Les lèvres de Kurt glissent de la tempe de Blaine à son oreille, humides et chaudes, et il les lèche brièvement avant de poser un léger baiser sur le lobe.
"Dis-moi," murmure t-il, fermant les yeux, imaginant les paupières crispées de Blaine, sa bouche tremblante. "Dis-le moi."
Mais Blaine l'ignore et ses mains vont se poser sur les hanches de Kurt, ses ongles courts s'enfonçant légèrement dans la peau, et Kurt inspire brusquement avant de les saisir fermement des siennes pour les repousser. Il baise le cou de Blaine, suçant lentement la peau bronzée, inspirant l'odeur masculine qui s'en dégage -eau de Cologne, café, mais aussi l'odeur familière des vieux livres de la bibliothèque de Dalton.
"Blaine," reproche Kurt, ferme et sévère, la voix pourtant empreinte de tendresse. "Tu sais," gronde Blaine en réponse, "tu sais bien."
Kurt fredonne doucement contre la gorge de Blaine, souriant à lui-même en l'imaginant tendue et pleine, étroite autour de lui, assoiffée et avide. Il rouvre les yeux et regarde Blaine, son regard sombre et presque désespéré. En temps normal, les yeux de Blaine sont clairs et ambrés ; mais maintenant ils sont foncés et verts comme l'herbe sèche à l'ombre en été, aussi chauds, aussi invitants.
Et alors ils se ferment et les lèvres de Blaine se serrent, et Kurt frissonne car c'est fini, toutes les réserves de Blaine tombent en morceaux alors que sa bouche s'ouvre, sa langue articulant les mots avant qu'il ne les prononce, enfin :
"Laisse-moi," balbutie t-il, "laisse-moi te sentir, te toucher, j'ai besoin de te sentir dans ma bouche et contre ma langue et je veux te tenir contre moi, Kurt, laisse-moi te sucer, s'il te plaît…"
À cet instant, toute la personnalité de Blaine change -ou se révèle- et les phrases qu'il articule sont presque vulgaires, crues, brutes comme ce désir qui l'habite en permanence, de plaire, de donner du plaisir, de faire gémir et crier et jouir Kurt. Alors il abandonne et laisse Blaine le renverser sur le lit et défaire sa ceinture en quelques mouvements familiers, ouvrir sa braguette et enfin le lécher, avant même qu'il soit entièrement libéré de ses sous-vêtements, prendre le gland entre ses lèvres et sucer, gémissant autour de lui, les yeux clos dans une expression de béatitude qui serait presque risible.
Presque, car les doigts de Kurt vont se glisser dans les cheveux de Blaine, à l'arrière de son crâne, là où il n'y a pas de gel pour les fixer, là où il peut agripper et tirer et guider, le bout de ses doigts appuyant contre la peau sensible de la nuque de Blaine ; et l'océan calme qui habite les yeux de Kurt chavire et roule avant qu'enfin, ses paupières ne se ferment.
Alors, le monde se réduit à la chaleur de cette bouche et à ces doigts qui caressent son ventre avec révérence, à ce garçon qui l'aime et qu'il aime en retour. À Blaine.
Et c'est au fond tout ce que lui-même désire.
