Le Tardis en-haut de la colline.

« Droit sur les lèvres… »

Ditzy Doo ne savait quoi penser de cette idée. Ou plutôt elle se refusait à admettre qu'elle était bonne.

« Quoi ? Je ne peux pas l'embrasser !

- Tu préfères qu'il reste changé en statue pour toujours ?

- Non, souffla la jeune pégase.

- Alors l'embrasser est la meilleure chose que tu puisses faire ! En plus, tu pourras toujours dire que c'était un gage que je t'avais donné. »

Ditzy n'était pas vraiment rassurée mais Carrot Top avait malheureusement raison : c'était bel et bien sa seule chance de ranimer le Docteur.

« S'il te plait, ne me déteste pas pour ça, murmura-t-elle à l'intention du poney inconscient. »

Elle s'avança alors vers lui à tout petits pas puis approcha ses naseaux de ceux du Seigneur du Temps elle l'embrassa le plus légèrement possible. En réalité, ce n'était pas le premier baiser qu'elle lui volait ainsi. Elle avait déjà osé une fois le faire dans le TARDIS, alors que le Docteur dormait. Une entreprise plus lâche encore que celle-ci…

Mais ni le Docteur ni Carrot Top n'avaient besoin de savoir ça !

Le baiser qu'elle donnait au poney voyageur temporel, Ditzy sentit que celui-ci le lui rendait. Il répondait à son baiser ! Incroyable. Elle n'osait y croire. Dans sa tête, tellement de pensées défilaient plus vite que le TARDIS dans le vortex du temps. En fait non une seule, en boucle : « Oh mon dieu ! »

« Je t'aime aussi, déclara le Docteur après avoir mis fin à leur baiser et rouvert ses si beaux yeux bleus. »

Ditzy Doo n'en croyait pas ses oreilles. Il l'aimait ? Vraiment ? Deux ans après leur rencontre, venait-il vraiment de faire part de ses sentiments ? Elle se sentait rêver… Si c'était un rêve, elle espérait qu'il serait éternel. Tout comme l'amour que venait de lui avouer Whooves. Ditzy se jeta, en s'envolant brièvement, dans les bras du poney seigneur du temps et le fit tomber à la renverse sous son poids…

Et elle se réveilla.

En sursaut. Quelque chose l'avait réveillé, mais quoi ?

Ditzy Doo battit des ailes pour les réveiller et s'envoler au-dessus de son lit. En quelques secondes, elle comprit qu'elle était chez elle, à Poneyville, et non pas dans le TARDIS depuis combien de temps n'avait-elle pas vu le Docteur ? Cela faisait un mois ou peut-être deux depuis qu'ils avaient échangés ce baiser dont elle venait encore une fois de rêver. Elle n'arrêtait pas d'en rêver d'ailleurs.

Il lui manquait. Ça devait être pour ça.

« Ditzy, ma chérie ? »

La voix, celle de sa mère, sortit une bonne fois pour toute la jeune pégase de ses rêveries. Whooves n'était pas là. Et Poneyville avait besoin d'elle. Sa mère en tout cas.

« J'arrive, maman ! »

En quelques sauts, Ditzy arriva dans la cuisine où sa mère préparait déjà une fournée de muffins. Ditzy l'aida à les préparer puis elle alla avec sa mère, boulangère, les livrer aux différents clients poneys de la ville.

Arrivée aux maisons les plus éloignées du centre-ville, Ditzy remarqua une envolée d'oiseaux depuis la colline la plus proche. Toujours la même. Celle où elle avait rencontré Whooves. Laissant le panier de muffins devant la porte de la dernière maison qu'elle devait visiter, Ditzy Doo déploya ses ailes et s'envola vers le sommet de la colline.

Comme elle s'y était attendue, elle y découvrit la cabine bleue de Whooves qui trônait comme un drôle de rocher rectangulaire. Seule elle à Poneyville en connaissait les secrets. Vérifiant d'abord son stock de muffins privé, elle tapa à deux reprises sur la porte en bois avec son sabot droit. Automatiquement, la porte s'ouvrit découvrant à ses yeux l'intérieur immense du vaisseau spatial et temporel qu'elle connaissait maintenant par cœur. Whooves était aux commandes, ou plutôt il se débattait avec elles une fois de plus. Deux ans après son arrivée à Equestria, il n'avait toujours pas vraiment réussi à dompter ses sabots de poneys. Ou peut-être devrait-il faire des ajustements à son TARDIS ce qu'il refusait toujours catégoriquement quand elle le lui proposait.

« Oh, miss Hooves ! S'exclama-t-il en voyant la jeune poney s'envoler vers lui.

- Oh Docteur ! Tu m'as manqué !

- Quoi ? Ça fait à peine trois jours que je suis parti. D'ailleurs j'ai bien fait de te laisser à Poneyville. Cette planète, Dorme, était d'un ennui. A s'endormir en fait. C'est même la seule chose qu'ils font les poneys là-bas ! Vraiment, c'était reposant, je suis sûr que tu as dû vivre des moments plus excitants ici, sans moi. »

Dans mes rêves seulement, songea-t-elle.

« Non, loin de là. Et pourtant ça fait un mois. Un mois, Docteur ! Tu pourrais quand même faire attention au temps. Pour un poney seigneur du temps, tu n'es pas très calé pour cette question.

- Un mois ? Oh ça va ! J'ai déjà fait pire, voyons ! »

Pas depuis qu'on est ensembles, Docteur…

« Bon n'en parlons plus ! Je suis contente de te voir et c'est vrai qu'un mois ça passe assez vite. Plus vite encore dans le TARDIS. J'ai pris des muffins. On part où cette fois ?

- Ah ah, Miss Hooves. C'est une surprise, tu verras.

- Une surprise ? Vraiment ? Demanda Ditzy Doo, surexcitée. La dernière fois, tu m'as emmenée voir cette pluie d'étoiles filantes et c'était magnifique ! »

Et je me souviens de tes yeux qui brillaient et du courage qu'il t'a fallu pour m'embrasser. Ce baiser-là, devant les étoiles de tout l'univers, celui-là aussi elle en avait rêvé durant ce long mois sans Whooves et sans TARDIS c'était le dernier baiser qu'ils avaient échangé tous les deux. Et il avait juste été parfait. A son souvenir, c'était même toute cette soirée, cette surprise qu'il avait voulu lui faire, qui avait été parfaite.

Whooves rougit à l'évocation de cette nuit magique – qui ne datait pour lui que de deux jours – et lui confirma que ce serait sûrement aussi magique.

« Tout est magique avec toi, Docteur, lui avoua Ditzy avant de frotter sa tête contre la sienne et de l'embrasser très tendrement comme elle n'avait cessé d'en rêver depuis trop longtemps. »

Une fois de plus, Whooves répondit à ce baiser qui s'intensifia de plus en plus avant que le Seigneur du Temps poney ne se rappelle ce qu'il venait de promettre à son amie. Sa petite-amie même maintenant… Quelque chose de magique. Tout était magique avec lui. C'est ce que venait de lui dire Ditzy Doo. Mais la vérité, c'était que tout était magique ici : dans ce monde de poneys complètement enchanté. Et que rien ne lui semblait plus fabuleux et invraisemblable et magnifique et incroyable, plus magique que tout le reste en somme, que sa chère compagne et les sentiments qu'elle partageait avec les siens. Son amour dont l'aveu l'avait d'abord tant choqué était devenu aujourd'hui la chose la plus importante de son univers.

Derpy Hooves. Ditzy Doo. Cette pégase aux yeux dorés… Il les contemplait encore quand elle le ramena à la réalité : les étoiles les attendaient. Whooves actionna quelques leviers supplémentaires, actionna la fermeture des portes du TARDIS depuis la console puis le TARDIS se mit à tanguer : ils s'en allaient.

« Avante ! S'écrièrent en chœur Ditzy et le Docteur. »