*Instable*
Je crois que c'est le mot qui me caractérise le plus en ce moment.
Non parce que, sinon, je ne lancerai pas un NOUVEAU projet de plus alors que j'en ai déjà trouze mille en (retard) cours ! (... et j'en ai encore quelques uns dans ma manche...)
Pitié, ne me lynchez pas ! T_T Je ne veux pas que l'on me voit comme la fille qui commence plein de trucs, mais ne finit jamais rien !
... Sauf que j'avais l'inspi pour CETTE histoire en particulier et il fallait absolument que je couche les mots sur le papier (virtuel) ! Cela faisait un petit moment que j'y réfléchissais et que ce thème le trottait dans la tête. Chaque nouvelle histoire est tellement excitante à lancer, je crois que j'adore ça, les débuts... Mais pas les fins.
C'est triste, les fins.
Par contre, le sujet que j'y aborde risque de ne pas plaire à tout le monde, mais je l'assume parfaitement. Chacun sa sensibilité et son seuil de tolérance. J'espère juste que ce premier chapitre ne vous paraîtra pas trop bordélique, parce qu'à moi, si.
J'ai pas mal calé sur la fin, d'ailleurs.
Mais je m'en suis sortie grâce à la team habituelle, alors enjoy. (Surtout Kuro Hagi et Lawiki que je remercie chaudement pour leurs précieux conseils !)
... et j'ai des milliards de reviews en retard à taper. (#pastaper)
*Se tire une balle*
Bref, je compte sur votre soutien, parce que vous êtes les meilleures lectrices !
ET JE NE FAIS PAS LE PONT DEMAIN MOI ET JE DEVRAI DEJA ETRE COUCHEE.
CRENOMDEDIOU.
« Tenue correcte exigée »
Le panneau à l'entrée du bâtiment annonçait clairement la couleur.
Engoncé dans un costume de location, parce qu'il n'avait plus les moyens de s'en payer un neuf, Aomine se sentait mal à l'aise et hésitant.
Qu'est-ce qu'il venait faire là, déjà ?
Ah oui, c'est vrai, tout avait commencé lorsqu'il avait décroché cette bourse sportive providentielle. En effet, partir étudier aux Etats-Unis, pour ensuite faire carrière là-bas avait toujours été son plus grand rêve. Parce qu'il fallait bien se rendre à l'évidence : Au Japon, il tournait en rond comme un fauve en cage. Il se sentait bridé et son potentiel n'était pas en mesure de s'exprimer librement et encore moins de s'épanouir.
Pour cela, il avait besoin d'adversaires forts et personne n'était vraiment à la hauteur. A SA hauteur. Alors la seule solution pour lui, le prodige du basketball nippon, avait été de s'expatrier en Amérique, grâce à la bourse qu'il avait décrochée pour étudier à l'Université de Californie.
Au départ, l'excitation et l'attrait de la nouveauté avaient pris le pas sur son angoisse de quitter le nid familial. Sa mère lui avait fait mille et une recommandations, pleurant à chaudes larmes (et pendant trois jours d'affilée…), lorsqu'il était monté dans l'avion. Son père, lui, s'était montré plus pragmatique en arguant que ce serait un bon enseignement pour Daiki et que, de toute façon, s'il changeait d'avis, il pourrait toujours revenir vivre avec eux au Japon et poursuivre ses études dans son pays natal.
C'est que le père de famille était particulièrement lucide sur les capacités de son rejeton. Enfin, plus précisément, sur ses capacités à SURVIVRE seul, livré à lui-même, avec un compte en banque bien garni, dans un pays qu'il ne connaissait pas.
Et Aomine Daisuke avait vu juste.
Car à peine un mois après l'arrivée de Daiki à Los Angeles et le début des cours, le rêve éveillé s'était transformé en un implacable cauchemar. Le brun s'était montré trop gourmand. Il avait perdu le sens des réalités et avait déjà mangé toute sa bourse scolaire, si durement acquise (et sensée subvenir à ses besoins pour toute cette année). Malheureusement, il s'était laissé tourner la tête par cette ville où le soleil brille en permanence, même la nuit, tel un papillon de lumièèèèèèèèère sous les projecteurs.. Si bien que l'adolescent avait fini par brûler son précieux pécule par les deux bouts, parce qu'il était incapable de réfréner ses désirs de grandeur.
Et pour cause, Aomine ne s'était rien refusé.
Plusieurs paires de baskets hors de prix (à 200 $ pièce…), beuveries endiablées, fêtes, sorties, vêtements de marques, repas gargantuesques et gastronomiques, filles aussi faciles que superficielles… Il s'était offert tout ce qu'il n'avait jamais pu avoir au Japon. En effet, issu d'une famille modeste qui compte chaque sou pour survivre aux fins de mois difficiles, Aomine s'était pourtant vu inculquer des valeurs, comme celle de l'argent par exemple. Mais lorsque l'on est jeune et livré à soi-même pour la première fois, à des dizaines de milliers de kilomètres de ses proches, on peut aisément perdre pied.
Et c'était exactement ce qui s'était produit.
Loin de ses chers parents si protecteurs, Aomine avait adopté une conduite irresponsable. Un temps, il s'était senti libérééééééé, délivrééééé de toute contrainte et du joug parental. Sauf qu'à présent, il le regrettait amèrement. A cause de son incapacité à tenir les cordons de sa bourse serrés, de même que son pantalon d'ailleurs… Le péché de gloutonnerie dont il avait été victime semblait avoir tout englouti, faisant des ravages sur son train de vie beaucoup trop faste pour pouvoir durer indéfiniment.
Très vite, son compte bancaire s'était réduit à une peau de chagrin, se retrouvant irrémédiablement dans le rouge à cause de son appétit frénétique pour les belles (et coûteuses) choses.
Et aujourd'hui, tout particulièrement, il regrettait ses choix discutables. Il avait bien vécu, comme la cigale de la fable, mais la bise était venue en un éclair et il se trouvait fort dépourvu…
Voici donc comment il s'était laissé embarquer dans cette galère.
Enfin, non, pas tout à fait…
Là, vous n'avez eu qu'un résumé succint des raisons qui l'ont poussé à se rendre à cette soirée événementielle.
Mais voyons plutôt la manière dont il a eu vent de cette petite sauterie privée…
C'était il y a deux jours.
Malgré, un temps estival pourtant magnifique, il avait passé toute la journée à squatter son spacieux APPARTEMENT fort bien situé, (oui, grâce à sa bourse généreuse, Monsieur Aomine s'était imaginé qu'il pourrait mener la vie d'un prince, loin des dortoirs universitaires et de leur plèbe…) en mode « NETFLIX AND CHILL » avec sa meilleure amie, Momoi Satsuki.
Même si les deux jeunes gens venaient à peine de faire connaissance, une inébranlable et naturelle amitié les unissait déjà.
Car Momoi était comme lui : d'origine japonaise et perdue dans l'immensité de la jungle urbaine californienne.
Mais contrairement à lui, cependant, elle était de sexe féminin et dotée de formes plantureuses à faire pâlir d'envie toutes les filles de la côte ouest, y compris celles ayant eu recours à des opérations de chirurgie esthétique.
Aomine se souvenait l'avoir rencontrée le jour de l'inscription à la fac. C'était un jeudi… non, non, un mercredi. Il sortait du bureau de l'administration scolaire lorsqu'une tornade rose s'était abattue sur lui, le percutant de plein fouet.
Autant vous dire qu'avec sa paire de seins ronds et pulpeux, elle lui avait directement tapé dans l'œil…
… Ainsi que le coin d'un des bouquins qu'elle transportait. Il en avait gardé un beau cocard pendant pas moins d'une semaine et ça l'avait pas mal gêné pour jouer au basket, d'ailleurs. Mais heureusement, ça n'avait pas suffi à lui faire louper les sélections de début d'année.
Il fallait dire que la dénommée Momoi était du genre très, très maladroite. Et encore, c'était un bel euphémisme. Elle lui était rentrée dedans sans raison aucune, tandis qu'elle courait dans les couloirs. Pourtant, Aomine avait bien vérifie : le sol parfaitement lustré de l'université était bien sec ce jour-là, donc aucune raison de glisser dessus…
Aomine s'était immédiatement pris d'affection pour elle.
Non seulement elle était sacrément jolie, mais en plus, elle parlait japonais et à vrai dire, il galérait un peu avec l'anglais, alors l'aide de sa compatriote ne serait certainement pas de trop.
Ainsi donc les deux amis étaient affalés sur le sofa en cuir du brun, pendant que ce dernier pianotait sur son smartphone dernière génération, chaussé de ses baskets dernière génération, également. Momoi, de son côté, zappait entre les différentes chaînes de télévision proposées par le câble auquel s'était abonné Aomine.
Ils auraient mieux fait d'aller à la plage… et ce n'était pas faute d'avoir essayé de convaincre le grand basané de sortir…
Parce que, quitte à sécher les cours, autant que ce soit pour faire quelque chose d'intéressant, non ?
« Putain de merde, c'est pas possible, il doit sûrement s'agir d'une erreur ! »
La voix rauque d'Aomine fit soudainement sursauter la rose, l'extirpant de sa léthargie.
« Qu'est-ce qui se passe ? » Demanda t-elle, en se redressant sur le canapé.
A vrai dire, c'était sorti tout seul, mais Aomine n'avait aucune intention de parler de ses problèmes d'argent à Momoi. D'abord, elle ne le croirait sûrement pas, vu l'orgie de luxe qu'il déployait au quotidien et ensuite, la situation précaire de ses finances ne concernait pas la jeune fille. Cependant, il ne faisait aucun doute que Momoi aurait compati très sincèrement. En effet, la belle demoiselle lui avait confié venir d'un milieu encore plus modeste que le sien et Aomine savait qu'elle ne le jugerait pas.
Et puis…
Dans le fond, il ne demandait rien de mieux que se confier à quelqu'un et vu qu'il était seul et désemparé dans ce pays hostile, Momoi était son seul soutien.
C'est sans doute pourquoi, les mots lui échappèrent une fois de plus.
« Mon compte bancaire fait la gueule… »
« Pas étonnant vu la façon dont tu jettes l'argent par les fenêtres. » Le houspilla Momoi, avant de se raviser en constatant que le brun se mettait lui aussi à faire la gueule.
Ca avait l'air plutôt sérieux…
« Fais voir. »
Ce n'était plus une demande cette fois, mais bel et bien un ordre. Une exigence. Une directive. Appelez cela comme vous voudrez. Et avant qu'Aomine n'ait pu réagir ou protester, elle attrapa son téléphone, lui arrachant des mains.
« Oh ! » S'exclama la rose, tandis que l'écran affichait des chiffres bien préoccupants. « Comment tu t'es débrouillé pour en arriver là ? »
Ce n'était pas une réprimande.
La voix aigüe de Momoi trahissait plutôt son inquiétude.
« J'en sais rien… à mon avis, l'application bugue, c'est pas possible autrement. J'ai pas pu dépenser tout ce fric en à peine trois semaines… Enfin bon, c'est pas hyper grave de toute façon, puisque dans quelques jours, on entamera le mois de septembre. Je peux bien attendre un peu le temps que le reste de ma bourse tombe sur ce compte. »
Certes, il avait eu la main un peu lourde. Mais il n'avait qu'à attendre le premier du mois suivant et tout rentrerait dans l'ordre. Il pourrait alors recommencer à dépenser sans compter, comme il l'avait fait depuis son arrivée.
« Je crois que tu ne réalises pas la gravité de la situation, Dai-chan ! Cette bourse d'étude n'est pas comme un salaire qui t'est versé tous les mois ! Ce qui avait été versé sur ton compte représentait la TOTALITE de l'argent qui t'avait été octroyé ! »
« Attends… quoi ? Naaaaaaan c'pas possible, j'suis sûr que tu te plantes. A mon avis, tu t'affoles pour rien. »
« Je ne plaisante pas ! Il ne s'agit pas d'un salaire qui arrive sur ton compte fixement ! Olala… tu as gaspillé en un mois l'intégralité de la bourse qui était sensée te servir pour toute ton année ! »
PANIQUE A BORD ! Aomine fit un bond sur le canapé en comprenant à quel point la conjoncture était critique.
« Mais c'est n'importe quoi ! Comment ça se fait que j'ai pu dépenser une telle somme aussi vite ? C'est qu'une bande d'irresponsables, jamais ils n'auraient du me confier tout ce fric d'un seul coup ! Franchement, quelqu'un aurait du bloquer une partie du pactole pour éviter que j'y pioche trop souvent ! »
Ah ça… c'était un trait de caractère typiquement Aominien que d'accuser les autres. Le brun avait toujours besoin de reporter la faute sur autrui pour se dédouaner, parce qu'il était incapable d'assumer ses propres erreurs, un peu comme un enfant capricieux.
Toujours était-il qu'avoir un bouc émissaire (même factice) ne résolvait pas ses ennuis financiers…
« Comment j'vais faire pour vivre sans un rond, moi ? »
C'était une idée qui ne lui avait jamais effleuré l'esprit jusqu'alors. Avant qu'il ne quitte le Japon, Papa et Maman subvenaient à ses besoins et il n'avait à se soucier de rien. Ses parents géraient de mains de maîtres leur argent.
Malheureusement, c'était un talent qu'ils n'avaient pas transmis à leur progéniture et après toutes ces années de privation, comme je l'expliquais un peu plus tôt dans le texte, Aomine s'était laissé tourner la tête. Hélas pour lui, ce n'était pas au Casino qu'il avait gagné et son train de vie était incompatible avec le montant pourtant correct de la bourse alloué à son confort.
En tous cas, pas question pour Aomine de retourner à une vie de « pauvre » !
« Dans un premier temps, tu pourrais peut-être demander à tes parents de te dépanner d'un peu d'argent… »
Sauf que ses parents étaient loin de rouler sur l'or.
Les solliciter étant donc totalement exclu.
« Non, pas la peine d'y compter, ils n'ont pas les moyens de m'aider et je me refuse à les taxer, de toute façon. Ils ont déjà accompli bien assez de sacrifices pour moi. Va falloir trouver une autre solution. »
« Hmm… dans ce cas, pourquoi ne pas te trouver un petit boulot ? C'est ce que fait bon nombre d'étudiants. »
« Un… job ? Comme quoi ? J'ai jamais bossé de ma vie, moi ! »
« Et bien… par exemple, tu pourrais proposer à des gens de tondre la pelouse ou faire leurs courses, sortir leur chien, garder des enfants, nettoyer leurs piscines et pourquoi pas carrément travailler dans un supermarché… ? Ce ne sont pas les opportunités qui manquent par ici. D'ailleurs, la majorité des élèves du campus exécute ce genre de tâches et ce n'est pas rare que certains aient plusieurs travails en même temps. »
« Ah bon ? »
Là, il tombait des nues.
Travailler ? Comme les masses anonymes ?
Jamais une telle idée n'avait germé dans son crâne d'œuf.
C'était tellement… saugrenu !
Non, vraiment, il n'arrivait pas à s'imaginer mettre les deux mains dans le cambouis. Ce n'était pas pour lui, tout simplement. Travailler, faire des trucs pour les autres, les servir, tout ça… ça ne lui ressemblait tout bonnement pas. Aomine était un être profondément égoïste et il assumait privilégier sa petite personne. Alors, ouais, bien-sûr, ça ne le dérangerait pas d'inverser les rôles et d'avoir une dizaine d'employés vivant à sa botte, prêts à satisfaire ses moindre désirs, mais être dans la peau de ces mêmes employés ben… ça ne l'enchantait pas du tout.
De plus, malgré ses facultés sportives exceptionnelles et son agilité féline, Aomine était paradoxalement assez gauche, incapable de faire quoi que ce soit de constructif avec ses dix doigts. A tel point que s'il se retrouvait à accomplir l'un de ces fameux petits jobs, c'était lui qui risquait de devoir de l'argent à un moment ou à un autre, parce qu'il aurait merdé quelque part.
Adieu salaire, ce serait à lui de réparer les pots cassés (par ses soins). Du coup, cette perspective d'échanger un service comme une rémunération était à purement et simplement à proscrire, l'effort ne faisait pas bon ménage avec sa flemmingite légendaire.
Il allait donc devoir trouver une autre alternative.
« Ouais, mais non. C'est franchement pas une bonne idée, tu vois. »
« Et pourquoi cela ? » Insista Momoi, mains sur les hanches.
« Parce que j'te le dis. Et puis, j'en ai pas envie, donc ça règle le problème. »
Apparemment, cette explication ne satisfit pas Momoi, mais quel autre choix avait-elle à part s'en contenter ? Elle roula donc des yeux et soupira d'agacement, mais ce n'était pas franchement comme si elle avait son mot à dire. Quels que soient ses arguments, ils ne suffiraient pas à convaincre Aomine le borné, alors à quoi bon gaspiller sa salive ?
« Si tu veux mon avis, ce n'est pas avec ce genre de mentalité que tu vas réussir à garder la tête hors de l'eau. Que vas-tu faire quand on t'aura expulsé de cet endroit et que les huissiers auront saisi tout ce que tu possèdes ? »
Et là, Aomine s'imagina l'espace d'un instant dépouillé de ses précieux magazines pornographiques importés du Japon. (ceux avec Mai-chan en double page centrale…) Le teint blême (enfin, tout est relatif hein… disons aussi blême que peut l'être un teint aussi mat que le sien), il s'empressa de chasser cette terrible possibilité de sa tête.
« Tsss… pourquoi tu dramatises ? Jamais ils feront une chose pareille… Enfin, pas tout de suite, quoi. J'ai encore un peu de temps pour voir venir quand même… »
« Tu crois ça ? Ton compte est dans le NEGATIF, Dai-chan ! Tu as déjà un découvert de 400 $ ! »
« Ouais et alors ? C'est bon, un miracle va bien finir par se produire… »
« A ta place, je commencerai à mettre une partie de mes affaires en vente sur Ebay, histoire de combler ne serait-ce que mon découvert… Je peux t'aider à faire le tri dans les affaires dont tu n'as pas besoin, si tu veux. Tiens, regarde, je suis sûre qu'en vendant ne serait-ce que deux paires de… »
« N'y pense même pas. » La coupa t-il sèchement.
« Mais Dai-chan ! »
« Je refuse catégoriquement ! »
« Sois raisonnable ! Tu en as au moins… dix paires ! »
« J'en ai précisément quatorze. Et je considère chacune d'elle comme mes enfants. »
« Mouuh… tu es pire que les filles avec leurs chaussures, ma parole ! »
« Ouais bah c'est comme ça et c'est non négociable. » Trancha Aomine, en se curant l'oreille.
Ah mais !
Elle ne manquait pas d'air celle-là ! N'était-elle pas sensée l'aider ? Alors pourquoi voulait-elle le forcer à se séparer de l'une de ses précieuses paires de basket en EDITION LIMITEE ? Non mais elle était malade, une vraie folle furieuse ! N'avait-elle donc pas de cœur, pour oser vouloir briser une famille unie et le séparer de ses gosses ? C'était bien mal le connaître que d'envisager qu'Aomine puisse se laisser dépouiller de la sorte.
Même acculé, même dans la mouise et dans le caca jusqu'aux narines, pas question de vendre ses préciiiiiiiiiiiiiieuses grolles ! Et même si cela signifiait qu'il devrait aller vivre sous les ponts jusqu'à la fin de l'année scolaire comme un clodo, en portant ses fameuses chaussures autour du cou en guise d'écharpe !
Bref, cette solution là non plus ne lui convenait pas et la liste de ses options s'amenuisait considérablement…
« Ecoute, Dai-chan. Il va falloir y mettre du tien parce que là, c'est extrêmement problématique. Tu n'as pas l'air de réaliser que si tu n'as plus de quoi vivre, tu vas être obligé de rentrer au Japon… »
Et ça, c'était INENVISAGEABLE pour le brun !
Qu'allait-il raconter à ses parents après ? Non, ils seraient beaucoup trop déçus ! Et lui aussi… il s'était juré de jouer en NBA ! Repartir maintenant, la queue entre les jambes à cause d'une mauvaise gestion de patrimoine, ce serait tellement injuste et stupide !
« … sans compter qu'il te faudra rembourser la totalité de la bourse… »
…. Attends, quoi !? C'était nouveau ça ! Jamais personne ne lui avait parlé d'une telle chose ! Et devant sa mine ahurie, Momoi comprit qu'Aomine venait tout juste de prendre connaissance de cette information cruciale.
« … Laisse-moi deviner : de toute évidence, tu n'as pas lu le contrat d'attribution, j'ai raison ? »
« … »
« Bon sang, Dai-chan ! Tu exagères vraiment ! Si toi ou tes parents n'êtes pas en mesure de rembourser tes dettes, le comité qui gère les bourses scolaires à l'étranger pourrait décider d'engager des poursuites judiciaires ! Et ça pourrait aller très loin, jusqu'en prison même ! C'est vraiment ça que tu veux pour toi et ta famille ? »
Bien-sûr que non, ce n'était en aucun cas ce qu'il désirait ! Et au vu du montant de cette bourse, il faudrait des années à ses parents pour éponger son crédit. C'était vraiment une somme faramineuse pour eux… Aomine ne pouvait donc pas se permettre de mettre ses parents dans l'embarras.
« Et merde, qu'est-ce que j'vais faire alors ? J'peux pas… repartir comme un loser… pas si près du but… J'ai dit à tout le monde que j'allais devenir une star, qu'est-ce qu'on va penser de moi ? » Se lamenta t-il, en passant nerveusement une main dans ses cheveux.
Attendrie, Momoi caressa son épaule en signe de compassion. Puis, d'un seul coup, elle se leva sans hésiter pour aller fouiller dans son sac, dont elle extirpa non sans mal un carnet de chèques.
« De combien as-tu besoin à peu près ? Est-ce que tu as réglé tous tes frais de scolarité ou pas encore ? »
« Attends, tu fais quoi là ? »
« Ca ne se voit pas ? Tu m'as demandé de t'aider et c'est exactement ce que j'essaie de faire ! »
« Non, je refuse ! Toi aussi t'as besoin d'argent et peut-être même encore plus que moi ! »
« C'est bon, je te dis ! Donne-moi juste un chiffre ! »
Pas question de le laisser dans la panade ! Aomine était son unique ami ici, son repère, son compatriote. S'il l'abandonnait, elle allait se retrouver seule et perdue à nouveau. A cause de sa beauté et de son accent très prononcé, Momoi s'était retrouvée isolée dès le premier jour. Personne ne voulait lui parler. Personne ne s'intéressait à elle, en dehors de quelques garçons à l'esprit mal placé.
Alors qu'Aomine, lui, l'avait prise directement sous son aile, sans aucune arrière-pensée. Sa présence fraternelle la rassurait, il la soutenait constamment et même s'ils ne se connaissaient que depuis peu, ils partageaient déjà tout, les joies comme les peines. Leur lien était déjà très fort et solide, sans doute grâce à leurs origines et à leur milieu social communs.
« Non, désolé, mais j'peux vraiment pas accepter. » Fit le brun, en constatant qu'elle lui tendait un chèque.
« Prends-le ! »
« Satsuki… »
« Quoi, ce n'est pas assez pour toi ? »
Elle ajouta alors un zéro supplémentaire au bout et Aomine ne put refuser face à son insistance. Elle se calma donc, car les larmes commençaient à poindre dans ses prunelles.
« C'est bon… tu me rembourseras plus tard, je ne suis pas pressée. »
« Je regrette, mais faire la manche c'est pas mon truc. J'veux pas de ta charité ! » Décréta brusquement Aomine, qui avait fait mine d'accepter le morceau de papier, pour mieux pouvoir le déchirer et en faire des confettis, sous le regard médusé de son amie.
« Dai-chan ! Ce n'est pas de la charité, je le fais par solidarité, nuance ! »
« Pour moi, ça revient au même ! J'suis sûr que j'peux m'en sortir seul. J'ai pas envie d'être redevable à quelqu'un, j'avais qu'à mieux gérer mon fric et… tiens, c'est un nouveau sac ? »
Il ne le remarquait que maintenant et vu la manière dont Momoi piqua un fard, Aomine comprit qu'il venait de toucher du doigt un sujet sensible. La maroquinerie semblait assez luxueuse, du moins, s'il en jugeait par le signe affiché sur le cuir. Une grand marque française de haute couture rien que cela et vu la qualité affichée, Aomine doutait qu'il s'agisse d'une contrefaçon.
A bien y réfléchir d'ailleurs, cela faisait un petit moment qu'il voyait Momoi se balader avec ce genre de riches ornements. Dès leur rencontre, ils étaient allés faire ensemble les boutiques, dans le but de trouver une paire de basket neuve à Aomine et la rose lui avait confié sa passion dévorante pour le shopping, passion plutôt incompatible avec ses moyens très limités. Cependant et depuis environ deux semaines, il avait noté que son amie portait un nouveau sac ou de nouvelles chaussures (celles à la semelle rouge si célèbre…) à chaque fois qu'ils se croisaient, quand ce n'était pas carrément (bon, pas aujourd'hui, cela dit…) un collier neuf et les boucles d'oreilles en diamant assorties.
Pas étonnant qu'elle ait si spontanément proposé de lui faire un chèque, si l'on se fiait à ses onéreux atours. Dire que quand il avait fait sa connaissance, elle portait des ballerines trouées parce qu'elle n'avait pas de quoi s'en offrir de nouvelles. (« C'est ça ou alors je suis obligée de sauter un repas », lui avait-elle-même confié, non sans une pointe de gêne. Suite à quoi il lui avait d'ailleurs payé à manger.)
Cela n'expliquait cependant pas comment elle pouvait se permettre de faire de telles dépenses.
Avait-elle soudainement gagné au Loto ? Ou touché un gros héritage ?
Ou alors… elle avait trouvé un bon filon, un petit boulot qui rapporte bien.
Mais lequel ?
« Oi, t'as braqué une banque ou quoi ? » Rit-il, légèrement amusé par sa blague.
Ah oui. L'approche « brute de décoffrage » fut l'option que retint Aomine.
Sauf qu'en constatant que cela ne faisait pas rire Momoi, il comprit qu'il venait de toucher un sujet sensible. (Et au passage, elle ne s'énerva pas non plus. Dire qu'il avait craint un instant de se prendre un violent coup de sac de sa part…)
Pour toute réaction, la jeune fille baissa la tête.
Wow.
Voilà qui fit craindre le pire au brun ! Aurait-il vu juste avec cette hypothèse farfelue.
« Putain Satsuki, dis quelque chose ! J'vais m'imaginer des trucs louches sinon ! »
« Assis-toi. » Exigea t-elle d'une voix douce.
Mais sans relever la tête hein, faut pas déconner non plus !
Aomine cligna des yeux un court moment, avant de s'exécuter sagement. Bon et puis, il fallait dire qu'il était déjà assis aussi, forcément, ça aidait. Cependant, la rose se mura dans son silence, évitant même son regard.
« Bon tu m'expliques là ? Parce que je commence à flipper grave… »
Le silence (anormal) de Momoi n'avait en effet rien de rassurant. D'habitude, la rose était un véritable moulin à paroles, mais cette fois, son mutisme en disait long.
« T'as des ennuis ? C'est rien d'illégal, au moins ? » Insista Aomine, posant gentiment sa main sur celle de son amie.
Il était à son tour réellement inquiet, mais prêt à aider.
« Avant toute chose, tu dois me promettre que ce que je vais te dire ne changera rien entre nous et que tu ne me jugeras pas. »
Elle s'abstint d'ajouter le sempiternel « tu ne devras en parler à personne », parce que pour Momoi, cela allait tout naturellement de soi. La beauté asiatique prit une dernière profonde inspiration avant de se lancer.
« Alors voilà, il y a dix jours de cela à peu près, j'étais en train de lire des articles sur le Web pour préparer mon cours de sociologie. Et tu sais ce que c'est quand on commence à traîner sur Internet, de fil en aiguille, on peut facilement se perdre et dériver de notre recherche initiale… »
« Ouais. » Répondit simplement Aomine, pour lui montrer qu'il voyait où elle voulait en venir.
Ne lui lâchant pas la main, il la laissa reprendre à son rythme, sans faire pression.
« J'ignore encore comment, mais je me suis retrouvée sur un forum qui mettait en relation avec des hommes, mais pas n'importe lesquels… »
« Heu genre… comme un site de rencontres ? »
Bah quoi, il n'y avait rien de mal à cela, après tout. Lui aussi, ça lui était arrivé d'aller voir du côté de ces sites pour adultes. Pas qu'il espérait trouver l'âme sœur ou une connerie de ce genre, mais ça passait le temps. Et puis parfois, ça permettrait aussi – n'ayons pas peur des mots – de se vider les couilles, parce que la majorité des filles présentes sur ces applications étaient assez chaudasses dans les souvenirs tenaces du brun.
Ca valait mieux que la drague de rue où tu n'es pas sûr que la fille que tu vas accoster ne va pas te coller une gifle… En ligne, c'était un véritable supermarché de chair plus ou moins fraîche, disponible ET réceptive. Et il y en avait pour tous les goûts. De quoi se laisser tenter à plus d'un titre, assurément.
Aomine n'avait utilisé ce genre d'applis qu'à quelques occasions, mais à chaque fois, il n'avait très vite plus su où donner de la tête… Il faut dire qu'avec sa peau chocolatée, ses traits virils et son corps de rêve, le brun avait son petit succès auprès de la gent féminine. Surtout en ligne, là où ces demoiselles ne pouvaient pas l'entendre parler (vulgairement. Et puis, l'avantage, c'est qu'il pouvait réfléchir plus longtemps à ses réponses avant de les écrire, contrairement à une conversation vocale en temps réel), ni le voir se gratter frénétiquement le service trois pièce ou encore se curer le nez avec une élégance toute relative, bien entendu.
« En quelque sorte. »
« Et donc ? » S'impatienta un tout petit peu Aomine.
« Disons qu'il ne s'agissait pas d'un site traditionnel, comme je te l'ai expliqué. Les hommes présents sur ce site, ainsi que quelques femmes, même si elles sont en minorité, ne recherchent pas vraiment l'amour. Enfin, parfois. Mais pas toujours... »
Elle marqua à nouveau pause, nerveuse. Sa main tremblait légèrement. Aomine ne voulait pas la presser, mais d'un autre côté, il avait besoin de savoir.
« Ce que j'essaie de te dire, c'est que... Hmm... Dai-chan aurais-tu déjà entendu parler de « sugaring » par le plus grand des hasard ? Parce que ça m'aiderait beaucoup là. »
« Non, jamais. Mais ça doit avoir un rapport avec la bouffe, vu le terme. »
La rose laissa échapper un petit rire. L'ignorance d'Aomine avait au moins le don de détendre l'atmosphère.
« Pas du tout. Ah que c'est compliqué ! Je vais néanmoins essayer de faire simple. La raison pour laquelle j'arrive à me payer toutes ces affaires sans travailler et malgré une bourse des plus modestes, c'est parce que... je suis actuellement la sugar baby d'un sugar daddy. »
« What ? » Répondit Aomine qui, décidément, en perdait son japonais.
« C'est de cela qu'il est question sur le site. Tu vois, en échange de ma compagnie, des hommes plus âgés et riches acceptent de m'offrir des cadeaux onéreux ou de l'argent. »
Alors là.
Aomine s'attendait à tout sauf à cela.
Il resta bouche bée pendant un moment, sans réaliser que c'était extrêmement impoli ET gênant pour cette pauvre Momoi, qu'il avait pourtant promis de ne pas juger. Il tenta donc de se reprendre.
Mais pas exactement de la bonne façon...
« Attends, c'est de la prostitution ton truc !? » S'écria la panthère brune.
CASH.
Plus direct, tu meurs... Et pour la subtilité, on repassera aussi.
« Non ! » Nia Momoi avec véhémence.
Et un petit coup de sac à main dans les chicos en prime. Ah le fameux coup qu'Aomine n'attendait plus. Mais qui était bien mérité, néanmoins.
« Le sexe n'est pas une obligation ! Certains sugar daddies sont juste à la recherche d'un peu d'amitié, de quelqu'un qui puisse leur faire la conversation et passer du temps avec eux parce qu'ils se sentent très seuls, tu vois ? »
« Pas trop, non. Pour moi, ils t'achètent donc ça revient à une forme de prostitution, même sans sexe. »
« Dans ce cas, tout travail est assimilable à de la prostitution, si l'on suit ton raisonnement bancal ! » S'emporta Momoi.
« C'est pas pareil. Et en plus, tu viens de me dire que seulement « certains » étaient en manque de contact humain... Ce qui veut dire que tous les autres cherchent uniquement du cul ! »
« C'est comme pour l'escorting, ce n'est pas systématique. Tu es simplement rémunéré pour une prestation et je te signale que c'est le cas pour n'importe quel boulot ! » Se défendit-elle davantage.
« Tout ce que je vois, moi, c'est que ça ressemble à une belle saloperie et pas très légale, de surcroît. Des vieux dégueulasses grabataires qui bandent mous... essayant de brancher des jolies et jeunes nénettes qui ont l'âge d'être leurs filles, voire même leurs petites filles, en échange de fric... tout ça parce qu'ils sont plein aux as... je trouve ça assez sale. C'est même franchement révoltant de voir qu'ils sont prêts à abuser de leur pouvoir et de leur argent pour obtenir des faveurs, quelles qu'elles soient ! » Lâcha Aomine, assez choqué pour ce que venait de lui confesser son amie.
« Ok, puisque tu le prends comme ça, je m'en vais. »
« Quoi ? »
« C'est bon, j'en ai assez entendu. Je ne suis pas venue ici pour me faire juger, ni pour que tu me fasses la morale. J'ai choisi cette « activité » en connaissance de cause et je l'assume pleinement. Si je t'en ai parlé, c'était uniquement pour t'aider et parce que je voulais être sincère envers toi ! »
« Putain, Satsuki ! Tu vas quand même pas te barrer comme ça !? »
« Donne-moi une seule bonne raison de rester ! » Exiga t-elle, en se levant déjà pour partir, son sac Louis Vuitton bien serré contre elle. « Je t'ai dit ce que tu voulais savoir, maintenant laisse-moi tranquille ! »
« Ok, ok... J'ai peut-être été un poil agressif et maladroit. » Reconnut-il. « Mais c'est uniquement parce que je me préoccupe de ton bien-être. J'pense juste que tu vaux mieux que ça et... »
« Ecoute Dai-chan, ce travail je l'ai choisi. Personne ne me l'a imposé. On ne m'a pas forcée ! » Le coupa la rose.
« D'accord, mais... tu avoueras que c'est un « travail » plutôt inattendu... Quand on parle de job étudiant, ce n'est pas franchement à ça qu'on pense de prime abord. » Exposa t-il plus calmement, afin de ne pas la braquer.
« Peut-être bien, mais aucun autre petit boulot ne pourrait m'offrir tous les privilèges auxquels j'ai droit avec celui-ci. »
« Admettons. Tu veux bien... me raconter plus précisément comment cela se passe, enfin, grosso modo ? »
Pas que ça l'intéresse réellement en terme d'options pour lui, mais il voulait surtout s'assurer que Momoi savait ce qu'elle faisait et qu'elle ne risquait rien.
« Et bien, malgré ce que tu sembles croire, c'est une activité très encadré. Il y a des règles d'utilisation draconiennes à respecter et ce, dans les deux sens. Tout d'abord, il est conseillé de passer par ce site. Tu dois donc t'y inscrire et remplir ton profil, sans tricher. Au bout de douze heures environ, il sera validé ou rejeté par un administrateur. Puis, à partir de là, tu pourras commencer à discuter avec les sugar daddies qui sont intéressés par toi. Oui, car ce sont toujours eux qui font le premier pas, ça leur donne l'impression d'avoir le contrôle et ils adorent ça. Le site ne permet pas de contacter directement un sugar daddy, il n'y a qu'eux qui peuvent venir vers toi. Répondre à leurs messages ne t'engage à rien mais si l'attirance est réciproque, vous pourrez choisir de vous rencontrer et si vous vous convenez, il faudra signer un contrat dont les termes sont à définir entre les deux parties. Ce n'est encore une fois pas obligatoire, mais il est vivement recommandé de ne pas négliger cet aspect-là. Mais ne t'en fais pas trop pour l'aspect juridique, le site fournit déjà des modèles très complets et divers, consultables et imprimables en ligne. »
« Et c'est tout ? Ca semble limite trop facile... Enfin, je veux dire... qu'est-ce qui se passe si genre... ton sugar daddy essaye de te forcer à avoir des rapports sexuels non consentis avec lui ? Ca doit arriver, non ? »
« Comme je te l'ai déjà expliqué, c'est très réglementé. Le site ne fait pas que mettre en relation les babies et les daddies, il assure également un suivi très sérieux derrière. Si un sugar daddy tente d'abuser de toi, qu'il te maltraite ou qu'il refuse de te payer, tu peux passer par les administrateurs pour porter plainte. Mais j'ai entendu dire que ce genre de situations arrive très rarement, car les profils sont très surveillés, en particulier pour les sugar daddies au moment de l'inscription, justement pour éviter ce genre de désagréments susceptibles d'écorner la réputation du site. Les administrateurs n'acceptent que la crème de la crème et uniquement les personnes sans aucun antécédent de violences, ni casier judiciaire. D'où l'intérêt de passer par cet intermédiaire, justement. C'est un peu comme une sorte d'agence quelconque qui te mettrait en relations un prestataire et un client, il faut le voir ainsi. »
« Je vois. » Répondit le jeune homme, un peu plus rassuré. « Mais du coup, comment ça se passe concrètement ? Y a une cotisation mensuelle à payer pour s'inscrire ? »
« Le site est entièrement gratuit pour les sugar babies. Seuls les sugar daddies doivent payer pour avoir le droit de nous contacter. »
« Et donc ça se passe bien pour toi ? T'es sûre hein ? »
« Oui. » Elle esquissa un sourire doux. « Très bien, même. J'ai beaucoup de succès, si tu veux tout savoir ! »
« J'en doute pas... une belle fille comme toi... »
« Ca doit plaire à tous ces vieux cochons, forcément... » Pensa t-il, sans oser le dire de peur de la froisser définitivement.
« Je n'ai pas à me plaindre, c'est vrai ! »
« Et hmm... pour le sexe ça se passe de quelle façon... t-tu couches, alors ? »
Non, parce que c'était quand même LA question qui lui brûlait les lèvres depuis que Momoi avait abordé le sujet (et ce n'était même pas par curiosité malsaine !), car apparemment, il ne s'agissait pas d'une obligation, mais Aomine en doutait fortement.
« Dai-chan ! » S'empourpra t-elle. Pas vraiment crédible après ce qu'elle venait de lui raconter, mais bon, elle se reprit instantanément. « Le sexe n'est pas obligatoire, même s'il est encouragé. C'est en effet le meilleur moyen de se faire de l'argent plus rapidement. Les sugar daddies ont tendance à se montrer plus généreux envers un baby qui accepte de leur accorder quelques faveurs intimes. »
Devant l'air circonspect d'Aomine, elle s'empressa d'ajouter :
« … Mais c'est vraiment comme pour n'importe quel rendez-vous galant, hein ! Si vous vous plaisez mutuellement, alors vous couchez ensemble et si ce n'est pas le cas et bien... chacun repart de son côté ! Mais tu sais, en général, ce sont des hommes vraiment charmants, triés avec grand soin et même quand le physique ne suit pas, ils sont tellement cultivés et intéressants qu'il est facile de se laisser séduire. »
Wow une vraie commerciale ! C'est qu'elle arriverait presque à le convaincre, dites donc !
A se demander si elle percevait une commission pour promouvoir le site...
« Mais t'as pas répondu à ma question... Ca t'est arrivé à toi de baiser avec un de ces mecs ridés ? »
Même s'il se connaissait déjà la réponse, cette partie-là l'intriguait vraiment parce que malgré tous les beaux discours utopistes de Momoi, Aomine doutait sincèrement que des vieux riches se contentent de tailler une bavette avec une jeune et jolie étudiante. Ca semblait trop beau pour être vrai et Aomine restait méfiant. La seule chose qui intéresse les ¾ des mecs inscrits sur ce genre de sites – quel que soit leur âge – c'est le cul. C'est bien connu et même vieux comme le monde, alors Aomine avait du mal à croire que ceux-là étaient différents... Car si tel était le cas, ils rechercheraient plutôt la compagnie de bonnes femmes de leur âge et de leur milieu social.
« Ca va, hein, ils ne font pas tous partis du club du troisième âge non plus ! » Elle soupira. C'était assez intime comme sujet, mais elle en avait déjà trop dit, alors autant continuer sur sa lancée. « Mais... oui, il m'est déjà arrivé de coucher avec certains de mes sugar daddies, si tu veux tout savoir. » Déclara Momoi de but en blanc.
« Quoiiiiiiiiiiii ? Parce que t'en as eu plusieurs !? » S'étrangla à moitié Aomine.
« C'est plus rentable ainsi ! Mais rassure-toi, je n'en ai jamais plus d'un à la fois. C'est juste que pour le moment, je ne ressens pas le besoin de me « poser » avec un seul sugar daddy en particulier. J'aime bien butiner à droit, à gauche, mais si ce n'est pas ce que toi tu cherches, il est tout à fait possible d'opter pour une relation exclusive. »
Ouais, donc en gros, Satsuki michetonnait quoi... Mais il avait promis de n'émettre aucun jugement et après tout, ce mode de vie semblait très bien convenir à la rose, qui profita de cette courte pause pour se remettre du gloss pailleté à la cerise.
« Bon écoute, je peux commencer par te donner l'adresser du site, ça ne t'engage à rien d'aller y jeter un œil. Tu regardes, tu te fais ta propre opinion et si tu as d'autres questions, on en discute. Oh ! Et pendant que j'y pense, il y a une soirée de charité organisée deux jours. D'après Richardson-san, mon sugar daddy du moment, il y a aura plein d'autres hommes et de femmes qui sont des sugar daddies potentiels, alors décide-toi vite si tu veux m'y accompagner ! J'y vais déjà avec Richardson-san et je peux m'arranger pour que ton nom figure sur la liste des invités. Ce serait sympa si tu venais pour voir un peu la façon dont cela se passe. Certains daddies sont plus à l'aise virtuellement, mais d'autres ont besoin d'avoir la personne en face d'eux pour tisser des liens et c'est pourquoi ce genre de soirées existent, même si celle-ci est non-officielle. En général, le site en organise aussi, environ deux fois par mois. »
Sortant un carnet de son grand sac de marque, elle griffonna rapidement dessus l'adresse du domaine (qui répondait au doux nom fort original de « SugarDidi »), puis elle arracha la page et la déposa sur la table basse du brun, avant de se diriger vers la sortie.
« Et puis si tu viens, tu pourras voir que les daddies ne sont pas tous grabataires... bien au contraire ! Certains ont à peine trente ans, même s'ils constituent une minorité, car en général, il faut du temps pour devenir riches, mais avec les nouvelles technologies, on en voit de plus en plus, d'après les statistique du site. »
La porte d'entrée claqua, laissant derrière elle un Aomine encore plus largué qu'il ne l'était avant.
Mais comme son taux d'endettement menaçait de crever le plafond (et par curiosité aussi hein, faut pas se leurrer), le jeune homme décida quand même de jeter un œil sur ce fameux site. Allumant son vieil ordi dans sa chambre, il alla faire un tour dessus. Ce qu'il y vit le rassura, mais ne lui plut pas pour autant. Il y avait des centaines, peut-être des milliers de profils disponibles, mais ils ne pouvaient être consultés qu'après l'inscription. Aomine décida donc de sauter le pas, après tout, ce n'était pas comme s'il s'engageait à ce stade. Disons plutôt qu'il venait de s'asseoir à la table d'un restaurant huppé et qu'il consultait juste le menu, avant de choisir s'il allait commander ou non.
Parce que... et bien, pour être honnête, il n'était pas sûr d'être capable de sauter le pas...
Au Japon, il avait bien flirté avec deux ou trois mecs, mais rien de bien sérieux, car son truc à lui, c'était les filles.
… Mais au vu du minuscule nombre de femmes inscrites sur ce site en tant que sugar mummies, (ou plutôt « momies » vu le nombre de liftings ratés qu'elles avaient reçu et les séances d'U.V. qui les faisait ressembler à des carottes géantes...) le brun comprit qu'il allait devoir apporter quelques concessions à son régime alimentaire en le variant un peu...
D'ailleurs, il fit un peu la gueule lorsque le site lui demanda sans autre forme de procès s'il avait déjà joué au petit train avec un autre homme et si oui, dans quelle position (plutôt « locomotive » ou « wagon ? »). C'était assez troublant, même pour lui. Cette approche directe ne le déconcerta cependant pas et il inscrivit qu'il était plus ou moins novice en la matière, n'ayant jamais dépassé le stade des caresses.
Et de la fellation aussi, quand même. Qu'il avait reçue, hein, n'allez pas vous imaginer des trucs... d'ailleurs, il ne savait pas réellement s'il serait prêt à inverser les rôles de ce côté-là, mais en tous cas, il avait une expérience suffisante en la matière pour savoir à peu près comme cela se passait entre deux mecs.
Merci la surconsommation de films porno !
Chose plutôt cool, même si son profil n'avait pas encore été validé, Aomine pouvait déjà se connecter dessus pour regarder les profils des sugar daddies présents. Le seul inconvénient, c'est qu'il ne pouvait pas encore les contacter tant que son profil n'avait pas été activé par un administrateur. En toute franchise, là, il se sentait un peu comme au clochard au supermarché : il pouvait baver devant la viande (plus si fraîche...) du rayon boucherie, mais interdiction de remplir son caddy.
Aussi bizarre que cela puisse paraître, ce domaine semblait parfaitement légal. Aomine ne décela rien d'anormal, en tous cas, rien qui puisse le différencier à première vue d'un site de rencontres lambda, si ce n'était l'âge de la plupart des participants. Et encore... ce n'était pas si flagrant.
Faisant rouler la molette de sa souris sous ses doigts, il commentait chaque profil d'un « moche » « hmm... non, moche... » « waaah dégueu ! » « … encore plus moche... » « c'est vraiment une femme, ça ? »
Bref, il n'avait pas le coup de cœur pour le moment.
Il décida de laisser tomber pour ce soir et d'aller se remettre de ses émotions en matant un petit porno des familles tranquillou Billou dans son lit. Un film X gay, évidemment, histoire de se mettre dans l'ambiance, suite à sa petite visite sur le site. C'était plus logique quand même, parce que vous la tronche des vieilles morues qui posaient dessus avec les nichons défiant la gravité (dans un sens, comme dans l'autre...), Aomine avait très vite compris qu'il allait devoir se tourner vers les hommes s'il espérait pouvoir se faire entretenir.
Chose amusante d'ailleurs, les sugar daddies pouvaient choisir de renseigner le montant de leurs revenus annuels. Une façon comme une autre de pécho plus facilement. Après tout, pourquoi pas. Certains sugar babies devaient être du genre vénal et si ça pouvait les aider dans leur quête du vidage de kette justement...
Il soupira.
Voici qu'il n'excluait plus totalement de se mettre à michetonner pour gagner du fric...
Putain, il était tombé bien bas, mais avant de se coucher dans son lit pour une petite séance de mano a mano avec Daiki Junior, il jeta un dernier coup d'oeil, non pas au site, mais au poster accroché juste au dessus de son lit...
C'était un des rares souvenirs qu'il avait conversé et rapporté du Japon. Déjà, cette affiche trônait dans sa chambre d'adolescent et ses coins écornés témoignaient de son vécu. Mais aux Etats-Unis, ce poster avait une signification toute particulière et encore plus forte.
Une résonance.
Car il s'agissait d'un joueur de basketball.
Et pas n'importe lequel.
Le numéro 10 des Clippers de Los Angeles.
Celui qui avait donné ses lettres de noblesse au basket nippon.
Le premier Japonais à avoir joué à un tel niveau en NBA et à avoir durablement marqué ce sport.
Le célèbre Takeru Kagami, power forward inarrêtable !
Aomine avait toujours nourri une admiration sans faille pour lui. C'était son modèle, son idole et le brun enviait sa carrière exemplaire.
C'est pourquoi Aomine avait absolument tenu à emporter ce poster si cher à son cœur. C'était comme un porte bonheur et il était persuadé qu'ici, l'image de Takeru Kagami agissait à la manière d'un ange gardien, veillant sur lui et son succès futur en NBA.
Rien que pour cela, il ne pouvait pas se permettre de repartir au Japon, sans avoir au moins tenté d'accomplir sa destinée.
Il était si proche du but qu'il s'était fixé...
Alors si pour l'atteindre, il était contraint d'écarter un peu les cuisses (mais pas trop non plus hein...), le jeu en valait peut-être la chandelle...
Le lendemain matin, il fut réveillé aux aurores non pas par le chant des oiseaux, mais par les vibrations de son téléphone.
En effet, il avait passé la première étape : son profil avait été accepté. Il avait pris un selfie un peu l'arrache pour l'alimenter et apparemment, elle avait beaucoup plu, puisqu'il était assailli de demandes ! Décidant de ne pas en rester là pour augmenter sa cote de popularité, il trafiqua quelques photos (des nudes qu'il avait envoyé à une fille de son cours de Droit...) afin qu'elles respectent la charte du site et passent la frontière de la modération, puis il les posta avec fierté sur son profil. Elles en montraient juste assez pour ne laisser plus aucune place à l'imagination, tout en restant relativement correctes. (en tous cas, suffisamment pour être acceptées par les administrateurs...)
Il fallait dire qu'Aomine était doté d'un charme exotique assez rare dans cette région du mode et grâce à son physique impeccable, sportif et élancé, il faisait fureur depuis son arrivée aux Etats-Unis. Il n'avait en effet jamais aucun mal à rentrer accompagné de ses petites virées lorsqu'il le souhaitait. Autant dire que la donne avait pas mal changé par rapport à sa vie au Japon. Sur l'archipel, les filles étaient plus timorées et il n'avait pas tant de succès que cela.
Mais ici, waouh ! C'était le jour et la nuit, l'opposé total ! Il emballait à tour de bras, c'était même presque trop facile. Aucun challenge. Son petit accent et son anglais approximatif faisaient des ravages sur la gent féminines. La majorité des filles n'était pas farouche en Californie et ça changeait pas mal de choses pour lui. En bien, évidemment. A dire vrai, il avait même perdu son pucelage ici, le jour de son arrivée en plus.
Bon, il ne se rappelait plus vraiment des détails et encore moins des prénom et visage de la fille qui avait eu l'honneur de lui décapsuler le Tic Tac, mais en tous cas, du peu qu'il se souvenait, ça avait été vraiment, vraiment cool. A tel point qu'il avait remis ça le soir suivant, incapable d'attendre et cette fois, en pleine possession de ses moyens, car la veille il avait un peu trop abusé de l'alcool local. (une première là encore, pour lui.)
Et en moins d'un mois de présence sur le territoire américain, il avait enchaîné les conquêtes, inlassablement, les enfilant comme des perles (dans tous les sens du terme). Mais Aomine ne s'était pas arrêté là. Les filles d'ici lui faisaient tourner la tête à peu près autant que l'inverse était vrai, alors il en avait profité A FOND. Et par là, j'entends bien-sûr le fait que le brun ne s'était pas contenté de se vider les bourses allègrement avec tout ce qui portait une jupe.
Ohhh que non.
Il avait également expérimenté à peu près tout ce qui se faisait en matière de sexe. Plans à trois ou quatre (avec des filles uniquement), fellations, sodomies, sadomasochisme, bifles, orgies, sumata, accessoires, fétichisme, glory hole, jeux de rôle, drogues, alcool, cream pie, (ceci est sensé être une liste non exhaustive) tout y était passé ou quasiment. C'est qu'il avait du retard à rattraper sur sa vie prude d'antan !
Et vous voulez connaître la meilleure ?
Lorsqu'il serait riche et célèbre grâce au basket, ce serait encore plus faciiiiile de tomber les filles comme des mouches. Plus aucune ne lui résisterait. Plus aucune ne refuserait le moindre de ses fantasmes, même les plus inavouables. Il deviendrait alors comme l'un de ces sugar daddies du site, qui lève de la gazelle à ne plus savoir quoi en faire, juste en claquant des doigts...
Face à la tentation qui se trouvait à tous les coins de rues, Aomine avait un mal fou à se canaliser et il était bien décidé à en abuser tant que cela durerait, surtout sans ses parents derrière lui ou qui que ce soit pour critiquer son mode de vie et lui faire la morale !
Sauf que pour l'instant, il n'était pas une star du ballon orange. Très loin de là même.
Et de plus, son compte en banque en berne ne risquait plus de l'aider à séduire personne...
Quand ils nana se montrait un peu trop réticente, il était déjà arrivé à Aomine d'allonger un petit billet ou un dîner trucculent pour s'assurer ses faveurs. (même s'il était rare que ses proies chipotent au moment de passer à la caisse)
Finalement ouais, il ne valait déjà pas mieux que ces types libidineux inscrits sur le site...
Un porc.
Un abominable (et minable) porc.
… Mais était-ce de sa faute si toutes les gonzesses étaient vénales ?
Qu'est-ce qu'il y pouvait, franchement ? Ce n'était pas comme s'il avait fixé lui-même les règles du jeu... Aomine ne voyait pas ce qu'il pourrait se reprocher, c'était la loi de la jungle et il ne faisait que tirer son épingle du jeu et prendre sa revanche sur son passé peu reluisant de puceau sauvage.
Merde, rendez-vous compte tout de même ! Il avait du attendre dix-huit ans passés pour connaître la chaleur d'un vagin (autre que celui de sa pauvre mère) ! Ce n'était pas rien et cela méritait d'être pris en considération, avant d'exiger qu'il soit cloué au pilori !
Quoiqu'il en soit, sa petite notoriété sur le site le fit reconsidérer ses prétentions. (son profil avait été consulté plus de huit cent fois en quelques heures – majoritairement par des hommes - et il avait reçu une bonne vingtaine de déclarations enflammées.)
Aomine décida de donner une chance à l'un des gars qui l'avait accosté par message privé. Le type n'était pas trop mal sur sa photo de profil. Il semblait plutôt grand, athlétique et bronzé , ce qui n'était pas pour lui déplaire. De tout façon, en matière d'hommes, Aomine n'avait pas encore vraiment de préférences marquées. Ce n'était pas comme avec les filles où peu lui importait la couleur des cheveux, tant qu'elles avaient une bonne paire de boobs.
Bon ok, en vrai, siii, il avait bien UNE exigence capillaire concernant les garçons (surtout ceux de cet âge-là !) et elle ne concernait pas leur couleur, mais bel et bien leur existence. Sortir avec un mec chauve ou en pleine calvitie, c'était niet ! Si ces mecs étaient suffisamment friqués pour entretenir des petites pépés siliconées, ils l'étaient donc bien assez pour s'acheter des cheveux.
Ou du moins, une perruque !
C'était le minimum pour espérer le séduire, parce que côté compte en banque, celui de ce Monsieur semblait bien garni.
Lui et ce mec (un certain Edward Stevens, mais était-ce son véritable nom ?) échangèrent des banalités, sans toutefois vraiment entrer dans le vif du sujet. C'était assez différent de Tinder ou de Grindr où les approches se résumaient bien souvent à un « est-ce que tu baises ? » des familles. Mais bon, ce petit jeu du chat et de la souris n'était pas pour déplaire à Aomine au final. Ca le changeait un peu, ça apportait du neuf quoi.
Le courant passa assez bien pour qu'ils acceptent de se rencontrer. Oui, directement. Et croyez-moi, je suis assez sympa pour vous avoir épargné leur tchat insipide et sirupeux. En tous cas, il avait fait bonne impression à Aomine. Le type présentait bien et il parlait bien. Son aisance avec les mots faisait qu'il était parvenu à neutraliser toute méfiance de la part du beau brun musclé. Enfin, pas tout à fait.
Pas folle la guêpe, Aomine opta pour un lieu de rencontre public, (sur les conseils de Momoi, hein, pas que l'idée soit venue de lui, faut pas exagérer non plus !) qui n'était autre que la fameuse soirée caritative dont lui avait parlé rose. L'homme lui confirma qu'il y avait été convié, rien d'étonnant, vu qu'il devait être pété de tunes.
Et pour le reste, Aomine ne se posa pas trop de questions...
Surtout pas sur des détails techniques tels que : « qui va se faire emmancher dans notre pseudo-couple ? »
Ah mais ! Il n'était pas dit qu'il allait accepter de coucher avec Stevens de toute façon ! Tout au plus, comptait-il se laisser tripoter et encore, ça, c'était uniquement si le gars lui plaisait vraiment ! Aomine n'avait perdu son pucelage avec les filles qu'il y a quelques semaines et il se sentait encore trop « frais » pour franchir le pas avec des hommes. Bien-sûr, il était curieux et tout, mais ça ne le dispensait pas d'une certaine appréhension.
Il n'eut cependant pas le temps de s'attarder sur ces considérations purement matérielle que déjà, il recevait un SMS de Momoi. (en réponse au sien : « Le poisson est ferré. »)
De : Satsu
A : 11h27
« Parfait ! Gros ou petit ? »
Auquel il s'empressa de répondre avec sa délicatesse habituelle :
De : Dai-chan
A : 11h28
« J'en sais rien, j'ai pas encore osé lui demander de me déballer sa queue. Ca me paraissait un peu prématuré, même pour moi, ça fait à peine dix minutes que je le connais, après tout. »
De : Satsu
A : 11h28
« Aaaaaah Dai-chan ! Espèce de cochon ! Je ne te parlais pas de la taille de ses attributs virils, mais de ce qu'il fait dans la vie ! Quels sont ses revenus annuels ? »
Tsss... c'était un concours ou quoi ? En quoi ça la regardait de toute façon ? Oh mais... elle voulait sans doute se comparer avec les « poissons » qu'elle avait elle-même réussi à attraper dans ses filets auparavant du style : « Haaan il gagne moins de 100000 dollars par an ? Pfff... mais c'est un pauvre ma parole ! Pas assez rentable, NEXT ! »
De : Dai-chan
A : 11h30
« Il travaille dans la finance, je crois. C'est bien, ça, la finance, non ? Ca doit rapporter un max ! »
Oui, parce que ça, il avait quand même osé lui demander par contre.
Business is business, comme on dit.
En tous cas, Aomine trouvait que ça en jetait grave. Il était plutôt impressionné par le travail de son prétendant, ce qui était déjà un bon point pour leur future hypothétique ou hypothétique future relation.
De : Satsu
A : 11h31
« LOL. Que tu es naïf, on voit que tu viens tout juste de t'inscrire... Alors comme ça, il bosse dans la finance, hein ? C'est ce qu'ils disent tous... »
De : Dai-chan
A : 11h31
« Oh putain... j'suis vraiment con, j'aurai du me douter qu'il me menait en bâteau. »
Il était déçu, mais Satsuki avait raison. La finance, c'était très vague. Ca pouvait vouloir dire tout et n'importe quoi ! Si ça se trouvait, c'était un vendeur à la sauvette ! Ben oui, le site n'allait très certainement pas jusqu'à demander une copie de la feuille d'imposition de ses souscripteurs... N'importe quel gars pouvait très bien prétendre gagner un million de dollars par an, pas moyen de le vérifier... C'était d'ailleurs très certainement ce que ferait Aomine s'il s'inscrivait en tant que sugar daddy.
De : Satsu
A : 11h31
« Ne sois pas trop dur envers-toi même, c'est facile de se tromper au début, mais ne te laisse pas duper. A mon avis, ton sugar daddy a juste de l'expérience, il ne doit pas être novice sur le site... »
De : Dai-chan
A : 11h32
« Et c'est pas bien ? Enfin, je veux dire, c'est une mauvaise chose ? »
De : Satsu
A : 11h32
« Pas nécessairement. Mais je te déconseille quand même de lui donner des informations trop privées ou personnelles. Oh et essaie de discuter avec lui par mails, en priorité. Tu pourras lui communiquer ton numéro de téléphone plus tard, lorsque vous aurez établi une relation de confiance, mais surtout pas avant de l'avoir rencontré en vrai au moins une fois ! »
Dieu que c'était compliqué toutes ces règles intrinsèques... Aomine avait l'impression de nager dans une mer infestée de requins qui avaient juré se perte. Heureusement, il bénéficiait des conseils avertis d'une habituée.
De : Dai-chan
A : 11h32
« Ok, merci Satsu. J'en prends bonne note. »
De : Satsu
A : 11h32
« C'est juste que certains sugar peuvent se montrer collants et insistants, c'est pourquoi il est important de les remettre à leur place dès le départ ! »
Elle avait l'air de s'y connaître et de maîtriser son sujet. Aomine se demanda si c'était parce qu'elle était déjà mal tombée ou suite à une mauvaise expérience. En tous cas, le site ne mettait en garde contre aucun comportement, pas plus qu'il ne préconisait une conduite particulière à adopter. Les astuces de Momoi étaient donc les bienvenues. Mais bon, il ne fallait pas se leurrer.
Aomine essayait avant tout l'application par désarroi et par curiosité. Il n'était même pas dit qu'après sa rencontre avec Stevens, il continuerait à fréquenter le site. Après tout, ce n'était pas comme un bar dont tu squattes la terrasse en matant les filles et qui t'obligerait à consommer, si tu ne veux pas t'en faire virer à coups de lattes dans l'arrière train.
Son téléphone vibra à nouveau, le sortant de ses pensées.
De : Satsu
A : 11h38
« Au fait, tu sais déjà ce que tu vas mettre demain soir ? »
De : Dai-chan
A : 11h38
« Pas trop non. Jt'avoue que j'y ai pas encore réfléchi. Sûrement mon jean slim noir et mes Jordan's bleu roi. »
De : Satsu
A : 11h39
« Tu plaisantes là j'espère ? »
De : Dai-chan
A : 11h40
« Bah... non. T'as cru que j'allais me pointer en costard ou quoi ? »
De : Satsu
A : 11h40
« A vrai dire, ce ne serait pas une mauvaise idée... C'est une soirée très classe, tu risques de te faire refouler à l'entrée, si tu n'es pas sur ton 31. »
De : Dai-chan
A : 11h41
« Et puis quoi encore ? De toute façon, j'ai pas de smoking et j'ai pas non plus les moyens de m'en payer un actuellement. »
De : Satsu
A : 11h42
« Je connais justement une boutique où on peut louer à la journée ce genre de costumes. Ca te coûtera moins cher que de l'acheter définitivement ! »
De : Dai-chan
A : 11h43
« Ok, je marche. Mais à condition que tu m'offres le repas ! J'ai plus un sou pour bouffer... »
De : Satsu
A : 11h42
« Ca me va. Rendez-vous vers 16h devant chez toi ! A tout à l'heure Dai-chan ! ^_^ »
Sacrée Satsuki ! Elle arrivait toujours à le faire plier. Mais Aomine était plutôt content de lui, il avait bien négocié sa petite affaire avec ce repas à la clé. Parce que connaissant la rose, ils en avaient pas des heures à faire les magasins, vu que c'était sa grande passion. D'ailleurs, Aomine allait sûrement être de corvée de sacs.
Et ça n'avait pas loupé...
…
Ouais...
Voilà comment il s'était retrouvé aux portes de cette soirée...
Au moins, il avait bien mangé suite à sa petite virée shopping avec Momoi, donc bon, même si son rendez-vous avec Stevens se passait mal, ce serait toujours ça de pris.
Mais tout de même... Il balisait à mort maintenant... Pas qu'il ait peur de ne pas être à la hauteur, mais admettons qu'il ne plaise pas à Stevens ? Ou qu'au contraire, il lui plaise un peu trop ? Bon, ça ne servait sans doute à rien de se poser des questions, il verrait quand il serait, mais en attendant ça ne l'empêchait pas de stresser.
Il portait un costume classique et sans fioriture composé d'un pantalon bleu nuit et d'un blazer assorti, qui mettait en valeur la couleur de ses yeux et les reflets dans ses cheveux. Ainsi que son teint mat sans défaut. Momoi avait insisté pour qu'il mette une cravate, mais c'était beaucoup trop formel pour lui et puis, il en avait porté avec son uniforme durant tout le lycée. Au passage, notez qu'il était toujours parfaitement incapable de faire un nœud correct et que sa mère s'en occupait toujours pour lui.
Mais ici, point de maman chérie pour voler à son secours. C'était donc le seul détail sur lequel il était parvenu à faire reculer Momoi. Mais elle lui avait tout de même imposé une chemise noire, là où il aurait préféré mettre un simple T-shirt. Oh et puis, la veste était un peu étriquée, sans doute parce que là aussi Momoi avait eu son mot à dire. En effet, la rose entêtée s'était chargée de le convaincre qu'un vêtement moulant flatterait davantage sa silhouette féline.
Comme convenu, Momoi le prévint qu'elle et son cavalier arriveraient plus tard. De toute façon, Aomine savait pertinemment qu'elle n'aurait pas beaucoup de temps à lui consacrer, puisqu'elle risquait de ne pas quitter son « Richardson-san » de la soirée, trop occupée qu'elle serait à jouer les potiches de luxe.
Comme convenu également, Edward Steven lui envoya un mail pour l'avertir de sa présence sur les lieux. Apparemment, son prétendant était déjà arrivé et Aomine se présenta au vigile qui le fouilla sommairement en lui souhaitant une bonne soirée.
La villa qui accueillait la fête non, pardon, le DOMAINE même, était IMMENSE. Vraiment. Il y avait plusieurs hectares de jardin parsemé de palmiers et d'arbres en fleur. Malheureusement, dans la pénombre et malgré quelques projecteurs, on n'arrivait pas à bien distinguer les couleurs dans le jardin. Couleurs qu'Aomine devinait pourtant aussi variées que flashy. Mais qu'importe, il n'était pas venu ici pour faire de la botanique, de toute manière.
Derrière la villa (construite sur une colline d'où l'on pouvait entendre et apercevoir l'océan...), se trouvait l'obligatoire piscine éclairée par de néons bleus. Impossible de la louper, tant elle se trouvait mise en évidence. Tout puait le fric ici, même le moindre détail et le malaise (mesurable sur la fameuse échelle de Carrefour Villejuif, les vrais savent...) qui accaparait Aomine ne fit que s'accroître au fil de ses découvertes, toujours plus grandiloquentes. Il n'était pas à sa place ici. Le patio de la villa était composé d'un dôme de verre de plusieurs mètres de haut qui donnait vue sur le ciel dégagé et étoilé.
Jamais Aomine n'avait plus les observer aussi distinctement à Tokyo, même en été et par temps clair.
C'était sûrement l'air de la mer qui éloignait la pollution. Au loin, on pouvait pratiquement apercevoir les lettres « HOLLYWOOD ». Pas de doute, le brun se trouvait bel et bien à Los Angeles. Mais ce cadre étonnamment préservé et.. « naturel », pouvait laisser penser le contraire, tant la végétation de la propriété était luxuriante. L'organisateur de la soirée était certainement riche à millions. Ah bah, comme tous les convives qui arpentaient la maison, en fait.
Tous, sauf lui, puisque Momoi n'était pas encore arrivée.
Et son absence commençait à se faire ressentir. Aomine s'interrogeait même sur la légitimité de sa présence ici, lorsque... son téléphone vibra, lui indiquant qu'il avait reçu un mail... de la part de « Stevens », justement. L'homme l'attendait à l'intérieur de la villa, dans le patio où se trouvait la réception et donc, la plupart des invités. Aomine soupira. Il venait d'apercevoir un petit terrain de basket, derrière la villa.
Etrange, il ne s'attendait pas à faire cette trouvaille atypique ici, il faut dire que ça dénotait pas mal avec le reste du décor. Un instant, Aomine envisagea d'aller y faire quelques paniers. Résister à l'appel du ballon orange était extrêmement difficile pour Aomine, tant il était passionné par ce sport, mais il y renonça cependant. La raison de sa présence ici était toute autre et il ne devait surtout pas se laisser distraire de son objectif.
Même pour du basket.
Aomine gagna donc la villa et plus précisément, le patio. Le hall était noir de monde. Les hommes portaient des costumes chics et les femmes avaient revêtu leurs plus beaux atours entre bijoux étincelants et robes flamboyantes. Tout le gratin de la ville et peut-être de la région semblait réuni ici. Mais Aomine décida de ne pas se laisser impressionner et il se fendit la foule pour retrouver Stevens.
Bizarrement, il ne le vit pas ou plutôt... il ne le reconnut pas.
Mais l'homme, lui, ne le loupa pas.
« Daiki ? »
Cette voix un peu pédante et chevrotante lui donna des frissons de dégoût sans qu'il ne sache pourquoi, si bien qu'Aomine hésita à se retourner pour faire face à son interlocuteur.
Il le fit quand même et regretta aussitôt son geste.
Car la sentence fut inéluctable. (à la façon d'un aventurier de Koh Lanta qui se faire éliminer sèchement par ses camarades.)
Edward Stevens se trouvait derrière lui.
Mais apparemment, il avait été victime d'un « petit » accident capillaire durant la journée, parce que contrairement à ses photos, là, il arborait une belle calvitie bien entamée et les lumières de la salle se reflétaient dessus, faisaient luire son crâne de manière peu attirante. L'autre « détail » qui « attira » immédiatement le regard d'Aomine (pour rester dans le même champ lexical) fut son ventre bedonnant.
Ah ouais et vous ai-je parlé des magnifiques TÂCHES BRUNES DE SOLEIL qu'il arborait sur la tête aussi ? Bref, trop sexy quoi. Aomine retroussa le nez en signe de dégoût quand le mec fit un pas vers lui. Et vous voulez savoir le pire ? Stevens le détailla de la tête aux pieds et il se passa la langue sur les lèvres de manière obscène, signe qu'il appréciait GRANDEMENT ce qu'il voyait.
« Tu es encore plus beau que sur tes photos... »
Ce dont Aomine doutait absolument, étant donné qu'il s'affichait à moitié à poil sur celles qu'il lui avait envoyé ! Mais bon, ce vieux pervers (qui avait au moins quinze ans de plus que sur sa photo de profil en vrai !) essayait de le flatter, c'était évident. Et Aomine comprit alors, trop tard, qu'il aurait du se méfier davantage.
Certes, le site était peut-être réglementé par bien des aspects, mais les administrateurs étaient dans l'incapacité matérielle de savoir si les inscrits mentaient sur les informations personnelles, y comprit leurs photos et malgré la signature de la charte du site qui imposait l'exactitude des renseignements fournis au moment de l'acceptation des conditions générales d'utilisation.
Bref, c'était la merde totale pour lui.
Et la petite lueur lubrique qui brillait dans le regard de Stevens ne disait rien qui vaille à Aomine.
Ce mauvais pressentiment se confirma lorsque le vieux chauve à rouflaquettes en plus (non mais, sérieusement, qui en porte encore de nos jours, à part dans « Les Chevaliers du Zodiaque » ?) lui posa une main sur l'épaule pour l'embarquer avec lui, telle sa chose !
Putain, il devait fuir et vite !
« Et si on allait discuter à l'étage ? Il y a des chambres, on sera plus tranquilles... »
Ah ouais, donc il lui proposait direct d'aller niquer quoi.
OKLM.
De mieux en mieux, putain ! Finalement, ce foutu site pseudo-sélectif ne valait pas mieux que Meetic and co... Hélas ce genre d'endroit semblaient toujours fréquentés par les mêmes dalleux pervers.
Mais pas question de se se faire avoir, Aomine connaissait la musique !
« Enlève tes sales pattes de là, vieux shnock ! » Le repoussa la panthère. Le tout, dans un anglais aussi baragouiné qu'approximatif. « J'irai nulle part avec toi, c'est mort ! »
« Mais, enfin, je ne comprends pas ! Nous avions passé un accord ! J'ai même pris de l'argent sur moi pour te payer ! Allez, viens avec moi et je te donnerai 3000 dollars, si tu me laisses te caresser un peu ! Tu n'auras rien à faire, c'est moi qui m'occuperai de tout ! » Erectua le petit bonhomme tout rond, en devant tout rouge de colère.
… 3000 dollars... ? Sérieusement ? Juste pour du pelotage ? C'était valait carrément le coup... heu... non, attends... ! Aomine se souvint à temps qu'il n'était pas une marchandise ! Du moins, pas encore... Il recula donc et fronça des sourcils, l'air menaçant.
« La seule partie de mon corps que tu vas pouvoir toucher si tu continues gros dégueulasse, c'est mon poing dans ta face de lune ! Alors lâche-moi si tu ne veux pas perdre le peu de tifs qu'il te reste encore ! »
« Quoi ? Tu oses me dire non !? C'est un scandale ! Attends un peu que j'en informe les administrateurs du site, ils vont te bannir sans hésiter, espèce de petit allumeur qui ne respecte pas ses engagements ! »
« Hey gros con, j'tai jamais rien promis, moi ! C'est toi qui t'es fait un plan tout seul ! Maintenant dégage avant que ce ne soit moi qui le fasse ! »
Aomine le poussa plus sèchement cette fois et il n'hésita pas à brandir son poing serré pour montrer qu'il était foutrement sérieux à l'idée d'envoyer Stevens à l'hôpital. Ccourageux mais pas téméraire, le type recula et Aomine le bouscula violemment pour quitter la salle. Mais il renonça très vite à la possibilité de se frayer un chemin parmi les badauds de plus en plus nombreux et agglutinés, alors, il rebroussa chemin par l'arrière de la villa afin de gagner du temps et sortir plus vite. (et tant pis pour Momoi, hors de question de l'attendre après ce qui venait de se produire !)
Il avait besoin d'air !
Cependant, Aomine était bien loin d'imaginer que sa petite altercation pas franchement subtile avec Stevens avait justement attiré l'attention du maître de maison, qui se trouvait non loin de la scène. Profitant du départ du jeune prodige sportif, l'homme s'approcha de Stevens, prétextant qu'ils avaient à parler d'un sujet urgent, tous les deux...
En privé.
Et à en juger par la mine déconfite du vieux cochon, la discussion risquait fort de ne pas tourner à son avantage...
Pendant ce temps, bien décidé à lever le camp sans perdre une minute de plus, Aomine déboula par la porte de derrière. Il était encore choqué et tremblant de rage, mais aussi un peu de peur. Il savait se défendre, par chance, mais il pensa instinctivement à Momoi. Comment la jeune fille aurait-elle fait pour s'arracher à ce vieux pervers, si par malheur elle s'était trouvée à sa place ? Aomine frémit rien qu'à cette évocation. Qu'est-ce que c'était que ces connards qui pensaient que leur fric pouvait tout acheter, même d'autres êtres humains ?
Profondément révolté sur le coup, Aomine dévala la colline qui le conduisait à la sortie à toute vitesse. Si bien qu'il ne regardait pas franchement devant lui, lorsqu'il percuta un autre type, qui avait eu la mauvaise idée de se trouver sur son chemin tandis qu'il fuyait le dragon chauve. La collision fut si brusque que le gars en renversa carrément le contenu de son verre sur la veste de location d'Aomine...
Manquait plus que ça !
C'était vraiment le pompon sur la Garonne de cette soirée cauchemardesque !
La cerise sur le gâteau à la merde !
L'éjaculation faciale sur le... hmm... non... rien.
Quoiqu'il en soit, Aomine se vautra misérablement, s'étalant de tout son long dans l'herbe... et pour cause, parce que le mec qu'il avait bousculé était... en fauteuil roulant.
Ce qui n'empêcha pas Aomine de l'agresser en beauté, malgré son handicap pourtant bien visible.
« Rien de cassé ? » Demanda l'autre gars, à peine plus âgé que lui.
« Oi enfoiré ! Tu peux pas regarder ou tu vas ? »
« Hey ! C'est toi qui m'as foncé dessus connard, moi je bougeais même pas ! » Se rebiffa l'handicapé.
Aomine se redressa pour lui faire face et même si le type devait être à peu près aussi grand que lui et toiser les deux mètres de haut en temps normal (C'est-à-dire debout), il paraissait ridiculement petit, assis dans sa chaise roulante. C'était sans doute ce qui expliquait qu'Aomine ne l'ait pas vu durant sa tentative de fuite. Ajoutez à cela la pénombre relative du jardin et le fait que le brun était perdu dans ses pensées au moment de la collision et vous obtenez la raison pour laquelle l'handicapé avait renversé son verre de vin (à en juger la couleur violacée) sur Aomine, tâchant au passage son blazer de location...
« Putain c'est pas vrai... ma veste... elle est complètement foutue ! T'as une idée de combien elle coûte, tête de gland ? »
Putain... Aomine n'était pas sûr qu'un teinturier arriverait à la récupérer...
« Ca t'apprendra ! La prochaine fois, tu regarderas devant toi au lieu de rêvasser, grand couillon ! »
Les insultes fusaient de toutes parts.
Un vrai festival.
D'ordinaire, l'autre jeune homme aurait proposé de payer pour les dégâts occasionnés, mais vu la façon dont lui parlait Aomine, l'infirme n'avait plus du tout envie de faire le moindre geste envers l'inconnu qui avait trébuché sur lui !
Aomine serra les dents, l'air franchement mauvais. Cette soirée était un fiasco sur toute la ligne et voici qu'un connard d'handicapé venait lui faire la moral et foutre ses comptes un peu plus dans le rouge, à coup de rouge renversé sur ses fringues justement !
« Ferme ta gueule, t'as d'la chance d'être une saloperie d'éclopé, sinon, j'me serai fait une joie de te rectifier le portrait ! »
« Ouais bah te gêne pas, si tu crois qu'tu m'fais peur ! C'est pas parce que t'as encore tes deux jambes, que t'as le droit de te conduire comme un sale facho ! »
« Oh putain... j'ai vraiment passé une soirée de merde, alors ne me tente pas, sinon tu vas te retrouver aux urgences avant même d'avoir pu comprendre ce qui t'arrivait, Iron Man ! »
« D'abord, c'est pas Iron Man qui est en fauteuil roulant, mais le Professeur Xavier, gros naze ! Révise tes classiques, parce que de toute évidence, tu ne les maîtrises pas ! »
C'est alors qu'Aomine remarqua un détail qui lui avait échappé jusque là...
Le gars avait un ballon de basket posé sur les genoux.
Coïncidence providentielle pour régler leur conflit.
Tiens, tiens, ça donnait une idée au brun...
« Ah ouais ? Bah j'vais te montrer un truc que je maîtrise bien mieux que toi, en revanche... »
Sur ces bonnes paroles, Aomine lui déroba son ballon avant même que le garçon n'ait eu le temps de réagir. Les réflexes d'Aomine étaient vifs comme l'éclair, décuplés par sa colère et sa frustration.
« Amène-toi sur le terrain, si t'es un homme ! Le premier à cinq points gagne le duel et devra présenter des excuses à l'autre... »
« Non mais c'est quoi ce délire !? Tu t'prends pour qui !? Rends-moi mon ballon ! »
« C'est ça, compte dessus et bois d'leau ! Si tu le veux tant que ça, viens le récupérer ! »
Aomine s'empressa de se mettre en position sur le terrain, jetant sa veste meurtrie (qui risquait de le gêner dans ses mouvements) sur le gazon. Il allait lui montrer de quel bois il se chauffait et ce qu'il en coûtait de vouloir en découdre avec le grand Aomine Daiki, future star du basketball !
« Au cas où tu aurais la mémoire défaillante, j'te signale que j'suis en fauteuil roulant, tronche de cake ! » Protesta l'autre.
« Ouais, et alors ? C'est pas une excuse valable ! T'as toujours tes deux mains et tes deux yeux, non ? Donc, tu peux viser le panier ! Pas besoin de tes jambes pour ça ! »
« Rends-moi mon ballon... » Redemanda t-il, calmement, mais la mâchoire serrée.
« Affronte-moi d'abord. A moins que t'ait perdu tes couilles aussi, en même temps que tes jambes ? A quoi ça te sert d'avoir un ballon, si tu joues même pas avec ? T'es débile ou juste un peu con ? » Le provoqua Aomine, en faisant tourner l'objet rond sur son son index.
L'handicapé se rapprocha du terrain, osant finalement y pénétrer malgré ses réticences. Et là, Aomine ne lui laissa plus la moindre chance de se débiner. Il fondit sur lui comme un prédateur, dribblant furieusement. Le gars essaya bien de lui barrer la route, mais sans succès. Aomine était le plus agile. L'avantage (privilège) d'avoir encore ses deux jambes sûrement... Il se fraya sans mal un chemin jusqu'à l'arceau et marqua un remarquable panier.
« 1-0 pour moi ! » Sourit-il avant de reprendre le ballon.
Pas question de le laisser à l'homme de fer, il serait capable de se barrer avec en laissant Aomine en plan. Or, le brun avait grand besoin de se défouler suite à la désillusion de cette soirée. Et également, il n'allait pas passer à côté d'une bonne occasion d'apprendre le respect à ce type. Qu'est-ce qu'il foutait avec un ballon de basket d'ailleurs, s'il était incapable d'y jouer ? Quelle grosse tanche... Heureusement, Aomine allait lui enseigner la vie.
Première règle : on ne se frotte pas à plus fort que soi, sous peine de manger la poussière.
Aomine l'avait appris à ses dépends lorsqu'il était enfant et qu'il se plaisait à se frotter aux « grands ». Ces derniers ne lui avaient pas fait de cadeau, malgré son jeune âge. Alors Aomine ne voyait pas pourquoi il en ferait à cet asiatique en fauteuil roulant. Après tout, c'était LUI qui avait cherché la merde en premier, pas le brun ! La prochaine fois, il fermerait peut-être son claque merde au lieu de jouer les caïds... Aomine comptait bien lui soutirer des excuses en bonne et due forme. Et si cela passait par une petite humiliation bien défoulant, pas de problème, c'était même encore mieux !
Le fougueux basané adopta la même tactique, profitant de sa vitesse de réaction (limitée par le fauteuil roulant, chez son adversaire) et il fonça à nouveau vers le panier. Mais cette fois, l'autre se montra moins passif. Visiblement lassé des insultes du brun, il s'arrangea pour freiner brusquement lorsqu'il repassa devant Aomine, laissant traîner volontairement une de ses jambes.
Aomine n'eut pas le temps de stopper sa course à temps et ce croche-pied sournois l'envoya au tapis cruellement. A cet instant, le roux tira parti du temps de latence de son rival, qui se trouvait toujours au sol, pour lui rouler sur la main... Ce qui arracha un cri de douleur (et quelques craquements sinistres de fort mauvaise augure) à Aomine, tandis que le type esquissa un tir franc (un peu maladroit et mal assuré) en se plaçant juste en dessous du panier. Action qui se solda par une franche réussite.
« Un partout, abruti ! » Siffla l'autre asiatique amèrement. « Et c'est pas fini, je vais m'occuper de ton autre main de la même façon, on verra bien si après ça tu continues à te prendre pour le nouveau Michael Jordan ! »
Le tout, accompagné d'un fort sympathique doigt d'honneur.
Alors ça... Il allait lui payer ! Bordel, si cet enfant de putain lui avait ruiné les phalanges et qu'il ne pouvait plus jouer à cause de cela, Aomine allait le tailler en charpies ! Le fauve sombre se releva donc, fou de rage. Son pantalon était troué au niveau du genou gauche et il saignait même légèrement, tant la chute avait été violente. Couvert de poussière et de graviers, Aomine lança un regard mauvais à l'autre.
Il allait lui faire passer l'envie de se foutre de sa gueule...
La colère aveugle empêchait Aomine de voir qu'il s'agissait d'un coup de chance. Normalement, le ballon n'aurait jamais du rentrer dans le cerceau, vu la façon dont avait été exécuté le tir, sans grande conviction qui plus est. Mais l'adrénaline et la vengeance donnent des ailes, paraît-il.
En particulier, aux handicapés privés de leur jambes pour sauter.
L'esprit combatif d'Aomine reprit le dessus avec une telle virulence qu'une aura malfaisante se mit à émaner de lui. Des éclairs bleutés zébraient ses prunelles, le plongeant dans un état second. Dans la zone, tous ses sens étaient décuplés, mais ce sale con sur deux roues l'avait cherché.
Pas de quartier.
Aomine avait besoin d'un coupable.
Aomine avait besoin de passer ses nerfs sur quelqu'un.
Pas de bol, c'était tombé sur cet handicapé, qui n'avait rien demandé à la base.
« Fais ta prière, gamin... » Souffla Aomine, dans un état second et sans réaliser que le gars en face de lui était légèrement plus âgé.
D'aucun vous dirait qu'entrer dans la Zone face à un joueur lambda (n'étant pas en pleine possession de ses moyens, de surcroît) était assimilable à de la triche, mais Aomine s'en moquait bien à cet instant. Tout ce qu'il désirait, c'était le faire se pisser dessus de peur.
Mais face à lui, son concurrent avait gardé les yeux fermés, ne paraissant pas du tout impressionné, tandis qu'il reprenait son souffle.
Lorsqu'il les rouvrit en posant son regard rubis sur Aomine, ce dernier comprit pourquoi l'handicapé ne se laissait pas submerger par l'angoisse. Et également pourquoi il était parvenu à marquer malgré sa condition physique défectueuse.
Des flammes foudroyantes dansaient dans ses pupilles, faisant écho à l'électricité du brun.
« Nan... ne me dis pas que... cet estropié aussi connaît la "Zone", lui aussi ? Et il peut y entrer en plus ? Ca devrait être physiquement impossible pour lui, normalement. » Pensa Aomine, méfiant.
Néanmoins, il recouvra un sourire moins malveillant. Voici qui rendait le duel bien plus intéressant si l'autre possédait également de telles capacités ! La Zone n'était accessible qu'à une poignée d'élus. Une chose était sûre, HandiMan n'était pas un type comme les autres ! Non, au contraire, c'était même un très sérieux client !
Comme quoi, on ne le dira jamais assez, mais il ne faut définitivement jamais juger un livre à sa couverture, aussi rongée par les mites soit-elle...
Il ne s'agissait plus d'un simple match, mais bel et bien d'une bataille d'ego.
Le tigre (à cause de ses sourcils bifide zarbi) contre la panthère !
« Intéressant, je ne savais pas que les sous-hommes inférieurs pouvaient entrer dans la "Zone"... » Le défia à nouveau Aomine.
« Et moi, je ne savais pas non plus que les babouins en étaient également capables. Pourtant, tu en es la preuve vivante... » Asséna l'autre avec répartie.
Répartie qui ne fut pas du goût d'Aomine et suffit à mettre le feu aux poudres. La panthère (ou le singe ?) s'apprêtait à bondir sur sa proie, sans lui laisser la moindre chance mais...
… Une fois de plus, à cause de cette vilaine habitude qui consistait à se donner en spectacle, Aomine avait fait du grabuge et attiré du monde.
Un grand type brun avec une queue de cheval les interrompit de sa voix grave.
« Taiga ! Rentre immédiatement à l'intérieur, on t'attend pour souffler les bougies et couper le gâteau ! »
« Mais Andy... ! » Protesta le rouge, en se départant de son aura agressive.
« Pas de mais. Dépêche-toi ! Ton père te cherche partout depuis plus d'une heure et il risque d'être furax ! »
« Tsss... évidemment... Et il n'a pas pensé à venir me chercher ici, au terrain de basket... Enfin, c'est normal, j'imagine... Même lui ne me croit plus capable de jouer... »
« Oh c'est bon, écoute ton pote Andy et arrête de faire ta chialeuse ! Retourne vite voir ton gentil papounet, car il va finir par s'inquiéter sinon, Tigerrr... non mais sérieusement, c'est quoi ce blase à la mords-moi l'nœud ? C'est en voyant tes sourcils que la sage-femme t'a baptisé comme ça à la naissance ou quoi ? » Se moqua Aomine, histoire d'enfoncer le clou.
Le roux lui jeta une oeillade assassine et l'autre type aussi. Le genre de regard qui vous hurle « casse-toi de là, on t'a assez vu. » Et Aomine était bien de cet avis également. Dommage, il aurait bien voulu continuer à ridiculiser le dénommé Taiga. Ou Tiger. Dans tous les cas, pas étonnant que ce soit un perdant avec un prénom pareil. Aomine comprit que sa présence sur les lieux était indésirable (pour une fois) et il reprit donc sa route en direction de la sortie.
Si cet handicapé de malheur ne l'avait pas alpagué dans sa tentative de fuite, il serait déjà loin depuis bien longtemps. Sûrement en train d'écumer les bars pour essayer de se faire offrir un verre. Tiens, d'ailleurs, le gobelet en plastique de Taiga était toujours là, posé par terre. Et par chance, il restait encore un fond de boisson dedans. Aomine se pencha pour le ramasser et il le descendit d'une traite, sans se poser de question.
« Ah l'enflure... » Maugréa Aomine, avant de tout recracher.
C'était du jus de raisin.
Décidément, quel looser ce Tigrou... Même pas capable de boire de l'alcool comme un vrai bonhomme !
Alors qu'il regagnait (pour de bon, il l'espérait, cette fois.) le portail qui le conduirait à la liberté, dans l'espoir d'oublier au plus vite cette soirée ratée, une voix masculine l'interpella de nouveau.
Aomine accéléra ses pas, avant de s'arrêter net.
Putain, si c'était encore ce gros porc de Stevens, il allait le sentir passer cette fois.
Le prodige de Tokyo n'avait plus la moindre once de patience à revendre.
Tendu, le brun se retourna brusquement et décrocha un violent coup de poing à son agresseur.
Mais ce dernier n'était ni Stevens, ni un amateur, puisqu'il le neutralisa facilement.
« Jolie droite. Et jolies traces de roues dessus également. »
La voix et les yeux de son interlocuteur se firent rieurs. Et Aomine frissonna en rencontrant son regard.
Jamais il n'avait vu un homme avec des yeux rubis aussi profonds. Ils tiraient sur le bordeaux, de la même couleur que ses cheveux, entremêlés de mèches noires de jais. Aomine fut à la fois surpris et fasciné par la facilité avec laquelle il avait stoppé son attaque. Ce mec avait des réflexes aiguisé pour son âge. Seules quelques rides d'expression sur son visage trahissaient ses quarante années bien entamées.
Sa petite barbe de trois jours combinée à des traits asiatiques lui conféraient un charme animal. Celui de la maturité. Il en imposait, naturellement. L'homme ne lâchait pas son poignet, le gardant prisonnier entre ses long doigts. Il portait un costume simple, sans blazer et sa chemise blanche mettait son teint doré par le soleil en valeur. De plus, elle moulait admirablement son torse fort et ses épaules bien bâties.
Etrangement, Aomine avait l'impression d'avoir déjà vu ce bel homme mûr quelque part...
Mais où ? Impossible de s'en rappeler... Pourtant, un tel étalon ne s'oublie pas.
Son visage lui était familier et l'éclat qui brillait dans ses yeux aussi.
Sa main irradiait d'une douce chaleur.
« Heu... c'est rien, juste un léger incident . » Maudit Taiga... « Ca va passer. » Assura Aomine, en se dégageant doucement.
« Tu t'en vas déjà ? La fête commence à peine pourtant... »
« Ouais mais... j'viens d'me rappeler que j'ai des choses à faire demain... comme... me lever pour aller en cours, ce genre de trucs, quoi... »
Toute la belle confiance en lui qu'affichait habituellement Aomine semblait s'être évaporée face au regard de braise du bel inconnu.
« Oh, tu es étudiant ? »
« Je vais à l'Université de Californie et c'est ma première année et je viens de loin, alors j'ai pas le droit de la foirer. »
« Vraiment ? Ah j'avais deviné à ton accent que tu n'étais pas américain. Est-ce que par hasard... Nihonjin desu ka ? »
Le cœur d'Aomine fit un bond dans sa poitrine.
Du Japonais !
ENFIN, C'EST PAS TROP TÔT !
Sa langue natale commençait à lui manquer par ici...
Se pourrait-il que ce délicieux Eraste partage les mêmes origines que lui ?
« Oui. Vous aussi ? »
« C'est exact. Mais ça fait quelques dizaines d'années que je vis ici maintenant. » Répondit-il en japonais, afin que la conversation se poursuive dans cette langue.
« Oh. »
« Mais tu n'es pas obligé de me vouvoyer. Je m'appelle Takeru et toi ? »
« Aomi... je veux dire, Daiki, Daiki Aomine. Mais j'ai tellement l'habitude qu'on m'appelle par mon nom de famille ahah... »
« Daiki, hein ? C'est un très beau prénom pourtant. »
« Vous trouvez ? M-merci... »
ET VOILA.
IL ROUGISSAIT !
Comme une fille !
La honte... Face à un vrai mâle, Aomine perdait ses moyens comme la première midinette venue.
Sûr que s'il était une gonzesse, sa culotte serait déjà toute trempée d'excitation !
« Et bien, Daiki... ou peut-être préfères-tu que je t'appelle Aomine ? »
« C-c'est comme vous voulez... »
« Dans ce cas, ce sera Daiki pour moi. Bref, je disais donc, Daiki, tu était si pressé de partir, que tu allais en oublier ta veste. Ce serait dommage, elle va si bien avec la couleur de tes beaux yeux, alors je me suis dit que j'allais la récupérer pour toi et te la ramener. »
Ah ouais, exact ! Aomine se remémorait l'avoir enlevée et laissée sur la pelouse pour jouer contre ce faible de Taiga.
« Merci... »
« De rien. Par contre, elle est tâchée... Oh et tu saignes aussi, tu t'es fait mal au genou ? »
« Oh... faites pas attention à ça non plus. »
« J'imagine que c'est arrivé en même temps que l'accident de roues. »
Sa voix était doucereuse, envoûtante, virile. Rien à voir avec la voix de fausset de cet imbécile de Stevens !
« On peut dire ça. »
« Attends, je vais chercher de quoi désinfecter ça. »
« N-non, c'est pas la peine. Vraiment ! »
« Bon d'accord, mais laisse-moi au moins te rembourser la veste. »
« Vous n'avez pas à le faire. »
« Je sais. Mais j'en ai envie. »
Bon sang, Aomine se sentait hypnotisé, incapable de détourner le regard, buvant les paroles de son sauveur.
« Ok... »
« Laisse-la moi et je te la ferai rapporter plus tard. »
« C'est que... c'était un costume de location... Je risque d'avoir des problèmes si je ne le rends pas à temps. »
« Dans ce cas, je vais demander à ce qu'on te le fasse nettoyer sur le champ. »
« Wow. V-vous pourriez vraiment faire cela ? »
« Oui, mais à condition que tu me laisses soigner ta jambe. »
« Jamais vous lâchez l'affaire vous ! » Rit un peu Aomine.
« Non, jamais. Lorsque je désire quelque chose très fort, je n'abandonne pas jusqu'à ce que je l'ai obtenue. »
Tiens, c'était un trait de caractère qu'ils avaient en commun.
« J'sais pas si c'est une bonne idée que je reste ici... »
« Si tu t'en fais pour ce sale type qui te poursuivait de ses assiduités, tu n'as plus rien à craindre, je m'en suis occupé personnellement. »
« Stevens ? » S'étonna Aomine, en clignant des yeux. « Qu'est-ce que vous lui avez fait ? »
« Trois fois rien, rassure-toi. Je l'ai juste un peu menacé en lui rappelant les dettes qu'il a envers moi. »
« Tain vous êtes un yakuza ou un maffieux ou quoi ? »
« Ahaha ! Non, non, rien de tout cela. Mais disons que j'ai quelques connexions avec des personnes haut placées. »
De plus en plus impressionnant ! Aomine n'en revenait pas ! Ce Takeru tombait vraiment à pic !
« Maintenant que tu es rassuré sur le fait qu'on ne t'importunera plus, tu acceptes de me suivre ? »
L'adolescent répondit par un hochement de tête.
« Dites, vous ne pourriez pas faire quelque chose aussi tant que vous y êtes pour mes frais de scolarité ? » Tenta Aomine, un peu sans gêne. « C'est vrai, si vous disposez de telles connaissances dans votre carnet d'adresses, ça ne devrait pas être trop dur pour vous... »
Bah quoi, il pouvait toujours essayer, non ? Au pire, Takeru-san n'avait qu'à le rembarrer et puis voilà, comme ça, on n'en parle plus !
« Je vais voir ce que je peux faire. Viens avec moi. » Sourit le grand roux.
Le cœur battant la chamade, Aomine se laissa guider par l'autre homme, qui profita de sa coopération pour lui prendre la main.
Au dessus du dôme de la villa, des feux d'artifices coloraient le ciel d'été...
Il s'installa à son aise sur la vasque du lavabo de la salle de bain.
D'une DES salles de bains, plutôt.
Oui, parce que la villa en comptait assurément plusieurs.
Takeru l'avait laissé seul ici quelques minutes, juste le temps de trouver une domestique ou quelque chose du genre pour s'occuper de nettoyer sa veste. Aomine attendait donc sagement son retour.
Enfin, presque sagement.
Parce que bon... il avait tout de même été contraint (mais pas forcé.) d'ôter son pantalon troué afin que Takeru puisse y voir plus clair sur l'étendue de sa blessure. Et donc, il se retrouvait à présent en boxer Armani dans la demeure d'un inconnu... et... et merde, il savait bien qu'il aurait amener des capotes ! C'est toujours quand on pourrait en avoir besoin qu'on ne les a pas sous la main !
… Ah et maintenant qu'il était seul pour y réfléchir, Aomine réalisa que le trou dans le costume risquait de lui coûter bonbon aussi. Mais sûrement moins que la veste, pas vrai ?
… Veste qui devenait de plus en plus clairement un prétexte pour attirer le brun à l'intérieur...
C'était plus qu'évident à présent et Aomine n'avait rien vu venir, encore une fois. Il s'était laissé berner comme un débutant. Décidément, les mecs de Los Angeles étaient tous des prédateurs... Aomine allait devoir apprendre à se méfier, s'il voulait garder son petit cul vierge jusqu'à l'âge de la majorité américaine, c'est à dire vingt et un an. Ouais, il avait de l'espoir, c'est sûr, étant donné que sa petite affaire semblait bien mal partie à ce niveau-là.
Mais Takeru-san revint trop rapidement auprès de lui avec une petite boîte contenant le nécessaire à pharmacie pour qu'Aomine puisse continuer à se sermonner intérieurement sur son imprudence. L'homme s'agenouilla pour lui appliquer un peu d'alcool sur la plaie.
« Bordel de m... ! »
« Ca fait mal ? »
« Sa raaaaaace ça pique autant que si j'avais bouffé un piment par le cul ! »
AMIS DE LA POESIE, BIENVENUE.
« Et bien, quel langage de charretier dans une si jolie bouche... » Bouda un peu le bel adulte.
« D-désolé... »
Hey mais ! Pourquoi il s'excusait, au fait !? Il avait le droit de dire ce qu'il voulait et tant pis si ça ne lui plaisait pas ! Non mais ! Il n'allait tout de même pas se laisser dicter sa conduite par le premier bellâtre venu !
… Enfin, ça, c'était en théorie. Parce que dans les faits...
Il s'était écrasé comme vieille fiente de pigeon...
« Ce n'est rien, mais surveille un peu tes paroles à l'avenir, d'accord ? Je t'assure que ce n'est pas sexy du tout. »
Sexy ? Carrément ? Est-ce que ça voulait dire que Takeru-san le trouvait sexy avant qu'il n'ouvre la bouche et que n'en sorte un flot d'immondices ?
Hmm possible... même si Aomine se garderait bien de le lui demander.
Takeru-san se montrait aussi doux qu'il le lui était permis, tapotant patiemment un petit coton imbibé sur le vilain bobo, à la manière d'une gentille maman qui console son fiston après sa première bagarre. L'homme mûr fut d'ailleurs le premier à rompre le silence qui s'était réinstallé entre eux. C'est qu'Aomine flippait de lâcher un truc sale par inadvertance maintenant !
« Et si tu me racontais plutôt comment tu connais Edward Stevens ? Je suis sûr qu'il s'agit d'une histoire réellement passionnante. »
« Ben, en fait... »
Pourquoi se sentait-il si gêné d'en parler ? Aomine n'avait rien à se reprocher, il assumait parfaitement la raison pour laquelle il avait branché ce quinqua dégoûtant. Allez, ce n'était pas le moment de se débiner, peu importait ce que Takeru-san allait penser de son mode de vie.
… Sauf qu'en fait, si, ça avait de l'importance...
« Disons que... j'avais une... affaire en cours avec lui, si on veut. »
« Quel genre d'affaire ? »
… Bordel, mais il était flic ou quoi ? OMG ! Si ça se trouve, Takeru faisait partie de la police et il enquêtait sur ce foutu site qui mettait en relation des vieux crados avec des jeunes ingénus... Et si SugarDidi était un réseau de prostitution clandestin ? Naaaan Momoi lui en aurait parlé quand même... elle lui avait bien assuré que c'était légal en plus.
« Oh trois fois rien... Bon, c'est pas tout ça, mais il commence à se faire tard et j'ai cours demain, alors... »
« Je sais, tu l'as déjà dit. Mais j'aimerai bien que tu te confies à moi. »
« Bah... c'est que je viens à peine de vous rencontrer... »
« Mais entre Japonais, il faut faire preuve de solidarité. Les gens d'ici ne sont pas tendres et je n'aimerai pas qu'il t'arrive un malheur. Après tout, ce serait un vrai gâchis, tu joues tellement bien au basket. »
« Quoi ? Comment savez-vous que... »
Et soudain, ça fit tilte dans sa tête et une petite diode lumineuse s'alluma.
« ...Vous m'avez vu jouer tout à l'heure, c'est ça ? »
« C'est exact et je dois reconnaître que tu as beaucoup de talent, mais je suppose que tu le sais déjà. »
« Vous vous y connaissez en basketball, Takeru-san ? »
« On peut dire que oui. J'ai même joué en NBA il y a quelques temps... »
« Hein ? Mais... »
Attends une seconde... ! Incroyable... non... ? Mais à bien y réfléchir, cela expliquerait pourquoi le visage du roux lui était si familier. Pourtant Aomine avait peine à le croire et son cœur s'emballa à nouveau sous l'effet de cette réalisation.
« Ca voudrait dire que vous êtes LE Takeru Kagami ? Bordel de merde, comment n'y ai-je pas pensé plus tôt !? »
C'était presque trop beau pour être vrai ! Son idole, la personne qui l'avait inspiré à venir ici se trouvait face à lui ! C'était mieux que dans un rêve et Aomine sentit l'émotion le gagner.
« Je... je suis votre plus grand fan, putain ! C'est vous qui... m'avez donné la passion pour ce sport ! J'avais plein de posters de vous dans ma chambre à Tokyo, même ! »
… Bon, Aomine se garda bien de lui dire qu'il en avait conservé un qui veillait sur son sommeil également à Los Angeles, mais... quelle putain de bordel de merveilleuse coïncidence tout de même ! Le brun dut même se pincer pour vérifier qu'il ne planait pas et que tout était bien réel...
Il avait parlé en criant un peu fort, tant il se sentait impressionné, mais c'était bien normal, n'importe qui aurait eu la même réaction à sa place. Et pour être franc, il se sentait un tout petit con à présent de ne pas avoir reconnu plus tôt l'ancienne gloire du basketball nippon. Mais Takeru ne lui en tint pas rigueur, au contraire, il paraissait même flatté, vu le sourire étincelant qu'il affichait...
… Enfin, jusqu'à ce qu'Aomine lui fasse une proposition aussi insolite que malaisante...
« Dites, j'peux vous embrasser les mains ? Ces doigts-là valent de l'or ! »
Aomine ou le fanboyisme débridé poussé à l'excès. Ce gars ne connaît pas la demi-mesure...
… Pas plus que la pudeur, car être en calebut devant son idole ne le gênait visiblement pas. C'était d'ailleurs tout juste si Aomine n'allait pas proposer à l'ancien numéro 4 des Clippers de lui signer un autographe sur la fesse gauche...
« Je préférerai plutôt que tu utilises ces jolies lèvres pour me dire la vérité sur la raison de ta présence ici... »
Aomine baissa la tête, honteux. Mais l'autre homme ne se laissa pas abattre et il lui releva le menton pour le forcer à le regarder droit dans les yeux.
« Je ne te jugerai pas, c'est promis. »
« Il... il faut vraiment que je rentre maintenant... » Esquiva encore Aomine.
Et cette fois, Takeru sembla l'accepter, respectant sa volonté.
« Tant pis. » Soupira t-il de déception. « Je vais t'appeler un taxi et te ramener ta veste, dans ce cas. Profite-en pour te rhabiller. »
« Ok, merci... »
Aomine soupira lui aussi, mais de soulagement. L'ancien joueur de NBA ne plaisantait pas lorsqu'il avait dit être du genre à ne rien lâcher tout à l'heure !
Apparemment, il s'était tout de même résigné et Aomine profita de son absence pour souffler un bon coup. Il ne devait pas vendre le pot aux roses. Le courant passait bien avec Takeru et ce serait une connerie de tout foutre en l'air en lui avouant quels sinistres desseins l'amenaient en ce lieu. Un moment cependant, l'idée le traversa de demander à Takeru-san de devenir son Sugar Daddy...
… Non, ce serait stupide...
Il... Enfin, Takeru-san était trop bien pour lui et sans doute pas intéressé par un petit michetonneur de son espèce...
Peut-être même était-il marié et père de famille. Et heureux. Et Aomine ne voudrait ruiner cela pour rien au monde. Takeru-san ne méritait pas cela, il s'était montré si gentil et bienveillant envers lui...
Lorsque le grand homme mature revint le chercher, il insista pour l'escorter jusqu'au portail de la demeure et Aomine ne fut pas réellement en position de refuser. De toute façon, il ne le voulait pas, souhaitant prolonger autant que possible la présence de Takeru-san à ses côtés.
En vérité, Aomine aurait adoré discuter de basketball avec lui et écouter ses anecdotes au sujet de leur sport chéri, mais les circonstances n'y étaient pas propices. Tant pis. C'était déjà fantastique d'avoir rencontré son idole par hasard !
Le taxi attendait déjà Aomine devant la villa, ce qui angoissa légèrement le jeune homme. Heureusement, Takeru sembla lire dans ses pensées et il le devança :
« Pas d'inquiétude, il est déjà payé pour t'emmener où bon te semble. »
« Merci, vous avez grave assuré. »
« Tiens, n'oublie pas ta veste cette fois. » Fit-il en la lui tendant, non sans lui adresser un clin d'œil complice.
En tous cas, la pauvre veste avait bien meilleure mine que tout à l'heure et Aomine grimpa à l'arrière du taxi, lorsque Takeru l'y invita en lui ouvrant la portière.
« Bon et bien, je suppose qu'il faut se dire aurevoir. Sache que j'ai été ravi de faire ta connaissance, Daiki. »
« Le plaisir est partagé. » Rougit un peu Aomine.
Argh mais pourquoi était-il si timide avec Takeru-san ?
Il allait finir par ressembler à une tomate qui avait passé un peu trop de temps au soleil, à force !
« Si je peux néanmoins te donner un conseil, c'est d'éviter les types comme Stevens à l'avenir. Ils ne sont pas très fréquentables. Et si tu as besoin d'argent, il existe d'autres moyens. » Reprit l'ancien basketteur.
« Quoi ? Mais non, ce n'est pas du tout ce que vous croyez ! »
« Je ne suis pas dupe, tu sais. J'ai bien vu son petit manège tout à l'heure. Il te tournait autour comme un abeille autour d'un pot de miel. Et de ton côté, je me doute bien que ce n'est pas pour son physique, que tu discutais avec lui. »
« Je... »
Et voilà, c'était malin. Il se sentait encore plus coupable et mal dans sa peau maintenant. Pourtant, il savait dès le départ que c'était un mauvaise idée de marcher dans la combine de Satsuki...
« Rentre bien et sois prudent. »
Aomine aurait voulu lui dire tant de choses à cet instant.
A commencer par tout lui avouer.
Mais jamais les mots ne réussirent à franchir la barrière de ses lèvres. Ces si jolies lèvres que Takeru-sans fixait tellement avec un désir non dissimulé...
L'homme referma la porte de la voiture et Aomine sentit un grand sentiment de vide s'emparer de lui...
C'était comme si le toit du monde venait de s'écrouler sur sa pauvre tête d'un seul coup. La honte le submergeait, mais également une autre émotion, plus pernicieuse. Tout à l'heure, pendant qu'ils discutaient dans la salle de bain de manière anodine en apparence, Aomine avait ressenti une douce chaleur dévorer son bas ventre et c'était au prix de gros efforts qu'il était parvenu à lutter pour ne pas avoir une érection.
Il avait envie de revoir Takeru-san.
Pour apprendre à le connaître mieux.
Intimement.
Mais comment ?
Pour quelle raison une star comme lui voudrait-elle d'un imbécile arrogant dans son genre ?
Ils n'étaient pas du même monde.
Cet environnement mondain fait de strass et paillettes n'était pas le sien...
Pourtant, en rentrant ce soir-là, sa bonne étoile sembla sourire à Aomine.
Parce qu'en enlevant sa veste pour se déshabiller et se mettre au lit, un papier tomba de la poche de celle-ci.
Il était simplement noté dessus en kanji « Appelle-moi. » suivi de coordonnées téléphoniques.
Alors seulement, Aomine comprit à quel point il était chanceux.
Somme toute, c'était un mal pour un bien. La soirée avait été cauchemardesque, mais finalement elle avait connu une issue heureuse. Sans ce fiasco, jamais Aomine n'aurait pu faire la connaissance de son idole de jeunesse.
Plus que jamais, le brun réalisa que la balle était dans son camp.
Et il comptait bien marquer le panier de la victoire.
Et voilà, c'est la fin de ce premier chapitre. 18000 mots les gars ! C'est presque un nouveau record personnel, les gars !
Pour cette fanfiction, j'attends PARTICULIEREMENT vos avis, vos souhaits, vos réflexions (également sur les thèmes abordés) et surtout vos théories pour les prochains chaptires.
Celles qui commenteront auront droit à un cookie. (ou un cupcake. Fait par Kagami, alors il sera forcément bon !)
Des bisous !
