Sorchan posa sur la vallée son regard sombre, ses yeux d'elfe noire analysèrent avec précision les grandes étendues du Rohan qui s'étendaient devant elle. Soudain, elle perçut du mouvement à l'est, plissant les yeux, elle reconnu enfin la troupe d'Ourouk-haïs qu'elle poursuivait. Un sourire satisfait étira ses lèvres bleutées. Resserrant la sangle de son carquois sur son dos, elle reprit sa course, filant comme une flèche à travers la plaine rase constellée de quelques amas rocheux. Elle galopait plein est, se rapprochant rapidement des Ourouk-haïs qui courraient avec seulement un kilomètre d'avance. Elle aurait tôt fait de traverser cette distance, son armure et ses bottes de cuir souple lui permettant de courir vite et silencieusement. L'elfe noire avait prit soin de se barbouiller le visage et les bras avec le sang d'un cerf, qu'elle avait tué au matin, afin de camoufler son odeur. Elle s'approcha donc sans grand peine de la troupe bruyante et nauséabonde dont les râles sonores résonnaient dans toute la vallée.
Les pas des monstres ralentirent, et quelques bruits sourds de postérieurs gras s'asseyant dans l'herbe jaune se firent entendre. Parfait! La troupe s'arrêtait. Les stupides Ourouks avaient d'ailleurs choisis l'endroit idéal, une sorte d'oasis rocailleuse couverte de buissons épineux mais fournis et d'énormes blocs de pierre. Le terrain offrit à Sorchan la possibilité de se rapprocher à portée de flèche, tout en la maintenant invisible pour les Ourouks ahuris. Elle s'installa alors sous les branches maigres d'un roncier, juste au dessus des Ourouks sur lesquels elle avait une vue imprenable. Elle observa attentivement et, tout à coup, elle dû réfreiner un éclat je joie.
Allongée à côté de deux semi-hommes, une elfe noire se débattait en arrosant ses kidnappeurs d'insultes colorées en plusieurs langues différentes. « Tu n'as toujours pas perdu de ta véhémence Elrahan. » pensa Sorchan avec un sourire, elle était soulagée de constater que son amie était toujours en vie. Elle s'interrogea tout de même sur la présence des deux hobbits, qu'est ce que ces petites créatures faisaient-elles si loin de leurs terres? Elle eut un haussement d'épaules, elle le découvrirait tôt ou tard. Pour l'instant, elle devait se concentrer sur son amie qu'un des Ourouk-haïs avait violemment frappé au visage pour la faire taire. Sorchan imprima dans sa tête le visage immonde de l'agresseur et se jura de lui offrir une mort particulièrement douloureuse.
Dans un silence absolu, elle se mit prestement en position de tir. Rapidité, Précision, et Silence étaient les maître-mots des guerriers elfes noirs. Elle banda calmement son arc, visant l'orc le plus proche des prisonniers. « Pas de précipitation. » Se répéta-t-elle en verrouillant son bras gauche sur la cible choisie. Elle expira doucement et lâcha la hampe de sa flèche qui parti à la vitesse de l'éclair. Son magnifique trait fit mouche, la pointe meurtrière se fichant dans le cou de l'Ourouk qui s'écroula en beuglant comme un porc que l'on saigne. La réaction de ses acolytes ne se fit pas attendre, se relevant d'un bond, tous les Ourouks dégainèrent leurs épées, jetant des regards furibonds en tous sens.
En moins d'une seconde, Sorchan tira une nouvelle fois, tuant un second ennemi, plus que quinze compta-t-elle. Elle sorti de sa cachette et appliqua sa technique d'embuscade favorite, elle sauta de rocher en rocher, tirant dans le groupe tous les trois pas. Elle bandait son arc en courant, s'arrêtait, visait rapidement, et abattait un nouvel orc. Elle supprima sept ennemis de cette façon, puis s'autorisa une pause pour un état des lieux. Elle sauta derrière un rocher, asses haut au dessus des orcs. Elle lâcha un juron lorsqu'elle constat qu'il ne lui restait qu'un nombre très limité de flèches, elle dégaina donc sa lame elfique et rangea son arc avec vélocité. Elle prit quelques secondes pour trouver une nouvelle technique d'attaque, quand son ouïe fine capta un son provenant de l'ouest.
L'une de ses oreilles pointues frissonna à l'écoute de ce son intrus, le martellement d'une course effrénée sur le sol dur de la plaine du Rohan. Si d'autres orcs arrivaient, elle risquait d'être submergée. Pourtant, ces pas ne ressemblaient pas à la marche lourde et saccadée des Ourouk-haïs. Il lui restait trop peu de temps pour se poser des questions, elle opta donc l'attaque de front. Elle fonça hors du couvert des rochers et bondit en plein dans le champ de bataille. Elle occit quatre assaillant en quelques mouvements, mais elle fut désarmée par un orc imprévu armé d'une énorme masse d'arme. Sa lame elfique ayant volée à plusieurs mètres, elle pirouetta en arrière pour se donner quelques mètres de répit. Elle parvint à attraper une flèche plantée dans un corps et la lança comme on le lui avait appris au cas ou elle n'ai pas le temps de sortir son arc. La flèche se planta dans la jambe de l'orc, mais cela ne suffit pas à ralentir la marche du terrible monstre. Sorchan sorti ses dagues et fit un saut de côté pour attaquer par le flanc, mais les quatres autres orcs l'encerclaient à présent, lui coupant toute retraite. Elle était fichue, ses ennemis en surnombre et mieux armés quelle, elle allait mourir sans avoir pû sauver son amie. Elle resserra sa prise sur ses dages et se prépara à une dernière charge. Si elle devait mourir, ce ne serait sûrement pas seule. C'est alors que le son venant de l'ouest refit surface, mais cette fois ci ce n'était plus une course, mais un cri de guerre.
