Tout semblait étrange autour du jeune Stilinski. Il ne se souvenait plus avoir mis les pieds dans cette classe, ni même y être installer à un bureau. Plus étrange encore, il ne reconnaissait aucun visage, alors qu'habituellement, son meilleur ami Scott aurait dû être à ses côtés en regardant discrètement Allison qu'il n'avait pas oubliée malgré les nombreuses paroles en l'air qu'il avait pu dire à propos de la nouvelle élève, Kira. Il aurait dû apercevoir la merveilleuse Lydia assise à l'avant de la classe. Mais rien de tout cela n'était présent. Seul un silence glacial et des élèves beaucoup trop immobiles pour sembler être vivant se trouvaient en ses lieux. Puis bien évidemment, un professeur tout aussi inanimé que les étudiants. Il devait s'être trompé de classe, tout simplement. Alors qu'il s'apprêtait à se lever pour sortir de la classe discrètement, tous se tournèrent vers lui. Élèves ainsi que professeur le regardant comme s'il avait commis la pire erreur de sa vie. Il n'avait pourtant fait aucun bruit, mais avec ce silence pesant, ça ne le surprenait pas qu'on l'ait entendu.
« Eh, Pardon ! Je ... » Il aurait voulu continuer sa phrase, mais on l'interrompit. Le professeur prit finalement la parole, à son grand étonnement. D'ailleurs en regardant plus attentivement, il fut plus qu'étonné de voir que le tuteur de cette classe était nul autre que son père, le shérif. Dans quel monde de fou, il venait de tomber ?
« Coupable ! Tu l'as tué ! Tu es le seul à l'avoir tué, Stiles Stilinski. Comment veux-tu que je te regarde dans les yeux alors que tu as tué ma femme ! Ta mère ! Tu l'as tué, tu l'as mené à la mort ! Tueur ! Tueur ! Coupable ! »
Les paroles de son père résonnèrent que trop bien dans sa tête. Son géniteur hurla presque, les yeux remplis de larmes, en pointant son fils sans s'arrêter de dire « Coupable ! » Puis les élèves finirent par l'imiter en pointant tous le pauvre Stilinski qui paraissait terrorisé, mais surtout mal. Il devait fuir, immédiatement, avant que tout ceci ne devienne un cauchemar. Même si ce l'était déjà pour l'adolescent. Il ne prit pas la peine de regarder derrière lui et sortit de la classe en courant. Mieux, il devait sortir tout simplement du lycée et partir le plus rapidement possible. Alors qu'il franchit les portes du lycée, il s'arrêta brusquement en voyant cette femme assise dans les escaliers. Il la reconnaissait, même un peu trop à son goût, mais il savait que ceci était impossible. Sa mère était morte !
« Stiles, mon chéri...» La voix de sa mère se perdit dans le vent alors qu'elle releva la tête vers son fils. Elle était là, devant lui, assise sur les marches de son lycée et non couchée dans un pitoyable cercueil. Elle était vivante, devant lui ! Elle était vivante...
« Pourquoi tu m'as fait ça ? Pourquoi tu m'as fait ça ? Pourquoi tu m'as tué ? » Le sentiment de panique qui avait frôlé la joie se transforma bien vite en une terreur sans fin. L'hyperactif était figé, les yeux pleins d'eaux, et fixait sa mère en ne comprenant pas ce qui se passait, en n'arrivant plus à analyser quoi que ce soit. Elle était vivante et elle l'accusait de sa mort ? Sa mère...
Un hurlement se percuta dans toute la maison du jeune Stilinski, alors que son père accourait dans sa chambre, dans celle de son fils. L'hyperactif faisait simplement un cauchemar, un très vilain cauchemar et ce n'était pas la première fois depuis un mois. C'était même devenu un quotidien et ça devenait de plus en plus inquiétant pour le Shérif. Chaque soir, il allait réveillé son fils en sueur qui hurlait à en perdre l'haleine. Toujours, chaque fois, ça lui prenait un moment avant de remonter à la réalité et quand il voyait son père, son visage renvoyait toujours une terreur sans nom. Après, il finissait simplement par se calmer et se rendormir... En espérant toujours qu'un deuxième cauchemar ne fasse pas surface. Ça devenait presque une routine insupportable. Chaque matin, il se relevait sans avoir dormi comme il se doit et il allait au lycée sous le regard inquiet de son père. Même Scott, son meilleur ami, commençait à se douter du mal-être de Stiles. Il ne parlait presque plus, son humeur toujours insupportable pour la plus part du temps avait disparu et il n'utilisait plus aucun sarcasme pour faire face à la situation, comme il le faisait dans le passé, il y avait quelques semaines de cela. C'était ainsi qu'il avait réussi à se sortir de la souffrance de la mort de sa mère et le voilà qu'il retombait après tous ces événements à Beacon Hills. Il avait failli perdre son père, ses amis à cause d'un démon qui l'avait possédé et maintenant, il broyait du noir à cause de tous ses cauchemars. Qui l'aurait cru venant du jeune Stillinski ? Il était le premier à prendre les problèmes des autres sur le dos pour éviter de penser au siens, mais il avait échoué et les autres n'étaient pas d'une très grande aide en ce moment. Eux-mêmes n'étaient pas au top de leur forme.
Sa fabuleuse Lydia ne se pointait plus à l'école depuis plus d'une semaine. Elle restait enfermée dans sa chambre à essayer de se convaincre qu'elle n'était pas la porteuse de mort, malgré son sang de Banshee. Nuance, elle annonçait la mort, mais elle pouvait toujours changer la donne en changeant les actes du futur. Par contre, l'adolescente ne semblait pas le prendre ainsi. Elle avait perdu sa seule meilleure amie à qui elle pouvait se confier, et même si elle s'était rapprochée de Stiles, elle attendait que celui-ci vienne le voir. Mais comme Stiles n'était pas dans son assiette, il ne le faisait pas, ce qui n'arrangeait rien. Habituellement, il aurait pris ses problèmes sans broncher, mais au stade où il était , il ne se sentait pas prêt d'avoir un autre problème sur le dos, sinon il allait craquer. Il en était sûr.
Enfin, il y avait son ami Scott qui avait aussi perdu son premier amour. Le choc avait été fatal, mais il s'en était remis malgré cela. Enfin, c'était ce que croyait Stiles. Il avait toujours Kira qui le soutenait et ça semblait bien fonctionner, mis à part l'inquiétude qu'il croisait souvent dans le regard de l'Alpha qu'était Scott, vis-à-vis Stiles. Mais que pouvait faire l'hyperactif ? Il ne se sentait pas prêt de partager sa douleur, il n'en avait pas l'habitude et surtout avec Scott. Habituellement, c'était l'inverse, il était celui à écouter...
Puis finalement, Chris et Isaac étaient partis. Personne ne savait où précisément, mais ça semblait ne pas être un simple voyage de quelques jours. Eux-mêmes avaient été affectés par la mort d'Allison, mais c'était un peu évident venant d'un copain et de son père. Même trop évident. Au final, Stiles était peut-être le seul à avoir moins penser à Allison. Il avait ses propres problèmes et pour une fois, il jouait l'égoïste. Bien que ce fût un mot un peu puissant pour décrire comment Stiles réagissait. Il ne se lamentait pas sur son sort, du moins, pas devant le monde.
Alors que l'hyperactif était perdu dans ses pensées au courant de cette journée, ce qui n'était pas la première fois, personne n'osa lui adresser la parole. On le respectait, d'une certaine façon. On lui laissait le temps qui lui faudrait pour reprendre du bon, mais aujourd'hui, le jeune Stilinski avait l'impression que son corps allait le lâcher. Il était épuisé, de violents cernes violacés étaient visibles sous ses yeux et son corps avait même perdu du volume. Il avait maigri tellement il ne se nourrissait plus convenablement, ce qui n'était pas passé inaperçu, bien évidemment. Il devait absolument se délivrer de ce poids qui menaçait de le faire sombrer à jamais.
Il sortit donc du lycée avec son sac sur le dos, s'installa dans sa jeep. Il sortit les clés et démarra en trombe le moteur en se dirigeant à un endroit précis. Il savait même très bien ou il allait et c'était pour cette raison qu'il essayait de se persuader que c'était une très mauvaise idée, qu'il devait juste changer sa trajectoire et retourner se morfondre dans sa chambre... Mais pas cette fois. Stiles n'allait pas baisser les bras. Il l'avait beaucoup trop fait ces derniers temps et s'il voulait éviter une catastrophe qui causerait le deuil de plusieurs personnes, il devait tout simplement se délivrer de sa douleur devant l'unique et la seule personne dont Stiles était sûr qu'il ne se ferait pas juger.
Arrivant devant la bâtisse qui servait d'habitation pour le lycanthrope, Stiles en sortant de sa jeep pour se glisser à l'intérieur du bâtiment. Il monta au loft du seul et unique Derek Hale. Sans même cogner, comme personne ne le faisait, il fit glisser la lourde porte pour finalement rentrer. La pièce était vide, à première vue et aucune lumière ne venait agacer les yeux de l'adolescent. Par contre, il du prendre un petit moment avant de discerner le contour des meubles disposés dans cette demeure, avant de s'avancer prudemment. Il savait que les humeurs du grand Hale pouvaient être très changeante. Soit il se montrerait un minimum indulgent et il lui demanderait ce qu'il faisait ici, soit il le plaquerait contre un mur pour être entré chez lui sans même demander. Dans les deux cas, il n'allait pas reculer pour sortir d'ici. Il était venu pour une seule chose et il comptait bien le faire, même s'il ne savait pas dans quelle état était le loup-garou. D'ailleurs, personne n'avait parlé de Derek depuis un moment. À croire qu'il ne donnait plus de nouvelles lui aussi. Pourtant, il ne savait pas quel pourrait être la raison du silence de celui-ci. Pourtant, le silence, c'était bien ce qui pesait dans cette pièce. Hale ne devait pas déjà lui avoir offert un discours digne du grand méchant loup ? Il l'aurait même senti venir avant qu'il ne pénètre les lieux, alors pourquoi il ne se manifestait pas ?
« Derek ? »Appela finalement l'hyperactif, alors qu'il continuait de marcher dans le loft, aucune réponse ne lui parvenait. Se pouvait-il que le lycanthrope était juste absent ? Pourquoi devait-il l'être au moment où Stiles en avait le plus besoin !?
L'adolescent hurla de colère avant que son poing ne s'abattre contre le mur le plus près, ce qui le surprit lui-même, comme il ne faisait jamais preuve de violence. Pas de cette façon en tout cas et puis c'était idiot, maintenant que ses jointures étaient en sang et qu'il mourrait envie de hurler de douleur. Quel imbécile, quel crétin, quel...
« Merde... »
Il se laissa glisser contre le mur, son poing contre son torse, alors que ses yeux s'inondèrent de sanglots . Il se sentait tellement mal qu'il croyait être sur le point de faire une crise d'angoisse. Son souffle lui manquait et il voyait flou, mais c'était tout simplement à cause que l'adolescent pleurait. Et oui, Stiles Stilinski pleurait à chaudes larmes dans la demeure de Hale, sans pouvoir se contenir. Il avait atteint le fond et il n'en pouvait plus de vivre... Il ne voulait plus vivre.
