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La Salle Grise

Dans la salle commune des Serpentards, les jambes croisées par-dessus l'un des bras du fauteuil où il était installé, Draco Malfoy semblait pensif. Toute autre personne dans la même position aurait semblé affalée, apathique, mais il se dégageait de lui une langueur quasi-féline, qu'il n'en paraissait que plus séduisant.

Pansi Parkinson vint s'installer sur le bord de l'accoudoir où reposait sa tête et entreprit de lui caresser doucement les cheveux.

Il leva les yeux vers elle sans se déplacer le moins du monde, mais de fit pas de commentaire, la laissant glisser ses mèches blondes entre ses doigts.

« A quoi penses-tu ? demanda-t-elle ?

- En quoi cela peut-il t'intéresser ? répliqua-t-il d'une voix sèche.

Draco paraissait incapable de se comporter comme une personne normale. Il chassait de sa voix tout ce qui pouvait ressembler à une ébauche de gentillesse.

Mais Pansi n'en avait que faire, c'était pour cela également qu'elle l'aimait. Il n'était pas comme le commun des mortels. Il était bien au-dessus de cela.

« Tu sais bien, dit-elle en se penchant vers lui, que tout ce qui te concerne m'intéresse. »

Elle prononça ces derniers mots contre le front de Draco, sur lequel elle avait déposé ses lèvres.

Il ne répondit pas, perdu dans ses pensées. Il détestait cette sensation de ne pas tout contrôler autour de lui. Depuis quelques temps il ne savait plus réellement où il en était, il avait l'impression de ne plus être le maître de son univers et cela ne lui plaisait pas. Pas du tout.

La raison de ce trouble avait un nom : Harry Potter.

Comment, lui, Draco Malfoy, avait-il pu en arriver là ? Comment était-ce possible ? Il repassait les évènements des dernières semaines dans sa tête, comme une bobine qu'on déroule, mais aucune réponse ne semblait lui venir.

Que signifiait exactement ce qu'il vivait avec Harry Potter ? Que vivait-il exactement avec Harry Potter ? Pouvait-on considérer cela comme important ? Ils se dissimulaient rapidement à la vue des curieux au détour d'un couloir et Malfoy fourrait sa langue dans la bouche de Potter. Guère plus. Cela avait-il un sens quelconque ? Il l'ignorait. Et se poser toutes ces questions finissait pas le tourmenter.

Pourquoi toute cette histoire avait-elle commencé ?

Juste avec quelques mots…

« Sang de bourbe. »

Malfoy avait prononcé ces quelques mots entre ses dents. Il les avait éprouvés avec virulence en voyant, au bureau devant lui, Hermione Granger piailler en affichant ses airs de Mademoiselle-je-sais-tout. Ç'avait été plus involontairement qu'il n'avait paru, mais il n'avait pas regretté l'insulte. Il ne supportait pas de la voir s'agiter et donner des leçons sur la façon de transformer un verre d'eau en vin.

Harry Potter s'était violemment tourné vers lui, le foudroyant du regard. Si ses yeux verts avaient été capables de jeter des sorts, Draco serait tombé mort dans l'instant.

« Retires ce que tu as dis Malfoy et excuses-toi ! »

Le Serpentard n'avait pu empêcher un rictus amusé d'étirer un coin de ses lèvres tandis qu'Hermione tirait Potter par la manche en répétant quelque chose comme : « Laisse tomber Harry, ça n'a pas d'importance, laisse tomber… »

Mais celui-ci ne paraissait pas du tout du même avis.

Il contourna le bureau où Crabe, Goyle et Malfoy travaillaient et vint se placer face à ce dernier, l'air menaçant.

« Retires ce que tu as dit, Malfoy ! » aboya-t-il.

L'autre ne se défit pas de son air arrogant et supérieur. Si Potter se pensait effrayant, il se fourvoyait. Draco brandit sa baguette devant lui.

« Tu veux peut-être te battre Potter ?

- Ça tu peux le dire ! »

Et avant que Malfoy ait pu ajouter quoi que ce fût, Harry lui envoya un coup de poing qui le percuta en pleine figure. Il se sentit tomber en arrière et, sans pouvoir se retenir sur ses jambes, s'écroula contre le sol.

Il sentit la honte et la colère monter en lui, alors que dans la classe, les élèves et Griffondor – et même certains Serpentards, cachés derrière leurs doigts – se riaient de lui.

« Monsieur Potter ! l'apostropha le professeur McGonagall. Quinze points en moins pour Griffondor ! Et j'exige que vous fassiez immédiatement vos excuses à… »

Mais avant qu'elle ait pu venir au terme de sa réprimande, Draco avait bondi, les mains en avant, sur Harry.

Il ne comprenait pas ce qui s'était produit à ce moment-là, en temps normal, il aurait feinté la douleur, faisait mine de souffrir plus que ce n'était le cas. Ainsi, Potter se serait attiré plus d'ennuis encore, et lui aurait eu sa vengeance.

Mais cette fois-ci, cela ne suffisait pas. Sa dignité avait été touchée de front. Parce qu'il ne s'était attendu à ce que son éternel rival le frappe, et surtout, à ce que le coup soit aussi brutal. Lorsque l'on regardait Potter, on voyait avant tout ses bras fluets, son corps fins, et l'on ne s'imaginait pas un instant qu'il put, d'une droite magistrale, vous envoyer au tapis.

C'était donc pour ces raisons que, sans réfléchir, Draco avait bondi sur Harry et refermé ses mains autour de son cou. Il avait serré de toutes ses forces, les yeux exorbités par la rage et avait souhaité, sincèrement, dans un élan de haine brute, le tuer.

« Monsieur Malfoy ! » avait hurlé la voix de McGonagall.

La seconde suivante, un éclair de lumière blanche avait surgi et Draco s'était vu propulser à une extrémité de la classe.

Le sort avait déplacé une chaise, de sorte qu'il s'y retrouva projeté, y restant assis, encore hébété par ce qui venait de se produire.

A l'autre bout, Potter était également installé dans un fauteuil, toussant et se massant la gorge, entouré de ses amis inquiets qui lui tapotaient le dos.

Malfoy n'eut pas le temps de réprimer une grimace de dégoût que déjà, le professeur de métamorphoses fonçait sur lui, l'air furibond.

« Ce que vous avez fait est inacceptable, monsieur Malfoy ! J'enlève trente points à Serpentard ! »

Le jeune homme se dit que le prix n'était pas cher payé pour avoir vu la mine affolée de Potter, pour avoir tenu un instant son exécrable existence entre ses mains.

Les yeux du professeur firent alors la navette entre les deux garçons.

« Vous aurez tous les deux une retenue !

- Mais professeur… tenta de protester Harry.

- Il suffit Potter ! La violence physique n'est pas une solution et c'est vous qui l'avez employée le premier ! Monsieur Malfoy et vous serez consignés ! »

Le griffondor n'avait pas tenté de protester davantage, se contenant de lancer un regard haineux à Malfoy qui le lui avait rendu aussitôt, avec plus de conviction encore.

Le professeur McGonagall les avait fait venir dans sa classe après la fin des cours. Puis, elle les avait conduits à travers les couloirs de l'école vers une destination inconnue.

Harry et Draco étaient sur ses talons, oscillant entre un dédain parfait qui consistait à ignorer l'autre, et une rixe d'œillades agressives.

McGonagall s'était arrêtée devant une porte close qu'elle avait ouverte d'un coup de baguette magique.

La stupeur sur les visages d'Harry et Draco s'était, à cet instant, parfaitement accordée.

Devant eux se tenait la salle de classe la plus sale et poussiéreuse qu'ils n'aient jamais vu. Un épais tapis de crasse recouvrait les sols ainsi que les tables. La lumière du jour filtrait à peine à travers les vitres tant la couche de poussière était dense. E c'était sans parler des murs où semblaient se développer un élevage de taches d'humidité jaunâtres, le tout dégageant une odeur de moisi et de renfermé à en faire vomir.

« Qu'est-ce que c'est que ça ? articula Draco, les yeux ronds.

- Ceci, monsieur Malfoy, est la Salle Grise, et votre punition à monsieur Potter et vous consistera à la nettoyer. »

Le serpentard leva un sourcil d'un air dubitatif, remonta sa manche et saisit sa baguette, se positionnant comme s'il s'apprêtait à mener un duel. Ce qui n'était sans doute pas loin de la vérité.

« Ttt. Ttt. Ttt, fit McGonagall en saisissant la baguette par son extrémité. Pas de ça, monsieur Malfoy.

- Je vous demande pardon ? »

Elle s'appropria également la baguette de Harry et, de la sienne, fit apparaître eux seaux d'eau, deux balais et un tas de tissus qui semblait être des sacs de toiles.

« Ne me dites pas que c'est ce que je crois, souffla Draco.

- Eh si, monsieur Malfoy, j'attend de vous que vous me nettoyiez cette salle… sans magie.

- Mais c'est impossible ! intervint Harry. Comment voulez-vous que nous fassions ? Il va y en avoir pour une éternité !

- Justement, sourit le professeur de métamorphoses, plus vite vous aurez commencé, plus tôt vous en verrez la fin. » Elle se dirigea vers la porte qu'elle franchit. Les eux élèves demeuraient toujours perplexes, tandis qu'elle passait de nouveau la tête par l'entrebâillement de la porte. « Oh, et messieurs, j'espère que vous avez bien déjeunés, car je doute que vous ayez fini à temps pour le dîner. »

La porte claqua et ils entendirent la serrure se fermer.

« Elle se moque de nous !? » fit Draco.

Ce n'était pas une question, pourtant Harry secoua lentement la tête de droite à gauche, contemplant la tâche titanesque qui se dressait devant eux.

Il fut le premier à réagir en attrapant l'un des balais laissé par McGonagall. Non un de ceux pour voler, mais bien un de ces stupides objets moldu.

« Je crois que nous devrions commencer par faire un grand tas de toute la poussière au fond de la classe, ce sera ensuite plus évident de la mettre dans les sac et…

- Ecoutes Potter ! Tu fais ce que tu veux ! Mais pour ma part, i est hors de question que je fasse le ménage ! Je suis un élève pas un elfe de maison ! Ils n'ont pas le droit de nous demander ça, j'en ferai référer en haut lieu !

- C'est bon, tu as fini ta complainte ?

- Qu'est-ce que tu dis ? »

Harry attrapa le second balai et le tendit à Malfoy.

« Maintenant que tu t'es suffisamment lamenté, tu vas peut-être commencer à bosser.

- Tu n'as pas dû bien comprendre Potter. Mais je ne t'en tiens pas rigueur car je sais comme il est difficile pour un esprit comme le tien d'assimiler les choses les plus élémentaires. Alors je te le répète, il est hors de question que je passe le balai ! »

Harry attrapa une éponge mouillée dans le seau, cala le balai sous son bras, et la balança à Draco qui la réceptionna dans une gerbe de gouttelettes glacées. Il la relâcha aussitôt, si bien qu'elle tomba à ses pieds dans un bruit quasi similaire à celui de la déglutition.

« Je ne passe pas le balais ni ne fais toute autre chose, Potter !

- Mais on ne te demande pas ton avis.

- Si jouer les souillons peut te distraire vas-y ! Mais ce n'est pas mon cas. »

Et il s'appuya contre un mur en croisant les bras, l'air arrogant, et semblant oublier que la surface souillée par l'humidité allait très certainement laisser quelque trace sur sa belle cape confectionnée sur mesure.

« Je savais que tu étais un tire-au-flanc, mais j'avoue que ça me sidère.

- Je me contrefiche de ce que tu penses Potter !

- Tu as peur de te salir ? Ou peut-être crains-tu que le travail physique te fasse te fouler un muscle ou pire, te casser un ongle. »

Draco tenta de conserver une mine méprisante pour signifier à Potter que ses sarcasmes ne le touchaient pas.

Ce dernier poussa un soupir, comprenant qu'aucune de ses paroles ne pourrait y faire, et commença l'immense travail.

Comme il en avait présenté l'intention, il entreprit de relayer la poussière au fond de la salle. Ce n'était pas une mince affaire, car bien qu'elle ne fût pas très longue, la couche, elle était considérable.

Draco faisait mine de ne pas s'intéresser à ce qu'il faisait, de ne se concentrer que sur ses propres réflexions, comme si elles étaient particulièrement captivantes. Pourtant, lorsqu'il le pouvait, il jetait un coup d'oeil discret en direction d'un Harry Potter affairé. Il avait retiré sa cape et sa robe de sorcier et travaillait dans un tee-shirt blanc tout simple et un jean rapiécé. Non, vraiment, il n'avait pas la moindre élégance vestimentaire.

Lorsqu'il ne portait pas son uniforme, Draco s'efforçait toujours d'être bien habillé. Il avait une préférence pour la soie et le velours, matières qu'il jugeait luxueuses et agréables. Il avait également un certain attrait pour les bottes en cuir qui, trouvait-il, lui conféraient une allure seigneuriale.

Une fois ou deux, Harry intercepta son regard, mais Draco se contentait de se détourner calmement comme s'il avait jeté un coup d'œil dans sa direction par hasard.

Quand il eut terminé avec le plus gros de la poussière, Harry prit un seau et entreprit de nettoyer les carreaux en faisant de petits ronds humides avec l'éponge.

Draco regarda un filet d'eau couler le long de la vitre et constata alors que la nuit au-dehors était tombée.

Les autres devaient déjà être au réfectoire en train de se gaver de saucisses et de jus de citrouille.

Cela le dépita et l'énerva, si bien que, alors que Harry lavait les vitres, il arriva près de lui et expédia un coup de pied rageur dans le seau. L'eau s'éparpilla sur le sol en une flaque grise, imbibant du même coup les chaussures de Harry.

« Bordel ! Mes baskets !

- De toute façon elles étaient déjà pourries, fit observer Malfoy, narquois.

- Mais c'est quoi ton problème, Malfoy !?

- Pour 'instant ? C'est d'être coincé dans une salle crasseuse avec un abruti !

- Et moi avec un fainéant, qui crève de peur à l'idée de toucher un peu de poussière !

- Ah oui ? Hé bien regardes, cher Potter… »

Malfoy avait marché tête baissée jusqu'au tas et y avait assené plusieurs coups de pieds, éparpillant la saleté autour de lui. Elle encercla son visage furieux dans une vision que Harry, durant un instant de stupeur, avait trouvée très significative.

La seconde suivant cependant, il avait repris ses esprits et, du même coup, conscience de ce que le serpentard venait de faire. Dans un accès de mécontentement, purement enfantin, il venait de réduire à néant le travail qu'Harry avait mis des heures à accomplir.

« Malfoy ! » hurla-t-il.

Il fit mine de se jeter sur lui, mais Draco s'était déplacé, si bien que, quand il le percuta, son poing heurta son épaule, plutôt que sa tête/ Cela n'en atténua pourtant pas moins sa force et, sans le barrage salvateur d'une contre, contre laquelle il se heurta et se rattrapa, Malfoy se serait très certainement effondré sur le sol, comme un peu plus tôt dans la journée.

Toutefois, Harry ne dut pas juger ça suffisant car, loin d'être calmé, il repartit à la charge. Il était évident que i Draco était allé ''au tapis'' dès le premier coup, il aurait repris son calme. Mais la table l'en avait empêché et il n'était plus certain que ce fut une bonne chose.

Harry le percuta et ils perdirent tous deux l'équilibre, entraînant la table dans leur chute, dans un boucan infernal.

Malfoy ne se rendit compte qu'il avait fermé les yeux juste au moment où il les rouvrit.

Il constata alors que Potter était juste au-dessus de lui. Dans leur chute, ses lunettes avaient glissé et ses impressionnants yeux verts se trouvaient en face des siens.

Sans s'en expliquer la raison, la promiscuité d'Harry, son regard dans le sien, son corps contre le sien décupla le rythme de son cœur, qui se mit à battre si fort qu'il en était assourdi. Sa gorge lui paraissait sèche et sa bouche pâteuse, tandis qu'une chaleur inexplicable le parcourait.

Sans réfléchir, il attrapa le col d'Harry, l'entraîna vers lui et plaqua violemment sa bouche contre la sienne.

Le contact brutal lui permit de force ses lèvres et d'introduire sa langue entre les siennes. Il ne pensait pas à ce qu'il était en train de faire, tout cela ne paraissait assez réel pour qu'il en prenne compte. Ce fut seulement lorsque Potter commença à répondre aux caresses de sa langues du bout de la sienne qu'il réalisa.

Il le repoussa alors rudement, se dégageant de sous lui.

« Qu'est-ce que tu fous Potter ? siffla-t-il d'un ton méprisant.

- Quoi !? s'offusqua Harry.

Mais Draco se redressait déjà, s'époussetant du revers de sa main.

Le griffondor bondit sur ses jambes, furibond.

« C'est toi qui vient de me rouler une pelle ! »

L'autre fit mine de ne pas l'entendre. Il attrapa un balai et entreprit de faire un petit tas à ses pieds.

« Activons-nous, fit-il, si nous voulons en avoir fini plus tôt. »

Jusqu'à ce que McGonagall revienne les chercher, ils ne s'adressèrent pas une seule fois la paroles, s'efforçant toujours de rester à une distance de sécurité d'au moins un mètre.

Durant les quinze jours qui suivirent, l'un et l'autre firent tout pour s'éviter. Chaque fois que Draco apercevait sa bête noire au bout d'un couloir, il s'arrangeait pour bifurquer. Et il ne doutait pas un instant qu'il en fut de même pour Harry. D'ailleurs il le vit faire plusieurs fois. Son regard tombait sur lui, s'agrandissait, et la seconde suivante, il disparaissait au détour d'un corridor.

En cours, ils s'ignoraient formellement. Non qu'auparavant ils se fusent prêtés attention, mais désormais, ils s'efforçaient de toutes leurs forces de ne rien avoir affaire l'un avec l'autre. Si bien que, quand ils se trouvaient face à face, la tension était tellement palpable qu'elle en devenait oppressante. Draco n'avait jamais eu l'impression de tant côtoyer Potter que depuis qu'il s'efforçait de l'éviter. Quand on ignore une personne par la force des choses, elle nous devient indifférente, mais dès qu'on veut s'y contraindre, on ne peut que remarquer les fois où on la trouve sur son chemin.

Puis, les choses avaient changé.

Draco avait dû rester après un cour de potion, dans les cachots. Rogue lui avait donné un devoir supplémentaire et l'avait incité à attendre afin de pouvoir l'informer des fautes commises et le critiquer comme il le faisait toujours.

Malfoy était un très bon élève et il savait que telle était la raison pour laquelle le professeur était aussi dur avec lui. Il voulait qu'il donnât le meilleur de lui-même. Rogue n'était pas de nature à encourager ses élèves, mais Draco savait que, à sa façon, c'était ce qu'il faisait.

« Vous me referez la dernière partie, monsieur Malfoy, j'attend d'un élève de votre niveau un peu plus qu'une conclusion de base.

- Oui professeur. »

Il reprit les parchemins, et c'est à ce moment que quelqu'un frappa. Après que le professeur le lui ait autorisé, la personne poussa la porte et entra.

Harry et Draco restèrent face à face, sans bouger, se ixant comme deux bêtes sauvages surveillant les mouvements de l'autre, au cas où il lui bondirait à la gorge pour la lui arracher.

« Tiens Potter, siffla Rogue, quand vous aurez fini de fixer monsieur Malfoy, peut-être pourrez-vous me dire ce que vous faites ici. »

Le jeune homme se détacha de Draco, rougissant, bafouillant quelques explications en tendant une enveloppe.

« Je n'ai pas… Je… Le professeur McGonagall m'a donné un message pour vous. »

Rogue lui arracha quasiment l'enveloppe des mains, l'ouvrit, la lu, puis la referma en hochant la tête.

« Très bien. Messieurs… »

Cela suffit pour prendre congé, et l'instant suivant, il s'éloigna dans un mouvement de cape noire.

Harry et Malfoy s'échangèrent un rapide regard, se détournèrent aussitôt, mais aucun ne fit mine de sortir.

« C'était quoi ce message ? demanda Draco, espérant briser l'ambiance pesante qui régnait dans les cachots.

- Je ne sais pas, le professeur McGonagall m'a dit de l'apporter à Rogue, à la fin du cour. »

Il semblait gêné et Draco comprenait parfaitement, il se trouvait exactement dans la même situation. Il ignorait ce qu'il pouvait faire pour se calmer. Il doutait même qu'il exista une solution/

C'était la première fois qu'ils s retrouvaient seuls depuis l'incident de la Salle Grise, et cela n'échappa ni à l'un, ni à l'autre.

« Bon, je vais y aller », dit Harry.

Et tous deux franchirent la porte au même moment, si bien que leurs épaules se percutèrent.

Leur réaction fut alors identique, et ils bondirent hors de la salle, Malfoy vers la droite, Harry vers la gauche.

Ce dernier poussa un soupir et secoua la tête.

« Ecoutes Malfoy, c'est ridicule tout ça.

- Ah oui ? » Draco fit un pas vers lui et Potter recula, lui arrachant un rictus. « Pas si ridicule, pas vrai Potter ? »

Le rouge était monté aux joues du Griffondor.

« C'est désagréable pour nous deux Potter, alors restons en là. »

Draco avait fait mine de s'éloigner, mais Harry l'avait alors saisi par l'épaule, lui avait fait faire un demi-tour et avait plaqué sa bouche contre la sienne.

Dans la salle des Serpentards, voilà quelles étaient les réflexions de Malfoy. Il ne comprenait toujours pas ce qui avait pris Potter, deux semaines plus tôt de lui donner un baiser.

Depuis ils se retrouvaient ensemble, aussi discrètement que possible, mais immanquablement. Draco avait songé plusieurs fois à cesser ce petit jeu. Mais, toujours, lorsqu'il apercevait Potter, il ne pouvait s'empêcher de se blottir contre lui.

C'était incompréhensible. Il n'aimait pas les garçons. Et, à plus forte raison, il haïssait Harry Potter.

« Draco ? murmura Pansi, l'extirpant de ses pensées.

- Quoi encore ?

- Je te sens distant ces derniers temps. »

Même ses amis avaient fini par remarquer que quelque chose n'allait pas. Il fallait vraiment qu'il trouve une solution à tout ça. Il ne pouvait se permettre de continuer ainsi.

Oui, les raisons d'arrêter sa relation avec Harry Potter, il en faisait la liste et prenait des résolutions. Pourtant, dès qu'il se retrouvait dans ses bras, toutes ses décisions disparaissaient et aucune ne paraissait valoir la peine de se priver de tels baisers.

Si ses amis venaient à l'apprendre, ou pis, son père, il savait qu'il ne s'en relèverait pas. Il ne pourrait supporter les regards amusés, voir condescendants que cela susciterait à l'école. Et d'ailleurs, il ne s'imaginait pas le moins du monde, se promenant main dans la main avec Harry dans les couloirs de Poudlard, comme un couple.

Ce n'était pas une chose qui attirait Draco Malfoy. Les gens qui exhibaient fièrement leurs sentiments sur la place publique, il avait toujours trouvé cela grotesque.

Mais, il se l'avouait, sa plus grande crainte était que son père puisse l'apprendre. Il ne se contenterait pas de le déshériter, de le renier, non, Draco le savait, il ferait bien pire. Si Lucius Malfoy venait à apprendre que son fils fréquentait un garçon et qu'à plus forte raison, ce même garçon était Harry Potter – l'ennemi de tout partisan du Seigneur des Ténèbres -, il le tuerait. Qu'il soit son fils ou pas. Et Draco savait comme son père pouvait être inventif en ce qui concernait les meurtres dans l'agonie.

S'il déshonorait sa famille, sa lignée et son nom, il le paierait de sa vie.

Alors pourquoi ? Pourquoi en sachant cela n'était-il pas capable de renoncer à Harry ?

Il était charmant, certes, il avait les plus beaux yeux qui soient, des lèvres délicieuses et une peau douce. Mais ces raisons, aussi séduisantes fussent-elles, n'étaient-elles pas que futilité en comparaison à ce qui l'attendait si la chose venait à se savoir ?

« Pansi ?

- Mmm ?

- J'ai soif. Serais-tu assez gentille pour me servir un verre ? »

Elle paraissait déçue mais acquiesça cependant.

Il allait vraiment falloir qu'il trouve une solution à tout ça.