Disclaimer : Rien ne m'appartient, ni les old-fashioned lyrics de Queen, ni le chef d'œuvre des messires Pratchett (paix à son âme) et Gaiman.
Je suis faible, mais j'aime trop ces deux-là. Du reste, je vous dois une explication : ce qui n'était jusqu'à présent qu'un début de récit plus instinctif qu'à l'accoutumée s'anima de lui-même, comme possédé. Par conséquent, voilà un bout de vie en deux chapitres, mielleux à s'en carier les dents. Bonne lecture !
I. Ne pars plus ensuite (J'assurerai tes arrières)
I can dim the lights and sing you songs full of sad things
We can do the tango just for two
Le lendemain de l'Apocalypse-Mais-En-Fait-Non – un dimanche des plus tranquilles – Londres s'avérait pluvieuse, encombrée, et même morose, comme si de rien n'était.
Le surlendemain, un ange coquet s'assoupit devant son chocolat chaud avec un peu de crème, légère, s'il-vous-plait. Son Ennemi Naturel, lui, dormait déjà (depuis l'avant-veille au soir).
Deux jours après la Non-Fin-Du-Monde, un démon – tout à fait inoffensif – terrorisait vaguement ses sublimes plantes vertes. Et, bougon, son vieil adversaire de toujours s'éveilla avec une envie de thé Earl Grey et petits biscuits à la cannelle fait-maison.
La semaine suivante, Londres s'était remise de ses émotions. Pas Aziraphale et Crowley.
Le mercredi de la dite-semaine, à midi et vingt-quatre minutes, le blond bonhomme n'en put plus d'être nerveux et maussade et sacrément seul. Alors il quitta l'arrière-boutique de sa librairie miteuse (mais douillette, pourvu que l'on ne s'attarde pas trop sur la sémantique) et déboula dans la rue comme une tempête en mer, l'âme ballotée et le cœur au bord des lèvres – Oh, misère, j'aurais dû lui demander son adresse, depuis le temps – puis manqua s'écraser sur Crowley, tout aussi nerveux et maussade et diablement seul.
« Oh, Crowley. C'est drôle que tu sois là, j-j'ai essayé de t'appeler plusieurs fois, mais, euh, je crois que je n'y comprends rien, en fait. Ahem. »
(En vérité, le combiné dont il était question ne fonctionnait plus depuis février 1932.)
« Je, hm. S-Sssalut mon ange. J'ai débranché mon répondeur téléphonique, m'enfin, on sait jamais. Les Enfers à ma poursuite, tout ça. »
Le silence, entre eux, demeura longtemps : gonflé d'angoisse, d'ongles rongés et de regards furtifs.
Bravache, le démon – qui, à son grand dam, dansait (assez habilement, d'ailleurs) d'un pied sur l'autre – implora plus qu'il ne l'aurait souhaité :
« Tu, hm, te laisserais tenter par un déjeuner ? Ou un thé, peut-être, un chocolat, ou- »
Soudain, Aziraphale l'étreignit si fort qu'il lui coupa le souffle (et lui fêla au moins deux côtes).
« Tout ce que tu veux, n'importe quoi. A-Absolument, je veux dire… Oui, mon cher. »
Aux anges, Aziraphale ne se fit pas prier pour s'accrocher au bras que Crowley lui tendait, en parfait gentilhomme, quoique plutôt démoniaque. Puis le moteur de cette bonne vieille Bentley chanta, et voilà qu'ils souriaient bêtement, presque à s'en bloquer la mâchoire, comme deux idiots.
