Note de l'auteur : J'avais initialement prévu de situer cette fiction après la fin de la light novel de No.6, mais je ne l'ai pas lue en entier, et l'anime n'a pas non plus été entièrement diffusé, aussi ce ne sont que des hypothèses sur ce qui se passera, ou sur ce qui s'est passé. Donc, je la classe dans la section Univers Alternatif. J'ai pris des libertés avec l'intrigue principale également.

Je n'ai pas beaucoup d'informations sur la maladie qui s'est propagée dans No.6 ou sur la vérité sur la ville pour réussir à écrire une fin suffisamment convaincante, aussi le nom de No.6 ne sera pas mentionné ici. C'est juste l'histoire de deux garçons qui s'aiment, et l'intrigue se concentrera sur l'adaptation de Shion suite à la perte de Nezumi.

Je laisse la fin ouverte. Enjoy ! (: aussi, merci à tous ceux qui ont reviewé et mis en favori mes autres histoires ! Je n'aurais jamais imaginé une réponse aussi positive ! (: Merci encore. Je vais continuer d'écrire, même si l'art est ma vraie passion.

Note de la traductrice : Je tenais à vous faire partager cette magnifique fanfiction, qui m'a émue aux larmes. Originellement, ce n'était qu'un One-Shot, mais l'auteur a écrit une suite, cette fiction compte donc trois chapitres que je posterai dès que j'aurais fini leur traduction.

Je n'ai malheureusement pas l'autorisation de traduire, n'ayant à ce jour toujours pas reçu de réponse de la part de l'auteur, aussi je retirerais cette traduction si elle venait à manifester son désaccord.

Disclaimer : Tous les droits appartiennent respectivement à Atsuko Asano pour No.6 et à usagi-mono pour la présente fanfiction.

Lien pour la version originale ici : www . fanfiction /s / 7321282 /1 / A-time-for-everything (n'oubliez pas d'enlever les espaces)

Je ne suis que l'humble traductrice, et j'espère que l'histoire vous plaira autant qu'elle m'a plu !

Aussi, je tiens à préciser que je ne suis qu'une traductrice amateur, ce n'est en aucun cas mon métier. Traduire c'est interpréter, et j'ai parfois dû choisir et préférer certains termes ou expressions plutôt que d'autres, je vous saurai gré de me signaler toute phrase dont la tournure vous paraîtrait étrange pour que je puisse la corriger.

Toute commentaire est le bienvenu, je les traduirai ensuite pour les transmettre à l'auteur.

Je vous souhaite une très bonne lecture !


Quatre ans. Alors même qu'il pense avoir perdu de vue le temps écoulé.

Son cœur le pince un peu, mais la douleur s'estompe rapidement, s'enfouissant sous les couches superficielles de son esprit, se réfugiant dans un confort factice. Il y a une raison à la présence de cette écharpe qui entoure le cou de Shion. Il a failli l'oublier. Il avait déjà attendu quatre années similaires, il y a longtemps. Il y avait alors eu plus d'espoir, réalise Shion. Aujourd'hui, cet espoir s'affaiblit, vacille comme la flamme qui le pousse à laisser sa fenêtre ouverte chaque nuit. Alors même que l'intérieur de la pièce est trempé quand il pleut, et que durant l'hiver il attrape invariablement froid. Pourtant, il la laisse ouverte, tel un rituel nocturne mystérieux, et parfois, parfois il oublie pourquoi. Mais quand il se réveille, le matin, de la rosée dans ses cheveux, les doigts mortellement glacés, il s'en rappelle toujours.

Il ne reviendra pas, pense-t-il alors, et se lève de son lit. Seul.

Il ne pleure plus. N'a plus pleuré depuis un certain temps. C'est stupéfiant, vraiment. Il veut que Nezumi soit là pour lui dire à quel point il en est fier.

Tant que demain sera là, je t'attendrais ici.

A bras et cœur ouverts.

Et Shion, comme à son habitude, débute sa journée avec un optimisme renouvelé. Quatre ans, c'est plus long que ce que l'on ne pense. Il oublie qu'il possède une copie de Macbeth, copie dont il n'a jamais dépassé la première page, alors qu'il connait l'histoire par cœur. Il est surpris de pouvoir citer Shakespeare de mémoire, comme si cela avait été quelque chose d'important pour lui par le passé. Chaque couinement, crissement de petites pattes sur le sol capte son attention avec une intensité presque terrifiante. Et puis, quand le son s'évanouit, il se demande ce qu'il espérait en premier lieu.

Il vit seul, dans un quartier calme et pittoresque de la ville, où les rues pavées sont propres, et exemptes de rats. Il travaille dans une pâtisserie non loin de chez lui; il épargne pour pouvoir poursuivre ses études un jour prochain.

Il a attendu beaucoup de choses dans sa vie. Et, avant même qu'il ne s'en rende compte, il a vingt-et-un ans.

Quand on y pense, le temps est vraiment cruel. Shion ne se rappelle même pas du jour de son anniversaire, mais le gâteau à la cerise trônant sur la table de la salle à manger lui donne un éclair de lucidité. Gâteau laissé par sa mère, qui a le double des clés. Ayant soudainement perdu l'appétit, il le met au frigo, ne prend pas non plus de petit-déjeuner, et part à son rendez-vous chez le psychologue.

Presque inconsciemment, l'écharpe se retrouve enroulée autour de son cou. Il ne la porte maintenant que par habitude, rien de plus. Shion porte le bout de tissu à son visage, nostalgique. L'écharpe a depuis longtemps perdu l'odeur de son ancien propriétaire. Il ne se rappelle plus des cheveux noir corbeau ou des yeux perçants. C'est à peine s'il se souvient de l'exacte teinte de gris. Ou bien étaient-ils bleu foncé ? Des choses qu'il veut extirper de sa mémoire, mais il se ment, se ment à lui-même en conservant ces indices, ces souvenirs matériels qui ne servent plus à rien puisque désormais ...

Shion s'arrête dans une librairie au coin de la rue, désireux de s'acheter un bon livre.

Alors qu'il parcourt les rayonnages, ses doigts s'accrochent à la couverture de Songe d'une Nuit d'été, et il fait une pause, comme s'il essaye de découvrir pourquoi s'arrête-t-il ici, précisément, avant qu'il ne décide de s'en aller.

Plus tard dans la soirée, il cuisine pour deux, et se déteste pour ça.


"Hé, reste éveillé. Tu voulais que je te le lise, non ? Alors ne fais pas la sieste comme un gamin."

"Mais," protesta Shion d'un air endormi, puis il ne dit plus rien. Il est dans la peau d'un enfant à nouveau. Le douce berceuse de Nezumi et sa voix agréablement grave l'emmène, l'emporte dans un monde fantastique et merveilleux. Avec sa tête sur les genoux de Nezumi, les doigts emmêlés dans ses cheveux, Shion se sent plus satisfait qu'il ne l'a jamais été de sa vie entière.

Quand Nezumi pense qu'il s'est encore rendormi, il soupire, ferme le livre, avant de caresser la joue pâle qui lui fait face.

"Tu es adorable," lui murmure-t-il.

Et à ce moment, Shion atteint la perfection; plus rien ne pourra le briser.


Durant le mois, Shion fait du ménage. Les désirs vagabonds et les détails éparpillés aux quatre coins n'ont plus leur place sous son toit, et il est soulagé d'avoir enfin envie d'aller de l'avant. C'est progressif, une route qu'il prend de son plein gré, sa décision. La réticence s'est dissipée au fil de ces quatre dernières années. Il ne traîne plus son cœur ensanglanté au bout d'une chaîne. Il ne se recouvre plus de la vieille écharpe, et de toute façon ses amis trouvent qu'elle ne lui va pas vraiment. Il paraît plus petit, plus jeune même, et le serpent écarlate qui enserre son cou ressort d'autant plus. Dans un coin de son esprit, il pense qu'il ne fait pas plus de seize ans avec.

Il roule l'écharpe en boule dans un tiroir de sa commode, sous un sweater bleu et froissé qu'il n'a pas porté depuis des lustres.

Je dois avancer.

Shion regarde désormais vers l'avenir. A bras et cœur ouverts.

Cela fait longtemps depuis la dernière fois qu'il a été aimé. Il considère l'offre de Safu sérieusement, encore incertain, ne sachant quoi faire face à une confession si franche. Il se demande vaguement ce qu'elle voit en lui. Il n'est certainement pas le plus viril, il n'est pas non plus athlétique, et manque de plusieurs qualités indéniables qui le rendent inapproprié en tant que partenaire plausible aux yeux de Safu, elle si calculatrice, réfléchie, scientifique. Il suppose que son intelligence doit pencher la balance en sa faveur.

C'est une nuit froide, alors qu'il rentre chez lui après avoir fait les courses. Les premières chutes de neige l'inquiètent, et il accélère le pas. Sa respiration est visible, fumée dans l'air alors que la nuit avance. Il fait beaucoup plus froid sans l'écharpe, songe-t-il.

Demain matin, pense Shion, j'en achèterai une autre.

Il croise une passante et son enfant, alors qu'ils évitent de justesse ce qu'il lui semble être des rongeurs détalant à toute vitesse. La femme marmonne quelque chose à propos de la peste et d'une hygiène insuffisante. Shion n'y fait pas attention, agrippant fermement son sac en papier brun, rempli d'œufs, de lait et de pain pour la semaine prochaine.

La neige tombe doucement dans le petit quartier où il habite. Personne n'est dans les rues à cette heure. Cela lui permet de méditer librement, en silence, et il se remémore sa journée, les murmures de ses pensées prenant le pas sur le silence immaculé. Plongé dans ses pensées, il entend dans l'environnement muet la neige qui craque agréablement sous le poids de ses pas. Inconsciemment, il évite de faire du bruit quand il marche. Mais ses pas ne sont rien face au vacarme que produit le sac en papier rempli alors qu'il tombe de ses bras soudain flasques et heurte le sol; floc fait-il comme bruit.

Crac. Boum.

Pendant un instant, comme beaucoup de choses ces derniers mois, il oublie pourquoi il est choqué. Pendant une fraction de seconde, il ne comprend pas pourquoi ses poumons ne fonctionnent plus, pourquoi son cœur s'arrête, devant la vision de ce magnifique étranger aux cheveux noirs qui l'attend au pas de sa porte.


La brûlure sur ses joues l'élance doucement. Un rappel lancinant à la réalité.

Nezumi tombe à genoux, l'étreint par la taille. Il a l'air vulnérable ainsi, le dos courbé, la tête penchée, mais sa prise est ferme, presque désespérée. "Je tiens à toi, Shion."

"Alors ne me quitte pas, Nezumi."

"Je ne le ferai pas," ment-il.


Il a grandi. Ses épaules sont devenues plus larges. Shion ne le reconnait pas au premier abord, parce qu'il a les cheveux courts. Mais il sait, tout au fond de lui, il sait qu'il ne sera jamais capable d'effacer les traits de ce visage de sa mémoire. Dans dix, ou même vingt ans, Shion sait qu'il le reconnaîtra. Les yeux de l'homme brillent furieusement d'émotion, reflétant le trouble qui l'agite. Ils se tiennent là, debout, pendant une minute entière, s'étudiant attentivement.

Je rêve. Le corps de Shion tremble tout entier. Ce n'est pas possible. C'est un mensonge, un mensonge, un mensonge...

C'est comme si quatre ans s'écoulaient à nouveau. Nezumi est le premier à briser le silence.

"Shion," dit-il. Sa voix est tremblante, prudente. Il semble vouloir s'avancer mais y réfléchit à deux fois.

Il est devenu trop grand pour conserver la veste qu'il semblait tant apprécier autrefois; il porte maintenant un vêtement similaire, mais garde la fermeture éclair ouverte. Les bottes sont les mêmes, égratignées et déchirées, autant si ce n'est plus que la dernière fois qu'il a pu les voir.

Shion n'en peut plus. La première inspiration qu'il parvient à prendre est difficile, douloureuse, et lui fait monter les larmes aux yeux.

Ce n'est pas possible. Je vois des choses. Je dois être fou.

"Nezumi," dit-il faiblement, prêt à mourir.

... Pourquoi ?

Shion est incapable de bouger, encore moins de fuir. Les mots ne parviennent pas à mouvoir sa langue, même si ses pensées hurlent à l'intérieur. Cela le déchire en morceaux, plus que n'importe quel virus, que n'importe quelle convulsion, et il ne fait rien d'autre que d'attendre que la mort vienne le chercher, docile. Avec une douleur pareille, il va juste tomber raide mort, comme ça, son cœur saignant à blanc. Plusieurs fragments de souvenirs, flous et incomplets, grattent à la surface, égratignant sa poitrine. Il le sait. Il est en train d'imaginer des choses. Ce doit être ça, ses derniers instants.

Evidemment, ce n'est pas le cas pour Nezumi.

A cœur et bras ouverts, il enlace Shion.

Shion sent la peau sous la veste, les muscles, le sang grondant sous la peau, les tendons. Nezumi semble réel. Les cheveux qui chatouillent sa joue semblent réels. Mais pour Shion, ce n'est rien de plus qu'un châtiment plus cruel encore.

"Je suis de retour, Shion."

Cela le tue.

Non. Shion crie et pleure, l'angoisse de ces quatre longues années dévalant en larmes sur ses joues et l'épaule agréablement chaude de Nezumi. Cela ne s'arrête pas. C'est la première fois qu'il comprend vraiment pourquoi l'on compare les larmes à un barrage fracassé. Il ne lève pas ses bras pour retourner l'étreinte. En aucune façon un mortel ne pourrait toucher une apparition, comme si elle était constituée de cellules vivantes, tangibles. Une part de lui refuse de céder, de donner à ce Nezumi une existence réelle, tandis que l'autre ne veut qu'une chose : s'abandonner à cette douce illusion.

Mais les fantômes n'existent pas.

"Shion." Nezumi s'éloigne, et Shion peut voir correctement son visage. Avait-il toujours été aussi beau ? Il ne peut rien faire d'autre que le fixer, encore et encore. "Je suis venu pour toi."

Shion laisse échapper une inspiration tremblante. "Arrête," il retrouve enfin sa voix. Elle lui semble grimaçante et grinçante, comme si elle ne lui appartenait pas. "Ce n'est pas en train d'arriver. Tu ne peux pas être réel."

Nezumi paraît blessé à ces mots, mais pas totalement surpris. Il fait courir sa main dans la chevelure douce et immaculée de Shion. "Pardonne-moi" dit-il, et il presse ses lèvres contre les siennes.

Shion veut y croire. Il veut être trompé. Il ouvre la bouche, se noie, s'abandonne avec un désir nouveau et insensé. Nezumi Nezumi Nezumi Nezumi. Il est fou. Il n'y a pas d'autres explications possibles.

Je suis cinglé.

Quand ses jambes cèdent sous son poids, Nezumi le tient contre lui, inquiet. Shion le repousse à une distance acceptable, l'éloigne de lui avec ses dernières forces et s'effondre finalement sur le sol. Tout ce qu'il a construit patiemment, difficilement, méticuleusement durant ces quatre dernières années est en train de s'écrouler comme un château de cartes, s'écrouler comme sa maîtrise de soi qu'il essaye pathétiquement, faiblement de conserver.

"Tu n'es pas réel," s'étrangle-t-il, incapable de le regarder en face. "Pourquoi es-tu là ? Pourquoi es-tu revenu ?"

Nezumi reste impassible. "Je t'aime Shion."

"Menteur !" Il sait que Nezumi ne dirait jamais de telles choses de but en blanc. Ce doit être le sang de son cœur en lambeaux, suintant dans sa gorge qui lui vole sa voix. "Tu es mort, Nezumi. Mort depuis longtemps."

C'est la première fois qu'il le dit à voix haute. Cela lui a pris si longtemps pour l'accepter.

Face au fantôme de son passé, il trouve en lui une force inattendue.

"Tu trouves que j'ai l'air mort ?"

Shion n'écoute pas, ne peut se convaincre autrement. Il s'est enorgueilli d'avoir oublié, mais en vérité, il n'a jamais pu. Même s'il s'était construit des tonnes et des tonnes de souvenirs heureux, agréables, jamais il n'aurait pu enterrer son passé.

Je t'ai tellement aimé.

"Tu es dans ma tête," avoua Shion. "Nezumi ne pourrait jamais être ici, si ce n'est pour moi."

"Regarde moi Shion."

"Laisse-moi tranquille s'il te plaît. C'est trop douloureux. Je veux t'oublier."

"Shion - "

"J'avais juste enfin réussi à ne pas penser à toi rien qu'un seul jour ! Un seul !" s'exclama Shion. "Pourquoi ne me laisses-tu pas t'oublier ?"

Sans même lever le petit doigt, Nezumi brise en mille morceaux les fondations de l'univers de Shion.

Nezumi tombe à genoux. La main qui tient le menton de Shion est vibrante de vie.

"Si tu refuses de me croire, je te le prouverai encore et encore," dit Nezumi.

Shion se remémore soudainement le temps où cette exacte teinte de gris le surplombait, face contre terre, son corps sans force et son espérance plus mince encore. Même s'il n'est pas nu cette fois, il ressent la même vulnérabilité, la même fragilité, sous l'emprise du regard couleur tempête de Nezumi.

"Ne pleure pas, Shion. Je vais me faire pardonner, je te le jure," promet Nezumi, puis il se penche en avant.

Il se rend compte alors que ses lèvres sont si froides, comparées à celles de Nezumi. Et pendant un court instant, il oublie qui est vivant et qui est déjà mort.


Il y a un coup de vent, et Shion sent l'écharpe de Nezumi lui envelopper le visage comme une douce couverture.

"Je veux que tu penses à moi quand tu la portes" sourit Nezumi. Un sourire sincère.

Shion serre plus étroitement dans ses bras le corps chaud de Nezumi, et ne retient plus ses baisers fiévreux.

"Cela va sans dire" énonce-t-il sereinement. "Je ne serais jamais capable de t'oublier, Nezumi."

- Fin -


Note de l'auteur : c'est à vous de choisir si Nezumi est réel, ou s'il est déjà mort, ou bien si Shion n'arrive juste pas à lâcher prise et à oublier. Mais j'ai une histoire presque entière à raconter, aussi si vous voulez une suite, n'hésitez pas à le dire (: Un grand merci à vous d'avoir lu cette histoire ! J'ai assez traîné pour l'écrire ^^


Note de la traductrice : A bientôt pour la traduction du chapitre deux !