1.
Une pluie battante venait s'écraser sur les vitres du car qui menait Gideon Gleeful à Gravity Falls. Aux alentours, la forêt s'amassait, compacte, en une masse sombre, quasi impénétrable. Mais ce qui frappa Gideon n'était pas l'inquiétante mer d'arbres noirs, c'était plutôt l'image qu'il se renvoyait dans la vitre du véhicule. Il avait changé, et pas qu'un peu, depuis la dernière fois qu'il avait foulé les terres mystérieuses et surnaturelles de Gravity Falls.
Il avait grandi, et pas mal. Il avait désormais plus de corps que de cheveux, ce qui, pensa t-il, pourrait rassurer Dipper, s'il le revoyait. Tiens, Dipper, qu'est-il devenu, lui? Sûrement était-il encore plus grand que lui, et bien plus idiot encore. Gideon avait avoir beau grandi, il n'en restait pas moins méfiant et aigri. Il se détailla davantage dans le reflet. Un garçon aux cheveux blonds, presque blancs, le regardait à travers ses verres de lunettes, peu convaincu, fatigué même. Ses yeux étaient rouges et soulignés de deux grosses poches dues au manque de sommeil : de tout le trajet, environ dix heures, il n'avait pas dormi et avait passé le plus clair de son temps sur sa console de jeu portable. Le rétro-éclairage était son seul ami. Il tourna un peu la tête pour se regarder sous différents angles. Il avait grandi mais aussi maigri, retrouvant la masse corporelle qui était ordinaire pour son âge. Son visage s'était aminci, son menton s'était effilé. Il ne restait rien de l'immonde larve qu'avait été Gideon dans ses jeunes années à Gravity Falls, il s'était mué en un gracieux mais fragile insecte. Ouais, je ne suis qu'un insecte, au final. Il pensait très fort ce qu'il disait. Et pour cause...
Après le Weirdmaggeddon de Gravity Falls, Buddy, son père, était parti de la ville avec une touriste de passage, qui était venue, de base, lui acheter une de ses merveilleuses occasions. Il avait abandonné femme, mais pris enfant. Son gosse capricieux l'avait suivi, mais parce que Buddy l'y avait forcé d'une manière cuisante, une façon dont il ne voulait pas se souvenir.
Buddy l'avait emmené dans des villes plus grandes que Gravity Falls, où son fils n'était plus une vedette. Sa célébrité, son pouvoir implicite, manquaient au jeune garçon. Capricieux comme toujours, il cru bon de vouloir asseoir un règne qui ne lui était pas destiné. Et loin des brutes avec qui il avait coulé des jours meilleurs en prison, il n'était rien. Il avait fini par être tabassé, moqué pour sur son surpoids, mis plus bas que terre. On l'avait tout bonnement écrasé. Et puis, Buddy ne faisait rien, trop occupé à se soucier de sa nouvelle femme. Son gosse devait apprendre la vie, après tout, puisqu'on lui avait tout donné sur un plateau doré, il allait voir que la vie, c'est aussi mordre la poussière. Et il en avait avalé, de la poussière.
Trimballé de villes en villes, pour finir dans une petite ville jouxtant Las Vegas. Pourquoi ce choix de la part de son père ? Une affaire florissante s'était présentée en une très bonne occasion. Gleeful père avait beau être simplet, il n'en était pas moins cupide et redoutable. Son fils l'aidait, avec sa nouvelle femme, dans son affaire. Mais son gamin était encore la cible des moqueries de ses camarades. Il avait beau avoir un peu grandi et pris du galon, il n'en restait pas moins potelé. Et ses tâches de rousseur n'étaient pas là pour arranger les choses.
Il avait souffert, la plupart du temps en silence, comprenant maintenant bien mieux ce que les autres avaient ressenti quand il était encore tout-puissant, dans sa petite ville de Gravity Falls. Justement, sa petite ville, il en rêvait. Il voulait la revoir. Il voulait échapper à son père, à sa nouvelle tendance autoritaire. L'enfant capricieux était devenu, en quelques années, un adolescent blessé dont le cœur mutilé était plein de failles.
Il détourna le regard, son jumeau vitreux l'imita. Il porta son attention sur son gros sac et sur sa valise. L'un était posé à côté de lui, sur l'autre siège du car, et l'autre était dans le compartiment à bagages au-dessus de sa tête. Il avait emporté le peu d'affaires qui lui restait, et ce pour retourner à Gravity Falls. On l'aurait oublié, depuis tout ce temps.
Avant de revenir, il s'était renseigné : sa mère était partie vivre chez une de ses sœurs, abandonnant l'affaire Gleeful, après avoir vendu les dernières voitures qu'il restait. La maison avait été reprise par une petite famille. Là où allait Gideon, il n'y avait plus aucune marque de lui.
Il consulta son smartphone. Il restait des chambres à louer dans le village. Une au-dessus de la feuille de chou locale, une en ville, en face du poste de police, et enfin une... au Mystery Shack. Tiens, ils louent, maintenant ? Gideon appuya sur la dernière annonce. Le grenier, partagé autrefois par Les Jumeaux du Mystère, accueillait désormais des sous-locataires. Les propriétaires étaient toujours les mêmes, les frères Pines, mais le locataire des lieux était l'ancien « faire-valoir » de Stan Pines, Soos Ramirez. Spontanément, il appuya sur le numéro du Mystery Shack qui se composa de lui-même. Un homme un peu gauche dans sa diction répondit. C'était le Soos en question.
- Mystery Shack, que puis-je faire pour vous ?
On entendait l'homme se débattre avec plusieurs clients, des protestations, mais aussi des demandes concernant des articles et des visites. Bien qu'il fut encore assez tôt dans la journée, à peine dix heures du matin, le magasin du musée était déjà bondé. Le lieu avait un fort succès, surtout après les événements fantastiques de Gravity Falls.
Gideon hésita avant de parler. L'homme à l'autre bout de la ligne appela plusieurs fois, dans un concert de « Allô ? » qui se répandaient en écho dans l'oreille de Gideon. Même s'il pensait que personne n'allait le reconnaître, Gideon ne voulait pas se trahir, et puis, la vie lui avait appris à être désormais prudent. Il se mit à réfléchir à toute vitesse, il ne dévoilerait qu'une partie de son identité.
- Bonjour. Je souhaiterais louer la chambre au-dessus de votre établissement, s'il vous plaît.
- D'accord... À quel nom, je vous prie ?
- Gid... Monsieur Gleeful...
L'homme ne répondit pas. Gideon serra les dents. On se souvenait très probablement de lui, et pas pour de bonnes raisons. Même Soos, devenu gérant de l'affaire des frères Pines, avait retenu quelque chose de lui, et sûrement pas l'aspect le plus positif de sa personne. Il était à deux doigts de raccrocher, quand soudain...
- Noté Monsieur Gleeful. Heureux de vous recevoir ! L'homme se débattait avec le combiné et des clients... On se voit tout à l'heure pour les modalités ? À très vite !
Gideon cligna des yeux plusieurs fois. Il n'en croyait pas ses oreilles. Soos n'avait pas été le moins du monde malpoli ou mal intentionné, ni même en attitude de rejet. Il prenait juste note. Peut-être Gideon devait-il se montrer moins méfiant, après tout ? Soos n'avait pas une once de méchanceté en lui, alors pourquoi craindre quoi que ce soit ?
Apaisé, il se laissa tomber dans son siège. Le car le conduisait au bas de la pente qui menait au Mystery Shack. Les cahots de la route calmaient Gideon Gleeful, il était un peu plus serein. Il ne savait pas exactement ce qu'il allait faire à Gravity Falls, mais avant-tout, pensait-il, un petit travail serait le bienvenu. Il regarda les petites annonces sur son téléphone, il y en avait plusieurs en ville. Il commencerait à démarcher demain. Il avait, pour le moment, encore assez d'argent de côté pour subvenir à ses besoins durant la semaine.
- Bienvenue à Gravity Falls, M'sieur-Dames !
Affublé d'un cache-oeil et d'un fez mystique, Soos faisait le grandiloquent face à une nuée de visiteurs impressionnés. Gideon regardait la scène de loin. Soos avait bien tout appris de Stan, il le copiait à merveilles – excepté que, lui, était gentil. Il fit entrer les visiteurs dans le musée, où une femme attendait. Sûrement la copine de Soos... Gideon se souvenait que l'ex-employé avait eu une relation à distance. C'était maintenant concrétisé, apparemment.
Le nouveau gérant comptait des billets verts qu'il tenait en main. Il avait fait une bonne recette, encore. C'est qu'il avait le sens du spectacle, et celui des affaires. C'était Stan, mais en mieux, en fait. Gideon s'éclaircit la gorge.
- Monsieur Ramirez ?
Soos leva les yeux de ses billets et porta son regard sur Gideon. Il le regarda de la tête aux pieds, puis eut un grand sourire. Gideon en fut déstabilisé, car on ne l'avait jamais regardé de la sorte, et encore moins on ne lui avait offert ce sourire. Il posa le gros sac qu'il avait en mains, et tendit sa main droite à Soos qui la serra avec force. Gideon grimaça, Soos avait une sacrée poigne !
- Monsieur Gleeful, quel bonheur de vous rencontrer ! Il souleva son cache-oeil, le rabattant sur son front un peu dégarni. Si vous voulez bien me suivre dans mon bureau... Il regarda Gideon, et ses bagages. Un peu d'aide avec vos affaires, M'sieur Gleeful ?
- Merci, c'est très gentil de votre part, mais … je vais me débrouiller.
Gideon eut un sourire timide. Bien, on ne l'avait pas reconnu. Soos avait été, depuis toujours, quelqu'un de très distrait. Il le suivait, quelques pas derrière, en se débattant avec son sac et sa valise. Il gérait les deux choses très mal, même s'il avait réussi à les porter jusque dans le bureau de Soos. Ah, ce bureau ! Oh, il n'avait pas changé d'un poil, même si la décoration – refaite à une occasion par Mabel – arborait des bibelots vieillots et des motivational posters très 80's. Gideon ne put s'empêcher de sourire. Stan, malgré son air grognon, était fada de son petit neveu et de sa petite nièce, la preuve en était qu'il avait gardé un tas de souvenirs d'eux dans le bureau.
Sortant des papiers d'un tiroir, Soos les posa sur le bureau. Il prit place dans un grand siège, laissant Gideon l'imiter. Ce dernier se posa sur un tabouret couvert de moumoute rose, qui déteignait avec le lieu, un peu austère et gris. Il était mal à l'aise, là, devant un formulaire où il devait apposer nom et prénom. Il prit le contrat et le lisait avec attention, tandis que Soos se curait le dessous des ongles avec une pointe de critérium.
Gideon dû remplir à contre-cœur un tas de cases demandant des informations relatives à son identité. Après avoir tout rempli, il passa sa carte d'identité, que Soos photocopia sur-le-champ, et posa également un liasse de billets sur le bureau. La liasse était assez épaisse pour qu'il puisse garder la chambre deux semaines. Soos glissa tout dans un dossier, incluant au passage une partie de la liasse, pour la caution.
- Bien, Monsieur Gleeful, je pense que tout est désormais en ordre. Bienvenue à bord du Mystery Shack, moussaillon !
Soos tendit une main que Gideon serra, même s'il savait pertinemment que ses phalanges allaient être, une fois encore, broyées. Il fut tout de même content qu'on ne lui fasse aucune remarque, mieux encore, qu'on ne puisse pas le reconnaître. Il se félicita. Il avait déjà changé en apparence, ce qui l'aidait bien plus aujourd'hui que quand il était encore tout gonflé comme un soufflé. Soos le pria de le suivre, ce que Gideon fit sans broncher.
Il y avait un grand escalier devant eux, vieux, usé de partout, mangé aux mites à certains endroits. L'escalier menait à l'étage où la chambre se trouvait. Soos abandonna son « invité » au bas des marches, ce dernier avait été sollicité par des clients au magasin.
Gideon regarda l'escalier et les alentours. Il voyait le salon de la maison, qui n'avait décidément pas changé, comme tout le reste, d'ailleurs. Le temps était comme figé, ici, au Mystery Shack, et un peu partout également dans Gravity Falls. Il soupira. Heureusement, lui, avait changé. Sinon, comment aurait-il été reçu ?
Il regarda à ses pieds, sa valise énorme et son sac gigantesque étaient en train de le narguer. Il rajusta ses lunettes sur son nez et remonta les manches de sa chemise d'un bleu très clair. Il n'était décidément pas habillé pour ce genre d'exercice, mais il avait voulu faire « bonne figure, au cas où ». Il empoigna son sac, d'abord, qu'il tenta de hisser sur ses épaules, sans trop de succès. Le sac retomba avec un bruit sourd sur le sol. Gideon décida qu'il monterait les affaires séparément.
Nouvelle tentative, il haussa son sac sur ses épaules, il glissa. Mais avant qu'il ne retombe sur le sol, le sac se souleva de nouveau et se hissa finalement sur le dos de Gideon. Quelqu'un l'avait aidé. Sûrement Soos, qui passait par là.
- C'était moins, une, non ?
Une voix un peu fluette se fit entendre. Soit Soos était un excellent imitateur, soit Gideon ne logeait pas seul ici. Après tout, la chambre était pourvue de deux lits. Il tenta de se retourner, mais son sac lui obstruait la vue. Il souffla fort sous le poids du sac, bien trop lourd pour un être humain normal. Il entendait aussi distinctement que l'autre fille prenait la valise.
Il était gêné. Il voulait tout faire de lui-même. Mais la fille avait déjà pris les devants et, il pu voir du coin de l'oeil, qu'elle empoignait avec fermeté la valise. Gleeful, espèce de gros malin, tu vas déranger une demoiselle, maintenant! Il se mit en colère contre lui-même. Mais pas le temps de se faire des remontrances...
Avance... Viiiiiiite !
La fille le pressait d'avancer dans les escaliers. Sa valise était au moins aussi lourde que son sac. Il se dépêcha et monta le plus vite possible les marches de l'escalier. Arrivé en haut, il bifurqua vers une porte ouverte. Il reconnu la chambre qu'il avait vu en photographie, plus tôt dans la journée. Il y entra, posa le sac à côté du lit libre, s'allongeant sur ce dernier, le dos cassé, épuisé.
La demoiselle le suivait de très près. Elle posa la valise au pied du lit, mais au contraire de Gideon, elle ne s'était pas allongée. Elle sautait même sur place, comme entraînée dans un genre de gymnastique loufoque. Il regardait encore le plafond, mais devinait les mouvements de sa colocataire. Soos ne m'a pas prévenu, le bougre ! Il n'était pas vraiment en colère, mais contrarié, il aurait voulu être prévenu, tout de même...
Au bout d'un quart d'heure, il se releva, avec peine. L'autre fille était toujours là, dos tourné à lui, triant des affaires amassées sur l'autre lit. Gideon eut un sourire. Elle ne semblait pas méchante, juste agitée. Même si cette inconnue était un imprévu, au moins il se disait qu'il pourrait discuter avec elle.
- Euh... Salut... Je crois qu'on a pas été présentés... ?
Gideon était encore hésitant. Il ne voulait pas la déranger. Après tout, si elle avait voulu lui parler, ou tout du moins faire sa connaissance, elle se serait tournée vers lui, non ? Il se ravisa, un peu trop tard, car il avait déjà prononcé sa phrase. Il regarda le plancher, la fille n'avait même pas daigné répondre. En même temps, il avait l'air si... si Gideon. Pas étonnant que...
- Pardon ?... Elle se retourna. Ah, ouais, c'est vrai, je suis tête de linotte...
Gideon eut un instant une drôle de sensation au creux de l'estomac en voyant la jeune fille qui lui faisait face. Elle devait avoir quinze ou seize ans, assez grande, mais quand même plus petite que lui. Elle souriait de toutes ses dents, un sourire bienveillant. De longs cheveux bruns tombaient en désordre sur ses épaules et dans son dos, malgré le fait qu'elle portait un serre-tête. Elle avait un vieux pull vert fantaisie très long dont les manches recouvraient partiellement ses mains, et un pantalon trois-quart légèrement retroussé au-dessus de ballerines tâchées de poussières. Il semblait à Gideon qu'il avait déjà vu cette fille, mais où.. ?
- Moi, c'est Mabel ! Enchantée ! Et toi ?
C'est bon, il la reconnaissait bien, maintenant. Mabel. Mabel Pines. La jumelle de Dipper. Il la reconnaissait, oui. Même trop bien. Pourquoi avait-il fallu que sa colocataire soit la première et seule fille dont il soit tombé amoureux ? Il était devenu rouge écarlate en entendant Mabel se présenter. Il n'était pas fort pour dissimuler ses sentiments, en fait.
Elle attendait patiemment que Gideon se présente, mais voyant l'expression peu sûre de son camarade, elle vint s'asseoir à côté de lui. Il avait sûrement besoin qu'on l'aide un peu, il semblait si timide – et aussi sacrément mignon. Les lunettes de Gideon glissèrent encore sur son nez, tombant presque. Il les remonta d'un coup sec, heurtant fort, au passage, la charnière entre ses deux yeux.
Il baissa la tête, voulant se cacher au mieux. Mais Mabel se baissa, encore, et encore, pour apercevoir son visage. Il fuyait son regard, zyeutant à droite et à gauche en quête d'échappatoire. Il soufflait fort, très fort. Le stress commençait à l'envahir progressivement, faisant perler des gouttes de sueur dans sa nuque. Il était vraiment mal à l'aise.
- T'es un timide, toi, dis-donc ! Bon, si tu ne veux rien dire, je ne vais pas te forcer non plus ! Et puis, chaque chose en son temps !
Elle se leva d'un bond, toujours en regardant Gideon. Il se sentait aussi petit qu'avant. Un minuscule, misérable, insecte, surplombé par un rayonnant soleil qui allait le cramer s'il s'en approchait trop, tel Icare. Il leva néanmoins la tête vers elle. Elle souriait toujours, encourageante.
- Hum... Leon... Juste... Leon... Enfin, c'est mon prénom quoi...
Gideon comptait sur un anagramme, supprimant au passage quelques lettres de son ignoble nom et de son infect prénom. Il s'appellerait désormais Leon Diggle. C'était un peu n'importe quoi, mais des noms bizarres, il y en avait un tas qui existaient, non ?
- Leon ? C'est marrant ça, tu as plus une tête à t'appeler, je sais pas moi... Hum... Whitney ? Ah ah ah ! Leon, ça fait trop sérieux sur toi !
- Ah ah ah... Tu trouves ?
- Carrément, ça fait garçon hyper sérieux, major de sa classe, tout ça...
Mabel était, pensa Gideon, rafraîchissante. Davantage encore puisqu'elle ne connaissait pas sa véritable identité et qu'elle était enthousiaste de se faire un nouvel ami. Il connaissait son penchant fleur bleue, elle qui tombait trop facilement amoureuse des garçons...
Il ferait tout pour qu'elle ne reste qu'une amie. Absolument tout. Sans se rendre tout de même détestable. Il ne voulait plus être un boulet - pour personne, et puis, si Mabel venait à apprendre la vérité, elle ne lui pardonnerait jamais – encore moins qu'avant, en fait.
Elle lui tendit les bras. Il ne comprenait pas ce qu'elle voulait faire avec ce drôle de geste. Bras tendus, devant elle, ça dénotait avec tout ce que Gideon avait pu connaître durant ces dernières années. Les frappes, petites ou grandes, les bagarres, les moqueries. Quand on lui tendait le ou les bras, c'était toujours pour être méchant et grossier avec lui.
Après quelques hésitations, il comprit qu'elle voulait l'accueillir en le serrant dans ses bras. Mabel était, décidément, une bien drôle de fille, très ouverte et expressive. Il répondit à son invitation en tendant les bras, lui aussi – qu'est-ce-qu'il avait l'air ridicule... Mais l'accolade était... revigorante ? Il ne s'était jamais senti aussi bien, et il sa surprise fut d'autant plus grande quand il constata qu'il était en train de sourire.
- Bienvenue à Gravity Falls, Leon !
