Si vous êtes ici, c'est que vous vous apprêtez sans doute à lire ce prologue. Auquel cas, je vous remercie d'avance et espère sincèrement que vous apprécierez, et que vous aurez envie de lire la suite.

C'est ma toute première "vraie" fic à proprement parler, donc n'hésitez surtout pas à laisser des reviews et à "triquiter" comme bon vous semble.

Bonne lecture. :)

Disclaimer : Tout appartient à J.K. Rowling, je ne fais qu'humblement profiter de son génie.


Prologue

La semaine d'examens arrivait à son terme, annonçant la fin prochaine de l'année scolaire. Les élèves, toutes maisons confondues, étaient pour la plupart dans un état de fébrilité extrême alors que les professeurs n'avaient de cesse de leur rappeler l'importance capitale de ces examens pour leur passage dans la classe supérieure l'année suivante. Notamment si lesdits examens avaient pour petits noms « BUSE » et « ASPIC ». James Potter était de ceux-là.

Gryffondor de cinquième année, poursuiveur émérite dans l'équipe de Quidditch des rouges et ors, et réputé à travers toute l'école pour ses blagues – de mauvais goût – à répétition et le nombre de points qu'il faisait ainsi perdre aux lions, James passait actuellement ses BUSE. Ceci étant, cela ne semblait pas le perturber outre-mesure. Albus Potter n'était pas du même avis.

Ce dernier était d'un an le cadet de James, et appartenait également à la maison Gryffondor. La ressemblance physique entre les deux garçons était frappante, et il était impossible pour quiconque les ayant vus côte à côte d'affirmer qu'ils n'avaient aucun lien de parenté : minces, le visage fin, les cheveux noirs de jais indomptables et en conséquence, ébouriffés en permanence. Un observateur externe n'aurait pu qu'affirmer qu'Albus et son frère étaient physiquement semblables, hormis en ce qui concernait leurs yeux. Alors que James possédait des yeux marron identiques à ceux de feu son grand-père homonyme, Albus avait hérité des yeux en amande d'un vert saisissant de sa grand-mère, tout comme son père, le fameux Harry Potter.

Mais la ressemblance entre les deux frères s'arrêtait à leur apparence, tant leur caractère respectif était aux antipodes. James était un véritable farceur, qui pensait plus à faire des blagues qu'à travailler sérieusement. Il était un jeune sorcier doué, bien sûr, et ses notes étaient très bonnes, mais il était loin de considérer le travail comme une priorité. Il avait décidé très tôt, avant même son entrée à Poudlard, qu'il y prendrait la relève des Maraudeurs. Et il fallait avouer que le fait qu'il ait pour oncle un certain George Weasley n'y était peut-être pas non plus étranger ! Toujours est-il qu'il semblait s'être fixé l'objectif de violer le plus d'articles du règlement de l'école possible sans se faire renvoyer…

Albus, au contraire, était d'une nature calme et exagérément studieuse. Il préférait de loin le travail aux farces, et prenait ses études très au sérieux. Et en conséquence, ses résultats étaient excellents, et ce dans toutes les matières. Albus était d'ailleurs, avec Rose Weasley, sa cousine, le meilleur élève de son année. Pour le taquiner, son frère répétait souvent qu'il avait passé trop de temps à fréquenter leur tante, Hermione Weasley anciennement Granger, qui restait aujourd'hui encore connue via les annales de l'école comme l'une des meilleures élèves que Poudlard ait jamais eu en son sein.

Cependant, le premier trait de caractère qui les différenciait était le suivant : James se faisait systématiquement remarquer ; Albus, lui, était toujours discret et passait aisément inaperçu. En toutes circonstances. Ou presque. Ce n'était pas le cas quand il se disputait avec son frère, par exemple. Par les temps qui courraient, les raisons étaient souvent les mêmes : James embêtait Albus qui révisait justement parce qu'il travaillait, et Albus, piqué au vif, rétorquait que James devrait travailler un peu plus s'il souhaitait obtenir ne serait-ce qu'une BUSE.

Bien entendu, James savait pertinemment comment son frère réagirait s'il l'attaquait sur le travail, et cela l'amusait beaucoup de voir Albus s'énerver à cause d'une chose qu'il ne prenait pas au sérieux. Il allait de soi qu'Albus ignorait complètement que James provoquait sciemment ces disputes… ce qui ne faisait que le rendre plus hilare. Les affrontements entre les frères Potter se faisaient de plus en plus nombreux dans la salle commune de Gryffondor, et les rouges et ors découvraient à cette occasion une facette cachée de la personnalité du très calme – voire imperturbable – Albus Severus Potter. Et James se targuait d'être la seule personne dans tout Poudlard qui soit capable de le faire sortir de ses gonds.

Albus avait commencé à saisir le manège de son frère, raison pour laquelle il l'évitait autant qu'il le pouvait ces derniers temps. Il avait besoin de calme pour réviser ses dernières épreuves. Et les mots « James » et « calme » placés côte à côte constituaient un formidable – mais ô combien agaçant – oxymore. Raison pour laquelle il travaillait désormais quasiment exclusivement dans la bibliothèque. Qui était, à son plus grand dam, fermée depuis la matin-même, Madame Pince, l'austère bibliothécaire, ayant subitement décidé de faire son inventaire. Comment pouvait-on décider de fermer la bibliothèque, le plus important lieu de savoir accessible de tous les élèves, en pleine période d'examens ? C'était tout bonnement inadmissible !

Le timide Gryffondor avait même sérieusement envisagé à plusieurs reprises d'aller voir le Professeur McGonagall – directrice du collège – pour lui exprimer son indignation. Chose qu'il aurait sans nul doute faite si Rose ne l'en avait pas systématiquement empêché, arguant que la bibliothèque serait sans doute rouverte le lendemain, ou le surlendemain, dans le pire des cas. Après tout, elle ne fermait que très rarement, et lorsque cela arrivait, elle rouvrait très vite ses portes. Albus avait dû se ranger à ses arguments.

C'est donc grandement dépité et passablement déprimé qu'il se coucha le soir, sans avoir pu suffisamment potasser son Livre des sorts et enchantements, niveau 4 à son goût. Son cœur était cependant gonflé d'espoir lorsqu'il se leva le lendemain, persuadé que la journée à venir ne pouvait pas être pire que la précédente, et bien décidé à profiter du temps libre qu'il aurait avant son épreuve de sortilèges pour réviser à la bibliothèque – qui se devait de rouvrir aujourd'hui – dans le calme le plus complet.

Accompagné de Rose, il se rendit à la Grande Salle pour le petit déjeuner et vit avec satisfaction, après avoir jeté un coup d'œil au plafond enchanté, que le temps s'annonçait mauvais. Il balaya la table des Gryffondors des yeux à la recherche de son frère, et une fois que son regard eut accroché celui de son aîné, il lui adressa un sourire narquois : il savait pertinemment que James avait prévu d'aller voler sur le terrain de Quidditch avant de terminer ses BUSE. La saison de Quidditch était achevée depuis plusieurs semaines. Par conséquent, il était persuadé que James n'irait pas courir le risque d'attraper une pneumonie si ce n'était pas pour remporter la coupe de Quidditch.

James lui lança un regard noir en réponse, ce qui ne fit qu'accentuer le sourire d'Albus : ce n'était que justice, si l'on considérait le nombre d'heures de révisions que James lui avait fait perdre. Il salua chaleureusement Sir Nicholas, le fantôme de Gryffondor, puis Rose et lui allèrent s'asseoir à côté de Lily et Hugo, respectivement sœur de James et d'Albus et frère de Rose, tous deux en deuxième année à Gryffondor également. Albus le pressentait, le 24 juin 2021 serait une bonne journée : il allait pouvoir s'assurer de sa réussite à l'examen de sortilèges et de Défense contre les Forces du Mal grâce à la bibliothèque, passer avec brio lesdits examens, et pour couronner le tout, son frère allait être privé de l'un de ses passe-temps favoris.

Il fut cependant quelque peu étonné de voir une chouette se poser devant lui en laissant tomber une lettre dans son assiette lorsque vint l'heure du courrier. Il fronça légèrement les sourcils : il n'attendait pas de courrier, et avait expressément informé ses parents qu'il ne souhaitait pas être distrait pendant les examens. Sa surprise augmenta lorsqu'il reconnut, justement, l'écriture de son père sur le parchemin.

« Cher Albus,

Comment vas-tu ? Les examens se passent-ils bien ?

Je sais que tu vas te demander pour quelle raison nous t'écrivons alors que tu nous avais demandé de ne pas le faire. En fait, Lily nous a informé des… disons « désaccords » qui vous opposeraient ces temps-ci ton frère et toi. D'après elle, la moitié de la tour de Gryffondor traînerait dans la salle commune dans le seul but de vous voir vous disputer, James et toi.

Nous nous doutons bien que ton frère a dû te provoquer pour que tu réagisses de la sorte, mais de vous deux, n'es-tu pas le plus mature ? Ne réponds pas à ses provocations, tu le connais, il finira par se lasser s'il n'obtient aucune réaction de ta part. Nous comprenons que tu aies la réussite de tes examens très à cœur, mais ne donne pas à James la satisfaction de lui répondre, c'est tout ce qu'il veut. Et puis il n'est pas nécessaire que les frères Potter acquièrent la réputation de chiffonnières, si ?

Je ne vais pas t'embêter plus longtemps, tu dois vouloir rattraper le temps que t'a fait perdre ton frère. Nous avons également envoyé une lettre à James, pour le réprimander. Vu le nombre de lettres que nous avons reçues cette année de la part de Neville et du Professeur McGonagall à son sujet, je crois qu'il comprendra qu'il a plutôt intérêt à arrêter tout de suite ses gamineries, vu la punition qui lui pend au nez.

Bonne chance pour ta dernière journée d'examens, on croise les doigts pour toi (même si on se doute que tu réussiras sans trop de mal). On se revoit très bientôt.

Tes parents qui t'embrassent.

P.S : Ta mère a prévu de priver James de Quidditch pour tout l'été. Si ça ne le fait pas réagir, je crois bien que nous allons voir quelques soucis. En plus, ta mère voulait le lui annoncer par Beuglante, histoire qu'il se sente bien humilié… J'ai réussi à l'en dissuader, fort heureusement. Il n'empêche que ta mère a parfois un petit penchant machiavélique qui me fait peur… Mais garde ça pour toi ! »

Albus se tourna vers Lily une fois qu'il eut terminé de lire la missive.

- Alors comme ça, tu rapportes à papa et maman nos frasques ? Et moi qui te croyais loyale, plaisanta-t-il.

- Il fallait bien que quelqu'un les avertisse, rétorqua la petite rousse alors que ses joues rosissaient légèrement. James et toi passiez votre temps à faire de véritables scènes de ménage devant tous les Gryffondors, et aucun de vous deux n'avez l'intelligence d'arrêter. Il fallait bien que quelqu'un sauve votre dignité, asséna-t-elle fièrement.

Albus jeta un regard à son frère, et vit avec satisfaction que ce dernier avait non seulement reçu la lettre, mais qu'il avait en plus sensiblement pâli. Sans doute la menace de leurs parents faisait-elle effet, pensa-t-il. Il adressa un sourire franc à sa jeune sœur avant de se tourner vers Rose, qui avait suivi l' « affaire » avec beaucoup d'intérêt et de lui demander s'il pouvait lui emprunter sa plume pour répondre à ses parents. Elle acquiesça.

« Maman, papa,

Je vais bien, merci, et je crois pouvoir dire que mes épreuves se sont jusqu'ici bien déroulées.

Merci d'avoir réagi, même si je dois reconnaître que j'aurai préféré que vous interveniez avant ou que vous ne soyez pas mis au courant du tout. J'ai un peu honte d'avoir été si prompt à la colère lorsque James me provoquait… Cela dit, rien que pour voir la tête qu'il fait actuellement, je dois remercier Lily de vous avoir mis au courant !

Bien entendu que je souhaite rattraper mes heures perdues, et ce avant qu'il ne soit trop tard ! Figurez-vous que j'avais fini par étudier exclusivement à la bibliothèque pour que James ne m'y embête pas – vous savez à quel point il y est allergique – mais elle était malheureusement fermée hier. J'espère qu'elle aura rouvert aujourd'hui, sinon, Rose aura beau tenter de mon empêcher, je crois que j'irai faire un scandale dans le bureau du Professeur McGonagall !

Il faut que j'aille travailler, la bibliothèque m'appelle à cors et à cris. A bientôt, je vous embrasse très fort.

Al

P.S : Tu aurais dû laisser maman envoyer la Beuglante, ça aurait été hilarant. … Quoique, réflexion faite, tu as bien fait de l'en empêcher : je me serais étouffé avec mon verre de jus de citrouille tant ça m'aurait fait rire… et j'aurais perdu du temps pour mes révisions ! »

Il mit le point d'exclamation final à sa lettre, et la tendit à la chouette qui avait docilement attendu sa réponse. Il s'empressa de finir de déjeuner alors que l'oiseau prenait son envol, et quitta la table, le sourire aux lèvres, en annonçant à Rose qu'il se rendait à la bibliothèque.

- Je t'y rejoins tout à l'heure, lui répondit sa cousine.

Il hocha la tête, puis quitta la bruyante Grande Salle pour le havre de paix et de savoir qu'était la bibliothèque. Sauf que ledit havre était fermé. Encore. Autant dire que le sourire d'Albus se fana immédiatement. Il regarda instinctivement sa montre. Huit heures et deux minutes. Non, il n'était pas en avance. La bibliothèque devrait être ouverte !

Les cours commençaient à huit heures, la bibliothèque aurait donc dû être ouverte en conséquence. Son sang ne fit qu'un tour. Il fit brusquement demi-tour, bien décidé cette fois-ci à exprimer toute son indignation à la directrice de l'école dans une longue mais ô combien véhémente plaidoirie. Il commença à préparer mentalement son discours alors qu'il montait peu à peu les étages, bien décidé à lui dire à quel point il était outré qu'une école aussi prestigieuse que Poudlard voit sa bibliothèque fermée, en période d'examens qui plus était ! Le professeur McGonagall n'aurait pas le choix : inventaire ou pas, la bibliothèque rouvrirait ses portes.

Ce ne fut que lorsqu'il atteignit le cinquième étage qu'il se rendit compte de l'énorme faille de son plan, en apparence infaillible. Il ignorait où se trouvait le bureau de McGonagall. Il stoppa net sa progression. Après quatre années passées dans cette école, il ne savait pas où était le bureau de la directrice… Il fallait dire qu'il n'avait jamais eu non plus l'occasion d'y aller : il avait toujours été un élève sage et respectueux du règlement. Pour quelle raison saugrenue s'y serait-il rendu ? Ahuri devant sa propre ignorance des lieux, il se retourna, espérant peut-être qu'un élève ou un fantôme se trouvant aux alentours pourrait le renseigner.

Mais il n'y avait personne. Bien sûr. Vu l'heure, la plupart des élèves devaient être en cours. Quant aux fantômes, ils étaient trop imprévisibles pour que l'on puisse savoir de manière certaine où ils se trouvaient. Au comble de l'énervement, il décida de rentrer à la salle commune. Il y trouverait forcément quelqu'un qui saurait lui dire où se trouvait ce fichu bureau directorial ! Il reprit donc son ascension des escaliers, maugréant contre la bibliothécaire qui avait eu la brillante de fermer l'un des lieux les plus sollicités du collège, en pleine période d'examens, de surcroît.

Arrivé au septième étage, mû par un doute, il s'arrêta brusquement devant la tapisserie de Barnabas le Follet, qui représentait ce dernier en train de tenter vainement d'apprendre la dance classique à des trolls. Albus hésitait. Est-ce que rejoindre la salle commune était une si bonne idée que ça ? Après tout, il risquait d'y croiser son frère qui, à défaut de le provoquer (merci aux parents), refuserait sans nul doute de lui répondre, dans l'unique but de se venger de lui. Il fallait absolument qu'il travaille… et en allant dans la salle commune, la probabilité qu'il n'obtienne pas sa réponse d'une part et qu'il ne puisse pas travailler d'autre part était grande. Il valait mieux qu'il redescende et essaie de retrouver Rose qui, ne le voyant pas devant la bibliothèque, avait dû décider de se rendre à la salle commune dans l'espoir de le retrouver.

Il se retourna et commença à faire marche arrière. Il fallait absolument qu'il travaille. Puis il stoppa, fronçant ses sourcils. Il y avait peu de chances qu'il croise Rose en redescendant. Si elle avait décidé de rejoindre la salle commune des Gryffondors, elle avait sans doute emprunté des passages secrets qui lui auraient permis d'arriver à destination avant lui… Auquel cas c'est là qu'il lui fallait aller pour la retrouver. De nouveau, il se retourna et amorça quelques pas en avant.

Il fallait vraiment qu'il travaille. Pour la troisième fois, il s'arrêta. Rose le connaissait. Elle savait qu'il n'irait dans la salle commune que s'il y était contraint car elle savait qu'il voulait travailler. Il serait sans doute plus judicieux de la chercher quelque part dans le château plutôt que dans la tour des Gryffondors. Peut-être était-elle-même restée devant la bibliothèque, l'attendant. Bon, franchement, connaissant la patience absolument pas légendaire de Rose, il en doutait. Elle serait plutôt du style à venir le chercher elle-même par la peau des fesses en lui reprochant de ne pas l'avoir attendue.

Albus hésitait réellement sur la direction à prendre. Plus que tout, il souhaitait travailler calmement. S'il allait dans la salle commune, il était certain que l'atmosphère qui y régnerait ne serait pas propice au travail, mais il y trouverait peut-être Rose. D'un autre côté, en allant dans la direction opposée, il était assuré de trouver un endroit tranquille, mais avait moins de chance de tomber sur Rose. Il aurait tellement besoin de temps supplémentaire, là, maintenant… Alors qu'il était en plein dilemme, plongé dans ses pensées, un clic le fit sursauter.

Il se retourna vivement, et c'est là qu'il la vit. La porte. Qui était apparue sur le mur en face de la ridicule tapisserie. Il était pourtant sûr que ledit mur était vierge à son arrivée. Il n'y avait même jamais eu de porte à cet endroit. Il balaya du regard le couloir, mais il était définitivement le seul présent.

Intrigué, il s'approcha lentement de la massive porte de bois et tout doucement, la poussa. Ce qu'il y découvrit le stupéfia. Il y avait devant lui une pièce immense, à l'intérieur de laquelle se trouvait bon nombre d'étagères remplie de centaines de livres. Fasciné, il dépassa le seuil d'entrée de la pièce et s'approcha des étagères. Le bruit de la porte qui se refermait derrière lui lui sembla profondément lointain. Il regarda plus attentivement le titre des ouvrages en rayons : Pratique des sortilèges avancés, Forces du Mal : notions élémentaires et comment s'en défendre, Maîtrise des sortilèges et enchantements élémentaires, La Défense contre les Forces du Mal pour les nuls

Il s'attarda ensuite sur ce qui se trouvait dans le fond de la pièce. Coussins, mannequins, Scrutoscopes, Capteurs de Dissimulation… Il y avait même ce qui lui apparut comme étant des Glaces à l'Ennemi. Tout ici semblait n'être là que pour lui permettre de réviser ses examens, tant la théorie que la pratique. Un sourire béat étira ses lèvres. Cette pièce contenait exactement tout ce dont il avait besoin !

La surprise et l'émerveillement qu'avait causés sa découverte lui avait complètement ôté de l'esprit l'incident de la bibliothèque. Il ne pensait plus à faire un scandale dans le bureau du Professeur McGonagall, il ne pensait plus à son frère qui se serait sans doute raillé de lui s'il avait atteint la salle commune… Il avait même oublié que Rose devait être quelque part, à l'attendre ou le chercher. Sa soif d'apprendre était telle qu'il ne pensait plus qu'à ce qu'il voyait, et la chance inouïe que cela lui offrait.

Il ignorait tout de la salle qu'il venait de découvrir, bien entendu, mais il s'en moquait. Il était tout bonnement captivé par ce qu'il voyait. Albus attrapa vivement un livre sur les sortilèges et se laissa tomber sur un coussin alors qu'il se plongeait dans sa lecture…

Alors qu'il terminait un chapitre consacré au charme du Bouclier, le Gryffondor sursauta brusquement. Il était si absorbé par sa lecture… Combien de temps avait-il passé à lire dans cette salle ? Il porta instinctivement un regard à sa montre, et s'aperçut qu'il ne s'était écoulé que trois heures depuis qu'il avait quitté la bibliothèque. Il poussa un imperceptible soupir de soulagement : son premier examen – celui de sortilèges – ne débutait qu'à quatorze heures. Il ne s'était pas encore mis en retard. Il jeta un regard envieux aux centaines d'autres ouvrages qu'il n'avait pas encore pu découvrir, et décida à contrecœur de s'entraîner à la pratique. Si seulement il avait eu plus de temps à sa disposition, il aurait pu lire davantage… Il aurait alors été certain de réussir ses épreuves avec brio…

Râlant intérieurement contre ces précieuses heures supplémentaires qu'il aurait tant souhaité obtenir, il se leva et sortit sa baguette de l'une de ses poches. Il exécuta ainsi bon nombre de sortilèges et maléfices, et fut satisfait de voir qu'il les maîtrisait tous à la perfection. Puis Albus se concentra sur les Scrutoscopes, Capteurs de Dissimulation… Il savait pertinemment qu'il n'avait pas un réel besoin de les connaître, puisque son professeur de Défense contre les Forces du Mal ne les leur avait jamais fait étudier. Il préférait néanmoins être au courant de leur existence et de leur mode de fonctionnement : savait-on jamais, ces informations pourraient lui être fort utiles lors d'une épreuve écrite.

Il examina d'abord un Scrutoscope sous toutes ses coutures. L'objet ressemblait à une petite toupie en verre, et était supposé s'allumer lorsque quelqu'un en qui on ne pouvait pas avoir confiance se trouvait dans les parages. Ce qui n'était visiblement pas le cas présentement. Il ne s'attarda cependant pas sur les Capteurs de Dissimulation : son père, en tant que chef du bureau des Aurors, en possédait plusieurs et il en avait ramené un à la maison il y a quelques temps.

Il s'intéressa donc aux Glaces à l'Ennemi. Il n'en avait jamais vu auparavant, seulement entendu parler. Les Glaces à l'Ennemi étaient en apparence de simples miroirs. Cependant, si ses souvenirs du chapitre 4 de Détecter les Forces du Mal d'Edward Franchon étaient bons, elles permettaient à leur détenteur non pas de voir leur reflet, mais de voir les ombres de leurs ennemis ; plus lesdites ombres étaient nettes, et plus lesdits ennemis étaient proches.

Albus s'étonna de voir qu'il existait visiblement différents types de Glace à l'Ennemi. En effet, dans ses livres, les Glaces à l'Ennemi étaient toujours représentées comme des miroirs tout ce qu'il y a de plus banal, sans aucune enjolivure. Or, sur les deux Glaces qui se trouvaient dans la salle, une seule correspondait à cette description. La seconde, quant à elle, était encadrée par ce qui semblait être de l'or. La disparité n'était pas si grande que ça, certes, puisqu'elle rendait simplement cette Glace-ci plus belle, esthétiquement parlant, mais elle laissa le jeune garçon quelque peu perplexe.

Ceci étant, la différence s'arrêtait-elle à l'apparence des deux objets ? Ou bien en existait-il une également au niveau de leur fonctionnement ? Décidé à éclaircir ce pseudo-mystère, Albus se plaça devant la première Glace à l'Ennemi, celle qui correspondait à l'idée qu'il s'en était toujours fait. Le miroir ne lui renvoya aucune image. Ni son propre reflet, ni aucune ombre menaçante. Il se décala pour faire face à la seconde. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il s'aperçut que celle-ci lui renvoyait bel et bien une image ! Il plissa les yeux, essayant de déterminer ce qu'elle représentait.

N'y parvenant pas, il s'avança, encore et encore, jusqu'à réussir à distinguer ce qu'il voyait. Il avait en réalité devant lui son propre reflet. Mais son image était floue, brouillée, comme s'il s'était trouvé au-dessus d'un lac qui l'aurait reflété et qu'il avait laissé tomber une énorme pierre dans l'eau, les remous en brisant l'aspect lisse. Avant même d'avoir pu réfléchi à ce qu'il était en train de faire, Albus amorça rapidement un geste pour poser sa main sur le miroir, son double indistinct l'imitant.

Mais au lieu de rencontrer la surface de verre, sa main la traversa. Déséquilibré, son corps entier passa au travers du supposé miroir. Le Gryffondor ne put retenir un petit cri, alors qu'il avait l'impression de passer sous une chute d'eau glacée, exactement comme lorsqu'on passait malencontreusement au travers d'un des fantômes de l'école.

Hébété, il s'écarta promptement de l'étrange objet, et le fixa suspicieusement pendant quelques secondes, se demandant ce qu'il s'était passé.

- Ca, c'est pas normal… ne put-il s'empêcher de murmurer.

Il frissonna. Il était on ne peut plus sec, et pourtant, il avait l'impression que son passage à travers le miroir l'avait réellement trempé.

Il avait froid. C'est au moment où il se faisait la réflexion qu'il vaudrait peut-être mieux pour lui quitter cette salle qu'elle le saisit. La douleur.

Elle s'insinua subitement en lui. Il lui sembla alors que des millions, non, des milliards de minuscules aiguilles transperçaient de toutes parts sa chair. Sa souffrance augmentait peu à peu, et une idée fixe accapara son esprit : sortir de cette salle. Le plus vite possible.

Il n'attendit pas plus longtemps pour courir vers la sortie. Mais ses muscles étaient endoloris, le tiraillaient terriblement. Chaque mouvement lui coûtait, ralentissant sa progression. Lorsqu'il atteint finalement l'immense porte de bois, sa vision commençait à se troubler et des taches noires dansaient devant ses yeux.

Il déboula dans le couloir du septième étage, juste en face de la tapisserie de Barnabas le Follet, et s'arrêta un instant pour respirer profondément, espérant que la douleur cesse en même temps qu'il quittait la pièce. Ce ne fut pas le cas. Et lorsqu'il s'en rendit compte, il fut saisi par la plus grande panique qu'il ait jamais connue.

Son cerveau paralysé par la souffrance tentait de trouver une échappatoire viable à son état. L'infirmerie ? Trop loin. Appeler à l'aide ? Il était seul dans ce couloir. Et il ignorait de toute façon si un son aurait pu sortir de sa gorge. Il ne lui restait pour seule solution qu'à parvenir jusqu'à la salle commune des Gryffondors. Il y trouverait forcément quelqu'un qui pourrait l'aider.

Il tenta de s'élancer vers la tour Gryffondor, mais la douleur était bien trop forte pour qu'il puisse progresser rapidement. Plaqué contre le mur, il essayait d'avancer tant bien que mal, pendant que le sol se mettait à tanguer dangereusement sous ses pieds.

Il s'écroula. La pierre, pourtant glacée, lui sembla brûlante tant il était frigorifié. Sa vision s'obscurcissait de plus en plus. Les larmes commencèrent à affluer, et il cria aussi fort qu'il le put, de désespoir et de douleur. N'y avait-il donc personne dans cette foutue école pour être là quand il avait besoin d'aide ?!

Il rampait. Ou tout au moins, essayait. Il avait l'impression que ses muscles prenaient feu à chaque fois qu'il bougeait, et pourtant, il n'avançait que de quelques centimètres à chaque mouvement.

La douleur était intenable. Il n'atteindrait jamais la salle commune, il n'en avait pas la force. Il allait mourir ici de douleur, dans ce couloir, si près de sa salle commune…

Il n'avait jamais pu qu'imaginer la douleur que l'on ressentait lorsqu'on était frappé par un sortilège Doloris. Maintenant, il savait. Elle avait désormais gagné une telle intensité que ses hurlements, pourtant effroyables, semblaient risibles face à ce qui le consumait de l'intérieur.

Il n'avait plus qu'un seul souhait : que tout s'arrête. Ici. Maintenant. Qu'il meure. Immédiatement. La mort serait sa délivrance.

Tout devint noir. Il sentit sa tête cogner contre le dur sol de pierre. Il n'y avait plus que lui et la douleur dans l'obscurité. Cette souffrance qui était en train de le tuer, bien trop lentement à son goût.

Et tout d'un coup, tout cessa. L'étau qui enserrait sa poitrine disparut, tout comme les aiguilles qui le transperçaient. L'obscurité persista, mais il put prendre une grande bouffée d'air. Il était donc encore vivant…

Il sentit que son cerveau, épuisé d'avoir tant lutté, se déconnectait et que son esprit sombrait dans l'inconscience.

Sa dernière pensée fut que Rose allait le tuer.