OUT OF TIME
by
AstraPerAspera
Auteur: AstraPerAspera
Traducteur: Aybarra
Catégorie : Angst/Tragedy
Résumé : Ce qui se passe pour Sam et Jack quand le monde qu'ils connaissent s'écroule autour d'eux. Inspiré par le roman de James Swallow 'Stargate SG-1 : Relativity'. Ship Sam/Jack.
Note de l'auteur: Même si habituellement vous ne lisez pas la note de l'auteur, s'il vous plait, prenez le temps de lire celle-ci, en dépit de sa longueur. Cette histoire a été inspirée par le roman Stargate SG-1 : Relativity de James Swallow. J'encourage ceux qui ne l'ont pas lu de s'en procurer une copie et de le lire. C'est un des meilleurs romans sur Stargate. Quand j'ai lu Relativity, j'ai été hantée par la ligne de temps que nous ne voyions pas et par les relations personnelles qui n'étaient que suggérées, mais pas détaillées. Je n'ai pas eu de repos jusqu'à ce que j'aie exploré cette ligne de temps moi-même. Je n'ai jamais jusqu'à maintenant écrit d'histoire de ce type ; mon travail a été en grande partie basée sur la dynamique Sam/Jack. Le fait que je me suis sentie obligée d'écrire ceci est un témoignage de l'impact que Relativity a eu sur moi, en dépit de mes partis pris habituels. Notez que le personnage de Jade, le contexte dans lequel se déroule mon histoire, le voyage dans le temps et le futur Jack O'Neill sont tous le fruit de l'imagination de M. Swallow ; j'espère qu'il pensera que je leur ai rendus justice. Pour ceux d'entre vous qui veulent savoir comment la ligne de temps a été rétablie, vous devrez lire le livre de M. Swallow.
Pour finir, il y a la mort d'un personnage principal dans l'histoire. Ne dites pas que je ne vous ai pas prévenus.
Note du traducteur : Attention, chef-d'œuvre !^^ La fic se décompose en 6 chapitres.
Un très grand merci à Sam star et Bibiche pour leur aide.
Bonne lecture !
PROLOGUE
« Elle est juste comme sa mère. Je vois tant d'elle en Jade que, parfois, cela me fait mal comme un coup de poignard. »
Il n'avait pas voulu dire cela. Il n'avait pas voulu dévoiler autant. Quant à l'offre de lui dire qui... eh bien... il connaissait suffisamment bien le type pour savoir qu'il aurait à insister un peu sur ce point. Et cela lui avait donné juste le temps dont il avait besoin. Jade avait réussi à s'éloigner de Daniel et l'avait rejoint sur le ponton. Que de fois n'avait-il pas rêvé de l'amener ici, de lui montrer cet endroit quand elle était petite fille. Quelle vie ils auraient eu, tous les trois. Eh bien... peut-être que maintenant ils l'auraient. Ou, zut... peut-être pas. Parce que c'était ces putains d'Aschen qui les avaient amenés ensemble. Des réfugiés désespérés sur une planète lessivée qui avaient finalement réalisé qu'il ne restait rien de leurs vies sinon l'un l'autre. Et même cela avait failli être insuffisant. Mais pas tout à fait. Pas tout à fait.
Il regarda sa fille et se souvint de sa naissance. Sa mère avait versé des larmes. Pas des larmes de joie comme la plupart des femmes, mais des larmes d'amers regrets à l'univers dans lequel elle avait apporté leur enfant. Ce fut la seule fois qu'il l'avait vue ainsi, si abattue. Jamais auparavant, et jamais plus après. Malgré toutes les horreurs qui avaient suivi, elle ne s'était jamais effondrée à nouveau. Même quand ces salauds...
Arrête. Il pouvait presque entendre sa réprimande. C'était comme si elle se tenait juste à côté de lui. Se tenait-elle là ? Il cligna ses yeux. Non. C'était Jade. Rien qu'un moment, il avait pensé... OK... il était presque un vieillard gâteux, de toute façon.
Jade sourit. Oh, mon Dieu ! C'était son sourire... celui qui atteignait ses yeux et les faisait briller... il ne l'avait jamais remarqué... mais aussi, sa fille avait eu très peu d'occasion de sourire dans sa vie, alors ce n'était pas étonnant.
Le moment était venu. Etant donné ce qu'ils avaient fait, il y avait une très grande probabilité qu'ils soient sur le point de cesser d'exister. Pas de mourir... simplement de ne plus être. Ou même de n'avoir jamais été. C'était une sensation étrange. La mort, il y avait songé pleins de fois. Mais pas la non-existence... d'une certaine façon c'était tout autre chose.
Et pourtant, il existait... existerait... simplement pas comme il l'était maintenant. Et n'était-ce pas là le but ? S'il pouvait empêcher le gars dans le chalet de voir un jour ce qu'il avait vu, savoir ce qu'il savait, perdre ce qu'il avait perdu... ça valait la peine. Et si le prix qu'il devait payer était l'oubli – eh bien... ce n'était pas si mal, après tout. D'oublier... de ne jamais savoir... d'être... libre.
Il y avait un bienfait inhérent à cela. Un profond soulagement. Un repos bienvenu.
C'était... la paix.
PARTIE 1
Infection Plus Quatre Mois
C'était la guerre. Et de l'avis de Jack, toute tactique, toute stratégie était justifiée s'il pouvait obtenir un avantage quelconque. Les gens sous ses ordres étaient de sa responsabilité, après tout, et s'il ne s'occupait pas d'eux, personne ne le ferait, c'est sûr. Il irait jusqu'à en parler à Hammond lui-même, si c'était ce qu'il fallait faire. Peut-être même jusqu'au Big Boss à l'autre bout du téléphone rouge. Mais il était hors de question qu'il laisse cette situation continuer ainsi : il y aurait du jello bleu au mess, même s'il devait aller à la chasse de la moindre caisse dans toute cette fichue armée.
« Walt... »
« Oui, mon Général. » Le Sergent se tenait dans l'embrasure de la porte de son bureau avant même qu'il ne puisse dire tout haut son nom. C'était à vous donner la chair de poule à la façon dont il faisait ça. Un peu flippant aussi. Comme si le petit gars pouvait lire son esprit. Jack n'était pas encore habitué à avoir quelqu'un constamment à sa disposition. A dire la vérité, il n'était pas encore très habitué à beaucoup de choses qui étaient venues en même temps que l'augmentation, une meilleure place de parking et l'étoile qui ornait chacune de ses épaules. L'une d'elles était d'avoir Walter sur ses talons à toute heure de la journée et de la nuit. Une autre était de regarder son équipe... il se corrigea mentalement : l'équipe de Carter... traverser la Porte sans lui.
Il commençait à s'habituer à l'omniprésence de l'omniscient Walter ; ne pas pouvoir protéger son équipe... eh bien, il n'était pas sûr qu'il serait un jour capable de complètement s'y habituer. L'incident avec Anubis il y a deux semaines avait souligné tout cela très clairement. Il était le Boss, maintenant, pas un membre de l'équipe. Il ne pouvait pas confiner sa vision à ne protéger qu'eux trois ; leur bien-être devait être ni plus ni moins important que celui de tous les hommes et femmes de la base. Et si cela signifiait tirer sur Daniel, zatter Carter ou fermer complètement la base pendant un mois, alors il allait devoir vivre avec cela.
Peut-être.
Dans sa tête, il avait commencé sa lettre de démission une demi-douzaine de fois. Cher Général Hammond, je souhaiterais que vous soyez là, et pas moi... Jusqu'à maintenant, il n'était pas allé beaucoup plus loin que ça. S'il le ferait un jour, il ne le savait pas. Préparer une offensive contre une forteresse de formulaires de réquisition ne l'inspirait pas vraiment à sortir du lit le matin. Mais la pensée de laisser le SGC aux mains de quelqu'un qui n'y connaissait absolument rien à ce qu'il y avait là-dehors n'était pas une option non plus. Trop de sacrifices avaient été fait au cours des sept dernières années pour faire cela à ses hommes. Pourtant, il se retrouva à se demander si le jour viendrait où il apposerait sa signature au bas de cette lettre, prendrait sa veste et franchirait la porte sans regarder en arrière. D'une certaine façon, ne pas connaître la réponse à cette question l'ennuyait. Remarquez, beaucoup de choses l'ennuyaient. Des choses auxquelles il ne voulait vraiment pas penser à cet instant.
Pas avec la crise du jello qui pointait son nez.
« J'ai fini par localiser la cargaison, mon Général. D'après les documents, nous aurions dû recevoir trois caisses de gélatine bleu myrtille la semaine dernière. Apparemment il y a eu une confusion et Peterson a reçu deux de nos trois caisses. La troisième manque toujours à l'appel. »
« Beau travail, Sergent, » acquiesça Jack. « Maintenant... »
« J'ai déjà contacté Peterson et je leur ai faxé les formulaires appropriés. Nous aurons nos deux caisses d'ici 7 heures demain matin. »
A faire froid dans le dos. Vraiment.
« Excellent. Bien. Un travail qui mérite une promotion, Walter. »
« Merci, monsieur. En fait, il est prévu que mon dossier d'avancement soit examiné dans quelques mois. »
« Vous aurez mes meilleures recommandations, je vous promets, » répondit Jack avec un sourire. Le coup d'œil de Walter était... indulgent. Remarquez, la plupart des coups d'œil de Walter étaient indulgents, décida Jack. Il était presque certain que le sergent roulait ses yeux chaque fois qu'il quittait le bureau de Jack.
Comme il le faisait maintenant... excepté que cette fois, il s'arrêta et se retourna.
« Mon Général... si vous me permettez de demander... »
« N'importe quoi, Walter. Sentez-vous libre de parler comme vous bon semble. »
Un froncement creusa le front très haut du technicien.
« Pourquoi était-il si important que nous localisions ces caisses de jello bleu ? »
Jack fixa l'homme. Il le fallait. Ne serait-ce que pour gagner du temps. Parce que la seule réponse qu'il ne pouvait pas donner au Sergent Harriman était la vérité. Du moins, la vraie vérité.
« L'équilibre, » dit-il finalement. « Tout est question d'équilibre, Walter. Trop de jello rouge... trop de jaune... et, que Dieu me vienne en aide... trop de vert... ça fout en l'air la digestion. Et... » Oh zut. Il pataugeait vraiment. Il déglutit. « C'est une sorte de... feng-shui... gastronomique... vous voyez... » Sa voix s'estompa. Le froncement sur le front de Walter s'accentua. Mon Dieu. Si c'était possible, il avait sacrément déboussolé le pauvre gars.
« Oui, mon Général, » répondit le technicien d'une voix qui indiquait clairement qu'il ne croyait pas un mot de ce que Jack venait de dire. Et il y eut de nouveau ce regard indulgent. Jack s'en fichait. Et franchement, il n'avait pas à s'expliquer. Pas même à lui-même. C'était l'un des avantages de cette paire d'étoiles. Il pouvait faire ce qu'il voulait.
Dans la limite du raisonnable.
Et s'il voulait s'assurer que le mess ait toujours du jello bleu sous la main – parce que, c'était peut-être le parfum préféré de quelqu'un – alors c'était tout à fait dans ses droits.
Et tout à fait raisonnable, pour autant qu'il était concerné.
Absolument dans la limite du raisonnable.
Penser au jello lui donna faim. Il avait raté le petit déjeuner. Les conférences par téléphone avec l'IOA lui donnaient des indigestions dans les meilleurs jours ; démarrer la journée avec Woolsey et sa cohorte internationale de cons pompeux n'avait pas fait beaucoup pour son appétit. Mais, à présent, il sentait définitivement le manque de nourriture. Peut-être que Carter...
Non. Il mit en vitesse la chape de plomb sur ces pensées. Il ne pouvait plus faire cela. Pas comme il en avait l'habitude. Pas comme avant que Shanahan n'entre en scène. Il pouvait maintenant sentir son malaise chaque fois qu'elle était en sa présence. Comme une enfant qui venait d'être prise la main dans le sac. Ces jours-ci, la moitié du temps, elle ne le regardait même plus dans les yeux.
Il savait qu'il ne devrait pas laisser cela l'ennuyer. Elle vivait sa vie, exactement comme il avait espéré qu'elle le ferait. Il l'avait tenue à l'écart suffisamment longtemps pour qu'elle renonce finalement à ces sentiments qu'ils avaient partagés. Ceux dont ils ne pouvaient pas discuter – jamais – parce que quand ils l'avaient presque fait, il avait failli les laisser obscurcir son jugement, et jamais plus il ne voulait revivre quelque chose comme cela. C'était bien trop comme Charlie. Trop près de ce chemin qui l'emmenait aux recoins sombres de son âme où il ne voulait plus jamais retourner.
De plus, elle avait besoin de... quelqu'un. Quelqu'un qui n'était pas lui. Shanahan était donc une bonne chose. Et au bon moment aussi. C'était l'heure pour une rupture nette. Elle, tournant la page. Lui, tournant la page aussi. Accepter la promotion avait été ce qu'il fallait faire. Même si cela le laissait coincé dans son bureau qui était, ironiquement, visible de tous et pourtant aussi isolé qu'une cellule d'isolement.
Isolement qu'il ne put supporter un instant de plus. Peut-être que Daniel était libre. Avec Teal'c sur Chulak pour quelques jours, rat de bibliothèque était son seul espoir.
Walter faillit lui rentrer dedans lorsqu'il franchit le seuil de son bureau dans le couloir. Il ne put se retenir. Un juron lui échappa des lèvres.
« Bon sang, Walter ! »
Le technicien s'excusa.
« Pardon, monsieur... c'est juste que... ils viennent juste de passer un appel urgent de la part du Général Hammond. »
Jack lui jeta un regard noir, tout espoir de déjeuner s'effaçant.
« Vous n'auriez pas pu utiliser l'interphone ? »
Si la colère de Jack intimidait le sergent, il ne le montra pas. En fait, il y avait une expression que Jack ne pouvait que décrire comme 'patience paternaliste' sur le visage du type.
« Si vous vous souvenez, mon Général... vous avez... en quelque sorte... cassé cet appareil la première semaine... »
Merde. C'était vrai. Fichu interphone, de toute façon.
« Tout à fait. Oui. Bon... très bien, alors... passez-le moi, » dit Jack d'un ton résigné, retournant à son bureau et s'y asseyant. Un instant plus tard, le téléphone sonna. Avec un soupir, il le décrocha.
OOOO
Même dans les meilleurs jours cela l'irritait quand il voyait Carter s'efforcer de rester assise quand il entrait dans la pièce. Aujourd'hui, cela le rendit furieux quand il la vit commencer à se lever, se rattrapant de justesse et se rasseyant. Non pas qu'il ne bouillait pas déjà de rage. Seulement pas contre elle. Malheureusement, elle fut la goutte de trop.
« Bon sang, Carter ! » s'écria-t-il d'un ton sec, beaucoup plus sèchement qu'il n'en avait l'intention. « Dois-je vous coller sur ce fichu siège ? »
Ses yeux s'agrandirent et le rouge monta à ses joues. Il se sentit soudain comme de la merde – il ne s'en était jamais pris à elle aussi durement... même quand elle les avait fait passer la Porte à travers ce soleil. Le regret ne fit rien pour améliorer son humeur.
« Pardon... mon Général, » s'excusa-t-elle, paraissant comme une biche blessée. Jack se força à regarda la pièce, à n'importe quoi sauf elle. Que ne donnerait-il pas pour défaire ces dernières 20 secondes et refaire son entrée.
« Juste... » tenta-t-il d'adoucir le ton. « Juste... cessez ça, voulez-vous ? Je pensais que j'en avais fait un ordre. »
« Oui, monsieur. » Son ton était protocolaire. Il vit sa posture se redresser, même si elle n'était pas debout. « Est-ce qu'il y a quelque chose que je peux faire pour vous, Mon Général ? »
Bon sang, ce mot lui faisait grincer des dents. C'était presque aussi mauvais que de la voir bondir sur ses pieds chaque fois qu'il entrait dans la pièce. Jamais il n'avait pensé que le « mon Colonel » lui manquerait tant. C'était comme si quelqu'un lui avait donné un tout nouveau nom. Sans mentionner que ça sonnait tellement déplacé venant de la bouche de Carter.
Ce qui était complètement à côté de la plaque à cet instant précis, se rappela-t-il à lui-même.
« Je viens d'avoir une conversation avec Hammond, » lui dit-il, essayant de ne pas paraître aussi exaspéré qu'il l'était. Elle n'était pas la source de son problème, après tout. Il n'y avait pas lieu de s'en prendre à elle. « Quelque chose a suscité l'intérêt du CDC et cela a mis en branle le Pentagone. » Il soupira. « Ils craignent que cela soit d'origine extra-terrestre. »
Le front de Carter se creusa. Il pouvait déjà voir les roues tourner.
« Le CDC ? Alors c'est quelque chose de... biologique ? Un virus ou quelque chose comme ça ? »
Jack haussa les épaules. Hammond n'avait pas été très causant. Rien que cela avait fait monter la tension de Jack de quelques crans. Quand George n'allait pas droit au but, c'est que quelqu'un tirait les ficelles derrière. Et il n'y avait qu'une poignée de personnes qui pouvait faire cela, dont les trois-quarts à qui Jack ne faisait pas confiance.
« Ils n'en sont pas sûrs, » lui dit-il « Merde... ils ne savent même pas avec certitude que c'est alien. Ca pourrait être une quelconque concoction faite maison. Probablement une sorte de terrorisme biologique. C'est ce que le CDC présume, en tout cas. Mais ça a alerté toutes les huiles informées du Pentagone, et le Home World Security veut s'assurer que cela n'est pas venu par la Porte. Et c'est pourquoi ils envoient quelqu'un pour passer en revue les rapports de mission des six derniers mois – pour voir s'il y a une chance que nous ayons royalement merdé et apporté quelque chose de vraiment vicieux avec nous.
Carter sembla perdue dans ses pensées. Oh, oui. Ces roues étaient définitivement en train de tourner.
« Est-il possible que ce soit quelque chose qu'Anubis a libéré pendant notre combat au-dessus de l'Antarctique ? »
Il y avait déjà pensé... ce qui, d'une certaine façon, le rendit modérément fier.
« Je ne sais pas. Je suppose qu'il y a une chance. Ca pourrait aussi être juste un type dans son garage avec un set de chimie. Nous n'en savons pas assez, pour le moment. Mais... » Et voici le couac. « On m'a ordonné de suspendre tout voyage par la Porte jusqu'à ce que nous sachions davantage. Toutes les équipes off world doivent rejoindre le Site Alpha jusqu'à nouvel ordre. »
Il eut au moins la satisfaction de voir sa contrariété et son inquiétude reflétées sur son visage. Elle était un bon baromètre. Il se sentit conforté dans son inquiétude.
« Vous devez plaisanter ! » Elle n'était plus si protocolaire, maintenant. « Et Teal'c ? Il est sur Chulak... et l'expédition pour Atlantis ? Ils sont censés partir dans trois jours ! »
Jack soupira.
« Oui... J'ai déjà contacté T. Je lui ai dit qu'il pouvait rester là-bas s'il le voulait. Et j'ai appelé Weir et remis le voyage vers Pégase pour plus tard. Jusqu'à ce que nous puissions prouver que nous n'en sommes pas la source, nous sommes, pratiquement, au chômage technique.
Carter secouait la tête.
« Ca pourrait prendre des mois pour passer au crible ces rapports de mission... de plus... les examens post-mission sont stricts. Janet... ou le Dr. Warner aurait remarqué quelque chose si c'était venu par la Porte. »
Jack tapota le dessus de sa paillasse distraitement.
« C'est ce que je leur ai dit, » acquiesça-t-il. « Mais ils vont envoyer quelqu'un quand même. Une épidémiologiste. Elle est censée être l'experte dans son domaine, je crois. Ecoutez... » soupira-t-il. « Je sais que cette personne est supposée travailler avec Warner sur ça... mais la moitié du temps Warner ne sait pas reconnaître son stéthoscope de ses... fesses... et personne ne vous arrive à la cheville quand il s'agit de truc alien. » Il la vit rougir légèrement. Juste comme elle l'avait fait la fois où il lui avait dit qu'elle était un trésor national. « En tout cas... j'aimerais que vous travailliez aussi avec elle et essayiez de passer en revue tout ça aussi vite que possible. Avec un peu de chance, cela n'a aucun rapport avec nous et nous pourrons revenir à la normale en quelques jours. »
Carter hocha la tête.
« A vos ordres, monsieur. Bien sûr. »
Jack se sentit soudain las. Peut-être que c'était le manque de nourriture qui se manifestait à nouveau. Il reconsidéra un instant demander à Carter de se joindre à lui pour déjeuner, mais tout aussi rapidement, il écarta l'idée. Elle semblait occupée, de toute façon.
N'ayant rien d'autre à dire, sinon marmonner, « Bien, » il se tourna pour partir.
« Mon Général... » l'appela Carter. « Si vous me permettez de poser une question... qu'est-ce qui a alerté le CDC ? »
Ne le lui avait-il pas dit ? Apparemment non.
« Fausses couches, » dit-il, à voix basse. Elle parut confuse.
« Monsieur ? »
« Des fausses couches... vous savez... les bébés. Apparemment, leur nombre est bien au-delà de la normale, et personne n'arrive à comprendre pourquoi. »
« Vous plaisantez ? » s'exclama-t-elle. « Je veux dire... non... visiblement non... » bafouilla-t-elle. « Mais... wow. C'est incroyablement... »
« Oui. Ca l'est, » l'interrompit-il. Pour une raison ou une autre, parler de bébés et de grossesses avec Carter le rendit vaguement mal à l'aise. « En tout cas... Hammond envoie le rapport. Je vous le donnerai pour que vous soyez informée. Déjeuner ? »
Merde. Est-ce qu'il avait dit cela tout haut ? C'était sorti avant qu'il ne s'en rende compte. Et pour la seconde fois en presque autant de minutes, il souhaita pouvoir reprendre ce qu'il avait dit. Elle rougit de nouveau et, soudain, ce qu'il y avait sur l'écran de son portable, quoi que ce fut, parut vraiment captivant.
« Merci... mais... »
« Bien sûr... pas de problème, » la coupa-t-il. Il se demanda si elle pouvait sentir combien il était soulagé. Elle leva les yeux sur lui et tenta de sourire. Ca n'alla pas plus loin que ses lèvres.
« Une autre fois, peut-être ? » offrit-elle. C'était une formule de politesse. Bien. Il pouvait jouer aussi.
« Oui – bien sûr... quand vous voulez. » Il lui balança la réponse alors qu'il était déjà à moitié hors de son labo, inhabituellement soulagé d'être hors de sa présence. Oh, oui. Ca s'était vraiment bien passé. Tout aussi bien que le reste de sa journée, pour le moment. Peut-être qu'il y avait une possibilité lointaine que les choses s'améliorent après le déjeuner.
Pour il ne savait quelle raison, il en doutait.
Essayant de ne pas s'appesantir sur l'expression dévastée qu'il avait lui-même mis sur le visage de Carter, Jack se dirigea vers le bureau de Daniel, ne ressentant soudain aucun appétit.
OOOO
Il y avait trois messages sur le répondeur. En faisant dérouler l'identité des correspondants, elle vit que c'était tous les trois de la même personne et elle ne put empêcher un soupir de s'échapper d'au fond d'elle-même. Pete. Encore Pete. Et, oui... Pete pour la troisième fois. Il l'avait appelée trois fois depuis qu'il avait quitté Colorado Springs, ce matin. Et il n'était qu'une heure de l'après-midi.
Elle savait qu'elle se devait de les écouter. Peut-être qu'il avait oublié quelque chose. Il lui avait dit qu'il ne savait pas quand serait la prochaine fois qu'il pourrait prendre un week-end... encore moins si celui-ci correspondrait avec ses congés à elle... Elle jeta rapidement un regard autour d'elle et ne vit rien de ses affaires. Connaissant Pete, ce n'était probablement pas cela du tout, de toute façon. Il était beaucoup plus probable qu'il avait juste appelé pour lui dire qu'il avait passé un super week-end, qu'elle lui manquait déjà et qu'une quelconque chanson à l'eau de rose lui avait fait penser à elle.
Elle secoua doucement la tête et raccrocha le téléphone sur son support, ignorant le clignotement insistant du voyant « nouveau message ». Elle n'était pas d'humeur à gérer Pete pour l'instant. Elle n'avait qu'une maigre heure avant de devoir retourner à la base et, vraiment, Pete était la dernière personne à qui elle voulait penser. Pas après ce qui s'était passé ce matin.
Et il était très probable que le reste de la semaine ne s'arrangerait pas.
Elle jeta un coup d'œil à la porte de la salle de bain et songea à prendre une longue douche chaude avant de retourner travailler. Si elle allait devoir s'accoquiner avec une épidémiologiste quelconque jusqu'à ce qu'elle puisse blanchir le SGC, elle supposait qu'elle allait passer beaucoup de temps dans ses quartiers. Ce qui signifiait renoncer au luxe d'une longue douche en privé pendant un certain temps. Elle jeta un coup d'œil à sa montre pour voir si elle avait le temps. Merde. Non. Elle n'en avait pas. Tout ce qu'elle pouvait faire était de jeter quelques trucs dans un sac et manger sur le pouce. Non pas qu'elle avait tellement faim, en fait.
L'invitation à déjeuner du Général lui revint. Il l'avait prise par surprise. Elle avait failli ne pas l'entendre... ce n'était qu'un ou deux battements de cœur après qu'elle avait réalisé qu'il l'avait ajoutée à la fin de son commentaire. Si elle n'avait pas déjà prévu de rendre visite à Cassie à son école, elle aurait accepté... mais il ne lui avait même pas laissé s'expliquer. En fait, au contraire, elle pensait qu'il semblait soulagé qu'elle ait décliné. Cela n'était jamais arrivé auparavant. Le déjeuner était quelque chose d'habituel pour eux. Eh bien... cela avait été quelque chose d'habituel pour eux. Avant. C'est juste qu'elle ne savait pas avant quoi. Etait-ce la promotion ? Non. Même si cela avait certainement accentué le problème. Mais ce n'était pas la promotion. En fait, elle était quasiment sûre qu'elle pouvait dire exactement le jour et l'heure où leur relation avait été altérée. Et elle savait la personne qui en était responsable.
Elle jeta de nouveau un coup d'œil sur le voyant clignotant du répondeur. Pete.
Sam soupira et se dirigea vers la chambre ; si elle allait être coincée dans la base pendant une longue période, elle aurait besoin d'emporter quelques extras. Se saisissant de son sac de voyage, elle commença à le remplir, mais son esprit n'était pas vraiment à ce qu'il y avait dans ses tiroirs de commode car il rejouait la scène de ce matin, dans son labo.
Elle aurait dû la voir venir, maintenant qu'elle y pensait. La tension entre eux s'était tendue comme un arc. Son attitude vis-à-vis d'elle était devenue de plus en plus distante au cours des mois. Oh, il prétendait qu'il n'y avait rien de différent... il avait toujours son répertoire de blagues et de commentaires. Mais elle savait qu'il l'avait évitée, faisant attention à ne pas passer de temps seul avec elle s'il pouvait l'éviter. Il avait du mal à rencontrer ses yeux, et elle avait l'impression que chaque fois qu'il lui parlait, il y avait une tonalité dans sa voix qu'elle n'entendait pas quand il parlait à Daniel ou à Teal'c. Aujourd'hui avait été inévitable. Ce n'était simplement qu'un exemple extrême de qui ce bouillonnait sous la surface depuis très longtemps.
Et pourtant... elle ne comprenait pas trop ce qui l'embêtait. Il avait été évident depuis un certain temps que ces sentiments l'un pour l'autre, qu'ils avaient reconnus il y a de cela si longtemps, n'avaient pas persisté en ce qui le concernait. Elle pouvait comprendre cela. Trop de choses se tenaient entre eux. L'équipe. Le règlement. Leur propension à se fourrer dans des situations mortelles pour ne s'en sortir que de justesse. Sans rien pour la nourrir, la flamme était morte. Du moins en ce qui le concernait. Elle avait continué pendant bien plus longtemps à entretenir la flamme. En tout cas jusqu'à ce que son subconscient sur le Prométhée ne l'ait aidée à clarifier certaines choses.
Ce qu'elle n'arrivait pas du tout à saisir, cependant, c'était que s'il avait renoncé à elle il y a de cela si longtemps, comme elle l'avait cru, alors pourquoi agissait-il maintenant comme si ce n'était pas le cas. A moins qu'elle ait mal interprété tout cela, bien sûr – ce qui était, supposait-elle, tout à fait possible. Peut-être que cela n'avait rien à voir du tout avec Pete.
Une pensée glaciale la frappa au visage et Sam s'arrêta, un pied en l'air. Et si ce n'était pas personnel – et si c'était professionnel ?
Se pouvait-il que ce soit cela ?
Elle tourna et retourna cette possibilité dans sa tête.
Peut-être qu'il avait des doutes de lui avoir laissé les rênes de SG-1. Peut-être qu'il pensait qu'elle n'était pas prête à diriger l'équipe phare du SGC. Peut-être qu'il pensait qu'elle n'était pas capable de commander. Peut-être qu'il pensait qu'elle n'était pas prête.
Non. Ce n'était pas cela. Ca ne pouvait pas être cela.
Elle refoula ces pensées et recommença à faire son sac. Si c'était ce qu'il pensait, il ne l'aurait jamais promue pour commencer. Il lui avait donné SG-1 à la place de Reynolds ou quelqu'un d'autre qui était déjà Colonel.
J'ai confiance en vous.
C'est ce qu'il lui avait dit sur le Tel'tak quand il lui avait cédé le commandement de l'équipe pendant qu'ils se rendaient sur Proclarush. Elle se souvenait du son de sa voix. Il était déjà en train de leur échapper. Mais il l'avait regardée – ce qui avait dynamisé sa confiance. Ce qui était arrivé après avait été comme par instinct. Jusqu'au moment où elle l'avait vu congelé dans ce caisson de stase. Ce n'est qu'alors que sa certitude avait commencé à vaciller.
Plus tard, cependant, il lui avait dit combien il était fier d'elle – après qu'il lui ait épinglé ces feuilles en argent sur ses épaules. Et elle savait qu'il le pensait. Ses yeux étaient en accord avec le sourire sur son visage, pour la première fois depuis très longtemps.
Et puis, ils étaient revenus aux affaires, comme toujours.
Excepté qu'aujourd'hui avait été incroyablement inhabituel, de bien des manières. Sur le Prométhée, sa vision du Général, créée par son traumatisme crânien, avait tenté de la convaincre qu'il n'était pas si complexe que cela. Eh bien... elle ne partageait pas cet avis. Jack O'Neill était l'un des individus les plus compliqués et frustrants qu'elle avait connus de sa vie. Non pas que cette connaissance changeait quoi que ce soit en la matière.
Sam finit par fermer la fermeture éclair de son sac. La complexité d'un certain général de l'Air Force n'avait aucun rapport avec le problème actuel de toute façon. Ils avaient tourné la page. Tous les deux. Alors, vraiment – à quoi servait-il de s'y appesantir.
Sam regarda sa montre. L'heure d'y aller. Elle jeta un regard autour d'elle, et elle eut la plus étrange des sensations. C'était comme si elle partait pour la dernière fois. Ridicule, elle le savait. Mais... bizarre. Elle n'avait pas l'habitude d'avoir des idées folles comme cela, et pourtant une vague sensation qu'elle disait adieu persista.
Ressaisis-toi, Sam, se dit-elle en soulevant le sac du lit. Lorsqu'elle passa par la cuisine, elle prit une orange du bol de fruits sur le comptoir. Elle n'avait toujours pas faim ; elle la garderait pour plus tard.
Fermant la porte derrière elle, elle jeta son sac sur le siège arrière de la voiture, elle se figea et regarda de nouveau sa maison. Cette sensation était encore là. Comme si c'était son dernier coup d'œil. Sam frissonna involontairement et se glissa derrière le volant, se demandant si elle allait aimer quoi que ce soit de cette journée.
OOOO
« Dites-moi que nous n'avons pas rapporté ce truc par la Porte. »
Sam regarda le Général s'asseoir sur le fauteuil au bout de la table de briefing. Son genou faisait des siennes, elle pouvait le dire. Elle pouvait toujours le dire. Quand il marchait, il y exerçait moins de pression, oh, à peine, mais cela lui donnait une démarche légèrement bondissante. Et la façon qu'il avait de s'asseoir, faisant en sorte de ne pas le plier trop vite... bien que, elle le savait, il espérait donner à tout le monde l'impression de s'asseoir paresseusement. C'est alors que cela lui frappa l'esprit : à quel point elle était en accord avec lui, comment elle pouvait lire ses moindres mouvements, comprendre ce qui était derrière chacun de ses gestes, interpréter ce qui était derrière chaque inflexion de sa voix... sauf, bien sûr, quand cela la concernait.
Le froissement de papier à côté d'elle rompit le fil de ses pensées. Le Dr. Stanton lui passait un petit paquet et elle glissa une copie vers le Général. Comme il tendait le bras pour les prendre, sa main frôla brièvement la sienne. Sa réaction à son contact la surprit : elle eut le souffle coupé, pour un très bref instant. Elle lui jeta un coup d'œil pour voir s'il avait remarqué sa réaction, mais il paraissait totalement inconscient ; Sam se détendit. OK... autant qu'elle pouvait se détendre étant donné les circonstances. Elle était fatiguée et plus qu'un peu frustrée après avoir passé six jours à reprendre point par point les rapports de missions avec le Dr. Stanton. Les choses comme la main de son supérieur se posant brièvement sur la sienne n'aurait dû avoir eu aucun effet sur elle. Elle était sûre que c'était juste la fatigue.
« Je le souhaiterais, Général. » Le Dr. Stanton répondait à la question du Général. « Mais j'ai bien peur de ne pas pouvoir le faire. Pas quand j'examine les évidences. »
Sam entendit le Général soupirer profondément. Pas son soupir patient signifiant « Je-supporterai-cette-connerie-s'il-le-faut », mais son soupir qui voulait dire « Bon-sang-mais-je-savais-que-vous-alliez-dire-ça ». Le genre qu'il poussait habituellement quand il entendant le son révélateur d'une arme être armée et dirigée dans sa direction. Et dans ce cas précis, il avait raison. Il y avait un très gros canon en place et il était dirigé en plein sur le SGC.
« Qu'avez-vous trouvé ? » demanda-t-il d'une voix lasse. Il regarda Sam, aussi elle répondit.
« C'est le problème, mon Général. Rien. Absolument aucune preuve qu'une équipe SG ait ramené quelque chose avec elle par la Porte. Tous les examens médicaux se sont révélés nickel, sur une durée d'un an. »
« Alors comment cela peut-il être notre faute ? »
Sam s'adossa à son fauteuil et laissa le Dr. Stanton répondre à celle-ci. L'épidémiologiste prit la télécommande et la pointa sur l'écran. Une carte apparut sur l'écran.
« Quand nous observons le déclenchement de la maladie, nous essayons de suivre la piste jusqu'au commencement. Ceci est la carte montrant notre problème tel qu'il apparaît actuellement. »
La carte des Etats-Unis se retrouva parsemée de paquets de points rouges.
« Si nous remontons chaque zone dans le temps, basé par l'apparition des premiers cas de fausses couches, nous obtenons ceci. »
L'écran clignota de carte en carte. Dans chaque cas, de moins en moins de paquets de points apparaissaient, comme si on regardait les rides dans un étang se rétrécirent au lieu de s'élargirent. Un lieu resta constamment sur chaque image : Colorado Springs.
« Comme vous pouvez le voir, le premier et... » Elle changea d'images pour passer sur une où on voyait les noms des rues de la ville. « Les cas les plus nombreux se sont produits juste ici. En fait, trente pour cent des femmes de cette zone qui ont fait une fausse couche connaissaient une personne qui travaillait soit au SGC soit au NORAD, soit travaillaient elles-mêmes ici. Il y a au moins cinq épouses du personnel du SGC qui ont fait une fausse couche, y compris la femme du Colonel Dixon. »
« Oh, » grogna Jack. Sam s'était sentie pareil quand les données lui avaient été présentées. Elle se souvenait du chagrin de Dave à cette perte. Il se plaignait beaucoup de ses enfants, mais elle savait qu'il adorait sa famille.
« Même si nous n'avons pas pu pointer précisément la cause exacte, je pense que les preuves parlent d'elles-mêmes, Général. Quoi que ce soit, il vient forcément de la Porte. Vos gens ont rapporté une contagion alien sur Terre. »
Sam ne put se retenir de jeter un regard noir au Dr. Stanton. Etonnamment, il avait été facile de travailler avec la femme. Elle était intelligente, comprenait vite et n'avait pas peur de retrousser ses manches pour que le travail soit fait ; de bien des façons, elle lui rappelait Janet. Mais elle avait aussi une langue acérée et n'avait absolument aucune finesse quand il en venait au problème en question. Cela la rendait... irritable.
« Carter ? Qu'en pensez-vous ? » Le Général semblait avoir laissé la remarque de l'épidémiologiste glisser sur lui. Elle ressentit une bouffée d'admiration. En dépit de ce qu'il pensait peut-être de lui-même, Sam trouvait qu'il commandait sacrément bien la base. Son style n'était pas tout à fait celui du Général Hammond, mais c'était tout à fait lui.
« Je déteste le dire, monsieur, mais je ne peux qu'être d'accord. Même si les examens post-missions n'ont rien montré, on ne peut pas nier les preuves. Ce sont peut-être des présomptions, mais ça tient la route. Nous avons là le déclenchement de quelque chose, et j'ai bien peur que cela ne vienne d'ici. »
A la suite de sa confirmation des conclusions du Dr. Stanton, le Général parut abattu. Sam souhaita avoir pu contredire les découvertes, mais les faits étaient trop flagrants pour les contester.
« Okay... alors... que faisons-nous maintenant ? Nous avons déjà fermé la Porte... bien que c'est comme de fermer la porte de l'étable après que les chevaux se soient échappés, vous ne trouvez pas ? »
« A moins que... ou jusqu'à ce que... nous sachions exactement à quoi nous avons affaire ici, je ne peux pas, de bonne foi, recommander que vous rameniez vos gens sur Terre, Général. S'ils sont infectés, ils pourraient aggraver le problème. Ou démarrer une toute nouvelle contagion. Je ferai mon rapport au cours de la conférence de cet après-midi avec le Général Hammond et les Chefs d'Etat Major, mais je ne peux pas, en toute conscience, recommander la reprise normale des activités jusqu'à ce que nous sachions à quoi nous faisons face ici. J'ai bien peur que le SGC ne soit sous quarantaine pour une période indéterminée. »
Sam la regarda fixement. Ils n'avaient jamais discuté de cela.
« Quarantaine ? Pourquoi ? Le virus, ou quoi que ce soit, est déjà dehors ! En quoi mettre le SGC en quarantaine va-t-il arranger cela ? »
« Comme je l'ai dit, Colonel. Endiguement. Nous n'avons aucune idée de la virulence de ceci. Ca pourrait être incroyablement contagieux... ça pourrait être très limité. Nous ne le savons pas. Je pense que les preuves suggèrent la première hypothèse, si l'on considère l'étendue. Et je n'ai même pas sorti la carte du reste du monde. Ca commence à apparaître dans d'autres pays. Nous allons avoir une pandémie mondiale entre nos mains si nous ne sommes pas prudents. Il faut l'arrêter ici. »
Sam jeta au Général un regard. Elle se demanda s'il allait combattre cela. Très bien... la quarantaine de la base, elle pouvait le comprendre ; pas nécessairement être d'accord avec, mais le comprendre. Mais ne pas pouvoir ramener leurs gens sur Terre – elle était certaine que le Général argumenterait ce point-là. Même si le Site Alpha était équipé pour subvenir aux besoins d'un nombre de personnes bien plus grand que maintenant, les installations étaient encore du préfabriqué, au mieux. Ils venaient juste de démarrer les travaux pour installer une base semblable au SGC. Elle savait qu'un escadron du Génie était là-bas et travaillait sur le site. Pourtant, c'était loin d'être terminé.
Le Général, cependant, avait ses sourcils haussés, ses yeux étudiant la feuille devant lui. Elle pensa voir un mouvement de ses épaules, comme s'il s'apprêtait à pousser un de ses soupirs d'une patience à toute épreuve, mais il secoua finalement doucement sa tête.
« Très bien. Jusqu'à ce que nous ayons discuté de ça avec le Homeworld et les huiles du Pentagone, nous nous mettrons en quarantaine. Carter – contactez Pierce au Site Alpha. Dites-lui qu'il va avoir des invités de longue durée. »
« Mon Général ? » Cela sortit moitié comme une question et moitié avec incrédulité. Il jeta dans sa direction un regard interrogateur de même calibre.
« Quoi ? »
Sam se retrouva soudain à chercher ses mots. En sept ans, elle s'était habituée à donner à son supérieur son avis personnel sur la plupart des sujets. Il les avait toujours bien reçus... okay, en grande partie, même si son avis à lui différait du sien. Pour une raison ou une autre, cependant, de le voir au bout de la table et non pas à ses côtés, comme ils s'étaient habitués à s'installer dans cette salle, lui fit presque reconsidérer son désir de parler. Et pourtant, elle ne ferait pas son travail si elle ne parlait pas.
« Je pense que laisser nos hommes sur le Site Alpha est, à franchement parler, exagéré. Si la contamination a déjà eu lieu, alors l'exposition n'a plus de sens. C'est mieux de les avoir ici en quarantaine qu'off world, d'après moi. Il n'y a aucun risque ajouté à les ramener ici pour autant qu'ils ne quittent pas la base. »
Elle vit ses yeux passer d'elle à la femme assise à côté d'elle, puis revenir à elle. Pendant un instant, elle crut voir... quelque chose... dans son coup d'œil vers elle. Sympathie ? Excuse ? C'était trop bref pour dire, et c'était parti tout aussi vite que c'était apparu.
« Pour l'heure, mes ordres demeurent ce qu'ils sont. Pas de passage de la Porte. Vous pourrez plaider votre cause cet après-midi, Colonel. Mais jusque-là, toujours pas de missions. » Il repoussa son fauteuil et se leva... trop vite, remarqua Sam. Il y eut une légère grimace sur son visage, son genou ayant dû protester. Puis, sans la regarder, ou même s'attarder pour leur habituelle discussion en aparté, il se retourna et sortit.
Cela la frappa alors. Avec pas moins d'effet qu'une seringue hypodermique. Intellectuellement, bien sûr, elle l'avait su. Mais savoir et savoir était deux choses complètement différentes. Il ne lui appartenait vraiment plus – à SG1, se corrigea-t-elle. Il appartenait à toute la base et à tout son personnel. Et tout le personnel de la base lui appartenait. C'était comme si un grand abîme s'était ouvert entre eux. Tant de choses les avaient séparés dernièrement. Peut-être que Pete n'était qu'une partie du problème. Peut-être que le plus grand changement était en fait venu de cela.
Une profonde tristesse l'envahit. Même quand elle avait accepté qu'il n'y avait pas de futur pour eux en dehors de Cheyenne Mountain, elle avait trouvé consolation dans le fait de pouvoir au moins travailler avec lui, d'être avec lui, presque quotidiennement, même si ce n'était qu'en tant qu'amis... collègues... coéquipiers. Maintenant, même cela était parti. Il avait accepté la promotion et avait continué son chemin, comme il venait de le faire maintenant, et ne s'était jamais retourné. Cette proximité, ce – lien – avait été brisé. Cela ne serait plus jamais pareil.
Elle eut soudain l'impression qu'elle venait de perdre son meilleur ami.
OOOO
Incursion temporelle n°3
Infection Moins Quatorze Jours
La pièce était presque noire. Pas noir comme lorsque vous êtes ébloui par la lumière, comme elle l'avait été dans certains vieux films que son père lui avait une fois montrés, mais remarquez, pas si éloigné de ça non plus. Elle avait remarqué la fenêtre d'observation en hauteur et devant elle quand elle était entrée la première fois. Des formes noires se déplaçaient dans ses profondeurs sans lumière. Elle aurait une audience, de cela elle en était certaine. Et vu sa situation, ça ne lui posait pas de problème. C'était le plus loin qu'elle avait été jusque là ; le plus de crédibilité qu'elle avait obtenue. Il y avait, bien sûr, le petit problème des deux gardes armés juste à l'extérieur de la porte. Et le fait que cette fois-ci, ils avaient fait venir de Washington, par avion, un type du NID pour l'interroger. Mais elle savait aussi qui étaient ces formes qui se déplaçaient derrière cette vitre, et elle savait que si elle pouvait faire en sorte qu'ils la croient cette fois, ce que l'homme en costume venu de DC dirait n'aurait pas d'importance ; elle aurait gagné.
Elle entendit la porte avant de la voir s'ouvrir. Le léger déclic aurait peut-être été imperceptible à la plupart des oreilles humaines, mais pas aux siennes qui avaient été améliorées. Ils ne l'avaient pas découvert, pas encore, ce qui était bien. Plus ils pensaient qu'elle était comme eux, moins ils auraient de raison d'avoir peur d'elle... et à cause de cette peur, de mettre en doute son histoire. Parce que son histoire était vraie. Et bien trop terrifiante pour l'ignorer.
L'homme était grand. Pas trop mal de sa personne, si vous aimiez son genre. Personnellement, ce n'était pas le sien, mais elle pouvait voir pourquoi, parfois, certaines femmes auraient pu le trouver attirant. Etant donné sa taille, il aurait pu être intimidant, mais pour une raison ou une autre, il ne l'était pas. Elle se sentait à l'aise avec lui. Il eut même un faible sourire en lui faisant un signe de tête en s'asseyant. Peut-être que cette fois allait être plus facile qu'elle ne l'avait pensé.
Il déplaça légèrement sa chaise et repositionna sur la table le micro un peu plus près de là où elle était assise. Elle pouvait voir la caméra, perchée sur un trépied dans le coin de la pièce, zoomer, elle le savait, sur son visage. Le Commandeur lui avait dit qu'elle devait s'y attendre. C'était ainsi que les choses se faisaient ici. Elle devait avouer que cela lui donnait une vague sensation de malaise d'être sous un examen aussi minutieux. Pourtant... n'importe quoi pour la mission. Il n'y avait rien de plus important que cela. Il n'y avait personne de plus important que cela. Pas même elle.
« Je suis l'Agent Barrett du NID, et si vous êtes prête, nous allons commencer, » dit son interrogateur. Elle hocha la tête. Bien. Concis et droit au but. Plus vite elle commencerait, plus vite ce serait fini.
« Pour les archives, pourriez-vous dire votre nom, je vous prie ? »
« Jade. »
« Et votre nom de famille... ? »
« Jade suffira. »
Il l'étudia pendant un instant, une étrange expression passant brièvement sur son visage.
« Très bien. Miss Jade... »
« Juste... Jade, s'il vous plait. »
Il haussa les sourcils, un peu surpris, mais acquiesça légèrement avant de continuer.
« Comme vous voudrez. Jade... vous clamez venir du futur... approximativement... » Il étudia les notes sur un calepin qu'il avait sorti d'une serviette. « Trente ans dans le futur, pour être précis. Est-ce exact ? »
« Oui. »
« Et vous dites que vous êtes retournée dans votre passé... »
« Ce n'est pas mon passé, » l'interrompit-elle, ayant besoin de clarifier. « C'est le passé de la Terre. Je ne naîtrais pas avant deux ans. »
« Très bien... vous dites que vous êtes retournée dans le passé de la Terre pour empêcher un cataclysme de se produire, lequel mettra la Terre sur le chemin d'une annihilation totale. »
« Et à la quasi extinction de la race humaine. C'est exact, » ajouta-t-elle.
Jade pouvait dire que l'Agent Barrett était habitué à traiter avec le quasi inconcevable. Il ne battit même pas un cil. Elle apprécia l'homme encore plus.
« Pour autant que je comprenne le phénomène du voyage dans le temps, » continua Barrett, « Est-ce que ce que vous clamez faire n'est pas contre les règles ? Ne risquez-vous pas d'initier le Paradoxe du Grand-Père en affectant le passé ? »
« C'est justement le but. Je dois affecter le passé. Pour empêcher le futur d'arriver. Même si cela signifie que dans ce futur-là, je n'existerai pas. Ma mission est à ce point importante. »
Barrett se renfrogna.
« Vous parlez de votre mission. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ? »
« Non. »
Barrett, qui était en train d'étudier ses notes, formulant déjà sa prochaine question, leva brusquement la tête et la regarda avec surprise.
« Non ? » répéta-t-il, visiblement interloqué.
Elle secoua la tête pour souligner son refus.
« Non. Pas jusqu'à ce que vous me laissiez vous dire toute l'histoire. Ce n'est que quand vous comprendrez ce qui est en jeu ici que ma mission aura un sens pour vous. »
« Je vois, » murmura Barrett, griffonnant quelques notes.
« Non... je ne pense pas que vous voyiez, » reprit Jade. Peut-être que ça n'allait pas être aussi facile qu'elle l'avait pensé au début.
« Très bien. Nous avons deux heures de bande vidéo dans la caméra. Je vous en prie, écoutons votre histoire. » Il s'adossa à son siège, croisa les bras et la regarda. Une posture typique de défense si elle en avait jamais vue une. Il lui faisait donc plaisir. Bien. Peut-être qu'il changerait de ton quand elle en aurait fini. Elle l'espérait certainement. Elle ne voulait vraiment pas faire cela une quatrième fois.
Elle pouvait dire, de par sa vision périphérique, que les gens dans la pièce au-dessus, s'installaient aussi sur leurs sièges. L'heure était venue. Elle espérait que cette fois, elle pourrait faire une différence.
