Auteur : Ayana

Genre : allez un peu de tout pour une fois !

Saison : 5 (à plus ou moins une vache près)

Disclaimer : Les personnages et l'univers de Stargate SG-1 ne m'appartiennent pas. Tous les personnages secondaires inventés pour cette fic (Kanti, Lithéas, Olbann, Manohé, Zaïr...) en revanche oui. Ce sont mes miens à moi alors pas toucher ! Et le premier qui proteste je le zat.

Remerciements : à mes deux bétas hors pair pour leur aide plus que jamais précieuse (plus de 80 pages de fautes d'orthographe à corriger… rien que ça ça force le respect ! Oo)

A Nemesis, puits de sagesse sans fond (enfin sans fond… d'après ses potes de beuverie) dont j'ai tellement appris… à Nanoo, grande supporter devant l'éternelle, dont le coup de pied au fesse toujours opportun m'a permis de trouver le courage nécessaire pour avancer dans cette histoire.

Dédicasse : Cette fanfiction étant sans doute la plus importante que j'écrirais jamais j'aimerais remercier profondément tous ceux qui m'ont soutenus depuis que je me suis lancée dans l'aventure des fanfictions. Tous ceux qui m'ont laissés des coms pour m'encourager, me complimenter, me dire de continuer… Sans vous j'aurais arrêté depuis longtemps, donc un grand merci !

Résumé : Tout commence par une mission de sauvetage apparemment ordinaire et la rencontre avec des autochtones charmants (c'est Daniel qui va être content), bien qu'un peu bourrins sur les bords... (je vous rassure, normalement la fic est mieux que le résumé...)


DIRE ADIEU

Partie 1/4 : Sauvetage



Prologue

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P4X-985

Kanti et ses hommes marchaient depuis une heure dans la forêt et la fatigue, mêlée à leur nervosité grandissante, contribuait à rendre l'atmosphère particulièrement pesante. Nul n'ignorait l'importance de leur mission et de ce fait, nul n'osait rompre le silence qui s'était abattu sur eux.

Une fois par décennie, un groupe de chasseurs choisis parmi l'élite de la tribu ainsi qu'une petite délégation de prêtresses étaient chargés de voyager jusqu'à l'anneau sacré. Une fois arrivés à destination, ils déposaient des offrandes au Dieu et imploraient sa clémence pour les années à venir. C'était à la fois un honneur et une malédiction car même si chacun savait qu'approcher un tel lieu saint était un privilège rare, ils savaient également ne jamais devoir en revenir.

Le jeune guerrier remarqua les premiers signes indiquant que la clairière était proche et soupira en tournant la tête vers le convoi qui le suivait. Des chasseurs qui l'accompagnaient, il connaissait chaque visage pour avoir grandi et vécu parmi eux. C'était des hommes courageux, adroits et dans la force de l'âge; beaucoup avaient laissé femmes et enfants derrière eux. Des prêtresses il ne savait presque rien. Élevées dans le secret du temple depuis leur plus jeune âge, elles vivaient recluses et ne se mêlaient jamais aux guerriers de son espèce.

Kanti détourna les yeux de cette vision dans un geste nerveux. Il avait beau savoir que c'était la volonté du tout puissant, conduire ces hommes et ces femmes vers l'inconnu après les avoir arrachés à leurs familles, à leurs amis et à tout ce qu'ils connaissaient, lui laissait un goût amer dans la bouche.

Mais soudain, un bruit assourdissant tel qu'il n'en avait jamais entendu troubla le calme de la forêt. Il ordonna immédiatement à quelques chasseurs de le suivre en silence. Couvrant rapidement la courte distance qui les séparait encore de la clairière, ils se dispersèrent pour l'encercler en se dissimulant dans les arbres environnants. C'est alors qu'ils assistèrent au spectacle le plus étrange qui leur avait jamais été donné de voir.

Dans la clairière se dressait ce que Kanti devina être l'anneau sacré: un immense cercle de pierre au centre duquel ondulait une étendue lisse, semblable à la surface d'un lac. Il resta stupéfait lorsque la substance bleutée s'agita pour laisser apparaître quatre étrangers semblant sortir de nulle part. Il observa quelques minutes leur apparence et leur manière d'agir, puis, concluant qu'ils n'étaient visiblement pas des envoyés de leur Dieu, lança le signal de l'attaque et se précipita sur eux.


-1-

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SGC, quelques heures plus tard

Le colonel O'Neill monta quatre à quatre les marches de l'escalier qui menaient à la salle de contrôle et balayant la pièce des yeux, trouva enfin la personne qu'il cherchait. Assise derrière un des ordinateurs, elle pianotait quelque chose sur le clavier en fixant l'écran d'un air concentré.

Le militaire s'avança doucement derrière elle et se pencha sur son épaule :

- Carter !!

Sam sursauta légèrement avant de se retourner vers lui, visiblement mécontente de cette interruption. Devant son air courroucé Jack ne put s'empêcher de se sentir comme un gamin pris en faute et se mit à se balancer d'un pied sur l'autre nerveusement. Numéro qui eut pour effet de radoucir immédiatement la jeune femme:

- Mon colonel, je peux faire quelque chose pour vous ?

- Oui. M'expliquer ce qu'il se passe par exemple.

Elle indiqua de son doigt l'écran en face d'elle :

- Nous venons de recevoir l'enregistrement de la sonde et je croyais avoir entendu un bruit quand vous m'avez surprise…

- C'était une blague Carter ! Ça vous arrive de vous détendre ? lança-t-il avec un sourire espiègle.

- Jamais pendant le service

Surpris par ce trait d'humour inattendu, il poursuivit néanmoins :

- Et bien justement. Je vous signale que, attention ça va peut être vous faire un choc, mais : vous… n'êtes… pas… en…. service !! Et vous ne le serez pas avant une bonne heure. D'ici là, je vous rappelle que nous avions rendez-vous depuis plus de… il regarda sa montre, vingt minutes pour le petit déjeuner. J'ai réussi à vous réserver, au péril de ma vie, la dernière gelée bleue mais j'ai eu un mal fou à persuader Teal'c de vous attendre pour commencer. Vous savez comment il est avant son petit déjeuner…

Ils échangèrent un sourire complice et Jack enfonça ses mains dans ses poches:

- Toujours est-il que s'il a mangé votre gelée, mon petit déjeuner et Daniel avec d'ici à ce qu'on arrive vous serez tenue comme unique responsable. Je voulais juste m'assurer que vous en aviez conscience.

Elle eu un léger sourire, dû à la fois aux paroles du colonel et à la situation. Depuis maintenant cinq ans qu'ils travaillaient au SGC elle ne l'avait jamais vu arriver à l'heure à aucun de leurs briefings, mais maintenant qu'elle y pensait, il n'avait jamais été en retard d'une seule minute à un des « petits déjeuners du mercredi » de SG-1…

- Au péril de votre vie vous disiez ?

- Exactement. C'était la dernière, gelée bleue du mess et figurez vous que Doyle avait des vues sur elle. Mais j'ai heureusement pu la soustraire in extremis à ses griffes voraces.

Le militaire redressa légèrement la tête avec un sourire de triomphe et cette fois elle ne put s'empêcher d'émettre un petit rire. Le docteur Preston Doyle était un chercheur boutonneux d'une trentaine d'années à la carrure d'un adolescent pré-pubère, qui brillait autant par sa grande intelligence que par son extraordinaire maladresse. Elle et Daniel l'appelaient le Felger du département archéologique et il suffisait de prononcer le nom de Jack O'Neill en sa présence pour entendre ses genoux s'entrechoquer…. Sam lança à Jack un regard appuyé :

- Doyle hein ?

- Carter, discernerais-je une pointe d'ironie dans votre voix ? Je vous signale qu'il peut être très effrayant quand il n'a pas bu son café….

- Je n'en doute pas mon colonel, répondit la scientifique amusée.

C'est le moment que choisit le général Hammond pour faire irruption dans la salle, interrompant brusquement l'échange entre les deux militaires.

- Major, quelle est la situation ?

L'intéressée retrouva immédiatement son sérieux et se retourna vers l'écran de son ordinateur :

- Cela fait deux heures que SG-13 aurait dû nous contacter, mon général. Nous avons envoyé un MALP mais l'environnement immédiat de la porte semble désert.

- Ce n'est pas le genre du colonel Dixon de rater un contact radio..., précisa O'Neill.

Hammond hocha la tête en signe d'approbation :

- Très bien. Je veux voir SG-1 dans un quart d'heure en salle de briefing. Il faudra peut être envisager une mission de sauvetage s'ils ne nous contactent pas d'ici là.

Sur ce, il repartit dans son bureau après un dernier regard en direction de ses deux subordonnés. Jack soupira et sortit la main d'une de ses poches pour se frotter la nuque en soupirant:

- On dirait que c'est fichu pour le petit déjeuner...

- Désolée mon colonel, répondit Sam avec un sourire d'excuse alors que le sergent Harriman appelait déjà Teal'c et le docteur Jackson à travers le haut parleur de la base.

xox


SGC, salle de briefing, un quart d'heure plus tard.

- Bien, nous n'avons donc toujours reçu aucune nouvelle. Et pourtant c'était une mission de routine et l'UAV n'avait repéré aucun signe de vie à des kilomètres à la ronde, résuma le général.

- Non mais la végétation n'offrait pas une très bonne visibilité précisa Sam, et même si cette planète et bel et bien inhabitée ils auraient pu rencontrer un tas d'autres problèmes. L'un d'eux a simplement pu faire une chute et se blesser pendant l'exploration de la zone

- On ne sait jamais sur quoi on peut tomber dans ce genre de milieux, les forêts aliens peuvent abriter à peu près n'importe quoi, confirma Jack. Mais s'il n'y a rien sur cette planète pourquoi avoir envoyé SG-13 là-bas ?

- L'UAV a repéré des ruines un peu plus loin dans la forêt. J'ai pensé qu'il serait bon d'aller voir ça de plus près… intervint Daniel, visiblement mal à l'aise.

Sam lui dédia un sourire encourageant, s'il était réellement arrivé quelque chose au colonel Dixon et à son équipe, elle savait qu'il se sentirait personnellement responsable. Jack sembla le sentir également car il ne fit pas le moindre commentaire et se tourna directement vers le général.

- Demande permission de partir sur P4X-985 mon général.

- Accordé colonel. Vous emmènerez SG-3 et 7 en renfort, l'un des membres de SG-13 pourrait être blessé.

- Bien mon général.


-2-

P4X-985

Les trois équipes SG émergèrent du vortex et se déployèrent pour vérifier que les abords de la porte étaient sûrs. Au bout de quelques minutes, le colonel O'Neill fit un signe de tête au reste de son équipe et tous baissèrent leurs armes.

- Bon, l'objectif prioritaire est de trouver SG-13. Ensuite nous verrons ce que nous pourrons faire à propos de ces cailloux.

- Ce sont des ruines Jack, sans doute millénaires, le reprit Daniel.

- D'accord... Alors après nous nous occuperons des vieux, très très vieux cailloux de Daniel.

- Des ruines, pas des cailloux, souffla l'archéologue

- Et vos ruines, elles sont faites en quoi au juste ?

- En pierre évidemment.

- C'est exactement ce que je disais !

L'archéologue soupira ostensiblement et se détourna de son ami avec un air désespéré. Jack se retourna, satisfait de son petit effet, et rejoignit Teal'c qui scrutait les abords de la clairière avec attention. Le militaire regarda à son tour le couvert des arbres, y recherchant en vain ce que le jaffa semblait y voir. Finalement il renonça et lui demanda ce qu'il se passait.

- Nous ne sommes pas seuls O'Neill.

Jack observa à nouveau la forêt qui les environnait. Il était certain de n'avoir rien vu après leur passage de la porte mais la vigilance de l'ancien prima d'Apophis était au-dessus de tout soupçon. Il se retourna donc vers ses hommes et en une série de gestes précis leur intima à nouveau d'être sur leurs gardes. Les trois équipes se redéployèrent donc mais cette fois sans s'arrêter à la limite de la clairière.

Soudain, Jack entendit une succession de bruits secs immédiatement suivie par une salve de flèches. Il alla s'abriter derrière un arbre à l'opposé de leur provenance et eut juste le temps de crier un avertissement avant que les sinistres sifflements ne se fassent à nouveau entendre :

- Les arbres ! Ils sont dans les arbres !

Et avec cette visibilité ils peuvent nous tirer comme des lapins… songea-t-il alors qu'il criait à ses hommes de tenter de se mettre à couvert. Pourtant, les projectiles ne firent que les frôler et il conclut à un simple coup de semonce. Mais bientôt, la pluie de flèches qui les prenait pour cible ne fut plus leur seul souci : des hommes émergeaient de tous côtés, armes en main.

Jaugeant en une fraction de seconde les armes primitives des guerriers qui approchaient, il empoigna sa radio et ordonna à tous de n'utiliser que leur zats pour se défendre. Très vite, la plupart de leurs attaquants gisaient inconscients à terre, et les autres battirent en retraite. Une fois cette menace écartée, le militaire se souvint des archers et après avoir prudemment scruté les arbres, s'étonna de voir qu'aucune nouvelle salve n'avait été tirée. Les archers avaient dû profiter du feu de l'action pour emmener les corps de leurs compagnons pendant que les derniers combattants couvraient leur retraite.

Jack était sur le point d'ordonner le repli quand il entendit un grésillement familier. A travers la radio, Teal'c les informait qu'il était parvenu à faire un prisonnier durant l'assaut. Il prit à son tour sa radio et ordonna à tous de regagner la clairière entourant la porte.

Quelques minutes plus tard il émergea du couvert des arbres et constata avec soulagement qu' hormis un marine visiblement blessé à l'épaule dont l'un des infirmiers d'SG-7 s'occupait déjà, tout le monde semblait s'en être sorti entier.

Il s'approcha de l'infirmier en question d'un pas vif :

- Alors doc, quelle est la situation ?

- Le major Warren a fait une mauvaise chute sur son bras mais il s'en sortira avec quelques séances de kiné et une belle écharpe. A part ça rien de plus grave que de belles égratignures et une perte de connaissance du docteur Jackson... rien de très inquiétant, s'empressa-t-il de rajouter devant la mine soudain préoccupée du colonel. Il s'est fait assommer mais ne s'est évanoui qu'une minute ou deux et n'était pas désorienté à son réveil.

- Oui et bien déjà il ne s'est pas assommé lui même il fait des progrès, ajouta Jack, cherchant à faire oublier son trouble passager. Major ça ira ?

- J'ai vu pire mon colonel, répondit le blessé avec un sourire un peu crispé .

Rassuré, O'Neill le gratifia d'une tape amicale avant de se retourner pour rejoindre son équipe un peu plus loin. Teal'c tenait en joue un homme inconscient alors que Sam finissait de l'attacher. A quelques mètres de là, Daniel, assis sur l'escalier de pierres menant à la porte, se tenait la tête entre les mains en grimaçant. Jack se dirigea tout droit vers son second qui se relevait, le prisonnier à présent pieds et poings liés derrière elle. Elle attendit que son supérieur arrive à sa hauteur et commença son rapport en réponse à un signe de tête de celui-ci :

- Pendant la bataille, juste avant que nos assaillants ne commencent à fuir, j'ai repéré un mouvement dans un arbre près de moi. C'était un archer qui ne m'ayant pas vu s'était mis à découvert. Je me suis dit que si je parvenais à le capturer nous aurions des informations sur l'identité de nos agresseurs

- Oui moi aussi j'aime bien appeler ceux qui nous tirent dessus par leur petit nom. Mais comment vous avez réussi cela ?

- La gravité mon colonel, répondit la jeune femme.

- La gravité ?

- J'ai visé la branche. Elle a cédé et...

- Laissez moi deviner, il a suivi ?

Jack esquissa un sourire ravi qu'elle ne put s'empêcher de lui rendre.

- C'est beau la Science ! Et utile pour une fois ! Bon et d'après sa chute il devrait se réveiller dans combien de temps à votre avis ? demanda il en désignant la forme toujours allongée.

- En fait ce n'est pas de lui dont il s'agit.

Devant l'air perdu du leader d'SG1, Teal'c crut bon de prendre la relève de sa coéquipière.

- J'ai effectivement assisté à la chute dont parle le major Carter. J'allais la rejoindre quand un individu s'est interposé entre elle et son prisonnier. Je crois qu'il voulait créer une diversion car il nous a obligé à le suivre. Malheureusement nous l'avons vite perdu de vue et avons dû nous séparer. Je l'ai retrouvé un peu plus loin qui se faufilait derrière Daniel Jackson, celui-ci lui barrant la route dans sa fuite sans le savoir. Je me suis approché en silence et je l'ai assommé juste après qu'il ait lui même attaqué le docteur Jackson.

- Oui d'ailleurs la prochaine fois ça vous ennuierait de vous en charger avant qu'il me tombe dessus ? intervint l'archéologue avec un air renfrogné.

Teal'c sembla étudier cette proposition le temps d'un levé de sourcil, et Sam enchaîna avant que son supérieur ne trouve une réplique qui les auraient entraînés lui et Daniel dans l'une de leur chamaillerie sans fin :

- J'ai rejoint Teal'c et il vous a contacté par radio. Après que vous ayez donné l'ordre de revenir ici nous avons ramené Daniel et le prisonnier. Malheureusement, celui que j'avais fait tomber de l'arbre n'était plus là où nous l'avions laissé.

- Oui apparemment ils ont emmenés tous les hommes blessés avant de fuir. De toute façon je suppose que nous aurons bien assez à faire avec celui-ci, lui répondit O'Neill, satisfait.

Il se retourna pour s'adresser à tous:

- Allez les enfants, on dresse le camp. Nous sommes trop loin des arbres pour qu'ils puissent nous atteindre avec leurs flèches donc avec deux guetteurs en faction pour surveiller le périmètre nous serons en sécurité. Dès que le prisonnier se réveille nous l'interrogerons, ensuite nous contacterons le SGC pour renvoyer le major Warren et recevoir les instructions sur la marche à suivre.

Tous se mirent immédiatement au travail excepté Teal'c qui resta debout prêt du prisonnier, le menaçant toujours de sa lance.

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P4X-985, camp des équipes SG, un peu plus tard

- Teal'c vous fait prévenir que le prisonnier est réveillé. Je peux me charger de ça si vous voulez.

Jack leva les yeux du tas de bois qu'il était en train de positionner pour le feu et croisa ceux de son second. Il hocha la tête et se releva alors qu'elle s'agenouillait à sa place. Mais à peine avait-il fait un pas pour s'éloigner qu'il stoppa net, hésitant, et fit volte-face.

- Ne vous en faites pas, je me charge de ça aussi.

Elle avait parlé sans même le regarder et il se demanda un instant ce qu'elle avait voulu dire par là. Puis elle leva la tête et lui adressa un petit sourire assuré qu'il finit par lui rendre avant de se retourner à nouveau.

Il songea alors à l'emplacement qu'il avait choisi pour s'atteler à la préparation du feu. Un endroit d'où il pouvait observer les hommes s'affairant dans le camp et, à une dizaine de mètres juste en face, Daniel. Là où tous ne verraient sans doute qu'un hasard, elle y avait vu ce que c'était vraiment. Bien sûr il accordait aux infirmiers de SG-7 une confiance totale. C'était des médecins très compétents, et par ailleurs très sympathiques si l'on occultait le fait qu'ils se baladaient partout avec un panel assez impressionnant de seringues en tout genre. Mais l'estime qu'il leur portait ne pouvait rien face au fait qu'il s'agissait de Daniel, c'est pourquoi Sam avait deviné que son supérieur s'arrangerait pour le garder à l'oeil juste au cas où.

Jack sourit pour lui même, elle le connaissait bien. En continuant de se diriger vers son ami jaffa il se tourna un instant vers elle et, comme pour confirmer ses pensées, la vit jeter un coup d'oeil bref mais vigilant en direction de l'archéologue qui aidait un des marines à monter une tente.

Arrivé auprès de Teal'c il eut la surprise de trouver le prisonnier toujours allongé, visiblement endormi :

- Carter m'a dit que notre belle au bois dormant s'était enfin décidée à revenir parmi nous... D'après moi il a toujours l'air d'attendre le baiser du prince charmant là.

Le jaffa ne broncha pas :

- Il tente de nous abuser O'Neill. Mais je peux vous assurer qu'il est conscient depuis plusieurs minutes déjà.

Jack regarda à son tour le prisonnier et sembla réfléchir un instant, puis il sortit son pistolet et en pointa le canon vers le ciel. Quand le coup de feu retentit, le prisonnier ne put dissimuler un très léger tressaillement. Jack remit l'arme à sa place et se retourna vers les hommes qui s'étaient tous figés en entendant le coup de feu:

- Tout va bien ! Je vérifiais seulement l'audition ainsi que les réflexes de notre ami ici présent. Je suis sûr que vous serez tous ravis d'apprendre que les deux sont excellents, expliqua-t-il avec un immense sourire.

Sam esquissa un petit sourire amusé, Daniel leva les yeux au ciel et l'un des marines coutumier des missions en compagnie de SG-1 se replongea dans sa tâche avec une expression blasée. Jack leur tourna à nouveau le dos et s'agenouilla près du prisonnier, un air faussement peiné sur le visage :

- Raaahh c'est dommage j'y ai presque cru ! Non sincèrement vous étiez très convaincant. Sauf pour le coup de feu évidemment.

Le prisonnier ne daigna pas bouger d'un pouce.

- Et si vous arrêtiez de jouer la comédie maintenant. Je crois que vous savez que nous savons que vous êtes réveillés.... Euh c'est bien ça Teal'c ?

- En effet O'Neill.

Au bout de quelques secondes le prisonnier ouvrit les yeux, les plissa devant la lumière éblouissante puis fixa le militaire qui lui faisait face sans ciller. Celui-ci le jaugea du regard à son tour :

- Je vais vous enlever votre bâillon. En revanche je vous déconseille d'appeler vos petits copains. Dès qu'ils tenteront d'approcher mes hommes ouvriront le feu et vous avez déjà pu constater l'efficacité de nos armes. Nous sommes d'accord ?

Son interlocuteur jeta un regard vers les hommes qui montaient la garde, puis hocha la tête. Jack lui ôta alors le scotch collé sur sa bouche d'un geste vif et précis.


-3-

SGC, salle de commande de la porte

Debout dans la salle de contrôle Hammond regardait SG-8 passer la porte.

Cela faisait presque six ans qu'il avait été placé à la tête du projet porte des étoiles. Affectation qui était au départ censée lui assurer quelques années de tranquillité avant de prendre sa retraite, et qui s'était finalement révélée être la chose la plus importante et la plus usante qu'il ait jamais eu à faire de sa vie... Non vraiment, sa mutation à la direction du SGC n'avait sans doute pas été le choix tactique le plus réussi de sa carrière, mais il ne s'en plaignait pas. Parce qu'il avait beau être un général aussi expérimenté que bardé de médailles, comment ne pas être enthousiasmé comme un débutant face à cette incroyable aventure dans laquelle ils étaient entraînés ? Entouré d'hommes et de femmes d'exception, témoin d'évènements que le commun des mortels aurait bien de la peine à imaginer, il se sentait incroyablement privilégié.

Bien sûr il existait malgré tout un bon nombre de désavantages à cette situation.

L'incroyable poids des responsabilités d'abord, non seulement envers les six milliards d'êtres humains de la Terre mais aussi envers ceux disséminés aux quatre coins de la galaxie. Et cette peur toujours renouvelée, de perdre une fois encore l'un de ses hommes. Il y en avait eu tellement au long de toutes ces années... Beaucoup trop il le savait, pour qu'il ne puisse jamais se débarrasser de ce petit pincement d'appréhension à chaque fois que l'un d'entre eux passait la porte; et cette bouffée de soulagement quand, comme en cet instant, une équipe en revenait intacte.

Ou presque.... Parcourant ses hommes du regard à travers la vitre épaisse il mit peu de temps à remarquer que l'un d'entre eux semblait blessé à la jambe.

Le docteur Doyle.

Évidement.

Observant qu'aucun membre de SG-8 ne portait la moindre égratignure ou ne serait-ce que la plus petite trace d'un affrontement rangé, il dut se rendre à l'évidence que la blessure du scientifique ne pouvait qu'être -une fois de plus- imputée qu'à son extraordinaire maladresse. Bien entendu, au vue de ses... capacités, il n'avait jamais pu être affecté de manière permanente à une équipe SG, se contentant d'étudier les artefacts aliens ramenés par les équipes d'explorations. Mais en de rares occasions, ses remarquables compétences archéologiques, qui fort heureusement surpassaient de loin ses compétences sportives, l'obligeaient à effectuer des sorties off-world.

Seulement voilà, il y avait toujours un problème qui surgissait et très vite le général Hammond avait été confronté à la réticence de ses hommes à servir d' « escorte » au scientifique empoté. Oh bien sûr, ils étaient tous trop respectueux de son grade et de sa juste autorité pour élever la moindre objection quand ce genre de mission leur était confié; mais il n'était pas aveugle aux réactions que ce genre de nouvelle ne manquait pas de provoquer. Ainsi, c'était avec soulagement que le général avait accueillit la proposition d'O'Neill de se charger de la répartition des occasionnelles missions « baby-sitting » quand elles se présentaient.

Finalement, et s'il se fiait aux rumeurs qui circulaient, cela avait fini par se régler au cours de tournois de poker improvisés. Hammond avait d'abord pensé mettre un terme à ces pratiques peu dignes de l'élite de l'armée américaine mais il avait finalement dû y renoncer; battu par le poids de l'évidence. Ce n'était peut-être pas très professionnel mais il avait bien vite constaté que les hommes semblaient l'accepter, et surtout le préférer à l'alternative d'un choix arbitraire.

C'était d'ailleurs un peu le problème avec le colonel O'Neill. Ses méthodes étaient souvent assez peu orthodoxes, et parfois même plus que douteuses, mais leur remarquable efficacité les mettaient à l'abri de tout reproches.

Cette dernière pensée ramena à l'esprit du général la raison de sa présence ici :

- Sergent, la transmission avec SG-1 était bien prévue pour maintenant ?

- Oui mon général, ils devraient nous contacter d'une minute à l'autre.

En effet quelques minutes plus tard la porte s'activa et le code d'identification de l'équipe phare du SGC apparut à l'écran. Le sergent Harriman ouvrit l'iris et ils purent bientôt apercevoir les visages du colonel O'Neill et de Teal'c via la caméra embarquée de la sonde.

- O'Neill au rapport mon général

- Je vous écoute colonel, que s'est-il passé ?

- Il s'est avéré que notre planète déserte n'était pas si déserte que ça finalement. Du coup nous sommes invités à une petite fête de bienvenue. Teal'c s'est déjà fait des amis et trépigne d'impatience de faire une apparition à leur petite sauterie !

Jack se décala de l'objectif de la caméra pour laisser apparaître un jaffa au visage étonnamment dénué de toute expression. Le militaire revint au premier plan après quelques secondes, un sourire ravi sur le visage :

- Vous voyez il est enthousiasmé !

Hammond échangea un regard blasé mais également soulagé avec Walter. Si O'Neill se permettait de plaisanter ainsi c'est qu'il était entièrement rassuré sur le sort de l'équipe qu'il était venu sauver. SG-13 était hors de danger. Cependant, et plus pour la forme que par réelle contrariété, il le reprit d'un air faussement pincé:

- Colonel...

- Oui pardon mon général. Donc à notre arrivée sur P4X nous avons fait une rencontre un peu... musclée avec les habitants de la planète. Heureusement seul le major Warren a été superficiellement blessé. Teal'c a réussi à capturer un guerrier pendant l'affrontement et nous l'avons interrogé. Nous avons eu de la chance, c'était apparemment le chef d'une sorte de procession religieuse qui se dirigeait en direction de la porte.

- Une procession religieuse... Est-ce qu'un goa'uld est impliqué ?

- Indirectement en vérité... Autant que nous puissions en juger il n'y a aucun goa'uld ou jaffa sur cette planète mais les habitants obéissent tout de même à l'un deux. Plutôt un goa'uld mineur d'après Daniel, un certain Aker. Toujours est-il qu'une fois tous les dix ans un groupe de villageois est chargé d'aller jusqu'à la porte et de la traverser. Apparemment SG-13 est arrivé à ce moment là et les villageois les ont capturés. Pourtant ils ont été bien traités. En discutant un peu avec Kanti, notre prisonnier, nous avons plus ou moins réussi à régler le quiproquo et ils ont même eut l'air plus qu'intéressés par le discours de Daniel à propos des faux dieux et compagnie. Du coup ils nous ont conduits à SG-13 et les ont libérés.

- Tout est donc rentré dans l'ordre ?

- On dirait. Daniel serait d'avis d'aller jeter un coup d'oeil à leur village et comme certains semblent toujours autant passionnés par ces blablatages... Nous pensions vous renvoyer SG-7 et SG-3 par la porte, SG-13 souhaiterait rester ici pour mener à bien sa mission. Apparemment, eux aussi ont sympathisé avec des villageois qui leur ont proposé de les amener près des ruines dès demain.

- Aucun d'eux n'a été blessé ?

- Non mon général, en tant que prisonniers ils ont été traités avec méfiance mais rien de plus. Le seul blessé que nous ayons est le major Warren.

- Très bien, si vous pensez que les autochtones ne représentent aucun danger vous et SG-13 pouvez rester sur la planète. Nous nous préparons à accueillir le major Warren et son équipe ainsi que SG-7. Prochaine transmission dans 24 heures.

- Bien général. O'Neill, terminé.

L'image vidéo disparut et les hommes renvoyés sur terre firent bientôt leur apparition dans la salle d'embarquement. Soulagé que cette mission de sauvetage ait connu un dénouement heureux, Hammond quitta la salle de contrôle et se prépara pour son prochain débriefing.

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P4X-985

Après avoir contacté le SGC et plié le camp, SG-1 et 13 se mirent en route guidés par la procession des villageois. Bien que voyageant de concert, leur petit groupe hétéroclite semblait évoluer au sein de limites aussi invisibles qu'infranchissables.

D'abord venait Kanti et Jack. Si dans un premier temps le militaire avait trouvé un peu étrange la manière dont le reste du groupe se tenait toujours quelques pas derrières eux, Kanti lui avait bien vite expliqué que c'était simplement une marque de respect envers leurs chefs. Jack avait acquiescé en silence, ne pouvant s'empêcher de penser qu'ils auraient eu l'air fins s'ils adoptaient la même habitude en mission. Il se voyait déjà, lui ouvrant la marche avec Carter, Daniel et Teal'c dix pas derrière... Sans parler de la perspective de représenter une cible isolée et donc facile, ainsi que de n'avoir personne avec qui parler ou se chamailler pendant le voyage... Mais dans l'instant il ne se trouvait pas si mal loti que cela, ayant découvert en la personne du jeune guerrier un agréable compagnon de route.

Puis venait le gros de la troupe, composée de guerriers réservés mais aimables avec qui Teal'c, Daniel et SG-13 semblaient avoir trouvé de nombreux sujets de conversation. Le prodigieux talent du jaffa pour les combats rapprochés n'était pas passé inaperçu pendant leur petit accrochage et un respect mutuel s'était finalement établi entre eux. De plus, le récit de la lutte que menait son peuple pour recouvrir sa liberté semblait éveiller chez ces farouches guerriers un enthousiasme grandissant. Daniel et SG-13 aussi avait su par leur discours éveiller un intérêt profond chez certains membres du groupe qui ne se lassaient plus de les presser de questions sur ce qu'il savaient à propos des goa'ulds. Jack se retournait parfois quand des clameurs s'élevaient derrière lui en réponse, sans doute, à une affirmation un peu crue sur la véritable nature du Dieu que le peuple de P4X-985 vénérait.

Enfin; gardé par un contingent de guerriers aux visages méfiants et aux regards fermés, venait le petit groupe de prêtresses qui un peu à l'écart fermait le peloton. Kanti lui même ne semblait pas savoir grand chose à propos de ces mystérieuses jeunes femmes et Jack ne put rien apprendre de lui. Intrigué, il espérait que son second arriverait à les faire parler. Daniel ayant été doucement mais fermement reconduit après sa tentative d'approche de ce petit groupe un peu plus tôt, elle avait été la seule à obtenir le droit de se mêler aux prêtresses pour la durée du voyage. Sam était d'ailleurs venue trouver son supérieur à la faveur d'une halte mais n'avait pu lui transmettre que quelques bribes d'informations. Daniel pensait que la procession était sans doute destinée à servir d'hôte aux goa'ulds dans le pire des cas, et de serviteur attaché à leur service dans le meilleur. Et tout portait à croire que son hypothèse se vérifiait. Cependant, les prêtresses elles-même semblaient en savoir moins que SG-1 sur l'avenir probable qui les attendait. Elles avaient reçu une éducation sommaire, surtout destinée à imprimer en elles les concepts d'obéissance aveugle et d'entier dévouement au goa'uld qu'elles serviraient. De ce fait, peu d'entre elles avaient fait preuve de réelle curiosité face à la vérité que Sam tentait de leur dévoiler, visiblement enfermées dans une peur superstitieuse qui ne les quittait jamais. En revanche son statut à elle, au sein de SG-1 notamment, avait suffisamment intrigué l'une d'entre elle pour qu'elle se risque à la questionner.

Comme une bonne heure de marche séparaient la porte des étoiles du village ils arrivèrent en vue des premières cabanes alors que le soleil rougissait déjà à l'ouest, annonçant la nuit proche. Les prêtresses repartirent immédiatement avec leur escorte en direction du temple, alors que des exclamations d'étonnement et de joie accueillaient le retour des guerriers. Jack profita du tumulte causé par ces scènes de retrouvailles pour regrouper ses hommes à l'écart et les interroger sur ce qu'ils avaient appris. Apparemment, les habitants de P4X-985 étaient un peuple fier, et le joug implacable que leur imposait l'obéissance à un dieu aussi mystérieux que lointain avait au fil des siècles fait naître des velléités de révoltes qu'une étincelle suffirait sans doute à déchaîner. Étincelle que l'arrivée des terriens pourrait bien représenter...


-4-

La nuit était maintenant tombée depuis de nombreuses heures et au village, la fête battait son plein. Autour du gigantesque feu dressé sur la grande place, les chants gutturaux des autochtones, les éclats de rire et les discussions à bâton rompu s'élevaient en une cacophonie assourdissante. Un villageois proposa à Jack une nouvelle chope de leur alcool local mais il déclina poliment. Il ne savait pas vraiment à base de quoi il était fait mais quelque chose lui disait qu'il y avait dedans de quoi coller une bonne gueule de bois à un stock entier d'alcootest de sa planète natale. Pourtant plus que résistant, il avait rapidement commencé à en ressentir les effets.

D'ailleurs, tout ce qui dans cette ambiance festive l'avait d'abord envoûté commençait à lui causer la migraine et il décida d'aller faire un tour. Il se tourna alors vers son second assise à ses coté pour lui proposer de l'accompagner mais ne trouva là où elle aurait dû être que sa veste posée sur le sol. Plus raisonnable que lui, elle avait dû s'éclipser un peu plus tôt. Il se leva pour partir à sa recherche. Jack s'écarta de la foule agitée et rechercha un endroit calme comme ceux que son major affectionnait. Il sortit du village et avisa le paysage, tombant rapidement sur la silhouette qu'il recherchait.

Elle était là, assise dans l'herbe et la tête levée vers les étoiles. Il sourit à cette vision, mit nonchalamment les mains dans ses poches et s'approcha :

- Alors Carter, ce n'est pas très gentil de nous laisser comme ça, tout le monde attend que vous portiez votre toast.

Franchissant les quelques pas qui les séparaient, il vint s'asseoir à coté d'elle et soupira de soulagement. Un endroit calme et la compagnie de Samantha Carter, en cet instant il aurait eu du mal à trouver un endroit plus attirant que celui-ci.

- Vous remarquerez que j'ai résisté à la tentation de vous faire peur cette fois.

Elle lui sourit franchement et sa précédente pensée s'en trouva magistralement renforcée.

- J'ai vu mon colonel. Daniel a raison, vous faites des progrès chaque jour.

Il accueillit cette pique avec bonne humeur:

- Mouais... Tout ceci ne me dit pas pourquoi vous nous avez faussé compagnie. La nourriture n'est pas si mauvaise, leur truc rasgaga... ça a presque le goût du poulet.

- Rasgana. Et vous dites cela à chaque fois.

Ignorant sa remarque amusée il continua:

- Pour la musique, leurs tambours ne sont pas si mal, et les gens sont plutôt sympathiques. Il ne manquerait plus qu'une ou deux bières et nous aurions un barbecue plus que passable.

- Je préfère partir avant que la moitié des villageois ne soit complètement ivre.

- Oh vous exagérez Carter, ils ont l'air plutôt endurant ces petits gars !

- Je vis avec des militaires depuis mon enfance monsieur, croyez moi je suis capable de reconnaître un homme à deux doigt d'être ivre mort.

Jack la regarda puis tourna la tête vers le feu d'où les chants des villageois s'élevaient. Et leurs voix semblaient effectivement s'élever de plus en plus fortes, et de moins en moins justes au fur et à mesure que les minutes s'écoulaient. Il reporta alors son attention sur la jeune femme à ses cotés qui avait déjà relevé la tête, visiblement peu encline à sortir de sa contemplation et des pensées qui l'accompagnaient.

- Ah oui bien sûr, les deux lunes !

- Je vous demande pardon ?

Le militaire indiqua les astres lunaires qui trônaient au dessus d'eux, geste auquel elle répondit par un sourire et un petit hochement de tête. Jack avait déjà remarqué que son second semblait fascinée par les planètes dotées de deux lunes. C'était donc tout naturellement qu'une fois de plus, elle n'avait pas manqué de venir les observer.

- On ne peut rien vous cacher mon colonel.

- Un jour il faudra quand même que vous m'expliquiez ce que vous trouvez de si fascinant à ce phénomène.

- Je ne sais pas. C'est juste... c'est beau vous ne trouvez pas ? Et puis vous pensez à tout ce que cela aurait pu changer sur notre monde si nous avions eu plus d'une lune ?

- C'est sûr que l'univers des comptines pour enfants en aurait été bouleversé à jamais, répondit-il avec un air concerné qui arracha à sa compagne un large sourire.

Ils restèrent quelques minutes silencieux, chacun savourant ce calme si particulier que la présence de l'autre parvenait toujours à créer en lui, oubliant peu à peu le monde qui les entourait.

Mais soudain un éclat de voix un peu plus fort, ou peut être plus aigu, les ramena à la réalité. Jack s'aperçut que les voix qui prisonniers de la bulle de calme qu'ils s'étaient tous deux forgés lui semblait s'être éteintes, avaient au contraire gagné en intensité.

- Bon, je crois qu'il va falloir que nous y allions. Les enfants devraient déjà être au lit et j'ai promis à la baby-sitter que nous serions rentrés avant minuit.

Elle sourit à cette singulière façon d'évoquer les hommes aguerris, dont un jaffa, qui les accompagnaient, et lui emboîta le pas alors qu'il se dirigeait à nouveau vers le feu.

En arrivant ils marquèrent un temps d'arrêt et échangèrent un regard étonné.

- Carter, pincez moi je suis en train de rêver là !

- Non pourtant on dirait bien Daniel.

- Mais bon sang, où es passé Teal'c ? Il était censé le surveiller !

Un villageois qui passait près d'eux entendit sa remarque et s'arrêta :

- Si vous cherchez votre ami il a déjà quitté la fête. Naboo lui a promis de lui montrer sa lance de cérémonie.

Il étendit un bras vers deux ombres un peu plus loin.

- Et bien on dirait que Teal'c s'est fait un nouvel ami... Bon alors qu'est-ce qu'on fait de Daniel maintenant ?

- Je crois que je vais aller me coucher et l'emmener avec moi. L'infirmier a dit qu'il n'y avait rien de tel qu'une bonne nuit de sommeil pour le remettre de son choc à la tête.

- Très bien. N'empêche ça fait bizarre....

- Je sais.

- Notre Daniel laissé seul au milieu de litres d'alcool et encore net quand on revient... je crois que c'est une première !

- Vous ne pensiez pas qu'il vous ferait le plaisir de finir ivre mort à chaque fois juste pour vous laisser le plaisir de se ficher de lui tout de même !

- Carter c'est si peu mon genre !

Devant son air hypocrite et ravi elle ne trouva même pas l'intérêt de répondre et se contenta de sourire une dernière fois avant de se diriger d'un pas décidé vers son ami, occupé à discourir avec passion en compagnie d'un ancien du village :

- Daniel, votre tour de garde commence dans quelques heures, et si vous voulez avoir une chance de vous reposer d'ici là vous devriez peut être faire comme moi et venir vous coucher.

L'archéologue leva ses yeux azurs vers elle et sembla peser ses paroles quelques secondes avant de finalement acquiescer. Il se leva alors et s'inclina avec respect devant son interlocuteur :

- Je crois que je vais vous laisser vénérable Traor, mais j'espère que nous pourrons reprendre notre discussion dès demain.

Le vieil homme inclina doucement la tête, un sourire bienveillant sur le visage :

- Sage décision. Et je serai effectivement ravi de continuer notre entretien dans quelques heures. Vous m'avez déjà donné beaucoup de sujets de réflexion pour ce soir, et la nuit porte conseil.

Il fit un petit signe en direction de Sam et celle-ci s'approcha pour l'aider à se relever de la paillasse où il était assis pendant que Jack les rejoignaient.

- Sans parler que mon grand âge ne me permet plus de veiller autant que nos vigoureux guerriers !

Son sourire s'élargit encore, se propageant aux visages des trois terriens qui l'entouraient. Puis Jack avisa Daniel et, sans se départir de son sourire, s'adressa avec lui d'un petit air de défi :

- Bien, je vois que Carter vous a convaincu d'être raisonnable. J'étais venu au cas où vous auriez été décidé à faire votre tête de mule et qu'elle ait eut besoin de moi pour venir vous border.

L'archéologue lui répondit sur le même ton:

- Reste à savoir si Teal'c sera capable de vous porter jusqu'à votre tente et de vous border quand vous vous serez écroulé ivre mort avant la fin de la soirée.

Jack accueillit sa remarque avec une expression amusée. Un point partout la balle au centre.

- De toute façon nous disions justement à Traor que nous y allions.

Daniel lui lança un dernier regard et se retourna, Sam à sa suite. Ils s'éloignèrent ensemble d'un pas régulier, se dirigeant vers la hutte qui les accueillerait pour la nuit. Jack les regardait s'éloigner quand le vieil homme vint se placer à coté de lui:

- Et maintenant mon brave, accepteriez vous de m'aider à marcher jusqu'à chez moi ou préférez vous rester ici à ruminer jusqu'à ce qu'elle disparaisse définitivement de votre champ de vision ?

Jack se retourna vers le villageois et faillit objecter qu'il ne voyait absolument pas de quoi il parlait lorsque un regard perçant l'en dissuada. Il préféra finalement hocher la tête et tendre son bras au vieillard qui l'observait. Alors qu'ils se frayaient un chemin à l'écart de la fête son esprit revint pourtant se fixer sur le souvenir de ses deux amis s'éloignant côte à côte dans la nuit. Et comme en réponse à cette vision, un étrange pressentiment vint l'assaillir aussitôt.

Il essaya alors de songer à la journée qui les attendait demain et à nouveau son instinct sembla lui murmurer quelque chose, avec encore plus de force cette fois. Fronçant les sourcils d'un air presque inquiet, il essaya de chasser cette soudaine et inexpliquable intuition qui semblait décidée à ne plus le quitter.

Mais Jack O'Neill n'était pas homme à s'immobiliser au moindre pressentiment un peu trop insistant. Alors, quand il quitta le vieil homme après quelques paroles polies, il tourna les talons d'un geste décidé et repartit tranquillement en direction du feu; se répétant que demain n'était qu'un jour de plus, et qu'il n'arriverait rien.


-5-

Ce fut d'abord un murmure, quelqu'un qui chuchotait son prénom. Puis une main se posant sur son bras et le remuant avec fermeté.

- Sam ? C'est déjà mon tour de garde ?

- Non Daniel, il est passé depuis longtemps. Nous avons un problème.

L'inquiétude qui perçait dans la voix de la jeune femme éveilla instantanément le cerveau assoupi de l'archéologue. Il s'assit et se frotta les yeux.

- Que se passe-t-il ?

- Nous avons des visiteurs : un groupe d'éclaireurs jaffas est venu aux abords du village. Les vigiles ont pu les neutraliser sans problème mais....

- Ils enverront des renforts dès qu'ils ne verront pas la patrouille revenir. Ça nous laisse combien de temps ?

- D'après Teal'c pas beaucoup. Mais nous avons un souci plus important, les jaffas gardent la porte ouverte. Le colonel O'Neill et Teal'c se sont rendus là-bas et vont essayer de composer dès qu'elle se refermera, d'ici là nous devons mettre les villageois au courant.

Sur ces paroles elle se leva et sortit de la cabane. Daniel la suivit et remarqua qu'il faisait encore nuit noire. Sam rassembla la plupart des villageois sur la grande place alors que son coéquipier tentait d'expliquer la situation à ceux déjà présents. Mais très vite, il fut interrompu par la voix du leader d'SG-1 qui l'appelait à travers la radio. Il fit signe aux villageois de patienter et se mit un peu à l'écart:

- Je suis là Jack.

- Comment ça se passe de votre coté ?

- Sam à réussi à réunir presque tout le monde mais je ne sais pas trop quoi leur dire pour l'instant. Vous avez de nouvelles informations ? questionna anxieusement le scientifique

- Pas pour l'instant, rien n'est passé par la porte depuis la patrouille d'éclaireur. Kanti est avec vous ?

- Non, il n'était pas près du feu ni chez lui.

- Trouvez le, ordonna Jack. Nous pourrions avoir besoin de lui.

- D'accord.

- O'Neill, terminé.

Daniel soupira et alla se renseigner auprès de Traor qui lui désigna l'endroit où devait se trouver le jeune homme: un lieu un peu en hauteur où il aimait s'isoler. Arrivé sur place il trouva immédiatement le guerrier et s'approcha:

- Kanti nous avons un problème, des jaffas armés ont passé la porte. Jack voudrait vous parler.

Il lui tendit la radio et lui montra comment s'en servir puis repartit en direction du village. Les minutes qui suivirent semblèrent durer des heures. S'ils parvenaient à activer la porte les premiers ils pourraient essayer d'évacuer les villageois, mais ils avaient mis plus d'une heure à venir jusqu'ici en traversant la jungle alors pour ce qui était de déplacer un village entier....

Daniel leva les yeux avec une grimace de dépit. Ils auraient dû prévoir cette attaque. Mais les habitants avaient dit qu'aucun jaffa ou goa'uld n'était venu sur la planète depuis des générations et hormis quelques hôtes potentiels, elle n'avait rien qui puisse représenter une véritable valeur aux yeux d'un goa'uld. Alors, ils avaient conclu que celui qui avait asservi ce peuple il y a des siècles de cela aurait mieux à faire que de se soucier d'un cortège d'offrande avec un peu de retard.

Et ils avaient eu tort.

Il en était là de ses réflexions quand la radio que venait de lui rendre Kanti recommença à émettre son crachotement familier :

- Daniel répondez !

La voix haletante de Jack ne présageait rien de bon.

- Qu'est-ce qui se passe ?

- Deux planneurs viennent de passer la porte et se dirigent droit vers vous. Nous nous replions mais nous sommes suivis par un groupe de ja....

La transmission fut coupée et l'archéologue serra les dents. Ils étaient pris au piège. Daniel rejoignit Sam, Kanti et SG-13 qui parlaient aux villageois. D'un regard, son amie lui confirma qu'elle avait suivi toute la conversation.

- Kanti, y a-t-il un endroit où nous pourrions mettre à l'abri au moins les femmes et les enfants ?

- Un endroit facilement défendable, s'empressa d'ajouter sa coéquipière.

- Jack m'a déjà posé la question et il n'y en a aucun de vraiment sûr. Nous allons devoir rester et nous battre.

- Cela risque de ne pas être si simple que ça, démentit Daniel

- Mais vous avez des armes très puissantes.

- Comparées aux vôtres peut être, mais pas par rapport à celles des jaffas.

- Comment ça ?

Le bruit d'un vaisseau en approche se fit entendre comme en réponse à sa question. Beaucoup de villageois coururent se réfugier dans la maison la plus proche malgré les cris des terriens qui tentèrent de les en empêcher. Quelques secondes plus tard lorsque le planeur bombarda l'une des maisons, elle s'effondra aussitôt sur ceux qui étaient venus s'y réfugier.

Les terriens, aidés de Kanti, commandèrent alors aux villageois d'aller se réfugier sous le couvert des arbres mais beaucoup n'atteignirent jamais l'abri offert par la végétation dense de la jungle. D'autres préférèrent rester obstinément à l'intérieur des cabanes qui s'effondraient pourtant les unes après les autres. Le planeur de la mort n'avait jamais aussi bien porté son nom, l'attaque tournait au véritable massacre.

Et puis, après quelques attaques tout aussi meurtrières, le vaisseau fut rejoint par un deuxième. Pourtant, et contre toute attente, ils virent celui-ci prendre en chasse le premier vaisseau. Profitant de ce retournement de situation inespéré, ils quittèrent les abords de la forêt pour essayer de trouver des survivants sous les décombres du village partiellement détruit. Tâche qui s'avéra bien vite sans espoir. Sam confia à Kanti et Traor la tâche d'essayer de calmer leurs compagnons pendant qu'elle appelait Daniel et SG-13 à l'écart.

- J'ai essayé de joindre le colonel O'Neill et Teal'c par radio mais aucun d'eux n'a répondu. D'après la dernière transmission qu'a reçue Daniel, les jaffas étaient juste derrière eux. Au pas de course il leur faudra moins longtemps que nous pour arriver jusqu'ici mais cela nous laisse peu de temps. Nous devons le mettre à profit pour essayer d'emmener les villageois aussi loin dans la forêt que possible.

- En admettant qu'ils acceptent de nous suivre...

Bien qu'elle eût préféré pouvoir l'ignorer, Sam dut admettre que l'inquiétude de Daniel était fondée. Ils savaient tous d'eux que dans ce genre de cas, convaincre les gens d'abandonner leurs foyers n'était jamais chose aisée. Et ce, même si bon nombre des foyers en questions étaient à présent réduits à l'état de cendres fumante.

- Je sais Daniel, mais nous n'avons pas le choix. Et nous devons leur faire comprendre qu'ils ne l'ont pas non plus.

- Et qu'est-ce qu'il s'est passé entre ces deux planeurs au juste ? questionna l'un des membres de SG-13.

- Peut être que Jack ou Teal'c ont réussi à en prendre le contrôle, proposa Daniel.

- Ça me semble peu probable mais nous devrions aller vérifier.

Sam regarda dans la direction où avaient disparu les deux planeurs et vit des volutes de fumées qui s'élevaient d'un endroit plus loin dans la forêt. Puis elle fit signe à Kanti de les rejoindre et reprit.

- Kanti, montrez-leur à quel endroit la forêt est la plus dense près du village. SG-13, vous le suivez et installez un périmètre de défense avant que les jaffas signalés par le colonel n'arrivent. Daniel vous venez avec moi. Nous devons savoir ce qui est arrivé aux deux planeurs.

Les deux membres de SG-1 partirent dans la forêt et finirent par arriver sur le lieu du premier crash où ils ne trouvèrent malheureusement rien d'intéressant. Les deux pilotes étaient jaffas et leur atterrissage forcé était visiblement le résultat de leurs échanges de tirs avec le second planeur. Par ailleurs, leur vaisseau était beaucoup trop endommagé pour voler à nouveau. Sam put néanmoins récupérer les dernières coordonnées connues de l'autre planeur grâce auxquelles ils le localisèrent sans trop de difficultés.

Quand ils arrivèrent sur place, Daniel repéra une silhouette allongé non loin :

- Sam par ici !

La jeune femme finit d'inspecter les environs puis le rejoignit.

- Ce n'est pas normal. Il n'y a pas l'air d'avoir de second corps.

- Et ce n'est pas tout, ajouta le scientifique, celui ci est humain.

- Tok'ra ?

- Peut être.

L'archéologue tenta de le réveiller alors que Sam essayait pour la énième fois de joindre Teal'c et le colonel O'Neill. Ils n'avaient reçus aucune nouvelle depuis la transmission de Jack un peu plus tôt et c'était loin d'être bon signe. Le blessé finit par entrouvrir les yeux, ils s'illuminèrent brièvement puis une voix à la tonalité métallique se fit entendre:

- Je suis Lithéas, de la tok'ra.

Daniel voulut prendre la parole mais l'alien l'en empêcha d'un faible signe de la main:

- Je sais qui vous êtes docteur Jackson.

- Que s'est-il passé ?

- J'étais en mission auprès du goa'uld qui contrôle cette planète. Avant que l'attaque ne commence un des jaffas a pu transmettre un signalement de Teal'c et du colonel O'Neill. J'ai alors rejoint la base de lancement des planeurs avant que l'attaque aérienne ne soit lancée et à en saboter la plupart. Mais l'un deux est parvenu à décoller.

- Alors vous en avez volé un et l'avez poursuivi.

Lithéas acquiesça puis stoppa d'une main l'archéologue qui essayait tant bien que mal de le soigner :

- C'est inutile. Mes blessures sont trop graves, même mon symbiote ne pourra plus me sauver. Je le sens.

Les deux scientifique se regardèrent puis tentèrent de le mettre dans une position plus confortable.

- Major Carter, mon vaisseau a subi peu de dommages durant le combat. J'ai essayé de sauver le maximum de systèmes pour que vous puissiez l'utiliser. Puisque j'ai détruit les autres planeurs cela pourrait vous permettre de prendre l'avantage sur les troupes au sol.

Sam se releva et empoigna sa radio.

- SG-13 ici le major Carter. Quelle est la situation de votre côté ?

- Le colonel O'Neill et Teal'c sont arrivés avec un groupe de jaffas. Nous essayons de les repousser mais ils nous obligent à nous replier vers le village. Terminé.

Un crachotement se fit entendre puis une voix que Sam reconnut sans peine s'éleva :

- Carter, ici O'Neill. Nous n'allons pas pouvoir faire autrement que de provoquer un affrontement rangé avec les prochains jaffas, ça s'annonce très mal.

- Daniel et moi avons peut être une solution, mon colonel. Le second planeur était piloté par un tok'ra et il n'a pas été trop endommagé. Nous parviendrons peut être à le faire voler et à vous rejoindre avant qu'ils donnent un second assaut.

- Très bien allez-y. Terminé.

Elle se retourna vers son ami qui regarda avec compassion le tok'ra agonisant.

- Merci Lithéas, merci de tout ce que vous avez fait.

- Mon rôle ici n'est pas encore terminé Docteur Jackson. Major Carter, je vous aiderai à remettre le planeur en état.

Sam s'approcha de la carcasse. Le vaisseau avait visiblement connu des jours meilleurs mais si le tok'ra avait effectivement pu sauvegarder les systèmes principaux, cela suffirait peut être pour lui faire effectuer un ultime vol.

Et en effet, grâce aux indications de leur allié elle avança beaucoup plus vite qu'elle ne l'aurait espéré. Ainsi, peu après, elle opérait un dernier branchement avant de s'extirper de sous le vaisseau. Elle alla s'asseoir à l'avant du cockpit, ferma les yeux une seconde puis appuya sur la commande qui lui faisait face avec appréhension. Après une seconde qui lui parut infiniment trop longue, elle vit avec soulagement la console s'illuminer. Mais une rapide vérification des systèmes diminua quelque peu son enthousiasme. Pourtant, c'était déjà mieux que rien et cela représentait quoi qu'il arrive un atout dont ils ne pouvaient se passer. Elle bondit en dehors du planeur et parvint même à sourire faiblement en s'approchant des deux hommes :

- Ça marche, Lithéas nous avons réussi !

Daniel tourna la tête vers elle et seul son regard triste lui répondit. Elle observa alors le visage étrangement serein du tok'ra. Il était mort comme il avait vécu, au nom d'une cause qu'il savait être juste.

L'archéologue se releva, secoua doucement la tête avant de se tourner vers sa coéquipière. Il fronça les sourcils devant l'air sinistre et terriblement lointain qu'elle arborait.

- Sam ?

La jeune femme réagit à l'écoute de son prénom mais ne répondit pas.

Elle ne pouvait lui décrire le souvenir douloureux de Jolinar agonisant en elle, ni lui avouer l'espoir dérisoire et presque égoïste que l'hôte ait succombé avant le symbiote. Pas plus qu'elle ne pouvait lui expliquer la colère qu'elle sentait monter en elle au souvenir de cette froide détermination, entrevue lorsque son esprit avait été effleuré par celui de Jolinar. Cette acceptation du sacrifice que partageaient tous les tok'ra, et qui dans l'esprit de Sam s'apparentait presque à un mépris pour la vie qu'elle n'avait jamais pu admettre.

Mais elle se ressaisit bien vite. Elle ne pouvait pas se permettre de se laisser à ce genre de ruminations en plein milieu d'une telle situation de crise, et elle le savait.

- Ce n'est rien Daniel. Nous devons y aller ou bien nous arriverons trop tard et tout cela n'aura servi à rien.

Il acquiesça et regroupa ses affaires pendant que Sam prévenait leurs coéquipiers de leur arrivée. Ils partirent mais se posèrent à distance suffisante du village pour que le planeur ne soit pas tout de suite repéré. S'ils voulaient profiter de l'effet de surprise, leur timing devait être parfait. Les scientifiques finirent donc le chemin à pied, se guidant au son des combats qui faisaient à présent rage au sein du village.

Quand ils arrivèrent finalement sur place une vision infernale s'offrit à leurs yeux. Entre les ruines d'où partait ça et là des incendies dévastateurs, se découpaient des silhouettes dansantes s'affrontant sans pitié. Sous l'éclairage changeant des flammes ils semblaient presque comme des marionnettes ou des ombres sans visages. Et seul un cri de rage ou celui d'un agonisant qui s'élevait soudain témoignait que c'était bien des hommes, et non de vulgaires pantins de bois, qui tombaient un à un sous les coups de leurs ennemis.

Sam prit les devant et plongea dans le désordre des corps à corps à la recherche de son supérieur. Mais ce fut lui qui les trouva et après avoir ordonné à Daniel de rester auprès de Teal'c, il partit en compagnie de son second là où elle avait posé le planeur.

Pourtant, quand Sam fit mine de monter à l'arrière il l'en empêcha:

- Vous, vous restez à terre. J'ai besoin que vous restiez en bas pour mener les villageois jusqu'à la porte pendant que je partirai devant pour vous libérer le terrain au maximum.

- Mais le planeur n'est pas entièrement réparé, piloter sera déjà difficile et l'armement n'est pas parfaitement opérationnel peut être qui si je...

- Hors de question ! la coupa-t-il d'un ton brusque. Écoutez Carter, vous avez fait de votre mieux avec les moyens et le temps dont nous disposions, maintenant nous devons faire vite. Alors allez-y, et ne vous en faites pas, je vous ramènerai votre joujou en un seul morceau ! conclut-il pour tenter d'adoucir un peu la dureté de ses paroles.

Elle le regarda sauter dans le cockpit avec inquiétude et s'écarta de quelques pas en prévision du décollage. Elle lui glissa tout de même un « bonne chance, monsieur » avant que le sas ne se referme, auquel il répondit par un hochement de tête et un sourire volontairement rassurant. Elle se détourna alors et repartit en courant en direction du village.

Malgré les doutes de la scientifique, le plan de Jack se déroula assez bien. Aidée des autres terriens elle regroupa les femmes et les enfants ainsi que le maximum de guerrier qu'ils pouvaient prévenir sans éveiller les soupçons des attaquants. S'ils voulaient avoir une chance de sauver une partie des villageois, les jaffas ne devaient pas se rendre compte de leur fuite avant qu'ils ne soient déjà loin. Et cela supposait de laisser beaucoup de guerriers derrière qui en se battant, offriraient sans le savoir une diversion à leurs proches.

C'était un horrible cas de conscience, et c'était leur meilleure chance.

Grâce à la vigilance de Jack les affrontements se firent rares, et ils atteignirent la porte sans trop de difficultés. En arrivant à l'orée de la clairière, Sam constata avec soulagement que la porte s'était refermée : les jaffas postés près du chapa'ai ne s'attendaient sûrement pas à ce que les fuyards parviennent jusque là escortés d'un de leur propre planeur !

En quelques attaques menées d'une main d'expert, le militaire réussit à semer la confusion parmi les jaffas en faction et le groupe de réfugiés se fraya un chemin jusqu'à la porte.

Daniel la passa en compagnie des premiers villageois alors que Sam et Teal'c restaient en arrière pour les couvrir. La jeune femme dut s'abriter derrière le DHD pour se protéger des coups de feu provenant des quelques jaffas restant et empoigna sa radio :

- Mon colonel, Daniel et les villageois sont passés ! Atterrissez, Teal'c et moi vous couvrons !

Elle n'eut pas le temps d'entendre sa réponse qu'une déflagration la força à se jeter à terre. Profitant d'une attaque en piquée, un jaffa avait réussi à toucher le planeur déjà endommagé. Elle eut à peine le temps de le voir descendre en flèche dans sa direction avant d'être agrippée par Teal'c qui plongea avec elle dans le vortex.

La seconde d'après, ils atterrissaient tous deux avec fracas sur la rampe métallique de la salle d'embarquement. Sam se releva d'un bond et fixa la surface miroitante qui fut frappée par une vague d'énergie avant de disparaître.

Tout d'un coup, tout ce qui l'entourait sembla disparaître dans un épais brouillard.

Une partie d'elle-même avait conscience de la salle d'embarquement pleine de soldats et de réfugiés terrorisés, de Daniel et Teal'c qui se tenait à ses côtés et de la douleur qui émanait de ses blessures, mais tout cela lui semblait étrangement loin.

Ses yeux écarquillés par la terreur fixaient l'imposante porte qui venait de se refermer devant elle, et son cerveau encore sous le choc, ressassait en boucle la même phrase aux airs de sentence implacable :

Il n'est pas passé. Il n'est pas passé. Il n'est pas passé...


Fin de la première partie.

A suivre dans la seconde partie : Le prix du sacrifice.

Mouah ha ha ! (quel beau rire sadique). Des com's où je continue à tuer tout le monde ! Bon ok peut être pas... mais un com me ferait quand même plaisir, siouplait ! :D