Bonjour ! Me voila, avec un projet que je traine depuis tréééés longtemps ! C'est une fiction Wolfstar que j'ai envie de faire depuis un moment, et dont je trouve le principe, à défaut d'être novateur, intéressant. Voilà des années que je me plais à imaginer la vie de Remus et Sirius "derrière le rideau", toutes les choses qu'on ne sait pas et qui les ont fait. Mais toute une vie est impossible à écrire, et j'ai donc décidé d'écrire les passages de leur vie importants, les tranches de vie qui comptent. Tout sera dans un ordre chronologique, et j'essaierai de me fier aux vrais événements le plus possibles (mais je ne m'interdit pas les digressions). J'espère que ça vous plaira, et bonne lecture!
Disclaimer : Ni l'univers, ni les personnages, ni même certains "événements scénaristiques" ne m'appartiennent, je ne fais que les tourner à ma sauce.
Chapitre I
Clac ! La première porte du convoi claqua, bientôt suivi de toutes ses sœurs, et Remus eut juste le temps de se faufiler entre les portes de la dernière d'entre elles avant d'avoir à, définitivement, rester sur le quai de la voix neuf trois quarts. Un dernier regard à travers la vitre de verre fumé pour discerner son père lui adresser un léger signe avant de retourner à ses interminables poignées de mains. Sa mère était de l'autre côté de la barrière, dans toute sa condition de moldue qu'elle était. Il avait pris plusieurs minutes pour traverser le passage magique, malgré les encouragements de ses parents. Il avait pensé les regarder jusqu'à ce que le train quitte la gare, jusqu'à ce qu'ils ne représentent plus que d'infimes points évanouis dans l'immensité des paysages. Mais non, il devait la laisser là, dans une séparation nette et franche. On l'avait amputé de sa mère.
Le couloir du Poudlard Express regroupait une vingtaine d'élèves, tous écrasés contre les fenêtres dans des élucubrations de grands gestes d'adieux et d'au revoirs dramatiques. Sa poitrine ne pouvait que se serrer devant ce spectacle. Finalement, le sifflet de la locomotive retentit, aussi clair que s'il l'avait actionné lui-même, et, dans un grondement malade, la bête se mit en route. Lentement d'abord, laissant tout le loisir d'un dernier « je t'aime », puis finalement si vite que, sans tarder, l'allée se retrouva dégagée. Alors, le jeune garçon empoigna sa malle, cœur battant, et la tira le long des portes des compartiments, jetant un coup d'œil discret dans chacun d'entre eux. Certains étaient pleins, d'autres hébergeaient des adolescents qui semblaient d'un âge supérieur et qui, sans qu'il ne veuille vraiment se l'avouer, effrayaient quelque peu Remus. Il traversa deux voitures de part en part pour enfin trouver une place vacante dont les vis-à-vis ne l'intimidaient pas complétement.
Il fit glisser la portière et y découvrit plus clairement trois garçons, dont un qu'il avait d'abord pris pour une fillette du fait des boucles détendues qui lui caressaient les épaules. Il interrompait vraisemblablement quelque chose, car un des garçons s'était figé les bras tendu vers celui qui lui faisait face, une expression de surprise collée au visage. Au bout de quelques secondes d'hébétement, il retourna son geste vers Remus et déclara : « Rentres donc ! »
Il allait passer une main sur sa nuque humide de sueur lorsqu'un hoquet du train lui fit enfoncer son doigt dans l'œil. La boule qu'il avait au creux du ventre depuis le départ de la maison menaçait déjà de le faire exploser en sanglots, mais maintenant plus que jamais, il se retenait pour la garder au fond de son être. Il l'avait au bord des lèvres.
-« Hey, tout va bien ? »
Il ne prit pas la peine de relever la tête pour voir qui s'adressait à lui, et s'essuya le visage d'un revers de la main. Un coup de coude lui fit hausser le regard, et il découvrit le premier garçon lui offrant un sourire compatissant. Ils calèrent tous deux la grosse valise sur le porte bagage, et l'autre l'invita à prendre place à ses cotés : « Je suis James Potter, enchanté, lança-t-il, tout sourire qu'il était, en lui présentant sa main.
- Remus Lupin, répondit-il simplement en rendant timidement sa poignée à son interlocuteur.
- Lupin ? Comme Lyall Lupin ? demanda le jeune garçon, sans même attendre la réponse. Mon père m'en a déjà parlé, quand je pensais que l'esprit frappeur de la cave était un fantôme… J'ai tous ses livres dans ma bibliothèque, tu sais ? »
Ainsi, le nouvellement nommé James commença à énumérer les diverses et laborieuses connaissances qu'il avait accumulé grâce aux livres de son propre père. Il en profita pour détailler les occupants de l'habitacle : Face à lui se trouvait un petit rondouillard aux traits doux qui parcourait sa collection de cartes de chocogrenouilles tout en écoutant gentiment James déblatéré. Celui-ci portait d'étroites lunettes rondes et passait constamment – Remus l'avait déjà remarqué– une main dans ses cheveux châtains foncés entre deux gestes grandiloquent, pris dans l'égarement de son propos. Et du côté de la fenêtre, la tempe appuyée contre le verre, se trouvait le garçon aux longs cheveux. Ils étaient noirâtres et encadraient un visage affirmé, défini. Il ne semblait pas écouter, pas même entendre ce qui se disait. Son regard se perdait juste dans le Londres s'éloignant.
-« Et donc, c'est comme ça que j'en suis arrivé à avoir trois cicatrices en forme de triangles à l'arrière du crâne… Eh ! mais vous êtes pas présentés ! rugit-il alors dans l'entrain d'une nouvelle découverte. Ici là, c'est Peter ! Peter comment déjà ?
- Pettigrow, lâcha l'autre, même pas vexé qu'on ait oublié son nom.
- Voilà, c'est ça, et ici je te présente le vénérable Sirius Black, dit-il dans une excessive farandole de ses bras tandis que ledit souffla à l'entente de ce sobriquet sous le sourire moqueur de James. On se connait un peu, tous les deux. Repas du dimanche des parents, enfin tu sais. »
Non, Remus ne savait pas, mais il acquiesça tout de même. Ce garçon n'était donc pas totalement sourd et aveugle, mais choisissait soigneusement ce qu'il voulait entendre et voir.
Le reste du voyage se déroula selon le même patron : James parlait beaucoup, de tout, de rien, mais trouvait toujours quelque chose à commenter, Peter et lui réagissaient de temps à autres et Sirius se contentait de souffler ou de lancer des regards à glacer le sang à James, qui s'en amusait. Ces discussions s'avérèrent d'une grande aide pour Remus qui appréhendait plus que toute autre chose son entrée à Poudlard. Finalement, ce n'est que lorsque le jour déclina et qu'un élève bien plus âgé vint les mander d'enfiler leur robes que toutes ses craintes s'emparèrent de lui de nouveau et se coincèrent dans sa gorge, le rendant incapable d'émettre le moindre son. Au moment de sortir du train, il déglutit bruyamment, et lorsqu'il aperçut les barques, il crut défaillir.
Il pouvait apercevoir les diligences s'enfoncer dans l'obscurité à travers les bois tandis que lui, James et les autres attendaient sur les rives boueuses d'un immense lac. Un petit homme rabougri, aidé d'un jeune homme extraordinairement grand, mettaient les embarcations à l'eau lestées d'une demi-douzaine d'élèves chacune. Puis, elles se mettaient en route jusque la pierre sur laquelle le château était fiché toutes seules, les remous qu'elles provoquaient étant l'unique indice que le lac n'était pas qu'un gigantesque miroir. Bientôt, ce fut le tour de Remus, et il déposa un pied plus qu'hésitant sur le bois gonflé du canot, suivi du garçon à lunettes qui, lui, sauta directement dedans. Le monde de Remus tangua dangereusement, avant d'être rejoint par quatre autres jeunes gens dont une demoiselle à la chevelure flamboyante qui se cramponnait à son ami. Pendant un court instant, Remus se demanda si ce n'était pas Sirius, avant de se souvenir que lui et le rondouillard avaient appareillé dans le bac précédent.
Positionné à la proue, Remus avait une vue parfaite et avait l'impression de lui-même fendre les flots. Le bateau s'enfonçait platement dans l'eau aux reflets d'argent, et le garçon eut envie d'effleurer cette étendue aussi noire que le ciel qui les couvrait. Il ne s'attendait même pas à se mouiller la main, mais plutôt comme un rideau de soie, une plaque de verre froide et diaphane. C'était glacial et effrayant. La trainée d'ondes se propageait, lorsqu'une apostrophe le fit sursauté et mit fin à son égarement : « Hé ! Tu ne devrais pas faire ça, ce lac regorge de créatures maléfiques… »
Remus rétracta immédiatement sa main, et l'essuya, malgré ses bonnes manières, contre sa robe. Il comptait bredouiller un piètre merci lorsque James, visiblement piqué au vif, partit au quart de tour :
-« Et qui es-tu pour remettre en cause le courage de mon ami ?
Ami. Le mot siffla comme un sort aux oreilles de Remus.
- Severus Rogue, répondit-il en se contentant d'hausser les épaules, tournant son visage vers la jeune fille qu'il avait à son bras. James éclata de rire.
- Severus ? Puisque tu as l'air de si bien connaitre les créatures d'ici et d'ailleurs, dit-il d'un air hautain, tu ne verrais pas d'inconvénients à ce que tu sois Servilus, dorénavant ? Ta cervelle te sort pas les trous de nez… »
Puis il gratifia Remus d'un coup d'épaule amical. Cela ne faisait que quelques heures qu'ils s'étaient rencontrés, et pourtant il semblait à Remus qu'il avait trouvé en ce garçon une entité qu'il pourrait apprécier, et dont il serait apprécié, peut-être.
La salle était bondée. Combien ? Cent personnes ? Peut-être le double, peut-être le triple. Les premiers élèves étaient déjà assis à leur table respective dont Sirius, qui avait été s'assoir avec les rouge et or sous un silence de plomb. Après Black ce fut Bigg, Bowers, Clerk, Crabbe, Cuffe, Deakin, Diggory, Earl, Empot, Evans, Gudgeon, Hadcock, Harkiss, Jenkins, Jorkins, Knightley, Lawford, Lestrange… Et enfin Lupin. Il s'avança prudemment, gravit les quelques marches en sentant des centaines d'yeux lui bruler le dos et prit place sur le tabouret usé, une femme à l'air pincé lui posant un chapeau miteux sur le haut de la tête. Il s'attendait à patienter, le temps que le couvre-chef lui sonde l'esprit, mais tout à son étonnement celui-ci s'adressa directement à lui : « Alors jeune homme… Je vois, je vois… Nous avons des lectures intéressantes, n'est-ce pas ? » Remus ouvrit la bouche pour parler, lorsqu'il croisa quelques-uns des innombrables regards posés sur lui, et la referma immédiatement. Il aurait voulu lui répondre : « J'aime lire.
- Je vois que tu aimes lire, petit idiot ! »
Remus bondit sur sa chaise : Ce chapeau parle, Merlin !
-« Hum, je vois… et d'une voix sonore, bien plus sonore que celle qu'il avait entendu auparavant, le choixpeau magique rugit : Gryffondor ! »
Alors, la coiffe lui fut enlevé et il partit s'assoir à coté de Sirius Black bien plus vite qu'il ne l'aurait voulu. Bientôt, ils furent rejoints par Peter Pettigrow et James Potter –que le chapeau avait à peine effleuré avant de hurler le nom de sa maison. Le garçon de la barque fut envoyé à Serpentard, sous le regard dévasté de son amie, assise en face de Remus.
Le lendemain matin, l'infirmière de l'école devrait le conduire à son « Petit endroit secret ».
