A lire avant toute chose: Pour pouvoir suivre cette fic et l'apprécier (du moins je l'espère) il faut être au courant de quelques petits détails.
* Tout d'abord, cette fic est une UA pour « Pouvoir Absolu » qui est l'épisode 17 de la saison 4 où Shifu, l'Harciesis, réapparait au SGC, et où Daniel rêve d'un univers où il aurait le pouvoir. Univers qui tourne légèrement en sucette si vous vous souvenez bien.
*Dans cette fic, Sam ne s'est jamais rebellée contre Daniel. Jack en revanche l'a fait. Je ne prends donc que le contexte de l'épisode mais je n'en suis pas les règles. Tout ce qu'il y a à savoir c'est que Daniel est Président, qu'il a réglé la plupart des conflits à sa façon et que le pouvoir l'a rendu fou. Ce qui est strictement ce qui se passe dans l'épisode.
*Cette fic est assez sombre et certaines références sexuelles peuvent choquer les plus jeunes. Je ne la classe pas en M parce que je ne pense pas que ça aille jusqu'à ce rating, mais le T est approprié, donc si vous n'aimez pas ça, passez votre chemin.
* Je sais que cette histoire ne fera pas forcément l'unanimité. Je sais aussi que beaucoup d'entre vous vont détester. Si vous en faites parti et que vous voulez me donner votre avis j'en serais contente du moment que les critiques et les reproches soient constructifs.
* mdr, ai-je besoin de le demander ? Review. (et je peeeeeense que je vais recommencer le chantage aux reviews, voyez-vous ? ^^)
All is fair in love and war
L'art de la guerre, c'est de soumettre l'ennemi sans combat.
Sun Tzu « L'art de la Guerre. »
Chapitre 1
Samantha Carter laissa son regard vigilant parcourir la foule qui les entourait, Daniel Jackson, Shifu et elle. Le poids réconfortant de son arme contre sa cuisse, sous le fin tissu de sa robe de soirée, suffit à la rassurer sur une hypothétique attaque. Personne possédant un minimum d'intelligence ne tenterait quelque chose à la Maison Blanche. Elle était trop bien protégée. De toute façon, les boucliers Goa'ulds que Daniel avait trafiqué suffisaient amplement à sa protection et à celle du garçon. Sam n'était là que pour faire joli.
Bien sûr, Daniel nierait si elle s'avisait de dire cela. Il avait été généreux avec elle, elle devrait en être reconnaissante. Quand ses compétences scientifiques n'avaient plus eu aucune utilité, il lui avait offert la tête de son service de sécurité. Evidemment, elle était loin de se douter, à l'époque, que les choses tourneraient ainsi. Elle avait toujours conservé sa foi en Daniel. Même quand le Colonel O'Neill l'avait perdue.
Qui aurait dit que le paisible Docteur Jackson contrôlerait les trois quarts de la planète cinq ans après avoir débarrassé la galaxie des Goa'ulds ?
Qui aurait dit que personne ne voudrait voir une dictature là où il n'y avait que sourire et apparence ?
Qui aurait dit qu'elle, Samantha Carter, serait à la tête de la force d'élite la plus puissante du monde avec pour mission de traquer les rebelles menés par son ancien supérieur ?
A celui qui aurait prédit une chose pareille, elle aurait ri au nez. Cinq ans plus tôt, elle aurait répondu que jamais, au grand jamais, elle ne se dresserait contre Jack O'Neill, parce qu'elle avait en lui une confiance totale quand il s'agissait de juger ce qui était bien et ce qui était mal. Elle-même avait une assez bonne notion de la chose. Trois ans plus tôt, après que l'ancien Colonel ait disparu de la circulation à la tête d'une bonne centaine de dissidents et qu'elle ait, elle-même, décliné son invitation à le rejoindre, elle aurait répondu que Daniel Jackson était un homme foncièrement bon et que jamais il ne ferait quelque chose comme obliger les pays les plus faibles à se rallier à sa cause par des menaces ou trafiquer les élections pour se faire élire et enfin déclarer la loi martiale pour rester au pouvoir sans que quiconque y trouve à redire, trop émerveillé par l'image que renvoyait leur héros.
Aujourd'hui, elle ne riait plus. Aujourd'hui, elle n'était plus que le bras destructeur de Daniel. Elle exécutait ses ordres, tuant ceux qui devaient être tués, emprisonnant ceux qui devaient être emprisonnés, et cherchant les rebelles pour qu'ils soient jugés. Ou, plutôt, abattus. De la brillante jeune femme qu'elle avait été, il ne restait qu'une façade froide qui n'avait aucun mal à se fondre dans l'ombre pour protéger son patron.
Elle observa avec agacement le manège d'un jeune serveur qui tournait nerveusement autour d'eux, jetant de trop fréquents coups d'œil autour de lui pour avoir la conscience tranquille. Daniel avait été clair, il ne voulait pas d'incident au cours de la soirée, chose peu aisée au vu du nombre grandissant de rebelles qu'O'Neill parvenait à rallier à sa cause. Tranquillement, elle évalua son âge a, à peine, plus de 18 ans.
Beaucoup trop jeune pour mourir.
S'il y avait encore eu un cœur ou quelque chose de semblable palpitant dans sa poitrine, elle se serait approché de lui et lui aurait calmement demandé de s'en aller avant de faire quelque chose de stupide. Mais à quoi bon faire cela, maintenant ? Si ce n'était pas lui, ce serait un autre. A côté d'elle, Daniel était tout sourire. D'une hypocrisie parfaite. Et elle, elle allait une nouvelle fois condamner quelqu'un à mort.
Retenant un soupir, elle chercha son second des yeux. Stanton n'était pas de ceux qu'on pouvait rater, elle le repéra aisément quelques secondes plus tard. Il était en train de fendre la foule pour s'approcher d'elle aussi discrètement que sa corpulence musclée le lui autorisait. Le smoking noir qu'il portait était trop tendu sur ses épaules, rendant le tout pitoyablement comique… Autrefois, elle en aurait souri. Là, elle se contenta de le regarder faire sans effectuer le moindre effort pour le rejoindre à mi-chemin.
Elle garda néanmoins un œil sur le serveur nerveux, calculant que, dans huit minutes, il serait assez près pour tenter ce qu'il voulait tenter. Quoi que ce soit. Pas comme si elle en avait quelque chose à faire de toute façon.
« Madame… » souffla Stanton quand il parvint enfin près d'elle. « On a reçu un appel. On l'a repéré. »
Il y avait une telle excitation difficilement contenu dans la voix du Marine qu'elle n'eut pas besoin de demander de qui il parlait. Une seule prise justifierait autant d'énervement.
« Où ? »
Son ton était froid. Son regard était froid. Mais c'est ce qu'elle était désormais. Un bloc de glace.
« Entrepôt numéro 16, Madame. Ils ne nous ont pas repérés. »
C'était des armes que Jack O'Neill voulait, alors…
« Encerclez le bâtiment. » ordonna-t-elle. « Personne n'entre ni ne sort. Il est à moi. »
O'Neill et elle avaient toujours évité l'affrontement direct. D'abord, il était rare de réussir à le coincer, ensuite, quand ses hommes y arrivaient, Sam s'arrangeait toujours pour être un peu trop lente à venir. Ce n'était qu'une poignée de secondes. Une poignée de secondes qu'il mettait toujours à profit pour s'évader.
Ce soir, il en serait différemment.
Il n'y avait pas de raison particulière à ça, seulement une profonde lassitude.
« Stanton. » rappela-t-elle alors qu'il s'éloignait. Attentif, l'homme la dévisagea, attendant son ordre. « Le garçon, là. » Elle désigna le serveur d'un signe de tête. « Arrêtez-le. »
Elle aurait pu en éprouver du remord. Le remord était une morsure qu'elle ne connaissait plus, désormais. Sans un regard pour son second qui, elle le savait, était en train d'effectuer ses ordres aussi discrètement qu'efficacement, elle entreprit de se glisser jusqu'à Daniel. Elle interrompit le monologue qu'il tenait face à un ambassadeur quelconque d'une main sur son bras accompagnée d'un sourire faussement enjôleur. Si le docteur Jackson en fut contrarié, il n'en montra rien, s'excusant auprès de son interlocuteur plutôt soulagé.
En moins d'une minute, elle lui expliqua la situation et lui demanda l'autorisation de s'absenter. Il la lui accorda bien volontiers, lui ordonnant de ramener la tête du Colonel au bout d'une pique. Il la pria également de faire attention à elle, mais c'était une politesse aussi hypocrite que le reste de sa personne, qu'elle accueillit d'un sourire tout aussi peu franc. Elle s'éclipsa sans bruit, perturbée d'avoir croisé le regard si profondément triste de Shifu.
Stanton pour chauffeur, le trajet jusqu'au hangar numéro 16 ne prit pas plus d'un quart d'heure. C'était l'avantage d'appartenir à la petite milice privée de Daniel Jackson… Les hommes qui attendaient dans l'ombre devant le hangar l'observèrent sans ciller descendre de la voiture. La courte robe de soirée noire et les talons hauts ne les dérangeaient pas parce qu'ils connaissaient son habileté destructrice. Elle accepta sans un mot le Beretta qu'un des soldats lui tendit mais rejeta le gilet pare-balles sous l'œil désapprobateur de son second.
« Combien sont-ils ? » demanda-t-elle calmement. Tout ce qui l'intéressait était Jack O'Neill, les autres… ce ne serait pas son problème.
Elle étudia pensivement la silhouette massive du bâtiment devant elle. Il y avait plusieurs étages, pas mal de possibilité d'embuscades.
« Huit. » répondit Stanton, et elle sentit dans sa voix cette impatience à faire couler le sang qui caractérisait la plupart des hommes de main de Daniel. Ce n'était pas son cas à elle. Elle n'aimait pas tuer. Mais elle le faisait quand même, parce que c'était le seul moyen qu'elle avait trouvé pour survivre.
« On se sépare. » décida-t-elle rapidement. « Etage par étage. Couvrez toutes les sorties possibles. »
Sans attendre de réponse, elle pénétra la première dans le bâtiment. L'obscurité amena un sourire sur ses lèvres et elle retrouva presque avec plaisir la décharge habituelle d'adrénaline. Son cœur battait la chamade, ses yeux naviguaient dans chaque coin obscur… Elle aimait cette sensation d'excitation. C'était peut-être la seule chose qui la faisait encore se sentir vivante. Le reste du temps, elle était morte.
Impatiemment, elle ordonna d'un geste aux trois hommes qui l'avaient suivi de se disperser. Elle n'aimait pas travailler en équipe. Elle chassait seule. Embrassant avec joie le gout du danger, elle se fondit dans les ténèbres.
Elle monta les étages un à un. Elle ne tua qu'un seul rebelle, celui qui l'avait repérée. Les autres, elle les devina dans l'ombre mais les laissa tranquilles puisqu'ils ne l'avaient pas vue. Ce n'était pas sa cible. Ses hommes étaient dans son sillage et, comme une vague meurtrière, se chargeraient de se débarrasser d'eux sans un bruit.
Elle longea un couloir au sol de métal qui ne lui permettait qu'une discrétion relative en raison de ses talons aiguille. Elle s'arrêta devant une porte entrebâillée, mue par un sixième sens qu'elle pensait depuis longtemps avoir perdu. Il était là.
Elle sentait sa présence comme si rien ne s'était passé. Comme avant. Comme quand ils étaient plantés au milieu de sa cuisine et qu'il lui expliquait sérieusement qu'ils devaient réagir avant qu'il ne soit trop tard.
Il avait réagi. Pas elle. Il était trop tard.
Sachant que la rencontre allait être décisive, elle vérifia que sa robe ne la gênerait pas au cas d'un hypothétique corps à corps. Bien qu'il n'y ait aucune raison d'envisager ça. Elle entrait, elle disait bonjour, elle lui tirait une balle dans la tête. Simple et précis.
« Tu n'as pas entendu un bruit ? »
Elle resta sur le qui-vive, se reprochant d'avoir tardé. Quelqu'un à l'intérieur l'avait repéré. C'était le moment ou jamais d'user de l'effet de surprise mais elle se surprit à hésiter. Elle désirait entendre sa voix. Juste sa voix. Une dernière fois. Ensuite, elle le descendrait.
La seule chose qu'elle perçut à l'intérieur fut une détonation, et répondant à un appel impérieux de son instinct, elle débarqua dans la pièce comme une furie. La première chose qu'elle vit fut le corps sans vie étendu par terre et dont les yeux vides semblaient la fixer. Elle s'en détourna bien vite constatant que ce n'était pas O'Neill. Son regard accrocha ensuite celui, déçu, de Stanton, avant d'enfin se poser sur le Colonel Jack O'Neill.
Il avait vieilli, c'est la première chose qu'elle remarqua. Ses cheveux n'étaient plus poivre et sel, mais carrément argentés et, détail surprenant, ça ne le rendait que plus attirant. Ses yeux étaient toujours aussi captivants que dans son souvenir. Sa bouche formait encore ce rictus insolent malgré les cinq années qui s'étaient écoulées et l'arme que Stanton pointait sur lui.
« Madame ? » demanda celui-ci avec incertitude. Il était lui-même à l'autre bout du canon du Colonel et ça l'inquiétait apparemment assez.
Il était clair qu'il avait espéré être celui qui abattrait le légendaire Jack O'Neill. Il était clair aussi qu'il respectait trop l'idée de hiérarchie pour prendre une décision maintenant qu'elle était là. Elle se désintéressa de lui très rapidement, trop occupée à faire face à son ancien ami. A son ennemi.
Comment adressait-on la parole à un homme qu'on cherchait à capturer depuis cinq ans, alors qu'on l'avait suivi les yeux fermés à travers toute une galaxie pendant pratiquement le même laps de temps ? Elle devrait tirer sans se poser ce genre de questions…
« Carter. »
Elle s'était attendue à ce qu'il prononce son nom avec haine, avec mépris… Elle ne lui en aurait même pas voulu, c'était après tout ce qu'elle ressentait pour elle-même. Mais non… Bien sûr que non… Il fallait qu'il laisse percer cette note presque indiscernable de tendresse.
« Salut, Jack. »
Y avait-il plus banal que cet échange ? S'ils s'étaient retrouvés par le détour du hasard dans un supermarché, auraient-ils été moins informels ? Le décor, les armes, la violence ambiante… tout disparaissait dans la chaleur de ce regard ambré qu'il posait sur elle avec la même franchise qu'autrefois. Malgré tout ce qu'elle avait fait. Malgré tout ce qu'elle allait faire.
« Madame. » répéta Stanton plus fort, visiblement anxieux à l'idée qu'elle engage la conversation. Ils ne seraient pas les premiers que Jack O'Neill réussissait à abattre alors qu'il était pris au piège. « Les ordres sont de… »
« Je connais les ordres ! » aboya-t-elle avec violence. « C'est moi qui les donne. »
Jack leva un sourcil, visiblement amusé. Ou faussement amusé. C'était dur de dire avec lui. Sam aurait du le tuer immédiatement, elle le savait. Elle le savait mais ne pouvait s'y résoudre. Et puis il était à leur merci, que pourrait-il arriver ? Autant le ramener à Daniel. Il en ferait ce qu'il en jugerait bon, mais elle n'aurait pas son sang sur les mains…
« Pose ton arme. » lui ordonna-t-elle.
Elle venait de prendre sa décision. Daniel le tuerait, c'était certain. Il n'y avait pas de pardon possible pour Jack O'Neill, mais elle n'en serait pas témoin. A moins qu'il ne l'y force… Il était capable de faire ça… Pour s'assurer qu'elle reste sous sa coupe à lui…
« On se tutoie maintenant, Carter ? »
La gaieté feinte de sa voix déstabilisa Stanton qui lui jeta un regard suppliant. Sam leva les yeux au ciel.
« Je ne vouvoie que ceux que je respecte. »
Jack grimaça, une expression faussement blessée déformant ses traits. « De la part de la putain du régime, ça me fait beaucoup de peine. »
Elle serra les dents, refusant d'admettre que ça l'avait touché. Ca faisait des années qu'elle n'était qu'une coquille vide, sans sentiments, sans émotions… Elle était discrète et efficace. Une ombre mais qui s'en souciait ? Elle était ce que Daniel avait fait d'elle.
« Pose ton arme. » répéta-t-elle.
Un son, ressemblant assez à un petit rire, émana de lui. « Sinon ? »
Il la provoquait pour gagner du temps. C'était une tactique qu'elle l'avait assez souvent vu employer pour ne pas la reconnaître.
« Je te tuerai. » répondit-elle simplement.
C'était la vérité nue. S'il ne lâchait pas cette arme, elle tirerait. Sans remords, sans regrets. Comme toujours. Son visage ne passerait pas le barrage de ses nuits parce qu'il y en avait déjà tant qu'elle ne ferait pas la différence.
« Tu me tueras de toute façon. » lâcha-t-il, en lançant néanmoins son flingue dans sa direction.
Stanton eut un sourire satisfait, clairement plus détendu maintenant qu'aucune arme n'était pointée sur lui.
« Je ferai mon maximum pour que tu aies un procès équitable. »
C'était une promesse dans le vide, elle le savait très bien. Et une promesse qui risquait de lui couter très cher. Si Daniel doutait de son dévouement à son égard…
« Inutile de te donner du mal, Carter. Ca fait bien longtemps qu'il n'y a plus de justice dans ce pays. »
Elle détourna la tête, incapable de supporter son regard. Il la jugeait. Il la jugeait responsable au même titre que Daniel, et il avait raison.
« Je suis désolée. » Les excuses passèrent ses lèvres avant qu'elle comprenne que c'était elle qui avait parlé. Ca faisait bien longtemps qu'elle n'avait plus ressenti le besoin de s'excuser de quoi que ce soit. « Je suis désolée, mon Colonel. »
Un silence brut suivit sa déclaration et elle rencontra à nouveau son regard. Il était étonné, adouci… Elle réalisa que ce que lui ferait Daniel si elle le lui ramenait serait affreux. Il voudrait se venger du désordre que Jack avait semé dans ses affaires, il allait le faire souffrir. En mémoire de leur amitié, le mieux était encore qu'elle le tue maintenant. A moitié résignée, elle se remit correctement en position. Elle allait compter jusqu'à trois et tirer.
« Carter. »
Il fit un pas vers elle, une main pacifiquement levée, mais n'eut pas l'occasion d'aller plus loin.
Du coin de l'œil, Sam vit Stanton se tendre, craignant pour la vie de sa supérieure. Elle le vit viser la tête du Colonel. Elle vit dans son regard la détermination froide qui précédait la mise à mort. Une microseconde, elle fut soulagée que ce soit lui qui tire et pas elle. Une microseconde. C'est à ça que se joua son destin.
Ensuite, une vague brulante déferla en elle et elle réalisa qu'elle ne voulait pas que Jack meure. Que ce soit de sa main ou de celle d'un autre, elle ne voulait pas qu'il meure. Pour elle qui n'avait plus rien éprouvé depuis des années, pour elle qui avait pris l'habitude d'analyser chaque décision, chaque possible, avant d'agir, ce fut un choc.
Elle tira sans comprendre ce qu'elle faisait. Elle tira pour protéger le Colonel et ces émotions douloureusement précieuses qui s'éveillaient dans sa poitrine.
Stanton tomba, raide mort. Elle savait qu'ils n'avaient plus qu'une poignée de minutes avant que le reste de ses hommes ne débarquent. Il fallait agir maintenant. Il fallait qu'elle se décide.
Cherchant activement une solution des yeux, elle ne trouva que le regard confus de Jack. Il n'y avait pas cinquante façons de sortir d'ici. Sans hésiter outre mesure, elle lui lança son arme. Il la rattrapa sans mal.
« Va-t-en. »
Il fronça les sourcils, la dévisageant une seconde.
« C'est quoi ? Une sorte de piège tordu ? »
Agacée qu'il ne réagisse pas plus vite que ça, elle secoua la tête et souffla. « Disons que c'est ton jour de chance. Dépêche-toi ! »
Quand les autres seraient là, elle ne pourrait plus rien pour lui et elle commençait déjà à se demander si c'était le bon choix, de toutes façons. Il sembla hésiter une seconde, puis inclina la tête, l'étudiant avec application. Déjà, elle entendait au loin le pas lourd de ses hommes.
« Dans deux minutes, il sera trop tard. » prévint-elle calmement.
Après tout, s'il tenait à se suicider…
Mais l'idée de son sang giclant sur le sol… De son cœur cessant de battre… Une nouvelle lame de douleur la traversa. Non, elle ne voulait pas le voir mourir.
Jack jeta un regard à son compagnon qui gisait dans un bain de sang. L'œuvre de Stanton. Elle suivit sa pensée.
« Si j'étais rentrée la première, il serait quand même mort. »
Ses mots calmes, dénués de culpabilité ou même d'humanité raisonnèrent péniblement dans la pièce vide.
« Et pourtant, tu ne veux pas me tuer. » répliqua-t-il.
Elle haussa les épaules, n'ayant pas d'explication pour cette lubie étrange qui l'empêchait de faire un boulot qu'elle n'avait pas hésité à faire depuis des années. Jack leva les yeux au ciel et braqua l'arme sur elle.
Elle ne ressentait aucune peur. Elle attendit patiemment que la balle morde sa peau et la délivre de cette vie de cauchemar. Le décolleté de sa robe avait beau être léger, il ne pouvait manquer sa cible. Un frisson la parcourant à l'idée que bientôt, tout serait fini, elle ferma les yeux.
La détonation déchira l'air ne provoquant même pas un sursaut de sa part. Elle avait anticipé une morsure ardente au niveau de sa poitrine et peut-être une légère douleur avant d'être engloutie par les ténèbres, pas ça… Une simple brûlure au bras droit.
Quand elle rouvrit les yeux, il n'y avait plus rien à voir. Jack O'Neill était parti… et les soldats dont elle avait la charge débarquèrent sans finesse dans la pièce. Un d'entre eux lui demanda ce qui s'était passé, les autres se turent sagement. Le cadavre de Stanton était tout ce dont ils avaient besoin pour arriver à leurs propres conclusions. Le sang qui coulait le long du bras de leur commandant était un autre indice.
Sam quitta la pièce la tête haute sans répondre à celui qui avait osé l'interroger. Elle n'avait pas à se justifier auprès d'eux… elle allait déjà devoir le faire auprès de Daniel et pour ça, Jack aurait mieux fait de la tuer. Le long du chemin qui la mena hors du bâtiment, elle fit jouer ses doigts, constatant que la blessure ne l'handicapait pas. Ce n'était qu'une égratignure.
Elle prit néanmoins grand soin de trouver le médecin qui les accompagnait toujours pour les cas d'urgence, et de se faire soigner. Il s'étonna qu'elle fasse tant de chichi pour une blessure si superficielle. La simple vue de l'arme qui était toujours accrochée à sa cuisse le convainquit de faire un bandage plus conséquent que nécessaire et de mettre son bras en écharpe. Elle s'assura que ce soit assez lâche pour ne pas l'empêcher de dégainer.
Daniel l'accueillit avec une colère froide qui s'apaisa quelque peu à la vue de son bras blessé. Elle expliqua avec simplicité que Stanton les avait trahis, qu'il faisait probablement partie de l'armée novice d'O'Neill depuis le départ, et que si elle était parvenue à le tuer, Jack, lui, s'était échappé en lui laissant un petit souvenir. Son mensonge était irréfutable et tellement spontané que personne n'aurait songé à douter. Daniel l'accepta, la réprimandant néanmoins de son échec. Shifu, à son habitude, la dévisagea en silence.
L'impression que le garçon lisait en elle comme dans un livre ouvert était dérangeante. Quand Daniel l'autorisa finalement à se retirer, l'Harsiesis lui dédia un sourire franc qui renforça ses soupçons.
Conduire jusqu'à son appartement fut pénible. Elle était fatiguée et une migraine virulente accablait ses tempes. Elle ne comprenait pas ce qui l'avait poussé à agir ainsi. Bien entendu, ça rétablissait l'équilibre… Elle combattait pour Daniel, lui contre elle. Tant qu'il était là dehors, elle avait un adversaire à sa mesure. Elle ne perdait pas pied.
Elle déverrouilla sa porte et pénétra dans l'appartement sans prendre la peine d'allumer la lumière. Elle se figea lorsqu'elle arriva dans le salon. Il y avait quelqu'un dans l'obscurité… Tranquillement, comme si elle ne s'était aperçue de rien, elle glissa sa main sous sa robe et sortit son arme. Daniel était-il si mécontent qu'il avait envoyé quelqu'un pour la supprimer ? Elle l'avait fait pour d'autres dont il s'était lassé…
Il y eut un déclic et la lumière de son halogène illumina la pièce, l'aveuglant au passage. Elle battit des cils plusieurs fois, chassant cette désagréable sensation de s'être fait prendre comme une débutante. Elle se consola en se disant que si l'intrus avait voulu la tuer, elle serait déjà morte. Bien qu'elle n'était pas sûre que ce soit très réconfortant.
« Un peu minimaliste, la déco, non ? »
Elle grogna, le monde retrouvant enfin ses formes et ses couleurs. Ce qui l'attendait était surréaliste. Jack O'Neill assis sur son canapé, un verre à la main, jambes croisées et ce fichu sourire horripilant bien en place. Elle savait qu'il s'était servi du whisky. C'était le seul alcool qu'elle gardait à la maison parce qu'elle n'aimait pas ça. C'était trop amer. C'était également la seule façon de ne pas finir alcoolique. Il lui arrivait de se noyer dans les vapeurs brumeuses de l'alcool, mais elle était moins encline à le faire en sachant qu'elle n'aimait pas ce qu'elle buvait. Elle réalisa que si elle avait tué O'Neill cet après-midi, elle aurait descendu la bouteille sans sourciller.
« Je pensais que ça payait plus de tuer d'honnêtes gens. »
Il cherchait à la provoquer mais elle était trop lasse pour que ça réussisse. Elle baissa son arme, jetant un coup d'œil sur ce qui les entourait. L'appartement était sous les toits et donc petit, c'était certain, mais elle n'avait pas besoin de plus. La minuscule cuisine ouvrait sur un salon plus vaste mais sommairement meublé. Un canapé, une bibliothèque et une table basse. Pas de télévision. Il n'y avait plus rien de véridique à y regarder… Il y avait également une chaine Hi-fi, mais elle ne lui servait qu'à écouter de la musique. La radio était autant réduite à la censure que la télévision. A gauche, le salon donnait sur sa chambre et à droite sur la salle de bain. C'est sûr que ça n'avait rien à voir avec la maison qu'elle possédait quand elle vivait à Springs.
« Si vous aviez été un tant soit peu intelligent, vous seriez en route pour la Chine à cette heure-ci. » lâcha-elle en rangeant son arme.
Elle ne rata ni le regard brûlant qu'il posa sur ses jambes, ni la façon dont ses yeux s'assombrirent brusquement. Elle s'agaça de la pointe de désir qu'elle sentait naître dans son ventre à sa vue. Ca faisait cinq ans, nom d'un chien… Etait-elle condamnée à avoir envie de cet homme jusqu'à sa mort ? Douce punition au vue de ses crimes, cependant…
« Je n'ai jamais été réputé pour mon intelligence. » déclara-t-il simplement en posant son verre sur la table basse.
Elle haussa les épaules, ôtant la bande qui lui avait servi à cacher la fausse blessure.
« Je suis probablement surveillée. » le prévint-elle.
Daniel aimait veiller sur ce qui lui appartenait. Et combien de fois le lui avait-il répété… elle lui appartenait. Corps et Ame. La présence de Jack O'Neill ici était un danger. Pour elle comme pour lui.
« Il est possessif, hein ? »
La remarque n'était pas seulement acerbe, elle était teintée de jalousie. Sam s'en amusa une seconde, avant de penser que tout ça était bien triste. Une nouvelle fois, elle haussa les épaules.
« Exigeant plutôt. »
Il sembla mécontent de sa réponse. Comme s'il attendait qu'elle réagisse. Elle n'avait plus la force de réagir. Elle était un bon petit soldat, c'était tout ce qu'elle était. On lui disait qui tuer, et elle tuait. On lui disait qui traquer, et elle traquait. Pourquoi sortir de sa routine à cause de lui ? Pourquoi à nouveau ce panel d'émotions dans sa poitrine ?
« Je m'étonne déjà qu'il vous laisse quitter son petit harem. »
Elle fronça les sourcils. Il était vrai que Daniel avait beaucoup de conquêtes… Enormément même. Il avait toujours aimé les femmes et le pouvoir attirait celles-ci comme des mouches. Cependant, elle n'en avait jamais fait partie. Elle ne l'avait jamais désiré et lui n'en avait jamais eu l'envie. L'eut-il voulu qu'elle n'aurait pas eu le choix de refuser. On ne s'opposait plus à Daniel Jackson. Réprimant un frisson de dégout à l'idée de partager son lit avec son ancien ami, elle soupira.
« Qu'est ce que vous voulez ? »
Elle ne pouvait pas faire grand-chose pour lui. Peut-être tirer deux, trois ficelles… Menacer quelques personnes pour lui obtenir des faux papiers… Mais même avec ça… Il était l'ennemi public numéro 1. Impossible de lui faire franchir une quelconque frontière avec ce visage là.
« Comprendre. »
Il se leva. Elle, qui commandait des Marines, affrontait des hommes nettement plus costauds que lui, était pratiquement intimidée. Et elle n'aimait pas ce sentiment là.
« Comprendre quoi ?! » cracha-t-elle.
Elle voulait juste qu'il s'en aille. Elle voulait oublier et retrouver sa vie pitoyable. Pour cacher sa nervosité, elle se dirigea vers la cuisine et se servit un verre de whisky.
« Pourquoi le chien de chasse de Daniel ne lui a pas ramené sa plus belle proie. »
Elle avala le contenu d'un verre cul sec, grimaçant sous le goût désagréable de la boisson. Quand elle se retourna, il bloquait la sortie de la cuisine et elle laissa libre cours à la colère qui incendiait son âme depuis des années, depuis que Daniel se servait d'elle pour asseoir son pouvoir.
« Je ne suis pas son chien ! »
Un sourire narquois étira les lèvres de son ancien supérieur.
« La ressemblance est pourtant frappante. »
Le verre qu'elle tenait dans sa main formait une courbe dans les airs avant qu'elle ait le temps de réaliser. Il évita sans peine le projectile qui se fracassa contre le mur, laissant une trainée de liquide derrière lui.
« Dehors. » ordonna-t-elle froidement.
Elle se détestait de trembler. Que ce soit de rage ou de honte parce qu'elle savait qu'il disait la vérité, elle refusait ce signe de faiblesse. Elle ne voulait pas de lui, elle ne voulait pas de ça. Accepter de faire face à Jack O'Neill, c'était accepter de faire face à ses démons.
« Dehors. » répéta-t-elle avec plus de force.
Il continua de la toiser, pas plus impressionné par son accès de fureur que par son apathie. Elle était énervée, et énervée d'être énervée. Où était passé ce calme qui ne la quittait jamais ? Ce désintérêt pour tout et tous ceux qui l'entourait ?
« Il me suffit d'un seul coup de téléphone pour vous envoyer en enfer ! » menaça-t-elle.
Il se contenta de secouer la tête, tendant la main pour s'emparer du combiné qui était à sa droite avant de le lancer par-dessus son épaule. Elle serra les dents, envisageant de sortir son arme pour effacer une fois pour toutes ce rictus supérieur de ses lèvres. C'était très irritant. Retrouvant en une seconde le calme qu'elle avait perdu, elle redressa la tête.
« Dites moi ce que vous voulez ou partez. »
Il avança encore d'un pas et sans le vouloir, elle recula, se retrouvant adossé au comptoir.
« Si vous n'êtes pas son chien, » demanda-t-il. « qui êtes vous ? »
Elle resta muette. La métaphore était humiliante mais pourtant explicite. Qu'était-elle d'autre sinon le chien dévoué de Daniel Jackson ? Il sifflait et elle accourait.
« C'est bien ce que je pensais. » répondit-il à son silence.
Il approcha encore et elle le laissa faire, incapable de se défendre de ces accusations qui, de la part d'un autre, ne l'auraient pas touchée. Personne ne la touchait plus depuis bien longtemps. Il ne reprit la parole que quand il ne fut plus qu'à quelques centimètres d'elle.
« Ce qui m'amène à reposer cette question, pourquoi m'avoir sauvé ? »
Elle déglutit péniblement, perturbée par le déluge de sensations. Sa présence était écrasante. Elle avait chaud et froid tout à la fois et il ne la touchait même pas. Elle avait envie de lui. Il aurait été idiot et futile de le nier. Elle crevait de désir pour lui.
« Peut-être que j'avais peur de m'ennuyer… »
Elle s'obligea à garder l'esprit clair. Ce qu'elle ressentait, ce dont elle avait envie, il ne pouvait pas le vouloir aussi. Pour lui, elle n'était que la putain de Daniel. Celle qui assassinait ses hommes et l'avait trahi.
« Peut-être que vous n'aviez pas vraiment envie de me tuer, Carter. Peut-être que vous ne croyez plus vraiment que Daniel est la réponse à toutes vos espérances ? »
Elle détourna le regard, refusant de répondre. Cela lui révéla néanmoins tout ce qu'il voulait savoir.
« Pourquoi continuer alors ? » demanda-t-il avec une gentillesse non feinte.
Quand elle le regarda à nouveau dans les yeux, elle y vit cette tendresse chaleureuse. Une nouvelle fois, elle eut l'impression que rien ne s'était passé, qu'elle n'avait pas commis toutes ces choses innommables.
« Parce que je suis un monstre. »
Elle battit furieusement des paupières. Elle n'avait jamais pleuré, jamais. Elle se l'était toujours défendu. Pleurer sur le sang qu'elle avait versé, c'était admettre qu'elle était un assassin.
Il était trop près. Elle ne pensait plus correctement, elle ne savait plus ce qu'elle faisait.
« Tue-moi… » implora-t-elle.
Déjà, elle avait la main sur sa cuisse, cherchant son arme pour la lui tendre. Il devait la tuer, l'empêcher de nuire. C'était la seule solution. Sa main chaude emprisonna la sienne et l'écarta de son chemin. Il laissa ensuite ses longs doigts courir le long de sa peau, provoquant un délicieux frisson. Elle baissa la tête, vaincue par cette unique caresse, alors qu'il s'emparait du petit revolver.
Persuadée qu'il allait faire ce que la justice le poussait à exiger, elle ferma les yeux. Elle avait pris la vie de beaucoup de ses amis, c'était normal qu'il exige la sienne en retour. Elle la lui offrait bien volontiers d'ailleurs.
« Tue-moi. » répéta-t-elle comme il tardait à appliquer sa vengeance.
Elle l'entendit soupirer puis sentit sa main se perdre sur sa joue pour finir dans ses cheveux.
« Ce n'est pas vraiment ce que j'avais en tête, Carter. »
Elle rouvrit les yeux et fronça les sourcils au moment où il posa ses lèvres dans le creux de sa gorge. Le gémissement qu'elle lâcha la prit elle-même par surprise. Mais très vite, tout ne fut plus que sensation. Les doigts de Jack couraient sur la peau de sa cuisse, s'aventurant de plus en plus loin sous le fin tissu… Son autre main jouait, descendant sur son épaule, entrainant avec elle la bretelle de la robe… Et sa bouche… Sa bouche tortura la sienne un moment avant de descendre de plus en plus bas, se rapprochant peu à peu de la limite de son décolleté.
Puis, aussi brusquement qu'il avait commencé, il s'arrêta. Ses mains revinrent se poser sagement sur sa taille, et s'il ne s'écarta pas d'elle, il se contenta de la regarder trembler et tenter de retrouver une respiration normale. Perdue, elle le dévisagea sans comprendre. Etait-ce une façon de la punir ? Elle accepterait tout et n'importe quoi. Elle le méritait.
« Pars avec moi. »
A nouveau, ces larmes stupides lui titillèrent les yeux. Elle ne pouvait avoir bien entendu.
« Pars avec moi, Carter. » répéta-t-il. « Tu n'as pas ta place ici. Bats-toi avec moi. »
Un réflexe amena un sourire ironique sur ses lèvres. « Je ne pense pas que tes amis apprécieraient, Jack. »
Le regard du Colonel quitta son visage pour descendre vers son décolleté tandis qu'il réfléchissait.
« Je leur expliquerai ce que tu as fait pour moi. Ils pardonneront si tu nous aides… On n'a pas les moyens de refuser des hommes. »
Pardonner ? Elle éclata de rire. Le son résonna étrangement dans sa cuisine impersonnelle. Pardonner…
Jack la dévisageait, ne comprenant visiblement pas ce qui était drôle.
« Je ne veux pas être pardonnée, Jack. »
Il fronça les sourcils. « Quoi ? »
Elle secoua la tête, un sourire triste aux lèvres. « J'ai vendu mon âme au diable… »
Il eut l'air soulagé. Presque comme s'il s'était attendu à ce qu'elle lui annonce que tout ça n'était qu'une vaste supercherie. Il posa la main sous son menton et l'obligea à relever la tête.
« Je la lui rachèterai. »
Avant qu'elle ait pu répliquer, il s'était à nouveau emparé de sa bouche. La main qui était sous sa joue descendit le long de sa nuque et il la plaqua davantage encore contre lui, fouillant dans son dos à la recherche de la fermeture de sa robe. Il la trouva rapidement et le vêtement glissa à ses pieds la laissant en sous-vêtements. Le regard affamé de Jack parcourait lentement son corps, et elle se sentit à nouveau frissonner. Elle refusait néanmoins de faire quoi que ce soit tant que les choses n'étaient pas claires entre eux.
« Je ne rejoindrai pas les rebelles, Jack. »
Coupée dans son élan, sa main resta posée là où elle était, sur son avant bras.
« Pourquoi ? » Il soupira et recula. « Tu ne vas pas me dire que tu aimes ce que tu fais, Carter ?! »
Elle secoua la tête, enjambant la robe, et dépassant Jack pour quitter la cuisine.
« Bien sûr que non… »
Elle avait dans l'intention de se rendre dans la chambre. Soit pour terminer ce qu'ils avaient commencé, soit pour se couvrir. Rester aussi exposée devant lui ne lui plaisait qu'à moitié. Elle ne passa pas la porte. La main du militaire était fermement accrochée à son bras.
« Alors pourquoi ? »
Elle haussa les épaules et se colla contre lui, en profitant pour lui retirer sa veste.
« Je ne mérite pas ça. »
Il se laissa faire tandis qu'elle commençait à le déshabiller, ne réalisant même pas ce qu'elle faisait tant il avait l'air ahuri par ce qu'elle disait.
« C'est complètement ridicule. » finit-il par lâcher, en emprisonnant ses poignets alors qu'elle s'activait sur sa ceinture. « Tout le monde mérite une deuxième chance. »
Cette fois, ce fut elle qui s'éloigna en soupirant. Elle se passa nerveusement une main dans les cheveux, cherchant à apaiser ce désir qui lui brûlait le ventre tout en tentant de trouver les mots qui expliqueraient ce qu'elle ressentait.
« J'aurais pu partir. Des centaines de fois. Et je ne l'ai jamais fait. J'ai continué à tuer encore et encore. Alors, non, Jack. Je ne mérite pas de seconde chance parce que j'en ai eu des centaines que je n'ai pas saisies. »
Elle pénétra dans la chambre et s'assit sur le lit, attendant qu'il se décide sur la conduite à tenir. Il fit quelques pas hésitants dans la pièce.
« Peut-être que tu dois saisir celle là. »
Elle haussa les épaules. « Ca t'attirera plus d'ennuis que d'avantages. »
Son regard brûlant étudia sans gêne son corps pratiquement nu et cette fois, Sam se demanda si ce n'était que du désir. Il n'insisterait pas tant si ce n'était que ça. Et elle ne serait pas tellement tentée de céder… Mais elle ne méritait pas ça. Elle devait s'en souvenir.
« A moi d'en décider, non ? » demanda-t-il en avançant vers elle. « Je vois plus d'avantages que d'inconvénients, là, tout de suite. »
Sa mâchoire se serra, elle était fatiguée de ce jeu là. Il dirait oui, elle dirait non… Ca pouvait durer toute la nuit. Et son torse nu l'appelait, lui faisant miroiter une autre façon nettement plus agréable de passer le temps.
« Compromis. » tenta-t-elle. « Je sauverai autant de rebelles que je peux. »
Ce qui s'élèverait à trois ou quatre hommes tout au plus. Daniel s'en apercevrait et la ferait tuer.
« Il t'éliminera. »
Il commit l'erreur d'approcher trop près. Elle attrapa son poignet et le fit basculer sur le lit.
« Le monde s'en remettra. »
Ca le contraria et il roula sur elle, la coinçant sur le matelas. « Pas moi. »
Elle planta son regard dans le sien, perdu dans la flamme qui y brûlait. « Alors, je ne ferai rien… »
Cette fois, elle ne résisterait plus longtemps. Elle avait besoin de lui. Désespérément besoin de lui…
« Tu ne changeras pas d'avis. » constata-t-il tristement.
Elle tendit le cou et captura ses lèvres, mordillant gentiment jusqu'à ce qu'il approfondisse le baiser. Petit à petit, il se laissa aller à ses caresses et au moment où elle se détendit elle aussi, s'abandonnant sans hésitations à ses mains expertes, il embrassa la peau sous son oreille, et se mit à murmurer.
« Si tu me laisses faire, je t'aimerai toutes les autres nuits de ta vie. »
Elle ne contint plus les larmes de frustration qui lui montaient aux yeux. Elle ne méritait pas son amour. Elle n'avait pas droit à son amour. C'était à l'enfer qu'elle se condamnait en l'autorisant à lui faire l'amour pour ne plus jamais pouvoir toucher son corps.
« Dans nos rêves, Jack. » promit-elle.
Il embrassa les larmes et n'osa plus rien dire qui la fasse pleurer davantage. Il se contenta de l'aimer encore et encore sans pourtant qu'elle arrive à se rassasier de lui. Elle en voulait plus, toujours plus… C'est pour ça que quand, au petit matin, il se glissa hors de son lit, elle fit semblant de dormir, mordant l'oreiller pour ne pas permettre aux sanglots de quitter sa gorge. Elle avait trop peur de le rappeler… de le supplier de l'emmener avec lui…
Quand elle entendit la porte claquer, elle se tourna sur le dos et observa le plafond désespérément blanc, tentant de se convaincre que ce n'était que justice. Elle ne pouvait pas partir avec Jack, et elle ne pouvait pas espionner pour lui sans que ça lui coute la vie. Oui… ce n'était que justice.
Elle appuya les poings sur ses paupières closes dans l'espoir que ça suffirait à tarir ses larmes.
La justice était une pute.
A suivre…
