Titre : Black, Black Heart

Genre : fic en trois parties. Il y a du Klaine, du Furt et du Brittana. Ainsi que deux ou trois autres petites choses. Drame, humour et Romance. Et comme diraient nos amis anglophones : « angst ahead my darlings !».

Warnings et ratings : vous pouvez lire cette fic' pour le découvrir par vous-même ou bien vous rendre à l'AN2 en fin de première partie. Le rating est lié au sujet abordé.

Spoiler : toute la saison 3, essentiellement les épisodes First Time, I Kissed a Girl, Hold to sixteen et le pitoyable (si) épisode de noël.

AN1 : le titre est tiré d'une chanson interprétée par David Usher que vous pouvez écouter sur YouTube. Je ne suis pas fan de ce chanteur mais cette chansonnette mêle des passages de « Sous le dôme épais » (appelé aussi le duo des fleurs) un aria tiré de l'opéra Lakmé de Léo Delibes. Complètement déplacé (les paroles de Delibes n'ont rien à voir avec celles d'Usher) mais l'effet est vraiment sympa.

Disclaimer : Not mine !

Dédicace (j'y prends goût !) : à parodyxofxlife et à tous ceux qui aiment le Brittana autant que moi, j'aime le Klaine. Et à tout le monde : joyeuses fêtes de fin d'année !

1 – Blaine

Après avoir (pour la unième fois) rassuré Nick sur la qualité de sa prestation, Blaine se retrouva, sans trop savoir pourquoi, autour d'une table à boire un café en compagnie du tout nouveau membre des Warblers : Sebastian.

Blaine ne pouvait pas nier être troublé par Sebastian. Son assurance, son regard. Et … et un « je ne sais quoi » qui le rendait fascinant et en même temps, vaguement dangereux.

A Dalton, Blaine avait été - comme Kurt à McKinley - le seul garçon gay ayant fait son come out. Après la débâcle du bal de Sadie Hawkins, et la décision de ses parents de l'envoyer à Dalton, Blaine avait cru qu'il lui faudrait des années pour à nouveau se sentir en sécurité, se sentir à l'aise dans sa peau, ne plus douter d'avoir fait le bon choix en assumant sa sexualité. Mais rapidement, il avait été approché par d'autres garçons, toujours « in the closet », étudiants eux aussi à Dalton. Ils lui avaient demandé conseils. A lui. Blaine Anderson, le gamin maladroit et un peu trop romantique qui avait cru que la vérité protégeait de tout. Il avait d'abord été hésitant mais ces garçons étaient comme lui, seuls, rongés par le doute. Ils avaient eu besoin de lui, et d'une certaine manière, Blaine le comprenait aujourd'hui, il avait eu besoin d'eux : il s'était reconstruit autour de cette image de mentor. C'est David qui un jour lui avait dit qu'il était un peu leur Obi Wan Gaynobi.

Et puis, il y avait eu Kurt.

Kurt et ses grands yeux limpides à la couleur changeante comme le temps, Kurt si fragile et si fort.

Son Kurt.

Et depuis lors, Blaine se demandait s'il était vraiment Obi Wan dans cette histoire. Il se sentait plutôt comme Luc, tiraillé, comme s'il était deux personnes à la fois : ce Blaine sûr de lui, celui des Warblers et de Dalton et le Blaine qui attendait, la rage au cœur, un mouchoir souillé de sang entre les mains, dans la salle des urgences. D'une certaine manière, il était passé du maître à l'apprenti.

Et Kurt … Kurt était Leïa : fier, indépendant, et si courageux (et il serait très certainement adorablement sexy dans un petit ensemble en lamé or. D'autant qu'ils partageaient aussi une certaine obsession pour leur chevelure respective). Sauf que, gah : cela ferait d'eux des frères et sœurs !

Blaine qui en était là de son introspection et qui fixait son café depuis dix bonnes minutes, lâcha soudainement à l'attention de Sebastian.

- Et qu'est-ce qui te plaît dans le personnage de « Blaine Anderson » ?

Il avait, il l'espérait du moins, posé la question sur un ton détaché avec la lucidité, un peu amère, de celui qui savait que ce qui avait toujours attiré les autres garçons homosexuels chez lui, c'était cette « image » que le miroir de Dalton renvoyait. Le « reflet » de Blaine Anderson semblait avoir toujours été plus attirant que la personne qui se trouvait en face du miroir.

Sebastian lui sourit (et Blaine ne put s'empêcher de frissonner). Les mains fermement calées autour de son Latté, il lui répondit calmement.

- Son caractère … prévisible ?

Blaine leva immédiatement les yeux vers Sebastian, décontenancé par cette étrange réponse. Surtout qu'elle sonnait comme un compliment.

- J'ai toutes les vidéos de vos numéros. Je crois que j'en connais certain par cœur maintenant. Blaine Anderson, toujours superbe, le parfait gentleman, étudiant brillant le jour et crooner la nuit. Il doit y avoir … autre chose sous le charme et les paillettes. Je suis très, très curieux de découvrir cette autre facette de Blaine Anderson.

Pour une fois dans sa vie, Blaine était incapable de répondre et le silence se dilua dans les gestes de Sebastian. Il fouillait dans son sac et en sortit son Ipad, vérifia quelque chose puis le rangea. Blaine avait l'impression qu'il évoluait dans un documentaire du Commandant Cousteau. Il était dans le monde du silence. Tout autour de lui était étrangement comme sous l'eau : un prisme déformant, l'impression d'avoir les choses juste devant soi alors qu'elles sont loin, si loin.

- Je … (sa voix lui sembla rauque, comme s'il ne l'avait pas utilisée depuis des jours), je pourrais t'envoyer quelques uns de nos inédits (dès que les mots eurent quitté ses lèvres, ils les regretta. Pourquoi avait-il proposé ça ? C'était si … si … absurde !).

Blaine fut une fois encore surpris par la réponse de Sebastian.

- Non. Je ne veux pas changer le regard que j'ai sur Blaine Anderson. Du moins, pas comme ça … Je dois y aller. Entraînement de Lacrosse (1). Est-ce que nous pourrons nous revoir, tu sais, juste pour discuter, de warbler à warbler ? J'aurais bien besoin de tes conseils avisés.

- Bien sûr, bredouilla Blaine.

Blaine resta un long moment seul après le départ de Sebastian, à repenser à leur conversation. C'était curieux de savoir que quelqu'un passait du temps à penser à lui comme s'il était un « sujet » d'étude. Il y avait là quelque chose d'un peu malsain. Blaine n'était pas sûr d'aimer que l'on dissèque le moindre de ses gestes et paroles, qu'on analyse son comportement. Sebastian lui apparaissait un peu comme un entomologiste et Blaine se sentait comme le pauvre coléoptère que l'on épingle sur une toile de soie.

Il aurait du lui dire que la carrière de warbler de Blaine Anderson était derrière lui, mieux : que le Blaine Anderson de Dalton, était un sujet d'étude « épuisé » !

Mais justement, quelque chose lui disait que c'était ça qui intéressait Sebastian. Le nouveau Blaine. Et Blaine lui-même ne savait pas quoi penser de cet intérêt : il ne savait plus lui-même qui il était vraiment depuis quelque temps. Il était peut-être bien un insecte en fin de compte : la chenille devenue papillon.

Restait à savoir s'il souhaitait terminer dans les filets du docteur Smythe.

2 – Sebastian

Sebastian n'était pas mécontent d'avoir clairement établi les règles avec cette foutue petite pimbêche. Kurt l'insupportait. Sa voix, ses fringues, la manière dont il s'accrochait à Blaine. Il était tout ce que Sebastian détestait chez un homosexuel : une « folle » haute en couleur, le cliché par excellence. L'horreur absolue. Et il entraînait Blaine avec lui vers le fond.

Il sourit en déposant son verre vide dans la poubelle du Lima Bean. Yep maintenant les choses étaient simples : c'était que le meilleur gagne.

Et il se trouvait que Sebastian savait très bien qui était le meilleur.

Il regagna Dalton, le cœur léger.


Sa joie fut de courte durée.

Sebastian, accompagné des Warblers, avait assisté aux sélections à McKinley. Sebastian avait pu apprécier les talents de danseur de Blaine. Il avait applaudi à la victoire de ND et avait rejoins les coulisses pour proposer à Blaine d'aller fêter ça dehors – au Scandals par exemple, il savait que Blaine avait apprécié sa soirée là-bas – lorsqu'il les avaient surpris tous les deux, Blaine et Kurt, en train de s'embrasser.

La manière dont Blaine regardait Kurt, dont il lui caressait doucement la joue, dont il l'enlaçait … stoppa net Sebastian. Ils étaient au milieu des membres de ND – petite bande de sauvageons hurlant leur joie – et pourtant, ils donnaient tous les deux l'impression d'être seuls au monde. Petit îlot de calme et de sérénité au milieu de la tempête. Être le témoin de cette intimité rongeait le cœur de Sebastian comme un acide. Jamais il n'avait autant haï quelqu'un qu'à ce moment précis.

Kurt fucking Hummel, je trouverais bien un moyen de me débarrasser de toi pensa t-il en quittant l'auditorium.


Il avait fini par décider de passer le reste de sa soirée au Scandals. Il prit un Mojito. Puis un second. Et comme le chiffre deux lui rappelait le putain de couple que formaient Blaine et Kurt, il en descendit un troisième.

- Hey, Seb, vas y mollo sur la bibine fit une voix qu'il connaissait bien derrière lui.

- Salut Greg, maugréa t-il. Parce que toi t'es à l'eau peut-être ?

Il désigna du menton le verre que tenait Greg dans la main.

- Touché mec. Tu sais, moi l'eau, je la vois un peu trop.

- J'ai appris que t'avais remporté le 100 m papillon aux sélections régionales. Félicitations mec.

- Ouais, t'as l'air d'être suuuuuuuuuuuper ravi pour moi. Allez accouche, qu'est-ce qui ne va pas ?

- Une paire d'yeux bleu lagon, une peau d'albâtre et une voix de sirène, répondit sèchement Sebastian qui descendit d'une traite son Mojito et fit un signe de la tête au barman pour un quatrième.

Le résultat scotcha Greg sur place. Il lui fallut plusieurs secondes pour réagir.

- Pt'ain, tu t'es reconverti au gazon !

Sebastian leva les yeux au ciel. Greg était plutôt sympa … si on appréciait le genre surfer californien avec cerveau de la taille d'un petit pois (extra fin le petit pois).

- Ne sois pas stupide. Non, je suis juste en compétition avec un mec dont le surnom au lycée est « Porcelaine », si tu vois ce que je veux dire.

- Miam miam, tout ce que j'aime, répondit Greg en haussant les sourcils d'un air entendu. Et le trophée de votre petite partie à trois est … ?

- Des yeux noisette, une épaisse chevelure noire et bouclée et des lèvres qui ne demandent qu'à être embrassées … à défaut d'être occupées à autre chose bien entendu, termina Sebastian avec un petit sourire qui en disait long sur « l'occupation » en question.

Greg laissa échapper un sifflement.

- Pauvre, pauvre petite poupée de porcelaine … tout le monde sait qu'il est mauvais d'avoir le grand Sebastian Smythe comme ennemi, sur le terrain de jeu comme en amour.

- T'inquiète, je trouverai bien la faille de la poupée en question. Et d'ailleurs, ne dit-on pas que la porcelaine c'est très, très fragile ? Rétorqua Sebastian.

Greg éclata de rire. Il leva son verre et Sebastian imita son geste. Ils trinquèrent.

- Bon, parlons d'autre chose. Tu viens à la Sport Party de vendredi prochain ? C'est Lewis, de Perry High School (2), qui l'organise. Ces parents ont une maison, pt'ain, elle ressemble à un manoir. Ce petit con de Lewis a été sélectionné pour un truc d'équitation, du polo je crois, papa et maman sont siiiiiiiiiiiiiiii fier de leur rejeton qu'il le laisse organiser une petite surprise-party. Je crois qu'il a invité la moitié des équipes sportives des lycées de Lima. Et les pom-pom girls qui vont avec. Bref, une soirée à mâter des jolis petits lots. Plaisir des yeux … et plaisir tout court, si opportunité.

Sebastian grogna.

- Quoi ? T'as un problème mon frère ? demanda Greg.

- Ne me parle pas de pom-pom Girl, la poupée dont je te parle a été ET joueur de foot ET Pom-pom girl.

- Pt'ain, ça doit être quelque chose ta faïence.

- Porcelaine, le corrigea Sebastian.

- Ouais, on s'en fout, c'est un truc qui casse, non ? Alors, t'es partant pour vendredi soir ?

- Tu oublies que je ne suis pas étudiant à Lima mais à Westerville.

- Aaaaaaaaaaaaah merde, c'est vrai. Bon, allez, je penserai à toi et à ta poupée mon pote !

3 – Kurt

Okay. Cette fois c'en était trop. Kurt était patient (non, il était mieux que cela, il était l'archange de la patience : vivre avec Finn Hudson relevait de l'engagement religieux) mais là, non, non, non, il n'en pouvait tout simplement plus !

- Finn … grinça Kurt.

Son frère par alliance était dans le salon avec lui depuis maintenant deux bonnes heures ce qui était en soi un miracle quant on savait que Finn Hudson passait un tiers de son temps à manger, le second à dormir et le troisième à jouer à des jeux vidéos.

Kurt avait passé ces deux heures à écouter Finn soupirer. Il était accoudé à la fenêtre et regardait la neige tomber. En soupirant. Mmes et Mrs, Finn Hudson, deux mètres de haut et quatre vingt kilos soupire … d'amour.

- Oui, répondit Finn distraitement … après avoir poussé un soupir que même les bactéries découvertes sur Mars devaient avoir entendu (les pauvrettes étaient peut-être les enfants de celles qui hantaient certainement la pile de vêtements sales qui décorait la chambre de Finn) (3).

- Finn, dit Kurt sur un ton agacé, j'ai un examen de français à la rentrée et j'aimerais pouvoir travailler tranquillement. Lire Ionesco en français n'est déjà pas si facile que ça mais ponctué de soupirs tonitruants, c'est franchement de la torture.

- Huhu, répondit juste Finn qui fixait toujours les flocons.

Kurt leva les yeux au ciel. Il ferma Rhinocéros (4), abandonnant Béranger et Daisy à leur triste sort. C'était peine perdue, il n'avancerait pas davantage aujourd'hui. Et puis, il devait avoir un cœur d'artichaut en fin de compte parce que voir Finn dans cet état là le rendait malade (il n'y pouvait rien si les garçons avec des regards de petits chiots perdus le rendaient gaga, d'ailleurs, Blaine utilisait souvent cette tactique sur lui lorsqu'il voulait obtenir quelque chose. Et dire que c'est Kurt que l'on traitait de manipulateur, ah !). Il rejoignit Finn près de la fenêtre.

- Elle revient quand ?

Pas besoin de dire de qui il parlait, Kurt savait que toutes les pensées de Finn étaient centrées sur Rachel. Ces deux là étaient plus proches que jamais.

- Dans une semaine, pour la nouvelle année. Elle fête baraka en famille à Seattle, répondit Finn.

- Hum, tu veux dire Hanoukka (6).

Finn haussa juste les épaules.

- Blaine est en famille lui aussi, précisa Kurt. A Colombus. Sa grand-mère vient tout exprès de Philippines (5) pour les fêtes. Il la craint un peu. Lorsqu'il était enfant, elle passait la journée à l'attraper pour lui mouiller les cheveux pour que ses boucles soient bien formées. Il m'a dit que la dernière fois qu'elle est venue aux Etats-Unis, il a intentionnellement coupé l'arrivée principale d'eau dans toute la maison. Le problème, c'est que cette année, la famille se réunit chez une de ses tantes : pas moyen de jouer l'apprenti plombier, gloussa Kurt.

L'anecdote arracha un sourire à Finn. Le premier de toute la soirée. Une victoire pour Kurt.

- Fais moi une petite place tu veux.

Finn se cala contre le mur et Kurt s'installa près de lui dans la petite alcôve devant la fenêtre.

- « L'absence est à l'amour, ce qu'est au feu le vent », murmura Kurt à Finn d'une voix douce, « il éteint le petit, il allume le grand ». J'ai lu ça quelque part … (7)

Kurt prit la main de Finn. Ce dernier la serra.

Les deux frères restèrent un long moment silencieux à regarder la nature se couvrir d'un épais manteau blanc.


Kurt soupira en récupérant le courrier. Diable, voilà que lui aussi jouait au petit jeu des soupirs ! Il sourit. Okay, il était lui aussi amoureux et lui aussi avait du mal à vivre sa séparation, même s'il la savait de courte durée, avec Blaine. Etrangement cependant, sa petite conversation avec Sebastian lui avait redonné du peps. Cet intriguant voulait jouer ? Et bien pas de soucis, Kurt allait lui montrer de quoi un Hummel était capable. Depuis cette première nuit avec Blaine, Kurt ne s'était jamais senti aussi fort, aussi prêt à tout ! Pour Blaine … Pour eux.

Kurt déposait le courrier sur la table du salon lorsqu'il entendit Finn descendre dans la cuisine pour le petit déjeuner. Il était près de 11h30. Kurt avait déjà fait deux lessives, le ménage dans la maison (sauf dans la chambre de Finn, c'était la mission de Carole, genre Tom Cruise la mission, très peu pour Kurt merci !) et passé deux heures sur Skype avec Blaine (« Je te jure cette femme me fait peur, à côté d'elle, Coach Sylvester fait figure d'enfant de chœur ! C'est … c'est Satan réincarné !», « Blaine, ta grand-mère a plus de quatre-vingt ans, c'est une vieille dame digne et -», « Ah, tu parles ! », « Elle a trouvé le gel pour cheveux que tu avais caché dans ta chambre, c'est ça ? », « Il a tout simplement disparu, j'ai tout retourné, rien ! Et elle me sourit avec … avec ce petit sourire … et mes cheveux … raaaaaaaaaaaaah ! Je te le dis : SATAN ! »).

Et bien entendu la première chose que Kurt entendit en entrant dans la cuisine fut … un soupir.

- Bon, je crois que ça suffit maintenant. Rachel ne me pardonnera jamais si je te laisse dépérir en son absence. Donc …

Il déposa une enveloppe devant Finn.

- … donc, ce soir, nous sortons, toi et moi.

- Qu'est-ce que c'est ? demanda Finn.

- Une invitation. Pour une party. J'ai aussi reçu la mienne (il secouait une autre enveloppe devant le visage de Finn). Apparemment, toutes les équipes de pom-pom girls de Lima sont invitées. Les listes ne sont pas tout à fait à jour puisque que je figure toujours dans celle des Cheerios. En même temps, je n'ai jamais officiellement quitté les cheerios et Coach Sylvester nous disait toujours que le seul moyen de quitter l'équipe c'était la révocation, pas ses soins, ou la mort.

Finn ouvrit sa lettre et en parcourut le contenu.

- Euh, c'est une fête pour les sportifs ? Kurt, je … nous savons tous maintenant que je ne suis pas assez bon pour être un sportif professionnel, alors à quoi bon.

- Finn Hudson ! Admonesta Kurt. Je crois que tu t'es assez apitoyé sur ton sort alors maintenant tu vas m'écouter, compris ?

- Kurt, je -

- Ahahaha, non, on m'écoute. Finn, si je … si je ne parviens pas à entrer à NYADA, est-ce que tu penseras pour autant que je suis un artiste raté ?

- KURT NON ! Jamais. Tu es génial. Ta voix est unique et tu danses aussi bien que Mike et tu as écris une comédie musicale sur cette fille là et tu … Kurt, tu dois y croire, tu vas entrer à NYADA.

- Là, n'est pas la question. « SI », je ne suis pas pris à NYADA est-ce que tout ce que tu viens de me dire sera brusquement faux ?

- Non, mais –

- Finn, c'est pareil pour toi. Tu ne vas peut-être pas faire une carrière professionnelle dans le football mais tu es un sportif de haut niveau. Tu es le premier capitaine de l'équipe de foot du lycée à avoir mené McKinley à la victoire, tu as réussi à convaincre toute une bande de gros bras musclés dotés de cerveau atrophié qu'ils pouvaient ensemble – et sur la bande son de Thriller – aller à la victoire. C'est ça l'esprit sportif Finn. Tu es un leader né. Et c'est aussi, pareil pour Glee. Tu es un chef naturel. Tu sais sortir ce qu'il y a de meilleur en chacun des membres de ton équipe, qu'il s'agisse d'une équipe de foot ou d'une chorale, et nous mener à la victoire. Je sais ce que tu vaux Finn Hudson. Et Rachel aussi. Le seul qui doute encore c'est toi.

Finn allait ouvrir la bouche (certainement pour une fois encore sortir une énormité) et Kurt l'interrompit.

- Et donc, voilà comment cette journée va se dérouler. Je vais te faire un copieux petit déjeuner puis nous allons aller au centre commercial faire quelques emplettes – pas question que nous sortions ensemble ce soir sans être absolument fabuleux ce qui, en ce qui te concerne, va nécessiter un petit relookage. Et à 19 h ce soir nous allons nous présenter chez ce monsieur Lewis dont j'ignore tout, et passer une excellente soirée. De toute manière, je me sens moi aussi d'humeur … aventureuse en ce moment. D'accord ?

- Euh, oui.

- Parfait, sourit Kurt qui noua son tablier autour de sa taille.

- Kurt ?

- Quoi encore ? demanda Kurt sur un ton exaspéré. Il était certain d'être à court d'arguments pour convaincre Finn de lâcher son rebord de fenêtre et de profiter d'un peu de bon temps avant la nouvelle année. Il était un artiste, il pouvait créer des ensembles prodigieux et chanter comme la Callas mais jouer au psychologue pour un Finn en pleine déprime relevait de la gageure …

- Je peux choisir ce que je veux pour mon petit déjeuner « copieux » ?

… ou pas en fin de compte.

4 – Finn

Finn raccrocha le combiné et fit la grimace. Il se tourna vers Kurt.

- Mike sera là mais pas Puck. Sa mère bosse ce soir et il doit garder sa sœur.

- Quoi ? Tu as l'air surpris ?

- C'est la première fois que j'entends Puckermann dire qu'il ne va pas à une fête pour s'occuper de sa … petite sœur. Ca n'a jamais eu l'air de le gêner avant. Ca fait … je sais pas, un choc.

Kurt sourit.

- Tout le monde change Finn. Et dans le cas de Noah, je dirais que c'est plutôt dans le bon sens et d'ailleurs, je ne serai pas étonné que -

La musique pop de Teenage Dream emplit la salle du salon.

Finn sourit en voyant Kurt rougir et disparaître dans la cuisine pour répondre à son petit ami. C'était si étrange. Aujourd'hui, Finn n'était plus du tout gêné par l'homosexualité de Kurt. Il n'avait pas été embarrassé par le fait que Kurt le rejoigne près de la fenêtre, qu'il lui prenne la main, qu'il le réconforte. Kurt était … comme une maman. Mais sans être une fille. Okay, peut-être qu'il était comme … comme un deuxième papa. Sauf que … franchement, pour un garçon, il ne faisait pas très paternel. Kurt était … était juste Kurt. Son frère. Et peut-être … peut-être aussi son meilleur ami même s'il ne lui dirait jamais : Kurt avait une langue plus tranchante qu'un rasoir lorsqu'il s'agissait de se moquer de lui et il était certain que s'il lui disait qu'il était son meilleur ami, il aurait droit à une remarque … kurtienne. Mieux valait rester prudent.

- Bien, dit Kurt interrompant les pensées de Finn. Blaine continue son petit jeu de cache-cache avec sa grand-mère.

- Quoi ?

- Euh, rien d'important et –

Cette fois, c'est la musique de Bitch (8) qui résonna dans la pièce. C'était la sonnerie que Kurt utilisait pour Santana parce que Kurt aimait jouer avec le feu.

- Allo ? Oui. Huhu … Santana, je … Okay, okay. Qu'elle passe vers 18h30. Kurt leva les yeux au ciel. Finn sera son garde du corps personnel, ok ? Tu es rassurée ? Parfait. Bye, bye !

Hu ? Quoi ? Garde du corps personnel de qui ?

Kurt raccrocha et se tourna vers Finn.

- Bien, nous disions donc : Mike Chang, Finn Hudson, Kurt Hummel et Brittany Pierce. Deux footballeurs, deux pom pom girls (Finn devait-il lui faire remarquer qu'il était un pom pom boy ?) et une maison pleine d'adolescents, d'alcool et certainement aussi d'autres substances que je préfère ne pas nommer ici.

Finn fronça les sourcils. Un doute le rongeait …

- Tu n'as aucune envie d'y aller, n'est-ce pas ? Demanda t-il.

Kurt lui sourit.

- Finn, si nous y allons, est-ce que tu t'amuseras ?

Finn réfléchit un moment. Il y aurait Mike et certainement d'autres potes. Ils danseraient. Ils oublieraient tout pendant quelques heures : pas question de la fac, de trouver un boulot, de voir Rachel le quitter pour New York … juste quelques heures d'insouciance. Ils étaient des gosses pendant encore quelques mois autant en profiter.

- Oui, je crois que oui.

- Alors dans ce cas Finn, oui, je veux y aller.


A 18h30 pile, Santana était arrivée avec Brittany.

- J'ai amené des paillettes, annonça Brittany. Des rouges, des dorées et des argentées. Oh et des arc-en-ciel pour Kurt.

- Rouges et dorées ? Ce sont les couleurs de McKinley. C'est en hommage aux Cheerios ? Et l'arc en ciel, c'est pour le LGBT ? Demanda Mike.

- Non, c'est un hommage au Père Noël. Et aux licornes.

Kurt sourit à la jeune fille. Il passa son bras sous le sien.

- Viens Brittany, nous allons voir ce que ces merveilleuses couleurs donnent sur notre teint frais de jeune fille.

Il l'entraîna vers sa chambre. Finn pouvait les entendre glousser. Déserteur ! Pensa t-il à l'encontre de Kurt. Il les avait laissés seuls, Mike et lui avec Santana. Et franchement, cette fille pouvait faire peur. Même si depuis quelque temps, Finn la comprenait mieux et avait appris à connaître celle qui se cachait sous l'uniforme des cheerios, la petite queue de cheval et les remarques acides. Elle était un peu comme Kurt : il fallait gratter sous la surface pour voir apparaître la vraie personne.

Mais là, bras croisés sur la poitrine, elle les fixait tous les deux d'un regard noir. Un peu effrayant. Kurt lui avait dit qu'un jour elle avait repoussé Karofski en disant qu'elle avait des rasoirs dans les cheveux. Et franchement, ça pouvait tout aussi bien être faux que vrai. Avec Santana, tout était possible.

- Okay les garçons, voilà le deal : je vous la confie en pleine santé et je tiens à la récupérer dans le même état. Il lui arrive quoique ce soit. Une égratignure, un ongle cassé, une entorse au cheveu … et vous saurez ce qu'est la colère de Lima Heigths Adjacent. Capice ?

Le tout était dit avec un immense sourire mais Mike et Finn échangèrent un regard entendu. Ils se souvenaient parfaitement de ce qui était arrivé au dernier mec qui avait « bousculé » Brittany dans le couloir. Le pauvre type avait marché bizarrement pendant près d'une semaine. Et sa voix ressemblait étrangement à celle de Kurt … Finn avait la furieuse envie de croiser les jambes.

- SANTANA ! Regarde, nous sommes des idiotes !

Brittany se jeta dans les bras de Santana.

- Euh, non, Britt', des seelie (9), la reprit Kurt. Des fées bienveillantes. Mais je suis heureux de voir que les leçons d'anglais que je te donne portent leur fruit. Seelie vient en effet du vieil anglais « saelie » où il est devenu le mot « silly » qui veut dire « gentil idiot inoffensif » ce qui … bon, je crois que tu as raison, nous sommes deux « gentils idiots inoffensifs» en fin de compte.

Santana leva les yeux au ciel.

- Bon sang Hummel, tu ne peux pas parler sans nous donner mal de crâne avec tes leçons sur tout et rien, grogna Santana. Sa voix s'adoucit lorsqu'elle s'adressa à Brittany. B. tu es sublime comme d'habitude.

Elle l'embrassa sur le bout du nez (seul endroit sans paillette).

Finn ne pouvait guère contredire Santana. Brittany était une jolie fille. Sa taille fine était enserrée dans une robe qui mettait en valeur ses formes parfaites, ses yeux bleus brillaient, ses longs cheveux blonds étaient lâchés sur ses épaules et les paillettes qui se trouvaient là captaient la lumière. Elle avait en effet tout d'une fée … et merde, pensa Finn. Ca voulait dire qu'ils allaient passer leur soirée à veiller sur elle. Pas question qu'un de ces crétins la touche. Finn sentit une vague protectionniste l'envahir. Kurt l'avait dit : il était un leader. Et un chef protége les autres.

Rien ne toucherait Brittany ce soir. Pas même une mouche Finn y veillerait !

Tou bi continuède avec Brittany, Mike, nos amis ensemble et nous terminerons par Kurt et Blaine en « namoureux » transis (mais si mimi).

(1) Lacrosse (parfois aussi écrit la crosse) est considéré comme le plus ancien sport d'équipe du continent d'Amérique du Nord. Il est d'ailleurs quasi uniquement joué au Canada (où c'est le second sport d'équipe après le hockey) et aux USAs (nord du pays uniquement). Nous apprenons dans First Time que Sebastian joue dans l'équipe de Dalton.

(2) Un des « vrais » lycées près de Lima, Ohio.

(3) Les traces de bactéries découvertes sur mars ne seraient pas … martiennes ! L'hypothèse la plus vraisemblable est qu'elles viendraient de notre chère planète bleue, certainement acheminées par une sonde ou un engin d'exploration, mars étant depuis longtemps l'objet d'études.

(4) A lire d'urgence en ces temps de « vague marine ». Vous adorerez, si, si, je vous assure ! C'est une pièce de théâtre dite du courant « absurde », un mouvement littéraire de l'après-guerre. L'histoire ? Une terrible épidémie frappe la population d'une petite ville : la « rhinocérite », qui transforme tout le monde en rhinocéros. La pièce traite de manière (pas si) subtile de la montée du totalitarisme et du comportement de « moutons » des masses populaires.

(5) Darren Criss est d'origine philippine donc Blaine aussi, na !

(6) Oui, oui, certains d'entre vous l'écrivent peut-être d'une autre manière mais comme la transcription en alphabet latin n'est pas lexicalisée bah, il existe des dizaines de variations d'écriture (Chanouka, Hhanouka, Hanoucca, Hanoukkah …). Pour ceux qui l'ignorent, il s'agit d'une fête religieuse juive (fête des lumières) célébré le 25 du mois de Kislev qui tombe, selon les années, entre les mois de novembre et décembre du calendrier grégorien (cette année, du 21 au 28 décembre). Hanoukka veut dire « dédicace ». Cette fête commémore la nouvelle inauguration du temple de Jérusalem, trois ans après la profanation des lieux par Antiochus IV qui avait interdit que des cérémonies juives y soient célébrées et avait consacré le temps aux dieux grecs. Le temple fut finalement rendu au peuple juif et les vainqueurs décidèrent d'allumer la menora avec de l'huile consacrée au temple et non souillée par le culte des idoles. Or, miracle ! La menora demeura allumée huit jours, temps nécessaire à la préparation d'une nouvelle huile consacrée. Les Sages décidèrent alors d'instaurer chaque année ces huit jours de fête.

(7) 1665, citation attribuée au Comte de Bussy, Roger de Rabutin.

(8) Bitch, chanson interprétée par Meredith Brooks, vous pouvez l'écouter sur Youtube. Elle colle parfaitement à notre Santana !

(9) Ce qui est amusant c'est que le plus célèbre « seelie » de la littérature est certainement … Puck ! Nan, pas notre Puckerosaure mais le personnage créé par Shakespeare dans la pièce le « Songe d'une nuit d'été ».

AN2 : tentative de viol dans la seconde partie.