Allez une nouvelle histoire…

Série : Merlin

Pairing: Arthur / Merlin : )

Comme d'habitude les personnages ne m'appartiennent pas, seul l'histoire sort de mon imagination…

Et si….

Et si Arthur et Merlin s'étaient déjà rencontrés auparavant, et si Merlin avait tout oublié de cette rencontre et si quelqu'un voulait qu'ils se rendent comptes de leur lien. Et si je vous laissais découvrir…


Chapitre 1 / Passée oublié Part.1


Douze ans après la grande purge

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Dans un petit village, Healdor, aux abords du royaume du roi Uther, vivait un enfant bien différent des autres. Dans ses veines coulait l'essence même de la magie dont il n'avait pas encore conscience de toute sa puissance. Pas de celle que manipulaient les sorciers mais celle de l'ancienne religion. Sa présence en ce monde était due à la naissance d'un enfant qui devait un jour, si possible, réunifier et régner sur le royaume d'Albion. La destinée de ce jeune sorcier, Merlin, avait été longtemps chuchotée de druide en druide sous le nom d'Emerys. Hunit, mère de l'enfant sorcier, lui avait appris à utiliser sa magie chez lui ou en cas d'extrême besoin, bien qu'elle préfère qu'il ne se montre à personne. Malgré ses pouvoirs insoupçonnés, il se sentait toujours seul et surtout trop infréquentable par les enfants du village. Dans son petit monde que sa mère lui avait créé, il avait enfin trouvé un ami en William. Celui-ci connaissait tout de Merlin, à part ce qui faisait de lui un magicien. Hunit souriait parce qu'elle voyait en ce garçon plus qu'un ami pour son fils car rien ne semblait les séparer. Mais pour l'heure, il était encore jeune quand il le rencontra la première fois…

Au château de Camelot, vivait un jeune garçon, futur héritier, Arthur. Depuis son jeune âge, son père lui apprit que la magie était néfaste et qu'elle engendrait le mal en toutes ces personnes qui la manipulaient. Chaque jour son père prenait un peu de son temps pour l'éduquer en ce sens tandis que le plus jeune et le plus doué des chevaliers, Sir Léon, lui apprenait à manier les armes. Malgré son jeune âge, le petit prince était déjà très habile mais il ne lui manquait que la force. Le chevalier savait qu'avec le temps et de l'entrainement, il deviendra encore bien plus meilleur que lui. Léon avait à peine cinq ans de plus que le jeune garçon mais il était très mature et très autonome. Arthur s'entrainait souvent avec lui mais il dérivait souvent ses combats en un jeu qui ne faisait pas rire le chevalier. Le petit prince l'aimait beaucoup mais il n'avait pas le même regard sur l'amusement. Et ce fut ainsi qu'il se sentait souvent seul et cela le pesait.

La nouvelle saison avait commencé avec douceur, le vent était doux et les arbres étaient colorés aux couleurs du coucher de soleil. Ce jour-là, Léon lui avait promis une balade aux bords du lac d'Avalon. Or, sa mère étant tombée malade, le jeune chevalier ne put tenir sa promesse. Arthur insista auprès du Roi pour qu'une troupe l'accompagne et sous son caprice, ce dernier céda. Ce fut avec le sourire aux lèvres qu'il quitta le château juste après midi avec son escorte. En cette fin d'après-midi, Arthur et ses gardes furent attaqués par deux brigands. Les deux ravisseurs s'étaient emparés du jeune garçon, assassinant les hommes d'Uther sous ses yeux. Affligé par cet horrible acte dont Arthur n'avait encore jamais assisté à son âge, le petit prince était choqué et tremblant de tout son corps, aucun son ne sortait de sa gorge.

En ce jour d'automne, notre jeune sorcier s'amusait avec son ami dans les bois, pendant que sa mère préparait le souper. Will était comme un frère. Ils marchaient tous les deux dans les bois, parlant des filles du village, parce que son ami avait le béguin pour l'une d'entre elles. Il avait deux ans de plus que lui et cela ne les empêchait pas d'être tout le temps ensemble. Marianne avait pris la main de Will en rentrant chez lui la veille et depuis ce matin, il n'arrêtait pas d'en parler. Merlin, lui, à son âge ne savait pas ce que c'était de tenir la main d'une autre personne et encore moins ce que c'était d'aimer. Alors il écoutait son ami qui avait cette lueur étincelante dans ses yeux. Et tristement, il se demandait si un jour quelqu'un la lui tiendrait en sachant qui il était… Marchand côte à côte, ils trainaient des pieds dans les feuilles orangeâtres quand ils entendirent des voix d'hommes. Leurs premiers réflexes furent de partir mais Merlin s'arrêta lorsqu'il entendit le cri d'un jeune garçon. Will le retint par la manche :

― On devrait partir avant qu'ils nous voient !

Sa voix était comme un murmure. Il avait peur mais Merlin écoutait souvent plus son instinct que sa raison.

― Non, vas-y rentre et si je ne suis pas rentré, préviens maman… je rentrerais…

Le petit sorcier se rassura du bon départ de son ami et décida de jeter un coup d'œil derrière les buissons. Il tremblait parce qu'il savait qu'il ne ferait jamais le poids si jamais les bandits l'attrapaient. Mais le cri identique que précédemment le retint sur place. Il avança légèrement sa tête pour ne pas être surpris.

― Mange ! Cria un homme barbu en adressant une coupelle au petit garçon. Ce dernier détourna le regard.

Le petit sorcier le détailla, il devait être à peine plus âgé que lui. Il était blond et quand il croisa ses yeux, il était hypnotisé par la fragilité de son regard, à la fois craintif et fier. Une détermination insaisissable s'était emparé de lui, Merlin ne savait pas d'où lui venait cette envie de le secourir. Comme si une force invisible le poussait à le délivrer.

― Mange ! J'aurais besoin de toi en forme ! Se mit à hurler le second homme en prenant le garçon par le col, le soulevant à sa hauteur. Immobile, serrant ses dents, il le balança contre un arbre brutalement et dans cette chute, Merlin pouvait ressentir sa douleur.

Agenouillé dans son buisson, le petit sorcier pouvait entendre les gémissements de douleur du petit blond. Les mains posées sur sa bouche pour éviter d'émettre un cri, Merlin tentait d'arrêter ses tremblements. Il ferma quelques secondes ses yeux pour calmer ses réactions que seule la peur avait le pouvoir de le mettre dans cet état.

― Vous ne savez pas à qui vous avez à faire ! Répliqua en hurlant le jeune garçon en empoignant son bras qui devait le faire souffrir.

Il essaya de se lever mais le barbu lui posa un pied sur le dos le faisant ainsi manger la terre molle.

― Pour le moment je t'ai toi ! Avait-il dit en se baissant assez près pour que le garçon l'entende bien. Alors cesse tes enfantillages ou ton père n'aura plus d'héritier ! Ajouta-t-il en le mettant assis contre l'arbre.

― Et comme tu n'as pas faim, autant que je t'attache ! Ce qu'il fit immédiatement.

Les liens étant si bien serrés qu'Arthur savait qu'il ne pourrait pas s'évader. Son corps entier le faisait souffrir et cette éjection dorsale contre l'arbre avait fini par lui faire encore plus mal. Les jambes proches de son torse, les bras tendus vers l'extérieur se collaient au tronc. Les yeux embués, il avait encore dans sa tête ses horribles images de tueries sur les gardes de son père. Il se mordait les lèvres en se disant que tout cela était de sa faute. Arthur savait qu'il ne devait pas pleurer pour des hommes comme lui avait toujours répété son père. Or il ne pouvait s'en empêcher. Des larmes coulaient sur sa joue et quand il fut las et fatigué, il s'endormit doucement.

Dans le noir dont seule la lune parsemait de ses rayons, Merlin attendait que la nuit arrive sans bouger et quand il jugea le moment adéquat, il s'approcha doucement de l'arbre. Se dégourdissant les jambes, il stoppa quelques secondes pour être certain que les hommes dormaient bien. Puis il se tourna vers la corde qui maintenait le garçon. Tremblant de ses petites mains, la peur au ventre, il n'y arriva pas. Immobile, derrière l'arbre et hors de la vue des hommes endormis, sa respiration était saccadée. Merlin dut s'arrêter quelques minutes pour reprendre son souffle. Il se ressaisit et il fixa la corde qui, de ses yeux dorés, se détacha. Levant son regard sur le jeune garçon, Merlin le secoua en posant une main sur son épaule. Celui-ci releva sa tête ensommeillée et sans dire un mot, le petit sorcier lui fit signe de le suivre. Dans un premier temps, le brun vit une hésitation mais aussi une lueur qui le blessa. Or il n'avait pas le temps de réfléchir alors sans chercher à lui faire peur, Merlin lui tendit sa main droite pour lui laisser le temps de juger la situation et de faire son choix.

Arthur sentit une secousse le réveiller et en croisant le regard d'un autre petit garçon, il pensait qu'il rêvait. Quel enfant viendrait le secourir, lui, le fils du Roi d'Uther ? Il essayait de faire fuir cette peur qui lui picotait chaque partie de son corps. Lentement et chancelant, il se leva sans bruit puis face à son jeune inconnu, il ne savait pas s'il devait lui faire confiance. Puis une main fine se présenta devant lui. Arthur ne sut pourquoi mais ce geste lui donna assez de confiance pour y poser la sienne. Ils marchèrent doucement pour éviter de craquer des brins de bois et une fois rassurés qu'ils étaient assez loin, Merlin lui lâcha la main et la posa sur l'épaule du blond pour lui chuchoter d'une voix vibrante :

― Suis-moi, il y a une grotte pas loin, ils ne penseront pas nous chercher là-bas…

Le blond semblait paralyser, son regard presque vide, alors Merlin lui reprit sa main et le força à le suivre. Quelques secondes plus tard, un cri de colère retenti à travers les bois, l'un des deux hommes avait dû se réveiller.

Après l'étonnement, le blond accéléra ses pas, dépassant presque son sauveur. Tous deux étaient essoufflés quand ils arrivèrent devant la grotte. De leurs mouvements et de leurs respirations, l'angoisse se ressentait en chacun d'eux.

La lune éclairait les deux enfants de ses rayons lumineux, laissant à Merlin le loisir de mieux discerner le jeune garçon. Ses cheveux couleur du soleil paraissaient lui chatouiller le front quand celui-ci passa un coup de sa main libre. Une fois que l'air avait redonné du neuf à leur poumon, Merlin, toujours la main du garçon dans la sienne, s'enfonça dans le noir. Tâtonnant du bout de ses pieds refoulant ainsi les pierres qui pouvaient les gêner et de l'autre main libre, il cherchait son chemin en caressant la paroi. Il faisait attention de ne pas s'entraver et surtout il ne voulait pas entrainer l'enfant dans sa chute si cela devait arriver. Pas à pas, le jeune sorcier pouvait sentir le souffle irrégulier du jeune garçon tout contre sa nuque. Il tourna sur la gauche puis sur la droite. Le blond le suivait sans rien dire. Merlin sut qu'il était au bout de la grotte et faisant face au blond, il sentit le souffle de sa respiration tout contre son cou. Indécis, il fit apparaitre tout de même une petite lumière blanche qui naquit sur sa main gauche. Il découvrit plus nettement ainsi le visage du blond mais son regard s'était durci. Il savait qu'il ne devait jamais utiliser sa magie devant des inconnus mais il n'avait pas le choix. Affrontant à nouveau les yeux bleus, il vit le jeune garçon fermer ses paupières.

Arthur ne savait pas qui était le jeune garçon mais il avait eu confiance en lui. Cette main tendue l'avait touchée. Il avait senti la chaleur de celle-ci contre la sienne, jamais il n'avait tenu la main à qui conque et lui, le brun, la lui tenait comme s'il avait peur de le perdre. Il le suivait sans rien dire parce qu'il n'était pas effrayé par lui mais par ceux qui l'avaient enlevé. Tout en le suivant, il essayait de retrouver son souffle régulier mais il avait du mal à se reprendre. Dans le noir, marchant lentement au pas du brun, il se sentait minable. Pourtant, tout comme lui, sa main tremblait de cette appréhension coriace qui les suivait depuis les bois. Soudain l'autre garçon s'arrêta et après quelques secondes de silence, Arthur vit apparaitre sur la main du brun une petite lumière qui éclaira leurs visages. A cet instant son cœur se mit à battre encore plus vite.

Pourtant, il ne battait pas parce qu'il avait craint pour sa vie, non c'était autre chose. Cela lui paraissait si irréel qu'il se demandait s'il n'était pas en train de rêver de tout cela. Il allait se réveiller contre cet arbre et demain… Il n'osa pas approfondir ses pensées, la peur qui le tiraillait, revenait s'insinuer dans son petit corps… Il ferma un instant les yeux, respirant un bon bol d'air étouffé… Au bout de quelques secondes, il les rouvrit et avec surprise, il avait toujours cette chaleur dans sa main gauche puis il aperçut deux orbes dorés angoissés qui le fixaient. La seule chose qu'il put faire, fut de lui sourire. Le sourire du jeune blond l'avait rassuré et surtout cela lui fit accélérer les battements de son cœur. Quelqu'un qui ne le connaissait pas, acceptait sa magie. Il l'observa quelques instants avant de balayer l'espace de son regard. Il cherchait le tas de bois que William et lui avaient fait quelques jours auparavant.

Il s'approcha et y mit le feu, colorant ses yeux de paillette dorée. Merlin n'osait plus le dévisager, presque honteux de sa magie. Pourtant, il avait vu son regard noir puis une étrange lueur qu'il n'avait encore jamais vue dans les yeux de qui conque. Du coin de l'œil, il vit le jeune blond s'assoir à ses côtés en même temps que lui et Merlin lâcha sa main droite qui commençait à perdre de la chaleur.

― Merci, murmura le blond en fixant Merlin.

Le brun resta muet, les yeux ensorcelés par les braises. Il n'avait jamais secouru quelqu'un et encore moins dans ces conditions. C'était la première fois pour lui que quelqu'un le remerciait. Sa voix était plus calme que ses tremblements étaient encore visibles. Son voisin, jambes collées au torse et bras autour de ceux-là, semblait cacher sa gêne.

― Je m'appelle Arthur… ajouta-t-il en posant sa main sur la sienne.

Comme cela était étrange, Merlin était attiré par cette main qu'il avait tenue tout le long du trajet. Subitement une douleur insoutenable se fit sentir au niveau de son cou. Il y porta sa main et y vit du sang.

Arthur avait toujours appris que la magie était néfaste mais ce garçon lui avait prouvé le contraire. La seule preuve était qu'il était fasciné par le petit sorcier. Il semblait aussi normale que lui et pourtant dans ses yeux qui se dorèrent le temps d'allumer le tas de bois, il y vit une tristesse qui le toucha. Il essaya de le remercier, voire même lui donnait son nom mais il paraissait à mille lieues de lui. Cela lui serra la poitrine puis il sentit ce besoin de lui reprendre sa main. Il posa la sienne sur celui du brun mais celui-ci l'enleva pour la porter à son cou et Arthur eut un instant de panique quand il aperçut du sang à la lumière du feu. Le brun tourna de l'œil et s'évanouit.

― Il ne manquait plus que cela… murmura Arthur.

Il se mordit la lèvre en sachant qu'en marchant vite dans les bois, ils avaient heurté des branches nues et dures comme de la pierre. Il avança sa tête sur le corps allongé et vit une égratignure au niveau de la naissance du cou. Il y posa ses doigts, il put déterminer la profondeur de la blessure. Il enleva son gilet, puis son pull en lin bleu. Il déchira un grand carré de ce dernier et un second plus petit. Il avait remarqué un petit ruisseau qui passait dans la grotte. Il y mouilla le petit carré et nettoya la plaie jusqu'à ce que le sang n'y coule plus. Il s'arrêta quelques minutes pour détailler celui qui l'avait sauvé. Il était maigre, ses oreilles légèrement décollées, ses cheveux brun et court… Il était bien plus jeune que lui… neuf ou dix ans… Il reporta son attention sur cette main et effaça les traces de sang qui s'y étaient encore taché puis il prit sa main dans la sienne. Il n'aurait su dire pourquoi il agissait ainsi, bien qu'il trouve ce geste si enfantin, il ne pouvait détacher son regard de ce garçon. Calmement, il arrivait à réguler sa respiration et cette peur disparaissait…

Continuant à le fixer, au bout d'une dizaine de minutes, le brun se mit à bouger puis ouvrit lentement ses paupières. Comme s'il venait de se réveiller d'un cauchemar, il mit sa main sur son cou qui ne saignait plus.

― Je te l'ai nettoyé… chuchota Arthur en lui tendant l'autre carré de lin bleu. Tiens, tu devrais le mettre autour de ton cou… ça te réchauffera…

Merlin prit le bout de tissu et le porta autour de son cou. C'était bien la première fois qu'on lui donnait quelques choses sans rien demander. Puis se ressaisissant il lui dit :

― Merci… Arthur…

― Comment t'appelles-tu ? demanda-t-il.

― Je…

Voyant son embarras, le blond lui dit en tapotant son épaule :

― Tu n'es pas obligé… J'ai vu ce que tu sais faire donc tu es un sorcier et comme tu viens de me sauver la vie, je crois que cela est amplement suffisant…

Il avait dit cela d'une traite en plantant son regard sur les flammes. Il ne s'était pas rendu compte du mal qu'il venait de faire à Merlin qui serra ses poings. Alors il osa lui répondre :

― Ce n'est pas parce que je suis un sorcier que je t'ai sauvé la vie…

Il vit le blond se tourner complètement sur lui.

― Et quand bien même je n'aurais pas été sorcier, je serais venu te libérer de ses barbares, dit-il en haussant légèrement le ton. La magie ne suffit pas…

De mieux en mieux, Arthur était fasciné par le brun… premier qui d'ailleurs se permettait de lui répondre… Peut-être ne savait-il pas vraiment qui il était et quelque part cela le soulageait parce qu'ainsi il aurait juste à être lui. Et cette drôle de lueur qui émanait de ses yeux l'intriguait. Ce jeune garçon avait du cran, sauver quelqu'un qu'il ne connaissait pas et en plus en usant de sa magie. Il se souvint combien ils avaient tremblé, combien ils en tremblaient encore en arrivant ici… Sans le détacher de son regard, sa présence le rassurait. Il n'aurait su donner la raison mais il était bien. Au fond de lui, il aurait aimé en faire un ami… Mais il dut chasser cette idée de son esprit. Avoir un ami était dure mais qui plus est un sorcier, son père en ferait une crise. Il sourit à cela.

― Pourquoi souris-tu ? demanda le brun voyant qu'il était apaisé.

― J'aurais voulu avoir un ami comme toi, murmura-t-il en le bousculant légèrement de son épaule. Tu… es courageux… souffla-t-il.

Il voulut lui mentir mais curieusement il n'y parvint pas. En lui répondant, il le vit sourire à son tour, un énorme sourire qui cachait la petite canaille qu'il devait être… et il vit encore cette étincelle dans ses yeux.

― Que l'âge as-tu ?

Merlin détourna son regard et lui dit qu'il allait avoir dix ans…

― J'ai douze ans… dit simplement le blond.

Il ne savait pas pourquoi il lui disait cela mais il avait envie d'en savoir plus sur lui.

― Dis-moi, qui t'apprends la magie ?

― Je ne l'ai jamais apprise, dit-il en dévisageant le blond qui parut étonner et comme pour éviter d'autres questions il lui avoua qu'il était né avec cette magie, qu'elle l'avait choisi lui.

― Personne ne peut naitre avec la magie… tu as dû l'apprendre ? Insista Arthur.

― Je suis différent de ces sorciers, murmura-t-il comme s'il ait l'impression d'être né d'une irrégularité...

Merlin semblait traverser sa courte vie… oui, il n'était pas normal et parfois quand la nuit venait, il priait pour être comme tout le monde. Même si sa mère lui disait qu'il était une merveille de la nature, il ne le ressentait pas ainsi. Il souffrait toujours de cette solitude qui l'accompagnait où qu'il aille et malgré la présence de William… Il ne se sentait pas à sa place… en repensant à tout cela il ferma les yeux pour ne pas céder à sa tristesse. Arthur n'osait plus parler, il ne comprenait pas comment la magie pouvait choisir une personne. Voulant lui poser d'autres questions, il aperçut le regard triste du jeune garçon. À ce moment-là, il avait cette sensation d'être aussi seul que lui. Il pouvait le comprendre… lui, fils d'un roi, ne pouvait se permettre d'avoir des amis car il devait, un jour, régner sur le royaume de Camelot. Il aurait voulu…

― Tu as des amis ? demanda subitement le blond.

Il croisa le regard vide de celui-ci et il n'aurait su dire d'où lui venait cet étrange sentiment de frustration.

― William… souffla le brun.

― Il sait pour…

Yeux dans les yeux, un instant qui leur parurent s'être figés, aucun de ces jeunes garçons ne se rendait compte de leur lien qui se créait.

― Non…

Un battement plus rapide… Arthur avait l'impression d'avoir été privilégié de connaitre son don.

― Et tu saurais me faire voir, demanda le blond avec un léger sourire…

Merlin semblait hésitant… Le petit sorcier tourna son regard sur Arthur et il aperçut une lueur d'espoir… A cette vue son cœur se réchauffa. Il se mit en tailleur devant le blond qui fit de même. Assis face à face, il lui tendit la main droite et y fit apparaître une petite flamme. Arthur la suivait du regard. Elle s'éleva un peu plus haut, seule, puis une fois à une hauteur bien raisonnable, elle éclata de mille couleurs. Le blond ramena son regard sur le brun avec un sourire étincelant. Il était simplement émerveillé… Merlin était ravi de voir cette joie qui se peignait sur le visage du blond. Comme cela lui semblait étrange, Arthur était la première personne à qui il dévoilait son don. Devant le regard ravi du blond, Merlin était aux anges. Voyant qu'Arthur réclamait encore un autre tour, il tourna sa tête sur les flammes. Suspendant le temps, les flammes valsaient lentement puis d'un geste de sa main, il y fit dessiner le visage du blond souriant.

Arthur observait tout sans perdre le moindre détail et dans ses yeux colorés, il y avait une telle douceur qu'il aurait juste voulu ne regarder que lui, le petit sorcier. Et quand il aperçut son reflet sur les flammes, il éclata de rire… Pour la première fois de sa vie, Merlin était heureux d'être sorcier. Ses oreilles s'enchantaient de l'éclat de rire qui résonnait comme un écho. Faire sourire une autre personne que sa mère le mettait dans un état d'euphorie. Il continua sous le regard du blond, à dessiner d'autres personnages…un dragon, une licorne… Et quand vint la fatigue, ils s'allongèrent côte à côte.

Arthur attendit que le petit sorcier s'endorme pour lui prendre la main avant de lui murmurer un dernier Merci. Le petit prince n'arrivait pas à fermer l'œil tellement les images atroces revenaient le hanter. Les visages aux regards vitreux semblaient le poursuivre. Le cœur battant et le souffle court, il serra encore plus cette petite main contre la sienne. Il se répétait dans sa tête, que quand il sera grand, il sera plus fort, il sera plus résistant et aussi valeureux que le petit sorcier. En contemplant le visage endormi du brun, il vit une lueur dorée apparaitre au bas de ses paupières légèrement entre ouvert. Arthur sentit soudainement une chaleur bienfaisante le parcourir. Elle était à la fois douce et agréable. Les images ne revinrent plus titiller sa mémoire, seul le regard du brun apparaissait à la place. Doucement, comme emporté par une mélodie, le petit prince s'endormi au côté de celui qui deviendra son ami.

Merlin, les yeux clos, flairait l'odeur de la peur qui entourait Arthur. Dormait-il ? Il n'aurait su le dire mais dans son cœur, il voulait ne plus ressentir cette angoisse. Inconsciemment, sa magie effaça les visions cauchemardeste du blond. Il devina le soulagement de ce dernier et poursuivit son songe.

Au milieu de la nuit, Arthur sursauta en entendant des voix. Doucement, il posa sa main sur la bouche du brun qui, en ouvrant les yeux, se mit à frémir de peur. Calmement, Arthur l'intima de le suivre. Lui-même ne pouvait cesser ses tressaillements. Rapidement, il vit une lueur jaune sur les parois rocheuses s'approchait. Fixant le brun, il dut se rendre à l'évidence qu'il était pris au piège. Dans un dernier espoir, le blond poussa le petit sorcier dans un coin en lui disant :

― Cache-toi, c'est moi qu'ils veulent, sa voix ne dissimulait aucunement sa crainte.

Merlin ne le voyait pas ainsi. Il empoigna la main du blond et lui dit :

― Tu me fais confiance ?

Arthur, surpris, hocha de la tête. Merlin qui sentait les mouvements apeuré du blond, lui prit ses deux mains dans chacune des siennes.

― Regarde-moi et quoiqu'il se passe, quoi que tu entendes, ne détourne pas tes yeux des miens.

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Sous l'effet de l'angoisse grandissante, Arthur fixa les yeux de son sorcier quand soudain il fut attiré par sa teinte dorée. Il était sûr qu'il ne s'égarerait pas de ses pupilles. Il était hypnotisé et tout lui semblait si simple auprès de lui. Une chaleur sur ses mains lui rappelait que le brun les tenait entre les siennes. Arthur le trouvait beau, bien qu'il ne comprenne pas le sens de cette signification. Il ne savait pas combien de temps cela avait pris mais il n'avait jamais été aussi calme et détendu qu'à cet instant. Ce petit sorcier l'intriguait vraiment. Soudain, les yeux dorés devinrent à nouveau bleus, couleur qu'il aurait aussi aimé rester à contempler.

― C'est bon, ils sont partis, lui avait murmuré le brun en lui libérant ses mains.

― Qu'as-tu fait ? demanda Arthur complètement émerveillé.

― Je nous ai rendus invisible à leurs yeux… souffla le petit mage. Ne me demande pas comment…

Ils retournèrent près du feu. Merlin était épuisé par sa magie et s'allongea sans rien dire. Arthur le suivit dans son mouvement. Ainsi, ils finirent tous les deux la fin de la nuit, côte à côte.

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Dans le crépitement des braises, un léger murmure se faisait entendre. Une voix douce flottait, chantant des paroles autour des deux jeunes garçons :

Voyez comme le monde vous attend,

Telle une mélodie, elle veille sur eux.

Voyez comme vous vous êtes retrouvés,

Tel un chant perdu, elle revient en force.

Voyez en ce jour, vos destinés se sont liées.

Telle une légende, elle souffle leur destin.

Voyez comme vous créez l'avenir mes enfants…

Telle une vérité, elle restera près d'eux.

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voilà... à suivre

Anath63