Titre : In For The Kill
Rating : M
Couple : Harry/Ginny dans ce chapitre, puis Harry/Multiple, au fur et à mesure de l'histoire. Ceci est un slash, vous serez prévenu.
Genre : Général, Aventure.
Résumé : 'Harry revoulait son monde, celui qui était détruit, effrayé, sombre, où les gens n'osaient pas sortir de chez eux de peur de se faire tuer. Il voulait fermer les yeux et pouvoir humer l'odeur du sang, de la chair brûlée, de la mort.' Dimensions Parallèles/Time Travel, Powerful!Harry, Slash.
N/A : Nouvelle fic qui me trottait dans la tête depuis un moment, en espérant qu'elle vous plaise ! Je m'excuse d'avance pour les éventuelles fautes d'orthographes et l'anglicisme. Je lis beaucoup de fic en anglais et ne me rappelle plus les termes français. En tout cas, bonne lecture !


In For The Kill


L'ennui est la seule chose horrible dans ce monde. C'est le seul péché pour lequel il n'existe pas de pardon.

Oscar Wilde.

Partie I

"Si vous n'y arrivez pas du premier coup, c'est tout à fait normal, cette métamorphose demande beaucoup d'énergie et de concentration. Malgré le fait..."

Harry poussa un profond soupir, son menton dans le creux de la main et les yeux dans le vague. Il entendait vaguement ce que disait McGonagall sur la métamorphose humaine et apparemment, aujourd'hui, ils devaient essayer de métamorphoser leur main en pince de crabe. Encore quelque chose de très instructif. Ses yeux émeraudes balayèrent la classe de Septième année Gryffindor/Slytherin et les quelques Huitièmes années, et se posèrent sur la tête rousse au loin qui se penchait vers sa voisine, une brune possédant la paire de seins la plus énorme qu'il avait jamais vu. En y pensant bien, cela l'effrayait un peu, autant de poitrine. Contrairement à ses camarades masculins qui ne devaient pas savoir de quelle couleur étaient les yeux de la jeune fille à force de plonger dans son décolleté. Parfois, Harry se demandait si le taux d'hormones chez ses camarades était normal, ou si c'était lui qui avait un problème avec sa libido. Tout à ses pensées, il ne cessa pas de fixer Ginny qui dut se rendre compte qu'elle était observée. Elle se retourna, ses cheveux volant, une mèche resta posée sur ses lèvres pincées, pour lui lancer un regard glacial.

Non, ça ne s'arrangeait définitivement pas. Vu le caractère de feu de la rousse et étant plus que rancunière, Harry n'espérait pas une réconciliation soudaine.

Il se demandait encore comment il avait pu penser que cette affiliation entre les Septième et les 'Huitièmes' années puisse être un don du ciel. En effet, les élèves ayant voulu compléter leur Septième année (ou juste la faire, comme c'était le cas pour Hermione, Ron et Harry) étaient rentrés à partir de Septembre en 'Huitième année'. C'était une appellation implicite, pas du tout officielle, que tout le monde avait cependant adoptée pour distinguer les deux groupes de Septièmes années. Ils avaient leur propre salle commune et des chambres individuelles, vu leur nombre restreint, mais devaient partager leurs cours avec les Septièmes années de n'importe quelle maison. Ce ne fut pas surprenant que tous choisissent de rester avec leur maison d'origine. Harry se voyait mal s'asseoir avec Malfoy et plaisanter comme si il était un vieil ami. Pas qu'il ait encore un problème avec le blond, il était passé au-dessus de ça. Ils s'ignoraient simplement, sauf pour le signe de tête en guise de bonjour quand ils se retrouvaient en présence l'un de l'autre.

Bref, c'était pourquoi il se retrouvait dans la même classe qu'une Ginny furieuse contre lui. Certains, et par là il entendait Hermione, la plupart des Weasley et la gente féminine en général, diraient que la rousse avait entièrement raison et qu'Harry ferait mieux de ravaler son égo et aller présenter ses excuses. Quoiqu'ils en pensaient, il ne risquait absolument pas de tendre le calumet, la colombe ou n'importe quelles autres métaphores débiles de la paix à quelqu'un qui ne savait pas contrôler ses sautes d'humeurs. Non, il n'était pas du tout de mauvaise foi.

Harry s'amusa un instant à tenter de repousser une mèche de sa frange couvrant la légendaire cicatrice pour qu'elle atterrisse sur le haut de sa tête, s'essoufflant en vain. Il se retrouva vite avec un vertige et dut reprendre de grandes goulées d'air afin de faire disparaître les points noirs devant ses yeux qu'il clignait rapidement et assez stupidement. Le brun pensa un instant à boucler ses cheveux, ça les rendrait plus malléable peut-être. Le nid qu'il avait sur la tête ne cessait jamais de l'impressionner par son manque de discipline. Avec ce genre de pensée trottant dans sa tête, il se sentit un peu trop Lockhart. Bientôt Harry se présenterai volontairement à l'élection de Mister Sorcier, un sourire dents-blanches-et-étincelantes plaqué sur son visage.

Son attention fut détournée par un jet de lumière sur son bureau qui éclaira des particules de poussières virevoltant doucement sous les mouvements d'air et, d'un geste de l'index, le huitième année fit se dessiner un vif d'or avec les dites particules. Les ailes battirent quelques instants comme celui que son père avait griffonné sur son brouillon à ses BUSEs. Le brun commença à écrire 'G' en poussière, s'arrêtant pour regarder Ginny qui buvait les paroles de McGonagall, puis, agacé à la simple vue de sa petite-amie, fit exploser son œuvre en millions de minuscules points blancs d'une pichenette.

Il les rassembla à nouveau en une sphère, en créant neuf autres de tailles différentes qu'il disposa près de la première qui était la plus grosse. Satisfait, Harry contempla son mini système solaire et l'activa, les 'planètes' tournoyant autour du 'Soleil'. Ça lui rappelait la salle de science du primaire, avec les maquettes en papier mâché et en fil de fer. Harry aimait toujours regarder le mobile accroché au-dessus du tableau, s'imaginant voler là-haut et disparaître sur Uranus. La planète était toujours peinte de cette couleur bleu claire qui l'attirait énormément. De plus, il sut plus tard qu'elle tenait son nom de la divinité grecque du ciel. Inconsciemment, il se rapprochait des cieux. Le tour l'ennuya enfin, les souvenirs de son enfance n'étant pas ses favoris, et son système solaire finit comme le Vif d'Or.

Il inspira profondément, se préparant à laisser échapper encore une de ces expirations, longues et agaçantes, cependant Hermione, assise à sa droite, le devança. L'impact entre sa plume et le bois du petit bureau fit un bruit sourd tandis qu'elle tournait vers lui ses yeux furibonds où pouvaient se lire toute son exaspération.

"Arrête s'il-te-plaît !", hissa-t-elle dans un murmure. "J'ai l'impression que tu vas mourir d'ennui d'un moment à l'autre ! Intéresse-toi à ce que dit le Professeur McGonagall plutôt qu'essayer d'épater la galerie avec tes petits tours. Tu crois vraiment pouvoir réussir tes ASPICs sans travailler ?"

Les yeux verts la fixaient avec un air on ne peut plus blasé, un fin sourcil noir se levant à la fin de la tirade de la brunette, maintenant quelque peu essoufflée d'avoir dit tout cela sans penser à respirer, la question 'As-tu finis ?' clairement annoncée dans ce geste.

Avec un 'Humpf' indigné et sûrement des malédictions murmurées, Hermione se consacra à nouveau à ses notes et laissa le jeune homme tranquille. Il reçut un haussement d'épaules contrit de Ron, assis à la droite de sa petit-amie, qui ne pouvait plus s'engager à le défendre contre la folie studieuse de Hermione comme avant, étant donné son statut auprès de la brune.

'Épater la galerie'. Comme si c'était ce qu'il faisait ! Elle le mettait plus bas que terre quand elle considérait qu'il ne révisait pas assez, et Merlin seul savait combien il attachait d'importance à ses études cette année !, et lorsqu'il s'entraînait pour le cours de Charmes, elle le reprenait comme si Harry n'était qu'un gosse incapable de se retenir d'épater la galerie. Certes, le cours de Métamorphose n'était peut-être pas le lieu approprié mais le savoir avant tout, non ?

Parfois, Harry avait vraiment envie d'étrangler sa meilleure amie.

En plus, ce n'était pas sa faute s'il s'ennuyait, vraiment, il avait fait et refait cette métamorphose ! L'ex-Gryffindor s'était trouvé un intérêt particulier il y a quelques mois pour le programme de cette année en ce qui concernait cette matière et avait donc entrepris d'accomplir tous les sortilèges de son livre. Ce passe-temps avait réussi à l'occupé. Un peu.

Harry retint un soupir et remonta légèrement ses lunettes, qui avait la fâcheuse habitude de glisser sur son nez, avant de fixer sa plume. Puisque Mademoiselle Granger voulait le voir pratiquer, et bien elle allait en avoir pour son compte. Il regarda patiemment la plume se transformer peu à peu en moineau au plumage brun et blanc, de la taille d'un encrier, auquel il jeta un rapide Silencio -au moineau, pas à l'encrier- afin que McGonagall ne se questionne pas sur l'origine d'un piaillement. De sa feuille, Harry fit une mini-cage dans laquelle il plaça son moineau, récemment nommé Piaf, 'Quelle originalité Ronald, vraiment...'. Se trouver tout au fond de la classe était quand même un avantage non négligeable pour ce genre d'exercices.

Après que sa main gauche soit une pince de crabe, comme demandé, et détruisit la plume d'Hermione, qui la répara avec un mouvement de baguette frustré, sa droite une serre d'aigle, que Ron ait des tentacules violets, visqueux et possédant une vingtaine de ventouses gluantes à la place de ses dix doigts -ce qui lui laissa échapper un petit cri aigu digne d'une première année-, que son encrier contienne de l'encre multicolore et qu'il défit tout ce qu'il avait enchanté, Harry s'ennuya de nouveau.

Ces temps-ci, il s'ennuyait toujours. Quoiqu'il fasse, il finissait apathique, attendant quelque chose de plus, une part de lui demandant encore. Encore de quoi ?

Cela avait commencé peu après la Bataille finale, comme tout le monde se plaisait à l'appeler. Il s'était réveillé aux couleurs immaculées de l'infirmerie et au doux son de Mme Pomfresh s'agitant autour de son lit, l'empêchant de sortir en s'exclamant qu'il devait se reposer. Il pensait pourtant s'être endormi dans la tour Gryffindor suite à la lutte du Bien contre le Mal, remportant ce combat épique. Hermione lui apprit plus tard dans la journée qu'au moment même où il avait voulu sortir de son lit, Harry s'était effondré comme un pantin à qui on aurait coupé les ficelles. Choc post-traumatique apparemment. Au bout de trois jours, et après maintes supplications de Harry et de ses amis, l'infirmière le laissa rejoindre le monde des gens sains, ajoutant toutefois qu'il devait se ménager et, à la grande surprise du brun, le prenant dans ses bras pour une brève embrassade.

Après être resté dans le cocon que formait l'infirmerie d'Hogwarts, il dut faire face aux morts, les enterrements s'enchaînèrent dans un brouillard, de celui de Fred à celui de Tonks. Harry fit face à toute sa peine, toutes les pertes chères à son cœur, il marchait la tête haute, les larmes au bord des yeux, mais il ne pleura pas. Pas alors qu'ils avaient sacrifié leur vie pour qu'il puisse vivre la sienne. Le Survivant devait vivre maintenant, avancer, sans les oublier, sans se laisser accabler par le chagrin.

S'en suivirent les célébrations où une marée de visage le remerciait, lui, le Grand Harry Potter qui essayait tant bien que mal de se cacher dans un coin et de se noyer dans sa coupe de champagne. Merlin qu'il détestait ce genre de réceptions ! Les discours en son honneur, les remises d'Ordre de Merlin, les galas... Ces réunions de gens heureux, alors que pas plus tard qu'hier, il enterrait encore un ami. Ce qu'il pouvait être mélodramatique à cette époque, un véritable adolescent dépressif dans toute sa splendeur.

Il resta cloîtré chez lui pendant une semaine ensuite. Chez lui, à Grimmauld Place. Il s'y était installé car il n'aimait pas l'idée de rester vivre chez les Weasley, de dépendre encore de quelqu'un. Harry se sentait usé, vieux et il avait besoin d'être seul après tout ce qu'il s'était passé. Le jeune homme nettoya alors comme il pouvait une chambre au premier étage, une salle de bain et la cuisine. Le minimum vital pour y résider.

Le silence du 12 Grimmauld Place, aux tentures usées, les têtes des ancêtres de Kreacher toujours accrochées au mur, les ombres effrayantes lorsqu'il allumait une bougie dans une pièce. Et la poussière, l'odeur de renfermé, la chambre de Sirius qui semblait intouchable malgré les années. Cette ambiance lugubre et malsaine révulsait Harry qui avait prévu en sixième année, si ils gagnaient la guerre, de revendre cette maison qui paraissait plus hantée qu'Hogwarts même si aucun fantôme ne traversait les murs. Cependant, c'était une des rares choses qui lui restaient de son parrain et il ne pouvait se permettre de la céder à quelqu'un d'autre, de briser un des derniers liens rattachant Sirius à lui. Il détestait cet endroit, détestait ces souvenirs qui ressurgissaient où qu'il aille. Pourtant il aimait se plonger dans cet état d'auto-apitoiement, regarder le feu de la cuisine mourir dans l'âtre en sirotant un FireWhisky, se rappeler ces années de stress et de peur. C'était le lieu parfait dans sa quête à l'auto-destruction.

Enfin, après avoir broyé du noir toute la semaine, proclamant sa vie la plus merdique au monde, Harry se dit qu'il fallait peut-être qu'il arrête de se voiler la face et avance. Où étaient passé tous ses beaux discours parlant de 'la vie qui continue' ? Ou même parfois, quand il était vraiment motivé, de 'la vie qui commençait à peine, autant en profiter maintenant que tout était finis' et blah et blah et blah. Pas de quoi être fier de sa propagande auprès de ses amis avec son état de semi-coma éthylique permanent, sa barbe mal rasé -oui, il avait enfin de la barbe !- et ses habits d'une semaine. Il était beau le Héros, les yeux bouffis d'avoir trop pleuré sur sa bouteille et la mine sombre.

Harry entreprit donc de se remettre en état, autant physiquement que moralement. Ainsi, il acheta un appartement dans le Londres Moldu, un petit studio, étant peu habitué aux grands espaces vides. Il le décora avec trois ou quatre pages de meubles en kit, et se sentit bizarrement dépourvu d'intérêt pour son nouveau chez soi. De tout façon, ayant repris un cours de vie normal, il ne passait pas la plus grande partie de ses journées dans ces pièces lumineusement aseptisées.

Car les visites au Burrow occupaient la plupart de son temps. Là-bas, Harry retrouvait Ginny, la fille qu'il aimait. Quand il la voyait, son cœur battait la chamade comme lorsqu'il regardait Cho du coin de l'œil en Quatrième année, ses mains devenaient moites et son estomac se crispait légèrement. Ils sortaient, essayaient d'oublier les dernières années, les pertes. Ils riaient, s'embrassaient, se découvraient, dans la chaleur de l'été. Il lui suffisait de la regarder dans les yeux pour vivre, c'était elle sa vie. C'était niais, brouillon, innocent, Merlin !, Harry rougissait encore comme une vierge effarouchée à ce moment-là !

Leur première fois fut un véritable désastre. Harry, paniquant car il ne savait pas quoi faire, fit plus de mal que de bien, eut une panne, et ne réussit pas à continuer. La nuit se finit dans un silence pesant, Ginny, dos à lui, ne lui adressa pas la parole avant le lendemain matin et ils n'en reparlèrent plus jamais, trop honteux. Bien sûr, ensuite ils trouvèrent leur rythme et tout se passait pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Cet été-là, il était heureux. Un été sans les Dursley, sans elfes maniacodépressifs, sans Détraqueurs... sans Voldemort. Ce dont il avait rêvé toute sa vie sans jamais espérer que cela arriverait.

Un été tout ce qu'il y avait de plus normal dans la vie d'Harry Potter.

Et Harry Potter commença sa Huitième année, abandonnant l'euphorie estivale et reprenant le stress scolaire. Le brun n'avait jamais autant voulu ses ASPICs, passant des soirées à la bibliothèque afin de lire le maximum de livres pour se remettre à niveau et même plus. Ron se moquait gentiment de lui, l'appelant de temps en temps Hermione. Il lui reprochait de ne plus le soutenir dans son opposition contre la brune qui s'acharnait à faire réviser son petit-ami.

Le jeune homme voulait briller pour autre chose qu'être Harry Potter. Il décida ceci quand il reçut mi-juillet tout un tas d'offres professionnelles, l'engageant directement, sans entretien, car, après-tout, Harry Potter savait tout faire, c'était bien connu ! Il refusa toutes les propositions poliment et se mit au travail. Il voulait pouvoir postuler à tout ces postes à la fin de l'année et obtenir une réponse favorable non pas pour son nom mais pour ses résultats.

Septembre et Octobre passèrent dans une tornade de cours, de livres, de devoirs et de révisions. Harry emmagasina plus d'informations en ces deux mois qu'en six ans d'étude à Hogwarts. Les professeurs le félicitaient pour son attention, ses devoirs presque parfaits et son progrès flagrant. Avec satisfaction, il remarqua qu'il talonnait Malfoy et Hermione dans toutes les matières. Si ce n'était pas une preuve qu'il était méritant ! Le plus important était que ce remue-méninge occupait son esprit et lui évitait de tomber dans l'ennui comme cela arrivait de plus en plus souvent. Une ou deux fois, le brun s'était mis à faire les cent pas devant sa petit-amie qui ne comprenait pas pourquoi il ne pouvait pas rester au lit avec elle, à ne rien faire, comme si c'était suffisant de se coller l'un à l'autre avec un stupide sourire béat plaqué sur le visage !

Bien sûr, avec toutes ces activités, Harry trouvait rarement le temps de voir Ginny, et celle-ci le lui reprocha plus d'une fois. L'ex-Gryffindor ne comprenait tout simplement pas son insistance, il se satisfaisait de la voir en cours, pendant les repas et les weekends. La jeune fille n'avait pas besoin de se faufiler dans sa chambre tous les soirs parce qu'elle 'n'arrivait pas à dormir sans son odeur' ou une niaiserie du genre. Il lui répétait sans cesse qu'il devait travailler, réussir, qu'il avait d'autres priorités dans la vie que s'envoyer en l'air avec elle et qu'elle devait reconsidérer les siennes.

Et bien sûr, ce n'était absolument pas les choses à dire à sa petit-amie. Harry étant l'empoté qu'il était, ne l'apprit que trop tard. C'était certainement la mauvaise influence de Ron. Ils se disputaient, se déchiraient, elle lui balançait des objets à la figure, il ne lui adressait plus la parole pendant une semaine. Elle pleurait, il essayait de la consoler, elle criait, il hurlait, elle le frappait, il la retenait. Les élèves commençaient même à parier sur la date où ils allaient se séparer.

Le seul avantage à toute cette situation plus que chaotique était le sexe. Leurs réconciliations étaient plus que passionnées et si auparavant le jeune homme avait pensait que faire l'amour -Ginny préférait quand il utilisait cette expression- était une banale affaire que tout le monde exagérait pour frimer, ces séances de sexe enragé lui prouvèrent le contraire. Toute sa frustration, la tension qu'Harry accumulait tous les jours et son envie d'action passait à travers l'acte qui n'avait plus rien d'amoureux. C'était devenu du désir brut assouvi, sa manière de soumettre l'autre à ses envies.

Six mois passèrent ainsi, entre disputes et harmonies, sexe et camaraderie, dans sa chambre et dans la bibliothèque. Le Survivant accumula les connaissances, dévorant des tonnes de livres, apprenant des sorts oubliés car trop complexes ou tout simplement inutiles -il savait faire un trou dans les chaussettes de Ron à présent-. Le brun considérait seulement que tout était bon à savoir, et Harry avait la chance d'avoir un cerveau pratiquement vide depuis dix-huit ans qu'il se faisait un plaisir de remplir.

Tout ça le menait à la semaine dernière, lorsqu'il avait dit à sa petite-amie, déjà à cran, qu'il n'avait pas le temps pour elle. Ou plutôt pour 'toutes ses futilités'. Ginny n'apprécia pas ce groupe nominal. Pour être honnête, elle lui en voulait depuis une semaine à cause de ça. C'était risible. Harry posa son regard sur sa petite-amie-mais-pas-trop et une grimace déforma ses traits fins. Merlin, qu'elle l'énervait ! L'ex-Gryffondor ne se rappelait même plus ce qui l'avait attiré à la base tellement il était aveuglé par son irritation. Sa fougue peut-être, il trouvait ce caractère de chienne rafraîchissant et elle le connaissait vraiment. Pour la rousse, il était Juste Harry. Ridicule.

Au fil de l'année, le brun commençait à superposer l'image de Mrs Weasley sur sa fille et ce n'était pas attrayant. Il imaginait sa vie dans vingt ans, avec une femme aux seins énormes, pas qu'aux seins énormes d'ailleurs, traînant une dizaine d'enfants derrière elle et l'insultant parce qu'il était en retard pour le repas. Harry deviendrait chauve, aurait du ventre et vivrait une vie morne et méprisable. Puis, honnêtement, Ginny l'ennuyait de plus en plus. Et si il y avait une chose qu'il détestait, c'était l'ennui. Elle était si prévisible que c'était à présent un jeu d'enfant de l'enrager. Leur différence d'âge, autrefois passant inaperçue, creusait dorénavant un fossé d'incompréhension entre eux. Elle voulait être joueuse de Quidditch, il commençait à trouver ce jeu inutile. Elle lui parlait du mariage de Bill et Fleur, tentant, et échouant, de le questionner subtilement sur leur futur mariage alors qu'il n'y pensait pas du tout. Elle était jeune, il se sentait vieux.

La raison principale qui l'amenait à envisager de la quitter était le fait que le jeune homme pouvait la réduire en cendres d'un claquement de doigts dans un excès de rage et Harry ne pensait pas que la famille Weasley apprécierait de perdre encore un enfant. Leurs disputes dernièrement menaient toujours à un Survivant vibrant de magie qui s'échappait dans une salle de classe vide pour détruire tout ce qui lui passait sous la main à défaut que ce soit la jeune fille qui hurle sous ses sorts. Cette dernière lui hurlait juste qu'il était devenu lâche, fuyant ainsi le combat. Elle ne comprenait pas qu'il lui sauvait la vie, encore une fois, avec son stupide complexe du héros.

La cloche retentit, sortant Harry de sa torpeur. Il rassembla ses affaires dans son sac rapidement et sortit tranquillement de la classe avec Ron et Hermione. Lorsqu'il aperçut sa tendre moitié, il lui attrapa le coude et lui chuchota "Viens me voir ce soir dans ma chambre, j'ai à te parler.". La rousse lui lança un regard triomphant, pensant certainement qu'il allait lui présenter des excuses en bonne et due forme.

Si elle savait...

-IFTK-

"Qu'est-ce qu'il s'est passé dans ta putain de tête ?! Bordel mec ! Ma sœur est en pleurs dans sa chambre depuis des jours parce que tu l'as quitté ! Une fois de plus !", s'écria Ron, fulminant devant un Harry totalement exaspéré. "Et ne me regarde pas comme ça, avec ton putain d'air supérieur ! Tu sais à qui tu me fais me penser ? A Malfoy !"

"Je pense que tu t'emportes-"

"Ne t'avise pas de finir ta putain phrase ! T'as changé depuis l'année dernière, la célébrité t'est finalement montée au cerveau ? Tu te prends pour quelqu'un d'important, hein, Harry-fucking-Potter ? Tellement important qu'une Weasley n'est pas assez bonne pour toi, c'est ça ?"

"Ferme ta gueule Ron ! Tu t'entends ? Est-ce que j'ai dit ça ? NON ! Alors arrête de raconter n'importe quoi et écoute-moi bordel !", il reprit son souffle et soutint le regard furieux de son meilleur ami. "Pour Ginny, j'ai mes raisons, je ne changerai pas d'avis. Point barre. Il est hors de question que je retourne avec ta sœur.", Ron ouvrit la bouche pour protester mais Harry leva sa main droite pour le faire taire. "Et ce n'est absolument pas parce que je me sens supérieur ou d'autres foutaises du genre. C'est juste... Je peux plus. Pas avec ta sœur, pas pour le moment, je veux juste être... seul. Tu comprends, Ron ?"

Il vit le roux serrer les dents, acquiesçant quand même et sortant de la chambre de Harry. Ce dernier laissa échapper un soupir et se jeta sur son lit, le visage enfoui dans son coussin. Il huma le parfum léger de son shampoing imprégné dans le tissu de l'oreiller et, ses yeux fermés, il se laissa aller à cette odeur de vanille.

Harry s'en était bien sorti. Ginny l'avait giflé, le traitant de salaud et autres noms d'oiseaux, il avait réussi à échapper aux sorts qu'elle lui avait lancés et au final, elle était sortie en larmes pour rejoindre la Tour Gryffindor. Ron avait quant à lui crié, pesté et juré, pour ne pas changer. Il ferait sûrement la gueule à Harry quelques jours avant de lui pardonner. Comme si l'ex-Gryffindor avait fait quelque chose d'intolérable ! Merlin, Ron avait littéralement utilisé Lavande pour rendre Hermione jalouse ! Si ça, ce n'était pas être un connard sans coeur !

Le jeune homme se retourna avec peine et contempla sa chambre baignée dans la lumière d'une fin d'après-midi. Elle était simple, un peu plus grande que celle qu'il avait chez les Dursley. Un lit à baldaquin aux tentures et draps noirs, était appuyé sur le mur du fond, à côté d'une fenêtre, un bureau en bois sombre sur le mur adjacent, et une petite cheminée, ici seulement pour réchauffer la pièce. Tout était dans des couleurs obscures et neutres. Et au milieu de cette chambre impersonnelle, Harry était enfin seul. Il aimait l'ambiance du dortoir mais il ne s'imaginait pas dans une même pièce avec huit autres garçons. Heureusement Flitwick, le nouveau directeur à l'étonnement de tous, avait pensé à cet 'exil' des plus vieux, évitant ainsi bien des tourments à Harry.

Le brun pouvait étudier comme il le voulait, et surtout ce qu'il voulait, Hermione ne pouvant pas le réprimander lorsqu'il sortait la nuit sous sa cape d'invisibilité pour s'infiltrer dans la section interdite de la bibliothèque. Il s'était promis de dépouiller ce lieu du moindre savoir, de s'en approprier, afin de tester ce pouvoir qu'il avait acquis bizarrement, subitement. Un pouvoir brut, parfois incontrôlable, qui permettait au Survivant de faire, pour l'instant, ce qu'il voulait. Harry désirait en connaître les limites. Cependant, plus il allait vers des choses complexes, plus il sentait sa magie croître. Et cette sensation était délicieuse.

Le Huitième année avait longuement pensé à cet afflux soudain de puissance. Aussi loin qu'il se rappelait, il n'avait jamais été un élève doué, ou surpuissant, toujours moyen dans ce qu'il entreprenait et par-dessus tout, feignant. Or, à présent, il possédait cette soif d'apprendre et cette envie de faire quelque chose, n'importe quoi, afin d'éviter l'ennui. Ce dernier était à présent sa seule frayeur, de rester assis, voir le temps défiler et être mort à l'intérieur. Ceci expliquant cela, Harry comprenait pourquoi il désirait dévorer le moindre livre qui lui passait sous la main.

Ça ne réglait cependant pas l'autre problème. Plusieurs théories étaient venues à son esprit, comme sa magie atteignant sa maturité ou le fait qu'il ne soit plus vraiment pareil après avoir été presque-mort. Une seule semblait être au final la plus vraisemblable. Et le fait qu'il puisse encore parler Fourchelang n'en était qu'une preuve de plus.

Dans la Chambre des Secrets, Riddle dit à Harry qu'ils se ressemblaient. Peut-être parlait-il d'une similitude physique alors, ou de leurs enfances, Harry n'était pas dans sa tête, il n'en savait rien. En tout cas, le Huitième année savait maintenant que ce n'était pas seulement le cas. Tom Riddle et Harry Potter se correspondaient énormément. Ils étaient une sorte d'âme-sœurs -pas dans le sens niais du terme-, être un Horcrux-humain était un signe suffisant, et compatibles magicalement parlant.

Son idée était que lorsque Voldemort mourut de son propre sortilège de mort, il essaya en vain, comme toujours, de lutter contre sa fin imminente. Seize ans plus tôt, ce fut un morceau d'âme qui se détacha de l'âme mère et s'intégra au corps de bébé Harry. L'année dernière, ce fut une partie de la magie du Mage Noir qui incorpora le jeune homme, vu la petitesse de l'âme actuelle du Lord. D'où le choc post-traumatique et son séjour à l'infirmerie, sa magie essayant de canaliser et de se réunir avec celle de feu sa Némésis. D'où son pouvoir inopiné aussi.

Harry Potter était devenu le sorcier le plus puissant de Grande-Bretagne, grâce à Lord Voldemort.

-IFTK-

Il eut tous ses ASPICs avec O, fut pris pour toutes ses demandes de formations mais avait quand même atterri dans la section de préparation au concours d'Auror avec Ron, déjà inscrit depuis l'année dernière. Après tout, le roux n'était revenu à Hogwarts que pour faire plaisir à Hermione. Ils avaient passé deux ans à se perdre dans ces entraînements, les leçons, les tactiques, la camaraderie, l'apprentissage. C'était différent d'Hogwarts, ici, ils étaient traités en tant qu'adultes, capables de faire leurs propres décisions et responsables de leurs fautes. Conscients.

Lors de ces deux années, Harry gagna en confiance, en connaissance et vécu chaque instant pleinement. Que ce soit par ses devoirs, ses révisions, des femmes, aussi surprenant que cela puisse être, des hommes, et surtout, l'évaluation de sa magie, le jeune homme ne voyait pas le temps passer.

Sa magie ne faisait que se développer, plus il l'utilisait, plus elle s'étoffait et il arrivait parfois à Harry de se perdre juste dans la sensation de ce feu qui brûlait en lui, ne demandant qu'à être exploité. Malheureusement, il n'avait plus le temps de rechercher autant de sortilèges qu'avant, malgré la gargantuesque bibliothèque dont il disposait à Grimmauld Place. Finalement, il n'avait son appartement à Londres que comme un lieu de transit, une garçonnière où il amenait ses coups d'un soir. Depuis sa rupture avec Ginny, le jeune homme avait fait une croix sur les relations sérieuses pour un bon moment, il n'était pas prêt à s'engager totalement avec quelqu'un, donc il profita un maximum de son célibat tout en évitant d'ébruiter ses ébats. Pour cela, il suffisait à Harry de sortir essentiellement dans le monde moldu quand il voulait s'amuser.

Harry n'avait pas pris la peine de remettre à neuf la vieille baraque qu'était Grimmauld Place. S'entraînant encore à faire de la magie sans baguette, il dépoussiéra certes tout mais s'emporta un peu trop, pulvérisant le mobilier d'une chambre d'amis sans le vouloir. Le jeune homme avait donc décidé de perfectionner cela avant de se lancer dans un grand nettoyage. Et, au fond, il aimait cette ambiance, ces coins sombres, ces souvenirs d'un autre temps où tout était plus agité, plus vivant. Quand la peur lui étreignait le ventre, que sa cicatrice brûlait tellement qu'il avait l'impression qu'on lui ouvrait le crâne. C'était le bon temps !

Reclus entre ces murs, l'ex-Gryffondor voyait de moins en moins ses amis en dehors du travail, ayant eu le poste d'Auror avec Ron, et de quelques repas au Burrow où Ginny ne cessait de lui lancer des regards furieux au-dessus de son assiette. Son temps se perdait en missions, compte-rendus à rédiger et sommeil. Ils traquaient sans cesse les derniers Death Eaters encore en cavale, les chassant de leurs cachettes comme des lapins de leurs terriers.

Le Sauveur du monde sorcier prenait un malin plaisir à tester sur ses prisonniers les sorts qu'il avait accumulé au cours des dernières années, n'ayant pas eu alors de cobayes pour assouvir ses envies. Il se délectait du moindre petit exercice, sa magie pulsant en lui pour toujours plus. L'Auror avait parfois l'impression qu'elle devenait indépendante, ayant une identité propre qui n'avait envie que d'une chose, être libre. Comme lui, certains jours. Ici, Harry se sentait emprisonné, restreint par tous ses amis qui le regardaient avec de plus en plus de suspicion, ne le comprenant plus. Leurs silences n'étaient plus sereins mais tendus, quelque fois le brun surprenait même de l'inquiétude dans leurs yeux, si ce n'était pas tout simplement de la peur.

Ils lui avaient parler, encore, lui disant tout ce qu'ils pensaient juste à dire, ressortant ses propres mots et lui jetant au visage comme si il s'en souciait, de sa nouvelle vie qui commençait, du passé qu'il fallait laisser derrière, qu'il allait pouvoir faire tout ce qu'il voulait, qu'il était libre d'aimer, de vivre, de respirer, de mourir même ! Ron lui reprochait encore d'être un dépravé qui devrait se remettre avec sa douce sœur qui prendrait bien mieux soin de lui que lui-même. Le brun dut même subir le discours sur l'auto-destruction qu'il s'infligeait. 'Tu peux être normal maintenant, Harry, tu peux vivre normalement'. C'était ce que lui avait affirmé Hermione, les yeux pleins de promesses.

Ses amis avaient juste oublié qu'il était Harry Potter, et que la normalité n'était pas faite pour lui. La normalité n'avait jamais voulu de lui.

Et le voilà, à vingt-deux ans, après avoir massacré ou mis à Azkaban tous les joujoux de feu Voldemort un à un, enfermé dans une maison sombre et silencieuse, assis sur le sol de la bibliothèque, entouré de dizaine de bouquins étalés par terre, une barbe de quelques jours sur les joues, ses lunettes basses sur son nez et ses yeux verts allumés d'un feu intriguant. C'était son jour de repos et il comptait bien le passer plongé dans ces grimoires. Maintenant que 'son devoir' était accompli, Harry se sentait à nouveau comme une coquille vide, sans but. Les méchants étaient sous les verrous et il sentait le poids de l'ennui l'accabler à nouveau rien qu'à l'idée de retourner travailler, remplir de la paperasse, traquer des petits braqueurs ou des pickpockets sans importance. Sa lettre de démission était prête, en bas, sur la table de la cuisine.

Le deal était que si Harry trouvait un projet, quelque chose auquel il puisse consacrer tout son temps et qui occuperait son esprit vingt-quatre heures sur vingt-quatre, il enverrait cette lettre, n'ouvrirait plus sa porte, bloquerait sa cheminée et ne bougerait pas d'ici à part pour soulager sa frustration sexuelle. Dans le cas inverse, il continuerai à chercher et chercher jusqu'à l'épuisement.

Harry Potter, le Survivant, l'Élu, Sauveur de monde sorcier, Vainqueur du Grand Lord Voldemort... mort d'épuisement ? Le dit Mage Noir rirait bien en apprenant ça, si seulement il était encore en vie.

-IFTK-

Cela lui prit trois ans. Trois longues années durant lesquelles il chercha sans relâche à travers les bibliothèques du monde entier de quoi assouvir les lancements de sa magie qui devenait plus impatiente chaque jour qui passait. Trois années en tant qu'Auror, mourant de quitter ce métier, cette vie morne. Harry passa en revue tous les sortilèges et rituels possibles et imaginables, les apprenant et les appliquant la plupart du temps.

D'ailleurs, l'un d'eux lui coûta l'amitié de Ron et Hermione. Il était tranquillement en train d'exécuter un rituel qui lui permettrait de soumettre les éléments à sa volonté lorsque ses deux meilleurs amis étaient entrés. Ils le découvrirent nu, assis en tailleur, sur le sol du salon couvert de runes, sa magie virevoltant autour de lui tandis qu'il récitait une incantation en latin, un feu, de la terre, de l'eau et une bouteille vide aux quatre points cardinaux. Peut-être était-ce l'image d'Harry avec le signe de chaque élément tracer à la dague sur son torse quelque peu couvert de sang, ou le balancement frénétique de son corps d'avant en arrière mais ce fut le choc de trop. Les deux ex-Gryffondors attendirent la fin de son rituel, heureusement Hermione possédait assez d'esprit pour savoir que le perturber alors qu'il l'accomplissait pouvait engendrer des conséquences fatales. Puis, ils fondirent sur lui comme un aigle sur sa proie et ils le déchiquetèrent.

Harry avait beau leur expliquer que ce qu'il faisait était bénin, ses amis ne s'arrêtaient pas de hurler combien il était imprudent et assoiffer de pouvoir, combien ils n'avaient pas cru Ginny quand elle leur avait avoué que parfois Harry lui rappelait Tom Riddle, mais maintenant qu'ils en avaient la preuve, ils regrettaient de ne pas avoir agi plus tôt. A cette remarque, le brun rit avec force, se calmant quelques instants après, pour leur avouer qu'il n'y avait rien à faire, Harry n'arrêterait ses expériences pour rien au monde et si ils étaient vraiment ses amis, ils comprendraient. Leur dispute dura jusqu'au petit matin, où Ron et Hermione abandonnèrent l'idée de faire 'entendre raison' à leur meilleur ami.

Actuellement, Harry ne pensait pas vraiment à Ron et Hermione, ni aux compte-rendus de missions qu'il devait finir pour le lendemain. Il avait sous les yeux la clé de son bonheur, ou du moins, il pensait que ça l'était. Un sourire presque dément se forma sur ses lèvres à l'idée de tout ce qu'il pourrait faire grâce à ce bout de papyrus. Merlin... Il était sauvé.

Au milieu de la bibliothèque d'Alexandrie, nullement perdue, seulement protégée de la folie destructrice de la communauté chrétienne, Harry se retint avec grandes peines de rire et pleurer à la fois. Il allait enfin pouvoir s'amuser ! Pouvoir profiter de sa vie, utiliser sa magie, Merlin ! Il allait retrouver tout ce qui manquait dans sa vie, être à nouveau plein.

En réfléchissant au fil des années, à travers ses fouilles, Harry se rendit compte que tout ce qu'il avait en tête était de trouvé un sorcier capable de le pousser à ses limites, de faire battre son cœur à toute allure, son adrénaline pulsant à travers ses veines, transpirer, avoir peur pour sa vie... Survivre. Il lui manquait un égal.

Harry avait commencé à se demander à quoi bon avoir tant de pouvoirs si il n'y avait aucun mage noir à défaire et sa vie devenait de plus en plus monotone depuis que les Death Eaters étaient tous à Azkaban. Il était Harry Saint-Potter et le peuple s'inclinait sur son passage, baisant le sol qu'il foulait. Personne ne le contredisait, personne ne lui tenait tête ou avait même une chance de lui tenir tête.

Il avait découvert au cours de ces huit ans qu'il pouvait tout faire. Tout. Cligner des yeux et désarmer vingt hommes, lever le petit doigt pour les faire léviter, juste penser à ce qu'il voulait faire d'eux et cela se passerait. Il avait même découvert qu'il pouvait transplaner dans Poudlard sans le moindre problème. Grimmauld Place en avait avantageusement profiter lorsqu'il avait réussi à maîtriser sa magie, se retrouvant débarrasser de toutes traces de vieillesses, surtout du portrait de Walburga. L'endroit était à présent aussi resplendissant qu'à l'époque où les Blacks l'habitaient.

Le jeune homme voulait qu'une guerre explose. Il avait attendu patiemment qu'un conflit éclate, un pays ne pouvait pas rester en paix bien longtemps après tout, non ? Pourtant, rien ne se passa. Pas un minable attentat, pas un réseau secret de Magie Noire, pas de Mage Noir non plus. Harry mourrait d'envie de libérer ce pouvoir qui flottait sous sa peau, attrayant, qu'il entendait presque le supplier pour sortir, être utilisé. Cependant, le Survivant ne pouvait pas l'utiliser ici, premièrement parce qu'il était étroitement surveiller maintenant que ses amis pensaient qu'il perdait la tête et deuxièmement, qui pourrait lui résister plus d'une minute ?

Personne.

Alors qu'avant... Il y avait Dumbledore et son amas de Magie Blanche, parfaitement maîtrisée. Il y avait aussi Snape, d'abord intéressant par ses sarcasmes toujours originaux et surtout sa puissance non-négligeable, il était quand même capable de voler sans artifices, chose que seul Voldemort pouvait accomplir. Et ce dernier... Ce cher Voldemort. Combien il manquait à Harry ! Avec ses expériences tellement poussées qu'il n'était plus qu'un ersatz d'humain, immortel, aliéné, mais toujours là, présent au fond du jeune homme. C'était grâce à cette créature hideuse qu'il était devenu ce qu'il était.

Harry revoulait son monde, celui qui était détruit, effrayé, sombre, où les gens n'osaient pas sortir de chez eux de peur de se faire tuer. Il voulait fermer les yeux et pouvoir humer l'odeur du sang, de la chair brûlée, de la mort.

Et tout ceci pourrait bientôt se réaliser.

-IFTK-

Un jour comme les autres, où Harry pensait une fois de plus 'Si seulement Voldemort était encore là...', quelque chose dans la tête d'Harry fit click. Et, à partir de ce moment, ses pensées se mirent à tournoyer à mille à l'heure. Il avait trouvé la solution à son problème.

Si Voldemort ne pouvait pas venir à Harry, pourquoi Harry n'irait pas à Voldemort ?

Ainsi, le brun commença à retourner sa bibliothèque personnelle et c'est là qu'il lut la première chose qui lui fit manquer un battement de coeur depuis bien des années.

Les dimensions parallèles.

Notre monde était supposément dupliqué plusieurs fois, la seule chose changeant étant le temps. D'où la divination. Les voyants et autres Trelawney étaient juste des personnes sensibles aux autres dimensions, ils ne percevaient pas le futur mais seulement des bribes d'autres mondes plus avancées dans le temps, pas plus qu'ils ne percevaient le passé de certaines personnes, toujours les 'souvenirs' des dimensions plus reculées.

Et c'était des dernières qui l'intéressaient. Le plus de cette expérience était qu'il n'aurait pas à se soucier de changer son futur, il pourrait agir sans penser aux conséquences, comme au bien vieux temps ! Être un gentil Gryffindor, courant tête baissée vers le danger et sauver le peuple des méchants.

Harry en avait entendu parler auparavant, comme tout le monde, dans des livres de science fictions, mais jamais, il n'avait cru cela possible, même après sa découverte du Monde Magique. Pourtant, dans un petit livre à la couverture de cuir noir, il était écrit quelques informations sur ce phénomène. Ce paragraphe placé au milieu d'une thèse sur le temps fut la première étincelle au feu qui ne manqua pas de prendre. Harry désirait savoir absolument tout sur les dimensions parallèles. Pour sa santé mentale, il devait tout connaître.

Les recherches débutèrent. Chaque jour de repos, le Héros du Monde Sorcier se jetterai sur une des bibliothèques magiques mondiales. Et au bout de vingt-six mois de dur labeur, il avait atterri à Alexandrie dans le légendaire sanctuaire, fouillant parmi les rouleaux de papyrus afin de trouver le moindre renseignement.

Bien sûr, Harry connaissait les caractéristiques principales des mondes parallèles, les autres lieux lui ayant fournis assez de connaissances pour dix vies. Ce qu'il lui manquait, c'était le moyen d'aller dans ces dimensions. Jusqu'à présent, le sorcier avait découvert des sorts, des machines et des rites permettant de transporter aléatoirement d'un monde à l'autre et ce genre de choses étaient beaucoup trop aléatoire justement. Harry ne souhaitait pas spécialement se retrouver aux temps préhistoriques ou à l'ère glaciaire.

Merlin soit loué, à force de patience, il acquit ce bout de papyrus où la solution à son problème était marquée noir sur blanc. Un simple rituel de sang et d'éléments, qu'il maîtrisait déjà, et Harry pourrait rejoindre Voldemort. Il recopia avec hâte la traduction, il avait beau étudié dur, les hiéroglyphes n'étaient pas à son programme, ainsi que la phonétique puis rangea toutes ses affaires pour retourner en Angleterre.

Le temps pressait.

-IFTK-

Harry dut attendre encore six mois avant de pouvoir accomplir son rituel. Aussitôt rentré chez lui, il examina de fond en comble ses pattes de mouches et ressortit de son analyse avec une liste d'ingrédients les plus rares au monde et tous nécessaires afin d'acheminer son corps et son esprit vers ces univers. Lui qui se sentait sorti d'affaire n'était pas au bout de ses peines.

Le brun parcourut la forêt amazonienne pour capturer un insecte de la taille de son pouce aux propriétés magiques exceptionnelles, il fouilla les glaciers de l'Arctique à la recherche d'une mousse qui ne poussait là qu'entre le vingt juillet et le trente août. Il dut sortir un os d'éléphant du sol nigérien, ses principes lui interdisant de tuer un être aussi intelligent et inoffensif.

Il était exténué, couvert de plaies mais heureux. Assis en tailleur au milieu de la table de la cuisine de Grimmauld Place, Harry caressa le bois aux cicatrices profondes, la couleur depuis longtemps fanée, la surface était rugueuse sans la peinture. Avant de partir pour sa quête aux ingrédients, il avait envoyé sa lettre de démission qui était restée posée sur cette même table durant trois années. Un sentiment de liberté s'était emparé de lui quand Harry avait regardé la lettre se balancer doucement à la patte d'un hibou quelconque qui s'éloignait au-dessus des toits londoniens.

Il était fin prêt pour partir pour cette grande aventure, l'inconnu plein de surprises, les batailles, les duels, la lutte de pouvoir ! Un frisson parcourut son corps nu tandis qu'un sourire serein étirait ses lèvres. Harry allait vivre à nouveau.

Le rituel se faisait en trois temps. La première étape était la plus simple, juste disposer les ingrédients récoltés, ou plutôt les catalyseurs représentant les sources qui allaient être drainées de leur énergie. Sous chaque élément était dessinée une rune, celle-ci constituées ses désirs, indiquant dans quel monde il voulait atterrir. Harry avait les mêmes symboles tracés à la dague sur son corps nu. En effet le rituel avait été conçu pour n'emporter que son corps, pas d'autres affaires personnelles. Harry espérait cependant que son stratagème allait déjouer ce problème. Le jeune homme avait rétréci tout ce dont il avait besoin jusqu'à ce que cela tienne dans une capsule en airain qu'il avait avalé. Ainsi, une fois arrivé, il pourrait récupérer ses biens !

Ensuite, pour établir un lien entre les symboles et sa personne, Harry devait faire couler son sang sur chaque rune, partant du nord et allant vers le sud. Il attrapa une dague et traça une fine ligne sur son poignet, transperçant la peau avec la lame aiguisée. Précautionneusement, il laisser le sang couvrir un à un les symboles jusqu'au dernier. Le brun posa tranquillement la dague sur le côté et se prépara à accomplir son destin.

Le dernier palier consistait à réciter une litanie de phrases en ancien égyptien, appelant les forces naturelles et élémentaires à l'aider à passer au-delà de ce monde. Prenant une grande inspiration et regardant une dernière fois son monde, Harry ferma les yeux avant de commencer à réciter les mots qu'il connaissait par cœur, sentant son pouls accélérer et la magie vibrer autour de lui et en lui plus il avançait dans ce monologue. Ses yeux s'agitaient sous ses paupières fermées, ses mains ouvertes et posées sur ses genoux, palmes vers le ciel, Harry implorait la Nature pour qu'elle vienne à son aide, qu'elle l'envoie loin de ce monde vers d'autres aventures.

Des heures semblèrent être passer lorsque Harry prononça le terme final. Les lumières semblèrent s'éteindre, ou peut-être était-ce lui, alors que son corps se déformait. Il avait l'impression que quelqu'un essayait d'arracher son âme de son corps, il se sentait étirer de toute part, ne savant plus comment réfléchir ou penser, perdu dans une douleur atroce. Même le Crucio ne faisait pas autant souffrir et c'était censé être le sortilège de douleur bon sang ! Harry crut sentir ses veines percer sa peau et ses yeux sortir de leurs orbites, roulant horriblement, clos ou ouverts, il ne savait plus, inconscient et conscient à la fois, trop d'informations se propulsant sous son crâne douloureux.

Puis tout s'arrêta. Il sentit à nouveau la table de Grimmauld Place sous ses cuisses, l'air pénétrer ses poumons, la lumière traverser légèrement sous ses paupières closes, la sensation de nudité, le sang qui coulait des runes sur tout son corps. Et il entendit enfin le bruit de choc général, certains retenant leur souffle, d'autres haletant. Harry perçut aussi le bruissement des vêtements signifiant que quelques uns avaient eu la présence d'esprit de sortir leur baguette.

Le Survivant prit une grande goulée d'air et ouvrit enfin ses yeux verts émeraudes pour rencontrer directement deux orbes bleues et scintillantes. Harry sourit doucement et penche légèrement la tête sur le côté.

Albus Dumbledore scrutait son visage, son visage un masque impassible. Sa barbe et ses cheveux étaient aussi longs et aussi blanc qu'Harry se rappelait, descendant en cascade dans son dos et disparaissant sous la table. Le nez aquilin, les lunettes en demi-lunes et le visage qui possédait autant de rides qu'autrefois complétaient le tableau d'un vieux grand-père bienveillant, flamboyant même dans ses robes rouges et or. Une seule chose s'ajoutait à toute la panoplie. Une chose qu'Harry n'avait pas eu la capacité de contempler auparavant. Sa bouche s'ouvrit légèrement et ses yeux s'élargirent alors qu'il découvrait, impressionné, l'aura se propageant autour du directeur, une aura magnifique, colorée et chaleureuse. Harry pouvait presque sentir le pouvoir émaner du vieux sorcier et haleta lorsqu'un brin de sa magie rejoignit de sa propre volonté celle de Dumbledore. C'était la chose la plus intime qu'il est jamais faite, les deux essences se frôlant sans jamais vraiment se toucher, une caresse amicale, le bonjour de deux vieux amis. Enfin, au bout de quelques secondes qui parurent une éternité, chacun rétracta sa magie.

Les yeux verts rejoignirent ceux du directeur et un fin sourire étira leurs lèvres simultanément.

C'était bon de rentrer à la maison.