées. Les victimes étaient toutes des jeunes femmes, souvent adolescentes. Il n'a pas été nécessaire d'examiner les corps avec précision pour connaître la cause de la mort... elles avaient toutes... un trou béant dans la poitrine... » Le prince mit une main sur sa bouche, se sentait quelque peu nauséeux. « Leur cœur... leur cœur leur avait été retiré... littéralement arraché de leur cage thoracique. »

Voyant le prince trembler, Roxas posa sa main sur son bras d'un air inquiet.

« Tu n'es pas obligé de tout me dire si c'est difficile pour toi... »

« Non... ça va. Je veux juste te faire comprendre... » répondit le prince en secouant la tête. « Une annonce a alors été passée à l'attention de toutes les femmes du royaume. Qu'elles soient adultes ou enfants, peu importait. Elles étaient les principales concernées. Il leur était conseillé, ou plutôt ordonné, de ne pas sortir le soir, la nuit, ni de traîner dans les allés sombres et reculées. Malgré le danger, mon père ne désirait pas expliquer au peuple la raison de cette annonce, de peur de créer la confusion et un sentiment de panique dans la population. Fort heureusement, personne ne s'est posé de question et a obéi. Tout se passait bien, et pendant un certain temps, nous n'avons pas eu à déplorer d'autres meurtres. »

« Mais qu'est-ce que- »

« Laisse-moi continuer. » l'interrompit Axel. « Un jour, alors que les soldats faisaient une patrouille tout autour du château, j'ai décidé de les regarder faire, parce que je souhaitais en savoir un peu plus sur les habitudes des soldats. Ma mère m'a toujours dit de m'intéresser à nos sujets... J'observais leurs moindres faits et gestes... et à un moment... nous avons vu... d'étranges créatures... » Le jeune homme frissonna légèrement en y repensant. « Elles ne ressemblaient en rien à tous les autres animaux connus du royaume en ce temps. Tout leur corps était noir...assez petit, et leurs yeux étaient jaunes et luisants. Elles se réfugiaient dans le sol telles des ombres, et ils nous étaient impossibles de les attraper pour les examiner de plus près. Cependant... ce qui intrigua le plus les soldats... était... cette traînée de sang... qui se répandait quand elles se déplaçaient... »

Roxas avait un mauvais pressentiment.

« Les soldats remarquèrent que toutes ces créatures sortaient d'un même buisson... ils décidèrent donc de s'y rendre, étant donné qu'il leur était impossible de saisir ces bestioles... et quand... et quand... quand ils ont regardé derrière le buisson... ils ont découvert... »

Le jeune blond vit le prince fermer fortement les yeux, alors qu'il se mordait la lèvre inférieure jusqu'à en saigner.

« Axel- »

« Ils ont découvert... quelqu'un de dos... tout son corps... sa peau... ses vêtements... étaient noires... exactement comme ces petites créatures qui grouillaient dans les alentours... ses yeux étaient jaunes et brillants... mais le plus important était cet halo vert autour de ses pupilles... et... ces ailes aussi sombre que celles des corbeaux... » Axel s'arrêta un petit moment, et prit une grande inspiration, avant de reprendre. « Quand elle s'est rendue compte de notre présence, elle s'est immédiatement retournée, la bouche grande ouverte... son corps étaient tellement sombre et ses yeux si brillants que nous n'avons même pas pu voir les traits de son visage. Mais... sa bouche... était remplie de sang... même ses mains en étaient recouvertes... et sur ses genoux... il y a avait... du...un... » Ses yeux piquaient, alors qu'il sentait les larmes s'y former. « Il y avait un cœur... humain... sur ses genoux... Je me souviens avoir crié... et l'individu a immédiatement déployé ses ailes pour s'enfuir... pour dévoiler... le corps sans vie d'une jeune fille... » Il mit une main devant son visage pour cacher ses maudites larmes. « C'était... celui de ma grande sœur. Cissnei. »

Roxas ne pouvait pas parler.

Son cœur battait frénétiquement et douloureusement dans sa poitrine. Ses yeux étaient écarquillés, sa mâchoire tremblait. « C'est... »

« Horrible, n'est-ce pas ? Et peu de temps après, les meurtres ont repris... et à chaque fois, de grandes plumes noires étaient découvertes à côté des corps... » reprit Axel, le visage complètement calme, même si les larmes dévalaient ses joues.

La tête du jeune blond retomba mollement contre sa poitrine. Quoi... Quoi... Quoi ?!

Un... Al Bhed... un Maudit...avait tué... un membre de la famille royale. La princesse. Cissnei. La sœur d'Axel.

« Les Al Bheds sont installés sur nos terres depuis environ un siècle... ce sont des parasites... qui se permettent de mettre le désordre dans un royaume qui les avait accueillis... ils ne sont pas pacifiques... ils sont indignes de confiance. »

Le visage d'Axel était vide d'émotion. Roxas le regarda, cherchant une explication à tous ces évènements. Ce n'était pas possible... Ils n'auraient pas pu... jamais...

Les Al Bheds ? Des êtres assoiffés de sang ? Qui dévoraient les cœurs des jeunes filles pures pour se nourrir ? Il refusait d'y croire !

Et pourtant...

« Roxas ? »

Ce n'était pas vrai...

On ne lui avait jamais rien dit...

« Roxas ! »

Le jeune blond sentit Axel le prendre par les épaules pour le secouer énergiquement. Le flûtiste cligna plusieurs fois des yeux, et prit son visage dans ses mains.

« Excuse-moi... je... ne savais pas tout ça... » gémit le garçon d'une petite voix.

« Ce n'est rien... maintenant tu sais... » répondit le prince et lui ébouriffant les cheveux. « Mais je voulais savoir autre chose... où as-tu appris à te servir de la magie ? »

Cela semblait être une obsession chez le prince...

« J'ai appris... seul... »

Le prince siffla, visiblement impressionné. Puis, il se gratta la nuque, l'air gêné.

« Cela... Est-ce que... cela te dérangerait... de m'apprendre ? »

Interloqué par cette demande, Roxas haussa les sourcils.

« Je pensais qu'il était interdit de pratiquer la magie au sein de ce royaume. » dit-il, ayant du mal à y croire.

« Je sais mais... je pense que si elle est bien utilisée, il n'y a aucun risque. Et puis... j'aime le danger... » se justifia Axel. « Alors... tu veux bien ? »

Pitié, dis oui...

« Alors...c'est juste pour ça que tu désirais me parler ? »

Roxas était déçu.

Il s'était attendu à autre chose. Il avait voulu faire connaissance avec Axel, dans le but de devenir son ami. Le jeune blond avait pensé que le prince voulait la même chose. Mais il semblait juste vouloir l'utiliser pour ensuite jouer aux apprentis-sorciers.

« Pas tout à fait. » avoua le prince, en souriant.

Le flûtiste inclina la tête sur le côté, et retint une exclamation de surprise quand le roux sortit de la poche intérieure de son manteau, une grande sacoche remplie de munnies.

« C'est pour ta prestation de tout à l'heure... j'ai vraiment apprécié. »

« Oh ? Merci... » répondit Roxas en acceptant timidement l'argent du prince.

« En fait...»

« Hm ? »

Axel hésita. Ses paroles pourraient être mal interprétées. Dés qu'il avait vu le jeune garçon sur cette estrade, il avait ressenti une mystérieuse sensation. Une attraction. Un lien. De la familiarité... Il avait tout de suite été attiré par cette étrange personne, et l'envie de le connaître un peu mieux l'avait démangé.

« Tu es la première personne en dehors du château avec qui j'ai vraiment discuté... et alors que je parlais avec toi, j'ai senti que je pouvais te faire confiance. Je n'avais pas l'impression de me confier à un parfait étranger... Contrairement à ce qu'on pourrait croire, les fils et les filles de souverains ne mènent pas une vie si plaisante... il leur est difficile d'avoir un contact avec les gens de l'extérieur... »

Moi aussi... pensa Roxas en souriant tristement.

« Il commence à être tard, et il me reste peu de temps. Ma famille doit être en train de m'attendre... » continua le prince en grimaçant légèrement. L'idée de rentrer au château ne l'enchantait pas vraiment. « Mais... j'aimerais savoir... si je pourrai encore discuté avec toi ? Est-ce qu'on pourra se revoir ? »

Surpris et flatté par une telle demande, Roxas rougit, alors qu'une agréable sensation se manifesta en lui. Les paroles du prince lui avaient vraiment réchauffé le cœur, car il ressentait exactement la même chose à son égard.

« Je... bien sûr... » balbutia le jeune blond en souriant. Il vit le visage d'Axel s'illuminer.

« Parfait ! » lança le prince en se levant. Il s'étira et émit un léger grognement. « Je dois rentrer. Merci de m'avoir accordé un moment. »

Roxas lui sourit mais ne dit rien, continuant de regarder l'horizon.

« Tu ne rentres pas ? » demanda le prince, voyant que son ami restait assis. Le flûtiste secoua la tête.

« Non... je vais rester encore un peu... »

« Tu es sûr ? J'aurai eu le temps de te raccompagner chez toi... »

« Non, je te jure que cela ira. »

« Si tu le dis... » répondit Axel, bien que peu satisfait. Il aurait bien aimé faire durer encore un peu sa conversation avec Roxas. « Bon... à demain... au même endroit... au même moment... peut-être. »

Le jeune blond se tourna vers lui et hocha la tête en souriant. Il attendit que le prince soit bel et bien parti avant de murmurer :

« A demain peut-être... ou peut-être pas... »


En refermant la porte de sa chambre, Axel soupira de contentement et ferma les yeux. Il se sentait léger... C'était la première fois qu'il arrivait à se lier avec quelqu'un de l'extérieur. Enfin. Il n'avait jamais réussi à se faire d'amis en dehors du château. Ses quelques tentatives s'étaient soldées par des échecs... soit parce que tout le monde finissait par découvrir son identité, ou alors parce que les personnes avec qui il avait essayé de se lier d'amitié ne lui convenaient pas vraiment. Bien sûr, il avait des amis dans le château, mais ils étaient tous... choisis par son père.

Cependant, Roxas était tellement différent...

Le prince avait l'impression qu'il y avait une sorte de connexion entre eux.

Il désirait le revoir. Absolument.

« Bonjour, mon prince. » fit une voix, qui le fit sortir de sa rêverie.

Le rouquin rouvrit les yeux, pour les poser sur une jeune fille de petite taille, habillée d'une longue robe noire aux manches longues et à col blanc, se mariant parfaitement avec sa courte chevelure couleur ébène.

« Oh bonjour, Xion. »

L'adolescente se dirigea vers lui, et se chargea de lui retirer son manteau.

« Avez-vous passé une bonne journée ? » dit-elle en accrochant la veste du prince dans son armoire.

« Xion... tu sais très bien que je déteste les formalités. »

La jeune fille éclata de rire.

Xion était l'une des servantes du château. Elle était bien l'une des rares personnes, en dehors de sa famille, avec qui le prince se sentait vraiment à l'aise. La seule personne au château qu'il considérait vraiment comme une amie. Il lui était déjà arrivé de sortir en sa compagnie, pour se promener en ville.

« Tu ne changeras jamais, Axel. » dit-elle, une fois son rire calmé. « Mais tu as raison, au diable les formalités ! »

Une fois cela dit, elle retira ses petites chaussures et ses grandes chaussettes blanches et les jeta n'importe où dans la pièce, avant de se vautrer sur le lit du prince en riant à gorge déployée.

« Oui bon, ne va pas trop loin quand même... »

Après s'être assuré que sa porte était bien fermée à clé, il alla la rejoindre, sans prendre la peine de retirer ses bottes. Il ferma les yeux, et se détendit.

« Je me trompe ou... tu as l'air... heureux...? » demanda Xion, en observant la mine paisible de son ami.

« Oh ? Cela se voit tant que ça ? »

« J'avais donc vu juste ! Raconte-moi tout ! Tu as rencontré quelqu'un ? Tu es amoureux ? » demanda t-elle en pointant un doigt accusateur en sa direction.

« Comment tu as deviné ? »

Xion faillit s'étrangler.

« Pardon ? Tu es vraiment amoureux ?! »

Le prince sentit son cœur s'arrêter de battre l'espace d'un instant, avant qu'il ne se redresse brusquement.

« N-non ! Je n'ai pas dit ça ! »

« Si ! Tu as confirmé mes dires ! »

« Mais non ! Je confirmais parce que tu avais raison quand tu disais que j'avais rencontré quelqu'un. »

« Oh... » fit Xion, visiblement déçue.

« Et puis c'est un garçon, de toute façon. »

Et alors ? Eut envie de rétorquer Xion, mais garda ceci pour elle-même.

« Mais... je suis vraiment content de l'avoir rencontré... c'est une bouffée d'air frais, je dirais... »

« Oooh... » fit Xion, avec un sourire malicieux. Le prince tourna ses pupilles en sa direction, et sourit à son tour.

« Ne va pas t'imaginer des choses... »

La jeune fille rit de bon cœur et secoua la tête.

« Oh, mais je n'imagine rien... j'espérais juste que quelqu'un entre dans ta vie pour te donner une bonne raison de ne pas épouser Larxene. »

« Bon sang, ne m'en parle pas... » marmonna le prince en se recouvrant le visage de ses mains.

« Franchement ? Tu t'imagines à vingt-cinq ans ? Assis sur le trône du roi, à côté de Larxene, pour produire un autre héritier dans le même lit pendant la nuit. Et vous retrouver dix ans plus tard avec plein de petits Axel et de petites Larxene. »

« Cauchemardesque et apocalyptique... »

« Je n'irai pas jusque là quand même. » rit Xion, en croisant ses bras derrière sa tête.

« Je préférerais encore t'épouser plutôt que de me marier avec Larxene. » lâcha le prince avec nonchalance.

Cela lui valut un coup d'oreiller sur la tête.

Cinq minutes plus tard, les deux jeunes gens se retrouvèrent dans une chambre en désordre, des plumes d'oreillers recouvrant le sol, tandis qu'Axel et Xion étaient allongés sur le plancher, haletant, chacun de nouveau prêt à frapper.


Roxas n'avait jamais été bon pour mentir. Toute sa famille le lui disait. Son grand-frère Cloud ne cessait de le lui répéter, tout comme Aerith. Naminé, elle, ne disait rien, mais il savait qu'elle approuvait.

Mais Axel n'avait pas été en mesure de déceler son mensonge.

Roxas connaissait les 'Maudits', mieux que quiconque. Du moins... il l'avait cru...

'Tu es la première personne en dehors du château avec qui j'ai vraiment discuté... et alors que je parlais avec toi, j'ai senti que je pouvais te faire confiance. Je n'avais pas l'impression de me confier à un parfait étranger... Contrairement à ce qu'on pourrait croire, les fils et les filles de souverains ne mènent pas une vie si plaisante... il leur est difficile d'avoir un contact avec les gens de l'extérieur...'

Le petit blond ferma les yeux et posa une main sur sa poitrine, pour mieux ressentir la chaleur.

'Les Al Bhed sont installés sur nos terres depuis environ un siècle... ce sont des parasites... qui se permettent de mettre le désordre dans un royaume qui les avait accueillis... ils ne sont pas pacifiques... ils sont indignes de confiance.'

Douleur...

'Merci de m'avoir accordé un moment.'

L'adolescent sourit. Amèrement.

Il garda ses paupières closes, et ouvrit les bras, pour mieux sentir la brise caresser son corps.

Et se jeta dans le vide.

Il rouvrit les yeux et se recroquevilla sur lui même, alors que lentement, des plumes apparaissaient dans son dos.

Ses paupières se rouvrirent pour dévoiler de grands yeux bleus, marqués par cette légère teinte de vert autour de ses pupilles, qui elles, étaient spiralées.

Alors qu'il se rapprochait du sol, se déployèrent soudainement de grandes ailes, aussi noires que la cendre.

Yhka huen.

Ange noir, en sa langue natale. Ou plus communément appelé 'Maudit' pour les habitants du royaume des Terres Crépusculaires.

'Est-ce qu'on pourra se revoir ?'

Roxas sourit tristement, une larme s'échappant du coin de son œil.

« Je l'espère, Axel... je l'espère. »


A suivre...

Voilà, j'espère que ce début vous a plu. Je n'attends plus que ma chère bêta me corrige le chapitre 2 pour le publier. Merci d'avoir lu.

EDIT : Je remercie Ariani Lee pour avoir pointé un détail. En effet, elle m'a fait remarquer que je n'avais pas utilisé les yeux en spirales des Al Bheds, ce qui est tout à fait juste. J'ai corrigé ça, à ma manière ^^ Merci encore, c'est mieux comme ça xD