Disclaimer: Harry Potter ne m'appartient pas, je ne peux pas lui faire faire les trottoirs pour gagner de l'argent. Je ne le fais pas. Hélas :D

NA: Cette fic a été commencée il y a trop longtemps: mon style d'écriture a changé, aussi ai-je décidé de remanier les premiers chapitres pour une meilleure cohérence. Bonne lecture.

Avertissement: cette fic contient des mentions d'abus et de maltraitance, des traces de tristesse,, un peu d'humour, un changement physique important et des expériences tristes pour la plupart des personnages. Ah et... Harry change de sexe. Si si...

Acide sulfurique

Chapitre 1 : Le mensonge des mots

A proximité de Pré-au-Lard, caché par les ombres de la lisière de la forêt, se trouvait un petit homme. D'apparence assez médiocre, rondouillard, vêtu de vieux vêtements qui ressemblaient plus à des haillons qu'à autre chose, il était debout et regardait le ciel. Au moindre bruit, il sursautait et se retournait pour sonder les profondeurs de la forêt. Tout son corps tremblait, que ce soit d'épuisement, de peur ou de honte.

Oh... comme la honte le tenaillait! Et comme il s'affaissait sous ce poids collé à ses épaules.

Honte...

Fer rouge, indélébile, cruel

Qui le marquait...

Dans son être, dans sa chair...

Dans ses yeux qu'il ne pourrait plus jamais lever.

Croiser le regard des autres?

Ah... quelle épreuve, quel sacrifice, quelle folie!

Non... Il garderait baissé ses yeux et baissée sa pauvre carcasse.

La honte, imprimée en lui, écrite jusque dans ses os...

Il vivait avec elle depuis si longtemps...

Mais il avait, au fond, si peu de connaissance de lui-même qu'il ignorait ce qui le tordait, ce qui faisait de lui, soudain, un vieillard, un être pris à la gorge par un destin trop lourd... Il ignorait quelle était la douleur qui vibrait en lui. Par méconnaissance, par lâcheté, il lui donnait ce nom « peur » et oubliait sa soeur « culpabilité »... Il avait appris, depuis longtemps, à se courber sous le poids d'un regard, sous le commandement d'une voix, pour survivre. Aussi pensait-il surtout à la peur, en cet instant. Elle seul préoccupait son esprit. La trahison? On ne trahit pas le vent, le passé, les souvenirs: pas de honte à avoir. Lui ne vivait que dans le présent.

Finalement, ce qu'il avait attendu se produisit et il poussa un soupir de soulagement avant de disparaître.

Privet Drive.

Une petite maison cossue.

Semblable à ses voisines.

Et dans une pièce de cette maison, Harry Potter.

Un jeune homme brun, assis sur un vieux lit, un livre ouvert sur ses genoux. Rien d'exceptionnel, même pour Celui-Qui-Avait-Survécu. Un garçon comme les autres, en somme, dans une journée comme les autres... L'été ne finirait-il donc pas?

Un tapotement sec.

Fronçant les sourcils,le sorcier tourna la tête vers la source du son: une petite chouette brune voletait devant la fenêtre de sa chambre. Oh non! Espérant qu'elle n'avait pas attiré l'attention de son oncle et de sa tante, il la fit entrer, en lui faisant signe de se taire. Docile, l'animal se posa sur la perche d'Hedwige, ignorant avec superbe le hululement indigné de cette dernière. Détachant la lettre à sa patte avant de la nourrir, l'adolescent ne prêta aucune attention au manège des deux oiseaux.

Rengorgement indigné de la chouette blanche.

Air patachon de l'autre.

Regard méprisant.

Indifférence moqueuse.

Harry était tout à une autre pensée, inquiétante: « qui pouvait lui envoyer une lettre en plein après-midi ? » Tous ses amis savaient qu'il ne pouvait recevoir de hiboux qu'à la nuit tombée, pour ne pas attirer l'attention ou la vindicte des Dursley.

Il ne connaissait que trop bien leurs colères...

Quant à Dumbledore, il employait toujours une des chouettes de l'école... Caressant distraitement les plumes de l'oiseau inconnu, il ne remarqua même pas que Hedwige s'éloignait de lui, le tuant d'un regard noir, tant il était absorbé par la contemplation de l'enveloppe. Pas de mention de son auteur...

Un papier jauni, très doux au toucher, un peu comme du velours.

Une douce odeur s'en échappant, celle du vieux papier, à laquelle se mêlait autre chose.

Plus subtile, cette autre trace...

L'enveloppe tournait entre les doigts du garçon...

Harry, les yeux clos, inspirait profondément: mandarine et ... muguet?

Etrange qu'il puisse le reconnaitre, ce parfum.

L'appréhension le saisit, de ces appréhensions qui toujours, chez lui, avaient signalé le début d'un danger...Il s'assit sur son lit en faisant jouer l'enveloppe entre ses doigts, hésitant à l'ouvrir. Il avait fêté ses seize ans la veille, avait reçu des cadeaux de tous ses amis... Cette lettre, il ne l'avait pas attendue. Un cadeau en retard? Un simple hasard? Il était possible qu'un hibou se soit perdu... Mais qui aurait pu lui envoyer une lettre aussi ancienne ?

Son instinct lui criait que cette lettre était importante, très importante, ou dangereuse, ou pire... Il sentait une tension en lui, qu'il voulait ignorer. Ce n'était que du papier et il n'était pas assez stupide pour laisser un pressentiment l'influencer. Il lui fallait l'ouvrir. Brisant le sceau de cire vert pâle, il sortit une feuille de parchemin pliée en quatre de l'enveloppe. Le papier en était également jauni et crissait sous ses doigts, alors qu'il le dépliait avec prudence.

« Lily. »

Son regard s'était tout d'abord porté vers la signature du pli.

C'était impossible !

Impossible, n'est-ce pas ?

Ce devait être une mauvaise farce !

Une idée de Malfoy...

C'était bien dans son style.

Ou peut-être trop intelligent...

Mais le parchemin semblait si vieux...

Et son odeur !

Il connaissait cette odeur !

Maîtrisant de son mieux les tremblements de ses mains, il se mit à lire.

" Harry, mon fils bien aimé, mon étoile,

Tout d'abord, un joyeux anniversaire. Si tu savais comme je voudrais être là en ce jour... Mais si tu reçois cette lettre, c'est que je ne suis plus là, sans doute depuis longtemps. Pardonne-moi. J'espère que tu vis avec James, mais j'en doute. J'ai un mauvais pressentiment quant à notre avenir. Voldemort est à notre recherche et je ne doute pas qu'il finisse par nous trouver, malgré toutes nos précautions. Mais je ferai tout pour te protéger jusqu'à la fin, je te le promets. J'espère que si Sirius t'a élevé, il s'est révélé plus mature dans ce rôle qu'il ne l'est dans celui de parrain ! Je ne doute pas qu'il ait fait de toi un vrai maraudeur, sur ce point, son influence a certainement vaincu mes gènes... "

Fermer les yeux...

Juste un instant, pour étouffer les larmes.

... Sirius.

Un mois, déjà, depuis la fin de l'année scolaire.

C'était sa faute.

Quoi qu'en disent Hermione, ou Ron, ou Remus...

Qu'en savaient-ils, eux, de sa culpabilité?

Lorsque ses yeux furent moins embués, il reprit sa lecture, faisant taire les tremblements de ses doigts.

" Sans doute te demandes-tu pourquoi je t'écris et pourquoi je t'envoie cette lettre aujourd'hui. J'ai des choses à t'avouer, mon trésor. Je suis désolée de ne le faire que si tard, sans doute t'en aurais-je parlé plus tôt si j'avais toujours été vivante, Mais à seize ans, je pense que tu as le droit de savoir la vérité. J'espère qu'une fois que tu sauras tout, tu seras capable de me pardonner de t'avoir condamné jusqu'ici à une vie de mensonges et d'apparences. "

Le gryffondor fronça les sourcils avant de se replonger dans sa lecture.

" James et moi nous sommes mariés lorsque nous sommes sortis de Poudlard. Notre entourage était d'avis que nous étions trop jeunes pour nous engager à vie mais nous ne les avons pas écoutés. Je ne sais qui d'eux ou de nous avaient raison. Seul l'avenir pourrait nous le dire, mais je ne pense pas qu'il nous reste longtemps à vivre ensemble, ton père et moi. Si nous nous sommes mariés aussi tôt, c'est que nous étions certains de notre amour. Aujourd'hui encore, cet amour brûle entre nous, plus encore, peut-être, que par le passé. Mais il n'en a pas toujours été ainsi. Ton père et moi avons traversé une période où notre mariage a été soumis à une rude épreuve. Nous avions fini par fermer les yeux sur les qualités de l'autre pour ne plus voir que ses défauts. Plusieurs fois, nous avons failli divorcer. Puis tu es arrivé. Et c'est toi qui nous as fait réaliser ce que nous avions failli perdre. Je crois n'avoir jamais vu James aussi heureux que le jour de ta naissance, mon étoile. Sans doute pourrais-je être jalouse de voir que ta naissance lui a apporté au moins autant de bonheur que notre mariage, mais il en est de même pour moi. "

Essuyer cette humidité traitresse sur ses joues.

Continuer à lire...

" C'est là sans doute l'un de mes plus grands regrets et un des secrets que j'emporterai dans ma tombe jusqu'à ce que cette lettre te parvienne. Puissent les dieux me pardonner. J'ai menti à l'homme que j'aimais le plus au monde, lui faisant croire qu'il était père alors qu'il n'en était rien. Je suis sûre que cette nouvelle te choque et je suis désolée de te causer cette peine, mon chéri, mais James Potter n'est pas ton père. Je l'ai cru un moment, moi aussi, mais des analyses ont vite prouvé que ce n'était pas le cas. Je t'ai jeté des sorts alors que tu n'étais qu'un embryon afin que tu aies un mélange de mes traits et de ceux de James.

Sans doute te demandes-tu qui est dès lors ton vrai père et ce qui s'est passé entre lui et moi ? Je suis une nouvelle fois désolée d'avoir à te révéler de telles horreurs, mon étoile, mais entre ton géniteur et moi, il n'y a jamais rien eu d'approchant l'amour ou même l'amitié. Il me haïssait et, moi, je ne pouvais supporter ses airs méprisants. Un soir, j'ai quitté la maison, juste après une horrible dispute avec James et je suis directement allée chez cet homme, parce que je le haïssais, qu'il me haïssait et qu'il haïssait encore plus James. "

Le silence.

Ce silence infâme.

Dans son cerveau.

Dans son corps.

Même son coeur avait cessé de battre...

" Et pour toutes ces raisons, nous avons couché ensemble. Nous n'avons pas fait l'amour, non, pour cela il faut de l'amour ou , au moins, de la tendresse. Nous n'avions rien de tout cela, que la haine, la colère et le désespoir. Le lendemain, en me réveillant, je me suis sentie sale et malheureuse comme jamais. J'ai effacé la mémoire de mon amant et je suis rentrée à la maison. James m'avait attendue toute la nuit et je n'ai pas trouvé le courage de lui avouer ce que j'avais fait. Je suis désolée, Harry, je t'ai fait doublement du mal. James n'a jamais su que tu n'étais pas son fils. Sans doute ne t'aurait-il pas aimé moins s'il avait su... Quant à ton vrai père, il ne se rappelle même pas avoir couché avec moi et, à présent, il est sans doute mort. Etre espion auprès de Voldemort est extrêmement dangereux... "

La cacophonie.

L'insoutenable cacophonie.

Les hurlements de son cerveau.

Les grincements de son corps...

Et ce traitre de coeur qui se prenait pour un tambour.

" Au cas où il serait toujours vivant, je te demande d'essayer de le retrouver. Dumbledore t'aidera dans cette tâche (je lui ai également envoyé une lettre, il doit être en train de la lire). Le nom de ton père est Severus Snape.

J'espère, mon étoile, qu'un jour tu pourras me pardonner toutes ces cachotteries et ces mensonges. N'oublie jamais que je t'aime.

Lily.

P.S. : Au moment où tu lâcheras cette lettre, tu retrouveras l'apparence que tu aurais dû avoir. J'espère que tu n'auras pas le nez de ton père. Je t'embrasse. "

Ne pas bouger... Oh, surtout, ne pas bouger! Tout cela n'était qu'un rêve, et s'il ne bougeait pas, il se dissiperait. Il avait l'immobilité des animaux devant le chasseur: si je ne bouge pas, tu ne me verras pas. Tu ne me feras pas de mal.

Et le destin était un étrange chasseur, son arme était trop aiguisée, son regard trop cruel et son rictus... Il avait le rictus de Snape.

Harry Potter resta un long moment ainsi, immobile. Accepter cette nouvelle? C'était tout simplement impossible ! Il ne pouvait pas être le fils de Snape. Il en était certain ! D'ailleurs, il n'avait qu'à demander à... Voilà ! C'était la solution ! Dumbledore saurait lui prouver que cette lettre était fausse ! Une blague de Malfoy!

Serrement de coeur...

Ah, ce traitre de coeur...

Il ne voulait pas que cette lettre soit fausse !

Pas toute...

Juste la partie concernant Snape...

Serrer les mâchoires fort, très fort, si fort qu'il en avait mal. Prendre une profonde inspiration. Seule ses mains tremblantes trahissaient son état. Soudain, il sentit la lettre glisser entre ses doigts et il la rattrapa instinctivement. Il n'était pas question qu'il ressemble à Snape, même s'il devait passer le reste de sa vie avec cette maudite lettre en main ! D'ailleurs, dès que Dumbledore lui aurait assuré que tout cela n'était qu'une mauvaise blague, il la lâcherait. Pas avant...

Dumbledore travaillait dans son bureau, comme en son habitude l'après-midi, durant les vacances scolaires, lorsqu'une chouette entra dans la pièce par la fenêtre ouverte. Il fronça un peu les sourcils à la vue de l'oiseau qui lui était inconnu. Pas un pli du ministère ou d'un ami, donc... Et aucun sortilège dangereux sur le parchemin... Juste cette odeur intrigante et l'aspect fané du papier. Sans doute l'expéditeur avait-il donné des ordres pour que la lettre ne soit remise à son destinataire qu'à une date précise. Ce n'était pas chose rare...

Retournant l'enveloppe, il découvrit avec un hoquet surpris, imprimé dans la cire, un sceau connu. Lily Potter ! Assis dans son fauteuil, avant d'ouvrir l'enveloppe et de déplier la lettre qui s'y trouvait, le vieil homme prit une inspiration.

« Cher Albus,

Sans doute êtes-vous surpris de recevoir une lettre de moi ? Je ne pense pas que nous nous soyons parlé depuis longtemps. Evidemment, tout est relatif, puisque, pour moi, nous nous sommes vu hier… J'ai des confessions à vous faire, Albus. J'ai également envoyé une autre lettre à Harry, en espérant qu'il sera toujours en vie pour la recevoir.

James n'est pas le père de Harry. Je vous ai menti à tous : nul, à part moi, n'est au courant. J'ai même été jusqu'à effacer la mémoire de celui avec qui j'ai trompé James. Je regrette, Albus, mais là n'est pas l'important… Je sais que j'ai eu tort de mentir à James et de prétendre qu'il était le père de Harry. De même que ce fut un tort de ne mettre personne d'autre au courant. Mais je ne voulais pas que Harry apprenne cela avant ses seize ans. Je vous vois hocher la tête pensivement, Albus, à m'imaginer faire cela pour protéger Harry, mon enfant bien-aimé. Vous avez tort. Je ne fais pas cela pour le protéger…

Au départ, j'ai vraiment cru que l'enfant était de James, mais les analyses ont prouvé le contraire. Lorsque j'ai appris la nouvelle, j'ai paniqué. J'avais si peur qu'il ne m'abandonne alors que nous venions de nous réconcilier… Alors, j'ai jeté divers sorts sur Harry, les fusionnant pour qu'ils agissent sur lui alors qu'il était toujours un fœtus. Je ne sais pas jusqu'à quel point mes sorts ont affecté sa chair. A présent, il est peut-être ce qu'aurait eté un enfant de James et moi. Je sais, j'ai été imprudente, Albus… Je me suis assurée qu'il retrouve son apparence normale au contact de la lettre que je lui ai envoyée… Il ressemblera à son géniteur, tout comme, à présent il ressemble à James. Ce qui est regrettable, vu que James est bien plus beau… J'espère simplement qu'il héritera de mon nez… »

Oh ! non !

« Vous l'avez certainement deviné, le vrai père de Harry est Severus Snape. Puissent les dieux me pardonner, Albus, mais je hais cet homme. Je sais qu'il est espion auprès de Voldemort et qu'il aide grandement l'Ordre, mais cela ne m'empêche pas de le haïr. Lui et tout ce qui le touche. Lui et tout ce qui peut me rappeler son existence. Lui et Harry. Voilà… Je l'ai enfin avoué… J'ai essayé, Albus, vraiment essayé d'aimer Harry comme il le mérite. Après tout, il n'a pas à payer mes erreurs, mais c'est au-dessus de mes forces. Chaque fois que je le revois, je vois Snape.

Je vous en prie, ne montrez jamais cette lettre à Harry. Je ne veux pas le faire souffrir. Il ne l'a pas mérité. Il n'est en rien responsable de mon manque d'amour à son égard : c'est un enfant merveilleux… Dans ma lettre, je lui dis que je l'aime. C'est mon dernier mensonge, peut-être le plus important, peut-être le seul qui ne puisse être pardonné. Ne le détrompez pas, s'il vous plaît. J'aurais voulu l'aimer. J'aurais voulu ne pas me sentir coupable de ne pas pouvoir le faire.

Je pense avoir trouvé une formule qui me permettra de sauver sa vie. Apparemment, le sentiment de culpabilité que je ressens envers lui est assez puissant pour me donner la possibilité de me racheter en donnant ma vie pour le protéger. Un vieux sort de magie blanche se déclenchera alors, retournant contre son agresseur le sort qui lui aura été jeté. J'espère que ce sera suffisant, Albus.

Si Severus Snape est toujours vivant, faites-lui lire cette lettre, je vous en prie, et mettez-le en contact avec Harry. Je sais que ce serpentard ne se souvient de rien, je me suis moi-même chargée d'effacer sa mémoire, mais il aura de plus ample explication dans la lettre que j'ai envoyée à mon fils. C'est le seul cadeau que je lui fais : son fils. Le connaissant, il risque de prendre cela pour une malédiction. Peut-être n'a-t-il pas tort ? Je vous demande peut-être de les réunir dans le but qu'ils se blessent l'un l'autre jusqu'à la mort… Je ne sais plus, Albus… Je ne sais plus ou j'en suis… Mais je veux croire que je ne hais pas mon propre fils à ce point, qu'ils ont une chance d'être heureux ensemble. Harry mérite d'être aimé par l'un de ses deux parents puisque l'autre en est incapable. Et peut-être Snape mérite-t-il également d'être aimé, je ne pense pas être une juge objective à ce sujet.

Je vous en prie, Albus, priez les dieux pour moi, afin qu'ils me pardonnent de ne pas pouvoir aimer mon propre fils, de lui mentir, encore et encore, même une fois morte. Je n'ose plus leur adresser de prières.

Je compte sur vous pour tenter de réunir le père et le fils, Albus.

Lily »

« Merlin! Heureusement, je suis assis! »

Si cela n'avait été le cas, sans doute serait-il tombé à la renverse. Le choc, vous comprenez?

Baisser lentement le bras et déposer la lettre sur son bureau.

Respirer prudemment, avec la conscience que l'univers venait de changer...

C'était impossible… Lily n'aurait jamais fait une telle chose ! N'est-ce pas ?

ET il la revoyait, jeune, rieuse, pleine de vie, au début du mariage...

Et il redessinait les failles que l'amertume avait creusées dans son sourire après quelques mois... Ces failles invisibles mais qui vous déchiraient le coeur et vous harponnaient l'âme, comme un appel à l'aide. Des disputes sans fin, des menaces de divorce, des injures…

Puis il y avait eu l'enfant... Tout était rentré dans l'ordre. La nouvelle lumière, un peu sombre mais sereine du regard de la mère... L'avait-il prise pour ce qu'elle n'était pas, cette lueur qu'il avait appelée « maternité »?

Etait-il vraiment possible que Lily ait trompé son mari ?

Et puis... jamais Lily n'aurait écrit une lettre pareille. Son amour pour Harry avait toujours été si visible: il rayonnait tout autour d'elle à chaque fois qu'elle posait les yeux sur l'enfant… Elle ne pouvait avoir feint une telle affection ! Avait-elle été si bonne actrice? Relisant rapidement la lettre et un détail attira son attention.

Si la lettre disait vrai, Harry changerait bientôt d'apparence, à moins que ce ne soit déjà fait.

Mais avant de s'en assurer, il avait un devoir à remplir... Un geste un peu fou, un peu dangereux... Un geste dû. Le sorcier jeta une poignée de poudre dans la cheminée et y passa la tête. Au même moment, sa tête apparaissait dans la cheminée de Severus Snape. Assis au coin du feu, celui-ci feuilletait un énorme livre. Un toussotement de Dumbledore le fit sursauter et il jeta un regard noir au vieil homme qui venait interrompre ses recherches.

-Que me voulez-vous, Albus ?

Sans se laisser déconcerter le moins du monde par cet accueil des plus froids, le directeur demanda au professeur de le rejoindre dans son bureau. Avec un soupir exagéré, Snape se leva et, jetant une poignée de poudre dans le feu, il rejoignit son employeur. Le vieil homme lui tendit un morceau de parchemin jauni par le temps en lui disant de le lire attentivement. Trois minutes plus tard, un rire sec, une peur étrange et un masque neutre sur le visage, il rendait la lettre sans commentaire.

-Qu'en pensez-vous, Severus ?

-Une farce idiote, Albus. Il n'y a pas la moindre chance que Potter soit mon fils. Quelqu'un a dû décider de se moquer de nous.

Le vieil homme l'observait pensivement.

-La lettre portait le cachet de Lily, celui qu'elle utilisait en tant que membre de l'Ordre. Très peu de personnes auraient pu le reproduire. Et je jurerais que c'est son écriture…

-Vous savez qu'il est facile d'imiter une écriture, Albus. Je suis convaincu qu'une étude attentive prouverait que…

-Sans doute avez-vous raison, mon ami. Mais le moyen le plus rapide de nous assurer de la véracité des faits serait de nous rendre à Privet Drive. Nous verrons bien si Harry a changé d'apparence ou non.