CHAPITRE 1
Je savais que ce n'était pas une bonne idée!
En rentrant du lycée, j'entends une espèce d'explosion provenant de la cave de la maison. Affolée, je m'y précipite, voyant la fumée s'extraire de sous la porte… Tes toussotements se font entendre en descendant les escaliers, alors j'appelle :
- Papa ? Papa ?
- Je suis là, ma grande. Mais une nouvelle quinte de toux interrompt sa phrase.
- Mais qu'est que tu as encore trafiqué ?
- Ce n'est rien, juste une mauvaise manipulation de ma machine électrique, je crois que j'ai oublié d'inverser la polarité qui mène aux…
Mon père : tout un roman ! Charlie Swan, shérif du district 6 de Chicago, le quartier chic, et bricoleur déjanté à ses heures perdues. Ce type de bruit n'inquiète plus les voisins, trop habitués aux fantaisies du chef Swan. À son palmarès, un système pour descendre le linge dans la buanderie, une machine folle qui devait soit disant éplucher les légumes et qui nous a cassé la moitié de la vaisselle, un décodeur lui permettant d'avoir un accès gratuit à toutes les chaînes de sports possibles et imaginables et ce dans toutes les langues (je vous conseille le cricket en pakistanais, passionnant !) ou encore l'horloge agenda pendue dans la cuisine qui enregistre le programme de chacun.
Arrivant au sous-sol, j'y constate une nouvelle fois le bazar qui y règne, il s'agit de la seule partie de la maison que j'ai renoncé à nettoyer. Papa, les cheveux en pétard et le nez dans son système électrique, continue son monologue sur la polarité.
- Ne fait pas de bêtise, j'ai des devoirs à faire.
- Tu me connais, Bella.
Je secoue la tête à sa réponse et remonte vers ma chambre où ma dissertation sur Hemingway m'attend, embarquant au passage un beignet traînant dans la cuisine.
Isabella Swan, ou plutôt Bella, 17 ans, en dernière année de lycée, je me prépare pour un cursus littéraire en université. Major de ma promotion, j'ai de bonnes chances d'intégrer Columbia à New York. Je vis seule avec mon père depuis mes 6 ans, l'époque à laquelle Maman a succombé au cancer qui la rongeait depuis plusieurs années. Je ne garde que peu de souvenirs d'elle, malheureusement, mais son image reste très présente dans cette maison où de nombreuses photos sont accrochées.
Mon père a fait de son mieux pour m'élever seul, malgré sa distraction et ses idées farfelues. Je l'adore, même si ma mère m'a toujours manqué, il a su rendre mon enfance très colorée avec des petites attentions et des inventions rigolotes : par exemple, la rampe d'escalier transformée en toboggan. Je ne les descends jamais autrement que sur les fesses. Ou encore le moule à gaufres perpétuel, grâce auquel nous pouvons manger des gaufres à nous en rendre malade, car tant qu'on le laisse brancher, il les fait en continue.
Je n'ai compris pourquoi il avait décidé de devenir policier, cela ne correspond pas du tout à son caractère. D'un autre côté, ce qu'il fait, c'est de la police de proximité, les affaires graves ne sont pas de sa responsabilité. Ses revenus ne sont pas mirobolants mais la maison que nous occupons est celle attribuée à tous les shérifs du district 6. Une vieille bâtisse de la fin du XIXème à deux étages très grande pour deux personnes. Le deuxième étage est mon univers avec ma chambre, ma pièce à bazar où sont entassées toutes affaires qui me sont inutiles pour le moment mais on ne sait jamais ainsi que ma bibliothèque et mon pouf (mon endroit préféré pour lire), enfin ma salle de bain.
Le premier étage, c'est l'étage de mes parents avec une pièce dépotoir, la chambre et une autre salle de bain. Au rez-de-chaussée se trouvent le salon, la salle à manger, le bureau et la cuisine. J'ai toujours vécu ici, cette maison c'est vraiment la mienne et j'y suis très attachée.
Ma dissertation m'occupe bien deux heures, analyse de « Mort dans l'après midi », plutôt curieux comme livre. Il est plus de sept heures quand je redescends pour préparer le dîner et Papa n'est toujours pas remonté de son atelier. Alors que nous sommes à table, mon père me demande :
- Pourrais-tu me donner un coup de main tout à l'heure pour régler ma machine ?
- Oui, si tu veux. C'est quoi cette fois, une friteuse à poisson rouge ?
- Ah, ah ! Très drôle jeune fille ! Non, c'est pour économiser l'énergie dépensée dans cette maison.
- Je crains le pire !
- Mais non, Bella. Une fois réglée, je la brancherai directement sur le compteur et grâce à son horloge digitale, je pourrais déterminer quelles sont les endroits de la maison qui sont utilisés à tel ou tel horaire. Par exemple, on ne se sert pas de la cuisine la nuit entre 23h et 6h.
- Oui, et si j'ai envie de me faire une omelette en rentrant à 4h du matin, Papa ?
- Tu ne rentres jamais à 4h, Bella.
- Pas faux. Mais je me demande quand même combien de temps nous allons être privés de courant cette fois ?
- Ne sois pas défaitiste, ma grande, cela va marcher.
- Mouais, laisse-moi te rappeler que quand j'ai voulu brancher ton aspirateur modifié, les plombs ont fondu dans le compteur. Nous n'avons pas eu de courant pendant une semaine et demie, alors si on pouvait éviter les douches à l'eau froide…
Il n'ajoute rien, cette sombre affaire m'avait mise de mauvaise humeur et il n'avait plus rien bricolé pendant plus d'un mois. Alors que nous finissons, l'orage éclate enfin, il avait fait lourd tout l'après midi. Après avoir débarrassé, nous descendons à l'atelier et je me gamelle à l'arrivée :
- Satanés fils de merde !
- Regarde où tu marches, Bella.
- Papa, on n'a pas allumé la lumière, j'y vois que dal !
Après plus d'une demi-heure à lui passer tel ou tel outil, il se redresse ravi et me lance :
- On va le brancher voir ce que cela donne.
- Je persiste à croire que ce n'est pas une bonne idée ! En plus ton horloge n'est même pas à l'heure, elle indique 19 :17.
- Je la règlerai après. Allons-y.
Je le vois s'emparer de la prise et la raccorder au compteur, je le sens mal cet économiseur génial ! Tout fier de lui, je le vois poser ses doigts sur l'interrupteur et décompter à partir de 3. Au moment où il dit zéro, plusieurs choses se passent en même temps : l'horloge passe à 19 :18, un éclair et le tonnerre retentissent dans un grondement épouvantable et Papa appuie sur le bouton.
Sans comprendre ce qu'il se passe, je me sens partir en arrière comme propulsée. Ma main droite, celle qui était posée sur la machine infernale, me brûle. Je me rends compte que je suis appuyée contre le mur, j'ai du me cogner la tête, je sens une douleur. Comme quoi j'avais raison, coupure de courant, la cave est plongée dans le noir.
- Tu vois, Papa, tu devrais m'écouter plus souvent, je te l'avais dit.
Mais personne ne me répond.
- Papa ? Papa !
Dans le noir, j'essaye d'avancer doucement quand j'entends du bruit à l'étage puis une porte qui s'ouvre :
- Faites attention mon ami, il s'agit peut-être d'un voleur !
C'est quoi cette voix, une femme, ici ?
- Y a-t-il quelqu'un ? Lance une voix masculine grave, et inconnue au bataillon.
Un trop grand bruit a certainement rameuté les voisins
- Euh, vous pouvez descendre la maglight qui est dans le grand tiroir de la cuisine, je crois que mon père est toujours évanoui.
Une silhouette masculine tenant une bougie se dessine dans l'escalier. J'ai du mal à distinguer son visage. Une fois arrivé en bas, il lève sa chandelle et demande :
- Qui êtes-vous ?
- Bella, je suis la fille du chef Swan, et je crois que la maglight sera plus efficace.
- Mais que faites vous dans notre cave ? Demande une autre voix.
- Pardon ?
Un second homme nous rejoint avec… une lampe à gaz. Qu'est ce que c'est que ce cirque ?
Comme c'est mon anniversaire, je publie une nouvelle histoire qui sera assez courte et amusante !
Préparez-vous, la suite viendra assez rapidement.
Cokorico Immaculé Conception (8 décembre, mon anniversaire)
« S'il oublie de me souhaiter mon anniversaire, c'est qu'il ne me voit pas vieillir ! »
