Comme chaque histoire, les BUGS du destin a droit à un petit remake !

Que se soit bien clair : c'est un OC, c'est vrai, mais je ne compte pas ici écrire un simple fantasme d'adolescente. C'est une vraie histoire, avec un début, un milieu et une fin, que vous découvrez ou redécouvrez peut-être. Désolée pour ceux qui l'ont déjà lue, il n'y aura rien de nouveau...enfin je ne pense pas. Mais, par respect, je me devais d'écrire une version plus élaborée! Je ne promets pas de régularité complète, mais j'espère ne pas vous décevoir.

Bonne lecture !

Chapitre 1

Seule. J'étais à présent totalement seule dans le salon trop grand à mon goût. Je n'étais pas à l'aise dans cette pièce, dans cette maison, dans cette ville, dans cette vie. Un malaise qui grandissait en moi de minutes en minutes. J'entendis au loin la voiture de mes parents tourner à l'angle de la rue, dans une pétarade, comme une dernière agression, un dernier cri, dirigé vers moi.

Fatigue extrême. Lassitude. Deux mots qui pouvaient parfaitement me décrire. Le collège : cauchemar. La maison : cauchemar. Comment tenir le coup sans, du jour au lendemain, tomber dans la dépression ? La dépression…ça avait toujours été pour moi un terme vague, mais, ce jour-là, il prit toute son importance.

Je savais pourtant que j'étais quelqu'un de bien. J'étais d'abord jolie, sans être non-plus extraordinaire. Ce que j'aimais surtout chez moi, c'étaient mes cheveux blonds, bouclés, plus longs que la moyenne, qui me caractérisaient des autres. J'étais différente au moins sur un point. J'avais un air naïf, toujours hébété, sur le visage, et mes camarades s'amusaient de cette expression, se moquaient, comme si je n'étais pas capable de comprendre. Deux yeux bleu turquoise éclairaient ma figure, rayonnaient parfois, ou donnait un côté mélancolique à mon air quand ça n'allait pas, c'est à dire tout le temps. Dans un sourire sur les lèvres, je pouvais exprimer un millier de sentiments, de nuances. Dans un mouvement de tête, je pouvais faire comprendre des millions de message, sans pour autant ouvrir la bouche.

J'étais quelqu'un de particulier, avec un caractère bien trempé. Mais la moquerie des autres m'avait rendue gamine, un tantinet puérile. La manière avec laquelle ils me regardaient, la façon qu'ils avaient d'afficher un sourire narquois, leurs railleries incessantes et obscènes, tout m'obligeait à me taire, à contenir ma colère, ma fureur, car le poids de la majorité m'écrasait.

Que faire ? Que faire quand même sa famille ne peut comprendre son mal-être ? Combien de temps arriverais-je encore à tenir ? A jouer la comédie… ? Je soupirai, seule, dans cette pièce qui me semblait froide et noire.

-Gabrielle ?

Je me retournai, étonnée. Mon frère n'était pas encore parti à son entraînement ? A mes yeux écarquillés il esquissa un sourire. Il avait quatorze ans, me ressemblait comme un jumeau, sauf qu'il était plus grand que moi, et sa carrure plus large. Il ouvrit ses bras pour que je vienne m'y réfugier. Ce que je ne fis pas.

Il ne comprit pas. D'ailleurs, qui pouvait seulement entrevoir ma pensée ? D'un ton catégorique, aux accents profondément sombres, je m'exclamai :

-Tu devrais y aller. Tu vas être en retard, Matthew. Et je ne tiens pas que tu le sois à cause de moi…

Il s'était, malheureusement, habitué à cette froideur. Il affirma d'un simple signe de tête, avec un sourire bienveillant. Il attrapa son manteau et l'enfila, puis se dirigea vers la porte. Il posa sa main sur la poignée et moi, je restai en retrait, la mine basse. Il l'ouvrit doucement et arriva sur le perron. Mais avant de claquer le panneau de bois, il murmura :

-Gabrielle, tu sais très bien que tu passes avant le Badminton. Avant tout le reste…

Un semblant de joie naquit sur mon visage, mais il faisait longtemps maintenant que ces gestes d'affection n'avaient plus d'effet sur moi. Je ne bougeai pas l'espace d'une ou deux minutes, les yeux dans le vague. Un zombi…un véritable zombi. Voilà à quoi je me fis penser en me regardant dans la glace. Voilà ce que j'étais…mon frère partit et moi je ne fis rien, je ne dis rien, je ne pensai même rien, pour le retenir.

Je m'installai à même le sol, devant ma télévision, avec un soupir désespéré. J'attrapai ma mannette et, grâce à un mouvement combiné du pouce et de l'index, allumai en même temps l'écran et la console.

Kingdom Hearts…il y avait longtemps également que ce jeu avait arrêté de me faire sourire. Au début, il m'avait bouleversée. Il avait apporté dans ma vie un rayon chaleureux, une bouffée d'air parfumé. Pas tant dans la forme, mais dans le fond. L'Amitié…l'Amitié avec un grand A. Pas seulement les brides hypocrites que je pouvais voir autour de moi, mais des êtres qui étaient prêts à mourir pour se sauver. Cela était-il possible ici, dans la vraie vie… ? Non. Bien sûr que non…

La noirceur autour de moi ne faisait que s'épaissir, de minutes en minutes, d'heures en heures, de jours en jours…il fallait que l'on me fasse, de force, voir la lumière.

Et ça n'allait pas tarder.

Reprendre ma partie phare ? Ou l'une de ses subordonnées… ? Le dilemme fut rapidement réglé. Commencer une nouvelle partie…retrouver tout le monde, tous mes amis imaginaires, depuis le tout début de leur aventure. Le cœur de Kingdom Hearts II brilla quelques instants après mon choix. Puis plus rien, le noir total.

La voix de Sora coupa le silence et moi, bercée par les premières phrases du jeu, murmurant en même temps que lui, je me laissai submerger par ses mots. Puis vinrent la musique, les images, les regards, qui me transperçaient mieux que des poignards. Une histoire, une histoire de courage, d'amitié, de guerre, où tous les ingrédients pour devenir un héros étaient réunis, quoi qu'en dise Phil'. Et moi j'étais là, simple spectatrice, simple joueuse, à me jeter dans un jeu-vidéo plutôt que de vivre. Sora, Kairi, Naminé, Riku, Roxas…quel était le sens de tout cela ? Ce jeu mettait en exergue tout ce que je n'avais pas, tout ce qui m'échappait, tous mes défauts, les défauts de cette vie vaine.

Les larmes trop nombreuses sur mes joues, je dus, bien forcée car je ne voyais plus rien, faire pause à la fin du générique. Les mains tremblantes, le teint affreusement pâle, les lèvres violettes et les yeux rouges, j'enfouis mon visage dans un coussin que j'attrapai à la volée. Alors, étouffée par le tissus, mon hurlement retentit. Je n'en pouvais plus. Je n'en pouvais plus. Je n'en pouvais plus ! Et le pire…

…c'était qu'il n'y avait personne pour écouter ma plainte.

Je relevai la figure, me demandant, avec un sérieux et une gravité à toute épreuve, quel serait le meilleur moyen de me tuer. Mais mon regard rencontra inévitablement l'écran. J'eus un sanglot de surprise et je me frottai les yeux, confuse. Car il y avait le cadre marqué « Pause » en jaune, entouré de lignes bleues. Il y avait bien le cadre marqué « Reprendre ». Il y avait bien le cadre marqué « Passer la scène ». Mais il y avait un autre cadre, en dessous.

Un cadre marqué « Autre… »

Je crus à un délire de mon esprit, une facétie de mes sens, une illusion de mes désirs. Qu'est-ce que c'était que ça… ? Mes larmes s'arrêtèrent d'elles-mêmes et l'idée de me donner la mort disparut presque totalement. Non, il ne disparaissait pas. Ce n'était pas une illusion. Mon doigt, presque automatiquement, pressa les flèches et, une fois arrivée sur le fameux cadre, je cliquai sur « X ». Le fond disparut dans un fondu et je crus que le jeu s'était arrêté. Alors que, flageolante, je tendis les doigts pour éteindre la machine, de nouvelles phrases apparurent. J'eus un hoquet d'étonnement.

Tout était écrit dans les mêmes lettres que Kingdom Hearts, c'est à dire avec des courbes, et des bouts pointus. Qu'est-ce que c'était que cette histoire ? Surtout que la phrase en elle-même n'avait pas beaucoup de sens. Mais rien ne bougea dans la pièce l'espace d'un instant. Je détaillai l'écran pour voir une faille, sans la trouver. Car il y était inscrit :

« Ouvrez le manuel à la page 38. »

Je ne comprenais pas. Qu'est-ce que je devais faire ? J'envisageai la possibilité d'éteindre le tout et d'oublier. Mais j'ignorais pourquoi, je me penchai vers la boîte du jeu. Je pris le manuel, les mains tremblantes. Qu'est-ce que c'était que cette histoire… ?

Oh mon dieu.

Ce n'était pas possible. Ce n'était pas possible. Mes yeux parcoururent les trois premières lignes de la dite page 38, écarquillés. Mais ils ne prirent pas le temps d'aller plus loin, et je regardai de nouveau l'écran.

« Règle numéro un : ne pas changer l'histoire.

Règle numéro deux : ne pas dire d'où vous venez.

Règle numéro trois : mentir sur l'identité. »

Il y en avait d'autres. Qu'est-ce que ça voulait dire… ? Je devenais folle, c'était ça, simplement ça. Il n'y avait pas d'autre solution. Je devais nager en pleine confusion. Et si je m'étais évanouie juste après le départ de mon frère ? Si j'étais en train de rêver ? Tout cela se mélangea en moi et j'en eus un haut-le-cœur. Je tendis le doigt vers le bouton « Arrêt », presque comme un robot, mais un robot effrayé.

Et c'est ainsi que commença l'histoire.

Dès que mon doigt rentra en contact avec le plastique, quelque chose d'étrange se passa. La température chuta brutalement et un drôle de frisson me parcourut. Puis se fut un éclatement de formes, de couleurs ; qu'est-ce qui se passait ? Incrédule, je me paralysai. Un bruit éclata dans mes oreilles, et je me mis à tourner sur moi-même. Terrifiée, je poussai un cri, mais qui fut rapidement étouffé par la force centrifuge. Je me recroquevillai sur place, ne comprenant rien, ne voulant rien comprendre. Je n'étais plus dans mon salon ; j'étais autre part, très loin, beaucoup plus loin. Et au milieu de cette confusion des sens, de ce voyage indésiré, je perdis connaissance.