Chapitre 1 : Elle est pas terroriste – Bellatrix Lestrange
Il faisait nuit. On aurait même pu dire que c'était une nuit sans étoiles, sans lune également. Et pourtant, la lumière embrasait le ciel. Exubérante, elle s'exposait à la vue de tous. On n'entendait plus aucun bruit. Ils avaient cessé. Mais la nuit brillait toujours. Des flammes rouges la dévoraient.
Seule, une jeune femme contemplait son œuvre. Debout sur la colline, à quelques centaines de mètres de la scène, elle observait avec un sourire confiant ce qu'elle venait de faire. Les murs de la maison s'effondraient. Le bois de la toiture craquait. Les propriétaires brûlaient dans l'enfer des flammes.
Bellatrix ne regrettait rien de ce qu'elle venait faire. Elle ne regrettait pas d'avoir tué ces sorciers. Ils ne méritaient même pas ce titre, ils n'étaient que des nés-moldus, qui auraient toujours dû le rester, et ne pas prétendre s'infiltrer dans le monde sorcier pour le pervertir. Ils n'étaient que des déchets, de la boue sur ses chaussures qu'elle effaçait d'un simple coup de chiffon. Ici, le chiffon s'était simplement embrasé.
Ils avaient voulu la défier, quand elle était entrée chez eux, ils avaient même osé résister. Prétendre ne pas comprendre ce qu'elle voulait dire. Prétendre qu'ils n'étaient pas contre les idées du Seigneur des Ténèbres alors que leur simple existence était une abomination. Prétendre enfin, ne la voyant pas faiblir, qu'elle ne pouvait pas les tuer alors que leurs enfants étaient à l'étage. Des enfants de deux nés-moldus. Des enfants qui auraient pu devenir des cracmols. Des cracmols nés-moldus. Une abomination de plus sur leur compte.
Elle n'avait pas hésité une seconde. Elle avait levé sa baguette, avant de lancer son sort sans aucune pitié. Quand l'homme s'était précipité devant sa femme, dans l'espoir vain de la sauver, elle n'avait pas pour autant stoppé son acte. Quand il s'était effondré, elle était restée droite. Quand la femme s'était précipitée au chevet de son mari, en pleurs, elle l'avait achevée sans un regard pour son chagrin.
Elle était partie après avoir enflammé la maison. Les enfants mourraient dans leur sommeil. Elle n'avait pas envie de s'en occuper. Elle détestait les enfants. Ils gémissaient toujours, incapables de se contenir. Elle avait apposé la marque au-dessus de l'habitation, et avait considéré son travail fait.
Ça n'était pas grand-chose et il aurait fallu qu'elle en tue encore des centaines et des centaines pour parvenir enfin à son but. Elle le ferait. S'il le fallait, elle le ferait. Le sang qui coulait sur ses mains ne lui faisait pas peur, elle baignait dedans depuis sa sortie de Poudlard, déjà six ans auparavant. Elle avait ôté la vie à plusieurs dizaines de personnes sans en éprouver le moindre remord. C'était son rôle. Son destin.
Elle avait toujours su qu'elle était spéciale. Elle n'était pas comme ses sœurs. Elle n'était pas aussi faible que Narcissa, qui n'avait aucune personnalité et ne s'intéressait à rien d'autre qu'à son miroir. Elle n'était pas aussi stupide qu'Andromeda qui ne savait décidemment pas faire les bons choix. Si jamais elle la retrouvait un jour sur son chemin, Bellatrix savait qu'elle n'hésiterait pas.
Elle tuerait sa sœur. Parce qu'elle n'avait pas le choix. Cela faisait partie de sa mission, de l'objectif du Seigneur des Ténèbres. Et elle n'était pas si attachée que ça à sa sœur. Après tout, elles n'avaient jamais été proches. Et ça n'était pas les liens du sang qui comptaient pour une fois.
Elle avait changé de camp. Elle était une traître à son sang. Elle avait changé d'opinion. Elle n'avait pas suivi les préceptes de leurs parents. Elle avait totalement oublié tout ce qu'on lui avait inculqué. Elle avait osé tourner le dos à sa famille. Elle n'en faisait plus partie. Mère l'avait effacée de la tapisserie, de toute façon.
Bellatrix ne se sentait pas folle, de penser de cette façon. Elle n'avait sûrement pas perdu la raison, bien au contraire. Elle était même sans doute celle qui l'avait le mieux conservée de la famille. Ses parents devaient être plus ou moins fiers d'elle, surtout sa mère, si froide, si cruelle, qui verrait en elle ce qu'elle aurait pu être si elle ne s'était pas mariée si tôt. Si elle n'avait pas eu d'enfants.
Bellatrix était libre. Son mari n'était rien du tout, il ne comptait pas, elle l'avait épousé pour avoir la paix, pour en faire un nouveau partisan du Seigneur des Ténèbres, pour rester une femme respectable. Mais il n'avait aucune importance. Et rien à dire à sa vie. Elle était et elle resterait toujours libre et maître de ses actes.
Une seule personne avait le droit de contrôler sa vie. Le Seigneur des Ténèbres. Son maître. Le seul dont elle acceptait les ordres sans rechigner et les basses besognes sans protester. Il était la lumière de sa vie, ou plutôt son cœur noir. Il était la personnification de tout ce qu'elle avait toujours attendu du destin. Il était celui qui allait la faire côtoyer les étoiles, ivre de pouvoir et de liberté.
Alors non, elle n'avait pas peur de dire qu'elle aimait cet homme. Elle n'aimait pas seulement son corps, elle admirait sa personnalité, elle était fascinée par son talent, éblouie par son génie. Il aurait pu lui demander n'importe quoi, elle le ferait les yeux fermés. Elle le suivrait jusqu'au bout du monde s'il le voulait, pour accomplir leur destinée, tant qu'il la gardait à ses côtés. Elle était prête à sacrifier sa vie pour sa réussite, tant qu'il lui accordait l'attention qu'elle demandait. Elle était entièrement à sa merci.
Non, Bellatrix ne se sentait pas dans le mauvais chemin, sur la mauvaise voie. Elle était persuadée au contraire d'avoir fait les meilleurs choix possibles et d'être arrivée là où était sa place. Elle faisait ce dont elle avait toujours rêvé. On lui accordait le crédit et la puissance qu'elle voulait. On reconnaissait son incroyable talent et sa volonté hors-norme.
On lui donnait sa chance, celle de s'exprimer, de se plonger dans les profondeurs de la magie noire pour en ressortir grandie. On lui donnait l'occasion de côtoyer le meilleur professeur en la matière. On laissait ses connaissances s'étendre, sa curiosité s'assouvir, ses possibilités s'ouvrir, ses rêves s'accomplir.
Elle éradiquait les erreurs de cette planète pour se gorger de leur souffrance et apporter toute sa noirceur à leur funeste projet. Bellatrix Lestrange n'était pas une terroriste. Elle était une combattante. Elle était une élève, sur les pas de son maître.
Merci de m'avoir lue, j'espère que vous avez aimé !
Prochain chapitre: "Elle est pas anti-terroriste"... Une idée du personnage choisi ?
