Disclaimer : Les personnages appartiennent à JK Rowling, mais les situations dans lesquelles ils se retrouvent sont de moi.

Je commence avec appréhension ma première fiction à chapitres. J'espère que ça vous plaira. N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, c'est primordial pour la progression de l'histoire

Note : Dans cette fanfiction, il y aura des passages entiers qui seront similaires. C'est normal. Tout va bien, ce n'est pas un bug.

Je vous souhaite une très bonne lecture.

Draco Malfoy frissonna. Il murmura quelques injures alors qu'il frottait ses mains l'une contre l'autre. Le vent était glacial, et Draco avait oublié ses gants sur la table basse du salon. Il pesta de nouveau et jeta un coup d'œil à sa montre, avant de se hisser sur la pointe des pieds pour analyser l'évolution de la file d'attente qui s'étendait devant lui. "À vue de nez, on en a encore pour trois bonnes heures" marmonna-t-il entre ses dents. Dans ces moments-là, Draco se haïssait d'avoir un jour accepté la cigarette que lui avait tendu Blaise, son meilleur ami, avec un sourire narquois. Il n'aurait pas dû se laisser impressionner par son air de défi. Finalement, à cause de ce crétin, il se retrouvait un dimanche midi à faire la queue devant le seul bureau de tabac ouvert à des kilomètres à la ronde alors qu'il devrait déjà être en route pour aller déjeuner avec sa mère à l'autre bout de la ville. Il soupira. Belle journée en perspective.

La file avançait avec une lenteur horrifiante. Draco fut persuadé qu'il pouvait s'endormir en plein milieu de la place. Il se balançait d'un pied sur l'autre pour éviter que ses orteils ne gèlent. Le jeune homme juste devant lui - un beau brun à lunettes - se retourna, afficha un rictus amusé puis se reconcentra sur la file d'attente. Pendant un court instant, Draco envisagea la possibilité de doubler tout le monde avec pour prétexte une urgence vraiment, vraiment urgente, mais il se ravisa. Draco Malfoy était un homme bien élevé. Il avait des principes et des valeurs. Il n'allait pas perdre sa dignité pour un paquet de cigarettes.

Le ciel était gris et menaçant. La neige avait cessé de tomber le matin même, mais les nuages sombres ne s'étaient pas dissipés.

Il fallut à Draco une vingtaine de minutes pour arriver jusqu'au comptoir. Une femme d'une cinquantaine d'années, petite et trapue, avec un horrible nœud rose dans les cheveux - Dolores, d'après l'étiquette qui pendouillait mollement sur son pull tout aussi rose - lui tendit son paquet de News d'un geste machinal et, de mauvaise humeur, brilla un "suivant" d'une voix nasillarde. Draco se hâta de sortir du magasin, ouvrit son paquet avec habileté et cala une cigarette à la commissure de ses lèvres. La première bouffée fut comme un orgasme. Il sentait la fumée lui brûler la gorge et putain, c'était tellement jouissif. Il resta immobile une minute, indifférent aux passants et au froid. Il savourait. Il n'était pas le seul. À ses côtés, quelques personnes avaient pris la décision d'entamer leur paquet tout neuf et de céder au péché de la nicotine goût cancer.

Il aperçut au loin le beau brun qui l'avait précédé et dont la cigarette, paresseuse, se consumait avec lenteur. Il était adossé à un mur de pierre et avait le regard dans le vague. Draco l'observa un instant. Il le trouva attirant. Il secoua la tête, gêné. Il eut envie de lui demander son nom mais en voyant l'heure qui tournait - merde, je suis à la bourre - il se dirigea d'un pas vif vers sa voiture garée juste à côté, sur le parking de la place.

Il détestait être en retard chez sa mère, et elle détestait quand il était en retard. Il ne voulait surtout pas la décevoir. Pas avec l'importance qu'il lui accordait dans sa vie. Distrait, il songea à quel point son départ de la maison familiale avait été un déchirement, autant pour sa mère que pour lui. Ils comblaient le manque par des visites régulières qui s'étaient comme imposées d'elles même, sans la moindre concertation. Draco avait besoin de voir sa mère. Il était en revanche moins proche de son père. À la suite d'une violente dispute concernant l'avenir de l'adolescent survenue le jour de son dix-neuvième anniversaire, les deux hommes ne s'adressaient plus la parole. Cette simple pensée lui laissait un goût amer. La stabilité que sa famille lui avait auparavant procuré lui manquait de manière viscérale. Il enviait Blaise et ses parents parfaits, avec leur boulot parfait et leur maison parfaite. Il sentit la honte le submerger. Il secoua la tête. Il ne voulait pas penser à ça. Il adorait son meilleur ami, mais c'était parfois plus fort que lui.

Frigorifié, il prit place dans sa vieille Vauxhall rouge. Il poussa un gémissement de bonheur lorsqu'il mit le contact et enclencha le chauffage. La voiture crachota un peu, mais elle se décida à démarrer, dans un grondement sourd et étouffé. Une chanson des Red Hot Chili Peppers jaillit des hauts parleurs. Satisfait, il chantonna, sortit son téléphone portable et envoya un message à sa mère pour la prévenir de son retard, avant de le poser sur ses genoux et de passer la première. Il s'alluma une deuxième cigarette alors qu'il quittait le parking.

C'est à ce moment-là qu'il se mit à pleuvoir. La visibilité déjà quasi nulle se réduisit davantage. Draco alluma ses phares. Il distinguait à peine la route, et il dût piler pour ne pas griller un stop. Il tira une bouffée de sa cigarette, jeta un coup d'oeil à droite puis à gauche. Il allait s'engager quand son téléphone vibra. Il décrocha, mit le haut-parleur et démarra en trombe.

"Blaise! Je pensais justement à…"

Le vacarme fut assourdissant. La voiture qui arrivait à toute allure sur sa gauche le percuta de plein fouet. Son crâne heurta la vitre, violemment, avec une force inouïe, et se brisa en une multitude de fragments. Il n'entendait plus rien, ne voyait plus rien, alors que sa vieille Vauxhall rouge était propulsée à plusieurs dizaines de mètres sur la chaussée humide. Une douleur insupportable irradia son corps blessé et meurtri. Il distinguait vaguement quelques cris, puis une explosion. Pendant un court instant, il sentit un liquide chaud et épais dégouliner le long de son visage et sur son torse. Il voulait hurler, mais aucun son ne sortait de sa bouche. Sa mâchoire fracturée l'empêchait d'émettre le moindre son.

Il souffrit le martyr pendant douze longues minutes. Au terme de ces douze longues minutes, son cœur cessa de battre.

Et voilà pour le prologue,

A la prochaine,

CSalander.