Harry se débarrassa de sa cape d'invisibilité d'un geste rapide et impatient. Enfin il était seul…Il le savait, rien n'était plus stupide que de trainer dans la forêt interdite en pleine nuit, mais la présence des autres lui était insupportable lorsque la souffrance prenait le dessus. La solitude était son meilleur refuge.
Un loup blessé laissa entendre son hurlement au loin. Sa voie plaintive serra davantage le cœur de Harry. Il semblait qu'il n'était pas le seul être troublé ce soir là.
Il marcha longtemps dans l'obscurité et se sentit mieux peu à peu. Chaque pas le libérait des angoisses qui le hantaient.
Une fois assez éloigné de la lisière, il enleva ses vêtements les jetant négligemment au sol. La température de l'air contracta ses muscles tandis qu'un grondement se fit entendre. L'orage...
Une forte pluie se mit rapidement à battre les arbres de plein fouet. En quelques secondes Harry se retrouva trempé de la tête aux pieds. Mais il n'en avait rien à faire. Un éclair pouvait le tuer, cette vie ne valait pas vraiment la peine d'être vécue.
Le sang glacé, il contracta sa poitrine et hurla de toutes ses forces pour vider sa colère. Son cri raisonna dans le domaine de Poudlard.
Dans un dernier sanglot, il s'allongea calmement dans les innombrables feuilles qui jonchaient le sol sinistre. Les yeux noyés de larme, il regarda ses mains, elles semblaient arrêter de trembler petit à petit. La fraicheur et l'obscurité étaient son unique remède pour se détendre après un cauchemar.
Cela faisait déjà trois mois que Sirius s'était envolé, mais Harry n'arrivait toujours pas à l'accepter. L'absence de ses parents, la mort de Cédric, la peur omniprésente de Voldemort et maintenant la perte de son parrain…Comment pouvait-il supporter tout ça ? Pourquoi avait-il mérité tout ça ?
Il ferma les yeux et se concentra sur les bruits de la pénombre. A la mélodie de sa respiration s'ajoutait le chant d'un oiseau nocturne. Ses notes étaient familières à Harry…Hedwidge.
Il sentit les petites pattes de l'animal se poser sur son bras. Avait-elle senti la détresse du sorcier à travers la nuit ? La chouette resta plus d'une heure prés de son compagnon, semblant partager sa tristesse. Il se rappela le jour ou il avait vu Hedwidge pour la première fois.
Harry caressait les plumes de son amie lorsqu'un bruit rauque et inquiétant se fit entendre derrière les arbres. Il se leva brusquement, il était temps de rentrer. L'amertume qui l'avait fait venir ici était toujours présente mais il jugea plus prudent de rejoindre le château.
***
Lorsqu'il passa le tableau de la grosse dame, le sorcier fut surprit d'entendre encore des voix à cette heure si tardive. Lui qui croyait être le seul à souffrir d'insomnie.
-Tu es aveugle c'est tout ! Si tu prêtais un peu moins attention à tes magasines de Quidditch peut-être que tu aurais remarqué qu'il est loin d'être dans son état normal ! Sa façon d'agir m'inquiète. Il ne suit plus en cours, il ne passe plus de temps avec nous. Je ne sais même pas s'il mange normalement, s'exclamait Hermione sans retenue.
-Ca passera Hermione, il vient de perdre son parrain, évidemment qu'il va mal, à quoi t'attendais tu ? On peut rien faire, répondit Ron agacé.
-On ne peut pas attendre qu'il aille mieux les bras croisés. Et tu ne peux pas lui dire maintenant, ça fait trop de choses à digérer. On doit l'aider et lui laisser un peu de temps avant qu'il l'apprenne, affirma la jeune sorcière d'un ton moins belliqueux.
Harry pénétra dans la pièce et d'un bruit de gorge forcé, fit comprendre à ses amis qu'il était présent.
-Avant que j'apprenne quoi ? demanda t-il sur un ton désagréable.
Ron ouvrit la bouche pour lui dire la vérité, mais à peine eut-il essayé de remuer ses lèvres que déjà Hermione avait saisit sa baguette pour l'en empêcher.
-Silencio !
Le pauvre Weasley tentait tant bien que mal d'annoncer quelque chose mais aucun mot ne sortit de sa bouche. Plus que vexé par ce sort qui le rendait ridicule, il remonta se coucher d'un pas décidé.
La salle commune des Gryffondors fut alors envahie d'un silence agréable.
-Ca va Harry ? Chuchota Hermione d'une voix douce. Tu étais parti te vider l'esprit ?
Harry fut surpris, en temps normal sa meilleure amie l'aurait accablé de reproches pour avoir commis une telle imprudence. Il répondit qu'il allait bien d'un signe de tête, conscient que ses yeux rouges et son teint pâle affirmaient le contraire. Hermione le comprit et lui fit signe de s'asseoir dans les fauteuils prés de la cheminée allumée.
D'un pas précipité elle monta dans son dortoir et en redescendit une serviette à la main. Puis un peu hésitante, elle passa le tissu dans les cheveux d'Harry pour les débarrasser de l'humidité. Il ferma les yeux, ce massage le détendit davantage. Mais une pointe de curiosité lui laissait un goût amer dans la bouche.
-Je peux savoir ce que vous me cachez de si important ?
-Ne te préoccupes pas avec ça, tu as déjà assez de problèmes.
-Justement, si mes deux meilleurs amis pouvaient éviter de me mentir ça me faciliterait la tâche vois-tu ? rétorqua t-il d'un ton sec.
-Crois moi Harry ça ne ferait qu'empirer ton état, déclara t-elle en haussant les sourcils.
-Qu'est ce que tu en sais Hermione ? Tu as lu ça dans tes gentils bouquins ?lui lança t-il d'un air hautain.
Harry avala sa salive. Il s'en voulut d'avoir répondu si froidement à Hermione tandis qu'elle était à ses cotés pour le réconforter. Mais il ne contrôlait plus rien. Cela durait depuis la rentrée.
La présence de son amie lui était plus qu'agréable mais dés qu'il voyait de la pitié dans les yeux de la jeune fille, il ne pouvait s'empêcher de lui faire du mal. Auparavant se montrer vulnérable ne lui posait aucun souci mais depuis la mort de son parrain ses émotions agissaient d'une manière étrange.
Quant à Ron n'en parlons pas, le rouquin agaçait constamment Harry. L'air béat du Weasley lui donnait envie de lui jeter un sort. Hermione était folle de Ron et ce pauvre imbécile ne voyait rien, ou du moins n'agissait pas du tout. Ils l'énervaient tous les deux à se lancer des petits regards sans jamais rien tenter. Cette ambiance à l'eau de rose le dégoutait. Ron n'avait pas conscience de la chance qu'il avait...
-Et n'emploie pas le mot « état » comme si j'étais malade ou je ne sais quoi…enchaina t-il en enlevant ses mains de la serviette.
Le sorcier croisa le regard d'Hermione et regretta davantage son emportement. A la lueur de ses yeux, il comprit qu'il l'avait blessée. Elle encaissa cependant toutes ces remarques sans broncher et décida de ne plus rien dire.
Essayant de garder un visage neutre, elle se leva et quitta la pièce; sans même lui dire bonne nuit...
