C'était un an plus tôt. Susumu lui avait raconté. Il avait vu la ville, rasée sur des kilomètres, horrible amas de débris et de cendres; il avait peiné à comprendre qu'il ne reverrait jamais ses parents, son oncle et sa tante, certains de ses amis. Surtout, il n'oublierait jamais qu'il avait failli perdre son frère aussi, ce jour-là.
Mamoru ne voulait pas dire que c'était un anniversaire- le mot était beaucoup trop joyeux-, mais c'était le terme. Le temps avait passé. Ils étaient loin d'être les seuls à avoir perdu des êtres aimés. Ils s'étaient finalement installés dans les villes souterraines tandis que le monde au dessus de leurs têtes continuait d'être dévasté. Susumu avait continué à grandir.
Il était sa seule source de motivation. Mamoru voyait parfois le désespoir dans les yeux des gens. Il comprenait. Lui aussi se sentait parfois écrasé par le poids de la situation, songeant aux navires étrangers qui étaient apparus, aux bombes qui tombaient encore régulièrement, à cette civilisation qui leur était de toute évidence supérieure. Il pouvait faillir, lui aussi, mais il refusait de transmettre ses doutes à son jeune frère, qui était tout ce qui lui restait. Il ne doutait pas, il ne pleurait pas, jamais devant son frère, parce qu'il faillait qu'il y croie et qu'il reste fort. Pour Susumu, il pouvait croire que cette guerre s'achèverait et qu'ils en seraient les vainqueurs. Pour Susumu, il voulait croire qu'ils reverraient un jour leur planète aussi belle qu'elle l'était autrefois.
D'une manière ou d'une autre, le combat de la Terre ne s'avérerait pas vain.
Après tout, que leur restait-il d'autre que l'espoir?
