UN AMOUR INATTENDU


Les personnages de cette histoire appartiennent à Tolkien, sauf Sarah Soucolline. Cette fic suit l'histoire du film, avec parfois les mêmes répliques, mais le caractère et parfois les rôles des personnages changent. Il y a aussi plusieurs passages que j'ai inventés moi-même. J'espère donc que vous allez aimer. Bonne lecture!


Disputes

La Comté, un endroit maintenu dans l'ignorance des Grandes Gens, est une région située dans l'Eriador, au Nord de la Terre du Milieu. Cette contrée est peuplée par des hobbits, qui sont des créatures de petite taille possédant des pieds très poilus. Ce peuple est très proche de la nature et des choses qui poussent de la terre. De plus, ils aiment la bonne nourriture, la bonne bière, la paix, la tranquillité et la belle simplicité des choses. Par une journée d'été, la Comté apparaît comme une tache d'un vert incroyablement beau et tendre, qui soulage la vue et apporte paix à l'âme. La région est composée de collines, de champs, de forêts et de quelques rivières comme le Brandevin. En cette saison, cela fait du bien de se promener dans la fraîcheur envoûtante et tranquille des grandes forêts, dont les arbres au feuillage murmurant donnent un ombrage agréable sous la voûte de leurs feuilles.

Les hobbits qui cherchent la paix et le calme peuvent s'asseoir au pied des grands arbres pour dormir, lire, ou simplement rêver. Justement, pendant le premier jour de l'histoire qui nous intéresse, un jeune hobbit était étendu confortablement dans l'ombre d'un arbre, un livre sur ses genoux. Il avait des cheveux noirs et bouclés et des yeux incroyablement bleus, souvent allumés d'une lueur douce et sympathique. Ses lèvres étaient fines et bien faites et, même au repos, avaient les coins légèrement relevés, comme s'il était tout prêt à sourire. Ce hobbit se nommait Frodon Sacquet, et il habitait à Cul-de-Sac, un agréable trou à hobbit situé à Hobbitebourg.

Il s'était échappé discrètement de son habitation avec son livre pour lire dans ce coin isolé, car ce soir-là, c'était l'anniversaire de son oncle Bilbon, et ce dernier n'arrêtait pas de recevoir des visites qui commençaient à devenir énervantes. De plus, il était là pour attendre le magicien Gandalf, qui devait être arrivé depuis quelques jours déjà, mais qui n'avait pas encore montré le bout de son nez. Apparemment, il était en retard. Cependant, ainsi plongé dans sa lecture, il ne pensait à rien de tout cela. Pour la même raison, il n'entendit pas les pas rapides qui montaient la colline, qui pénétraient dans la forêt et qui se dirigeaient droit sur lui.

Il sursauta donc violemment une voix lui hurla dans l'oreille :

- Frodon Sacquet! Mais qu'est-ce que tu fiches ici!

C'était une hobbite, les poings sur les hanches, qui le regardait ; elle avait des des cheveux noirs et ondulés qui tombaient en cascades sur ses épaules et qui descendaient jusqu'à sa taille. Ses yeux noisette abritaient une flamme et ses joues étaient légèrement rougies par la colère qu'elle ressentait à ce moment-là. Elle s'appelait Sarah Soucolline, et elle habitait un smial situé également à Hobbitebourg, à quelques minutes à peine de Cul-de-Sac. Elle vivait avec son père qui passait ses journées (et ses nuits) à boire au Dragon Vert et qui se rappelait rarement qu'il était père. Assez vieux à présent, il dépendait entièrement sur Sarah pour couler son existence, ce que la jeune hobbite tolérait difficilement.

Frodon, en la voyant, resta un moment interdit, puis se leva lentement et planta son regard franc dans le sien. Il voulait être calme et raisonnable mais il se révoltait contre cette colère injuste qui jaillissait de la hobbite.

- Quoi? Pourquoi ne puis-je rester ici? Cette forêt n'est pas ta propriété, à ce que je sache? Et puis, je te prie de crier moins fort, d'accord?

La jeune hobbite lui retourna son regard avec défi, et frustrée, s'exclama :

- Mais pour qui tu te prends espèce de vaurien? Pourquoi diable, de tous les arbres de cette forêt, tu as dû choisir celui-là?

- Cet arbre n'est pas à toi à ce que je sache, il est à tout le monde.

- Et bien c'est mon coin préféré de la forêt et tu n'as pas intérêt à revenir rôder par ici, compris?

Frodon s'apprêtait à répliquer quand ils entendirent un chant venant du chemin en contrebas. Les deux hobbits arrêtèrent de se crier dessus et écoutèrent avec beaucoup d'attention. La colère quitta soudain les yeux de la jeune hobbite et un sourire éclaira le visage de Frodon. Ils murmurèrent en même temps :

- Gandalf!

Et ils coururent à travers bois, faisant la course, se jetant des coups d'œil méfiants de temps en temps. Ils arrivèrent en même temps au bord du chemin par où venait une calèche tirée par un cheval. Et sur la calèche était assis un vieil homme tout en gris et au chapeau pointu. Elle s'arrêta à leur hauteur et Frodon dit mi-sérieux, mi-amusé:

- Vous êtes en retard!

- Je vous attendais bien plus tôt. – ajouta la jeune hobbite.

Mais Gandalf fit de sa voix calme :

- Un magicien n'est jamais en retard, Frodon Sacquet et Sarah Soucolline, ni en avance d'ailleurs. Il arrive précisément à l'heure prévue.

Et tous les trois éclatèrent de rire. Ensuite Frodon et Sarah sautèrent dans la calèche et s'assirent de chaque côté de Gandalf. Ce dernier prit la parole d'un ton dégagé :

- J'étais sûr que vous m'attendiez dans la petite forêt. Il me semblait bien entendre vos voix avant même de m'engager sur le chemin.

Frodon et Sarah rougirent tous les deux et la hobbite dit d'une voix exaspérée :

- C'est la faute de cet énergumène. Il m'a piqué ma place préférée sous l'arbre. Avant quand j'allais là-bas j'arrivais toujours à me calmer et tous mes soucis s'en allaient. Mais maintenant que ce ... hobbit l'a souillé, je n'aurais plus jamais cette sensation d'intimité que je ressentais avant – finit-elle en jetant un regard noir à Frodon.

- Mais – se défendit Frodon – je pouvais pas savoir! Et puis tu m'accuses toujours des choses dont je me suis pas directement responsable.

Sarah le ragarda avec mépris. C'est vrai que depuis qu'ils étaient tout petits, Frodon et Sarah ne s'étaient jamais bien entendus. Sarah n'oubliait pas facilement les mauvais tours qu'on lui jouait et sa rancune pouvait durer très longtemps, voire même pour toujours. Ainsi elle n'a jamais pardonné à Frodon la blague stupide que lui et ses amis lui avait joué quand elle était toute petite. C'était le jour de son anniversaire et elle marchait (pour ne pas dire se pavaner) devant tous les invités avec sa nouvelle robe. Quand ce fut l'heure de manger, elle occupait la plus belle chaise au bout de la table. Frodon et ses amis savaient donc où elle allait s'asseoir et avaient mit sur sa chaise une sorte de colle très puissante provenant d'un arbre rare. Sarah s'était assise dessus sans s'apercevoir de rien et, à la fin du repas, quand elle s'était levée, sa robe s'était déchirée et tout le monde a pu voir ses sous- vêtements. Aujourd'hui, cette humiliation était toujours gravée dans sa mémoire.

De plus, autre chose à ajouter à sa haine pour Frodon, c'est quand elle fut en âge de travailler. Elle s'était toujours interéssée pour les herbes et la guérison et avait poursuivi des études en ce sens. Mais les femmes hobbites ne pouvaient pas être guérisseuses, cet emploi étant réservé aux hommes. Les femmes pouvaient avec beaucoup de difficultés devenir des assistantes, et encore! Frodon travaillait à l'époque pour la répartition des emplois, c'est donc lui qui s'était occupé du cas de Sarah en lui interdisant par tous les moyens de devenir guérisseuse. Et maintenant, chaque fois que les deux hobbits se rencontraient, ils se disputaient à ce sujet.

Gandalf, en quelque sorte, était au courant de cette histoire, bien que ni Frodon ni Sarah ne le lui avaient dit clairement. Le magicien jeta un coup d'œil des deux côtés de sa calèche et constata avec un soupir et les deux hobbits se fusillaient du regard par dessus ses genoux. Pour essayer d'alléger l'atmosphère tendue, il dit d'une voix enjouée :

- Ah, mais c'est la fête de Bilbon ce soir!

Frodon répondit précipitamment, heureux de changer de sujet :

- Oui, la moité de la Comté est invitée, mais l'autre moitié va finir par montrer le bout de leur nez de toutes façons. On dit que sa fête sera particulièrement somptueuse. Il a mis la Comté sans dessus-dessous, et ce n'est pas pour lui déplaire.

Gandalf fit un bruit avec sa langue avec une expression entendue. Frodon continuait sur sa lancée d'une voix espiègle :

- Avant votre venue, nous les Sacquet étaient très bien vus ici. Aucune aventure d'aucune sorte, rien d'inattendu ne se passait.

Sarah émit un petit grognement méprisant, comme quoi elle n'était pas d'accord avec le fait que « tous les Sacquet étaient très bien vus ici ».

- Si vous faites allusion à l'affaire avec le dragon – répondit Gandalf – je n'étais que peu impliqué. Tout ce que j'ai fait, c'est donner un coup de main à votre oncle pour passer la porte.

- Et vous avez bien fait – affirma Sarah – et maintenant le vieux Bilbon a toutes ces bonnes histoires à raconter. Il est lui-même devenu personnage de légende, en quelque sorte.

- Quoique vous ayez fait – fit Frodon sans faire attention à Sarah – on vous a officiellement surnommé le trouble-paix.

- Oh, vraiment! – grogna Gandalf d'un air faussement vexé.

Les deux hobbits réprimèrent un sourire. À ce moment, comme la calèche avait traversé un pont et s'acheminait sur la routa traversant les champs, des cris d'enfant parvinrent à leurs oreilles.

- Gandalf! Gandalf! C'est Gandalf! – criaient-ils.

Bientôt, plusieurs petits hobbits arrivèrent en bordure des champs pour voir passer la calèche du magicien, et tous s'exclamèrent, enthousiastes :

- Les feux d'artifice! Les feux d'artifice, Gandalf!

Cependant, à leur grande déception, la calèche passa près d'eux sans que rien que ne produise. Les enfants poussèrent des cris de déception. Mais soudain, de l'arrière de la calèche, montèrent des bruis de pétards tandis que des minis feux d'artifice explosaient dans l'air en faisant jaillir des étincelles de toutes les couleurs. Les enfants poussèrent des cris de joie et sautèrent après les étincelles. Dans la calèche, Sarah se retourna en riant joyeusement. Puis, elle leur fit un grand signe de la main. Les enfants la virent et lui firent des au revoirs de la main tout en continuant de poursuivre les étincelles qui achevaient à présent de disparaître dans l'air.

Quelques minutes plus tard, Gandalf arrêtait la calèche un peu avant la maison de Bilbon et les deux hobbits en descendirent. Frodon lui dit en agitant sa main :

- Je suis heureux de vous revoir Gandalf!

- Et moi je suis impatiente de voir vos feux d'artifice! Les vrais! - lança Sarah joyeusement.

Gandalf sourit et la calèche se remit en route.

Une fois que le magicien fut parti, Sarah s'achemina vers la forêt sans un regard vers Frodon. Elle pensait à la fête de ce soir et avait déjà hâte d'y être. Contrairement à beaucoup de jeunes hobbites, elle n'accordait qu'un souci secondaire à ce qu'elle allait mettre. La coquetterie, très peu pour elle! Cela ne l'empêchait pas d'être belle. On ne le remarquait pas au premier abord, parce qu'elle ne faisait guère d'efforts pour le montrer, mais quand on l'observait bien, on voyait cette beauté cachée en elle, qui se révèlerait faicilement au grand jour avec une robe plus jolie et un peu de maquillage léger.

Cependant, Sarah ne faisait rien de tel, laissant sa beauté demeurer cachée, mais surtout, naturelle. Profondément ancrée dans ses réflexions, il lui fallut un moment pour s'apercevoir que quelqu'un marchait derrière elle. Jetant un coup d'œil distrait par dessus son épaule, elle poussa un grondement d'exaspération en voyant qu'il s'agissait de Frodon.

Son regard croisa le sien et elle vit qu'il la regardait d'une façon tout aussi furieuse. Sentant la colère monter en elle, elle s'empressa de se retourner et d'allonger le pas.

« Ou sinon je vais faire un meurtre! » - pensa-t-elle farouchement.