Chapitre 1 : Dans le Poudlard Express :
-Sirius !
Le
séduisant jeune homme aux cheveux bruns se retourna juste à
temps pour recevoir dans ses bras une véritable tornade
blonde.
-Aoutch ! Livia ! Tu es en forme à ce que je vois !
s'amusa t'il en faisant tournoyer la jolie jeune fille dans ses
bras, tout à sa joie de retrouver celle qui était comme
sa sœur.
-Et toi toujours aussi beau mon Sirius ! le plaisanta
t'elle en riant.
Sirius Black éclata à son tour de
son rire caractéristique, semblable à un aboiement,
gagné par sa bonne humeur.
-On ferait mieux de monter dans
le train où nous n'arriverons jamais à avoir des
places. C'est fou ce monde qu'il y a cette année !
Il
empoigna sa malle tandis que sa compagne le rejoignait, ayant fait de
même. Ils se frayèrent péniblement un chemin au
milieu du quai encombré d'une marée d'élèves
et de bagages en tous genres, dans le vacarmes des au revoir, des
hululements de hiboux, des miaulements stridents des chats dans leurs
paniers et des sifflets de la locomotive écarlate qui
emmèneraient bientôt tout le monde à Poudlard,
l'école des Sorciers.
Sirius et Livia finirent
par dénicher un compartiment libre, tout en bout de train.
Dedans, seul un garçon y était installé, l'air
sombre et morne, regardant distraitement par la fenêtre sans
vraiment la voir.
Severus Rogue était un mystérieux
jeune homme de dix-huit ans, au teint pâle et aux longs cheveux
de geais qui lui tombaient sur les épaules. Grand et maigre,
il avait l'air blafard de ses personnes qui ne sortent jamais et
était depuis toujours le souffre douleur attitré de la
bande des Maraudeurs qui ne rataient jamais une occasion de
l'humilier.
Sitôt eut-il perçut sa présence
que Sirius s'immobilisa dans l'encadrement de la porte avec l'air
cruellement joueur d'un chien qui vient de sentir sa proie. Livia
quant à elle, vint s'asseoir sans même regarder Rogue,
ne lui prêtant pas plus d'attention que s'il avait été
une valise abandonnée là par hasard. Elle lança
tout de même un coup d'œil désapprobateur en
direction de Sirius qui allait recommencer son occupation favorite :
tourmenter Rogue, comme pour persuader son ami de le laisser en paix.
Percevant cela, le Gryffondor se retint de lancer une remarque
piquante et s'assit à son tour, toisant narquoisement son
ennemi.
A peine fut-il installé, que trois adolescents
firent leur entrée, James Potter à leur tête.
Il
avait des cheveux noirs, coupés courts, perpétuellement
dressés en épis sur le derrière de sa tête.
Ses yeux noisette, cerclés de lunettes, brillaient dans son
visage fin, faisant dire de lui qu'il était l'un des
garçons les plus mignons.
Derrière lui venait Rémus
Lupin, ses doux yeux bleus voilés par la fatigue, une crinière
presque blonde au soleil entourait son visage de reflets dorés,
conférant à son visage un calme angélique.
Le
dernier à entrer fut Peter Pettigrow, un garçon
rondouillard, plutôt petit. Ses yeux légèrement
proéminents lui donnaient un regard larmoyant et ses cheveux
châtain clair n'avaient pas d'éclat. Toujours prompt
à se délecter du spectacle des malheurs de Rogue, il
jouait un rôle de faire-valoir au milieu de ses trois
amis.
Livia, plus jeune qu'eux d'une année, était
une sorcière née de Moldus, connue pour sa gentillesse.
En deux mois de vacances, elle avait crût en beauté à
un point incroyable, presque surnaturel.
Ses yeux, d'un
magnifique vert émeraude, brillaient d'un feu ardent qui
retournaient les cœurs, ouvrant dans son visage harmonieux deux
abîmes moussus aux reflets changeants. De longs cheveux d'un
blond pur tombaient sur ses hanches en une vertigineuse cascade,
rehaussant sa taille fine et élégante. Elle était
grande, mince et sa peau blanche veinée de bleu donnait
l'impression qu'elle était de soie tant sa douceur et sa
finesse éblouissait. Un port de reine achevait son portrait
idyllique.
Les nouveaux arrivants s'assirent à leur tour
en considérant Rogue avec la plus extrême
antipathie.
Le train roulait maintenant depuis plusieurs
minutes quant la porte du compartiment s'ouvrit de nouveau sur une
fillette à l'air timide.
-Ah Livia ! Je… commença
t'elle mais elle se tut quant elle vit le groupe,
rougissante.
Livia eut un sourire bienveillant et annonça
:
-Les garçons, voici ma petite sœur ; Célia.
Un
cœur de bienvenu lui répondit et on se tassa pour lui faire
de la place. Livia commençait les présentation quant
soudain, Rogue desserra les dents pour la première fois depuis
le squat de son compartiment par ses ennemis.
- L'air de ce
wagon devient vraiment irrespirable !
Livia se leva d'un bond,
les mains sur les hanches.
-Je t'interdit de t'en prendre à
ma sœur ! gronda t'elle.
-Tu tombes décidément de
plus en plus bas Servilus ; renchérit James. T'en prendre à
une première année est…
Mais un signe de Livia le
fit taire, la jeune fille ne voulant pas que d'autre règlent
ses problèmes pour elle.
-Loin de moi l'envie de lui
jeter un sort et de me salir les mains au contact d'une Sang de
Bourbe… railla son adversaire avec un air de profond dégoût.
Il
y eut comme un crépitement électrique autour de Livia
qui brandie soudain sa baguette magique et, la pointant au niveau du
cœur de Rogue, elle approcha son visage tout contre le sien.
-Cette
Sang de Bourbe vaut cent fois mieux que toi Rogue. Tu veux vraiment
te suicider pour me provoquer en telle compagnie – les Maraudeurs
paraissaient près à se jeter sur le Serpentard – et
surtout pour ME provoquer ? Si jamais je te vois toucher à un
cheveux de Célia, je te tue. Compris ?
Rogue ne répondit
pas, la défiant silencieusement sans rompre le fil qui reliait
leurs prunelles hérissées par la colère.
Quelques secondes passèrent où tous retinrent leur
souffle avant que Rogue, sentant le trouble que jetait en lui le
regard de braise de sa rivale, riposte d'une voix sifflante :
-Je
n'avais pas l'attention de toucher à une future stupide
Gryffondor !
-Je préfère être une stupide
Gryffondor qu'un sale Serpentard vicieux ! s'écria soudain
Célia, voulant défendre sa sœur.
Rogue, surpris,
tourna la tête vers elle, délaissant son combat muet, et
parut s'étonner des deux émeraudes de cette petite
fille – si semblables à celles de sa sœur – qui le
fixaient d'un air rebelle. Il se contenta de la fusiller du regard,
ne voulant tout de même pas jeter de sorts à une enfant
de onze ans et encore moins en compagnie si risquée. Célia
tourna la tête devant ce coup d'œil glacial et Rogue reprit
sa méditation contemplative devant la fenêtre. Les
quatre autres garçons qui s'étaient redressés
sur leurs sièges, prêts à intervenir, se
détendirent quelque peu et Livia se rassit, entourant sa sœur
de ses bras.
Le voyage se continua paisiblement pour la
petite assemblée. Au milieu des conversations, Livia se
surprit à observer le Serpentard à la dérobée.
Elle le trouvait changé, physiquement du moins, son sale
caractère étant toujours le même. Il paraissait
avoir encore grandi de plusieurs centimètres pendant l'été
et semblait moins noueux et maigre qu'avant. Elle remarqua que ses
mouvements étaient plus fluides et que ses cheveux terne et
graisseux, qui pendaient autrefois de chaque côté de son
visage, étaient même devenus plus souples et légers.
Son teint était toujours blafard mais elle jugea que cela lui
apportait un certain charme ténébreux. Pour la première
fois depuis qu'elle le connaissait, elle le trouva mignon mais elle
tut cette remarque et l'enfouie au plus profond d'elle-même.
Même plus séduisant, un Serpentard restait un
Serpentard.
Quand le chariot de friandise arriva enfin, le groupe
– amputé de Rémus à cause de son rôle de
préfet – fit une ample provision de sucreries en tout genre.
Dans le bruit joyeux des discussions et des éclats de rires,
Livia lança de nouveau une œillade à Rogue. Une ombre
sembla passer tout à coup sur le visage fermé de ce
dernier. Tout se déroula ensuite en un éclair, il leva
les yeux vers elle, se sentant observé, leurs regards se
croisèrent et elle se sentit plongée brusquement au
fond du cœur de son ennemi, y découvrant une telle détresse
qu'elle en eut le souffle coupé. Ce contact visuel n'avait
duré qu'une micro seconde mais il laissa Livia en proie à
un étrange sentiment. Rogue regardait de nouveau le vert
défilé des collines boisées, le visage fermé,
vierge de toute pensée et impression, comme taillé dans
un morceau de granit. La jeune fille se sentait au bord des larmes
sans comprendre pourquoi. Ces yeux si noirs lui avaient envoyé
une sorte d'appel au secours muet, déversant tout un flot de
peurs, de doutes et la laissant voir la blessure béante qui
striait son cœur.
S'avisant que tous s'occupaient d'autre
chose, elle proposa à Rogue un Chocogrenouille, son murmure se
perdant dans l'espace sonore ambiant.
-Tu en veux ?
Le
sourire engageant qu'elle arborait fondit quant un sifflement
haineux lui répondit :
-Je n'ai que faire de ta pitié
!
-Si tu confonds la compassion et la pitié alors je
comprends pourquoi tu n'as aucun ami ! répliqua férocement
Livia, toute trace de la vision bouleversante qu'elle avait eut
disparaissant de sa mémoire.
Elle se détourna avec
un mépris tangible dans ses yeux, puits aux clartés
éternelles, et reporta son attention sur ces amis.
Rogue crut qu'il allait se gifler. Il se sentait comme le dernier des idiots d'avoir repoussé Livia mais un sursaut stupide de son orgueil l'avait aveuglé. Lui qui ne désirait que de pouvoir un jour lui parler venait de gâcher sa seule chance. Il désespérait de lui avouer ce qui le rongeait depuis près de deux ans ; cet amour impossible entre un Serpentard et une Gryffondor. Il s'étonnait du changement que les vacances avaient opéré sur celle qui occupait ses pensées. Bien qu'elle ait toujours été mignonne, elle n'avait jamais été si superbe, si majestueuse et troublante. Elle était devenue plus inaccessible encore par ce phénomène. Si seulement il pouvait réunir assez de courage, il se montrerait vraiment à elle comme un garçon sur lequel elle pourrait se reposer et essaierait de se frayer un chemin jusqu'à son cœur mais il avait peur de son refus s'il venait à lui parler amour. Pour sa dernière année, il ferait tout pour la conquérir. La fin du voyage le prit sur cette résolution.
La nuit était tombée sur
la campagne anglaise quant le Poudlard Express s'arrêta
finalement dans un dernier soubresaut avec un grincement métallique
de tous ses pistons et un grand panache de fumée. Bientôt
ce fut la ruée vers la sortie pour les élèves,
le train semblant vomir par tous ses orifices une masse mouvante et
hétérogène. Célia se sépara à
contrecœur de sa sœur pour suivre avec appréhension un homme
gigantesque scandant à tous vents :
-Les premières
années ! Les premières années par ici s'il
vous plait !
Sa voix tonitruante couvrait le brouhaha ambiant et
il fut bientôt entouré par un amas de minuscules
silhouettes, visiblement nerveuses.
-COURAGE ! cria t'elle à
son adresse pour l'encourager.
Elle regarda la tête blonde
de Célia s'éloigner dans le sillage du géant
en direction du lac pour la traversée jusqu'à
Poudlard avant de prendre place dans l'une des diligences sans
chevaux qui roulèrent en direction de l'imposant château
en un léger tangage qui la berçait. Elle passa la tête
par la vitre du véhicule pour voir approcher les brillantes
lumières de l'école avec un profond sentiment de
réconfort et de joie. Quoi que l'année lui réserve,
elle rentrait vraiment chez elle maintenant, essayant de ne pas
penser que ce serait la dernière des Maraudeurs. Mais le temps
n'avait déjà plus la même valeur pour la jeune
fille.
