Bonjour !
C'est donc un twoshot. Plus précisément il s'agit de la même scène mais de deux points de vue différents. Pas vraiment de spoilers, je crois que tout le monde est au courant pour la guerre, et on fait un petit saut dans le temps : elle est finit.
Résumé : La Quatrième Guerre Ninja est finit depuis quelques années. Les morts sont pleurés mais les vraies victimes ont été oubliées. Une rencontre et des mots amers qui auraient dû être avoué depuis longtemps. Deux missions et deux vieux amis qui se croisent. Il est temps de sortir les fantômes du placard. Beaucoup d'amertume, de tristesse et sans doute de regrets. Pas vraiment de romance.
A la fin d'une guerre, on parle beaucoup des morts mais on oublie souvent les victimes encore en vie. A la base, il n'y avait que le point de vue de Naruto puis en rédigeant, je me suis rendue compte que Hinata avait aussi des choses à dire et qu'au final je ne pouvais donner raison ni à l'un ni à l'autre. Libre à vous de vous forgez un avis sur la question. Il s'agit donc de la même scène et malgré les points de vue antagonistes, il y a de nombreuses répétitions, qui peuvent perturber votre lecture.
Disclaimer : Ceci n'est qu'une fanfiction parmi tant d'autre, pour les droits d'auteur adressez-vous à Kishimoto.
Bonne lecture !
Les oubliés
Il avait repéré l'une de ses cibles. Ses lèvres s'étirèrent pour former une sorte de rictus : depuis quand les ninjas ne suivaient plus la plus élémentaire des règles du travail d'équipe, à savoir ne pas se séparer de ses coéquipiers ? Surtout qu'il avait parfaitement senti la personne se séparer volontairement de ses équipiers.
Après tout, cela ne lui rendrait la tâche que plus aisée.
Sa mission était simple : intercepter et éliminer cette équipe de ninjas qui avait osé pénétrer l'illustre pays de l'herbe Kusa no kuni. Un classique pour lui. La récompense était assez élevée ce qui laissait supposer que ses cibles avaient peut-être un peu plus de valeur que ne le laissait supposer le tableau qu'on lui avait dressé. Mais rien de bien compliqué pour celui qui avait ramené la paix dans le monde shinobi, causé la chute des deux derniers Uchiwa et tout plaqué juste après.
Il n'était à présent plus qu'à une dizaine de mètre de l'un de ses objectifs. Il le surplombait parfaitement. Il ne pouvait le voir car le feuillage de l'arbre était bien trop dense mais il sentait le chakra qui pulsait légèrement agité. Il se demanda un instant si son ennemi avait pu le repérer. Mais ce n'était pas une excitation propre à un futur combat qu'il sentait. C'était une appréhension diffuse. Quelque chose de familier…
Il se laissa tomber devant la jeune femme, qui ne parut même pas étonnée. En revanche, Naruto était plus que surpris. Son commanditaire allait l'entendre. Il avait été très clair : aucune mission ayant un rapport de près ou de loin à Konoha ou à Suna et aucun prix ne le ferait changer d'avis. Et comme par hasard, il tombait sur elle. Il la détailla un instant. Elle n'avait pas beaucoup changé. Elle semblait toujours aussi fragile comme si le moindre coup de vent allait la balayer mais il savait que ce n'était qu'une apparence. Elle était comme le roseau, elle savait se plier pour survivre et se surpasser. Elle était plus mure, plus confiante puisqu'elle le fixait sans rougir et sans baisser les yeux contrairement aux vagues souvenirs qui revenaient au blond.
Il se décida à rompre le silence :
-Hinata ? J'espère que ce n'est pas encore une tentative de Baa-chan pour me faire revenir. Je crois avoir était suffisamment clair là-dessus.
-Notre mission n'a aucun rapport avec toi Naruto-kun, lui répondit-elle de sa voix douce et rassurante.
Il remarqua d'un haussement de sourcil qu'elle n'avait pas bégayé c'était assez curieux.
-Par contre, moi, ma mission vous concerne. Vous vous êtes fait repérer et je suis sensé vous tuer, expliqua-t-il.
Elle le fixait toujours attentive. Son chakra ne s'agitait pas plus que précédemment et rien ne transparaissait sur son visage.
-Ne t'inquiète pas, je n'en ferai rien, assura-t-il. Je ne m'en prends ni à Konoha ni à Suna.
-Je sais.
Il n'avait jamais pu comprendre d'où elle tenait cette confiance. Bien sûr à une époque, il croyait lui aussi en ses amis, fort de leur amitié indéfectible.
-Tu as dû me voir arriver avec le Byakugan, non ?
Elle ne répondit pas. La réponse était plus qu'évidente. Il songea que c'était peut-être même pour cela qu'elle s'était séparée de son équipe.
Il devina soudain que deux sources de chakra se rapprochaient rapidement. Ni lui, ni elle ne tournèrent pas la tête. Deux hommes atterrirent avec plus ou moins de délicatesse aux côtés d'Hinata. Deux Hyuga inconnus, constata Naruto de nouveau étonné. Il se serait attendu à retrouver les deux anciens coéquipiers de la brune.
Apparemment, s'il se fiait au symbole sur leur tenue, ils étaient de la Soke. Ils devaient être là pour escorter la jeune femme. La nouvelle de la mort au champ d'honneur de Hiashi était parvenue aux oreilles de Naruto quelques temps avant la fin de la guerre. Il n'y avait pas réfléchit mais Hinata devait être le nouveau chef de clan.
-Hinata ! J'avais ordonné qu'on ne s'éloigne pas du campement !
Le ton cinglant faillit faire sursauter Naruto. Fronçant les sourcils, le blond, bien que très ignorant des pratiques des clans, doutait que l'on s'adresse avec aussi peu de respect au chef de clan. Mais plus encore, l'attitude respectueuse, voir soumise qu'Hinata adopta dans la seconde le fit écarquiller les yeux.
-Gomen Raito-sama, murmura la Hyuga en inclinant la tête et le haut de son buste.
Les deux arrivants se tournèrent enfin vers lui. Ils n'avaient visiblement pas le sens des priorités, il aurait pu les tuer vingt fois depuis leur arrivée et eux daignaient enfin le remarquer. Les Hyuga étaient pour la majorité d'entre eux, tellement imbus d'eux-mêmes…Il eut au moins la satisfaction de voir les bouches de ces hommes réputés impassibles s'entrouvrirent légèrement.
Celui prénommé Raito s'avança d'un pas, une paume de main recouverte de chakra en avant :
-Uzumaki Naruto, nukenin, au nom de Konohagakure vous êtes en état d'arrestation.
-NON !
Les regards se portèrent sur Hinata qui avait porté sa main à sa bouche pour se bâillonner. Ses lèvres rosées se refermaient peu à peu comme si elle ne réalisait que petit à petit la portée du cri qu'elle avait poussé. Et que cette portée lui était terrifiante. Quelque chose échappait encore à Naruto. De quoi pouvait-elle donc avoir si peur ?
Elle reprit d'une voix si basse qu'il dû tendre l'oreille pour l'entendre :
-Raito-sama, Naruto-kun n'a pas été reconnu comme nukenin par Hokage-sama.
Le Hyuga n'avait pas baissé sa main et menaçait toujours Naruto. Cependant il avait tourné la tête, dojutsu activé vers la source de la contestation. Le blond le vit serrer le poing de son autre main de fureur.
-De quoi te mêle-tout ? interrogea Raito froidement. Tu n'as pas ton mot à dire.
-Elle n'a pas tort, intervient pour la première fois le deuxième Hyuga.
-Je suis le chef de mission. Si je décide de quelque chose vous n'avez pas votre mot à dire, martela-t-il puis il s'adressa directement à la jeune femme. Et toi, je ne veux pas avoir à te reprendre une nouvelle fois !
-Hé !
Cette fois, tout le monde se retourna vers Naruto. Il n'avait pu s'empêcher de s'immiscer dans la conversation. D'une part, il détestait déjà cet arrogant personnage et de l'autre l'attitude docile d'Hinata le révoltait.
-Tu n'as pas à lui parler comme ça !
Et il sut qu'il aurait mieux fait de se taire au haussement de sourcil de son interlocuteur, enfin dans la mesure où il pouvait décrypter les émotions d'un Hyuuga.
-Et qu…
-Raito-sama est mon époux, Naruto-kun, coupa Hinata.
Bien que rien ne transparaisse sur son visage, les certitudes de Naruto s'effondraient au fur et à mesure qu'il prenait pleinement conscience. Il avait toujours été clair dans son esprit qu'Hinata serait toujours là pour le soutenir dans l'ombre. Il se sentait trahit.
Pourtant il n'en avait pas le droit. Bien qu'il connaisse ses sentiments depuis Pain, il ne l'avait jamais encouragé.
-Et à ce titre, reprit le fier Hyuuga, je peux bien lui parler comme je l'entends. Sans compter que je suis le chef de clan.
Il savait déjà qu'il ne pourrait jamais s'entendre avec cet homme.
- Où en étions-nous déjà ? Poursuivit son époux en faisant mine de réfléchir. Ah oui ! Uzumaki Naruto, vous êtes en état d'arrestation pour désertion.
Raito et l'autre homme se mirent en position juuken et cela le fit rire :
-Vous croyez vraiment que vous pourrez m'arrêter après toutes les équipes que j'ai déjà renvoyé à Konoha pour l'hôpital ?
-Ce n'était que des incompétents.
Qu'est-ce qu'il disait sur l'orgueil des Hyuuga déjà ?
Le sourire de Naruto illumina la clairière.
-J'avais justement envie de le défouler.
Il étira un peu ses bras avant qu'ils ne bondissent sur lui pour essayer les soixante-quatre points. Il les évita facilement.
Au mouvement de chakra sur sa gauche il perçut qu'elle quittait les lieux. Pourtant les deux Byakugan ne semblèrent même pas s'en apercevoir.
Le patron serait furieux.
...
Il l'attendait. Il savait qu'elle avait compris.
Son clone allait retarder les deux autres encore quelques temps.
Il ne pouvait pas dire qu'il n'avait pas été surpris que son clone soit tombé sur elle. Il avait suivi une grande partie de la conversation avant de décoller quand ça avait commencé à dégénérer. Il voulait poursuivre sa conversation avec elle et répondre à deux ou trois questions.
Le …mariage ? de son amie l'avait surpris. C'était comme se prendre Anko en pleine face : douloureux à l'impact mais surtout après ! S'il y avait bien une chose qu'il s'évertuait à oublier c'était que la vie avait continué sans lui, après sa désertion, après la guerre et l'hécatombe.
Pourtant il restait là à l'attendre alors qu'il aurait pu espérer atteindre la frontière avant d'être rattraper.
Elle bondit devant lui.
-Tu vas m'arrêter ? lui demanda-t-il ironique, non pas qu'il doute de ses compétences.
-Tu sais bien que non.
-Tu devrais peut-être. Je ne manquerai à personne.
-A Lee, à Shino, à Kiba, à Sai, à Choji, à Tsunade, à Iruka, …et à moi, si.
La liste s'était tant réduite avec la guerre. Il cligna des yeux un instant comme pour chasser le rapide calcul que son esprit avait fait. Et il attaqua sans tarder un autre front, qu'il n'avait jamais osé effleurer.
-Pourtant pour quelqu'un qui disait m'aimer, tu m'as bien vite oublié…
Les joues d'Hinata prirent une délicate teinte rosée non sans enliser le blond dans le souvenir d'une époque révolue. Elle humecta ses lèvres :
-Plus de la moitié de la population civile et ninja a disparu…Le conseil a marié toute fille, toute femme en âge d'avoir des enfants. La reconstruction passe aussi par là.
Il n'arrivait même pas à être étonné. Les vieux sages séniles de Konoha gagnaient en stupidité autant qu'en âge avec les années, votant bêtise sur bêtise, complétement dépassés par une ère qui n'était plus la leur. Il n'y avait qu'à voir comment le village avait laissé sombrer l'Alliance dès la fin de la guerre. Et ce n'était qu'une des trop nombreuses raisons qui l'avait poussé à claquer la porte.
-Donc, tu n'as pas eu le choix ?
Elle secoua la tête négativement :
-Il fallait un chef au clan. J'étais le moyen d'accéder à cette place pour Raito-sama.
Place pour laquelle elle s'était tant battue pour être reconnue tout au long de ces années. Il aurait imaginé qu'elle n'aurait renoncé aussi facilement surtout pas avec leur nindo. Il avait bien fini par comprendre qu'il était une sorte de modèle pour elle et là elle le décevait.
-Tu as abandonné, l'accusa-t-il calmement comme s'il énonçait un simple fait mais tous les deux étaient conscients des sens cachés derrière cette phrase.
-Non, nia-t-elle. Tu as abandonné. Tu as quitté Konoha.
Il eut un sursaut. Il n'avait pas pensé qu'elle verrait sa décision sous cet œil. Pour lui, tout était clair dans sa tête malgré l'impulsivité de son geste. Il était un ninja, pas un pion. Il était un des protecteurs du village, pas un assassin. Il était un homme, pas une arme dénuée de sentiments et de cerveau. Et pourtant il avait commis tous les crimes de guerre qu'on lui avait ordonnés, en pensant servir la paix. Au fond, il ne valait pas mieux que Pain. Combien de vies avait-il prit au nom de la paix ? Combien de personnes devaient vouloir se venger du démonique jinchuunriki ?
Il n'avait jamais abandonné son nindo. Il était toujours un ninja. Il avait juste dévié de voie malgré la culpabilité persistante.
-Tu es mariée à un homme que tu n'aimes pas et qui n'a pas l'air de t'aimer non plus, lui dit-il. Moi, je suis libre.
-Mais toujours enchaîné, répliqua-t-elle d'un pale sourire. Tu refuses d'avoir à faire face à Konoha ou Suna.
-C'est la seule loyauté qu'il me reste. Toute liberté a un prix. Toi, tu en paye le prix sans y gouter.
-J'ai fait mon devoir, énonça-t-elle calmement.
-J'ai également fait mon devoir en dénonçant les actes du conseil. Il fallait que tout le monde sache la réalité.
Il avait légèrement piqué une crise –il le reconnaissait- sur la place du village en se mettant à crier tous les noms de ses amis, qui n'avaient pas été gravés sur la pierre en l'absence de corps. Ca n'avait pas été très bien reçu par les aïeuls du conseil.
-Les civils, les plus jeunes ne sont pas prêts à entendre cette réalité. C'est notre devoir de les en préserver.
-Tu sais aussi bien que moi que le conseil ne dira jamais la vérité même quand le village sera prêt à faire face, rétorqua-t-il.
Elle ferma les paupières un instant et il sut qu'au fond d'elle, elle pensait la même chose. Pourtant elle semblait ne pas s'en tenir à ses idéaux et ça il ne pouvait comprendre.
-Cela ne signifie pas que nous allons oublier, reprit-elle faiblement. Je…Nous obéissons aux ordres.
-Etre ninja ne veut pas dire obéir aveuglément…
-Mais cela exige de réparer nos erreurs, de reconstruire, de pleurer nos morts. Et tu nous as laissé faire cela tout seul. Le village avait besoin de son héros. J'avais…Nous avions besoin de toi.
Il se mit à trembler face à l'énoncé des critiques, qui lui étaient faites. Le blond voyait tous les regrets qui ne le quittaient plus depuis deux ans, lui être renvoyés en pleine face.
Il l'avait jeté à Tsunade : « Si être Hokage signifie envoyer des gens se faire tuer et rester tranquillement planqué derrière son bureau, alors je préfère rompre ma promesse ! »
Pire encore il avait clairement entendu son hésitation. Cet aveu lui rappelait combien il avait pesé sa décision de déserter avant de partir. Il avait des regrets par rapport à ce qu'il avait pu laisser derrière lui.
-J'ai…J'ai failli…te demandé de partir avec moi, acheva-t-il précipitamment.
La réponse à sa confession mit un peu de temps à venir. Il lui laissa le temps de digérer la nouvelle.
-P-Pourquoi…Pourquoi ne l'as-tu pas fait ?
Excellente question. Il l'avait lui-même tourné et retourné dans bien des sens à cette époque. Pour bien des gens, il était impulsif mais il avait méticuleusement préparé son départ. Et de tous ses camarades, il n'avait jamais imaginé autre potentiel compagnon de voyage que Hinata, celle qui, avant même l'affection d'Iruka ou l'amitié de Kiba, Shikamaru et Choji, avait été là pour lui dans l'ombre.
Il haussa les épaules :
-Le fils de Kurenai.
-Hiromichi-kun ?
-Tu en es devenue la tutrice, non ?
Elle hocha la tête de haut en bas.
Avec un bébé dans les bras, ils ne seraient pas allés loin.
-Tu aurais refusé à cause de lui, affirma-t-il encore.
-Nous n'en serons jamais certain, nuança-t-elle.
Il secoua la tête. Elle n'avait pas tort. Il avait choisi pour elle sans la consulter.
Une idée folle germa dans son esprit. Et si… ?
-Et maintenant ? s'entendit-il demander.
Elle fronça les sourcils avant de l'interroger :
-Et maintenant quoi ?
-Et si je te le demandais maintenant, là, tout de suite ?
-Tu veux dire…
-Partir. Déserter !
Il réfléchit un instant :
-Le petit est plus grand à présent, on peut même le prendre avec nous si tu veux…
Elle le regardait figée.
C'est vrai que son projet pouvait sembler un peu fou au premier abord cependant il ne voulait pas renoncer à cette deuxième chance d'hypothétique avenir. Après tout, elle n'avait pas refusé tout net.
Elle ferma les yeux comme pour mieux se concentrer pendant une longue minute.
Finalement elle le fixa de ses prunelles blanches. Il crut même voir une larme scintillée sur sa joue. Elle ouvrit la bouche lentement :
-C'est…trop tard Naruto-kun.
Ils reculèrent tous les deux. Le charme était rompu.
-Je…commença Naruto avant d'être coupé par une vague de souvenirs. Mon clone vient d'exploser.
La réalité les rattrapait.
Elle lui sourit tristement :
-Vas-y. Je les retiendrais aussi longtemps que possible.
-Tu ne viendras…
Il ne finit pas sa phrase. Il soupira.
-Alors c'est un adieu, reprit-il avant de s'élancer et de disparaître dans le feuillage vert sans attendre sa réponse.
