Lettres embrassées
Disclaimer : Aucun des personnages ne m'appartient. Ils sont à Hiromu Arakawa. Ce qui m'appartient, en revanche, c'est la dose de bêtises que j'instillerai éhontément dans cette fic x)
Base : FMA (manga)
Genre : Humor – Romance – Shônen-Ai (Edvy) – OS
Rating : T
Résumé : Parfois, l'amour a juste besoin d'un petit coup de pouce. Et parfois, il en a besoin d'un GROS.
Musiques : Hello (Adele), Youwa (FMA, OST 1), Lucky Strike (Maroon Five), Hello Kitty (Avril Lavigne), Juliet (LMNT), Love Myself (Hailee Steinfeld)
Note : À la base, je souhaitais faire un petit OS. Et je sais pas pourquoi, à chaque fois, ça part en live et ça fait vingt pages xD Bon. Là, à la limite, ça s'explique : l'OS initialement prévu pour ce 14 mars devait être tout autre, mais je n'avais pas l'inspiration. Je l'ai donc cherchée là où elle se trouvait et elle m'a jailli à la face comme un geyser (Envy : … *contient un rire* … Ed : … Je t'interdis de parler de cette fois-là. Envy : T'es même pas drôle.) xp Mais on va pas s'en plaindre ! Voici donc, pour vous, une petite histoire guimauwesque, drôle (Envy : Tu l'espères, hein ?) et à l'image de ce White Day ! (Ed : Qui n'a strictement aucun rapport avec toi. W.A. : Malheureusement, non.) J'espère donc que vous passerez un bon moment, que vous profiterez bien de votre lecture et qu'un sourire ou deux traverseront votre visage. C'est le plus important :)
« Fiouh... »
Edward ferma lentement la porte derrière Alphonse et lui, laissant entendre un long et profond soupir qui acheva d'extraire de son corps le dernier soupçon d'énergie qui y était encore accroché. L'adolescent, voûté et courbaturé, se laissa tomber en avant et appuya son front contre la porte d'entrée. Il ferma un instant les yeux. Enfin... À vrai dire, ce furent plus eux qui se fermèrent d'eux-mêmes que lui qui leur commanda d'apporter sur ses prunelles dorées et fatiguées un peu d'obscurité bienvenue.
« Ça va ? » s'enquit la voix métallique de son petit frère. En dépit du corps froid qui l'abritait, cette voix amenait toujours avec elle chaleur et réconfort. Edward sentit la main d'Alphonse se poser sur son épaule.
Le jeune alchimiste décolla sa tête de la porte en bois massif au travers de laquelle se répercutaient, au bas de la cage d'escalier, les pas discrets d'autres habitants de l'immeuble qui, comme eux, rentraient tardivement en cette fraîche nuit de mars. Enfin... « comme eux ». Pas vraiment : leurs voisins, eux, n'avaient pas dû passer quinze heures d'affilée à la bibliothèque de Central pour s'user les yeux sur de vieux manuscrits codés et de toute façon indéchiffrables, avant de revenir bredouilles dans leur logement avec la merveilleuse perspective de recommencer la même interminable tâche le lendemain.
Cette idée peu réjouissante en tête, Edward se fit violence pour se redresser. Il jeta un coup d'œil morne à son frère, puis répondit avec la plus grande conviction du monde :
« Ça va, ça va... Je suis juste... un peu crevé. C'est tout. »
Il adressa un sourire qu'il voulut rassurant à son frère, eut tôt fait de le perdre et, avec des gestes rendus lents et maladroits par l'épuisement, se défit de son inséparable manteau rouge. Il batailla un peu avec, puis le jeta sur le porte-manteau plus qu'il ne l'accrocha dessus.
D'un pas traînant, il se dirigea vers sa chambre, au bout du couloir qui servait également d'entrée.
« Tu es sûr ? » demanda quand même son frère, inquiet. Il voyait bien qu'Edward était au bout du rouleau. Or, il ne pensait pas que cela fût simplement dû à la fatigue accumulée au fil des heures. Non. C'était plutôt le résultat des échecs consécutifs et des journées infructueuses passées à travailler ensemble. Alphonse le savait : Edward tenait plus que quiconque et, peut-être, plus que lui-même, à ce qu'il retrouvât son corps. Savoir que ce ne serait, encore une fois, pas demain la veille, devait avoir porté un énième et rude coup au moral de son aîné.
Peut-être un coup de trop, vu la tristesse que l'armure décelait dans le regard lointain de son frère.
« Écoute... Nii-san... Si tu veux, demain, j'irai tout seul à la bibliothèque. Comme ça, tu pourras te reposer et-...
- Tu plaisantes ? » l'interrompit Edward avec vigueur en se tendant comme s'il avait brusquement reçu un coup de fouet. « C'est de ma faute, si on en est là.
- Qu-… ?
- Alors je viendrai. J'ai juste... juste... » Son regard s'éteignit à nouveau. Il se massa les paupières. « … juste besoin d'une bonne nuit de sommeil. » Son cerveau força les commissures de ses lèvres à se relever dans un sourire encore moins naturel que le premier. « D'accord ? »
Alphonse croisa les bras. Edward savait faire beaucoup de choses, mais lui mentir, ça... ce n'était vraiment pas son fort.
« Je pense quand même que tu devrais te ménager un peu...
- … Me ''ménager'' ? Alors que toi, tu ne le peux même pas ? » rétorqua l'adolescent. Cette fois-ci, un certain agacement commençait à poindre dans sa voix. Cependant, Alphonse savait que cette irritation n'était pas dirigée contre lui, mais plutôt contre Edward lui-même : son aîné avait la fâcheuse tendance à toujours se sentir coupable de tout.
« Le jour où tu seras aussi sur les rotules que moi, là, ok, on se reposera. Ensemble. Mais pour l'instant, pas de repos pour moi, sinon le strict nécessaire », affirma d'un ton sec le petit blond, dont le regard douloureux se posa sur l'armure. Même à cette heure avancée de la soirée, celle-ci ne semblait pas atteinte de la moindre lassitude. Normal : Alphonse ne pouvait tout simplement pas la ressentir, tant qu'elle restait physique.
Se rendant subitement compte que son comportement avait pu paraître agressif à son cadet, Edward décida de mettre un terme à la conversation avant que celle-ci ne s'envenime – de toute façon, c'était lui l'aîné, donc lui qui avait raison. Il concéda néanmoins d'un ton un peu plus doux :
« Bon. Si tu veux, demain, on se laissera deux heures de plus pour dormir le matin. C'est la seule concession que je veux bien faire. En attendant... Je vais aller me laver. J'ai hâte de retrouver le moelleux de la couette... » fit-il dans un long bâillement, sous le regard caressant de son petit frère, toujours inquiet : probablement à cause de la fatigue, Edward louvoyait de plus en plus au fil de son avancée vers la chambre, dans laquelle il pénétra d'une démarche encore plus incertaine, à la recherche du pyjama qu'il s'empresserait d'enfiler sitôt douché.
L'adolescent poussa d'un coup d'épaule la porte entrouverte et, tout en enlevant sa veste, tâtonna le mur à la recherche de l'interrupteur contre lequel il laissa glisser ses doigts las. La lueur éclatante du plafonnier jaillit alors furieusement dans la pièce. Elle en chassa la nuit, révélant aux yeux déjà brouillés de sommeil de l'alchimiste les quelques meubles qui composaient cette pièce un peu trop grande pour lui mais devenue familière au fil des mois : à sa droite, par exemple, sa commode...
… tiroirs ouverts.
« … »
À sa gauche, son armoire.
Grande ouverte, elle aussi.
Au sol, sous ses pieds, son tapis. Rouge, comme il les aimait. Mais couvert de vêtements. Ses vêtements. Vraisemblablement recrachés par les meubles et foutus pêle-mêle un peu partout.
Et face à lui, son lit.
Avec un drôle d'occupant dessus.
« Euh... »
Un chat.
Noir.
Assis sur son séant et en train de le fixer avec de grands yeux malicieux.
WTF ?
« Mais qu'est-ce que... ? » murmura Edward, tant interloqué qu'outré par l'insolence de l'animal. Celui-ci se contrefichait de sa présence : il commença à faire sa toilette, l'air de rien.
Pourtant, on aurait dit qu'un véritable ouragan était passé dans sa chambre et avait méticuleusement bazardé le moindre objet qui s'y trouvait. Comme si la simple idée qu'il pût exister ici un minimum d'ordre avait semblé intolérable à cette entité dévastatrice.
Edward dévisagea son nouveau « compagnon » à quatre pattes... qui allait TRÈS certainement finir en descente de lit dans moins de deux secondes vu le regard assassin que dardait le jeune garçon sur lui.
« C'est toi qui as fait ça, satanée boule de poils ? » interrogea-t-il l'animal dans un grognement qui n'avait rien à envier à celui d'un chat hérissé. C'était purement rhétorique, hein – c'est pas comme si ce chat allait lui répondre –, mais... BORDEL !
« AAAAAL ! » rugit alors Edward, qui savait très bien pourquoi ce félidé se retrouvait LÀ, sur son lit. Son frère avait ENCORE ramené un chat à la maison alors qu'il savait pertinemment que ça lui était interdit car ils ne pouvaient pas le garder ! Et maintenant, c'est lui qui faisait les frais de ce petit « écart », merci bien !
« Et arrête de foutre des poils partout, TOI ! Je vais te les faire bouffer, je te préviens ! » cracha-t-il à l'attention du chat d'un ton réprobateur, l'index pointé vers lui. Il se contrefoutait bien de savoir pourquoi cet animal de malheur avait foutu le souk dans SA chambre, mais parole de chibi (Ed : Pardon ?), il n'allait pas le laisser faire sa loi ici et saloper le peu qui était encore en état avec ses poils qu'il faisait voler partout en se lustrant la fourrure avec une impertinente décontraction !
« Qu'est-ce qu'il y a ? » appela Alphonse en accourant vers la chambre. Il se demandait pourquoi Edward l'incendiait ainsi depuis l'autre bout de l'appartement.
« Y a que ça fait trois heures que je poireaute, chibi », répondit à la place d'Edward le chat, qui feula ensuite entre ses petits crocs luisants. Ses yeux verts virèrent brusquement au violet.
Edward cligna des siens.
Son cœur battit la chamade aussi rapidement que les pas d'Alphonse battaient le parquet.
Oh.
Merde.
CLANG !
Sans réfléchir plus d'une seconde, Edward referma violemment la porte derrière lui, au moment même où Alphonse s'apprêtait à le rejoindre dans la chambre... lui envoyant donc joyeusement la porte dans la figure.
« Qu-... HEY ! » Alphonse tambourina avec force contre la porte. « Nii-san ! » héla l'armure, incompréhensive. Ce ne fut qu'après deux appels et en entendant la clef tourner plusieurs fois dans la serrure à une vitesse affolante qu'Alphonse pensa enfin à s'acharner sur la poignée ; mais trop tard : Edward avait déjà fermé la porte à double tour. « Nii-san ! Ouvre-moi ! Qu'est-ce qu'il se passe ?! »
De l'autre côté de la porte qu'Alphonse menaçait de faire céder à force de frapper, Edward s'appuyait contre elle en étoile de mer, la respiration courte, les yeux exorbités et une fine pellicule de sueur froide coulant le long de son front.
Mais... Mais...
Mais qu'est-ce que je fous ?! Et, plus important...
« Qu'est-ce que tu fous là... ?! » vitupéra-t-il entre ses dents, tout bas, à l'intention du chat qui n'était autre que... « … ENVY ?! »
Sans cesser de soutenir la porte qui lui donnait l'impression d'être prête à s'arracher de ses gonds sous les assauts répétés d'Alphonse dont les coups retentissaient dans la pièce, Edward lança soudainement à l'animal un regard blasé.
« Et sérieux : un chat ? C'est pas un peu cliché, dans une fic ? (W.A. : Ça, c'était un coup bas. Ed : Vengeance.)
- Ce qui est cliché, mon vieux... » répondit le chat au port altier en se léchant sensuellement la patte (Ed : « Sensuellement » ? Envy : Attends, tu m'as pas vu lécher ma queue. Ed : Je passe.), « … C'est de laisser sa fenêtre ouverte quand on s'en va. On t'a jamais dit que c'était un truc à pas faire, surtout pour une petite crevette comme toi qui s'attire continuellement des ennuis ? » questionna le félin avec... SI. Un sourire, tout en jetant un coup d'œil en biais à la fenêtre, laissée effectivement entrouverte par un alchimiste bien imprudent, qui avait juste voulu aérer un peu pendant son absence. « D'ailleurs, à cause de ton loquet, pas moyen de rentrer ici sous ma forme normale...
- Arrête. Tout le monde sait que c'est pas ta forme ''normale'', quand t'es humain.
- … et DONC », poursuivit l'androgyne en découvrant ses petites canines en signe d'avertissement. Chut. « J'ai dû me transformer comme ça pour pouvoir me faufiler ~
- Et ça fait trois heures que t'es comme ça ?
- Mouais. À peu près. » Envy s'étira de tout son long sans le moindre écart pour la couette, qu'il laboura de ses griffes. Il écarta ses coussinets de plaisir avant de rouler sur le duvet, l'air heureux – tandis qu'Edward, lui, se lamentait intérieurement en voyant ses poils voler. « Tu serais un chat, toi aussi, tu comprendrais.
- Ouais. Ce que je comprends surtout, c'est que t'as rien à foutre dans MA chambre ! On t'a jamais appris à frapper avant d'entrer ou... Je sais pas, moi... qu'en général, on s'introduit pas illégalement chez les gens comme ça ?!
- Nii-san ! » s'exaspéra Alphonse, lassé de taper contre la porte mais de plus en plus inquiet. Qu'est-ce qu'il lui prenait, à son frère ?! Une seconde, il l'appelait à grand cris, et l'autre, il l'empêchait de le rejoindre !
« OU-OUAIS, DEUX SECONDES ! » répondit Edward... Plus énervé qu'angoissé, à présent. « Je règle un problème !
- Nii-san ! Écarte-toi de cette porte, je vais l'ouvrir ! » avertit Alphonse avec le plus grand sérieux. Il allait tirer cette histoire au clair, et pas plus tard que tout de suite !
Edward entendit alors des mains claquer l'une contre l'autre.
Envy et lui s'échangèrent un regard. Terrifié, mais entendu.
Ni l'un, ni l'autre, ne voulait apparemment voir débarquer en trombes le plus jeune dans la pièce. Edward, car il ne souhaitait pas devoir débattre de la raison de la présence d'Envy ici, et Envy... Bon, ça, il n'en savait foutrement rien, mais ça l'arrangeait bien que l'homonculus partageât sa préoccupation.
Au moins un point en commun avec lui (Ed : Minute. D'où c'est une bonne chose ? Arrête de me faire dire n'importe quoi !).
« N-N-Non ! » s'exclama soudain l'alchimiste. « J... J... Je suis pas habillé ! C'est pas la peine, Al ! Je vais bien ! J... Je... J'ai juste... » Une excuse. Vite. « … En fait, la fenêtre est ouverte et du coup, une fille dans l'immeuble en face m'a vu... »
Envy s'envoya une facepalm. Sérieusement ? Les lèvres du petit blond se pincèrent et ses yeux se plissèrent, l'air de dire : « Toi, ta gueule. ». Sans se laisser déconcentrer, Edward poursuivit son mensonge avec une remarquable ferveur :
« J'ai cru que c'était toi qui avais oublié de fermer la fenêtre, mais en fait, c'était moi ! J'avais oublié ! Désolé ! »
En entendant Envy s'esclaffer comme une baleine – on aurait dit qu'il s'apprêtait à cracher une grosse boule de poils, mais passons –, Edward le foudroya du regard pour lui intimer le silence. « Ça va, hein ! » lui cracha-t-il méchamment à mi-mots, embarrassé.
« Ah... Euh... D... D'accord... » répondit son petit frère, de l'autre côté de la porte, un peu perdu. Edward agissait bizarrement. Mais bon. Il devait avoir ses raisons. « B... Bon, je te laisse, alors.
- O... Ouais ! » confirma Edward sans quitter Envy des yeux. L'homonculus semblait en train de se fendre la poire comme jamais, les quatre pattes en l'air.
Un truc pas net se tramait derrière cette porte. Alphonse le pressentait. Pour autant, il décida de ne pas insister auprès de son frère.
Puis, soudain...
« Hey, mais... »
… Les lueurs qui servaient d'yeux à l'armure s'illuminèrent.
Oh.
Pas la peine de casser la porte.
Alphonse sourit intérieurement – un large sourire – puis s'éclipsa en sifflotant, guilleret.
Edward, de son côté, tendit l'oreille jusqu'à entendre le grincement caractéristique que produisait l'armure d'Alphonse lorsqu'il s'asseyait. Et vu le faible son produit, son cadet était allé s'installer loin. Très loin. Taaaant mieux, tant mieux. Parce que là... Il avait un certain chat à fouetter, et pas n'importe lequel. Et il n'avait pas envie de régler ça avec son petit frère dans les parages : Envy n'en avait généralement qu'après lui. Il allait se dépatouiller tout seul pour l'instant et, en cas d'urgence seulement, appeler son cadet à la rescousse. Car pour l'instant... Envy ne semblait pas vraiment hostile comme cela avait pu parfois être le cas. Et même – et c'était suffisamment rare pour être notifié – plutôt dans de bonnes dispositions.
De trop bonnes dispositions, pour un violeur d'intimité (Envy : Hey. Ne m'accuse pas de choses que je n'ai pas encore commises ! Ed : Comment ça, « pas encore »?!).
« C'est bon ? T'as fini de te marrer comme une huître, là ? » grogna Edward, de mauvais poil.
« Une quoi ? » demanda Envy, pleurant de rire sans parvenir à s'arrêter. « Franchement, chibi... C'était quoi, cette excuse à deux balles ?
- T'en avais une, toi ? Non ? Alors t'es mal placé pour critiquer. Et même, t'es mal placé tout court : descend de MON lit. Vire ton cul de matou malpropre de là.
- Malpropre ? J'crois que t'as besoin de lunettes, je viens de me laver », s'indigna le félin en se donnant un coup de langue magistral sur le poitrail. Voooilà. Perfecto ~ ! « En parlant de cul... » (Ed : C'est quoi, cette transition ? Envy : Elle est à l'image de mes pensées. Ed : Je ne veux pas savoir.) « … c'est vraiment dommage qu'effectivement, tu n'aies pas été nu comme tu l'as dit à ta sympathique boîte de conserve ~ J'avoue, ça aurait pu être intéressant.
- Ça dépend pour qui », bougonna Edward. Il se décolla enfin de la porte et se dirigea d'un pas lourd vers Envy. Kss. Il le choppa par la peau du cou sans ménagement et le leva à hauteur de son visage. L'animal, qui n'avait pas eu le temps de réagir, se débattit en grondant sourdement, mécontent.
« Lâche-moi ou je te griffe.
- Fais donc. Tu vas avoir du mal, c'est du métal.
- Grmpf.
- Reprends ta forme normale ou je te secoue, sac à puces.
- Si j'ai vraiment des puces, t'auras l'air con en les disséminant partout, nabot.
- RÉPÈTE ?!
- Nabot.
- … ! »
Edward le secoua. FORT. Qu'importaient les puces. Au point où il en était... C'était déjà le foutoir ici et... BON DIEU qu'il avait envie de le balancer à l'autre bout de la pièce, ce sale-... !
Tiens.
C'était bizarre, d'ailleurs.
Pourquoi Envy se laissait tellement faire ? Trouvant cela louche, et à la grande surprise de celui qui, d'ordinaire, avait cet aspect androgyne si étrange, Edward le déposa sur le lit. Il le dévisagea puis croisa résolument les bras. Il constata d'un ton soupçonneux :
« Tu n'as toujours pas répondu à ma question. Qu'est-ce que tu fais là ? T'as de la chance que je sois cool. J'aurais pu te botter le cul d'emblée, avec Al, en prime.
- Quel accueil ç'aurait été », souligna Envy. Il se lécha soigneusement pour remettre en place sa magnifique fourrure (W.A. : « Magnifique » ? Qui a rajouté ça ? Envy : C'est vrai, ça ? Qui donc ?). « Pour un hôte, je te trouve vraiment... Mal léché. Mais ça peut s'arranger », suggéra Envy en présentant à l'alchimiste sa petite langue râpeuse à souhait.
Edward prit un instant pour gagatiser sur ce minuscule bout rose qui s'extirpait des babines du chat comme une languette, eut envie de le toucher pour voir ce que ça faisait, se rappela à l'ordre, puis, reprenant son sérieux, demanda :
« Moi ? Ton ''hôte'' ? T'as fumé quoi ? De l'herbe à chat ?
- Très drôle.
- ''Drôle'' ? Non. Ce qui va l'être, c'est quand tu vas devoir ranger le bordel que t'as foutu partout. Pourquoi, d'ailleurs ?
- Je te l'ai dit. Ça fait trois heures que je suis là. Au bout d'un moment, c'est normal que je m'ennuie et que je cherche de quoi me distraire » expliqua naturellement l'homonculus, comme si c'était la logique même.
« Donc toi, tu te distraies en cassant tout ?
- Bon... Je me suis laissé un peu emporté – et j'étais énervé parce que je pensais que tu m'avais posé un lapin –, j'avoue, mais... Ah ! C'est d'être comme ça, aussi ! Ça m'a donné envie de dénicher un coin chaud où me mettre et, après avoir un peu tout foutu en l'air... Tes vêtements, là, semblaient tout indiqués.
- Je peux émettre une objection sur ce point ?
- Non. 'pis si tu voulais pas que je fouille dans tes affaires... » commença le chat en descendant agilement du lit pour aller vers une pile de vêtements abandonnés au sol qui lui faisait de l'œil. Il les malaxa un moment avec ses coussinets, un air béat scotché à sa tête triangulaire. « … ou que j'en découvre un peu plus sur ta vie privée ~... » poursuivit-il en jouant avec sa patte d'un air taquin avec un boxer qu'Edward s'empressa de lui arracher et de plaquer jalousement contre lui, le rouge aux joues. « … t'avais qu'à être à l'heure, merde ! » s'énerva soudain Envy en se hérissant.
Il ramena ses pattes antérieures aussi près que possible des postérieures et fit le gros dos de son mieux, oreilles plaquées et griffes pointant.
Edward haussa un sourcil. Il se croyait impressionnant, là ?
« À l'heure pour... ? » se renseigna le plus jeune d'une voix traînante. Il rangea son boxer dans un tiroir, attendant une réponse de la part de son interlocuteur auquel il tournait à présent le dos. Peuh. Ça faisait trente centimètres tout au plus et ça fanfaronnait. « … Te voir prêt à décoller pour peu que tu ne relâches la pression ? Décompresse, t'as l'air ridicule, comme ça. » Il claqua le tiroir puis se retourna et, moqueur, railla : « En plus, t'as oublié de hérisser ta queue.
- Ouais, bon, ça va », s'énerva Envy. Il retomba comme un soufflé. Son long poil duveteux retrouva sa coupe initiale. « N'empêche que t'es sacrément gonflé de me faire venir et de te pointer trois heures après, comme une fleur. La ponctualité, tu connais, ou c'est en option, chez toi ?
- Te ''faire venir'' ? Pardon ? » Edward commença à ranger tout autour de lui, sachant pertinemment qu'Envy serait chiant comme pas possible s'il l'y forçait et, surtout... ne souhaitant pas plus que cela qu'il touche de nouveau à ses sous-vêtements. Il s'activa donc pour mettre de l'ordre, sous le regard intéressé d'Envy... mais aussi un peu irrité. Edward se fichait de lui, là, où il rêvait ?
Envy décida de se montrer plus explicite :
« Ta lettre. Elle disait qu'il fallait que je sois là à vingt heures, le quatorze mars. J'étais à l'heure. Pas toi.
- Ma lettre ? Quelle lettre ?
- Roh ! » Envy feula. « La lettre que tu m'as envoyée, bon sang !
- Je ne t'ai-...
- Et si je ne m'abuse, il est vingt-trois heures trente, et le quatorze mars, c'est aujourd'hui. Alors...
- Mais je-... !
- Ne viens pas me dire que je ne sais pas lire ou une connerie du genre ! MOI, j'étais à l'heure ! Et toi ? T'avais oublié, hein ?! Ou alors ça t'amuse, de me faire tourner en bourrique ?
- Mais oublié quoi ?! » s'agaça Edward en refermant un peu brusquement l'une des portes de l'armoire, dans laquelle il avait enfourné en boule ses vêtements, trop perturbé par ce que lui racontait Envy pour réellement prendre le temps de les plier correctement. « De quoi tu parles, à la fin ? Je ne t'ai jamais rien envoyé !
- Petit menteur », gronda Envy. « Tu m'as envoyé une lettre. Y a un mois, pile poil.
- Un mois ? » Edward fronça les sourcils. Il compta sur ses doigts sans trop y penser, les yeux rivés au plafond et l'air à la fois pensif et perplexe. Il semblait parti ailleurs, dans les recoins de sa mémoire. Il aurait envoyé une lettre, lui ? Le...
« Mais attends... Il y a ''un mois''... C'était... le quatorze février ? »
Oh.
Oh.
OH !
« M... Mais... Mais c'est TOI qui m'as envoyé un truc ! » s'écria soudainement Edward. Il frappa son poing droit dans sa main gauche, comme s'il se souvenait brusquement d'un élément important – et regretta tout de suite le geste ; le métal, ça fait mal. « Tu... Tu... ! »
Sans un mot de plus, Edward contourna le chat en toute hâte, se jeta comme un fou furieux sur sa table de nuit pour en tirer précipitamment le tiroir. Il balança quelques livres d'alchimie en vrac sur le lit – qu'Envy, revenu dessus, esquiva de son mieux – puis en sortit, sous le regard interrogatif et courroucé du félin maltraité, une boîte. Rouge.
« ÇA ! »
Edward secoua sauvagement la boîte sous le museau du chat.
L'animal haussa une moustache.
« Ça, c'est de toi, hein ?!
- Euh... Non ?
- C'est ça ! Fous-toi de moi ! » s'énerva Edward.
Il ouvrit la boîte avec humeur. Aussitôt, une douce odeur sucrée et chocolatée en émana et vint frétiller à hauteur du museau sensible du chat. L'alchimiste retourna brutalement l'objet pour que son contenu fît face à celui qu'il pensait être son propriétaire. Envy baissa les yeux et vit s'étaler devant lui le Septième Ciel des gourmands : dans la boîte de bois laquée se trouvaient de petites cases individuelles, cerclées de velours. Dans chacune d'elles avait été soigneusement déposé un chocolat dont la forme était, d'une case à l'autre, aussi variée que la couleur : du blanc, au lait, au noir, toutes les saveurs étaient représentées. Sans compter les emballages fantaisistes et parés de mille coloris qui parfaisaient cette kyrielle de bouchées chocolatées qui ravissait autant la vue que l'odorat. En effet, le parfum qui se dégageait de cette boîte de Pandore avait de quoi subjuguer quiconque. La finition de chaque chocolat, également, révélait leur qualité ; fort était à parier qu'ils étaient aussi bons en bouche qu'ils flattaient le reste des sens (Envy : Y a d'autres choses bonnes en bouche, chibi ~ Ed : Oui. Le pain. Et tu vas t'en prendre un si tu continues ~)
Ces chocolats avaient certainement été réalisés par un artisan qui ne déméritait pas son titre.
« Eh ben... C'est drôlement sympa, ça », lança Envy d'un ton... étrangement acide. « Je peux savoir qui t'a offert cette merveille... ? »
… Que j'aille lui foutre ces chocolats en travers de la gorge ? (Envy : … Ed : … *lui plaque sa main sur la bouche.* … Non.)
« T'es con, ou quoi ? C'est toi ! » répondit Edward. Il envoya une pichenette à Envy qui feula, agressif.
« Déjà, si tu pouvais éviter de m'insulter, j'apprécierais, chibi. Ensuite... Je sais pas c'est quoi ton délire, mais je ne t'ai jamais envoyé ça.
- Et moi, je ne t'ai jamais envoyé de lettre ! » répliqua du tac au tac le blond en refermant la boîte dans un « clac » sonore. Il l'écarta puis accusa : « En plus, t'es sacrément gonflé de me dire que tu me l'as pas envoyée, cette boîte, puisque c'était signé ! De toi !
- Oh ? Vraiment ? Où ça ? » s'enquit Envy d'une voix doucereuse. Il était curieux de savoir.
« Euh... Euh... Ben... » bafouilla Edward. « En... En fait... » Il rougit étonnamment. Envy dressa ses oreilles, attentif et... intrigué. Ce n'était pas souvent qu'il avait la chance de voir Edward perdre ses moyens face à lui. C'était... Moui. Mignon. Mais surtout inexplicable. Quel était le souci ?
Oh.
Oh...
« En fait, tu peux pas le prouver, hein ?
- Mais bien sûr que je ne peux pas ! » se lamenta Edward en se relevant. Il lança un regard réprobateur à Envy. « Tu crois quoi ?!
- Que tu avais les arguments pour appuyer ta théorie farfelue ?
- Les ''arguments'' ?! Oui, j'en aurais eus, si j'avais gardé la lettre que tu m'as envoyée !
- Je ne t'ai rien envoyé, c'est toi qui-...
- NON ! Ça suffit, maintenant ! C'est toi qui m'as envoyé une lettre, confonds pas tout ! Ou plutôt : n'essaie pas de m'embrouiller ! » le coupa l'alchimiste, de plus en plus agité et de plus en plus... gêné. « Et cette lettre, je... je... je l'ai jetée, voilà !
- ''Jetée'' ?! » répéta Envy, choqué. Ses pupilles se rétractèrent. De quoi ?! Bon, ok, c'était pas lui qui l'avait écrite, cette lettre, il en était certain, mais... Pourquoi Edward aurait-il jeté une lettre qu'il pensait être de lui ?! Ce... C'était pas sympa ! En plus, il venait de caler qu'il n'avait même pas touché aux chocolats ! Quitte à ce que l'adolescent confondît les cadeaux d'un admirateur secret avec les siens, il aurait au moins aimé qu'ils servissent !
Quelque part, ça le vexait. C'était car il croyait que c'était de lui, tout ça, qu'il n'avait pas osé y toucher ou qu'il s'en était débarrassé ?! Sympa ! « Pourquoi tu l'as jetée ?!
- Parce que ! » se défendit Edward, de plus en plus mal à l'aise. « Ce... Ce... Ah ! » Il s'attrapa la tête. « Sérieux ! J'ai pas à me justifier ! On n'envoie pas ce genre de trucs aux gens, quoi ! Je... Je voulais pas m'en souveniiiiiiir... » couina l'adolescent en s'envoyant la tête contre le mur à plusieurs reprises – heureusement, pas fort.
« Te souvenir de quoi ?
- À ton avis ?!
- J'en ai pas, c'est pour ça que je te demande. »
Les joues d'Edward virèrent au cramoisi. Oui, oui. « Cramoisi ». Carrément. Ses lèvres, quant à elles, se tordirent en une grimace... de désespoir ? de dégoût ? Envy n'aurait su dire.
« Disons que... » La voix d'Edward partit dans les aigus et se fit instable. « … Je connais plus de choses sur toi que je ne devrais.
- Quel genre, de ''choses'' ? »
Edward s'attrapa le visage et couina au travers de ses mains.
« Je peux savoir ce qui t'as traversé l'esprit pour m'envoyer des photos de toi SANS RIEN ?!
- HEIN ?! » fit le chat, si abasourdi qu'il sortit presque un miaulement étranglé. « QUOI ?!
- Et en plus... Sérieux, Envy ! Tu sais c'est quoi le propre des fantasmes ?! C'est d'être personnels ! M... Mais à quel moment tu t'es dit que c'était une bonne idée de partager ça avec moi dans... dans ta fichue lettre, là ?! J'ai une tête à vouloir partager tes délires chelous ?!
- Euh... À franchement parler, tu l'avais encore y a deux secondes, mais là, je sais plus trop, je t'avoue.
- QUOI ?! » s'écria Edward à son tour en dégageant ses mains de sa vue et en adoptant un air choqué. Il avait bien entendu ?!
« Euh... Je plaisante, je plaisante ! Haha ! » le rassura le chat en battant négligemment de la patte et en rigolant comme il put. Ha ha. Des barres. Je plaisante absolument pas, mais c'est pas grave. D'abord : régler ce malheureux quiproquo. « Je... Honnêtement : je ne t'ai pas envoyé ces photos. Tu es sûr que c'était de moi ? Ou plutôt : que c'était moi ?
- Tu veux que je te dise combien de centimètres ça fait, ou ça va aller ? » proposa Edward avec un air suppliant qui signifiait : « Réponds non. Par pitié, réponds non. ».
« Euh... Ça va aller. Je te crois. Ok. Mais à toi de me croire aussi quand je te dis que je ne t'ai rien envoyé ! » Pas que ça ne m'ait jamais traversé l'esprit, mais... Non. Décidément non. Et puis... Ses fantasmes ?! Qui était aller raconter ça à Edward ?!
Oh fuck.
Ça voulait dire qu'il savait sur qui il fantasmait.
Sur lui, en l'occurrence.
Ha ha.
« Boooon. Euh... » Envy déglutit. C'était... Moui. Un peu bizarre de se rendre compte que quelqu'un, dont on ignorait l'identité, nous avait coupé l'herbe sous le pied de la plus étrange façon qu'il fût. Il aurait quand même été sacrément curieux de jeter un coup d'œil à cette lettre, tiens, et de savoir qui était ce mystérieux et anonyme fauteur de troubles.
D'ailleurs, en parlant de lettre...
« Ah mais... ! Moi aussi, je peux te prouver que tu m'as bien envoyé une lettre !
- Ça m'étonnerait, mais tente toujours », proposa Edward, qui semblait au bout de sa vie et qui, à vrai dire, n'avait plus qu'une envie : changer de sujet pour pouvoir penser à autre chose et évacuer les photos obscènes qui dansaient dans son esprit (plus si) innocent (que ça).
Envy lui lança un regard intense et, sans détacher ses yeux des siens, opéra sa transformation. Les pattes s'allongèrent et formèrent de longues jambes, fines et musclées. Puis, la queue s'évanouit et les plis du tissu souple de la jupe-short de l'androgyne vinrent épouser à la perfection ses hanches étroites et ses fesses magnifiquement galbées. Le buste de l'animal se changea en torse, ses deux autres pattes en bras puissants, les coussinets laissèrent place à des mains aux longs doigts fins et, enfin, la tête triangulaire du chat redevint ce visage narquois surmonté de ces cheveux noirs de jais à la longueur insoupçonnée et éclairé de deux yeux améthyste aux pupilles effilées.
Un regard qui vous transperçait.
Un sourire qui vous faisait fondre.
Sauf quand la honte vous dévorait déjà de son feu ardent, comme c'était le cas pour Edward, qui tentait de son mieux de se calmer et de retrouver sa contenance. Allez, allez. Ce n'était pas si grave, hein ? Là, maintenant, tout de suite, il ne pouvait pas s'empêcher de laisser ses souvenirs superposer à l'homonculus face à lui le corps d'éphèbe entraperçu sur ces photos, mais... Ça allait lui passer dans trois secondes, n'est-ce pas ?
« ... »
Edward retint sa respiration en voyant Envy diriger sa main vers sa jupe-short.
Euh...
Euh...
Help ?
« Ah ! La voilà ! » s'exclama joyeusement l'androgyne après avoir farfouillé un moment dans les plis de son vêtement pour en retirer une enveloppe blanche comme la lune qui brillait au dehors et étincelait contre le dos de l'homonculus, sublimant les pourtours de son corps d'un léger halo bleuté (Ed : En fait, ta jupe-short, c'est la twilight zone.). « Ta lettre. Là. »
Le brun lui tendit l'enveloppe avec un air entendu et plutôt assuré.
« Lis donc et fais-toi une idée. Tu vas voir si moi, je raconte des conneries. »
Edward jaugea du regard son vis-à-vis, méfiant. Il s'empara de l'enveloppe un peu brusquement, arrachant à Envy un regard surpris, puis ramena l'objet à lui. Ces gestes étaient gauches, une crainte certaine secouant le moindre de ses membres de petits spasmes.
Edward extirpa la lettre, pliée en quatre.
Hm. Jusque là, ça se tenait. Il pliait toujours ses lettres en quatre ; non pas en trois, il n'aimait pas ça : trop compliqué. Alors…
« … »
… Mais alors rien du tout ! Pourquoi cherchait-il à défendre Envy et ses idées barrées et à trouver des corrélations là où il ne pouvait y en avoir puisque, évidemment, il n'avait JAMAIS adressé cette lettre ?! En plus... Merde, quoi ! Jamais il n'aurait envoyé une lettre à quelqu'un dans cet état ! Elle était toute chiffonnée !
« Tch. »
Grognon et sous le regard triomphant d'Envy, Edward déplia la lettre et...
« M… Mais c'est… »
… C'était… C'était…
« C'eeeest... ? » l'encouragea Envy. Il croisa les bras, un sourire rayonnant se dessinant déjà sur son visage moqueur. Edward reconnaissait-il enfin la vérité ?
« J... Je comprends pas... Ce... C'est mon écriture », admit Edward malgré lui, perplexe. Il parcourut la feuille d'un regard de travers. « Ce... Oui, c'est mon écriture. Pas de doute.
- AHA ! Alors tu avoues ! » clama Envy en pointant un index accusateur vers l'alchimiste.
« HEY ! Non ! J'avoue rien du tout ! C'est mon écriture, mais... ! » protesta le plus petit... avant de s'interrompre tout à coup.
Ses yeux s'agrandirent démesurément.
« Qu'est-ce que... ? » murmura-t-il alors que, petit à petit, le rouge regagnait ses joues. Hypnotisé par le contenu de la lettre qui avait malheureusement attiré son œil, il lut à voix basse, plus pour lui-même qu'autre chose :
Envy, je t'écris cette lettre parce que je ne sais pas trop comment te dire ça en face, alors...
Je vais te l'écrire. Ce sera plus simple pour moi. Pour toi aussi, je pense. Pour nous deux.
Je... Je te suis vraiment reconnaissant pour l'autre fois. Je pense qu'on peut dire ça.
Sans toi... Je ne m'en serais pas sorti. Alors... Merci.
Voilà. Merci. Je ne m'attendais pas à ce que tu apparaisses. Mais tu l'as fait au moment opportun.
Alors merci d'avoir pris ces risques pour moi. Même si je préférerais ne rien avoir à te devoir...
Il n'empêche que tu as été cool sur ce coup-là, alors je voulais te dire que...
« Je... Je... » bafouilla Edward, qui ne parvenait à finir de lire, sidéré.
« Oui », affirma Envy avec aplomb et un air à la fois plein de sous-entendus et blasé qu'Edward cherchât tant à tourner autour du pot. Par ce simple mot, par ce simple son, il confirmait la réalité tant crainte par l'adolescent.
« ''que je T'AIME'' ?! »
- TU L'AS DIT ! » clama Envy. « Là ! Tu l'as dit. Tu l'as même écrit ! Alors ?!
- Mais... Mais je n'ai jamais écrit ça ! Enfin... Enfin... Si ! Mais pas la fin !
- C'est ça. Joue pas les saintes-nitouches et assume un peu, tu veux ? » Envy se rapprocha dangereusement d'Edward, passa sa main par-dessus la lettre et, de son index, appuya au bas de la lettre. « Là. C'est marqué : ''Retrouve-moi chez moi à vingt heures dans un mois, le quatorze mars. Je te le dirai de vive voix.''. J'hallucine pas ? C'est bien ce qui est marqué, non ?
- Mais... Mais comment tu peux être aussi bête ?! Comment tu peux croire que c'est moi qui ai écrit ces conneries, enfin ! Je... ! C'est même pas signé ! Toi, ça l'était.
- Peut-être, mais je connais pas quarante six mille personnes qui puissent m'être reconnaissantes et qui m'inviteraient spontanément chez elles. Je suis plutôt persona non grata, en général », notifia Envy en appuyant cette fois-ci son index sur le front d'Edward... avant de lui envoyer une pichenette. Juste retour des choses.
« Mais pourquoi je voudrais que tu viennes chez moi ?! » rétorqua Edward en secouant la tête comme un chiot qui s'ébrouerait, appréciant peu le geste. « Tu sais pourquoi j'avais écrit cette lettre, à la base ?
- Pour me remercier de t'avoir sauvé la vie l'autre fois, quand ce dingue t'avait pris à partie dans une ruelle et que sans moi, t'aurais fini en petit dés ?
- OUI.
- Ben alors ?
- Ben c'est tout ! Je l'avais écrite pour ça, cette lettre et... Et... ! » Edward la rendit brusquement à son interlocuteur. « Je l'avais jetée. C'est pour ça qu'elle est toute froissée. Et je m'étais arrêté là ! LÀ ! Juste LÀ. Et juste avant que ça parte en cacahuète avec cette déclaration à la mords-moi-le-nœud et ce rendez-vous incongru... !
- Donc tu prétends que la lettre m'est parvenue par elle-même ? Qu'elle est sortie de sa poubelle avec ses tooouuuutes petites papattes... » Envy mima l'action avec ses doigts et, la bouche en cœur, poursuivit : « … Et qu'elle a trouvé Wrath, qui me l'a donnée après, accompagnée d'un jooooooli bouquet de fleurs ?
- HEIN ?!
- Petit menteur ~ » Envy attrapa soudainement Edward par le poignet et le tira à lui.
L'adolescent poussa un cri de surprise en se sentant partir en avant, et un second en atterrissant sur le lit.
Et peut-être un troisième lorsqu'Envy grimpa sur lui, les yeux brillants de lubricité et de désir.
« Autant, je n'ai pas la moindre explication concernant les photos de moi qui t'auraient été prétendument envoyées – et dont je ne crois qu'à moitié à l'existence, je vais te dire, puisque tu n'es pas en mesure de l'attester... Autant je suis sûr que cette lettre vient de toi et je crois sérieusement que tu essaies de me baratiner car tu n'assumes pas de l'avoir écrite ~ Regrets de dernière minute ? Eh bien, mon cher alchimiste, c'est un peu tard ~ » susurra l'androgyne.
Il se colla sensuellement à Edward et commença à attaquer son cou sans la moindre retenue. Baisers papillons, légers mordillements, petits poinçons... Rien ne fut épargné à l'alchimiste.
C'en fut trop pour ce dernier.
CLANG.
Quel était ce bruit ?
Celui de la jambe gauche d'Edward qui était partie se loger là où ça faisait bien mal chez Envy.
« IWNP. »
Et ça, c'était le couinement d'Envy qui s'effondrait sur le flanc, à côté d'Edward, haletant de douleur et les yeux écarquillés comme des soucoupes.
La VACHE.
« Je recommence, ou t'es calmé ? » persifla le plus petit. Il lança un regard noir à l'homonculus... dont il ne s'était étrangement pas écarté. Pas la peine : il était out, là.
L'alchimiste poussa un soupir court d'agacement et se redressa. Il prit en même le temps de remettre en place sa chevelure de feu et sa veste qui lui était tombée jusque sur les avant-bras.
« O... Ouais... Je crois... » articula difficilement Envy, se tenant ce qu'il fallait là où il fallait. Peut-être de peur que ça ne lui échappe. Parce qu'Edward avait dû les lui faire rentrer dedans ou le castrer, vu comment il douillait. Heureusement qu'il se régénérait assez rapidement.
« Bien. Alors maintenant, tu vas m'écouter. Je vais te la refaire », commença Edward en offrant, de mauvaise grâce, sa main à Envy pour qu'il puisse se relever. Parfois, il était vraiment trop bon prince. « Quand tu m'as sauvé, y a deux mois, j'ai voulu t'écrire une lettre car je… je voulais te dire que… que je... » Il toussota un peu et, gêné, confia : « ... te suis reconnaissant. Vraiment, reconnaissant. De m'être venu en aide et de... » Edward s'assagit et se recroquevilla un peu. « … de n'avoir rien dit. À ce moment-là. »
Un flash-back.
Envy, la tête toujours appuyée contre la couette contre laquelle la douleur l'avait projeté, rouvrit un œil et observa le visage confus du plus jeune. Il saisit la main offerte et se redressa.
« Ce moment-là »
Il s'en souvenait bien.
Celui où, après son sauvetage in extremis, Edward avait fondu en larmes malgré lui parce qu'il avait eu peur. Très peur.
De mourir là.
Seul.
Sans avoir pu sauver son frère avant de partir.
Ça n'avait duré que quelques instants avant que l'adolescent ne retrouve la force de se remettre de ses émotions, mais ces « instants » avaient paru, à Envy, un délicieux et long moment.
Un moment intime et secret, partagé d'eux deux, et d'eux deux seulement.
Un moment ineffable qui n'appartenaient qu'à eux deux.
Un moment où il avait vu Edward comme rarement et comme peu de gens avaient jamais pu le voir.
Fragile. Sans carapace.
Une petite crevette tremblante et ébranlée face à un monde trop violent pour elle ce soir-là.
Sa petite crevette.
« C'est tout », termina Edward d'un ton beaucoup plus doux.
« Et pourquoi tu l'as jetée, ta lettre ? » s'enquit Envy.
Il se redressa, mais en surveillant toujours du coin de l'œil la jambe d'Edward. Des fois qu'il eût de nouveau envie de venir shooter un peu trop violemment son entrejambe.
« Ah ? » Edward semblait ne pas s'être attendu à cette question, pourtant évidente. Embarrassé, il se frotta machinalement l'arrière de la nuque. Son regard fuit celui de l'androgyne et se perdit dans la couette rebondie sur laquelle ils étaient tout deux installés comme de vieilles connaissances. « Euh... Je... Je me suis dit... que ce n'était pas une bonne idée, finalement. Après tout, tu faisais ton boulot... Je me trompe ?
- ... »
Envy resta silencieux.
Son « boulot » ?
« Hm... Mouais », confirma-t-il d'une voix étrange en regardant, lui aussi, ailleurs.
Un silence pesant s'installa entre eux pendant au moins une bonne et longue minute. Edward, dont les jambes pendaient au bord du lit, les laissa battre doucement l'air au rythme de ses pensées.
« Et... Pour le reste... Du coup... Ben... » bafouilla le blond pour dissiper l'étrange atmosphère qui commençait à planer autour d'eux et qui lui serrait désagréablement la gorge. « … Je... Je ne sais pas qui a écrit ça. » Il se saisit à nouveau de la lettre et la regarda attentivement. « D'ailleurs, tu n'as pas remarqué le brusque changement d'écriture ? C'est très léger, mais regarde... » Edward se rapprocha d'Envy – qui dut faire un immense effort pour ne pas respirer tout son soûl l'odeur délicieuse qui émanait de sa peau dorée – et lui désigna l'endroit où la coupure se trouvait. « Tu vois ? Les ''m'' chassent plus large, et la panse du ''e'' est plus petite.
- C... Certainement », répondit évasivement l'homonculus, qui n'arrivait décidément pas à se concentrer sur autre chose que le parfum d'Edward, sacrément entêtant. C'était son odeur naturelle ou il avait mis du parfum ? En tout cas, ça le déconcentrait.
« D'ailleurs... Cette écriture me rappelle... » commença Edward, plus bas.
Il s'attrapa le menton et, sourcils froncés, examina à nouveau l'écriture, qu'il lui semblait déjà avoir vue quelque part, et pas qu'une fois.
Ce fut à ce moment précis qu'il comprit.
Quel idiot. Il n'y avait pas trente six mille personnes dont l'écriture pouvait lui rappeler quelque chose, qui étaient susceptibles de trouver dans sa poubelle cette lettre et, de surcroît, de savoir à qui il se référait en parlant de « Envy », un nom quand même peu courant.
« Je sais », informa-t-il Envy.
Un silence.
Puis...
« AAAAAAAAAAAAAAAAAL ! » tonna à nouveau Edward et, cette fois, il le savait, pour une bonne raison.
Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'un :
« Ouiiii ? » timide et hésitant émana juste de l'autre côté de la porte.
Edward grimaça et, lentement, TRÈS lentement... tourna sa tête vers la porte qu'Envy fixait déjà avec de grands yeux.
Sans un mot, l'alchimiste sauta au pied du lit. Puis, il se dirigea d'un pas ferme et fracassant vers la porte qu'il déverrouilla et ouvrit à la volée, mécontent. Comme il s'y attendait, il trouva son petit frère juste derrière elle, figé de stupeur.
Oooooh, foi de crevette, il allait lui faire passer un sale quart d'heure.
« Tu écoutes aux portes, maintenant ? » demanda d'une voix grave son grand frère, dont une veine commençait à palpiter sérieusement sur sa tempe droite.
« Euh... C'est que...
- Un conseil : n'aggrave pas ton cas et ne me réponds pas, parce que là, je suis pas, mais alors VRAIMENT pas d'humeur.
- Je...
- NON. Tu viens là, et tu te magnes ! » intima son aîné avec force en désignant le centre de la pièce d'un geste vif. Voyant qu'Alphonse, penaud, hésitait à pénétrer dans la chambre où Envy l'attendait toujours sur le lit, Edward insista : « Et plus vite que ça ! » Le blond alla jusqu'à envoyer un coup de pied dans les fesses de son petit frère. Le fracas du métal contre le métal retentit, mais ce n'était rien face à la colère de l'adolescent qui, elle, menaçait de s'abattre sur la première personne qui, dans cette fichue pièce, dirait UN mot de travers.
Edward, l'air renfrogné, guida donc son petit frère à l'air fautif jusqu'en face d'Envy puis, d'une voix qui ne souffrait aucune contestation, asséna :
« Alors ? T'as rien à nous dire ?
- E... Euh...
- Al. Dépêche. On va pas y passer la soirée – déjà bien entamée soit dit en passant – et là, je pense que tu t'en doutes fortement, mais je t'en veux. » Son visage se rembrunit. « Beaucoup. Alors ne commence même pas à essayer de me faire prendre des vessies pour des lanternes et dis-nous ce que je veux entendre, ok ?
- B... Bon... » Alphonse soupira ; un long soupir qui résonna en écho jusqu'au plus profond du réceptacle qui lui servait de corps. Un accent de culpabilité dans la voix, il se tourna vers son grand frère après un bref regard à Envy, puis avoua enfin : « Je... C'est... C'est moi qui ai envoyé cette lettre, nii-san.
- AH ! J'en étais SÛR ! » s'égosilla le plus petit (W.A. : En taille, hein.), furieux. « Et je peux savoir d'où t'es venue cette merveilleuse idée ? Depuis quand tu fouilles dans les poubelles des autres et te permets d'intervenir dans leur correspondance, tu m'expliques ?
- Depuis que tu restes là à ne rien faire alors que... ! » se défendit Alphonse avant de croiser le regard... Non plus énervé, mais déçu, de son grand frère. Déçu et douloureux. Il eut un pincement au cœur qu'il n'avait plus. « Alors que... » répéta-t-il en regardant cette fois-ci Envy qui avait troqué sa surprise pour une moue désapprobatrice, lui aussi.
Heureusement que cette grande asperge nigaude était le frère de sa crevette favorite ; sinon, il lui aurait bien expliqué un peu sa façon de penser et refait le portrait. Parce que passer pour un con, merci bien. Mine de rien, il avait l'air de quoi, lui, maintenant ?
« T'as rien d'autre de plus pertinent à dire, Al ? » suggéra Edward.
« Je...
- Tu ne crois pas que des excuses en bonne et due forme seraient les bienvenues ? »
Alphonse baissa la tête. La situation, pensa Envy, était quelque peu ridicule si l'on comparait les tailles respectives des deux garçons. Edward, du haut de son mètre cinquante cinq, était parvenu à prendre l'ascendant sur son petit frère de deux mètres de haut et à le rendre physiquement encore plus chétif que lui. Pour un peu, Alphonse se serait presque roulé en boule pour échapper au regard inquisiteur de son aîné.
« Je suis désolé, nii-san... » finit enfin par dire le plus jeune des deux frères, avec une étonnante sincérité. « Je ne-...
- Minute », l'interrompit Edward d'un ton sec. « C'est pas à moi, que tu dois des excuses. C'est à Envy.
- Ah... » Alphonse se tortilla nerveusement un instant puis se tourna vers l'homonculus. « Pardon. Je... Je pensais bien faire.
- ''bien faire'' ?! » releva Edward, soufflé par... Qu'était-ce, en fin de compte ? De l'aplomb ou de la candeur ? Il n'en savait rien, mais se dire qu'Alphonse avait pensé « bien faire » le mettait hors de lui. « En faisant quoi ?! En falsifiant une lettre que j'avais spécifiquement jetée ?!
- En la ''falsifiant'' ?! » releva Alphonse, outré. Il retrouva soudainement son assurance et se redressa. Il fit les gros yeux à son grand frère. « En la complétant, oui ! Je... J'ai peut-être... Ahem... dépassé les bornes, je le reconnais, mais nii-san ! J'ai juste fait de mon mieux pour que tu puisses enfin...
- ''Enfin'' quoi ?! Me retrouver dans une situation ultra gênante ? Merci bien ! » le fustigea Edward.
« Euh... De nous deux, c'est peut-être moi qui suis le plus gêné, hein... » objecta Envy, qui se sentait un peu exclu de la conversation et de plus en plus mal à l'aise dans cette rixe qu'il n'avait jamais voulu provoquer. Il s'était imaginé... Oui, une toute autre soirée. Bien plus sympathique et pleine de promesses. Là, ça partait presque en pugilat et c'était loin d'être sa tasse de thé. Il aurait même bien aimé s'éclipser discretos, mais difficile avec les deux autres qui se chamaillaient comme des chiffonniers, l'un dos à la porte et l'autre, dos à la fenêtre. Pas moyen : il était coincé sur le lit et ne pouvait en bouger.
Ô joie.
« Cette situation ''ultra-gênante'' l'aurait peut-être moins été si tu arrêtais de toujours te défiler » accusa Alphonse sans se laisser démonter par l'argumentation musclée de son frère qui, il le voyait bien, était à deux doigts de se jeter sur lui pour régler ça comme ils en avaient l'habitude : en se battant à la loyale ; le perdant ayant également tort à propos du motif de la querelle. Basique, mais efficace.
« Me ''défiler'' ? N'importe quoi ! » nia Edward... dont le rouge aux joues n'avait pourtant pas échappé à Envy.
Car il n'hallucinait pas, là, hein ? Edward... rougissait ?
« ''N'importe quoi'' ? Tu crois que j'ai pas lu toutes les autres lettres qui précédaient celle-ci, de loin la plus neutre ? J'aurais pu envoyer toutes les autres, aussi !
- AL ! Comment as-tu osé... ?! » fit Edward, scandalisé. Il se tourna vers Envy et lui cria : « Et toi, LA FERME !
- Mais j'ai rien dit ! » se défendit Envy en attrapant aussitôt un oreiller pour se protéger. Edward semblait sur le point de le crucifier sur place.
« Tu l'as PENSÉ, c'est PAREIL !
- Mais tu vas pas m'empêcher de penser, si ?!
- SI ! Si c'est pour penser des conneries !
- Ce ne sont pas des conneries ! » s'insurgea Al. « C'est vrai, et c'est juste que... que... que t'as pas les couilles de l'avouer ! VOILÀ ! C'est dit ! »
Edward écarquilla les yeux. Le choc lui décrocha la mâchoire inférieure et, ébaubi, il n'eut pas le temps de la remettre en place pour défendre à Alphonse de poursuivre sur sa lancée, lorsque celui-ci se tourna vers Envy et déclara :
« Tu veux savoir la vérité ? Mon frère t'aime. Et il est trop bête pour le comprendre lui-même. Voilà. Alors je lui ai filé un coup de pouce parce que c'est ce qu'on fait entre frères. Maintenant, je vous laisse. Je pense que vous avez des choses à vous dire, alors que pour ma part, j'ai terminé. »
Et sur ce, il planta là son aîné et son invité surprise, tous les deux plus soufflés l'un que l'autre ; quoiqu'Edward fût peut-être plus estomaqué encore par la vulgarité dont avait usé Alphonse pour lui asséner ce véritable coup de poignard dans le dos.
Un ange passa, puis les pas d'Alphonse se firent réentendre. Le cadet des frères Elric reparut alors dans l'encadrement de la porte et s'exclama fortement :
« Et encore DÉSOLÉ ! »
Puis, il s'en alla pour de bon, laissant les deux garçons seuls.
Silence.
Edward, à présent tête basse, ne décrochait plus un mot. Dos à Envy, il n'avait plus quitté la position adoptée plus tôt depuis déjà plusieurs minutes : face à la porte, la respiration si ténue qu'on l'eut dite coupée, il se tenait raide comme un piquet. Mais pas forcément là où Envy aurait souhaité.
Envy qui, lui, ne savait plus trop quoi faire ou que dire.
Au cours de ce dernier mois et, en fait, depuis la date exacte à laquelle il avait reçu cette lettre surprenante de la part d'Edward (ou de son frère, peu importait), il avait eu le temps d'imaginer comment pourrait se dérouler cette soirée qu'il avait attendue ; il devait l'avouer, avec une certaine impatience. Et il en avait imaginé, des choses (Envy : Oh oui ~). Mais pas ça.
« ... »
Toujours aussi silencieux que l'alchimiste, l'homonculus descendit du lit et observa le dos secoué de tremblements de ce sacrifice dont... Oui. Il pouvait le dire sans honte, à présent qu'il s'était décidé à venir jusqu'ici pour mettre les choses au clair : il s'était entiché.
Peut-être à cause de cette dernière rencontre.
Peut-être grâce à toutes les autres.
Bien malgré lui et malgré les ordres qu'il avait reçus en ce sens de la part de son père : pas de compassion envers ceux dont les vies devaient servir leurs desseins uniquement ; envers les « sacrifices humains », dont Edward faisait partie.
Oui.
Pas de « compassion ».
Mais ce qu'il ressentait, lui, ce n'était pas de la « compassion ».
Ça allait bien au-delà.
Et probablement n'en avait-il pris conscience qu'en recevant cette fameuse lettre, même partiellement fausse, écrite de la main à présent tremblante de ce petit bout de chibi. Car la surprise ressentie à sa réception avait été à la hauteur du sentiment qui lui avait étreint si violemment le cœur en lisant ces derniers mots, qu'Edward se refusait à lui dire selon son petit frère et qui étaient, de son point de vue à lui aussi, l'écrin qui abritait la vérité. C'était donc, peut-être, en lisant ces pensées volées au blond qu'il avait su, de son côté, mettre un mot sur ce qu'il éprouvait.
Pour parler franchement, il n'avait pas pensé que cela pourrait être partagé. Jusqu'au dernier moment, et encore plus lors de ces trois dernières et interminables heures, une part de lui n'avait pas voulu s'abandonner au bonheur comme le naufragé à la mer qui ne demandait qu'à l'étreindre.
Jusqu'au dernier moment, un doute avait subsisté dans son esprit.
Se pouvait-il, réellement, qu'Edward fît le premier pas vers lui alors qu'à première vue, rien ne les vouait l'un à l'autre ? Alors qu'ils n'avaient jamais fait autre chose que de se quereller et, parfois, d'éprouver la patience ou la pugnacité de l'autre ? Alors que lui-même n'était pas sûr que cette volonté de protéger cet être humain à la fois si fragile et si fort, là, face à lui, n'émanât pas d'une obligation mais plutôt d'un désir profond et personnel ?
C'étaient tous ces questionnements qui touchaient à présent à leur fin.
Car si Edward n'éprouvait vraiment rien pour lui comme il s'était évertué à le clamer à son frère qui, pourtant, le connaissait si bien...
… Pourquoi, alors, se murer ainsi dans ce silence et cet immobilisme qui confinait à la catatonie ?
« Chibi ? » appela doucement Envy en s'approchant prudemment de lui, comme s'il s'agissait d'un animal sauvage et traqué. Il dirigea sa main vers lui.
Le contact serait-il possible ?
« ... »
L'androgyne étendit ses doigts et posa sa paume étrangement chaude sur l'épaule de l'alchimiste.
CLAC.
Quelle ne fut pas sa stupeur lorsqu'Edward se retourna avec une vivacité incroyable pour la lui faire immédiatement retirer d'un geste brusque.
« … ! »
Sur son visage d'ordinaire si jovial et souriant se trouvait une expression indéchiffrable. Ses lèvres étaient tordues en une grimace douloureuse. Ses yeux anormalement humides. Ses sourcils inclinés en un angle impossible, comme s'ils ne savaient vers quelle émotion tendre entre tristesse et colère.
Jamais Edward ne l'avait regardé comme ça.
Et ça lui fit mal.
« Ne me touche pas », lui défendit le petit blond avec une férocité nouvelle et inexplicable.
Un temps.
L'homonculus, incrédule, n'eut que le temps de cligner bêtement des yeux que, déjà, l'alchimiste lui criait avec plus de véhémence et de hargne encore :
« Dégage ! »
Envy eut un mouvement de recul instinctif face à cette violence si soudaine qui déferlait sur lui sans raison, comme un torrent déchaîné par une pente trop abrupte. Blessé et de nature vindicative, il s'apprêta bien évidemment à répondre... Mais se ravisa au dernier moment.
Le regard d'Edward, toujours braqué sur lui, en disait long sur son état et sur les tourments qui l'assaillaient.
La discussion était terminée.
L'occasion, elle, manquée.
Aussi fou que cela pût paraître, Envy convint de l'évidence : inutile d'envenimer la situation, déjà critique. Ce ne serait tout simplement pas aujourd'hui qu'il pourrait faire part à Edward de l'émotion qui lui perçait le cœur lorsqu'il était à ses côtés et qui le secouait plus âprement encore lorsqu'il se montrait si tranchant à son égard. Enfin, « pas aujourd'hui »... Peut-être jamais, vu la réaction de celui dont il avait rêvé pouvoir faire autre chose que son adversaire favori.
« Ok, ok. Pas la peine de t'énerver. Je te laisse. »
Le visage morne et le corps crispé, Envy pivota sur lui-même et s'en retourna vers la fenêtre d'où il était venu. Tout en soulevant le loquet et en grimpant sur le rebord en pierre qui était d'une froideur inhospitalière dont l'androgyne n'avait pas souvenir, l'homonculus, amer, commenta :
« Visiblement, t'as des choses à régler avec ta conscience. Fais-moi signe quand tu te seras réconcilié avec. »
Et, sur ce, il planta là le petit alchimiste.
Edward resta bien cinq minutes comme ça, sans bouger, à fixer la fenêtre encore ouverte par laquelle Envy s'en était allé sans même un « au revoir ». Ses yeux le brûlaient d'avoir retenu les larmes qui n'avaient demandé qu'à en couler, et d'être restés si longtemps à fixer les battants de la fenêtre qui se mouvaient au gré des fantaisies du vent, qui soufflait fortement à cette hauteur.
« ... »
Une question résonnait en écho dans sa tête vide de tout autre pensée :
« Qu'ai-je fait ? »
Une question à laquelle il n'avait pas envie de répondre. Parce que même si cette interrogation muette que traduisait pourtant bien son visage lui faisait mal... Ce n'était rien comparé à la réponse qui se dessinait petit à petit dans son esprit.
Autant ne plus y penser. Ce qui était fait était fait.
Il soupira. Un souffle saccadé, dont chaque heurt lui sembla être une aiguille de plus venue lui crever le cœur.
« Nii-san ? Envy est parti ? » s'enquit une petite voix derrière lui.
Même s'il n'avait pas entendu Alphonse revenir – probablement suite aux éclats de voix qui avaient dû l'alerter –, Edward ne sursauta pas. À vrai dire, il ne s'étonna même pas. Il fit simplement volte-face avec l'énergie d'un poisson mort, haussa les épaules d'un air indifférent et, sans se feindre d'une réponse, soutint de son mieux le regard accablant de son petit frère.
Alphonse ne dit qu'une chose :
« Tu es bête, nii-san. »
Ce fut comme un couperet qui s'abattit sur son échine déjà ployée par la culpabilité.
La lèvre inférieure du plus âgé trembla.
Le vent s'engouffra dans la pièce.
Il emporta avec lui le poids qui pesait comme une chape de plomb sur son corps engourdi.
Sans savoir lui-même ce qu'il faisait, Edward tourna les talons d'un coup et, comme mu par une force invisible, sentit son corps être projeté en avant par un souffle nouveau.
Il courut, sans trop savoir pourquoi, à la fenêtre par laquelle s'était échappé son rêve.
Sans plus se soucier de son frère ou de son orgueil qui lui enserrait la gorge depuis trop de temps, il ouvrit la fenêtre d'un geste décidé, agrippa à pleine mains son rebord, inspira profondément et hurla jusqu'à s'en faire dérailler la voix :
« ENVYYYY !
- WOH ! HEY ! Ça va, je suis pas sourd ! » lui répondit aussitôt le vent avec plus d'humeur que ce que à quoi l'on se serait attendu de la part d'un élément inanimé.
Edward cligna des yeux, hébété.
E-Eh ?
Alerte, l'adolescent fit rapidement pivoter sa tête à droite, à gauche, en bas... Et en haut.
L'or croisa l'améthyste.
Edward inclina sa tête sur le côté et s'enquit :
« Qu'est-ce que tu fiches sur le toit ?
- Mais tu vas me laisser le droit de ''ficher'' ce que je veux où je veux, oui ? » grommela l'homonculus, assis en tailleur au bord de l'immeuble avec un naturel déconcertant. Le vertige ? Les vingt mètres de hauteur qui le séparaient du trottoir, en contrebas ? Connaît pas.
Edward, désarçonné par cette réplique, ne put s'empêcher de rire. Un rire encore troublé d'émotion, mais un rire dont la franchise ravit Envy, même s'il n'allait pas faire le plaisir de le montrer à ce chibi mal embouché. Ainsi, et avec un jeu d'acteur parfait, il lui retourna une moue de vexation. Sans le regarder, il demanda, hautain :
« Tu comptes encore m'enguirlander, ou ça va aller ?
- Ça va aller », répondit calmement Edward malgré la honte qu'il sentait le regagner ; mais pour une autre raison, cette fois-ci.
Il ferma les yeux et laissa un sourire emprunt d'une certaine sérénité éclairer son visage baigné de nuit. Envy avait bien raison de le traiter comme ça. Il avait été stupide.
« Tu veux bien revenir, s'il te plaît ? » l'invita-t-il en lui tendant sa main droite pour qu'il pût la saisir et s'en aider pour revenir dans sa chambre.
Il ne savait pas trop pourquoi Envy était resté là, au-dehors, alors qu'il aurait tout aussi bien pu choisir de s'épargner encore d'autres remarques acerbes en rentrant chez lui – d'ailleurs, avait-il, à proprement parler, un ''chez lui'' ? Pas sûr. L'androgyne avait-il donc prévu qu'il changeât subitement d'avis ? Possible. En tout cas, ça le rassérénait et... nourrissait, au fond de lui, un petit espoir.
« Franchement, je sais pas » fit Envy au bout de quelques secondes à jauger du regard son interlocuteur. « Vu comment tu m'as jeté dehors...
- Allez, te fais pas prier.
- Oh, c'est une idée, ça.
- Descends de là ou je m'en charge. Je te jure que ça va être moins drôle.
- Des ordres, des menaces... Tu te prends pour un roi ou quoi ?
- Hm... Un roi aurait peut-être été moins impulsif et idiot que moi », remarqua Edward d'un air contrit.
Cette sincérité émut Envy, qui se décida à se saisir de la main tendue pour revenir dans la chambre. Il fut étonné de ne pas y trouver Alphonse, dont il était pourtant sûr d'avoir entendu la voix i peine une minute, mais ne s'en formalisa pas. Ça l'arrangeait : il avait besoin d'être un peu seul avec Edward.
Ou plutôt... C'était Edward, qui avait besoin de ce petit tête-à-tête.
« ... »
L'adolescent, gagné d'une timidité nouvelle, referma la fenêtre derrière son invité. Il prit soin d'en tirer les rideaux, emportant avec eux l'image de la ville constellée des lumières des veilleurs et des lampadaires ; un geste qui n'échappa pas à Envy, qui sourit.
Ainsi donc, il ne repartirait pas, cette nuit.
« … Je suis désolé. Je me suis un peu emporté », reconnut l'adolescent en s'asseyant sur son lit et en proposant, par de petites tapes répétées, qu'Envy le rejoignît (Envy : Tu me prends pour un chat ou quoi ?) ; ce qu'il fit.
« Je... J'ai été un peu pris de court... J'étais... Non, je suis fatigué et... » commença Edward, qui ne tarda pas, comme l'avait présagé Envy, à s'emmêler les pinceaux.
Il s'empressa de les ordonner pour lui en plaçant contre les lèvres fraîches de l'adolescent un doigt impérieux :
« Pas d'excuses. Tu sais très bien ce que je suis venu entendre. »
Ses pupilles se rétractèrent.
Celles d'Edward se dilatèrent.
Il sourit.
« Je sais, oui », souffla l'adolescent avec un sourire en coin dans lequel Envy décelait une étrange réserve. « Mais je ne vais pas te le dire. Je vais te le prouver. »
Edward sourit tendrement et se pencha sensiblement en avant.
Envy sentit le feu mordre ses joues. Il le refréna, ferma les yeux et imita son interlocuteur.
Mais Edward continua sa route et, contournant Envy, tendit le bras pour se saisir de la boîte de chocolats qu'il avait laissée sur son lit peu avant, l'ouvrit, se saisit d'un chocolat et l'avala avec plaisir.
L'alchimiste, tout sourire, en tendit un à Envy.
L'homonculus rouvrit les yeux en sentant quelque chose être appuyé contre son nez. Il loucha sur la bouchée une seconde ou deux puis l'accepta, l'air blasé (Envy : « et le concombre redevenu mou », mais ça, on n'en parle pas, hein ? Ed : Épargne nous les détails, s'il te plaît, tu seras gentil.).
« Tu es au courant que cette boîte n'est pas de moi, hein ?
- C'est cela », s'amusa Edward en rangeant la boîte dans sa table de nuit après avoir gobé un autre chocolat.
Envy lui jeta un regard par en-dessous et haussa les épaules :
« Bah, après tout, crois ce que tu veux, je m'en fiche.
- Exacte-... »
L'androgyne agrippa son cadet par les épaules et le plaqua contre lui. Il l'embrassa furieusement, dérobant ainsi à l'alchimiste son premier baiser (Envy : Et bientôt plus, hinhin ~ Ed : Nope.). Edward, pris au dépourvu, voulut protester. Ou, tout du moins, l'aurait voulu auparavant.
Mais là...
À présent couché sur le lit, Envy déjà sur lui et en train de lui prouver de la plus belle des façons ce que lui ne trouvait toujours par la force de dire...
… Franchement : pourquoi aurait-il protesté le moins du monde ?
« … ~ ! »
Il enlaça celui qui serait désormais son amant et l'invita à approfondir et prolonger ce baiser si intense, glissant sa langue entre ses lèvres avec une pointe d'amusement : Envy n'allait pas aimer, mais qu'importe.
Une crevette, ça se mérite, et ça ne se dresse pas en claquant des doigts. L'androgyne l'apprendrait à ses dépends... Et Edward, aux siens. Car Envy était plus que disposé à faire preuve d'une infinie patience pour faire en sorte que ce petit blond farouche devînt pleinement sien et cessât de toujours contester ce qu'il faisait (Envy : Surtout quand ça lui plaît ! Ed : Chut.).
Il leur restait beaucoup à se dire.
Beaucoup à se prouver.
Beaucoup à vivre.
Et beaucoup à comprendre, aussi. Mais peut-être la nuit, dont le manteau obombrait les caresses les plus intimes, serait-elle suffisamment féconde en étreintes pour qu'au matin venu, les langues se délient et apportent avec elles les mots tant souhaités ? Quoi qu'il en fût, ni l'un, ni l'autre, ne se souciait réellement de cela pour l'instant, où seul comptait le contact à la fois brûlant et suave de l'autre.
Nul ne savait encore ce qui l'avait amené ici sinon l'irrésistible besoin de presser ce corps aimé contre le sien.
Alphonse, en revanche, le savait.
Et, un sourire aux lèvres qu'il n'avait plus, il fit encore une fois de plus preuve de son amour envers son frère aîné en ayant la courtoisie de fermer la porte, pour lui et pour l'être qu'il avait poussé dans ses bras avec une simple feuille. Bon. Il y avait aussi le fait qu'il ne voulût pas profiter non plus des soupirs qu'accueillerait bientôt cette chambre, mais ça, il préférait ne pas y penser.
Il redirigea donc ses pensées radieuses vers ses obligations : il ne fallait pas qu'il oublie, dès qu'il aurait un moment de libre où il serait assuré de ne pas être surpris par son frère, d'appeler la personne qui avait participé, elle aussi, à cet ingénieux stratagème pour amener les deux garçons à se déclarer.
Lust.
Eh oui, car Alphonse n'était pas le seul à se soucier du bien être de son frère.
Bon. Par contre, ils n'avaient clairement pas les mêmes méthodes. Car Lust, si elle se souciait du bonheur d'Envy, n'avait guère cure de son intimité et était, il fallait le reconnaître, adroite photographe.
Comment Alphonse le savait (Al : Même si j'aurais préféré l'ignorer...) ? Car lui aussi était tombé sur les photos d'Envy. Celles qui étaient présentement dans la table de nuit d'Edward.
Comment ? « Jetées », dites-vous ?
Vous n'aurez qu'à demander à l'alchimiste. C'est probablement la réponse qui vous sera donnée. Il ne reste donc plus qu'à espérer pour lui qu'Envy ne fût pas tenté d'aller farfouiller dans son tiroir dans les heures qui suivront. Il risquerait d'avoir une surprise de taille, autrement. Un peu comme Edward en étant confronté à ce qui, en photo, paraissait probablement moins impressionnant qu'une fois en main.
FIN ! ~
Voilà ! C'était un peu mouvementé, au final, mais j'espère que cette chute vous a quand même plu ! :D J'ai essayé de ne pas trop m'appesantir sur le pourquoi du comment qui avait amené Envy à aimer Edward et inversement ; ces péripéties pourront être exploitées dans d'autres fics ou OS au gré de mes envies et des scenarii (assurément variés). C'était surtout sur cet heureux dénouement que je souhaitais me concentrer ^w^ J'espère, en tout cas, que vous avez apprécié votre lecture !
N'oubliez pas de me faire partager votre avis : ça compte beaucoup !
BisouX à tous et à toutes, et à la prochaine ! ~
Rédaction et édition : White Assassin
Correction : Couw-Chan
