Auteur : Dragonha, Mag (ou moi si vous préférez)

Disclamer : Ne m'appelant pas Murakami, Tatsuha, Eiri et Ryuichi ne m'appartiennent pas. Cependant, il y a un perso, inventé de toute pièce, qui m'appartient, alors pas touche svp.

Warning : Alors ceci est une relation homme x homme, homosexuelle explicite. Un rating MM donc. Homophobes, prudes et trop jeunes lecteurs sensibles, veuillez appuyer sur la croix en haut de l'écran merci.

Résumé : Ryuichi x Tatsuha. Suite à un accident de voiture, Tatsuha perd la mémoire. Il oublie tout le monde sans exception. Mais n'y a-t-il vraiment aucun espoir de le guérir ? Lemon. J'avertis certains persos sont ooc.

Anecdote sur l'histoire : J'avais prévu un OS mais l'histoire complète faisant plus de 40 pages Word, vous aurez une mini fic de 3 chapitres.

L'idée m'est venue d'exploiter un point que j'aurais pu développer sur mon autre fic Gravitation : Be there. Lisez pour savoir de quoi je parle.

Deuxième point, en relisant le manga et le passage où Tatsuha et Ryuichi sont dans le zoo, je me suis dit qu'il aurait pu se passer quelque chose que Murakami sensei aurait pu dissimuler. Je vais chercher loin, mais vous comprendrez toute la fic.

Et après tout ce bla-bla je vous dis bonne lecture.

L'amour guérisseur

Chapitre 1

C'était un après-midi comme tant d'autres, Tatsuha Uesugi rentrait chez lui, accompagné de ses copains de la faculté de commerce. Ils parlaient de tout et de rien, jusqu'à ce qu'Inamoto propose de s'arrêter à l'arcade qui était sur leur route.

Les trois amis furent d'accord et entrèrent dans la salle de jeux sans plus attendre. Après avoir bataillé chacun leur tour aux courses de motos, et au jeu de combat Tekken 3, ils finirent par en avoir assez. Du coup, les trois jeunes reprirent leur chemin initial.

Malheureusement, le destin mit sur leur route un jeune enfant jouant au ballon sur le trottoir. Alors que la balle lui échappait des mains, le gamin chercha à la rattraper. Il eut la chance que Tatsuha intercepta le jouet avec ses pieds.

« Tu devrais faire attention, petit. C'est très dangereux de t'amuser comme ça, je pense que tu devrais rentrer chez toi. » recommanda l'étudiant. L'enfant acquiesça à son avertissement avec un grand sourire.

Satisfait, il tapota doucement la tête du garçon et s'éloigna, retrouvant ses deux amis. Inamoto les laissa là, passant par le parc pour rentrer chez lui. Après un dernier signe de main, les deux jeunes hommes allaient reprendre leur route.

Un bruit bizarre, les fit cependant se retourner. Le même gosse qu'il avait interpellé, traversait la route en tapotant dans son ballon. Cela déjà était imprudent, mais le pire fut qu'il se retrouva au milieu de la route quand les feux de signalisation changèrent de couleurs.

Un camion démarra sur l'instant et fonça vers le petit… et le heurta. Le crissement des pneus sur le bitume alerta les personnes présentes de l'accident.

Une bonne dizaine de gens se regroupa autour du conducteur penché sur une forme anormalement grande. Tatsuha sans réfléchir avait sauté par-dessus la rambarde de sécurité et attrapé le gamin pour lui éviter le choc.

« Eh mon garçon, tiens bon. Je suis désolé, vraiment désolé. » psalmodiait l'homme. L'autre ami de Tat-chan s'empressa de taper le numéro des urgences sur son portable et de leur communiquer l'endroit où ils se trouvaient. Les autres automobilistes, avec le camion en travers de la rue, sortirent de leur voiture, pour voir ce qui se passait.

Pendant tout le temps que dura l'attente de l'ambulance, le jeune accidenté, blessé à la tête et brûlé sur une partie du corps, parvint à rester éveillé. Ce ne fut qu'une minute avant que les infirmiers n'arrivent qu'il s'évanouit, incapable de tenir plus longtemps, à cause de sa perte de sang.

Hideaki Yoritomo suivit rapidement les ambulanciers dans le van d'urgence et remplit la fiche de patient de son camarade. Une fois les informations récupérées, la jeune femme qui lui avait tendu les papiers composa un numéro sur son téléphone.

Quelques tonalités plus tard, un homme décrocha. « Allô ? Monsieur Uesugi ? C'est à propos de votre fils Tatsuha. Il est… blessé, il a eu un accident de voiture. » Quelques explications plus tard, elle raccrocha.

Mizuki, la jeune infirmière détestait devoir annoncer ces nouvelles aux familles, mais elle se devait de faire son boulot, et de sauver une vie. Aussi vite que possible, elle prodigua les premiers soins au jeune homme, qu'elle trouva d'ailleurs très beau une fois qu'elle eut fait tout ce qu'elle pouvait.

L'hôpital d'Osaka arriva en vue très vite, on fit descendre la civière et deux hommes l'emmenèrent d'office dans la salle de soins la plus proche, rapatriant deux médecins compétents qui prirent le patient en charge. Ces derniers, autant que faire se peut, rétablirent le garçon de leur mieux.

Pendant ce temps, Le père Uesugi, ainsi que Mika qui venait lui rendre visite, se mirent en catastrophe à récupérer quelques vêtements et affaires de toilettes pour le cadet de la famille. Sitôt cela fait, ils chopèrent un taxi et arrivèrent anxieux et énervés à la clinique.

Au moins, l'acte du jeune Uesugi avait sauvé le jeune enfant qui s'en sortait avec quelques égratignures. Le vieux prêtre et sa fille le rencontrèrent avec sa mère, alors qu'ils attendaient tous des nouvelles du héroïque garçon. Le petit garçon raconta l'aventure, avec un petit trémolo dans la voix. Il se souvenait que l'homme lui avait dit d'arrêter de jouer avec son ballon, mais l'envie avait été trop forte, et il se sentait immensément coupable.

Mika rassura le garçon, persuadée que Tat-chan ne lui en tiendrait pas rigueur, trop heureux de le voir sans rien de plus que de légers bleus. Le petit Kai lui sourit timidement, remarquant au passage que les enfants de la famille Uesugi étaient semble-t-il tous très beaux. A se demander si le vieil homme était vraiment leur père.

Lorsqu'enfin les portes de la salle de soins s'ouvrirent, les quatre personnes se levèrent, la grande sœur du blessé avait des yeux inquiets et des larmes prêtes à couler. Le vieux père lui ne montrait qu'un visage impassible, mais il était cependant anxieux du sort de son dernier né.

Les deux hommes qui avaient soigné le brun s'avancèrent. Des sourires encourageants se dessinèrent sur leurs visages. Cela incita le petit groupe à se calmer et à espérer une guérison rapide.

Le premier médecin prit la parole. « Calmez-vous, il va très bien s'en sortir. Son hémorragie était importante mais nous l'avons stoppée sans mal. Nous lui avons fait un transfert de sang et nous avons soigné ses brûlures. Vous pourrez le voir dans quelques minutes. Maintenant je dois vous laisser, mon collègue vous expliquera le reste. »

'Plutôt lui que moi. Je ne veux sous aucun prétexte leur expliquer ce qui les attend. Je ne gagnerais qu'à me faire insulter et à me faire traiter d'incompétent. Bonne chance, Saraï.' pensa le docteur Sato en marchant rapidement jusqu'à son prochain patient.

Ainsi l'autre docteur fit signe aux quatre personnes de le suivre jusqu'à la chambre du garçon. Tout cela en commençant à leur parler de la mauvaise nouvelle. « Comme vous l'a expliqué le docteur il va très bien, physiquement du moins. Il ne présentera pas de cicatrices. Malheureusement, il y a une séquelle non négligeable. »

« Expliquez-vous ! » pressa la jeune femme qu'il supposait être la sœur du patient. Il s'exécuta rapidement. « Il a été blessé à la tête, dû au choc de sa réception sur la rue, de là, son sang n'à presque pas cesser de couler. Avec le don de sang, il n'a plus à s'inquiéter pour sa santé physique. Le problème c'est que son esprit aura sûrement été ébranlé. J'entends donc par là, qu'il y a de très fortes probabilités d'amnésie. »

Ils étaient arrivés devant la chambre, mais personne n'entra. Les deux parents de Tatsuha accusèrent le choc, sa sœur commença à pleurer, et son père à trembler. Par compassion pour eux, le médecin leur laissa digérer l'information puis les fit doucement entrer, la vision du jeune garçon dans cet état de faiblesse allait leur faire un choc en plus.

Le pauvre étudiant était là allongé, encore sous l'effet des tranquillisants et sans doute du choc. Saraï ne laissa pas entrer l'enfant et sa mère. Il se devait de rester professionnel et de commencer d'abord par s'assurer de l'état psychologique du garçon, avant de le soumettre à des étrangers.

Peut-être la présence de sa famille le mettrait en confiance même s'il ne les reconnaissait pas. Les liens du sang sont en général plus fort que la raison et la science, alors pourquoi pas.

Les Uesugi regardaient effarés le jeune homme. Les bandages qu'ils pouvaient apercevoir leur fit comprendre que tout le côté gauche de son corps était brûlé, celui enserrant sa tête les effrayait sans doute plus que tout. Sans doute que pour ceux qui avaient connu le brun avant son accident cela devait choquer atrocement. Lui, avec tout le recul qu'il se devait de conserver, voyait toujours le bon côté de la chose : il était toujours en vie.

Mika avança prudemment au chevet de son petit-frère, tendant la main et effleurant avec douceur ses cheveux emmêlés. Un léger mouvement alerta les trois personnages que le jeune garçon allait se réveiller. D'un hochement de tête, le médecin et les deux autres se comprirent.

Azusa Saraï se posa sur un siège à côté du lit et attendit patiemment que son patient ouvre les yeux. Les paupières de Tatsuha papillonnèrent et s'ouvrirent finalement, pour voir près de lui un bel homme aux cheveux mi-longs noir et aux yeux d'un gris anthracite. « Un ange. »

Ce n'était rien d'autre qu'un murmure, mais l'homme l'entendit et ne put s'empêcher de rougir. « A peine réveillé qu'il commence déjà à blaguer. » soupira sa sœur. Elle se forçait à y voir une plaisanterie pour ne pas sombrer dans le chagrin que son cher frère probablement amnésique causait sans le savoir.

« Non, Tatsuha je ne suis pas un ange, et tu n'es pas mort. Je m'appelle Azusa Saraï et je serais ton médecin pendant le temps de ta convalescence. » déclara doucement le jeune praticien, âgé de 27 ans.

Le garçon allongé sur son lit, eut un flash à son dernier mot. Il se rappelait avoir percuté un camion, avec un enfant dans les bras, puis sa tête avait cogné sur le bitume et enfin s'était évanoui au bout d'un temps.

A son regard perdu dans le vague, Saraï comprit qu'il se souvenait de son accident, peut-être que les choses étaient moins pires que ce qu'il imaginait. Il s'assura rapidement de toutes les constances du garçon, en jetant un coup d'œil sur le dernier relevé qu'il avait entre les mains.

Enfin, il demanda au brun s'il se sentait bien. Celui-ci répondit que oui. « Mademoiselle ? Pourriez-vous m'aider à arranger ses coussins pour qu'il puisse s'asseoir. « Bien sûr. » Elle exécuta les mêmes gestes que le médecin. Celui-ci remarqua d'ailleurs que la jeune femme subissait un examen de la part de son frère.

Il espéra une réaction. Et même si elle tarda, elle vint. « Mika ? Qu'est-ce que tu fais là ? Je te croyais à Tokyo. » Surprise sur le coup, elle parvint à lui expliquer qu'elle était venue rendre visite à leur père, qu'elle désigna d'ailleurs de la main. Celui-ci s'approcha et prit la main de son fils, le regardant dans les yeux.

Ses gestes surprirent le frère et la sœur. Il n'avait pas l'habitude de se montrer ainsi que ce soit en public ou à la maison. « Papa ? Qu'est-ce qui te prends ? Je ne suis pas mort, d'après le médecin, il est bien trop tôt pour m'enterrer. » « Qu'est-ce que je disais. Toujours à plaisanter, quelque soit le moment. » s'écria Mika, ravie de constater qu'apparemment il n'avait aucun problème.

De cela, Azusa n'était pas sûr. C'est pourquoi, il s'immisça dans la conversation et éloigna un peu les proches et commença à poser plusieurs questions d'ordres généraux au garçon. Du genre tenir un crayon, écrire, lire et comprendre une phrase. Puis il passa au plus dur, le souvenir de ses proches.

A la stupeur de ses deux parents, il ne se souvenait que d'eux. Les photos qu'ils montrèrent d'Ayaka, de ses amis de fac et de lycée, ainsi que du groupe Bad Luck et de Tôma ne lui firent rien. Pire la photo de son propre frère ne raviva aucun flash. Mais ce qui stupéfia littéralement la jeune épouse de Tôma Seguchi fut que quand elle lui montra une photo de son groupe préféré il ne reconnut personne. Même pas son chanteur préféré.

Elle et son père apprirent plus tard que la chose était courante, on se souvenait mieux de ceux qu'on ne voyait pas souvent ou qu'on n'appréciait pas avec de grands sentiments. Successivement, Mika puis le vieux.

A la suite de leur entretien à quatre sur les choses dont se souvenait le blessé, le médecin leur parla de ses conclusions. « Il semble relativement bien pour un tel choc. Selon ce que vous m'avez raconté, il se souvient d'à peu près tout à l'exception de ses relations de Tokyo et de deux de ses amis. L'un d'eux l'a accompagné jusqu'ici. Il est donc probable qu'inconsciemment il les relie à l'accident. »

« En bref, il pourra sortir sans problèmes et vivre à peu de choses près une vie normale. Malgré tout, il a besoin de repos, je vais donc lui prescrire une ou deux semaines de repos, ainsi qu'un antidouleur au cas où ses brûlures ou sa tête l'élancerait. »

Les deux personnes acquiescèrent et acquirent l'ordonnance dans la minute. Après cela, un petit coup timide se fit entendre sur la porte. Ils avaient pratiquement oublié le petit et sa mère. Avec acceptation du praticien, le vieillard leur ouvrit la porte et les laissa entrer.

La jeune mère se couvrit la bouche à la vision du pauvre garçon qui avait courageusement sauvé son enfant, elle fondit aussi sec en larmes, présentant ses excuses aux proches du garçon. Le petit en revanche n'eut pas trop peur à la vision des bandages recouvrant le corps de son sauveur.

A la place, il s'approcha doucement. D'une petite voix un peu triste, il présenta ses excuses au brun et s'inclina. Puis le jeune garçon s'approcha un peu plus du lit et grimpa dessus, ébahissant les quatre adultes de la salle. Avant que sa mère ne l'ait attrapé, il eut le temps de glisser à l'oreille de son héros : « merci et tu sais même avec ça, tu es toujours très beau. »

Tat-chan lui fit un beau sourire et lui glissa également un merci pour le compliment. La petite famille salua alors les quatre personnes et s'en allèrent.

Après cet entretien, la famille Uesugi put enfin sortir de l'hôpital, avec un Tatsuha un peu faible. Il hérita à l'accueil de béquilles, et son équilibre, jusque là précaire, se stabilisa quelque peu.

Mika soutint son frère pendant que le vieux moine héla un taxi qui les reconduisit chez eux rapidement. Arrivé à leur grande demeure, l'étudiant fut installé confortablement sur le canapé. Et alors que sa sœur allait arranger sa chambre, son père commanda par téléphone des plats chinois qu'il demanda à faire livrer chez eux.

Le repas englouti, ils passèrent une soirée calme à regarder la télé ensemble comme cela leur était très rarement arrivé, depuis la mort de leur bien-aimée mère.

Après cela, le frère et la sœur montèrent se coucher, le premier aidé par la jeune femme pour monter les escaliers. Dans sa chambre, la brune avait déposé une bouteille d'eau, voyant que son frangin grimaçait de douleur à cause de sa jambe, elle lui fit avaler le médicament prescrit un peu plus tôt.

Bien que le goût de la pilule lui déplaise, il l'ingurgita sans faire d'histoire. Cela ne changeait pas de d'habitude, le garçon avait toujours été plus raisonnable en étant malade qu'en étant en bonne santé.

Grâce aux médicaments, le jeune garçon passa une nuit tranquille, et se réveilla le lendemain sans la moindre douleur. Il descendit l'escalier seul, personne d'autre n'étant réveillé. Il se déplaça comme il put jusqu'à la cuisine et commença à préparer le petit déjeuner.

L'odeur sembla réveiller les deux autres. Son père arriva le premier et s'assit comme si de rien n'était à la table de la salle à manger. Par contre, quand sa fille descendit et qu'elle entendit du bruit dans la cuisine, elle passa d'un coup à l'état du je-dors-encore-à-moitié à son état Furie raisonnable.

« Tatsuha ! Qu'est-ce que tu fiches ? » hurla-t-elle directement à son pauvre petit frère qui sursauta. Elle avait eu la brillante idée de l'interrompre alors qu'il faisait sauter un pancake, son déjeuner préféré. Du coup, la mini crêpe vola et s'écrasa sur la main tendue de Tatsuha. Celui-ci se dépêcha de poser sa nourriture sur son assiette.

Alors qu'il entamait la préparation d'un deuxième morceau, il répondit enfin à la jeune femme. « Ca ne se voit pas. Je prépare le petit-déjeuner. Il y a tout ce qu'il faut sur la table, j'ai juste envie de pancakes. Maintenant excuses-moi, et ne me refais pas une frayeur pareille.»

La colère de sa sœur ne diminua pas à son explication, mais elle n'explosa plus. Elle déclara sèchement qu'elle allait s'occuper de finir son plat, et qu'il devait aller s'asseoir à table. Le garçon ne dit rien et ne bougea pas, ce n'était pas parce qu'il était blessé qu'il allait arrêter de vivre sa vie comme il l'entendait.

« Papa ! Bouges-toi les fesses ! Et viens m'aider. Il ne faut pas qu'il aggrave plus son cas. » L'homme l'entendit et s'exécuta, il vint attraper son fils par les épaules et le força à le suivre dans la pièce d'à côté. Cela fait, Mika termina rapidement la cuisine et les rejoignit. Avant de se mettre à manger, elle soigna la main légèrement douloureuse de son imbécile de frère.

Enfin, le repas se termina calmement sans qu'ils n'échangent plus un mot. De même, le père les quitta sans rien dire pour se réfugier dans son antre sacrée et prier les dieux. Toute cette histoire ramenait à lui des souvenirs qu'il avait préférés occulter. Sa fille était sans doute trop jeune à l'époque pour bien s'en souvenir mais sa mère était morte dans un accident de voiture, contrairement à Tatsuha elle n'avait pas survécu au choc, en protégeant une petite fille.

Le vieux moine passa donc une partie de sa matinée à revivre ses douleurs souvenirs. Il se rappelait qu'à l'époque Tatsuha n'avait que deux ans et que donc il ne se souvenait pas de cela. En revanche Eiri et Mika eux devaient s'en rappeler et la réminiscence de cette douloureuse journée allait sans doute refaire surface avec ce qui était arrivé à Tatsuha. C'était probablement la raison pour laquelle sa fille couvait déjà beaucoup Tat-chan.

En effet, soucieuse et se rappelant parfaitement le fameux jour, sa fille aida d'autorité son petit frère à monter dans sa chambre. Elle le laissa seul et s'isola pour téléphoner à son mari.

De son côté, Tat-chan ne voulait pas rester à ne rien faire, sa convalescence était un bon prétexte pour étudier ou pour occuper son temps à une de ses passions. Comme son frère, le garçon adorait lire mais aussi écrire. Oh rien d'aussi compliqué qu'un roman mais taper sur son portable de petits textes tantôt mélancoliques tantôt joyeux ne lui déplaisait pas.

Aussi, il s'empara d'une feuille et d'un bic et commença à rédiger un texte en prose sur son ressenti face à l'accident et les débouchés. Il mit sur papier sa détresse d'avoir raviver des souvenirs douloureux à la famille entière. Car aussi surprenant que cela puisse paraître, il se souvenait du jour de la mort de sa précieuse mère, celle qui lui avait appris ce qu'était l'amour avant que sa sœur ne voie qu'il existe. Sa relation avec son frère alors était presque fusionnelle et ils s'entendaient à merveille. Tout avait changé avec la mort de Laïka, leur mère et l'histoire qu'avait vécue Eiri à New York.

Bien d'autres sentiments furent étalés sur de nombreuses feuilles. Puis s'étant bien déchargé sur les bouts de papier, il s'empara d'un livre et en commença la lecture.

Dans le jardin de la maison, Mika avait plaqué son portable contre son oreille et attendit que Tôma daigne décrocher. Enfin au bout de cinq sonneries, la voix douce de Seguchi retentit. « Ah ! Mika. Tu rentres bientôt ? Je sais que tu n'aimes pas rester avec ton père trop longtemps. Et puis, j'aimerais beaucoup avoir un petit week-end en couple, qu'est-ce que tu en dis ? »

La respiration de sa femme alerta le producteur de NG, elle semblait bizarre, et hachée. Là, il sentit que quelque chose se tramait. « Mika ? Qu'y a-t-il ? Tu as un problème ? Il t'est arrivé quelque chose, mais dis-moi ! »

« Si tu me laissais en placer une aussi. » Répondit-elle d'un ton sévère qu'elle ne prenait quasiment jamais avec lui, sauf quand il était en retard à leurs rendez-vous romantiques. « Il faut que je t'avoue quelque chose. Ca ne m'enchante pas de devoir supporter mon père, mais il va le falloir. »

« Expliques-moi. » suggéra Tôma un peu inquiet, mais rassuré en comprenant que sa femme n'avait rien ou pas directement. « Il y a que mon petit frère a failli mourir. » « Quoi ! Il avait hurlé. Eiri ? Qu'est-ce qui lui est arrivé ? Mika si tu ne me réponds pas, je vais… »

La jeune femme le coupa brusquement au milieu de sa phrase. « Bon sang Tôma, il n'y a pas qu'Eiri dans la vie. Et puis que voudrais-tu qu'il vienne foutre à Kyoto cet abruti. Non, c'est Tatsuha, il a été renversé par un camion pour sauver un gamin. Il a été gravement blessé, mais le pire c'est que… qu'il est… amnésique. »

Un long silence s'installait dans la conversation puis prudemment, parce qu'il connaissait la vérité sur la mort de la mère de son épouse, il déclara tristement. « Oh ! Mi-chan je suis désolé. Tu veux que je fasse le nécessaire pour venir te rejoindre et essayer de lui faire revenir la mémoire ? »

« Non ! Ne fais rien, je voulais juste te prévenir que je ne rentrerai pas tout de suite à la maison, je vais rester quelques semaines ici pour m'occuper de lui. Et puis, il se souvient de moi et de papa, mais pas de toi, ni d'Eiri d'ailleurs. Il ne se souvient que de nous parce que nos liens ne sont pas aussi forts que je l'imaginais. Selon le médecin c'est un cas courant, mais ça me démoralise. »

Le blond comprit bien la situation, et bien qu'il n'apprécia pas que ses plans soient gâchés, il savait que son beau frère passait avant tout pour sa femme. Aussi il ne lui murmura que quelques mots avant qu'elle ne raccroche. « Ne te surmènes pas chérie et gardes courage, c'est la meilleur façon pour le guérir. »

« Merci. » finit-elle avant de raccrocher son portable. Elle décida de suivre les sages conseils de son homme, elle resta un moment dans le jardin à contempler les fleurs en pleine éclosion. 'Quelle ironie, pensa-t-elle, dire que son accident s'est déroulé le même mois, mais ça fait déjà seize ans.'

Son vieux père sortit de son bien-aimé temple, apparemment, l'heure de dîner était arrivée. Il ne sortait de sa cachette que pour avaler quelque chose avant de retourner se terrer dans l'obscure salle. La vie allait être vraiment dure ces prochaines semaines, mais elle ferait tout pour rattraper ses erreurs de jeunesse, particulièrement sa négligence envers son frère. Comme tous les autres Eiri avait occupé son temps parce qu'il était fragile et plus beau que Tatsuha selon tout le voisinage.

Et puis, il faut dire que l'écart qu'il y avait entre eux était plus conséquent qu'avec son blondinet de frangin. Alors qu'Eiri et elle n'avait que trois ans de différence, il y avait neuf ans d'écart entre elle et Tatsuha, elle ne lui avait donc porté aucun intérêt puisqu'elle ne voyait rien de profitable en lui. Elle avait été bien égoïste et égocentrique à cette époque, mais là encore, leur mère œuvrait pour qu'ils s'entendent relativement bien.

Sortant de ses pensées, la jeune femme s'en retourna à l'intérieur et remonta à la chambre du blessé pour l'aider à descendre à manger. Un repas silencieux encore une fois. Une routine s'installa et le temps commença à passer.

A Tokyo, Appartement de Yuki et Shuichi.

« Hé Yuki, tu pourrais écouter quand je te parle. » bouda Shu-chan. « Hm. » Yuki n'était vraiment pas d'humeur à écouter son débile de chanteur déliré sur son futur hit et sa précieuse rivalité avec le Sakuma Ryuichi international, l'idole et le rival idéal pour le motiver à progresser et à le surpasser.

En fait, depuis ce matin, le blond ne savait pas pourquoi il était d'une telle humeur, alors qu'il venait de remettre son manuscrit à sa responsable d'édition. Le téléphone retentit soudain. Faisant comme chez lui, ce qui était le cas normalement, le châtain décrocha joyeusement.

Bien mal lui en prit. C'était une furie enragée au possible qui se trouvait au bout du fil. « Shuichi ! Par les cornes de l'enfer, laisse donc mon cher frère décrocher pour une fois dans sa vie, ça me fera des vacances ! Passe lui immédiatement ce maudit téléphone ou je t'étrangle. Et n'essaies même pas d'écouter notre conversation, elle ne te concerne pas ! C'est compris ?! »

« Oui Madame. » Yuki fut étonné, un coup de fil de sa sœur ça n'arrivait pas tous les jours. Cela dit il eut un rictus à sa diatribe enflammée envers son petit-ami, parfaitement connu comme un grand curieux.

« Quoi ? » répondit le blond au téléphone alors que son chanteur filait à toute vitesse dans la chambre à coucher pour ne rien entendre. Il savait que s'il ne s'exécutait pas la femme saurait tout et trouverait un moyen pour le punir.

L'écrivain eut alors la réponse à sa mauvaise humeur du jour, il avait senti que quelque chose allait se passer, et même s'il joua parfaitement son rôle de sans cœur, il ne put s'empêcher d'imaginer son petit frère au bord de la mort. Les souvenirs affluèrent à lui et la mort de sa mère se rejoua longtemps dans son esprit, après avoir raccroché avec sa sœur.

Cependant même si le passé était douloureux, il savait que le sort de son petit frère lui importait plus qu'il ne voulait l'admettre. Il prit donc la décision de passer prendre de ses nouvelles sous peu. Maintenant devait-il en parler à Shuichi en sachant que cela le blesserait ou devait-il se taire ?

La réponse ne lui vint pas. Il rangea dans un coin de son esprit que Tôma était au courant de l'affaire aussi. Peut-être pouvaient-ils en parler ensemble. Ca ne coûterait rien de lui demander son avis.

N'entendant plus de bruit dans la pièce, le brun revint et regarda Yuki espérant qu'il lui parle des problèmes que pouvait avoir sa sœur, vu la violence avec laquelle elle l'avait agressé verbalement.

« Dégages sale mioche. Je ne veux pas en parler. » Malgré son envie de savoir Shuichi se tint tranquille et acquiesça. Il avait finalement compris que son amour finirait par tout lui raconter à un moment ou à un autre. Ou il pouvait tout aussi bien tout découvrir subtilement en entendant une conversation privée entre Yuki et son confident habituel : Seguchi.

Ses soupçons furent fondés quand son blondinet lui murmura doucement qu'il l'accompagnerait au travail le lendemain. Puis, c'était toujours sa stratégie pour l'entourlouper, il vint enserrer le chanteur et démarra l'opération : faisons le oublier en l'accaparant au pieu, là au moins il se tait ou presque.

Malheureusement pour Eiri, le garçon avait toujours une excellente mémoire pour ce genre de choses, ainsi que pour les coups fourrés foireux qu'il s'amusait encore à faire à son manager et à son détesté producteur.

Tokyo, le lendemain, NG Productions

Comme prévu, le couple débarqua à NG sur le coup des huit heures et demie. Ils empruntèrent tous deux l'ascenseur droit devant eux. Arrivé au deuxième étage, Shuichi se sépara de son amant après un rapide baiser. Celui-ci continua son ascension jusqu'au quatrième étage où se trouvait le bureau de son beau-frère.

Le blond entra après avoir toqué à la porte directoriale et toisa comme à son habitude le satanique directeur qui s'était marié à sa sœur. Le dit beau-frère ne faisait que lui sourire exagérément, en lui disant bonjour.

De l'autre côté de la porte, sans que personne ne le remarque, Shu-chan avait collé son oreille contre le battant, attendant la fameuse discussion. Il savait qu'il prenait le risque de se faire repérer par les deux hommes, le connaissant bien désormais. Malgré tout, il était trop curieux pour laisser son cher Yuki se ronger les sangs sans lui.

Ce que le gamin de vingt ans n'avait pas prévu c'est qu'une autre personne vint à l'étage. Il fut donc surpris quand l'ascenseur desservit une idole sur les pierres polies du couloir. Encore pire, la personne qui venait d'arriver n'était autre que Ryuichi Sakuma, l'être le plus excentrique de la planète après lui.

Si bien qu'avant que l'homme brun ne prononce une syllabe, le jeune lui bâillonna la bouche. « Chut ! Pas un mot monsieur Sakuma. Je suis en pleine mission d'espionnage, il ne faut surtout pas faire un bruit. Yuki me cache quelque chose et je suis bien décidé à savoir de quoi il s'agit. Dans tous les cas, ça a l'air sérieux. Alors par pitié silence et prudence, je vous en conjure.»

Ses célèbres yeux de chien battu, combiné à son attaque d'étouffement, fit juré à la pauvre victime qu'il serait muet comme une tombe et ne le trahirait pas. Bien sûr après cela, ils s'agglutinèrent aux montants de la porte et prirent la conversation en marche.

« Eiri-chan. Je suis content de te voir, c'est rare quand tu m'appelles comme ça. Qu'est-ce que je peux faire pour toi ? » demanda Seguchi. Son vis-à-vis le darda d'un regard noir à ses âneries de fausse politesse.

« Seguchi, tu es déjà au courant non ? De ce qui est arrivé à Tatsuha. » Un hochement de tête prudent et sérieux lui répondit. Si bien que le beau blond poursuivit. « Je voudrais juste savoir une chose. Que t'a-t-elle raconté ? Je n'ai eu droit qu'à la version courte et de là, je déciderais de la suite. »

« A moi aussi, elle ne m'a raconté que les grandes lignes, elle était toujours bouleversée. Elle pleurait, je l'ai entendue mais sa peine était à mon avis exacerbée par les souvenirs de votre mère d'il y a seize ans. Plus que l'accident en lui-même, c'est la répétition de ce jour qui l'a ébranlée pour moi. Je connais bien Mika, elle est forte, mais ravagée par les moments douloureux que vous avez vécus enfants. »

« Ce n'est pas ce que je te demande, elle ne t'a rien dit sur Tatsuha ? » se récria Yuki, chose rarissime. « Elle m'a juste confié que son état avait été préoccupant, mais que finalement, il s'en ait mieux tiré qu'elle. Il est vivant, c'est tout ce que tu dois savoir. C'est la seule chose qui soit importante, non ? » Le producteur de NG lisait parfaitement dans les yeux dorés de son être le plus cher, il n'était pas au courant du plus grave. Et si Mika s'était refusée à lui en parler, il la suivrait sans hésiter, pour ne pas davantage blessé Eiri.

Les deux chanteurs cachés derrière la porte se regardèrent ébahis, il était arrivé quelque chose de grave à Tat-chan, c'est à peu près tout ce qu'ils avaient compris. Mais c'était bien suffisant, le plus jeune comprenait désormais l'attitude de son amoureux, tout ce qui touchait à sa famille était grave, alors pour celle de Yuki, avec un passé aussi sombre et mystérieux, ça ne pouvait être que pire.

Sans plus se poser de questions, il entraîna Sakuma à sa suite vers les escaliers de secours. Ils se jurèrent de nouveau de ne pas parler de leur découverte à leurs amis respectifs. Ils se quittèrent là, Shu-chan redescendant retrouver son groupe et travailler. Ryuichi resta sur le palier du quatrième et attendit que l'ami de son rival s'en aille.

Puis l'air de rien, il retourna dans le couloir et toqua à la porte de son meilleur ami. Il lui rappela que lui et Noriko l'attendaient pour faire les essais sur leur nouvelle chanson. Toute la journée les deux chanteurs donnèrent le change, paraissant aussi enthousiastes qu'à l'accoutumée, mais intérieurement inquiet pour le blessé de Kyoto.

Cependant, la journée n'avait pas été si mauvaise pour tout le monde. Yuki avait décidé. Il raconterait tout à Shuichi et fileraient tous les deux dès demain par le premier train au chevet de son frère.

Il exécuta ses pensées quand le jeune garçon rentra dans leur maison. Il avait déjà tout préparé et s'était également renseigné sur les horaires du train direct pour sa ville natale.

Voilà, dites-moi ce que vous en avez pensé. L'incitation pour Drag : Yeux de chat botté tout mimi, tout larmoyant.