QUI CASSE, PAYE

Prologue : Ils étaient quatre petits enfants…

C'est mon seul souvenir de lui, finalement. Le seul qui m'ait permis de le comprendre. Celui qui m'a fait le perdre, aussi. Je ne sais pas. Je ne sais plus…

Ca s'est passé en cinquième année. Une année qui partait bien. Surtout pour les garçons…

Les garçons. Les « Quatre de Poudlard ». . Je ne sais pas qui a inventé ce surnom idiot, mais de toute façon ils n'étaient pas d'accord. Naturellement, puisqu'ils étaient tous à Gryffondor.

Il y avait Remus, un garçon sympa, plutôt sérieux mais pas très difficile à entraîner dans toutes sortes de conneries, il argumentait au début pour garder bonne conscience, mais il finissait toujours par céder, et surtout, il battait des records d'absentéisme, j'ai su plus tard pourquoi

Il y avait aussi pépé, enfin, Peter Pettigrow, moche, un pauvre type qui n'avait pas inventé la poudre et qui traînait avec les autres avec vénération. On avait un peu de peine pour lui…

James Potter était un puits de prétention. Bon, d'accord, il pouvait, étant donné que c'était un des garçons les plus intelligents qui soient, jamais besoin de bosser mais toujours premier partout, et en plus, il avait décidé de sortir avec Lily Evans, alors de temps en temps, quand il pensait que la situation s'y prêtait (c'est-à-dire au moment précis où il ne fallait pas) il lui faisait des propositions toutes plus mal tournées les unes que les autres. Sa méthode de drague n'était vraiment pas au point, mais c'est en se mouchant qu'on devient moucheron.

Mais surtout, dans leur groupe, il y avait Sirius Black. Le seul, l'unique, l'inimitable. Quinze ans, la tête enflée à exploser, accessoirement un de mes meilleurs amis. Peut-être parce qu'on se connaissait depuis l'âge de sept ans et demi, étant donné qu'on avait eu le même percepteur.

Moi, Fay Cinna, Sang Pur (j'y tiens), famille tradi comme Sirius, mais italienne (bon, on avait émigré au quinzième siècle, mais on se considérait toujours comme italiens, faut pas chercher), cheveux noirs, yeux noirs, teint de vampire, bref, Blanche-Neige en moins bien.

Chez les filles, toujours à Gryffondor, Lily Evans, jolie, avec un charme de dingue, une espèce d'innocence 'sourions la vie est belle' qui me manquait, peut-être parce que j'avais perdu mon frère jumeau à l'âge de sept ans, je ne sais pas. Je l'avais surnommée 'le Petit Pinson qui Chante Gaiement dans la Forêt', ça s'est rapidement transformé en Pivert et Rabbi Jacob est resté. Lily Evans n'aimait pas trop qu'on l'appelle James, allez savoir pourquoi.

Mary MacDonald, sa meilleure amie, était beaucoup moins jolie mais tout aussi innocente, mais pas de la même façon, une espèce de naïveté de petit poussin dont la coquille est toujours brisée par la méchanceté du monde mais se reforme tous les jours, sa compagnie était très valorisante, on se sentait tout de suite supérieur…A ma connaissance, Lily était à peu près la seule à la traiter comme un être humain normal, tout le reste la surprotégeait…

Cette promo-là valait son pesant d'or, dans toutes les maisons, pas seulement Gryffondor. Il y avait Severus Rogue, qui avait la main verte avec les potions, à ce point, c'était stupéfiant. Lily aussi, mais à force on s'habituait. C'est probablement pour ça qu'ils étaient amis…

John Bones, à Serdaigle, était aussi franchement cool (oui, je dis peut-être un peu ça aussi parce que je sortais avec lui, mais tout de même…)

Et je ne parle même pas des autres années. Bref, la vie était belle, on était tous beaux, drôles et intelligents, on s'amusait bien, on bossait de temps en temps, cette année-là commençait franchement bien, les garçons étaient les rois et ils n'avaient rien contre. Leurs blagues étaient souvent drôles, ils se prenaient encore plus pour le centre du monde à chaque fois que quelqu'un riait.

Sirius, malgré une certaine tendance à l'égocentrisme, pouvait se montrer vraiment sympa. Il me soutenait dans mes problèmes familiaux - mes parents s'entre-déchiraient en refusant de voir la réalité en face et se séparer, et mes frères et soeurs étaient bien trop petits pour me venir en aide... - et je le soutenais dans les siens - ce qu'il appelait en riant sa "crise d'ado rebelle" et qui était, nous le savions tous deux, beaucoup plus grave et plus importante que cela...

Et puis, un jour…