Will était sidéré. Devant lui se tenait un homme brun, portant un costume marron et un long manteau plus clair. Il avait les cheveux en bataille, encore plus que d'ordinaire, vu le vent violent qui soufflait en altitude.

Will : Vous ?
Voix : Oui, c'est bien moi.
Will : Comment ?
Voix : Je crois que c'est plutôt à moi de vous demander ça. C'est Jack ! Il a encore réussi à remettre en marche son bracelet générateur de vortex pour passer un moment seul avec vous ! Combien de fois vais-je devoir le désactiver ! Dites donc …. C'est pas vraiment l'endroit rêvé pour une escapade en amoureux… Mais comme on dit, chacun ses goûts. D'ailleurs où est-il ? Ne me dites pas qu'il est parti se chercher un spartiate …Quoique ça serait bien son genre…

Will essayait tant bien que mal de placer un mot dans le monologue auquel se livrait l'homme, mais c'était peine perdue. Une fois lancé, c'était un véritable moulin à paroles. Will dû élever la voix pour l'interrompre.

Will : DOCTEUR !
Ten : Oui ?
Will : Je suis…

Will cherchait ses mots. Comment expliquer ce qu'on avait du mal à s'expliquer à soi-même ?

Will : Toutes les heures environ, je change d'époque et de lieu. Je ne comprends pas comment, ni pourquoi. Tout ce que je me rappelle c'est d'avoir été en compagnie de Jack et qu'un homme est apparu, et … Que je me suis retrouvé en présence d'un certain Gilles de Ray et de Jeanne D'Arc…
Ten : Vous avez rencontré le fameux Barbe bleue ? Le très contesté amant de Jeanne ? Ah Jeanne ! quelle femme formidable, un peu allumée comme fille, mais dotée d'un courage extraordinaire !
Will : Docteur !
Ten : Oui, excusez-moi… Vous disiez donc être piégé dans une sorte de boucle spatio-temporelle qui vous emmène toutes les heures dans un nouvel endroit. Hum…

Ten s'approcha de Will, il sortit son tournevis sonic et le déplaça sur l'ensemble du corps du jeune homme.

Ten : Vous me semblez en pleine forme ! Vous n'avez pratiquement pas changé d'un huon. Ça fait combien de temps déjà?
Will : Un bail.
Ten : Tant que ça ? Faut dire que je suis parfois un peu perdu dans ma propre chronologie. Bref… Essayons de trouver une solution à votre problème mon cher ami ! Venez, allons au Tardis !

Ten venait de se retourner pour se rendre à l'endroit où le Tardis s'était matérialisé et attendait une réponse de Will. Mais il n'en obtint pas. Lorsqu'il regarda par-dessus son épaule, le gallois avait disparu.

Ten : Non… non…. non… Ne me fais pas ce coup-là …

Et il se rua sur la porte du Tardis qu'il ouvrit à la volée, traversa la salle de commande et agrippa l'écran de contrôle.

Ten : Mais où est-il passé ?

Il appuyait sur les différents leviers et manettes permettant de localiser les énergies laissées par le passage d'un voyageur du temps. Il captait d'étranges informations. Les signaux fluctuaient sans cesse, comme si quelqu'un cherchait où déposer le voyageur. Puis le signal devint plus clair et Ten ouvrit de grands yeux lorsqu'il découvrit la destination. Il lança le Tardis immédiatement à sa poursuite.

Eirwen s'éveilla doucement. Elle s'étira, manquant de tomber du sofa. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, les événements de la veille lui revinrent à l'esprit. Elle se releva brusquement. Jack était toujours dans la même position que lorsqu'elle s'était assoupie, assis à son bureau, les yeux fixés sur l'écran d'ordinateur. Au loin, elle entendit Simon taper nerveusement sur les touches de son clavier.

Eirwen : Jack… Des nouvelles ?
Jack : Non. Aucune.
Eirwen : Il voyage toujours.
Jack : Oui.
Eirwen : C'est une bonne nouvelle non ?
Jack : On peut dire ça …

Soudain la voix de Simon se fit entendre. Jack sauta de son fauteuil et se rua vers la salle centrale, suivi par Eirwen.

Jack : Quoi ?
Simon : J'ai eu un nouveau pique d'énergie de la faille, signifiant que Will avait fait un nouveau saut…
Jack : Oui et alors ?
Simon : et bien, cinq minutes plus tard, un second pique est apparu.
Jack : Un second ?
Simon : Oui... Plus distinct, plus marqué.
Jack : Montre-moi ça !

Simon laissa sa place à son supérieur qui examina les deux relevés. Le premier était définitivement celui de Will. Mais le second qui était apparu soudainement était d'une autre origine. Une origine que Jack connaissait bien, car il scrutait souvent les scans et relevés à la recherche de cette signature particulière.

Jack : C'est … Non… Ce serait une chance inouïe… Quasi impossible !
Eirwen : Quoi ? Qu'est-ce que c'est ?
Jack : C'est la signature énergétique du Tardis !
Eirwen : Tar… Quoi ?
Jack : Tardis ! C'est le vaisseau du Docteur ! Si Will est avec le Docteur…
Simon : Oui ?
Jack : Il est sauvé !
Simon : Comment ça ?
Jack : Le Docteur pourra le ramener à notre époque !
Eirwen : Jack ??? Quoi ? Explique nous !!

Des bruits assourdissants résonnaient tout autour de Will. Des hommes courraient autour de lui, l'évitant à la dernière seconde. Une gerbe de terre lui gicla au visage. Devant ses yeux, un jeune homme, presque un enfant gisait, mort, défiguré.

Voix : Dépêchez-vous ! Montez !

Will se retourna et vit le Tardis, posé à deux pas de lui, le docteur dans l'encadrement de la porte lui tendant le bras.

Ten : Vite !!!

Il se releva et couru à l'intérieur.

Will : Merci.
Ten : Allons-y alors ! On va essayer de ne pas rester coincé à Verdun, surtout à cette époque.

Et avec un grand sourire, il actionna le levier et le piston entama son va et vient régulier, synonyme de déplacement vers un champs adjacent, à l'écart du conflit et des tirs d'obus.

Will : Y'a pas à dire … Bien que j'ai déjà voyagé avec vous et Jack, ça fait toujours son petit effet.
Ten : Ouais… Je sais, je me laisse parfois avoir aussi. Bon, c'est pas tout ça mais il faut que je trouve comment vous déconnecter de la faille.
Will : Comment ça ?
Ten : Vous êtes en sécurité à bord du Tardis. J'ai bloqué les signaux, vous ne pouvez pas vous « évanouir ». Mais si vous le quittez, le cercle vicieux recommencera. Et franchement, c'est pas que je ne veux pas voyager avec vous… Mais qui dit voyager avec vous implique forcément voyager avec Jack et … C'est pas que je ne le souhaite pas, mais…
Will : Je comprends parfaitement ce que vous voulez dire... Il peut-être parfois…
Ten : Collant ?

Will regarda le Docteur et tous deux éclatèrent de rire en même temps. Will avait souvent été jaloux de cet homme, mais maintenant et surtout depuis leur dernière rencontre, celle qui avait changé sa vie à jamais, il lui vouait un respect des plus profonds.

Ten : Bon, allons-y, je vous ramènes à votre cher capitaine … nous disons donc … direction ???

Il se tourna vers Will avec un regard interrogateur.

Will : Cardiff, 22 novembre 2093.
Ten : 2093… Effectivement, ça fait un bail…

Dans le Hub, seulement quelques secondes s'étaient écoulées depuis que Jack avait compris l'origine du second pique. Sur l'écran, les deux courbes étaient maintenant indissociables et progressaient au même rythme. Un nouveau pique apparut à la grande surprise de Simon.

Simon : mais, c'est impossible, il ne s'est pas écoulé plus de 15 minutes depuis le dernier.

Au même moment un courant d'air fit virevolter les cheveux de Jack, lui donnant des frissons dans tout le corps. Un large sourire éclaira son visage. Il se leva tellement vite que la chaise tomba au sol obligeant ses deux équipiers à s'écarter afin d'éviter de se la prendre sur les pieds.

Eirwen : Jack ??
Simon : Où vas-tu ?

Mais leur capitaine ne répondit pas. Il sauta sur la plateforme élévatrice et enclencha le bouton de son bracelet. Elle s'éleva lentement et le plafond du Hub se souleva faisant disparaître la silhouette de Jack dans le contre jour.

Simon et Eirwen restèrent bouche bée devant la soudaine disparition de leur boss. D'un commun accord silencieux, ils partirent vers les escaliers afin d'essayer de comprendre ce qui avait fait réagir Jack de cette façon.

Jack, quant à lui, était déjà arrivé à la surface, près de l'ancienne entrée des tribunes présidentielles. Il regardait à droite et à gauche, derrière lui, devant et ainsi de suite jusqu'à ce qu'il aperçoive enfin l'objet de sa recherche. Elle était là, à côté du guichet des entrées. Jack fouilla dans sa poche et s'avança vers la porte de la police box. Il inséra la clé qu'il venait d'attraper et ouvrit la porte qui heurta la rampe d'accès intérieure.

Ten : Oi ! C'est pas un camion ! Un peu de douceur !

Jack ne releva même pas et se rua sur le second passager du Tardis. Il le prit dans ses bras et l'embrassa tendrement, longtemps...

Ten : Hum…
Jack : ça va ?
Will : Oui, je vais bien, ne t'inquiètes pas, le Docteur m'a récupéré de justesse.

Jack se retourna enfin vers Ten qui attendait patiemment qu'il ait fini ses retrouvailles. Il se déplaça vers lui et ignorant la main tendue du Docteur, il lui attrapa le visage et l'embrassa sur la bouche.

Ten : Oi !
Jack : Merci Doc !
Ten : Je me serais contenté du merci.
Jack : Oui, je sais, mais j'attendais depuis longtemps le moment propice pour t'embrasser !
Ten : Si je me souviens bien, tu l'as déjà fait!
Jack : Mais tu es plus craquant sous cette apparence !

Il s'éloigna, lui envoyant un clin d'œil au passage et s'en retourna vers Will.

« Hey oh Captain Jack, bring me back to the railroad track … »

Ten : C'est quoi ce bruit ?
Will : ça , c'est sa sonnerie de portable…
Ten : Vous plaisantez ????
Will : Malheureusement pas …

Jack s'empara de son téléphone. Il resta quelques secondes à discuter et demanda brusquement .

Jack : Eirwen et Simon sont dehors… Ils me cherchent. Je peux les faire entrer ?
Ten : Eirwen et Simon ?
Jack : Mes coéquipiers.
Ten : Ne me dis pas que tu as reformé Torchwood ?
Jack : Si. Pourquoi ?
Ten : ça t'as pas suffit la dernière fois ?
Jack : ça va ! Viens pas me faire la morale… Qui était absent alors qu'il aurait pu tout arranger ?
Ten : Tu sais bien que je ne pouvais pas venir, je te l'ai expliqué !
Jack : Mouais…
Will : Les gars… Je crois qu'ils sont toujours au téléphone !
Jack : Alors ? Doc ?
Ten : Ok… fais les venir ^^

Jack se dirigea vers la porte, sortit la tête et appela ses collègues.

Jack : Eirwen, Simon ! par Ici !

Ils s'approchèrent, curieux, de ce qui semblait être une ancienne cabine de police datant du siècle précédent. Eirwen en avait vu une dans un musée à Londres lorsqu'elle avait une dizaine d'années. Mais que pouvait bien faire Jack à l'intérieur d'une si minuscule cabine.

Ils arrivèrent devant la porte et Jack se recula pour les laisser passer. A peine Eirwen l'eut-elle franchie qu'elle stoppa net.

Eirwen : c'est impossible…

Simon, qui était toujours à l'extérieur, demanda.

Simon : Quoi ... Qu'est-ce que tu vois ?
Eirwen : Viens… Regarde par toi même… c'est … c'est ...
Simon : Oh Mon Dieu.. c'est …
Eirwen & Simon : C'est plus grand à l'intérieur !

Jack éclata de rire tandis que Ten souriait, adossé à la console attendant que Jack fasse les présentations. Il ne se lassait pas d'observer les réactions des uns et des autres à la vue de la salle corail.

Jack : Doc, je te présente Eirwen Lloyd, je pense que tu devines qui c'est …
Ten : Oh oui… Tout le portrait de Gwen…
Jack : Et pas que physiquement ! Et voici Simon Duval.
Ten (en français) : « Enchanté »
Simon (en français) : « le plaisir est pour moi Docteur … ? «
Ten : Oh … Juste Docteur ... C'est mon nom !

A peine eut-il fini de se présenter qu'Eirwen aperçu Will et se jeta sur lui, l'enlaçant de toutes se forces.

Eirwen : Will !

Le Docteur regarda Jack d'un air étonné, mais le capitaine lui fit comprendre par un simple regard que ce n'était ni le lieu ni le moment.