Première partie : Chapitre 1
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P.O.V. : Remus
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« Tu vas quelque part petit? »
Et à cet instant je levais les yeux pour me trouver face à.. je ne sais pas en fait. Je n'ai jamais vraiment su ce qu'était Sirius Black, pas plus aujourd'hui que quand j'ai levé les yeux sur lui pour la première fois. Ce jour là donc. C'était peut-être un vagabond, ou un explorateur, ou juste un type qui avait du temps à perdre. Ce que je peux te dire de Sirius Black, ce que sans vraiment le savoir j'ai tout de suite su, c'est que c'est un type bien. Je dis pas qu'il était pas (et même encore aujourd'hui) à moitié fou. Mais un type bien quand même. Réglo tu vois, loyal quoi. C'est lui aussi qui m'a appris à parler comme ça. Il appelle ça "le vrai langage comme il vient" qu'il s'exclame à chaque fois. Fichu Black.
Bon, mais pour en revenir à nos moutons (ou ce que tu veux d'ailleurs), à cette époque quand j'ai levé les yeux sur le visage de Sirius Black pour la première fois, j'étais pas du tout comme aujourd'hui. D'abord, je parlais pas comme ça. J'étais plus du genre petit étudiant ampoulé et trop poli pour son propre bien. Je venais de finir ma première année dans une des nombreuses université de New-York, pas la plus prestigieuse, pas la plus mauvaise non plus. Moi tu vois, je suis Irlandais, mais vers mes cinq ans mes parents ont décidé de s'exiler aux États-Unis, appâtés par la toute puissance de cette grande moitié de continent. Sans quoi, j'aurais sûrement essayé d'entrer à Oxford. Mais bon, ma petite université New-yorkaise a bien dû faire l'affaire. Pour ce que j'y ai appris...
C'était l'été 1942, les États-Unis étaient entrés en guerre depuis un an. Pour une raison qu'on ignore encore, cette fameuse guerre là elle ne nous a jamais touchés. Peut-être qu'ils avaient déjà assez de monde, peut-être qu'ils avaient perdus les documents disant qu'on existait, qu'on était en quelque sorte une propriété de l'État (pour ce genre de choses en tout cas). Ou peut-être que c'est nous qui nous sommes trop perdus, et qu'ils ne se sont pas donné la peine de nous retrouver. On a quelques amis qui l'ont faite pourtant. Ils ne sont pas tous revenus. Enfin en tout cas, cet été de 42, moi petit étudiant en vacances, je n'avais pas grand chose à faire, alors j'errais dans les rues de New-York un recueil de poème de Keats à la main, ou peut-être Guerre et Paix de Tolstoï, et quand je ne lisais pas je levais les yeux et je regardais les gens. Dans la rue, dans les restaurants, devant les cinémas, et de l'autre côté des millions de fenêtres de la rue dans laquelle je me trouvais.
C'était ce que je préférais, regarder à travers les fenêtres. Me prend pas pour un pervers, hein, il n'y a jamais rien eu de malsain là-dedans. Je n'ai jamais épié. Mais juste, regarder, regarder les gens vivre, regarder l'Amérique vivre. Ça me fait bien rire tout ça maintenant. Enfin non, ce que je veux dire c'est que j'aime toujours regarder, mais c'est ce que je pensais à l'époque qui était drôle. C'est bizarre parce que je crois que d'un certain côté j'ai toujours su que ce monde, celui qu'allait me faire découvrir Sirius Black par la suite, était bien réel et vivant, juste là à ma portée, mais que d'un autre côté j'étais trop lâche pour vivre tout ça moi-même quand je pouvais le lire assis confortablement dans un parc ou dans une bibliothèque.
Toujours est-il que j'étais là cet été 1942, et que j'errais en rêvant d'une vie sauvage. J'avais lu Le Loup de Steppes, et de manière générale pas mal d'œuvres de Hermann Hesse, j'avais aussi lu Jack London et Thoreau, un tas d'autres en fait mais c'était eux qui m'attiraient le plus à cette époque. Je rêvais de l'Amérique sauvage, tout en étant planté innocemment au milieu de ces connards de spéculateurs et d'actionnaires dont j'allai sûrement un jour faire partie à ce train là. Je devais avoir l'air sacrément perdu tiens, et c'est sûrement ce que Black a pensé quand il m'a demandé ça. « Tu vas quelque part petit ? ». C'est terrible de demander ça à un inconnu dans la rue. Surtout un petit étudiant propret comme moi (à croire qu'à l'époque déjà, je devais pas avoir l'air si propret que ça en fait), ça en ferait fuir plus d'un.
Donc, quand j'ai levé la tête pour apercevoir Black, ce que j'ai vu d'abord c'est sa voiture. Une bonne vieille Ford Anglia bleue (délavée il faut dire). Je me suis toujours demandé où il l'avait trouvée, elles étaient bien mais à l'époque il n'y en avait pas beaucoup à Amérique. C'était presque un clin d'œil tiens, qu'un gars m'aborde dans la rue dans une voiture anglaise. J'ai sûrement dut le regarder avec des yeux gros comme des balles de tennis, parce que je me rappelle qu'il a rigolé à ce moment là. Puis il a dit « Hé, t'as quel âge petit ? » Je dois t'avouer qu'au début, ça ne m'a pas trop plus sa manière de toujours m'appeler « petit ». Alors j'ai levé le menton fièrement, parce qu'un Irlandais-américain ne se laisse pas insulter si facilement. Ou peut-être juste parce que j'étais stupide. En tout cas, je l'ai regardé droit dans les yeux et j'ai répondu : « Vingt ans. ». Et alors là, vous n'allez pas le croire, enfin si peut-être si vous avez déjà compris quel genre de personne est Sirius Black, mais ce corniaud là m'a rit au nez.
Il a haussé les sourcils puis il m'a dit : « C'est bon petit, pas la peine de mentir, on va rien t'interdire parc'que t'es pas majeur. Dis toujours, t'as quel âge ? ». À ce moment là, mes yeux ont dû encore plus s'élargir (si jamais c'était possible). Ce type était vraiment en train de me prendre pour un idiot. D'ailleurs, il n'avait pas vraiment l'air plus vieux que moi. Par la suite, j'apprenais que l'imbécile n'avait qu'un an de plus que moi. Un an, et c'était le roi du monde. Enfin je dois avouer que malgré tout, malgré le fait qu'il n'ait qu'un an de plus que moi, il avait bien raison de me traiter comme ça à l'époque. Un an en fait, ça ne voulait rien dire, on aurait mieux fait de compter en kilomètres. Et là j'aurais su, j'aurais su que mes vingt ans ne pouvait rien vouloir dire à Sirius Black. Enfin tout ce que je voyais à l'époque, c'est que j'étais là, moi Remus Lupin, étudiant dans une université new-yorkaise, vingt ans, en train de me faire insulter par un type dans une Ford Anglia pas loin du dernier soupir.
Qu'est-ce que j'ai fait ? J'ai haussé les sourcils et j'ai tourné les talons, comme un sale petit snobinard. À ce moment là, Black a dû comprendre qu'il m'avait vexé, parce que j'ai entendu une porte claquer derrière moi. Je me suis retourné et il était là, appuyé contre sa voiture, l'air presque soucieux. Il m'a regardé et il m'a dit : « Hé, vingt ans, tu fais quelque chose ce soir ? ». Puis à moi d'être ébahi et de secouer bêtement la tête de gauche à droite. « Alors monte ». Et à ce moment là, je dois avouer que je ne savais plus trop ce que je faisais ni qui j'étais. Tout ce que je savais c'est que ce type, Sirius Black, avait réussi à me surprendre. J'étais aussi un peu appréhensif, d'ailleurs Black à dû s'en apercevoir parce qu'il m'a juste sourit gentiment avant de rentrer dans sa voiture et de m'ouvrir l'autre porte. Je ne sais pas trop ce qui m'est passé par la tête à ce moment là, mais je suis monté dans sa foutue Ford Anglia. Sur mon siège, il y avait ce qui ressemblait à un manuscrit de livre pas terminé, une ébauche quoi. Il s'est tourné vers moi, il a sourit encore une fois puis il a dit « Tu peux mettre ça derrière tiens. C'est un truc d'un ami à moi, il prévoit d'écrire un livre, t'y crois toi ? Jack qu'il s'appelle, Jack Kerouac. C'est pas mauvais, il est un peu vaniteux, mais il s'débrouille pas mal avec ses mots. Y sait où y va. »
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Comme vous l'aurez compris, il ne faut pas vous attendre à retrouver l'univers enchanté de Harry Potter dans cette fiction. À vrai dire, elle serait plus pour des amateurs de Kerouac, même si j'espère malgré tout pouvoir satisfaire les fans de H.P. avec cette fiction. Je tiens à vous prévenir dès à présent qu'il y a des grandes chances pour que le titre change, car j'ai eu du mal à choisir et même encore je ne suis pas satisfaite de celui-ci. J'essaierai peut-être aussi d'offrir un résumé plus intéressant quand j'aurais un peu avancé cette fiction. J'aimerais bien écrire quelque chose d'assez long, mais je ne peux encore rien vous promettre. En attendant, si vous aimez, croyez-moi, des encouragements serons la meilleure façon d'avoir une suite. Non pas que je "vende" mon histoire, mais je pense avoir besoin de motivation, en tant que petite débutante. Dans l'espoir de pouvoir vous faire voyager.
